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L'action française de Montréal

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

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L"'ACTION FRANCAISE" DE mNTREAL

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L'Action f~nçaise d~ Montréal~ a periodical d~lcated to . the nationa11st cause in Quebe'c va.s published for ten years, fram

December 1917 to January 1928. Such men as Lionel Groulx,'Anatole. Yanier, , . ::

6 ,

Olivar,../\sselin, Ph,i1ippe Perrier, Joseph Papin Archambault, to name a fe'tl,

vho ' vere aroongst the most famous nationaJ.-conservative theoncians' of the time, contributed to l'Action française. Thus It represents a mos~

important school of thought of the interwar period.

The articles covered a variety of subjects such as politics1

, 'C\,

economics and arts; however this paper concentrates first on a broad

outline of the

mag~zine'6 hi~tor,y' an~ seco~dl~n

three of 1ts main

\hem~s:

,

~

language, education and literat-q.re. We .then attempted to drav a parallel 0

betveen the ideas eXpressed in l'Action française and those vhich are h

~tofessed today. VIe foupd that these ideas could be very close to ours '

, " vhile somewhat antiquated.

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L'Action française de Montréal, 'une r'evue vouée à la'propagande du .

.

.

thème ~ationaliste au Québec,fut publiée pendant dix ans, d~ janvie~ 1917

.

à décembre 1928. Ecrite en collaboration par les plus grands penseurs ,

.

"

... . ' tJ

nationalistes-conservateurs de l'époque, tels Lione+ Groulx, Anatole Vanier, Olivar Asselin; Philippe Perrièr, Joseph Papin Archambault, pour ne nom-'mer que quelques uns des coll~borateurs, l'Action française représente

donc une école de pens-ée extrêmement importante pour quiconque s'

in~é-resse

à

l'é~q[ue de l'entre~deux-guerres.

La revue a traité de tous les sujets tant économiques, politi-'

.

~

ques que culturels, _mais ce mémoire se propose d'une part de retracer

,

1

dans -ses grandes 11gne~ l' hi~~oire de l' Act i:::on

,r

fra,aise et, d'autre part, d'analyser -trois grands thè~es culturels ~ là; revue: 1a langue,

, - - - - 1

l"

enseignement et la l;ttérature. Enfin nous avons tenté d_' établir !fil (

certains rapprochements entre les idées de l'Action françâise -en ce qui

n i "

concerne ces trois thème~ et les idées qui so~t en vOgUe

à

l'heure

ac-.

tuelle.

En

conclusion, la pensée de ~'Action française nous 'est apparue

{ ,3 , . '

à

la fois étonamment actuelle et eXtrêmement désuète.

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. , 1., L'époque. ' 2. La doctrin Petite histoire

-4. Rubl"1'ques. . 5. Evo1utio en son te s'~

.

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Action f MATIERE~

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34 , ~

6., L'''Actio 'française", e Paris et 1" Action franc;aise- de ~ntréa1. 36

7. Popularité de la rev e. , , . . • '. • . • : . • • • • . : . • ,

8.

L'envers de la méda 11e, •• ~~

"

"

·

.

9. 'Fin de 1 '''Action fr nçaisè" • ,

,

.

. . .

. .

.

.

CHAPITRE III

Le

Contenu cu1~urel ~e l'~ction française:

.

. .

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.. ~. La li ttm-ature • \ 2. I.a langue. . • . . . 41 .. \ . . • • • • • • • • • • ,

42

44

47

51

54 '

67

-;. L'enSjeignement • . • , . . . - • • • • . . . • . . r. . . : • • • • ·72 - II..", ,~

.

oCONC~ION • • • • • • • "

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OVVRAGES CONSULTES ~ • • • • • • • • • ". • • .• . . • • • • . . • • 88

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1 o 1 " r.\ . \" INTRODUCTION

\

1

L'Action française, petit périodique du tfPe format de poche, fut

~

publitSe pendant dix MS de 1917 à 1928. La couvert-üre rouge pâle portait, au centre, un médaillon. de Dollard et la devise "Jusqu t au bout! Lancée' en

plei-o il

(Jle période d' et'f'ervescencr' nationaliste, la revue delJint rapidement le

porte-\

parole et le

propagandi~~

de l'idéOlogie

nation.liS~~

religieuse des année.

~

vingt. Ecrite par les

~us

grands penseurs

nationali~te.

de l'époque, la

~

revue est un ~ocument ,indispensable pour quiconque s'intéresse à cette périofte

"

/ ,

très peu étudiée de notre histoire.

Il existe en effet tfès Peu d'

o~vrages

qui trai tel}t de l'entre

-deux--V

guerres. Il en existe encore moins qui -i>0rtent sur l'Action française el1e-mê-me. Parmi les oeuvres qui. traitent de la revue, on relève la thèse de

Louis-Philippe Jolicoeur, l'Action française de Montréal 191711928, Etude sui-vie d'un index, mais qui n'est guère qu'un relevé des sujets traités par la

Il

revue. L'article de Donald Smith, "ltActlonf'rançalse 1917-1921" publié dans Idéologies au Canada français 1900-1922, e~t plus approfondi: il porte sur. la

rewe elle-m@me ~is ne traite que de ses quatr~ premières anpées de publica- ~

tio,. L'ouvrage le plus complet demeure la thèse de doctorat de Susan

Mann-" Robertson, intitulée l'Appel à la race, et qui vient d'8tre éditée en ·volume sous le titre de Actfon française: French Canadian

Nation~lism

in the twentlJ .•

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2

Jean-Pierre Gaboury dans son ouvrage sur le Nationalisme de Lionel Groulx, Aspec,ts idéolop;igues, s' e st brièvement penché sur

"

l'Action rrançalse, qui tut la grande oeuvte du chano~ne Groulx, comme

d'ail-o

leurs François Ricard dans son article intitulé Lionel Groulx/Actlon franç~se/ Etat français J et publié dans Voix et Images du pays, IX. Par ailleurs,

...

Antonin Dqpont, dans sa thèse de doctorat i~titulée Les'Relations entre l'Egli- " f

.

.(~

se' et l'Etat sous Louis Taschereau, 1929-1936, donne un très bon aperçu del'at-

t,~;f'

,

i •

mosphère sociale de l'époque qui nous intéresse.

~

Ce mémoire lJe p,ropose .

..dc;~o

'd,et retracer dans ses grandes lignes

l'his-, t

t" '

taire de l'Âcfion fr!Dçaise depuis sa création' jusquà la fin de sa parution

, , .

~

de faire le bilan des

gra~ds thèm~s

culturels qui y Turent

expos~s.

I l

existe si peu de documentation sur cette époque qui marque pourtant un grand tournant dans .J. 'bistoire de~ idées au Québec que nous avons cru qu'il serait intéressant de s'y arrêter.

Pour mieux comprendre l'importance qu'ont eue, d'une part, la're-vue l*Action françàise, et, d'autre part, tout le {mouvement d'action

françai-~

.

~

'"

8e au cours des années vingt, nous avons d'abord replacé ,l'Action françai~e ""

dans son temps. Un aperçu de l'atmospbère .,générale du Canada français à

cet-te époque fera mieux saisir, en effet, lé rale qu'a pu jouer cette publica~

() tian. Hous présentons ensui te une petite

his~oi;e

de 1

~

Action

fra~çe.ise,

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c ',est-A-dire de tout ce qui concerne la vie interne dt'! ia révùe.

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Ep troisième lieu, nous analysons tro1s des grands thèmes cul-turels de l'Action française: la l~térature, la larlgue et l ' ~7ignement • Nous avons

déci~

de

no~s ~n

tenir A trois tbème's"parce qUe!',ila 'Mtière étant'

• 1 l~ .> " -!\ 1

s1 abondante, il aurait été impossible d'étudier en profondeur toua les aù-,_ .. 1 tres thèmes rattachés à la vie'culturelle d'un peuple (religion, philosophie,

,

histoire, faDille, arts, cinéma, prespe, etc.) Nous pensons que ces trois su-I

.

,

.

jets très importants, et dont les collaborateurs ont régulièrement traité

pour-• ~ f

-,

raient faire l'obj~t d'~tudes tout à fait indépendantes.- Enfin, nous a~s

ten-,

.

té d'étàblir certaina r4pprochements entre'le~ idées de l'Action française

1

en matilre de 'langue

'0

de littérature' et d'enseignement èt le$idées qui sont en voSUe à l'heure actuelle.

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, 1 CHAPl'1'RE l "

L'ACTION FMNCAISE EN SON TEMPS '

d

(

1. L'époque

.

Vers 1917, un grand malaise se propageait chez les

Canadiens-i"ran-liais dont. les sympt6mes variaient entre l'insécurité, l'inquiétude,

l'.ifldé~i-, , .

sion" le relâchement ét

même'

la haine. Plusieurs facteurs contribuèrent à cet

'1 état d'esprit, notamment le peU de contrôle qu'exerça le Cana:da français sur

, .') 1

" 1

"

sa destinée économique. Toujours relégué au rôle subalterne dans) presque tous

, i., _) ,

~ miliéux de l'industrie et du commerqe, forcé de travailler dans une langue

,Q"'",J

.

.

qui n'est pas la sienne et sovm1s à une direct~on le plus souvent canadienne-, anglaise et parfois même américaine" le Canadien-~r son avenir et sur celui de ses enfants.

Autre facteur::la récente , - la migration massive vers la ville. Déracinés depuis peu de temp les Canadiens -français ont, pour

la plupart gardé la mental! té rural"e. Face aux déi"is de la ville (cinéma,

joUr-. ' d, 1

DaUX" publicité, débits de boisson, 'maiso~s closes, promiscuité, ~tc.) le

~C>

Canadien-français replié sur lui-mGnle et ~Pté au milieu urbain tommence à

voir ses coutumes'menacées et pressent la rupture éventuelle avec ses trad!-. tions et 80n patrimoinetrad!-.

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La conscription obligatoire de 1917 a égaleme~t jeté beaucoup d'hui-le sur d'hui-le feu. D'une part, on tait appel au , p~triotisme

.

et au sens du devoir

(

(9)

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5 /

du Canadiel1·français en récl.awm.t ~~~ participation à rla guerre: "Venez

dé-, "

fendre la mère-patrie", lui dit.an, àlors que d'autre

.

, . part~ on persé~ute ses

f; ~ t7

compatriotes installés en Ontario et-s au Manitoba (Règlement XVI,! , loi Borris).

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• Il

De plus, l.e nombre croissant d'immigrants qui dêbarquent au Quêbec affole la PQpulation française qui y voit une menace constante A son intégri. té. Prenons par exemple le cas des Juifs: tiils sont 2,713 en 1891' et 5<),081

"1'

'en ,1931. Cela n'a pu manquer d'étonner et de'provoquer la crainte" (1). Or

le Canadien~trançais se méfie des Juifs, pour la-plupart venus de l'Europe.;1

, , ,

de l'est, ,ne parlant pas sa langue, ne respectant pas ses coutumes, comme, en-, tre autres, le repos dominical. Cette méfiance prend vite l'allure d'une va-gue anti-sémite assez sérieuse dont on traitera A plusieurs reprises dans des

'.

articles de l'Action française"Ve:"s les années 1925. "La question juive".

!.:!:.',

vol. XlV (1925), p. 260; "Un fief' israélite"...!.:!.. vol XIV (1925), p. 318.

Bien des Canadiens-français de l'époque s'inqUiétaient dut flot montant de l'immigration, de '1.a politique fédérale qui, sur ce point comme sur d'autres, ne tenait pas compte des traits originaux de Québec. (2)

J

1.. Fernand Dumont, "Du début du siècle idéologique",

dans:

En

collaboration, Idéolo'ies ~ébec,

Les Presses de l'Université Laval,

2. Jean-Paul Bernard, les IdéOlogies êbécoises au 1 ème siècle, Montréal, Boréal. Express, (1973 , p. -3. ''r .-Q

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Ces raisons majeurès de m~contentement et bien d'au~res encore plus subtiles mais non moins pernicieuses, donnaient matière à une sérieuse ré- \ :flexion et nécessitaient surto~t un recours urgent à l'action. L'abbé GroulJc

"

.

lu14me dans un des

t~t prem1er~

articles de la revue, expose

br~èvement

les motifs qui sont à l "origine de ~. Action française. Il donne uil aper~ de 1 • état social de l ' épOque, qu'il qual1:fie de crise "qu'il faudra' bénir" (})

l

'

car elle' mène à une prise de coJufcience. Vheure est critique, dit-il, -car

~,

.

notre peuple s'est rendu compte de ses insuf:fisances qui sont "le châtiment

"

d'une longue imprévoyance, le résultat d'uné' lente. ,acèumulation de :fautes"

(4),

" ,

le plus grave péChé étant, selon Groulx, l'apathie qui a poussé le

Canadien-:français à fermer le~ yeux sur la lente désintégration de son "âme

, 0

" .

nationale". Quelques efforts de redressement ~>nt été faits mais, selon Groulx, -les méthodes de combat et, de travail n' étaient "pas toujours les méilleures.

i f ! t'

v

L'Action françaisé' sera donc une sorte de guide de travail, un "livre rouge qui n'aura pas la prétention de r~ondre à toutes les interrogations du

peu-•

pIe ni d' offrir des solutions à tous les problèmes, mais" d' établir une tigne

.

,

de conduite à respecter:

Aux vues trop frasmentaires que nous pr.enons de notre si-tuation, elle l'Action franÇaise voudrait substituer d'abord quelques vues d'ensemble d'où pourrait se dégager

une pensée , d' ordre et de salut. (5) .

--,

1 0

}. Lionel Groulx, "Notre Enqûête", l'Action française, l'(19l7), MOntréql, Ligue des droits du :français, p.

371-4.

Ibid.,

p.

,7l.

.

Ibid., p.

,72·

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C'est dans ce clima~ d'i~atisfactio

outil de propagande de la cause c~!'I1e -f~an ment "et fidèlement pendant dix ans

re

r~e a

,

Canadiens-français,> de défendre leurs revendicatfo s

,

vir de porte-parole auprès des autorités.

~

\

fr811çai:x' tentera

courageuse-des

légitimes et de leur

ser-'.

Lionel

Gr~~~e

Dr.yGauvreau, le père Louis-Papin Archambault

~ (Pierre Ramier) et tous les, autres pionniers de la revue sont des hommes

d'éner-\

gie et d'action. _Ils boui~onnent de projets devant tout te travail à accom-plir. Les nombreux cas d'injustice à l'égard de leurs co~triotes les

persue-.

dent que, sans ~ttres spirituels agissants, le petit peuple canadien-français, assailli de tout~s parts par les influences étrangères, ne relèvera jamais seul

...

, le défi qui lui est lancé. La survie de la race en ~ant que nation est 'donc l'enjeu de leur combat, et cette petite p~ignée d'hommes qui se, rassemb~ent au

presbytère du curé Perrier pour remuet des idées et des hommes en sont tout à

fait conscients. Cette déclaration d'Omer Héroux.faite à la veille du 24 juin, dans le premier numéro de la revue, résume bien tous les sentiments de ses COllègues.

Nous sommes à l'une des périodes les plus critiques de no-tre v ie comme race. -:7 Il n'est pas un . coin du pays où l'on

ne cpnteste, sous une forme ou sous une autre, notre droit au plein épanouissement national ••• De cet état d'esprit, de ses conséquences, nous sommes 'partiellement re.sponsables.

Notr~ apaibie, notre veulerie ont trop souvent~collaboré

avec le fanatisme, l'ignorance,_llesprit de dominance de nos co-associés. Cela ne fait qu'aggraver notre.impérieu-se, obligation de réagir, sur tous les terrains. (6)

.

" '

6. Omer Héroox, "M6ditat1on dans la tranchée", l'Action française, l (1917) 1

p. 161. of' ... "'~,.,."""'~""~ .. ~_~"""' ... _ ... _ _ _ _ ... : _ o r . - - .,re .. ~. r , Il , \ ~ , ,

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'-Ces~ommes décident donc d'unir leurs énergies pour , ré~liser leurs projets et

.

,

...

'

fonder une revue, qui répondra,~d'une part, à leur besoin d'exp~imer leurs

in-quiétudes

lt,

d'autre part, à la nécessité qu'ils éprouvent de proposer' des

50-lutian! à leurs contemporains'tourmenté~ par les mêmes interrogations. '

Cette décision de fonder une revue s'inscrivait donc bien dans

l'am-:~iance dé l'~oque. En effet, deux notions revenaient constamment: celle de doctrine et celle de chef. D'une part, Pla revue tenterait de ~ormuler une doc-trine d'ensemble pour les Canadiens-français et, d'autre part, en prenant la

C'

tête du mouvement, l'abbé Groulx incarnerait dans sa personne, sa pensée et son action, l'image quasi-mystique du chef-.

2. La doctrine

L'abbé Groulx, qui sera reconnu dès 1920 comme le chef spirituel de la revue et de tout le mouvement nationaliste de l'époque, ressentait depUis de nombreuses années la nécessité pour ,les Canadiens-français de prendre leur destinée en main. Sentant le moment venu d'agir, il leur propose de rassem-bler èn une doctrine 'énergique tous les éléments disparates de la pensée de

4'

l'époque. Cette doctrine formera l'armature idéologique de l'Action fransaise.

V""'

Vers les ~ées 1900-19251 les Canadiens-français sont en pleine crise d'identité. Tout leur échappe, ,y compris la direction économique et politique du pays. Brusquement transplantés à la ville, isolés dans des quar-.~ 1 tiers sans âme et entourés de différentes ethnies, Ils subissent l'influence

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(13)

1

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9

de diverses cultures. Bien des-eout~8rent, o~bliées dans les campagnes.

---

---

---Or cette tr~t~n en voie de disparition, il fallaitldonc~ tout prix trouver à

-

---la remp---lacer. Or ce

SUb~tut

sera Justement la doctrine: "Elle

est:-~

partie de la coutume, se

nO~issant

d'elle, et trouvant dans la

tr~d1tion

'---son assise .•• " (7). A cette époque, "s'est effectué un déplacement de cet te

société vers la sphère idéologique, et cela reste la caractéristique de cette phase de notre histoire" ~8).

~ gros, la doctrine de Lionel Groulx et de ses compagnons peut se résumer\de la f\açon suivante: la nation canadienne-française a été élue par la Providence pour réaliser de grandes choses. L'action intellectuelle est la clé de son succès. Elle trouvera donc sa force d'action dans le

catholi

-cisme et dans le nationalisme religieux, tous deux axés sur le culte de la

tràdition française.

3. Le chef

S~u.{ donc assumera le r61e de diriger tant. d' ~ergies vers les

damai-nes

~t'T~~~giqUes.

L'abbé Groulx se fait prier. Mais la tâcbe lui plait. est en effet à la hauteur de,ses plans libérateurs. Pour tout le monde"

t

Elle

1 'Action tr~aise devient tap1d~ment "la revue de l'abbé Groulx" (9), puisque

7. Fernand Dumont,

,..

8.

:Ibiè"

p. 9 ~

--

l'Action française", l'Aètion française,

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(14)

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- , -~--~--~---. 10

celui-ci, dès

1920,

date! laquelle il devient officiellement directeur de l'Action française, oriente directement la pensée de la revue. Il filtre tou-tes les idées de\ collaborateurs, ce qui explique qu'on retrouve à travers tous les al"ticles une dynam:1,que homogène, influencée par lui'.

Si l'abbé Groulx tient si\bien les rennes du mouvement, c'est que la notion de chef lui platt particulièrement. Il est en cela bien de son temps. Mais bien que "Groulx (soit) connu pour avoir salué à de multiples occasions

~

l'avènement des dic\atures contemporaines" (10), sa ~otion de chef est

dépo~r-vue de toute car~ctéristiqUe violente, politique et même r~ligieuse. C~qui

l'intéresse'dans les régimes autoritaires, "c'est l'action bienfaisante d'une

. ,

ligne directrice. Celle-là in~arnée dans le dictateu~' (ll)~ Il lança même

à plusieurs 'reprises des appels aUx m~neurs d'hommes inconnus, à ceux qui se

)

sentaient une vocation de dirigeants:

Pour les hommes de bonne volonté, pour les vrais

anim~teurs, c'est donc l'heUE~ de se remuer. ~

Il s'agiSsait plut6t pour Groulx de répa~?re le'"mystique national" chez un

.

peuple élu par la Providence. L'atmosphère idéale à cet éChange existerait, toujours selon Groulx, au sein d'une communauté de type paroissial. C'est un thème auquel il reviendra souvent. Idéalement, le chef-sauveur de la race

re-- 10. Jean Drolet, "Henri Bourassa: ~e analyse de sa"""pensée", dans: En collaboration ,~ IdéOlogies au Canada français

..

~OO.1929, p.

238-239 .

J Il. Ibid., p. 241.

12.

AnpnYme, "Mot d'Ord1le - Pour la levée des csefs", l'Action française, 13

(1925)

p.

265.

(15)

1

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11

vêt tous les attributs du messie, c'est-à-dire d'un libérateur désigné par la providence pour établir un état de grâce perdu (l~). Groulx mettra'en pratique ses théories et devie~dr,a le p~rsonnage ~entral de tout le mouvement de l'Action française, le surveillant ou le "directeur morEil" (14) de toute

l'entreprise.

,

Comme noua le verrons à plusieurs repr~ses dans les articles

ma-~,

jeurs de l'Action française, aux yeux de l'élite la race cë.na~lienne-franç'aise

est originellement supérieure. Bafouée depuis

1160,

elle 8~bit à l'heu~e ac-tuelle une nouvelle vague d'agression. Il faut ~Qnc maintenant une f.i~e , de proue, "une direction nationale" afin de redonner à cette race la vitalité n > cessaire pour se ,rehausser au rang des nations dominantes. Dans cette

perspec-tiv~, le concept de chef s'applique également au mouvement lui-même, qui se veut lumière dans l'immense brouillard qui aveugle alors les Canadiens-fran-çais.

Reconstituer en nous l'h0llll'!le d'autrefois, "le typeo

ethnique" qu'avaient formé nos père..s et que la

con-qu~te a peu à peu défiguré: telle est la raison

d'êtr~ de l'Action française, le but vers lequel ten-dent toutes nos énergies.

(15)

13. André Bélanger, l'A oH tlsme des idéolo ies Québec, Les Presses de l'Uni~ersité Laval,

14. Lionel Groulx, Mes Mémoires, Il, Montréal, Fides, (1971), p.

3G.

15. Anonyme, "Mot d'Orore - Pour les livrès de chez nous", l'Action française,

( 1921), p; 129.

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(16)

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1. Fondation-CHAPITRE II ~C­

PETITE HISTOIRE DE L'ACTION FRA~CAISE

12

La revue e,st issue d'un premier organisme appelé la Ligue des

,

~it.

du Françai.. A la suÙe d'uné ,éde d'lU"tiol.s intitulée "ta Langue

Il} .;s

-' Française au Canada" et ~ru8 dans le Devoir de mars 1912 à Juin 19131 la

-Ligue des Droits du français fut fondée le-Il mars 1913 par Josepb-Papin Ar-chambault, s.J., (Pierre Homier) aidé de deux de Ses amis, le J,

Dr.

Josepb Gau-vreau et le journalist~ Omer H~roux( La cr~ation de cet organisme et de son

/"

secrétariat leur permettrait de donner suite aux nombreuses lettres et obser-:;'ions qui suivirent la pUblicati4 de leurs articles" dans le Devoir.

Le Manifeste de la Ligue adopté en 1913 définissait clairemen~ les intentions du ~ouvement: s'occuper essentiellement de la survie et de

l'épu-~ation de la l~~ française au Canada.

Art., II: La Ligue des Droits du

f1an~ais

a pour but de rendre à la langue franqaite, dans les différents , domaines oÜ,s'exerce'ltactivité des Canadiens-français,

et particuli~rement dans le commerce et l'industrie,

la plaoe l laquelle elle a droit. (16) ,

"

-16.

Pierre Homer (pseudoqyme de Josepb-Papin Arebwnbault), "Les l'Action française", l'Action française.

5 (1921),

p.

35.

',,---

a

Y._

.b origine.s de m

..

(17)

-(

(

La

Ligu~ abattait un travail considérable: pUblication-de listes - ,

d'expre~sions techn~q~es classées par c~tégories de métiers, interve~tion a~~ près des "grand~SomalS?nS~~ommerclale8 po~ les inciter à utiliser le fran is,

D_reu.~.

c·cmféreDI... forDIBUOD d'

équ~pe.

de tra'1lucteurs' à la

·d1sPO.itiO~,'

compagnies désirant françi~er leur image, organisation de pélerinages, et bien~,

.

.

t6t publication de l'Almanach de la lan~e française et enfin de l'Action fran- . çaise, les deux prinlpaux outils de propagande de la Ligue. , ,

La Ligue prit naissance dan~ le ~ureau du

Dr.

Gauvreau puis s'éta-blit dans un petit réduit situ' sous le grand escalier du Monument Natibnal, prêté par la Société Siint-Jean-Baptiste. C'est là qu'en 'Janvier

.

'

1917

l'Action franeaise Yit le Jour.

2. Publication

La rev~e parut de janvier

1917

à déçembre

1928,

le

25

de chaque mois.

Elle addpta dès ses débuts le format de poche. Les premiers numéros comptaient

c

, Q '

32 pages, mais dès 1918 ce nombre passait

a

48

et 11 augmentait de nouveau en/

\ /

1921

pour atteindre

64

page~.

L'abonnement annuel coQtait un dollar de

19/7

à

1928. On pouvait également se procurer le périodique fhez les

libraires~

r ' \

Dès la parùtion de la revue, plus de ~nze cents personnes s'abonnë-rent, sans compter les centaines d'individus qui pren.tfefit ausslt6t l.'habitude de l'acheter cbez le 1ibraire. A preuve, le premier num~ro fut'tiré

&

quatre mille exemplaires qui furent épuisés en peu de temps. Un

pe~it

entre-filet paru. en février 1918 illustre très bie'n la popularité ,de la revue: on y

... tr'.=' .. l

(18)

1 ,

/

(

- ~-

---.

..

14

réclEilifa1t auprès des lecteurs des numéros dépareillés de 1917 pour compléM

ter certaines collections (17).

La revue vivait des abonneme~ts et des dons.- Les profits étaient à

i~exiBtantB vu le prix du pa~ier .7t--'tous les frais d'opération et d'e

\ '

"--~ ..

La rédaction mena une campagne constante de recrutement et fit

souve~t appel aux lecteurs pour que ceux-ci trouvent de nouveaux abonnés. La , .,

• cl ,

vente de pages publicitaires rapportait egalement quelques profits mais insuf-fisants à aSGurer un revenu décent , ,

à

la revue· et à la libérer des soucis moné-ta1res permanents.

L'

3.

Collaborateurs

• "La revue put compter sur 120 collaborateurs de 1917 à 1921" (18). ,

o

4

Parmi ces collaborateurs, il y avait les fidèles et 1eâ occasionnels. Parmi

les fidèles, que Grou1x surnomme les persévérants, on retrouve les plus im-portants penseurs nationalistes de l'époque, c'est-à-di~e presque toute l'inM

telligentsla du temps, dont la principale caractéristique est à coup sur son

17. Anonyme, "l'Action française de 1917", l'Action française,2 (1918), p. 72.-

.

18.

Donald Smith, "l'Action française 1917-192l'{, 'dans: En c~llaboration, IdéOlogies au Canada français 1900-1929, p. 348.

,

/

(19)

1

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(

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---

..

_----~

....

..

15

homo~i~ gran~~

au petits bourse OiS'; anciens élèves du

elergé_""'ho-l~ques fervents et ultramontains, ces esprits ont aussi en commun la même in-quiétude patriotique, la même conception d'Wl Quêbec croyant et français, la

même résolution à agir, la même cQnfiance, totale dans le pouvoir et l'effica-cité de leur pensée, et surtout le même attachement à la personne de le~'di­

):'

recteur: lÇ'à.bbé Lione 1 Groulx (19).'

~

Le. biographie du chanoine GroulX n'est pas à refaire ici. Comme, nous savons, sa vie a été une succession de stages d'études couronnés de diplômes et de,titres honorifiques, de postes d'enseignement et de fonctions diverses dans la vie publi~ue qui l'bnt fait connattre de tous et ont fait de lui le

,

.

.

sujet de bien det discussionç tant écrites que verbales (thèses, biographies,

,

.

,

,études historiques, conférences, émissions de télévision et de radiO). Ce qu'il

" J \

importe de r8ppeler~ c'est, sa con~ibution

\.

énorme à

production littéraire de l'époque.

En plus de tout~s ses rec~erches historiques et de la préparation de

, \

..

ses cours et de ses conférences, il·~ écrit en ~ffet "trente livres, plus d~

."

vingt brochures" (20), au moins vingt ~ett.re.8 -préfaces, plus de deux cents

19.

François Hicardj "Lion~l Groulx/Action française/Etat franCjais", Voix et IDlafes du Pays, IX, Montréal~ Les Pr~sses de l'université du Québec,

1974),

p. 12.

\

20. Benoit Lacroix, Lionel Groulx, Textes choisis et présentés, Montréal, Fides

(1967), Colleétion "Classiques canadiens". p. 9.

--"- ---.. '--... ----... '--, ... -.. ''''''' ... _:x-...

twlflll' •• '.U.I . . . lliIi1Im ....

'.'.n_nffl1.'

iiiliiiiiili"'a---,

(20)

1

(

(

16

(

comptes-rendus, des chroniques, des éloge~ funèbres, des e~trevueS, des

cause-,.il

ries, des'sermons, etc., sans compter-ses rpmans, recueils de contes et ses

poè-mes (21). )'

Il est aussi l'auteur d'un ~ombre imposant d'articles publies dans des périodiques très connus comme Le Devoir, le Droit, l'Action nationale,

.

.

les Cahiers de l'Académie canadienne françai~e, etc. Partout où il passe, '~"f

.,,><.

'l'abbé Groulx ra~t parler de lui, et à l'Action'française, sa présence comme

collaborat~ur, directeur et rédacteur en chef,s'arrirme avec force dans toutes les livraisons de la revue •

• Collaborateur assidu de la r~e, Olivar Asselin retrouvait à l'Action françaisJ des bommes soucieux comme lui d'un

reno~veau

national. Au .. collège, on le surnommait le "caporal". Toute sa vie, i l enragea devant

l'apa-thie de ses contemporains. C'est pour cette raison qu'en 1892 il avait émigré

. à Fal1 River au Massachusets. Après avoir tenté

sa

chance dans bien des métiers, Asse11n commença sa carrière de journaliste A dix-huit ans au Protecteur. Puis' après un séjour dans l'armée américaine, il revint au Canada et se lança à fond,

dans le journalisme et dans la vie publique. La suite de sa carrière est bien connue. De nombreux ouvrages (22) ont en effet été consacrés à celui que Pierre de Grandpré considéra comme un'

gr~d

"éducateur de la

nati~n"

(23).

~

,.

21.

Pa sa e d'hiver et a sa e d'§me poésie,

(1907),

Une croisade d'adolescents,

,~

-1912

Les Rapai11ages, Vieilles chosès1 vieilles gens,

(1916),

l'Appel de la

l

,Race,

(1922),

Au Cap Blomidon,

(1932). ;

22.

Marcel-A- Gagnon, la Vie oragéuse d'Olivar Asselin, Montréal, Editions de l'hom me,

(1962),

Ij Hermas Bastien, Olivar Asselin, Montréal, Bernard Valiquette,

(-1938) •

23.

Pierre de Grandp'ré, :::.=.;:.p.::=~=,...-::=;;:....:::.;:;;.;;:.=::,;:;..:;.:;::.=-...:.=.=~=.;::...;::;,;;:-.~e;;.:'b:..:e:;.;::;..c, Montréal, Beauchemin,

(1968),

II

(21)

(

\

17

Voilà donc un homme qui ne manque pas d'expérience dans le domaine des lettre~. On reconna1t chez lui un extrême souci de la perfection et un

.

" ,

sty~ rigoureusement correct. ~1 est constamment entouré de Jeune~.admiraT

teurs à qui il sert de mentor. Le témoignage suivant en dit long sur la

répu-J tat10n que s ' était acquise Oli var Asselin,. auto~rde qui, se groupèrent, d' abord au journal Le Canada, ensuite A l'Qrdre, plusieurs' jeunes qui ambitionnaient d'écrire ~t de bien écrire et qui trouvaient en lui â la fois un maitre à pen-ser et un Bayard de la langue française

(24).

A la revue, 01ivar Asselin se préoccupa presqu'essentiellement d'écrits' (, portant sur les problèmes économiques du pays. En 1921, i l p1Jblia un premier

article intitulé "Les Lacunes de notre organisation économique"" (Vol. V p.

130),

~

en 1927, il en publia un deuxième qu'il intitula "Les Canadiens-français et

le développement économique du Canada'(Vol. XVIII, p~

'305).

En 1928, der-nière année de parution de la revue, Asselin soumit un article traitant A , ,

nouveau de l'économie du Canada, intitulé cette fois, "l'Industrie dans

1

l'économie du Canad~ français" (Vol. XX, p~ 151). En 19~6, la rédaction bros-se en tableau élogieux d'O~ivar Assel1n et reconnait en

..

1~i "un évéilleur d'in-telligence, un aiguilleur, un entra1neur"

.

(25). A,sseiin n'a certes pas, écrit

.. ~ ,~ ... .r

~~ -'~

24. Jean-Charles Falardeau, Notre société et son roman, "'ltmtréal; Hurtublse H M H

'(1967), p. 102.

25. Anonyme, "0ÙvSlr Asselin", l'Action françaisel 15 (1926), p. 83.

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1111111[.

(22)

-J

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-r

1 dans la revue autant qu'Antonio Perrault, 1 qu~Anatole Vanier ou même'que qroulx,

~ mais dl était du cercle des collaborateurs per~énts de la revue et il suivait

.~ . de près toutes ,les activité!!, de .. ces derniers. 1

Omer Héroux (1817-1963)

,.,.---

.

J

Appartenant comme Asselin et Fournier'à la lignée dé nos grands jour-nalistes, Omer Haroux fUt directeur de l'Action française de 1917-1920, ap~ès

1

". avoir travaillé' au journal La Vérité 8'Wrès de Jules-Paul Tardivel et .s.tre

..

~e-,venu en 1910 rédacteur en cbef du Devoir qui, 'sous son règne a ,été une vérita-ble école de journalisme (26).

Aux cÔtés d'Asselin, 11 Siégea au comité de direction de l'associa-'tian canadienne de la jeunesse catholique et p~icipa aux diverses

manifesta-

r--tions des Semaines Sociales et de la Société du Parler Françsis. A l'Action

françqlse, il était le publiciste de Groulx et suivait de très près les activ!-, tés de l'Action française de Paris. Le thème principal de ses articles est la survie de l'élément trança~8 et catholiq~e au Canada •

.,~.

.)1.

1>

,

A la reyue, Omer Héroux se chargea de la rubrique "La Vie de ~-,

tion fransaise" jusqu'en 1920, lorsqu'il fut remplacé par Lionel Groulx.

o •

C'est dans cette chronique qu'étaient résumées les activités-qui se déroulaient

i

para1lè1eme'~t à la publication de la revue, ,:pélerinages, conférences, faits et gestes du comité de 'direction, etc. De plus, Omer Héroux écrivit de nombrèux

2.-26.

Emile Benoifit, "Cinquante ~s de Journalisme"" l'Oeùvre des Tracts, ltbntréal, " 1,' Ecol.e Soci8J.e Populaire, DO 326 (8o<lt 19lt6) 1 p •• } .

,

..

.

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..

.-, .' . FI Il III

(23)

1

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0: / ,/

..

1

~---,--~-19 1

articles courts, parfois quelques lignes~seulement, sur la publication de

nou

-veaux livres (Journaux, livres et revuê~), sur les héros d'action ,française \ (pour La:tontaine", Vol. l, p. 139) et pour promouvoir l'Action tranxais~ en général ("Pour que grandisse l'Action française,"Vol. l, pages 44, 106, lJi.8) ('Méditation dans la tranchée", Vol. l, p~ 161.) {'"Pour la Saint~ean-Baptiste",

, t

Vol. II, p. Selon Groulx, Omer Héroux était journaliste jusqu'au bout des ongles. 'Groulx trouvait que par déformation professionnelle, Héroux n'ar- (

écrire de lODgs" articles qui iui fassent honneur et rendent jus-• Néanmoins,Héroux collabora entre autres à l'enquête

nationales" avec un article intitUé "Fraternité fran- '" c;aise" (Vol. II, p. 50) ainsi qu'à l'enquête de 1921 -sur !'Le probl~me économique"

--,

---en soumettant l*article "Assurances et H.ttualités" (Vol. VI, p. 578.

"Le père~Archambault écrivit sous le pseudonyme de Pierre Homier mais •

.,

'-à la revue on le sùmolllDlait le père Pa:pin. Il tut un des fondateurs dè la Li-gue des Droits du Français et directeur de l'Action française de 1913 à 1920, , date à laquelle il partit pour Québec d'où ·il poursui.vit sa cOJlaboratton à la

; /

revue.

, ,~

En

1922, ses superieurs lui firent remarquer qu'il avait d'autres obligations moins temporelles.

n

du..~'''alors passer au rang des lecteurs de

' ... '.Jj- ,(~.p~

"".\ ~

1 -Action française (28). Groulx "tut bien peiné dé la perte de ce collaborateur.

27. Lionel Groulx;? Mes .Mémoires ~, p. 27.

.J

28. Archambault i Groulx, 24 nove:..br.e 1922 puis 29 décembre 1922. En réponse ~" . Groulx qui l'accusait de désertion. Cité par Susan Mann Robertson,?'

jl

't l'Action française:

i

'apPel à la race, Thèse présent'ée à 1 'écol~ des gradués t de l'Université Laval, tévrier 1970~'p. 93.

-

g

__ -~'i::-

-~---..

(24)

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(

...

(

-20

père A~bambault travailla pour l'A:C.J.C. et la Catboliques 'du Canada. Il fonda les Retraites

,Ferm~es et +es s. S'inspirant de l'Encyclique de 1891,

~rum Novarum, il s'efforça toujOurs d'entrainer les laies dans les activités de l'Eglise et l'Eglise dans les questions sociales.

..-A la revue/ le père ..-Archambault poursuivit surtout le travail qu',il

o c

avait entreprfs en tant que fondateur de la Ligue du français ;:-~, Chargé <rn la

L ' -" "Id· ~~ • ",

chronique "A travers ;la vie courante", le père Archambault, so.us le

pseudony-" '

me de Pierre Ho~er, , mena ,sans relâche unè petite.~erre au gouvernement fédé-'

1

, 1

ral, aux canadiens-français épris d'anglomanie et à tous ceux qui portaient at-teinte à la'langue. ~natole Vanier prit sa relève'lorsque ses supérieurs le rappelèrent

à

Quêbec. En 1923, ie père

Arc~au?-

t

so~~ ~icle.

intitulé "Au pays de IlMontcalm" \Vol. lX, p. 168), un reportage sur la ~ille de Vauvert'"

\ , d

en 'France, la

patri~

de Montcalm-. En 1926, en col.laboration avec AnatQle Vanier,

i l écrivit une petite histoire de

ra

revue, "Les Pionniers", (Vol. XVI, J \

l

p.~42). fi'; "' .. ~.

,.-Avocât de l'Archevêché et ami intime de ~ Bruéhési, Antonio Perrault

..

co

futaun deS1Pilliers de l'Action franÇaise. ' ProCesseur de droit à

l'Universit~

1

)

7 .

Laval de ~ntréal,et président de l'A.C.J.C."entré à l'Action français~ en 1920, il fut un grand ami de Lionel Gr~lx et son plus fidële collaborateur j~6qu'à la

'J

fin'de la r~vue, en 1928. Perrault"était l'esprit latin du groupe, l'orateur né. Le père Joseph-Papin Archambault fit de lui 'un portrait élogieux dans un arti-cle intitulé "Ulle noble carrière" et publié dans l'Oeuvre des Tracts:

~

. l

(25)

(

o

,

Tout M. Perrault est là: attaché aux idées qu'il esti-mait justes, ardent et habile à les défendre, violent même parfois, mais oubliant, la bataille terminée, les coups reçus et prêt, s'Il est allé trop loin, aux ré-parations qui s'imposent . . . . (29)

-21

Antonio Perrault participa à presque toutes les enquêtes majeures de la revue et c'est à lui que re~ient l'idée de la chroniq~e mensuelle "Le fut d'Ordre" • Le "Mot d'Ordre" placé en tête de chaque livraison sera un tract

dans lequel Groulx tentera de faire le point sur une question d'actualité.

Dans le domaine des enquêtes, Antonio Perrault, fervent éatholique, se préoc-,

cupa de l'aspect moral des questions économiques et sociales. (ilLe p.roblème

'économique - L'Aspect moral"; Vol. V, p~ 66). ("tes SY;ldicats catholiques ca-nadiens", Vol. XIV, p. 116-124). En tant qu'avocat, i l collabora à l'enquête

de 1925 sur le bilinguisme avec. "Le bilinguisme fédéral, aspect Juridique", (Vol.XIII,

p. 66). On

remarqu~

également sa participation aux enquêtes suivantes, "Nos

for-, ~

ces nationales", "Notre avenir politique"et c'est à lui que revient la

surveil-lanee de l'enquête intitulée

';N~

doctrines" en 1927.

A la suite d'un accident, le Dr. Gauvreau perdit le bras gauche et

dut abaadŒnner la pratique de 'la médecine. Il quitta Rimoûski etcs'installa à

Montréal où i l envisageait l'étude du droit. Mais i l accepta plutôt lé poste

de recteur du Collège des Médecins.

29. Joseph Papin-Archambault, _"Une noble carrière", l'Oeuvre des t:ç,acts,

Bo

413

(mai - juin

1955),

p .•

3.

..

(26)

1

(

...

(

- ---- ---~-~-~~ 22

,

Membre fondateur puis secrétaire-général de.la Ligue des Droits du

Français, le docteur Gauvreau 'fut un collaborateur dévoué de l'Action française.

Bon administrateur, c' est grâce è. son esprit pratique que

II

revu~ fut souvent tirée de ses embarra. financ ier~ et' adminis tratifs. De plus) i l collabore. à

la Société du parler français, au Devoir, li l'Ecole Sociale

o

Populaire et aux

Semaines Sociales. C'était un orateur et un conférencier apprécié. De

tempé

-rament fou~eux, il démissionna à plusieurs reprises de son poste de

secrétai-re-général de la Ligue mais pour y revenir avec touj<.'Jurs plus d' énergie et

d'enthousiasme.

En ce qui concerne sa participation li la rédaction de l'Action fran--çaise, le docteur Gauvreau présenta la revue aux lecteurs à l'occasion de la première livraison en 1911. ("Au PUl?1ic", Vol. l, p. 18). En tant que membre fondateur de la Ligue des Droi ta du français, le dQcteur Gauvreau s'intéressa.

toujours ~ la défense du français et des droits des francophQnes. C'est dans

.

~

cet esprit qu'il écrivit, "Plus que l'homme" (Vol. l, p. 46), un article

con-sacré au conflit ontarien) ainsi que "Propos du 24 juin" J un appel au

patrio-t:1.sme (Vol. ·lX, p. 207).

Anatole Vanier (

1887-Avocat, i l participa à la fondation de la Ligue des Droits du

Fran-çais, dont i l devint le secrétaire-général. Collaborateur du Devoir et des

Semaines Sociales Populaires, 11 devint après son séjour li l'Action française) un des fondateurs du comptoir coopératif et fUt l'un des précurseurs de

l'Union Catholique des Cultivateurs de la province de Québec. Partageant son

cabinet d'avocats avec Rodolphe Lemieux et Lomer Gouin, le futur premier minis~

,

"'tre de la province, i l fut tenté par la politique, vers 1921 mais continua

p1u-têst d'oeuvrer dans les divers organismes dont i l était membre.

(27)

1 l'

(

(

'. - ".

2;

En ce qui concerne Ses -activités à l'Action française, Anatole Vanier pr! t en main la chronique "A travers la vie courante" lorsque le père Archam-bault partit pour Québec. De plus, i l fut le représentant montaréalais du

comi-té des Amitiés Catholiques françaises à l' é,tranger, \ mieux connu sous son

anciep pom, Comité Catholique de Propagande française à l'Etrangerl Le Comité des Amitiés s'engageait à fournir des chroniques pour l'Action française de Montréal

(}O). Réciproquement, Henri d'ArLes colLabora Ya";' sein du Comité à Par~ lors

de son séjour en France (31). :Anatole Vanier écrivit de nombreux artiCiJs à

i' Action, française: Dans le domaine de la langue, i l publia un rappo'rt an·

1

nuel. de la Ligue des droits du français, (Vol. IX, p. 88). Puis i l soumit un

artlc~e sur le patriotisme intitulé ilLe Sens de la dignité humaine" (VoL IV , p .3~8) .

"'{

Il collabora entre autres à deux enq~êtes, dl abord en 1921 par un

ar-ticle intitulé "Le problème économique - Le facteur agricole" (VOl. V, p. 258), \

.

~

.

puis 4:ln 1923 avec un article intitul~ "Le. po1it~que intérieure", publié dans le cadre de l'enquête sur "Notre intégrité catholique". Enfin en 1926, Vanier fit une sorte de résumé de l'idéologie de la revue dans un article intitulé

...

"La doctrine de l'Action t'raniaise", (VoL XVI, p. 348).

30. Anatole Vanier, "Amitiés catho~iques françaises à l'étranger",

l.'Actio~ frànçaise,

5,

(l921), p.

372.

31. Alonié de' Lestres (pseudonyme de Lionel Groulx), ilLe Comité de Propagan-de à Paris - Les premiers pas", l'Action française, 7, (1922), p. 43.

(28)

J

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1

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,~,j ... -~ ~~---=-

...

24

A lé. Ligue, on l'appelait le Curé. Président de la Digue, ,il était aussi l'a1né du groupe, celui qut tranchait les discussions d'un ton cat~gbri-que. Il collabora tanit par ses écrits que par l'appui moral qu'il donna au conseil de la Li~e, dont les assemblées régulières avaient .f.-ieu à. son

pre~by-,

tère, dans "le petit salon rouge" 1 où, autour de 'ce président jovial qui

por-tait la barrette sur l'arrière, de la t@te, l'on discupor-tait ferme. Toute la jeune élite canadienne-française s 'y trouvait. L'abbé Groulx lui même habi-ta pendant dix ans, au preSbytère de Mile End comme invité du CuPé. Celui-ci aimait avoir ses "boys" autour de lui. Son patriotisme était fameu.x. Il re-commanda not8Dlll1ent è. ses paroissiens ae dire non ë. l 'enregistremen~ natio~al

et à la conscription, ce qui déplut fortement à Mgr Brucbési (}2).

Il soumit un grand nombre d'articles à la revue sur des sujets très

l

variés. Dans le domaine de la religion et de l'a philosophie, i l écrivit

"Philosophie et Action française". (Vol. III, p. 53Q), "Notre intégrité catho-' lique - éonclusion à l'Ëmquête"(Vol. X, p. 322) et "Les Canadiens-français et la vie morale et soc:i,p.le au Canada" (Vo. XVII,

p.

)44}.

.

De.ns le cadre du dêbat sur l ' enseignement de l'anglais au cours primaire, l'abbé Perrier soumit l'article suivant: "BilinguislIIe à l'école primaire" (Vol. IV 1 p. 215).

32. Omer Héroux, Lionel Groul.x et Louis-Athanase Fréchette, "Mgr perriez:", l'Oeuvre des Tracts, no 335 (mai 1947), p. 1-16.

(29)

...

"

(.

,1

2)

L'Action française aimait bien brosser des portraits d'hommes qu'elle

considé-~

rait un peu comme de§ héros nation~ux. Dans cette veine, l'abbé Perrier écri-vit "Les Précurseurs - Mgr Langevi,n" (Vol. III" p. 289) et "Hommage à.

Mgr Chiasson" (Vol. IV, p. 576). L'abbé Perrier collabora également

a

l'en-,

.

quête S\.U' notre avenir poli tique, avec l'article "L' é$t français et sa valeur

cÏ'i.<léal pour nous" (Vol. VI, p. 194).

Les écrits de Mgr P§quet furent l'une des sources principales de la pensée nationaliste - religieuse d~ l'Action française. Apr~s avoir r.cquis une

, 1 q

formation savante à Rome, Mgr Pâquet entreprit une longUe carrière publique au Qu&ec. Il écrivit dans une bonne "VIngtaine de revues et fut de tous les mouve-ments religieux, intel~ectuels et sociaux de l'époque.

Ses écrits comprennent entre autre, Le Droit public de l'Eglise (1915),

Le Pepe et la. guerre (1917), Etudes et appréciations: mélanges canadiens (1918) ainsi que le Bréviaire du patriote Canadien-frnnçais (1920). Formé à l'école

(

de saint Thomas, 'Mgr Pâquet S'inspira,it de l'encycl'ique ,Rerum Novarum'. La

thè-"

se de Mgr :êquet est essentiellement ultramontaine et l'Action franÇaise est tout imprégnée de sa pensée religieuse et ~hilosophlque. "Son aut9rité fai"",'

,~~

sait foi" (:n). A la revue il collabora notamment r à l'enquête de 1918 sur

"

"Nos forces nationales" en écrivant un grand article sur la ,foi (34~.

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-·"·33.~L1onel Groulx, Mes MémOires, 11, p. 173 •

. 34. LUiS -Adolphe P§quet, ";'NOS Forces Nationàles -

Not~e

foi",

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A~t1on

française,

" 11 (19241' p. 90. \

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Dans le contexte de la lutte pour les droits linguistiques et religieu~ des franco-ontariens, Mgr Piquet écrivit ~ article intitulé "Benoit XV et nos

questions de langues" (VOt. l, ,p. 91). Il collabora également à la

chroni-) ,

que "Comment servir" avec un article portant sur la personne du pr~tre

(Vol. IV, p.

576).

L'Action fr.ançaise brossa un portrait fort élogieux de Mgr Pâquet dans lequel on le reconnatt comme un des premiers prêtres du Canada.

Dès 1918, Léo-Paul Desrosiers devient le disciple ,et en quelque sor-,l

~, le p~tégé de l'abbé Gro~lx, qui l'aide à acquérir de solides connaissances

en syntaxe et en sty1is~ique. En 1919, Leo-Paul Desrosiers soumet déjà son

premier article à l'Action frap.çalse: "lia nationalisation de notre l'1.ttératu're ,

par l'étude de notre histoire". Cet article sera suivi de nombreux autres, d0!1t "~ Naissance d'une race", (Vol. III, p. 372), une analyse du roman de Lionel Grouix, "Comment Servir - L'Etudiant" (Vol. IV, p, 337), "Vers

l'éman-~

clpation" (Vol. V, p.682), "L'Enrièmi "dans la place - L'esprit de parti"

(Vo~.

VII, p. 258) et "Les grandes p;essions" (Vol. III, p. 545). Toute s. vie,

Léo-Pau1 Desrosiers lutta pour deve~ écrivain. Ses parents l'avaient destiné a4 sacerdoce. Malheureusement pour lui, il n'avait pas la vocation et se trou-va donc obligé de se débrouiller seul pour payer ses études de droit et

subvenir à ses b~soins. Pour se tirer d'affaires, il entre d~ns le

journa-, .

-'lisme, ~is n'était guère~ait pour ce genre de littérature, comme le dit bien Lionel Groulx en répondant à une question de Henri Bourassa sur les talents de

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Journaliste de l.éo'-Paul Desrosiers: ,

Le don d'improvisation n'est pas son fait. Il me l'a confié maintes fois; il écrit au compte-gouttes. Il aime le·travail

solitaire, la lente éclosion. Il a plutôt l'étoffe d'un pen-seur. Je le vois plutôt dans un poste de conserv8teur~de

bi-bliothèque ou d'Archives publiques. (35)

Il fit quand même du journalisme, contre 50n gré. Huit ans cbrres-pondant parlementaire du Devoir, il devint ensuite traducteur aux deôats et put jouir ainsi de six mois de congé par année. I l pu alors commencer à

lia en ,19}1 SOn premier grand roman, Nord-8ud. Mais ses

nouvel-ne le satisfaisaient pas plejnouvel-nement, et c'est seulement en deviendra finalement conservateur de la Bibliothèque municipale de ntréal, emploi dont 11 avait toujours rêvé. Selon Groul.x, le temps avait tué l'artiste en Léo-Paul Desrosiers:

Ce bonheur lui arrivait-il trop tard. I l semble bien que si le journalisme et le fonctionnarisme lui ont fourni, pendant près de vingt ans, son gagne-pain et celui de sa famille, ils aient affaibli sinon tari en lui quelques sources d'eau vive. ()6)

!!e!!!! ~'&!.e!" pseud0JlY!lle d'Henri Beaudé (1870-1930)

Henri d'Arles fut un des meilleurs conférenciers de l'Action fransaise

et le critique littéraire attitré de la revue. D'allure assez peu virile,

Henri d'Arles avait une mine de "dandy accompli" (37). Il n'éerivalt qu'avec

\.

sa plume en or et que sur son papier personnei, mais ces petites manies ne

35.

36.

Lionel Groulx, Mes

Mêmo~,

II,

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~ Ibid., p. 170. 37. Ibid., P. 65. " p. 16lt. .• - - - - ' .... - ' - -.. -'---·---:----~--. . . iilllillIII1 ••• ' • • • • 511-••• 1 •• 1.1 • •

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l'empêchèrent pas d'être un des conférenciers, les plus aimés et les plus in-téressants de l'époque. I l pro~onça notamment, sous les auspices de l'Action française, une série de causeries intitulées "Nos historiens".

Il aurait voulu occuper le poste de professeur de

littérature'cana-diennewtr~çaise à l·uoiversité de Montréal, On ne voulut pas de lui, ni là

ni ailleurs. I l erra sans çarrière définie de Paris à Santa M:mica en CaH ~

fornie, s'arrêtant quelque temps à ~chester aux Etats-Unis pour occuper un

petit poste d'aumônier. Très vite lassé, il échoua au COllège canadien de Rome où il mourut oublié de tous. I l est l'auteur de Laudes. commentaire des litanies de la Sainte Vierge, et d'une réédition d'Acadia d'Edouard Ric~rd

intitulée Histoire de l'Acadie. Groulx.:fut peut-~tre une des rares personnes

\.,

à reconn8.1tre en lui un écrivain de grand talent. En effet, lorsqu' i l apprit qu'Henri d'Arles était mort à sa table de travail, comme Pétrarque, la t@te appuyée sur un livre, Groulx déclara:

Mort qu'on :Peut dire à souhait pour cet intellectuel de ra-ce, l'un des plus fins peut-être que nous aura donné notre littérature. (38)

A la revue, i l fut un collaborateur inlassable. Il soumit une foule d'articles sur la littérature et le théâtre. On relève entre autres

"Innocens Ego Swn" , ,article tr~s intéressant sur l'oeuvre d'Edouard Richard, Acadia. On se rappellera qu'Henri d'Arles consacra de nombreuses années de

..

travail à la réédition de cet'te oeuvre. On note également "un essai d'art dramatique" une critique de la pièce de théâtre de Laure Conan, Aux Jours de

38. Ibid., p. 70·

(33)

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Maisonneuve (VoL V, p. 212), "Notre année littéraire" (Vol. VjJp • 105) ainsi . qu'un article sur t'Les Précurseurs" (Vol. III p. Iffs).

Il est impossible de nommer ici tous les collaborateurs occasionnels

~

de l'Action française car leur nombre' s'élèvérait au moins à cent. Il suffit de rappeler quelques personnages que Groulx qualifiait de vedettes. C'étaient des hommes qui tant6t occupaien~ un poste éminent dans la société, tant6t

jouaient un r6le important dans la collectivité canadienne-française. Pour les faire connattre dù public, la rédaction brossait d'eux un portrait très élogieux: on put ainsi faire connaissance, entre autre, avec Rodolphe Lemlèux,

Ernest Lapolnte, Edouard Montpetlt, Henri Bourassa, Esdras Minville,

Aegidius Fauteux, le Sénateur Landry, et plusieurs autres. Parmi les Butres collaborateurs qui s'occupèrent surtout de littérature, se trouvent

Laure Conan; Olivier Maurault, Marie-Claire Daveluy, Blanche Lamontagne, Arthur Laurendeau et Albert Lozeau.

4. R.ubriques

Chaque livraison mensuelle de la revue était divisée en rubriques

.' . , /)

par des collaborateurs permanents, quoique ceux-ci y aient présenté tenues

assez régulièrement des articles de collaborateurs ôccasionnels. LeS princi-pales rubriques s'intitulaient: L'Enquête, la Vie de l'Action française, A travers la vie courante, le Mot d'ordre et la chronique littéraire. 'L'en-,

.

quête est la pièce mattresse de chaque numéro: c'est Lionel Groulx qui décide le plus souvent 'du contenu des enquêtes et qui en compose la préface. Chaque enquêteyeut sonder à fond un aspect de la survie canadienne-française, en dé-veloppant un sujet d'intérêt national qui porte sur le domaine économique, po-litique, intellectuel ou religieux, et en le présentant surtout d'un point de

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vue moral et catholique. Quel que soit en effet l'aspect de la v~~ canadien-ne-franqaise! l'étude, la religion et la langue finissaient

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y

occuper la place prépondérante. 1

L'enquête s'étendait habituetfement sur.douze livraisons, ce qui, selon Groulx avait "le grand avJntage de tenir un sujet il l'affice pendant une année entière et d'appliquer, e~ somme, douze bons coups de marteau sur la tête du même clou" (39).

l

Les thèmes de ces enquêtes de longue haleine furent les suivants: en 1917, l'Açtion française tenta de franciser un secteur du commerce en publiant "L'étiquette franc;ais dans le domaine de l'alimentation". L'année suivante, la revue fit le bilan des forces du peuple canadien~dans une enquête intitulée

"NOS" forces nationales". ~n 1?19, ,la revue publia l'enquête "Comment servir"

entendre le rôle de tous et de chacun dans le programme de redressement

natio-nal. ilLe prOblème économ~ue", enquête de 1921, toucha ê. tous les aspects de la vie économique de la communauté canadienne-française, commerce, crédit, as-surances, etc... L'enquête de 1922, "Notre avenir politique" analysa la

situa-.

"

. tion du Canada f'ranc;a~s à ~ette époque. Dans "Notre intégrité catholiquè", l' en-,

quête -de 1923, on analysa tOus les aspects du catholicisme au Québéc. Furent examinés les syndicats, l~s arts, la f'amille, la politique, et les effets du progrès intellectuel. Puis en 1924, l'enquête sur "L'ennem~ dans la place",

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Enquête de 1923, Notre Intégrité

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(1922),' p. 379· .... , -... ~~.Jfl _ _ i~W_R _ _ _ _ _ _ _ _ _

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