BENOIT COTE
Modèle de vents galactiques destiné aux simulations
cosmologiques à grande échelle
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en Physique pour l'obtention du grade de Maître es sciences (M.Sc.)
FACULTE DES SCIENCES ET DE GENIE UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2010
11
Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la
bêtise humaine... mais pour l'univers, je n'ai pas de
certitude absolue.
Albert Einstein
Résumé
Les vents galactiques sont des éléments importants à considérer dans les
simula-tions numériques à grande échelle car ils ont des impacts sur la formation des
galax-ies environnantes. Puisque les galaxgalax-ies sont mal résolues dans de telles simulations,
les vents galactiques sont habituellement générés par des méthodes semi-analytiques.
Dans le cadre de ce projet, un modèle galactique a été développé afin d'améliorer le
modèle semi-analytique de Pieri et al. (2007). Ce nouveau modèle permet de suivre de
manière consistante l'évolution de l'enrichissement des galaxies en tenant compte des
vents stellaires, des supernovae et de différents scénarios de formation stellaire. Les
vents galactiques sont générés par l'énergie thermique provenant des supernovae et des
vents stellaires à l'intérieur des galaxies. Avec ce formalisme, seules les galaxies ayant
une masse inférieure ou égale à 10
10M
Qrisquent de contribuer à l'enrichissement du
milieu intergalactique. La distribution des vents galactiques dans ce milieu est calculée
en respectant l'ordre chronologique des éjectas. De plus, la composition de ce vent
peut désormais être décomposée en 31 éléments chimiques. Pour la même quantité
d'étoiles formées durant l'évolution galactique, un taux de formation stellaire de longue
durée produit un plus long vent galactique qu'un taux de formation stellaire de courte
durée. Cependant, ce vent est alors moins dense et moins concentré en métaux. En
augmentant l'efficacité de formation stellaire, la portée et la métallicité du vent
galac-tique augmentent également. Par contre, dans certains cas, une trop grande quantité
d'étoiles peut complètement balayer le milieu interstellaire de son gaz, ce qui altère
l'évolution du vent galactique. Pour respecter la quantité de métaux observée dans le
milieu intergalactique, les vents galactiques doivent provenir des galaxies ayant possédé
une métallicité initiale différente de zéro au moment de leur formation. Dans ce cas et
lors d'une collision galactique, les vents stellaires peuvent contribuer de manière
signi-ficative au bilan énergétique et à la quantité de carbone et d'azote éjectée dans le milieu
intergalactique.
Avant-propos
Je voudrais tout d'abord remercier Hugo Martel et Laurent Drissen pour m'avoir
parrainé de manière satisfaisante durant le développement du projet. Votre support et
vos conseils ont été très importants dans mon cheminement. Vous m'avez aidé à devenir
plus autonome et plus confiant envers mes travaux. Même en dehors du monde de la
science, vous êtes tous deux des gens très sympathiques avec qui on a envie de
pren-dre une bière. Je remercie également tous les professeurs du groupe d'astrophysique
de l'Université Laval qui ont contribué à forger mes connaissances dans le domaine de
la physique et de l'astrophysique (Carmelle Robert, Gilles Joncas et Serge Pineault).
Pour son support efficace en informatique, je remercie Sylvie Beaulieu. Pour le support
financier, merci au FQRNT.
Je veux porter une attention spéciale à tous mes amis de Chicoutimi et de Québec
(incluant mes collègues de l'université). Vous constituez une partie extrêmement
impor-tante de ma vie. Vous avez toujours été le meilleur remède contre les moments difficiles
de la vie. Je ne compte même plus les heures de plaisir et de délire que j'ai eu avec
vous ... quoi que je n'ai jamais commencé à compter. C'est bien beau la science, mais
c'est toujours à sens unique.
Je veux également remercier mes parents. Avec vous, j'ai toujours été appuyé dans
tous mes projets sauf pour l'adoption d'un singe. Le fait que j'ai une bonne estime de
moi aujourd'hui est en très grande partie à cause de vous. Merci à ma soeur d'avoir
toléré les pratiques de mes groupes de punk rock et de death metal qui s'exécutaient
directement à côté de sa chambre. Merci de partager avec moi tellement de choses que
plusieurs personnes ne trouvent pas drôles. Tu as été et tu es encore une très bonne
soeur que j'aime beaucoup. Merci également à Jean-Philippe et Mara de m'avoir si bien
accueilli chez vous durant une période de transition plus ou moins agréable. Merci à
Monique et Bill pour l'enseignement de l'anglais, un atout très important en science.
Merci à la communauté des chats de ronronner et d'être si doux. Un très grand
merci au gars qui s'est mis les deux jambes en arrière de la tête et a perdu l'équilibre
pour finalement tomber en bas de sa chaise et rouler comme un dix cents. Merci à
Jean-Michel d'avoir perdu pied sur la pointe de l'île. Merci au sac de bonbons qui a
éclaté quand j'ai essayé de l'ouvrir après que Bill ait dit
:
Crack that baby! Bref, merci
au cours naturel des choses de produire tellement de situations drôles et cocasses.
Table des matières
1 Introduction 1
2 Description des modèles 5
2.1 Éléments de base 5
2.1.1 Starburst99 5
2.1.2 Tables de supernovae 7
2.1.3 Extrapolation des tables de Nomoto et al. (2006) 8
2.1.4 Couplage entre Starburst99 et Nomoto et al. (2006) 15
2.2 Évolution du milieu interstellaire 16
2.2.1 Conditions initiales 16
2.2.2 Processus d'enrichissement 18
2.2.3 Interpolation et extrapolation de Starburst99 21
2.2.4 Profil temporel de la perte de masse par le vent galactique . . . 22
2.2.5 Masse totale éjectée par le vent galactique 25
2.3 Expansion du vent galactique 29
2.3.1 Les pressions 30
2.3.2 Les luminosités 32
2.4 Distribution du vent galactique 33
2.4.1 Sphères concentriques 34
2.4.2 Profil spatial du vent galactique 35
2.4.3 Résolution 37
2.4.4 Adoucissement 38
3 Résultats et discussion 40
3.1 Contribution des populations d'étoiles 40
3.2 Effet du vent galactique sur le milieu interstellaire 43
3.3 Taux de formation stellaire 45
3.4 Efficacité de formation stellaire 49
3.5 Masse de la galaxie 55
4 Conclusion 60
4.1 Retour sur la problématique 60
4.2 Résultats du projet 61
4.3 Projets futurs 62
A Liste des symboles utilisés 68
VI
B Code de compression de Woosley & Heger (2007) 72
C Code de compression de Nomoto et al. (2006) 90
D Code de couplage Nomoto et al. (2006) - Starburst99 104
E Code d'évolution du milieu interstellaire 113
F Code de conversion t - z 143
G Code de distribution du vent galactique 151
H Code complémentaire au code de distribution 160
I Code d'adoucissement spatial du vent galactique 169
Liste des tableaux
2.1 Paramètres sélectionnés pour les simulations Starburst99 6
2.2 Tables de supernovae disponibles dans la littérature 10
2.3 Ratio de la masse totale éjectée par les supernovae en fonction de la
méthode d'extrapolation des tables de supernovae 11
2.4 M.asses d'hydrogène, d'hélium et masse totale éjectées en fonction de la
m.asse initiale des supernovae de Woosley & Heger (2007) à Z
Q14
2.5 Paramètres cosmologiques utilisés dans toutes les simulations 30
3.1 Métallicités finales du milieu interstellaire en fonction du scénario de
formation stellaire 41
3.2 Délai avant l'arrivée des supernovae ainsi que leurs durées actives avec
Starburst99 48
3.3 Ratios de la densité dans le vent galactique obtenue avec les supernovae
et les vents stellaires sur la densité obtenue seulement avec les supernovae. 53
3.4 Ratios de la densité dans le vent galactique obtenue avec les supernovae
et les vents stellaires sur la densité obtenue seulement avec les supernovae
Liste des figures
1.1 Galaxie irrégulière I Zwicky 18 2
2.1 Évolution temporelle de la luminosité des supernovae avec Starburst99. 7
2.2 Évolution temporelle de la luminosité des vents stellaires avec Starburst99. 8
2.3 Évolution temporelle du taux de perte de masse des vents stellaires avec
Starburst99 9
2.4 Masse totale éjectée par une supernova en fonction de sa masse initiale
selon Nomoto et al. (2006) 10
2.5 Masse totale éjectée par une supernova en fonction de sa masse initiale
selon Nomoto et al. (2006), Woosley & Heger (2007) et Heger & Woosley
(2010) 12
2.6 M.asse totale éjectée par une supernova en fonction de sa masse initiale
selon Nomoto et al. (2006) après extrapolation à Z
eet à Z = 0 13
2.7 Masse totale éjectée par une supernovae en fonction de sa masse initiale
selon les tables de Nomoto et al. (2006) après l'extrapolation de toutes
les métallicités disponibles 14
2.8 Masse d'hydrogène éjectée par une supernova en fonction de sa masse
initiale selon les tables de Nomoto et al. (2006) après extrapolation à Z
&. 15
2.9 Masse d'hélium éjectée par une supernova en fonction de sa masse initiale
selon les tables de Nomoto et al. (2006) après extrapolation à Z
&. . . . 16
2.10 Masse totale éjectée par une supernova de masse initiale de 30 M
Qen
fonction de sa métallicité initiale selon Chieffi & Limongi (2004) 17
2.11 Masse totale éjectée par une supernova en fonction de sa masse initiale
selon les tables de Nomoto et al. (2006) après l'extrapolation complète
de toutes les métallicités désirées 18
2.12 Évolution temporelle du taux de perte de masse des supernovae avec
Starburst99 19
2.13 Masse totale éjectée, intégrée par rapport au temps, par les supernovae
d'une population de IO
6M
0en fonction de la métallicité initiale 20
2.14 Évolution temporelle de la luminosité générée par les supernovae issues
d'un taux de formation stellaire exponentiel 23
2.15 Évolution temporelle d'un taux de formation stellaire qui décroît de
manière exponentielle 24
2.16 Évolution temporelle de la fonction F pour un taux de formation stellaire
IX
2.17 Fraction /„, de l'énergie des supernovae utilisée pour produire un vent
galactique en fonction de la masse totale de la galaxie hôte 27
2.18 Fraction / ^ de la masse baryonique totale éjectée dans le milieu
inter-galactique en fonction du décalage vers le rouge 29
2.19 Profil spatial de la densité de la matière éjectée dans le milieu
intergalac-tique en fonction de la résolution 37
2.20 Profil spatial de la densité de la matière éjectée dans le milieu
intergalac-tique avec l'adoucissement 39
3.1 Effet des vents stellaires sur le taux de perte de masse des étoiles du
milieu interstellaire en fonction du décalage vers le rouge 41
3.2 Effet des vents stellaires sur la métallicité du milieu interstellaire en
fonc-tion du décalage vers le rouge 42
3.3 Effet du vent galactique sur la métallicité du milieu interstellaire en
fonc-tion du décalage vers le rouge 45
3.4 Effet du vent galactique sur le taux de perte de masse des supernovae,
des vents stellaires en fonction du décalage vers le rouge 46
3.5 Effet du vent galactique sur la masse de quelques éléments présents dans
le milieu interstellaire en fonction du décalage vers le rouge 46
3.6 Luminosité utilisée pour produire le vent galactique, pression à l'intérieur
du vent galactique et rayon comobile de ce vent en fonction du décalage
vers le rouge 47
3.7 Profil spatial de la densité et de la métallicité de la matière éjectée dans
le milieu intergalactique par le vent galactique 49
3.8 Taux de perte de masse des supernovae, des vents stellaires et du vent
galactique en fonction du décalage vers le rouge 50
3.9 Taux de masse convertie en étoiles en fonction du décalage vers le rouge. 51
3.10 Métallicité du milieu interstellaire en fonction du décalage vers le rouge. 51
3.11 Evolution temporelle du taux de métaux éjectés par les supernovae. . . 52
3.12 Meisse de quelques éléments présents dans le milieu interstellaire en
fonc-tion du décalage vers le rouge 53
3.13 Densité de la masse éjectée dans le milieu intergalactique en fonction du
rayon du vent galactique 54
3.14 Métallicité de la matière éjectée dans le milieu intergalactique en fonction
du rayon du vent galactique 56
3.15 Rayon comobile du vent galactique en fonction du décalage vers le rouge
et de la masse de la galaxie 57
3.16 Rayon comobile du vent galactique en fonction du décalage vers le rouge
3.17 Densité et métallicité de la matière éjectée dans le milieu intergalactique
en fonction du rayon du vent galactique, de la masse de la galaxie et de
Chapitre 1
Introduction
Composé à ~ 73 % d'énergie sombre, ~ 23 % de matière sombre et ~ 4 % de
matière baryonique (Bennett et al. 2003), l'Univers n'a pas toujours été tel que les
observations le montrent aujourd'hui. Il y a environ 13.7 milliards d'années, l'Univers,
qui était extrêmement dense et chaud, est entré en expansion. Ce premier épisode
de l'histoire du cosmos est bien connu sous le nom de big bang. Suite aux périodes
d'inflation et de nucléosynthèse primordiale qui ont suivi le big bang, la matière
bary-onique était composée d'hydrogène à ~ 75 %, d'hélium à ~ 25 % et de quelques traces
de lithium. Environ 10 000 ans après le big bang, les fluctuations spatiales de densité,
qui ont été créées lors de la période d'inflation, se sont mises à s'amplifier sous l'effet
de la gravité (Kolb &: Turner 1990). Tout en poursuivant son expansion, l'Univers s'est
refroidi et a commencé à permettre aux zones de densité élevée de s'agglomérer. Ce
mouvement n'a impliqué que la matière sombre car la matière baryonique était à ce
moment en équilibre avec la radiation. Cependant, suite à la période de recombinaison
qui a découplé la matière bayonique de la radiation, lorsque l'Univers avait environ 300
000 ans, la matière baryonique a commencé à suivre la distribution de la matière
som-bre dû à son attraction gravitationnelle. À l'échelle cosmologique, ces agglomérations
ont formé les grandes structures de l'Univers tels que les filaments, les crêpes et les vides.
Dans les structures de l'Univers les plus denses, les processus de refroidissement
ont permis à de gigantesques nuages de gaz de s'effondrer sur eux-mêmes. La force
gravitationnelle exercée sur les agglomérations locales de gaz à l'intérieur des nuages
a permis de former les toutes premières étoiles de l'Univers. Progressivement, des
milliards d'étoiles ont été créées pour former les premières galaxies. Ces étoiles ont
entamé l'histoire de l'enrichissement chimique de l'Univers qui se poursuit encore
au-jourd'hui. Les réactions nucléaires qui se produisent au coeur des étoiles
convertis-sent l'hydrogène et l'hélium en métaux. Par convention en astrophysique, les métaux
représentent tous les éléments plus lourds que l'hélium. Ces nouveaux éléments sont
ensuite renvoyés dans le milieu interstellaire (MIS) par les vents stellaires (incluant la
phase géante sur la branche .asymptotique) et les supernovae (SNe) qui constituent la
mort des étoiles massives. Les métaux éjectés rejoignent le gaz environnant qui lui se
condensera éventuellement pour former de nouvelles étoiles. Ainsi, le cycle de vie des
étoiles se répète sans cesse depuis le début des premières étoiles enrichissant de plus en
CHAPITRE 1. INTRODUCTION 2
plus le gaz des galaxies. De ce point de vue, les métaux que l'on retrouve sur la Terre
ont tous été produits dans le coeur des étoiles qui ont vécu ici dans le passé.
Figure 1.1: Galaxie irrégulière I Zwicky 18. Cette galaxie naine prise par le télescope
spatial Hubble est à environ 59 millions d'années lumière et possède deux régions où il y a
sursaut de formation stellaire. Tout le gaz présent dans les régions externes de l'image est de
la matière éjectée par les vents stellaires et les SNe. I Zwicky 18 est le type de galaxie que ce
projet de maîtrise vise à mieux simuler dans les simulations cosmologiques à grande échelle.
Lorsqu'il y a suffisamment d'étoiles jeunes dans une galaxie, les vents stellaires et les
SNe peuvent fournir assez d'énergie pour éjecter une partie du gaz du MIS dans le
mi-lieu intergalactique (MIG). Les galaxies I Zw 18 (figure 1.1), NGC1569 et M82 en sont
de très bons exemples. La matière éjectée constitue un vent galactique (Veilleux et al.
2005). Ce processus permet d'amener certains métaux provenant de l'intérieur d'une
galaxie vers l'espace intergalactique. Ce vent peut, selon sa portée, atteindre d'autres
régions de densité élevée. Ainsi, en plus d'enrichir le MIG, les vents galactiques
peu-vent avoir des impacts avec les objets environnants. S'il y a un nuage pré-galactique en
effondrement à proximité d'une galaxie qui vient de produire un vent, ce dernier peut
altérer le processus de formation en cours. En effet, si la quantité de mouvement du
vent galactique est trop élevée, le nuage sera littéralement balayé, empêchant ainsi la
formation d'une nouvelle galaxie. D'un autre côté, si une quantité suffisante de métaux
est introduite dans le nuage par le vent galactique, la quantité d'agents de
refroidisse-ment augrefroidisse-mentera, ce qui accélérera la formation de la future galaxie. Aussi, le vent
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
galactique peut atteindre une galaxie externe déjà formée. Dans ce cas, la rencontre
peut soit augmenter, soit diminuer la formation stellaire à l'intérieur de la galaxie
en-vironnante. Encore une fois, cela dépend de la puissance et de la composition du vent
galactique en question.
Des observations de vents galactiques ont été faites à des faibles décalages vers
le rouge
1(Bland-Hawthorn 1995; Heckman et al. 1995, 2000; Dahlem et al. 1997;
Mar-tin 1998) et à des hauts décalages vers le rouge (PetMar-tini et al. 2000, 2001; Frye et al.
2002). Les simulations numériques sont également utilisées pour étudier ces vents et
leurs impacts avec leur environnement. Le domaine de la simulation permet d'avoir une
image très complète des problèmes étudiés. Plusieurs groupes de recherche se sont déjà
penchés sur la simulation des vents galactiques. Il existe différents mécanismes
per-mettant de propulser les vents galactiques. Premièrement, la pression radiative peut
pousser sur la poussière du MIS (Oppenheimer & Davé 2006). Ensuite, l'énergie
ther-mique peut directement être déposée dans le MIS (Tegmark et al. 1993; Mori et al.
2002; Shu et al. 2005; Samui et al. 2008). Finalement, il y a les noyaux des galaxies
actifs (Furnaletto & Loeb 2001; Scannapieco & Oh 2004; Levine & Gnedin 2005; Barai
2008; Germain et al. 2009). Certains groupes se sont concentrés sur les deux premiers
mécanismes en même temps (Nath & Silk 2009).
Afin d'obtenir une idée globale des effets des vents galactiques, des dizaines de
mil-liers de galaxies doivent être incluses dans les simulations numériques. Cela nécessite
donc un volume de simulation de très grande taille pouvant s'étendre sur plusieurs
mil-lions de parsecs. Puisque la puissance de calcul et la quantité de mémoire sont limitées,
les galaxies dans ces simulations à grande échelle sont mal résolues. Ainsi, il est
diffi-cile de tenir compte des processus internes des galaxies. Lorsque les vents galactiques
doivent être inclus dans ce type de simulations, le manque de résolution cause problème
car ces vents sont issus d'activités stellaires se produisant à l'intérieur des galaxies. La
solution souvent adoptée pour palier à ce problème est de traiter à part les galaxies à
l'aide de modèles analytiques ou semi-analytiques. Ensuite, ces modèles peuvent être
couplés aux simulations cosmologiques.
En général, les modèles galactiques utilisés dans les simulations à grande échelle
sont très simplistes. L'objectif de ce projet de maîtrise, réalisé en collaboration avec
le Prof. Hugo Martel et le Prof. Laurent Drissen, est de reprendre un modèle
galac-1 Le décalage vers le rouge z est une mesure de distance basée sur la vitesse à laquelle une galaxie
lointaine s'éloigne de nous. Ce mouvement est causé par l'expansion de l'Univers. Plus une galaxie est loin de nous, plus sa vitesse v d'éloignement est grande. En mesurant cette vitesse par décalage spectral (effet Doppler), la distance d d'une galaxie ainsi que le décalage vers le rouge associé peuvent être calculés en utilisant la loi de Hubble : v = Hod = cz où Ho et c sont respectivement la constante de Hubble et la vitesse de la lumière.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION 4
tique et de lui apporter davantage de réalisme en simulant de manière plus détaillée
l'évolution des populations d'étoiles présentes à l'intérieur de la galaxie. Le modèle
devait toutefois rester assez général pour qu'il puisse représenter les milliers de
galax-ies dans les simulations numériques. Le modèle sélectionné a été celui de Pieri et al.
(2007, PMG07) qui est basé sur celui de Tegmark et al. (1993, TSE93). Le formalisme
mathématique utilisé dans PMG07 est très rigoureux et adapté à la problématique.
Cependant, l'évolution galactique est à sa plus simple expression. Lorsqu'une galaxie
se forme, toutes les étoiles sont créées en même temps, ce qui produit, par l'entremise
des SNe seulement, une source d'énergie constante durant un certain temps. Une
frac-tion de cette énergie est ensuite convertie en énergie thermique afin de produire un vent
galactique. Le modèle de PMG07 sera expliqué plus en détails dans la section 2.3. Le
premier but de ce projet a donc été de développer un modèle plus réaliste en incluant
cette fois-ci des vents stellaires et des taux de formation stellaire (TFS) qui varient
dans le temps. Puisque ces TFS ne sont plus instantanés, l'enrichissement chimique à
l'intérieur de la galaxie a donc été pris en considération.
La deuxième partie du projet avait comme but d'améliorer la distribution des
vents galactiques dans le MIG. Avec PMG07, la masse totale de métaux éjectés par
un vent galactique était distribuée uniformément dans tout le volume couvert par ce
dernier. En théorie, la fraction de matière qui est éjectée dans les derniers moments
du vent galactique devrait se rendre beaucoup moins loin que celle qui a été éjectée
dans les premiers moments. Un programme a donc été développé afin de respecter
l'ordre des éjectas. De plus, la composition à l'intérieur de ce vent peut maintenant
être décomposée en différents éléments chimiques. Tous les programmes qui ont été
développés afin d'améliorer le modèle de PMG07 sont décrits en détail dans le prochain
chapitre. Ensuite, les résultats obtenus avec le nouveau modèle sont présentés dans le
chapitre 3 où une discussion y est également incluse. Finalement, une conclusion suivie
d'une description des projets futurs sont présentées dans le chapitre 4.
Chapitre 2
Description des modèles
Tous les modèles présentés dans ce chapitre ont pour but de caractériser les vents
galactiques dans le MIG. La composition de la matière éjectée dans le MIG peut être
connue en fonction du temps, du TFS et de la masse de la galeixie par l'entremise d'un
modèle décrivant l'évolution du MIS. En combinant ces résultats à un modèle
analy-tique décrivant l'expansion du vent galeicanaly-tique, la distribution spatiale des éjectas peut
ainsi être calculée.
2.1 Éléments de base
Le modèle galactique développé durant ce projet est basé sur deux éléments
fon-damentaux. Le premier est le code de synthèse Starburst99 qui permet de suivre
l'évolution d'une population d'étoiles à travers tous ses différents stades de
combus-tion nucléaire jusqu'à la mort de ces étoiles (Leitherer et al. 1992; Leitherer et al.
1999). Les tables de la matière éjectée par les SNe constituent le deuxième élément
nécessaire au bon fonctionnement des programmes. Elles permettent d'obtenir la
com-position de la matière éjectée dans le milieu interstellaire (MIS) lors de l'explosion des
étoiles m,assives.
2.1.1 Starburst99
Starburst99 permet de simuler l'évolution d'une population d'étoiles ayant un TFS
instantané ou constant. Dans le premier ou le deuxième cas, la masse totale stellaire
ou la masse stellaire par année doit être spécifiée en unités de m.asse solaire (M
0).
Lorsqu'il est question de Starburst99 dans le cadre de ce projet, il ne s'agit que de
for-mations instantanées. Cependant, dans le modèle d'évolution du MIS présenté plus b.as,
d'autres TFS sont également explorés (constant et exponentiel). Ces derniers TFS sont
construits en combinant plusieurs simulations provenant de Starburst99. Le tableau
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
2.1 présente les paramètres qui ont été sélectionnés pour toutes les simulations faites
avec Starburst99. Grâce à ce code de synthèse, il est possible d'obtenir en fonction
du temps, l'énergie mécanique dégagée par les SNe et les vents stellaires ainsi que la
masse des éjectas provenant des vents stellaires (figures 2.1 - 2.3). Il est également
pos-sible d'obtenir la masse éjectée par les vents stellaires et les SNe. Cependant, puisque
Starburst99 se spécialise surtout dans l'évolution des étoiles avant leurs explosions en
SNe, il est préférable d'utiliser, pour le traitement des éjectas des SNe, des travaux qui
se spécialisent dans ce domaine (voir section 2.1.2). Ainsi, la composition de la masse
éjectée par les SNe est déterminée non pas par le code Starburst99, mais par des tables
de SNe. En ce qui concerne les vents stellaires, Starburst99 décompose la masse éjectée
par ces vents selon les éléments suivants : H, He, C, N, O, Mg, Si, S et Fe.
Con-trairement aux vents stellaires, la luminosité
1produite par les SNe est pratiquement
indépendante de la métallicité (figure 2.1). L'augmentation de la luminosité des vents
stellaires juste avant l'arrivée des SNe est reliée aux stades de combustion évolués des
étoiles OB (phase Wolf-Rayet). La branche asymptotique des étoiles géantes n'entre
en jeu que IO
8ans après la formation stellaire car il s'agit des derniers moments de vie
des étoiles de faibles masses qui ont un temps de vie beaucoup plus long que celui des
étoiles massives responsables des SNe (Vazquez & Leitherer 2005).
Tableau 2.1: P a r a m è t r e s sélectionnés pour les simulations Starburst99.
Paramètre Valeur TFS Instantané Fonction de masse initiale (FMI) 1 - 120 M©, Kroupa (2001, K01)
Masse initiale minimum pour qu'une étoile produise une SN 8 M0
Durée des simulations 0.999 x IO9 ans
Pas de temps (At) 104 ans
Tracés évolutifs Padova AGB Métallicité (Z) 0.02, 0.008, 0.004, 0.0004 Voir annexe A pour la liste complète des symboles utilisés dans ce document.
1 Afin d'alléger le texte, lorsqu'il s'agit de luminosité produite par les vents stellaires ou les SNe, il
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
■ i i i i i i — i -Z - 0.0200 Z = 0.0080 Z = 0.0040 Z = 0.0004log t [an]
Figure 2.1: Evolution temporelle de la luminosité des SNe avec Starburst99. Les
SNe proviennent d'une population d'étoiles de IO
6M
0formée instantanément. Les différentes
couleurs représentent diverses métallicités initiales.
2.1.2 Tables de supernovae
À l'exception des situations où la composition des étoiles se rapproche de celle du
Soleil, l'enrichissement du MIS est dominé par les SNe (Leitherer et al. 1992). Il est
donc important d'avoir une bonne idée de la composition de la matière éjectée par ces
explosions en fonction de la métallicité et de la masse initiale des étoiles en question.
Plusieurs groupes de recherche ont travaillé sur la nucléosynthèse de ces explosions
hautement énergétiques. Le tableau 2.2 montre les différentes tables disponibles dans
la littérature. Les colonnes de gauche à droite indiquent respectivement la métallicité,
la masse initiale, la présence ou non de perte de masse dans la phase de pré-SNe et
les sources associées aux tables. Les trois premières séries de tables ont chacune leurs
avantages. Woosley & Weaver (1995) considèrent plus de m,osses initiales que Chieffi &
Limongi (2004) mais ces derniers couvrent plus de métallicités. Nomoto et al. (2006,
N06) trouvent leur force non pas dans le nombre de masses initiales et de métallicités
mais dans le fait que la perte de masse soit considérée. Puisque dans le cadre du projet,
la perte de masse durant la vie des étoiles est prise en considération, les tables utilisées
seront celles de N06.
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
42 - , 40 m v 5 38 36 34 h 32 1 »-<^5aJV Z
—""^^' /Ail "«i 7 = 0.0200 0.0080 " 0.0040 0.0004 :-<^5aJV Z
—""^^' /Ail "«i 7 = 0.0200 0.0080 " 0.0040 0.0004 : r _-/ SV 1 z = 0.0200 0.0080 " 0.0040 0.0004 :i
^ l
z
= 0.0200 0.0080 " 0.0040 0.0004 : 6 7log t [an]
8Figure 2.2: Évolution temporelle de la luminosité des vents stellaires avec
Star-burst99. Les vents stellaires proviennent d'une population d'étoiles de IO
6M
0formée
in-stantanément. Les différentes couleurs représentent diverses métallicités initiales.
2.1.3 Extrapolation des tables de Nomoto et al. (2006)
Comme le montre le tableau 2.2, les tables qui couvrent plusieurs métallicités ne
possèdent pas de modèle en dessous de 11 M
0et au-delà de 40 M
0. Avec l'utilisation
d'une fonction de masse initiale (FMI) de 1 à 120 M
0, les tables de SNe devraient
pourtant couvrir les étoiles de 8 à 120 M
0. Dans la littérature, il y a plusieurs moyens
de faire face à cette situation, surtout pour les masses élevées. Tornatore et al. (2007)
supposent que les étoiles ayant des masses initiales plus grandes que 40 M
0terminent
leur vie directement en trous noirs, ne retournant ainsi aucune matière dans le MIS.
De manière équivalente, Scannapieco et al. (2005) utilisent une FMI avec une limite
supérieure de 40 M
0. Oppenheimer & Davé (2008) supposent des éjectas similaires
pour les étoiles de 10 à 13 M
0et de 35 à 100 M
0. Martinez-Serrano et al. (2008)
extrapolent de façon linéaire les éjectas jusqu'à 100 M
0.
Comme il le sera mentionné plus bas, l'extrapolation de 13 à 8 M
0semble assez
fiable. Cependant, extrapoler de 40 à 120 M
0est une opération périlleuse surtout si
la perte de masse est considérée. En effet, lorsque la masse initiale d'une étoile est
très élevée, la température de surface est plus intense que dans le cas des étoiles moins
massives. En augmentant la masse initiale d'une étoile, le flux ultraviolet qui exerce
une pression radiative sur les ions de l'atmosphère de l'étoile devient donc plus
impor-tant, ce qui engendre des vents stellaires avec de plus grands taux de perte de masse.
Cela peut, dans certains cas, réduire de manière significative la masse éjectée par la
SN qui s'ensuit (Woosley & Heger, 2007, WH07). De plus, l'intervalle de masses de
l'extrapolation couvre environ trois fois celui des tables. Même si la FMI engendre
beaucoup moins d'étoiles massives, les SNe provenant des étoiles de plus de 40 M
0CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
g 2 [
35 - 4 - 6 i i i i 1 i i i r-■ r-■ I I 6 7 log t [an] ' ' I ' ' Z - 0.0200 Z = 0.0080 Z = 0.0040 Z = 0.0004Figure 2.3: Évolution temporelle du taux de perte de masse des vents stellaires
avec Starburst99. Les vents stellaires proviennent d'une population d'étoiles de IO
6M
0formée instantanément. Les différentes couleurs représentent diverses métallicités initiales.
fournissent un pourcentage non négligeable de la matière éjectée par toutes les SNe. Il
est donc important de choisir judicieusement la manière d'extrapoler jusqu'à 120 M
0.
Pour en venir à cette conclusion, la table de Woosley k Weaver (1995) à métallicité
solaire a été combinée a une population d'étoiles de IO
6M
0avec la FMI de Kroupa
(2001, KOI) en utilisant trois choix d'extrapolation (tableau 2.3). Lorsque les éjectas
des SNe provenant des étoiles de plus de 40 M
0sont négligés, la masse totale éjectée
par toutes les SNe d'une population d'étoiles peut varier de 20 à 30 %.
La figure 2.4 montre la masse éjectée par les SNe provenant des tables de N06 en
fonction de la métallicité. Le premier élément intéressant de cette figure est la tendance
linéaire à Z = 0. De plus, toutes les métallicités se croisent à 13 M©. Cela suggère donc
que les masses éjectées par les SNe de moins de 13 M
0seront similaires pour toutes les
métallicités. Ainsi, pour extrapoler chaque métallicité jusqu'à 8 M®, la composition du
modèle de 13 M
0est utilisée et modulée selon la régression linéaire de Z = 0 obtenue
par le programme Slope
2(Isobe et al. 1990). Appliquer le même processus pour ex
trapoler jusqu'à 120 M
0est cependant douteux. Les tendances changent à partir de 25
30 M
0et cela signifie que deux ou trois points sont disponibles pour extrapoler sur
un intervalle de masses environ trois fois plus long que celui couvert par N06. De plus,
puisqu'à métallicité solaire (Z
Q= 0.02), la masse des éjectas finit par décroître avec la
masse initiale, la masse éjectée deviendrait éventuellement négative avant d'atteindre
120 M
0. Cette idée aurait été acceptable si la masse maximale des étoiles avait été
de 50 ou 60 M
0. L'option de ne pas éjecter de la matière pour les masses initiales
supérieures à 40 M
0n'est pas très réaliste. Même s'il y a formation de trous noirs,
2Les diverses méthodes et techniques de régression linéaire offertes par le programme Slope ont été
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
10Tableau 2.2: Tables d e SNe disponibles d a n s la l i t t é r a t u r e . De gauche à droite, les colonnes représentent la métallicité, la masse initiale, la présence ou non de perte de masse dans la phase pré-SNe et l'article de référence.
Mi [M0; M Référence
0, 2xl0-6, 11,12,13,15,18, XT _, , „ _f „„„,.,
2 x 1 0 - , 0.002, 0.02 19, 20, 25, 30, 35, 40 N°D W° °S l e y & W e a W r ^
o, io-
6, io-
4,
0.001, 0.006, 0.02 13, 15, 20, 25, 30, 35 Non Chieffi k Limongi (2004) 0, 0.001, 0.004, 0.02 13, 15, 18, 20, 35, 30, 40 Oui Nomoto et al. (2006, N06)
0.02 32 Mi entre 12 et 120 Oui Woosley k Heger (2007, WH07) 0.02 15 Mi entre 10 et 120 Oui Limongi k Chieffi (2007)
0 120 Mi entre 10 et 100 Non Heger k Woosley (2010, HW10)
ses derniers ne sont jamais aussi massifs que la masse initiale des étoiles en question (Woosley et al. 2002; Woosley k Heger 2007; Limongi & Chieffi 2008; Zhan et al. 2008; Belczynski et al. 2010). Utiliser une copie des modèles de 40 M0 n'est p.as vraiment
réaliste non plus car la tendance montre clairement qu'il devrait y avoir plus de matière éjectée pour les masses initiales supérieures (sauf à métallicité solaire).
- i ' —r l < 1 1 1 1 . . i i i i 40
-^ Z
Z
= 0.000 ■ T 302,
^ ^€^\
II II o o b b o o . . . 1 . a 2 0 ^ ^' —-— z
= 0.020 J 10 '■ " ■ ■ ^ . . . . 1 . 10 20 30 M, [M.] 40 50F i g u r e 2.4: Masse t o t a l e éjectée p a r u n e SN en fonction d e sa masse initiale selon N 0 6 . Les valeurs pour les métallicités disponibles sont représentées par différentes couleurs.
Suite à cette analyse, une méthode d'extrapolation différente de celles retrouvées
dans la littérature a été développée. Afin d'avoir une idée de comment extrapoler les
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES 11
Tableau 2.3: Ratio de la masse totale éjectée par les SNe en fonction de la m é t h o d e d'extrapolation des tables de SNe. La FMI de KOI et la table de SNe de Woosley & Weaver (1995) à Z0 ont été utilisées avec différentes méthodes d'extrapolation
pour les étoiles massives. La méthode (1) consiste à utiliser le ratio Mej/Mi du modèle de 40
M0 pour les étoiles plus massives. La méthode (2) prend la copie du modèle de 40 M0 pour
les étoiles plus massives. La méthode (3) suppose que la matière des SNe plus massives que 40 M0 ne retourne pas dans le MIS.
Méthodes Ratio Mej (2) / (1) 0.89
(3) / (1) 0.72
(3) / (2) 0.81
tables de N06, ces dernières ont été comparées aux tables de WH073 et de HW10
(fig-ure 2.5). À première vue, la comparaison à métallicité solaire est décevante. Cela est probablement causé par l'utilisation d'une prescription différente pour la perte de masse durant l'évolution pré-SNe. Cependant, le comportement de WH07 est révélateur et peut être appliqué au modèle de N06. La masse éjectée atteint en premier lieu un maximum avant d'aborder par la suite une descente presque linéaire pour finalement atteindre un plateau d'une valeur d'environ 4 M0. Ce plateau représente une limite.
Les SNe ne peuvent pas éjecter une quantité de matière inférieure à cette limite. Ainsi, l'extrapolation de N06 se fait en s'inspirant de WH07. Au delà de 40 M0, le modèle de
N06 à Z0 poursuit sa descente jusqu'à ce qu'il croise le modèle de WH07. Lorsque cela
se produit, le reste de l'extrapolation se fait en suivant les indications de WH07 jusqu'à 120 M0. Pour Z = 0, puisque N06 est suffisamment en .accord avec HW10, le modèle
de N06 est progressivement fusionné avec celui de HW10 (figure 2.6). Plus précisément, le point à 40 M0 de N06 est relié au point à 55 M0 de HW10. Ce choix, au lieu de
suivre directement les indications de HW10 lorsque la masse initiale est supérieure à 40 M0, permet d'éviter une discontinuité.
En ce qui concerne les métallicités intermédiaires, les masses éjectées vont se trouver entre les valeurs données par Z = 0 et Z0 (figure 2.6). Si la perte de masse par les
vents stellaires était négligée, les masses éjectées par les SNe devraient être similaires aux modèles de Z — 0. Puisque le taux de perte masse associé aux étoiles massives est proportionnel à Za, où a se situe environ entre 0.6 et 0.8 (Vink et al. 2001; Vink k
de Koter 2005; Krticka 2006; Mokiem et al. 2007), il est possible d'obtenir
analytique-3 Un programme a été développé afin de compresser les tables de WH07 pour que le format soit
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
12
8 0 I i i | i 1 i | i i i | i 1 i '| r60 -Z = 0.000 Z = 0.001 Z - 0.004 J Z - 0.020 60 80 M, [M.]120
Figure 2.5: Masse totale éjectée par une SN en fonction de sa masse initiale
selon N06 (lignes pleines), WH07 (ZQ) et HW10 (Z = 0). Le système de couleurs est
le même que pour la figure 2.4.
ment les valeurs de la masse éjectée pour n'importe quelle métallicité.
M
ej{Mi, Z) = M
ej(Mi, 0) t
v i e(M
hZ) ■ M
v s(2.1)
M
v s= A Z
a (2.2)Dans la dernière équation, A est une constante et t
viereprésente le temps de vie d'une
étoile de masse initiale Mj et de métallicité Z. En faisant l'approximation que ce temps
de vie ne varie pas beaucoup avec la métallicité, nous obtenons que
t
vïe(Mi, Z) « t
Vie(Mi)
(2.3)Ainsi, nous obtenons donc l'équation simplifiée suivante.
M
ej(Mi, Z) = M
ej{Mi,0) B(Mi) ■ Z
a (2.4)Connaissant la valeur de a, la constante B peut être trouvée pour chaque masse initiale
de 41 à 120 M
0par isolation en utilisant les valeurs de Z
0. Parmi les valeurs testées, un
Q de 0.625 semble minimiser la discontinuité entre 40 et 41 M
0. La figure 2.7 montre
tous les modèles de N06 suite à l'extrapolation.
La composition de ces nouvelles masses éjectées doit maintenant être déterminée.
Le tableau 2.4 montre les masses éjectées d'hydrogène (M/y), d'hélium (M#
e) ainsi que
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
13
ou - 1 — 1 — 1 — 1 1 1 1—1 1 1 1 1 1 1 1 1—1 1 1 60-2.40
^____^""^^ ■ 20^
^
z
= o.ooo
:
= 0.001 . - 0.004 _ » 0.020 .= o.ooo
:
= 0.001 . - 0.004 _ » 0.020 . 0 20 40 60 80 M, [M.] 100 120Figure 2.6: Masse totale éjectée par une SN en fonction de sa masse initiale selon
N06 après extrapolation à Z
0et à Z = 0. Les lignes pointillées illustrent les modèles de
WH07 (Z
0) et de HW10 (Z = 0). Le système de couleurs est le même que pour la figure 2.4.
la masse totale éjectée pour les modèles à Z
Qde WH07. Les cas présentés dans ce
tableau sont très extrêmes. La perte de masse des vents stellaires devient suffisamment
forte pour expulser la totalité de l'enveloppe d'hydrogène et la grande majorité de la
réserve d'hélium. Cela indique que ces étoiles sont passées par des stades WolfRayet
et que les SNe résultantes sont donc de type Ib ou le. La grande majorité de la matière
éjectée par ces SNe est donc composée de métaux. Pour cette raison, à métallicité
solaire seulement, l'extrapolation de l'hydrogène et de l'hélium se fait encore une fois
en s'inspirant de WH07 de la même manière que pour la masse totale éjectée (figures
2.8 k 2.9). Le reste de la matière éjectée par ces SNe possède la composition métallique
relative du modèle de 40 M
0de N06 (du lithium au gallium). Pour Z — 0.004 et
Z = 0.001, la perte de masse ne semble pas être aussi extrême que dans le cas solaire.
Pour cette raison, pour Z = 0.004, 0.001 et 0, la composition complète des modèles de
40 M
0est utilisée et modulée selon M
ej pour toutes les masses initiales plus grandes.
Afin de coupler les tables de N06 aux fichiers de sortie de Starburst99, les métallicités
des tables doivent concorder avec celles utilisées par Starburst99 (Z = 0.0004, 0.004,
0.008 et 0.02). Initialement, seules les métallicités de 0.004 et de 0.02 sont communes.
Puisque Z = 0.008 se situe entre 0.02 et 0.004, les valeurs de chaque élément (H Ga)
pour cette métallicité sont donc obtenues en interpolant les deux métallicités communes.
En ce qui concerne Z — 0.0004, les masses éjectées sont obtenues en utilisant l'équation
2.4. La composition utilisée est celle de Z = 0.001. Ce choix est justifié en observant les
éléments les plus abondants des modèles de 30 M
0de Chieffi k Limongi (2004) (figure
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES U 8 0 Pi—i 1 1 1 r 60 80 M, [M.] Z = 0.000 Z = 0.001 Z - 0.004 _| Z = 0.020
120
Figure 2.7: Masse totale éjectée par une SN en fonction de sa masse initiale selon les tables de N06 après l'extrapolation de toutes les métallicités disponibles. Le système de couleurs est le même que pour la figure 2.4.
Tableau 2.4: Masses d'hydrogène, d'hélium et masse totale éjectées en fonction de la masse initiale des SNe de W H 0 7 à Z Q .
Mi [M0] MH [ MQ] MH e [M0] Me j [MQ] 40 0.233 1.64 9.74 50 5.51 xlO"8 0.0667 7.94 60 1.77xl0"7 0.120 5.65 70 1.16xl0"7 0.152 4.35 80 1.04 x 10" 7 0.156 4.34 100 1.77xl0"7 0.181 3.96 120 1.39X10"7 0.172 3.92
Z = 0.001, la perte de masse devient négligeable (surtout pour les étoiles de moins de 40 M0) , la composition des SNe ne devrait plus varier de façon importante. Ainsi, pour
chaque masse initiale, la composition de la SN de Z = 0.001 est appliquée à celle de Z = 0.0004 en suivant la valeur de la masse totale éjectée obtenue analytiquement. La figure 2.11 montre les modèles de N06 suite à l'extrapolation et à l'ajout de Z = 0.008 et de Z = 0.0004. Le programme permettant de générer les tables complètes de N06 est montré en annexe C.
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
15
20 151 "
i — i — | i i i | — i i i | 20 40 60 _L M, [M*] 80 I ' ' ' I Z = 0.000 Z - 0.001 Z = 0.004 Z = 0.020 100 120Figure 2.8: Masse d'hydrogène éjectée par une SN en fonction de sa masse initiale
selon les tables de N06 (lignes pleines) après extrapolation à. ZQ. La ligne pointillée
illustre le modèle de WH07 (ZQ). Le système de couleurs est le même que pour la figure 2.4.
2.1.4 Couplage entre Starburst99 et Nomoto et al. (2006)
Avec Starburst99, la luminosité produite en fonction du temps est connue pour les
SNe provenant d'une population d'étoiles (figure 2.1). Sachant que chaque explosion
produit IO
51erg (Leitherer et al. 1992), le nombre de SNe est calculé pour tous les pas
de temps. Ensuite, le nombre d'étoiles dans chaque intervalle de masse de 1 M
0a été
déterminé par la FMI de KOI. En combinant ces deux derniers calculs, le nombre de
SNe de masse initiale Mj est désormais connu à chaque pas de temps sachant que les
étoiles les plus massives seront les premières à exploser. Cela permet d'utiliser les
ta-bles complètes de N06 pour fournir la composition des éjectas à travers les simulations
Starburst99
4(figure 2.12). Pour Z = 0, la luminosité utilisée est celle de Z = 0.0004 car
Starburst99 ne fournie pas de métallicités plus basses que cette dernière valeur. Il est
maintenant possible de voir l'effet du choix d'extrapolation sur la masse totale éjectée
par les SNe d'une population d'étoiles (figure 2.13).
4 Le programme développé pour combiner les tables de SNe de N06 avec Starburst99 est présenté
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
IG 20 15 10£ 5
0 -i ' » ' -i ■ ' ' -i ' ' ■ -i . ■ • - z = o.ooo-^ £
Z - 0.001^ £ ^ _
z = 0.004 :^ ^
^ N .
Z = 0.020 J : • > v ■ .. N ^ ■ — -■ • " i i i i ■ i i ■ i 1 . . . 1 . . . 1 . . . 1 • 20 40 60 80 M, [M.] 100 120Figure 2.9: Masse d'hélium éjectée par une SN en fonction de sa masse initiale
selon les tables de N06 (lignes pleines) après extrapolation a ZQ. La ligne pointillée
illustre le modèle de WH07 (ZQ). Le système de couleurs est le même que pour la figure 2.4.
2.2 Evolution du milieu interstellaire
Durant l'évolution d'une galaxie, le MIS s'enrichit continuellement dû aux éjectais
des vents stellaires et des SNe. Ainsi, chaque génération d'étoiles fournit pour les
générations futures un environnement plus riche en métaux. L'intensité de cet en
richissement dépend du TFS car la quantité d'hydrogène et d'hélium qui fusionnent
pour donner des éléments plus lourds augmente avec le nombre d'étoiles formées. Un
programme, présenté à l'annexe E, a été développé afin de représenter ce processus
d'enrichissement galactique. Les fichiers de sortie de Starburst99 ainsi que les tables
complètes de N06 sont utilisés pour simuler l'évolution temporelle des vents stellaires
et des SNe.
2.2.1 Conditions initiales
Chaque galaxie possède une masse totale (M
gai) qui combine la matière sombre et
baryonique. À partir cette masse totale, la masse baryonique Mb est calculée en utilisant
les paramètres cosmologiques actuels de densité totale (Q
0) et de densité baryonique
( î \ o ) de l'Univers.
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
17
15-T
1 0s
5 0 -- 6 - 5 — 1 — 1 — 1 — 1 — 1 1 1 1 1—1 1 1—1 1 1 | . r i ■ | . ■ ■ « r 30 M. (CL04) — " H _ 0 ■ Ne 4 3 log Z - 2 1Figure 2.10: Masse totale éjectée par une SN de masse initiale de 30 M
0en
fonction de sa métallicité initiale selon les tables de Chieffi & Limongi (2004). Les
différentes lignes de haut en bas représentent respectivement l'H, l'He, l'O et le Ne.
Puisque les galaxies considérées se forment à partir des premières fluctuations de densité
de l'Univers, la composition primordiale est appliquée à la masse baryonique initiale (X
= 0.755 et Y = 0.245). Dans tout ce gaz, seulement une fraction (/*) sera convertie en
étoiles durant l'évolution de la galaxie.
M* = /*M„
(2.6)Toutes ces étoiles se forment en respectant un TFS qui peut varier dans le temps. Ainsi,
à chaque pas de temps, un certain nombre d'étoiles se forment en utilisant la métallicité
du MIS à ce moment.
f
tfM*(t)dt = M,
Jo (2.7)
La durée totale de la simulation (tf) est obtenue en additionnant 0.999 x IO
9années
(durée Starburst99) au temps associé à la dernière période de formation d'étoiles. En
ce sens, le temps couvert par ces simulations dépend de la durée du TFS sélectionné.
Lorsque le TFS est instantané, toutes les étoiles se forment au début de la simula
tion. Lorsque le TFS est constant, la masse d'étoiles formées par unité de temps doit
être spécifiée. La formation d'étoiles s'arrête lorsque la fraction de gaz prévue (/*) a
entièrement été convertie en étoiles. Lorsque le TFS décroît de manière exponentielle,
M+(t) s'écrit de la façon suivante.
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
18
80 n — i — f g0 - a = 0.625 60 80 10 Z - 0.0040 _| Z = 0.0080 Z - 0.0200 120Figure 2.11: Masse totale éjectée par une SN en fonction de sa masse initiale
selon les tables de N06 après l'extrapolation complète de toutes les métallicités
désirées. Le système de couleurs est le même que pour la figure 2.4.
c =
M,
(2.9)Le temps caractéristique (t
c), après lequel le TFS diminue par un facteur e, est fixé
à 5 x IO
7ans, ce qui correspond approximativement à la durée de la période active des
SNe lorsque le TFS est instantané (figure 2.1). Puisque pour l'instant, le TFS est un
paramètre libre, d'autres valeurs de temps caractéristique devront éventuellement être
testées. La constante C est calculée de manière à ce que la masse totale stellaire M* soit
retrouvée lorsque le TFS est intégré, par rapport au temps, de zéro à l'infini. Intégrer
jusqu'à l'infini et non jusqu'à tf (voir équation 2.7) permet de simplifier le calcul. Cette
approximation n'engendre pas d'erreur dans le résultat final car tf 3> t
c.
2.2.2 Processus d'enrichissement
Au début de chaque pas de temps, la masse gazeuse du MIS est connue et peut être
décomposée en 31 éléments.
M
Mis(t)
Gaz2MMis
x(t)
H(2.10)
Dans cette dernière équation, X représente les éléments allant de l'hydrogène jusqu'au
gallium. La masse totale provenant des vents stellaires et des SNe est définie de manière
similaire. La première opération consiste à retirer une quantité de matière M
Rau MIS
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
19
7 7.5
log t [an]
Figure 2.12: Évolution temporelle du taux de perte de masse des SNe avec
Star-burst99. Les SNe proviennent d'une population d'étoiles de IO
6M
0formées instantanément.
Le système de couleurs est le même que pour la figure 2.1.
qui est due au TFS et à la présence d'un vent galactique (équation 2.11). La masse de
la population d'étoiles qui se forme est déterminée par la valeur du TFS au moment de
la formation. Ces étoiles possèdent la même composition, et donc la même métallicité,
que le MIS à ce moment. Ainsi, la composition relative du MIS reste tout de même
inchangée suite à cette perte. Il en est de même pour la masse éjectée par le vent
galactique. Le taux de perte de masse du vent galactique (Myc{t)) est défini plus b.as
dans la section 2.2.4.
M
Rx{t) =
M
MISx(*)r
M
Mi sit) L
M*(t) + M
VG
(t) At
(2.11)
Par la suite, les éjectas des vents stellaires et des SNe sont ajoutés au MIS. Pour
ce faire, la contribution des populations d'étoiles formées à chaque pas de temps est
considérée en respectant son âge ainsi que sa métallicité et sa masse au moment de
formation.
Mvs
x(t) = E M^l
x9(r
k, Z
k, M^
k)At
(2.12)
MsNe
x(t) = E
MI N Z {TH.Zk, M ^ ù d
(2.13)
La somme sur les k représente l'ensemble des populations d'étoiles qui sont déjà formées
au temps t. L'âge, la métallicité et la masse de la population k sont représentées
re-spectivement par T
fe, Z
ket M*
)fe. Ainsi, la masse et la composition du MIS évoluent à
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
20Figure 2.13: Masse totale éjectée multipliée par IO
- 4, intégrée par rapport au
temps, par les SNe d'une population de IO
6M
0en fonction de la métallicité
initiale. Les différentes lignes illustrent différentes techniques d'extrapolation. La ligne
rouge représente le cas où les SNe de plus de 40 M
0possèdent le même ratio M
ej-/Mj que la
SNe de 40 M
0. La ligne noire illustre la technique d'extrapolation développée dans la section
2.1.3. La ligne bleue représente le cas où une copie du modèle de 40 M
0est utilisée pour
toutes les SNe plus massives. La ligne verte illustre la situation où les SNe plus massives que
40 M
0n'éjectent pas de masse dans le MIS.
M M I SX
(t + M) = M
M I S x(t) - M
R x(t) + M
V S x{t) + M
S N e x(t) (2.14)
Z(t + At) =
M
M I S(t + At) -
M M I S A *+
A*) ~ M
MISHe(t + At)
M
Mis(t + A*)
(2.15)
Avant de passer au pas de temps suivant, la luminosité des vents stellaires et des
SNe provenant de toutes les populations d'étoiles qui sont déjà formées au temps t est
calculée afin d'être utilisée pour produire l'expansion du vent galactique (voir section
2.3).
Lvs(t) = zZ
Lv s (
rfc> Z
k, M^
k)
(2.16)
LsNe(t) = E L
S N e(r
k, Z
k, M*
jfc)
(2.17)
Le code est programmé de façon à ce que le TFS soit modifié et arrêté si jamais la
perte de masse du MIS devenait suffisamment importante. Par exemple, s'il ne reste
que 100 M
0de gaz dans le MIS pour former des étoiles alors que le TFS en demande
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODÈLES
21
soient utilisées pour former des étoiles. Lorsque cela se produit, les valeurs suivantes
pour le TFS deviennent nulles. Le processus est le même pour le profil temporel de la
perte masse par le vent galactique qui est toujours traité après le TFS à l'intérieur d'un
pas de temps.
2.2.3 Interpolation et extrapolation de Starburst99
L'équation 2.15 propose une évolution continue de la métallicité du MIS. Puisque
les étoiles qui se forment à chaque pas de temps possèdent la composition du MIS au
moment de leur formation, Starburst99 devrait donc fournir également des métallicités
continues. Pour se faire, les métallicités intermédiaires à celles fournies par Starburst99
(tableau 2.1) sont interpolées de manière linéaire.
log(M5 B 9 9) = ^ l o g ( Z ) + jB
(2.18)
log (L
SB99) = C log (Z) + D
(2.19)
Connaissant
MSB99et
LSB99pour chaque métallicité fournie par Starburst99, les
con-stantes A, B, C et D peuvent être déterminées. Les valeurs de ces concon-stantes dépendent
de l'intervalle de Z considéré. Lorsque Z est inférieur à 0.0004 qui est la valeur minimale
de Starburst99, une loi de puissance est utilisée pour les vents stellaires en supposant
que le taux de perte de masse par ces vents est proportionnel h Z
a. La valeur de a est
celle utilisée pour l'extrapolation des tables de N06.
M ^ f \ Z ) = M*f"(0.0004)
L0.0004
0.625 (2.20) SB99/L
vf
y( Z ) = L£f"(0.0004)
-, 0.625 0.0004(2.21)
Dans le cas des SNe, les équations 2.18 et 2.19 causent problème lorsque Z est entre
0 et 0.0004. En effet, puisque le tout est à l'échelle logarithmique, l'interpolation doit
se faire entre deux métallicités non nulles. Ainsi, pour la masse éjectée par les SNe, une
valeur Z = Z„àn est utilisée comme point alternatif pour la construction des fonctions
d'interpolation. Cette valeur est de l'ordre de 10
- 1 0et correspond à la métallicité du
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
22MIS suite à l'arrivée des toutes premières SNe dans les simulations des galaxies
initiale-ment dépourvues de métaux (voir chapitre 3). En se qui concerne la luminosité des
SNe, le modèle de Starburst99 à Z = 0.0004 est utilisé pour les métallicités inférieures
à 0.0004, ce qui est raisonnable étant donné la similitude des différents modèles de la
figure 2.1.
2.2.4 Profil temporel de la perte de masse par le vent
galac-tique
La présence d'un vent galactique permet à une partie du MIS de s'échapper dans
le MIG de façon progressive. Puisque le vent galactique est produit par l'énergie
ther-mique déposée dans le MIS par les étoiles présentes dans la galaxie, il est donc logique
de penser que le profil temporel de la masse éjectée dans le MIG sera semblable à celui
de la luminosité produite par ces étoiles. Ainsi, la plus grande perte de masse du MIS
se produira durant la période la plus énergétique de la galaxie hôte.
MV G(t) oc L(t) (2.22)
J M
VG(t)dt = M
V G (2.23)Si le profil temporel de la luminosité était connu, il faudrait premièrement faire la
somme de ces luminosités à travers tous les pas de temps afin d'obtenir l'énergie totale
(E). Cette dernière quantité pourrait alors être utilisée pour calculer la contribution
relative de chaque valeur de L(t) sur E. Ensuite, il serait possible de connaître la masse
totale ainsi que la composition de la partie du MIS éjectée en fonction du temps.
MV G(t) = MV G
Ht)
(2.24)MV G x( t ) = MV G{t)
M,
M I SX(t)
M
M I S(t)
(2.25)
Cependant, le profil temporel de la luminosité se génère durant la simulation et
l'énergie totale n'est donc pas connu avant la fin de la simulation (figure 2.14). La
solution alternative est donc d'utiliser le profil temporel du TFS qui est connu dès le
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
23
début de la simulation (figure 2.15). Ce choix est motivé par le fait que le profil tem
porel de la luminosité est dans un sens relié au TFS. À un temps donné, si le nombre
d'étoiles formées est grand, l'énergie libérée par ces étoiles sera également grande. Le
profil temporel du TFS ne contient par contre aucune information sur l'évolution de la
métallicité dans les étoiles. La luminosité des vents stellaires dépend beaucoup de la
métallicité, contrairement à celle des SNe (figures 2.1 & 2.2). Puisque les vents stellaires
ne jouent pas de rôle important sur l'évolution du vent galactique (voir les résultats de
la section 3.3) et que l'éjection de la masse dans le MIG est donc principalement causée
par les SNe, l'utilisation du profil temporel du TFS au lieu de celui de la luminosité
semble appropriée.
„ 40 os \ B j * " " * " ^ ^ S ^ M u w ^ V V " 38 ~ / \ i
\ J \ w o \ 36 \ ' ' i i i ■ ■ ■ ■ i i i ■ » 6 7 8 9 log t [an]F i g u r e 2.14: Évolution t e m p o r e l l e d e la luminosité générée p a r les SNe issues d ' u n T F S exponentiel (tc = 5 x IO7 ans). Les SNe proviennent d'une galaxie ayant un
Mgai de IO9 M0 et un /* de 0.1.
Les profils temporels de la luminosité et du TFS n'ont évidemment pas la même
forme car une population d'étoiles génère de l'énergie pendant un certain temps. En
effet, suite à la formation d'étoiles et d'un délai d'environ 3 millions d'années
5, les SNe
produisent de l'énergie durant approximativement 39.2 millions d'années (figure 2.1).
De plus, les contributions de plusieurs populations d'étoiles sont considérées dans le
profil temporel de la luminosité. Tout cette information n'est pas incluse dans le pro
fil temporel du TFS. Une fonction F(t) basée sur le TFS a donc été développée afin
d'inclure le délai des SNe et la combinaison de plusieurs périodes actives d'explosions.
5 Le délai avant l'arrivé des SNe dépend de la métallicité de la population stellaire. Cependant,
puisque les simulations débutent à Z = 0, la plupart des populations d'étoiles dans le MIS auront des métallicités nulles ou faibles durant la période active du vent galactique. C'est pour cette raison que le délai sélectionné (3.11 millions d'années) est associé à la plus petite métallicité disponible avec Starburst99 (Z = 0.0004).
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES
24 g " I ao o - 2 - 3 -1 I L.Figure 2.15: Évolution temporelle d'un TFS qui décroît de manière exponentielle.
Ce TFS provient d'une galaxie ayant un M
gai de IO
9M
0et un /* de 0.1.
F(t + 3.11Ma) = / MJt)dt [M
0an"
1]
Jt-39.2Ma. (2.26)
Bien entendu, les valeurs de F(t) lorsque t est négatif sont ramenées à zéro. La
forme de F(t), présentée à la figure 2.16, ne correspond pas exactement à celle de L(t)
puisque F(t) suppose qu'une population d'étoiles fournit une quantité d'énergie
con-stante durant toute la période active des SNe. En réalité, ce profil temporel d'énergie
n'est pas du tout constant (figure 2.1). Cependant, il s'agit d'une bonne
approxima-tion car les variaapproxima-tions importantes des deux profils se produisent aux mêmes temps.
Finalement, après avoir intégré la fonction F(t) pour obtenir F
tot, le profil temporel de
la perte de masse du vent galactique peut enfin être déterminé.
S
log t [an]
Figure 2.16: Évolution temporelle de la fonction F pour un TFS exponentiel. Ce
TFS provient d'une galaxie ayant un M
gai de IO
9M
0et un /* de 0.1.
CHAPITRE 2. DESCRIPTION DES MODELES 25
M
VG(t) = M
VGF(t)
tot(2.27)
Pour utiliser cette dernière équation, la masse totale du vent galactique My
G, qui est
jusqu'à maintenant inconnue, doit être déterminée. Pour ce faire, une autre définition
du taux de perte masse (Mv
G) est utilisée et intégrée (voir section suivante). Cette
sec-onde relation (équation 2.31) ne tient pas compte du délai et de la durée des épisodes
énergétiques des différentes populations d'étoiles comme le fait l'équation 2.27. Malgré
cela, l'équation 2.31 est tout de même utilisée car l'intérêt est de connaître la masse
totale éjectée par le vent galactique et non la façon dont elle est distribuée. Cette
dis-tribution est connue de l'équation 2.27.
2.2.5 Masse totale éjectée par le vent galactique
Afin de calculer le profil temporel de la perte de masse du vent galactique, la masse
totale éjectée doit être connue (équation 2.27). Dans plusieurs articles concernant la
simulation de vents galactiques, on retrouve le ratio n défini ci-dessous qui relie le taux
de perte de masse du vent galactique au TFS.
MVG