• Aucun résultat trouvé

F. Morenzoni-Th. H. Bestul (edd.), Alexandri Essebiensis Opera theologica - G. Dinkova-Bruun (ed.), Alexandri Essebiensis Opera poetica

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "F. Morenzoni-Th. H. Bestul (edd.), Alexandri Essebiensis Opera theologica - G. Dinkova-Bruun (ed.), Alexandri Essebiensis Opera poetica"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Alexandri Essebiensis Opera theologica. D e artificioso modo predicandi, Sermones, cura et studio Franco Mor en zo n i ; Meditaciones, cura et studio Thomas H. Bestu l, Tumhout : Brepols, 2004 (Corpus Christianorum. Continuado Mediaeualis, 188 = Alexandri Essebiensis Opera omnia, 1), XXVII-499 p. - Alexandri Essebiensis Opera poetica, cura et studio Greti Dinkova- Bruun, Tumhout : Brepols, 2004 (Corpus Christianorum. Continuado Mediaeualis, 188 A = Alexandri Essebiensis Opera omnia, 2), LXXXI-318 p.

Voilà un auteur - étudié par trois spécialistes avec talent et sur nouveaux frais - qui sort de l’oubli où il était enseveli depuis le xvie siècle. Alexandre d’Ashby {Essebiensis) est un chanoine régulier de saint Augustin, qui vécut près de Northampton, au centre de l ’Angleterre, dans la seconde moitié du xne siècle. Il est attesté comme prieur de la modeste maison d’Ashby à partir de 1185 et mourut, d’après son épitaphe, un mercredi 6 août en 1208 ou 1214 (mais plus probablement en 1208, car aucun des actes qu’il souscrivit n’est postérieur à 1205).

Alexandre d’Ashby n’est ni un théologien ni un prédicateur ni un poète de premier plan. C’est un homme à l ’esprit clair, qui écrit en général dans une langue simple, mais châtiée. Sa particularité est qu’il a un talent de pédagogue : son D e artificioso modo predicandi est un manuel pratique à l ’usage des apprentis-prédicateurs, qui consiste pour l’essentiel en cinq sermons modèles; son recueil de Meditaciones est également un guide, qui propose un parcours simple en cinq thèmes et dix étapes à ceux qui souhai­ tent parvenir à une contemplation, même imparfaite, du mystère de Dieu. Quant à ses poèmes en mètre dactylique, la Breuissima comprehensio historiarum et le Liber festiualis, ce sont pour l’essentiel des abrégés, à visée mnémotechnique, respectivement

de l’histoire sainte et d’un légendier rangé selon l’ordre du calendrier.

Les trois signataires : Franco Morenzoni, Thomas H. Bestul et Greti Dinkova-Bruun, ont su tirer parti de la convergence de leurs travaux pour proposer une édition complète des œuvres d’Alexandre, au moins de celles qui ont été identifiées à ce jour, édition dont la cohérence est assurée par de multiples renvois internes. Grâce à eux, on connaît désor­ mais les thèmes favoris et les habitudes stylistiques d’Alexandre, si bien que d’autres trouvailles pourraient à l’avenir compléter celles qu’ils ont déjà faites et les obliger à mettre en chantier un troisième volume. Je ne serais pas surpris, par exemple, que soit exhumée un jour l’«Instruccio prioris de Esseby ad nouicios cum distinccionibus uirtutum et uiciorum et philosophia », conservée vers la fin du xive s. dans la biblio­ thèque de Peterborough (voir le tome 8 du Corpus o f British M edieval Library Cata­ logues, Londres, 2001, p. 89).

En rendant compte des mêmes ouvrages dans la Revue Mabillon, j ’ai déjà commenté les mérites de cette édition collective. Je voudrais ici revenir plus en détail sur trois aspects, qui sont de nature à intéresser les lecteurs de cette revue : la langue et le style d’Alexandre ; les sources qu’il a exploitées ; enfin, quelques problèmes textuels que pose la lecture de ses œuvres.

Sur le plan linguistique, le souci pédagogique d’Alexandre l’amène à utiliser un vocabulaire courant et une syntaxe simple. On pourrait dire que son lexique correspond grosso modo à celui de la liturgie et des lectures du bréviaire. Rares sont les passages où il emploie des termes renvoyant à des réalités contemporaines : t. 1, p. 261, 71 : «ceruisiam uel medonem uel uinum»; p. 264, 161-2 « ceruisiam, medonem, uinum, nectar et claretum », ‘hydromel’, ‘vin épicé’ (angl. ‘claret’); 282, 50 «ars magica et sorciaria», ‘sorcellerie’ ; p. 321, 168 « unam uirgatam terre», ‘vergée’. Quand il décrit le luxe des riches, il est certes obligé de recourir à un lexique moins habituel, mais il adopte alors de préférence des termes antiques: «choreas mulierum, giros equitum,

(2)

saltus histrionum» (p. 202, 94), « liba, placentas, artocreas cum nebulis et oblatis » (p. 264, 158). Dans le dernier passage toutefois, ni nebulis ni oblatis n’appartiennent à la langue classique : ce sont des mots féminins souvent associés, parfois donnés comme synonymes, qui correspondent à des confections en pâte fine (a. fr. ‘niele’ et ‘oublée’, fr. ‘oublie’). P. 365, 1. 101, la forme étrange «in hora p artu rion is» doit être le résultat d’une haplographie pour parturitionis. En revanche, la graphie phïlargia est répétée tant de fois aux pages 316-21 qu’elle remonte à l’auteur : étant donné que son explication est am or peccunie (p. 317, 41 ; comme dans le glossaire d’Aynard, F 43), c ’est ici une variante de philargyria, influencée par le grec (¡nXapyía, ‘amour de l’oisiveté’ (d’où vient l’adjectif latin philargicus). Dans un autre sermon cependant (p. 296, 5), philar- giria est la leçon transmise et phïlargia n’est qu’une correction de l ’éditeur, à mon sens abusive (car la différence de graphie pourrait refléter une différence de modèle).

Alexandre, dans sa prédication, n’hésite pas à citer des hymnes, des vers de sa composition ou d’autres auteurs : le quinzième des Sermones uarii invoque ainsi des passages de la Breuissima comprehensio historiarum, d’Hildebert, Horace, Ovide et Juvénal, ces emprunts étant d’ordinaire justifiés par leur valeur éthique ou mnémotech­ nique (cf. p. 186, 107 ; 371, 99). A titre exceptionnel, il lui arrive toutefois de faire, par prétérition, étalage de ses connaissances mythologiques : voir au t. 2, p. 229, les vers 1-12, qui auraient mérité une annotation plus prolixe que celle de la p. 284. Après avoir passé en revue les différents genres antiques: épopée, comédie, tragédie, vers lyriques, satire, le poète choisit une veine plus modeste : « de uena paupere promam », qui est celle d’Ovide, Pont. 2, 5, 21. Le vers le plus obscur : « tela licambeo tincta cruore notent » fait allusion aux iambes d’Archiloque, qui avaient réduit le thébain Lycambès au désespoir ; il est inspiré par Ovide, Ibis, v. 54 : « iambus / tincta lycambeo sanguine tela dabit». Or on ne possède, de ce poème, aucun manuscrit antérieur à 1200 : cf. R. J. Tarrant, dans Texts and Transmission. A Survey o f the Latin Classics, Oxford, 1983, p. 273-5. L’emprunt d’Alexandre d’Ashby confirme que Y Ibis circulait déjà chez des lettrés anglais de la fin du xne siècle.

Les éditeurs ont commenté de façon très intéressante l’orthographe de leurs manus­ crits (t. 1, p. 126 et 400 ; t. 2, p. XL-XLIV et surtout p. LXVII-LXXVII). Dans ce maté­ riel, une partie des phénomènes s’explique par la prononciation du latin en Angleterre : ausilium (t. 1, p. 186, 116; 194-5, passim ; 318, 84); dialetice (p. 67, 1235); distinxionem (p. 382, 47) ; inmarce s sibilem (p. 179, 56), etc. Les géminations abusives sont courantes : contempplandis (p. 273, 60), appostolorum (p. 273, 74) ; putresscere (p. 343, 106), suggit, suggens (p. 316, 24; 418, 438 ; 419, 467), tout comme la simpli­ fication de géminées: excelentia (p. 178, 5; 182, 29), efectus (p. 277, 95), celerarius (p. 319, 112), garulitas (p. 355, 39. 45), etc. Les copistes maintiennent parfois des sonores devant des sourdes : conpungtio (p. 271, 15; 273, 55; 276, 40. 42, à côté de nombreuses occurrences de conpunctio), sugxisti (p. 419, 470, qui dérive d’un présent suggo, mentionné plus haut). Les formes de perfectum didisceris (p. 24, 41 ; t. 2, p. 13 [app.]), didiscerat (t. 1, p. 298, 92), etc. doivent s’expliquer à la fois par l’influence du présent disco et les confusions fréquentes -c-/-sc- (bien commentées par G. Dinkova- Bruun ; ajouter à son matériel nosciua, p. 26, 72). Plus problématiques sont des formes comme descendesti (à la seconde personne du parfait, p. 273, 80) ou requiestionis (peut- être à interpréter comme requiescionis pour requiecionis, p. 282, 61). Ceree (pour certe, p. 202, 112), declareres (pour declarares, p. 426, 702), iudicum (pour iudicium, p. 378, 113), presbitere (pour presbitero, p. 287, 212), ne sont probablement que des lapsus calami.

Diverses citations et allusions, surtout bibliques, n’ont pas été reconnues par les éditeurs. Cela ne porte guère à conséquence, sauf quand il s’agit de prologues ou

(3)

d’épi-logues, c ’est-à-dire de passages spécialement travaillés. Dans la liste qui suit, j ’ai écarté quelques cas douteux et les reprises de versets qui avaient été identifiés et référencés, lors de leur première occurrence. Le sigle VL entre parenthèses renvoie à une version préhiéronymienne. Alexandre est si influencé par la Bible et la liturgie qu’il reste sûre­ ment d’autres emprunts à identifier.

t. 1, p. 24, 48-9 : « aurum de luto aut gemmam de sterquilinio », passage à verser au dossier réuni par G. Folliet, « La fortune du dit de Virgile ‘Aurum colligere de stercore’ dans la littérature chrétienne », Sacris Erudiri, 41, 2002, p. 31-53. - p. 33, 241-2: cf. Is 33, 17. - p. 36, 320-1 : Corpus orat. 2763b, 4498, 4788 (exploité aussi p. 147, 65-6). - p. 39, 441-2: la sentence «ubi nos inueneris, ibi nos iudicabis» adapte une citation commentée par A. Resch, Agrapha. Aussercanonische Schriftfragmente, Leipzig, 1906, p. 322-5 et par moi-même dans Classical Philology; 98, 2003, p. 160-74. - p. 39, 443- 4: «cuius uita moritur in culpa, eius mors uiuit in pena», Petrus Comestor, Sermo 45 (PL 198, 1829 ; cf. PL 205, 862). - p. 43, 535-7 : cf. Rm 5, 5 (voir aussi p. 240, 13-4; p. 434, 956-7). - p. 46, 652 : Ps 4, 6. - p. 55, 889 : cf. Sir 15, 3. - p. 58, 976-7 : cf. Os 9, 8 (VL). - p. 59, 1013-7 : la citation ne provient pas des M editationes pseudo-augus- tiniennes, mais du D e diligendo deo, 18 (une œuvre exploitée aussi, comme l’a vu Morenzoni, p. 71, 1362-4 [mais voir infra ad locum] et p. 259-60!). - p. 59, 1017-8: Ps 30, 25. - p. 60, 1027-8 : « ecce homo, et opus eius coram eo». L’apparat indique Io 19, 5 pour les deux premiers mots ; la suite correspond à Is 62, 11 (40, 10), mais comme cette citation circule en grec dès le IIe s., il serait préférable de la traiter comme un agra- phon, à la suite de Resch, A grapha, p. 315-6. - p. 60, 1040-2 : cf. Io 1, 1. 3. 10-1. - p. 60, 1043-4 : cf. Ps 12, 4. - p. 67, 1258-60 : Petr. Lomb., Sent. 4, 23, 2. - p. 71, 1359- 61 : Aug., In ps. 30, en. 2, 3, 3. - p. 71, 1362-4 : cette citation explicite (teste Augustino) peut provenir de Ps. Aug., D e diligendo deo, 18, comme le veut Morenzoni, mais aussi de Ps. Aug. (c’est-à-dire Patrick de Dublin, f 1084), D e triplici habitáculo, 1, qui en est la source (PL 40, 992 ; cf. infra p. 265, 194-5). - p. 133,3: cf. Mt 15, 32, évoqué aussi p. 359, 9. - p. 133, 10: Greg. M., In euang. 17, 3 (précède immédiatement la citation repérée aux lignes 8-9). - p. 134, 39 : cf. Sir 24, 31. - p. 138, 25 : cf. I Cor 10, 4 (évoqué aussi p. 223, 25). - p. 145, 9-11 : cf. Eph 4, 22-4; Rm 6, 4. - p. 146, 52ss: Corpus orat. 2272. - p. 149, 47 : cf. Mt 3, 12 (Le 3, 17). - p. 154, 63-4 : cf. Lm 1, 12. - p. 169, 49-51 : cf. Ps 83, 8 (cité aussi p. 308, 86-7). - p. 188, 44-6 : Passio Laurent, (p. 93, 36- 7). - p. 212, 16 : Io 1, 16. - p. 213, 38-9 : cf. Apc 14, 4. - p. 215, 84-5 : cf. Ps 31, 8 et 118, 135 (VL). - p. 227, 25-6 : cf. Mt 6, 33. - p. 232, 19: cf. Is 66, 2 (VL), cité aussi p. 310, 33-4. - p. 237, 40 (app.) : Greg. M., Moral. 22, 14. - p. 237, 42-3 : cf. Aug., In ps. 42, 8 (Isid., Etym. 6, 19, 64). - p. 256, 7-8 : cf. Ps 50, 17. 10. - p. 259, 18-9:1 Io 4, 21. - p. 261, 52-3 : cf. Gai 6, 10. - p. 262, 107-8 : cf. Hbr 13, 2. - p. 265, 194-5 : Ps. Aug. (Patrick de Dublin), D e triplici habitáculo, 4 (PL 40, 995). - p. 286, 167-8 : Aug., Reg. seru. 5, 3 (éd. Verheijen, p. 430, in apparatü). - p. 289, 250-1 : Ps 79, 4. 8. 20 ; Ex 33, 18. - p. 290, 14-5 : cf. Mt 12, 29 (Le 11, 22). - p. 293, 90-1 : Rm 8, 3. - p. 295, 152- 3 : Ps 94, 2 (VL). - p. 302, 74-5 : cf. Ps 146, 1. - p. 320-1 : Ps. Aug., Serm. 293 = Césaire, Serm. 41. - p. 329, 170-1 : cf. Ps 35, 9. - p. 333, 102-3 : cf. Le 12, 37. - p. 340, 20-1 : Bem., Serm. de diu. 41, 10 (précède immédiatement la citation repérée aux lignes

1 Morenzoni suppose une relation inverse, d’Alexandre d’Ashby au De diligendo Deo (p. 120). Cela n’est pas impossible, mais oblige à admettre que la citation pseudo-augustinienne de la p. 71 (introduite par teste Augustino) soit tirée non du De diligendo Deo, mais de sa source, le De triplici

habitáculo de Patrick de Dublin. L’hypothèse de Morenzoni, si elle devait être admise, impliquerait

pour le De diligendo Deo une origine anglaise, déjà rendue vraisemblable par l’emprunt à Patrick, et une date postérieure à la fin du xne s. (voire une attribution à Alexandre d’Ashby).

(4)

14-20). - p. 353, 380 : cf. Ps 90, 3. - p. 374, 185 : cf. Ps 1, 1. - p. 406, 57-9 : Sap 9, 15. — p. 408, 122-3 : cf. Ps 36, 4 .- p. 408, 123 : cf. Ps 20, 7 (évoqué aussi p. 445, 1331). - p. 408, 124: cf. Ps 16, 15.- p. 408, 125-6: cf. Ps 30, 20. - p. 412, 234: Io 8, 44. - p. 417, 394-5 : I Tm 6, 15 (Apc 19, 16) - I s 9, 6 (la citation qui suit d’Eph 2, 14 commence à pax nostra). - p. 432, 896-7 : cf. Gai 5, 6 (voir aussi p. 429, 782). - p. 437, 1040-1 : cf. Col 2, 3. - p. 449, 1422-3 et 1425 : cf. Ps 118, 120 et 136. - p. 450, 1468- 9 : cf. Prud., Cath. 6, 149-52. - p. 450, 1469-71 : cf. Guill. S. Theod., Epist. Frat. M. D. 1, 11, 34. - p. 450, 1474-5 : Ps 37, 8. - p. 451, 1495 : cf. Le 22, 61-2 (non Mt 26, 75). — t. 2, p. 8, 77-9: cf. Aug., In ps. 1 1 8 , 31 , 5 (sans doute à travers une source intermé­ diaire). - p. 11, 130 : Prv 3, 14. On retrouve ci-dessus les quatre écrivains qui ont le plus influencé l’auteur, à savoir Augustin (parfois à travers Pierre Lombard), Grégoire le Grand, Bernard et Guillaume de Saint-Thierry.

Discutons, pour terminer, quelques passages des œuvres d’Alexandre d’Ashby, qui fourniront aussi des échantillons de langue et de style :

— t. 1, p. 25, 55-7 : « Vale, et hec ultima uerba. Primo loco menti tue arcius infigas amorem quo factus sum, anime dimidium tue in sole (var. scolis) natum, claustro nutritimi, in cathedra non minuas ». La ponctuation est probablement défectueuse. Je suggérerais de lire ainsi : « Vale, et hec ultima uerba primo loco menti tue arcius infigas : amorem quo factus sum anime dimidium tue, in sole (var. scolis) natum, claustro nutritimi, in cathedra non minuas ». Anime dimidium tue est un cliché qui remonte à Horace, Carm. I 3, 8. Sole est fautif, mais j ’hésite à adopter sans plus la variante scolis d’un manuscrit du xive s. ; il me semble que sole correspond plutôt à une mélecture médiévale de seculo (l’opposition seculo/claustro est banale et se rencontre à la p. 282, 36-7), et que scolis procède d’un effort pour retrouver un sens plausible. Mais l’hypothèse d’une leçon scola ou scolis originelle serait également défendable (cf. de scolis ad claustrum, p. 23, 12).

— t. 1, p. 168, 42-44: «Quid dulcius illa ascensione qua ascendimus cum Christo in celestem patriam induti stola gemine glorifications, semper uincturi (coni. Moren- zoni, uicturi codices) gaudio ineffabili ? » Vincturi (qui prolongerait la thématique d’indutï) est impossible, parce qu’une telle recherche serait étrangère à Alexandre et que le participe futur ne peut prendre une valeur passive. Semper uicturi est courant et se lit notamment p. 274, 86-7.

— t. 1, p. 196, 24-5 : « ...dominationes, throni, cherubini et seraphini ». Les deux derniers termes doivent découler d’une mélecture (déjà médiévale ?) de cherubim et seraphim.

— t. 1, p. 269, 59-60 : « Primum enim bonum tibi thesaurizas in die necessitatis ». Primum paraît très suspect dans cette reprise de Tobie 4, 10, déjà cité à la ligne 27 sous la forme : « premium enim bonum... ».

— t. 1, p. 305, 155-6 : « O beata uirgo que nata es hodie, benedicta cotidie, uitam presta puram, id est per tutum quo perueniamus ad te ». Les mots id est p e r sont corrompus : on restituera, conformément à la source hymnique citée plus haut aux 1. 140-1, « uitam presta puram, iter para tutum».

— t. 1, p. 367, 153 : « Multi sunt qui non mortiferum uenenum (coni. Morenzoni, uirus cod. unicus) sine lesione bibunt, set eo leduntur et alios ledunt». Mortiferum vient de Me 16, 18; uenenum mortiferum a été employé deux fois aux 1. 125 et 135 ; comme uirus est du neutre et synonyme de uenenum, je ne vois aucune raison de récuser ici la possibilité d’une variation, qui existe, de toute manière, dans la place de l’adjectif. — t. 1, p. 377, 57-58 : «Quis uenit, quando, cur, qualiter, unde uel ad quos ? Si seit qui

(5)

pentamètre semble corrompu, et je serais tenté de le rectifier ainsi : « ...ad quos, / discit qui doceat, dicere quisque uelit », avec un jeu sur discere/docere/dicere. Mais il se peut qu’une future identification de la source condamne cette hypothèse de travail.

— t. 2, p. 12-3, 173-4 : «Exultabit Spiritus tuus in deo salutari tuo, uescans {coni. G. Dinkova-Bruun, uacans uel uocans codices) et uidens quam suauis est dominus ». L’éditrice a cherché à renforcer le parallèle - indiscutable - avec Ps 33, 9 : « Gustate et uidete quoniam suauis est dominus ». Mais uescans pour uescens est un barba­ risme. La leçon correcte est uacans, qui, associé à uidens, fait écho à Ps 45, 11 : « Vacate et uidete quoniam ego sum deus ».

— t. 2, p. 190 v. 853 : « Certat atrox canis (coni. G. D.-B., cane codd.), sed prolato pane canina / reprimit ora Petrus... ». La correction viole la métrique. Cane est acceptable, avec valeur d’ablatif de moyen.

— t. 2, p. 215 v. 1601 : l’adjectif signifiant ‘de Nîmes’ est normalement Nemausensem, non Nemansensem.

— t. 2, p. 254 v. 845-8 : « Eius tristicia (leticia O) nil tristius esse uidet / leticiaque (coni. G. D.-B., tristiciaque BO) sua lecius esse nichil. / Iste loquendo silet loquiturque silente, nec eius / pes citus aut tardus, sed moderatus erat». Ce passage est fondé sur des commutationes (ou antimetabolai), reposant elles-mêmes sur des oxymores (loquendo silet, loquitur silente). Le premier distique doit donc être lu ainsi : « Eius leticia nil tristius esse uidet / tristiciaque sua lecius esse nichil ». Le modèle en prose du poète, c ’est-à-dire la Vita Maurilii XXVIII 141 (BHL 5731, éd. B. Krusch, dans MGH, Auct. ant., IV/2, p. 100) s’inspirait de Jérôme, Epist. 24, 5 : «Nihil illius seue- ritate iocundius, nihil iocunditate seuerius, nihil risu tristius, nihil tristitia suauius... Sermo silens et silentium loquens, nec citus nec tardus incessus... »

Mais il serait injuste de terminer sur des critiques. La tâche de publication était parti­ culièrement difficile: certains textes étaient transmis par un seul manuscrit ; d’autres étaient remplis de petites macules. Les éditeurs ont dû intervenir des centaines de fois, avec compétence et, dans l’immense majorité des cas, à bon escient.

François D o l b e a u

Isidoro di Siviglia, Etimologie libro XIII De mundo et partibus. Edizione, traduzione e commento a cura di G . Gasparotto, Paris : Les Belles Lettres, 2004 (Auteurs latins du Moyen Age), x l iii-1 8 6 p.

Le savoir ne se construit évidemment pas de façon cumulative ; il y a des modifica­ tions dans les questionnements et des changements dans les méthodes. Mais un autre phénomène intervient parfois de façon subreptice, qui peut aboutir à une diminution du stock des connaissances. Il arrive en effet qu’une partie des acquis scientifiques d’une époque se perde par incurie et, lorsque des travaux d’édition sont construits sur de telles bases et qu’ils présentent par ailleurs les signes extérieurs - rhétoriques - de la scienti­ fiche, le risque est fort qu’ils entraînent une régression définitive. C’est le cas de l’édi­ tion récente du livre XIII des Étymologies dans lequel Isidore de Séville, associant cosmographie et géographie, traite en 22 chapitres de l’univers, des cieux et des météores, enfin des eaux terrestres.

Références

Documents relatifs

BRUN ILDA RUIZ LAWRENCE RHODES SALVATORE AIELLO HESTER FITZGERALD ANDREA CAGAN KRISTI NE HEINEMANN CARL YN MUCHMORE JAMES DUNNE DALE MUCHMORE M ICHAEL TIPTON ANDREA

Finaliza la velada con la reposición de un ballet aclamada ya en el Liceo durante la anterior actuación del «Harkness Ballet» en nuestra ciudad: <Tiempo

des donn´ees exp´erimentales avec un bruit de fond bien plus important que celui attendu dans OPERA et des simulations Monte-Carlo montre que pour une ´energie vraie de 6 GeV,

Given the distance of 732 km be- tween the neutrino source (at CERN) and the detectors (in the Gran Sasso underground laboratory), the CNGS beam (CERN Neutrino beam to Gran Sasso)

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

OPERA is a neutrino oscillation experiment designed to perform a ν τ appearance search at long distance in the future CNGS beam from CERN to Gran Sasso.. It is based on the

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

This planning serves as a bridge from the long-term strategic level to the detailed operative planning which has a direct influence on the actual operations in the chain (e.g.