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Évaluation multicritère de la défendabilité des bâtis
d’interface habitat-forêt
E. Maille, M. Long-Fournel, D. Morge, Céline Bouillon, M. Jappiot
To cite this version:
E. Maille, M. Long-Fournel, D. Morge, Céline Bouillon, M. Jappiot. Évaluation multicritère de la défendabilité des bâtis d’interface habitat-forêt. irstea. 2015, pp.46. �hal-02606353�
CONVENTION MEDDE – DGPR / SRNH 2014 Risques Naturels Terrestres : incendies de forêt Ces travaux bénéficient du soutien du Ministère chargé de l’Ecologie
dans le cadre de la convention n°2200871535
AVRIL 2015
Eric MAILLE, Marlène LONG-FOURNEL,
Denis MORGE, Christophe BOUILLON,
Marielle JAPPIOT
IRSTEA,
Groupe
de
recherche
Ecosystème
Méditerranéens
et
Risques (EMAX)
CS40061, Le Tholonet
13182 Aix en Provence Cédex 5
www.irstea.fr
Evaluation multicritère de la
défendabilité des bâtis
d’interface habitat-forêt
3
Table des matières
Remerciements ... 5
Introduction ... 6
1. Définitions, objectifs et contexte de l’étude ... 6
1.1. Le cadre institutionnel ... 7
1.2. Cadre conceptuel... 7
1.3. Définition de la défendabilité ... 8
1.4. Moyens de lutte considérés ... 9
1.5. Dimension spatiale de la défendabilité ... 10
2. Evaluation de la défendabilité ... 11
2.1. La démarche de modélisation ... 12
2.2. Modélisation de la défendabilité par analyse multi-critères des dires d’experts ... 12
2.2.1. La connaissance d’expert ... 13 2.2.2. L’analyse multi-critères ... 13 2.2.3. Déroulement ... 13 La structuration ... 14 L’évaluation ... 14 2.3. Le calcul du modèle ... 16
2.3.1. Calcul des poids ... 17
2.3.2. Agrégation des jugements d’experts ... 17
3. Le modèle spécifié ... 17
3.1. Les grandes classes de critères de niveau 1 ... 19
3.2. Critères élémentaires et modalités ... 20
Hydrants (0.188) ... 20
Structure de l’habitat (0.170) ... 20
Terrain (0.155) ... 21
4
Accès de proximité à l’enjeu (0,124) ... 22
Débroussaillement (0.119) ... 22
Circulation jusqu’à l’enjeu (0.097)... 23
4. Approche cartographique : étude de la défendabilité par l’analyse a posteriori de cas expérimentaux ... 25
4.1. Contexte et objectifs ... 25
4.2. Le site d’étude ... 26
4.3. Les données ... 28
4.3.1. Les données résultant de la cartographie des dommages par télédétection ... 28
4.3.2. Les données de retour d’expérience ... 28
4.3.3. Les données de terrain ... 30
4.4. Méthode ... 32
4.4.1. Analyse des dommages cartographiés par télédétection sur les 22 bâtis du site d’étude 32 4.4.2. Analyse de la défendabilité des 22 bâtis du site d’étude ... 34
4.5. Les résultats ... 36
4.5.1. Analyse des dommages cartographiés par télédétection sur les 22 bâtis du site d’étude 38 4.5.2. Analyse de la défendabilité des 22 bâtis du site d’étude ... 39
4.5.3. Comparaison des dégâts observés dans le retour d’expérience de François Joliclercq avec les dommages cartographiés par télédétection sur les 22 bâtis du site d’étude ... 39
4.5.4. Comparaison des dégâts observés dans le retour d’expérience de François Joliclercq avec les notes de défendabilité sur les 22 bâtis du site d’étude ... 40
4.5.5. Comparaison des dommages cartographiés par télédétection avec les notes de défendabilité sur les 22 bâtis du site d’étude ... 41
4.5.6. Comparaison de quelques habitations ... 42
Conclusion ... 44
5
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement M. François Joliclercq de l’Agence Environnement Gestion et Aménagement, ainsi qu’Olivier Porre de la Communauté de communes du Golfe de Saint-Tropez, qui ont bien voulu prendre la peine de nous recevoir et de nous donner des informations et documents sur les circonstances de l’incendie de 2003 à Plan-de-la-Tour.
6
Introduction
La fiche MEDDE-DGPR/SRNH-522 a pour objectif la spécification d’un modèle multi-critères
de défendabilité à dire d’experts des bâtis d’interface habitat-forêt contre l’incendie de
forêt. Le corpus de connaissances sur la défendabilité contre l’incendie de forêt est
actuellement principalement constitué d’une compilation de retours d’expériences et de
connaissances d’experts, parfois théoriques. Peu de travaux scientifiques ont été jusqu’ici
conduits pour l’objectivation des connaissances d’experts pour l’évaluation de la
défendabilité contre l’incendie de forêt. Il s’agit donc d’un travail de modélisation pure,
préfigurant le développement ultérieur d’un possible outil opérationnel dès lors que le
modèle aura été validé. Toutefois, par opposition au positionnement de la fiche
MEDDE-DGPR/SRNH-521 (« Développement d’un prototype d’outil partagé d’évaluation de la
vulnérabilité »), le développement de l’outil opérationnel reste hors de l’objectif de la
présente fiche. La démarche et le formalisme de modélisation choisis (Analyse multi-critères,
Saaty 96) sont issus de la capitalisation de connaissances développées par Lilian Pugnet lors
de sa thèse pour la modélisation de la vulnérabilité (Pugnet 2015).
Dans la partie 1 de ce rapport, nous précisions les objectifs, le contexte conceptuel et
institutionnel et nous définissons plus précisément le concept de défendabilité. La partie 2
décrit l’approche multicritère, utilisée pour la modélisation de la défendabilité à dires
d’experts. La partie 3 est consacrée au modèle multicritère spécifié. Enfin, nous tentons en
partie 4 de confronter de façon spatialisée les scores calculés de défendabilité d’un
échantillon d’enjeux aux endommagements subis par ces enjeux dans un cas d’étude
particulier : le feu de Vidauban de 2003.
1.
Définitions, objectifs et contexte de l’étude
L’objectif de ce travail est la spécification d’un modèle de défendabilité des bâtis d’interface habitat-forêt, pour l’aide à la décision d’aménagement local des territoires. Même si le
matériel collecté pour l’élaboration du modèle se fonde largement sur des dires d’experts de
la lutte anti-incendie, la cible de ces travaux ne concerne donc pas directement les services
7
ainsi que les citoyens résidents en interface eux-mêmes afin de leur permettre d’améliorer
leur propre défendabilité. La perspective « aménagement » implique une échelle temporelle pluriannuelle, et exclut donc les critères de défendabilité instantanés et les évènements
ponctuels. Typiquement, les conditions météorologiques journalières n’interviennent pas
dans l’évaluation de la défendabilité, contrairement aux variables climatiques moyennes, en
période à risque. Le jour de la crise, la défendabilité effective d’un enjeu pourra être très
différente de celle calculée par le modèle, du fait de conditions météo atypiques, de la
présence d’obstacles circonstanciels (grand nombres de véhicules par exemple), etc.
L’étude se focalise essentiellement sur les enjeux anthropiques, considérés comme
prioritaires par rapports aux enjeux naturels (le massif forestier lui-même). Les enjeux
anthropiques les plus exposés sur localisent le plus souvent sur l’interface habitat-forêt. Il
s’agit essentiellement du bâti résidentiel et secondairement, des infrastructures. Les
interfaces sont considérées comme des zones de concentration de biens et de personnes à
protéger, donc à enjeu fort.
1.1.Le cadre institutionnel
Le présent travail sur la défendabilité s’inscrit dans une dynamique plus globale du « groupe
de travail défendabilité » initié par les services ministériels qui a notamment pour objectif la
mise en commun des différentes approches du sujet par les différents acteurs intervenant
dans la gestion du risque d’incendie : acteurs de l’aménagement, de la prévention, services
de secours, forestiers, chercheurs, etc. On souligne donc qu’une formalisation du concept de
défendabilité par un modèle opérationnel ne peut constituer l’aboutissement d’une
démarche globalisante, mais en constitue plutôt l’un des aspects, avec comme objectif annexe, au-delà des diagnostics locaux, de catalyser la mise en commun d’expériences,
d’objectifs et de contraintes d’acteurs différents afin de trouver les meilleures solutions
permettant d’améliorer globalement la défendabilité des enjeux.
1.2.Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel sur lequel se fonde ce travail de modélisation est issu des productions
des groupes de travail sur la définition des composantes du risque d’incendie de forêt, qui se
8
Scientifique (GIS) incendie ». (Balnchi & Jappiot, 2002). Il s’agissait d’une semi-formalisation
du risque basée sur la dichotomie aléa/vulnérabilité, la plus courante en cindynique,
définissant les composantes des deux concepts ainsi que leur hiérarchie, sans formuler
précisément les relations entre ces composantes (opérateurs). Dans son ensemble, on peut
représenter ce cadre conceptuel par le schéma suivant :
Fig 1. Cadre conceptuel pour la définition du risque d’incendie
1.3.
Définition de la défendabilité
Le terme de « défendabilité » est un néologisme spécialisé qui ne fait pas l’objet de
définition standard généraliste. Il s’agit néanmoins du substantif dérivé de l’adjectif « défendable », très commun dans le domaine juridique et prenant le sens de « soutenable »
dans le domaine de la rhétorique (une thèse « défendable »). Dans le domaine du risque, la
défendabilité, même si le terme n’est pas réellement admis par le dictionnaire, ne présente
pas d’ambiguïté particulière. On la définit comme l’« aptitude » ou la « facilité » à être
défendu par des moyens de lutte externe (institutionnels). Il s’agit d’un concept qui
s’adresse donc en premier lieu aux services de lutte. Néanmoins, comme nous l’avons vu,
dans notre approche, nous l’adressons plus spécifiquement aux victimes potentielles
(résidents en interface), ainsi qu’aux aménageurs locaux en charge d’améliorer la sécurité
des personnes.
La défendabilité intervient évidemment dans la composante « parades » du risque
d’incendie : il s’agit donc d’une composante de la « vulnérabilité ». Se basant sur la
littérature, Lilian Pugnet dans sa thèse sur la vulnérabilité, décompose ce dernier concept en
RISQUE D’INCENDIE ALEA OCCURRENCE INTENSITE VULNERABILITE ENJEUX PARADES
9
trois types : la vulnérabilité d’exposition, la vulnérabilité interne et la capacité de réponse. La
défendabilité concerne évidemment en premier lieu la capacité de réponse. Mais pas seulement : la vulnérabilité d’exposition est très corrélée à la défendabilité, en ce sens que
plus un bâti est exposé, plus il est difficile à défendre (toute choses égales par ailleurs). De
même, plus un bâti présente des vulnérabilités internes fortes (inflammabilité des
matériaux, par exemple), moins il est défendable. Inversement, la capacité de réponse ne se
résume pas au seul critère de défendabilité : les capacités d’évacuation, la bonne
connaissance et la capacité d’application des consignes en cas de sinistre, ou encore les
capacités d’autodéfense font partie des capacités de réponse mais peuvent être considérées
comme indépendantes de la défendabilité. On souligne en particulier que les capacités
d’auto-défense, si elles font partie des parades et contribuent bien à une réduction de la
vulnérabilité, sont considérées comme indépendantes de la défendabilité, car elles ne
s’adressent pas aux services de lutte : les dires d’experts soulignent que si un résident
dispose de moyens d’autodéfense, cela pourra retarder (voire éviter) les dommages, mais ne
facilitera pas significativement sa défense par les services de secours. Les moyens
d’autodéfense constituent donc bien un facteur limitant la vulnérabilité, mais
n’interviennent pas dans le concept de défendabilité tel que défini ici.
Il n’existe donc pas de relation d’inclusion entre les concepts de vulnérabilité et de
défendabilité, mais plutôt des interférences fortes entre les critères de ces deux attributs
des bâtis d’interface.
Par sa relation avec la vulnérabilité, la défendabilité peut être considérée comme
indépendante de l’aléa. Dans la formalisation standard du risque d’incendie (fig 1), l’aléa regroupe la plupart des dimensions stochastiques du risque d’incendie. On ne cherche pas à
évaluer une probabilité qu’une situation se produise, mais les capacités de réponses si un tel
évènement se produit. La défendabilité est donc considérée comme déterministe.
1.4.
Moyens de lutte considérés
La défendabilité se rapporte à un type de moyen de lutte donné en distinguant notamment
les moyens de lutte aériens et terrestres. La défendabilité par des moyens de lutte aériens
est un domaine d’investigation très spécialisé, intégrant notamment des critères complexes
10
sont souvent peu améliorables (relief), dans une perspective de gestion territoriale et
d’aménagement aux échelles infra-nationales. La défendabilité aérienne n’est donc pas abordée directement dans ce travail.
1.5.
Dimension spatiale de la défendabilité
La défendabilité se rapporte en premier lieu à un enjeu menacé par un risque, en
l’occurrence, une habitation face au risque d’incendie de forêt. De façon plus générale, à
partir de l’évaluation de la défendabilité des enjeux d’une zone, il est possible de
cartographier la défendabilité par interpolation. La possibilité de produire une carte de
défendabilité à partir d’un échantillonnage spatial des enjeux à défendre, repose sur un
corpus d’hypothèses :
1/ une part importante des critères de défendabilité sont objectivement spatialement
auto-corrélés. C’est par exemple le cas de certains critères d’accessibilité (voies de circulation),
d’approvisionnement en hydrants, de structure de l’habitat, de structure de la végétation,
etc.
2/ une autre part de ces critères de défendabilité sont indirectement spatialement
auto-corrélés, au travers des réseaux de proximité, par mimétisme des pratiques, par zonage
règlementaire, ou encore par secteur de gestion homogène. Par exemple, d’après cette
hypothèse, les pratiques de débroussaillage ne sont pas spatialement distribuées
aléatoirement, mais présentent des similitudes par secteur géographique (zonage
réglementaire, pression sociale et mimétisme de voisinage, activité de contrôle des
gestionnaires, etc.).
3/ la troisième hypothèse est celle de la diffusion spatiale de la défendabilité.
Indépendamment de l’auto-corrélation des critères de défendabilité, selon cette hypothèse,
la défendabilité est elle-même auto-corrélée par « diffusion » spatiale. Ainsi, un enjeu
difficile à défendre est susceptible de limiter la défendabilité des enjeux dans son voisinage,
par exemple en mobilisant les moyens de lutte, ou encore en dégradant les conditions de
lutte à proximité d’un enjeu que les services de secours auraient renoncé à défendre.
Largement vérifiée pour ce qui est de la vulnérabilité, l’hypothèse de l’auto-corrélation
11
néanmoins l’un des fondements de la pertinence d’une démarche de cartographie de la
defendabilité.
2.
Evaluation de la défendabilité
La modélisation de la défendabilité requiert un fondement expérimental suffisant
permettant la spécification et la validation du modèle. Les expérimentations de laboratoire à
petite échelle permettent l’étude du feu mais n’apporte que peu d’information pour l’étude
de la défendabilité. L’expérimentation en vraie grandeur est exclue, alors que
l’expérimentation « in silico » nécessite la spécification préalable des modèles de lutte
encore peu disponibles. La principale source de données pour la spécification d’un modèle
de défendabilité est donc constituée des expériences de feux passés. En l’absence de plan
d’expérience, les données ainsi recueillies sont très hétérogènes, parfois difficilement
comparables. L’harmonisation des protocoles de recueil de données peut néanmoins
grandement améliorer le potentiel de ces expériences passées.
Deux ensembles de données issus des expériences de feux passés peuvent être utilisées :
1/ Les observations et relevés directs ou indirects a posteriori. Ces observations sont
effectuées soit sur le terrain, lorsque le sinistre est récent, soit sur des documents acquis ou
recueillis après le sinistre, en particulier des images (aériennes, satellitaires, photographies
obliques, etc.). Certaines données ont également été relevées de façon systématique par
divers acteurs, mais rarement selon un protocole précisément spécifié. C’est notamment le
cas sur le feu de Vidauban 2003, pour lequel des relevés de dommages sur les bâtis ont été
effectués par un bureau d’étude.
2/ Les retours d’expériences, qui eux se rapportent plus directement à la crise, sont produits principalement des services de secours et secondairement par les services (notamment
forestiers) pouvant être intervenus sur le terrain juste après la crise. Certaines données,
telles que les actions de lutte (notamment les largages) peuvent être archivées mais rester difficiles d’accès (notamment en cas de risque de contentieux juridiques).
Afin de parvenir à un modèle valide de la défendabilité, il est nécessaire de croiser ces deux
12
parvenir à un modèle objectif : les données objectives du fait de leur hétérogénéité et de
l’absence de plan d’expérience, les dires d’experts du fait de leur contextualisation et d’un certain degré de subjectivité.
2.1.
La démarche de modélisation
La démarche de modélisation choisie se fonde donc sur la confrontation de deux
approches :.
- Une approche de modélisation par analyse multi-critères de dires d’experts.
- d’une approche à base d’observations constituant une phase expérimentale fondée
sur l’analyse comparée de cas de dommages, sur feux passés
De façon plus précise, le modèle est produit par l’analyse multi-critères des dires d’experts.
Cette analyse permet à la fois la quantification de connaissances généralement qualitatives,
la vérification de leur cohérence, et finalement leur agrégation afin de produire un modèle
unique. Les productions du modèle sont alors confrontées à l’expérience de feux passés, par
l’analyse spatialisée de dommages comparés dans des situations de défendabilité estimées
par le modèle différentes. On considère cette confrontation comme une étape de
pré-validation du modèle multi-critères. Nous décrivons dans la partie suivante la démarche de
modélisation de la défendabilité par l’analyse multi-critères.
2.2.
Modélisation de la défendabilité par analyse multi-critères des dires
d’experts
L’analyse multi-critères n’est pas initialement une méthode de modélisation mais une
méthode d’aide à la prise de décision (Antony 1966). Elle permet une synthèse de nombreux
critères de décision afin de choisir la meilleure solution possible, en fonction de l’importance
accordée par le décideur à chacun des critères. Depuis quelques années, elle est toutefois
devenue une méthode pour l’évaluation de grandeurs dépendantes, à dires d’experts. La
défendabilité est typiquement une grandeur dépendante de critères dont l’importance est
évaluable par les connaissances d’experts. Nous examinons plus en détail les contraintes
13
2.2.1. La connaissance d’expert
C’est principalement au travers des retours d’expériences que s’élaborent les connaissances
d’experts. La constitution d’une connaissance d’expert se fonde le plus souvent sur une
connaissance que l’on qualifiera d’« académique » générale, appliquée à un ensemble de
contextes et de situations particulières. Il n’y a donc pas d’opposition entre la connaissance
académique et la connaissance d’experts, mais plutôt une déclinaison contextualisée d’une
connaissance générale. On peut aussi voir la connaissance d’expert comme un prolongement
de la connaissance académique, rajoutant aux déductions de l’expérience formelle des faits
issus de l’expérience informelle.
Ainsi, dans une démarche d’expert, la connaissance académique constitue un fondement de
l’élaboration de la connaissance experte. Inversement, dans une démarche académique, la
connaissance d’experts constitue une donnée pour la spécification des modèles généraux.
L’analyse multi-critères est le processus de traitement des ces connaissances qui nous
permet d’aboutir à un modèle objectif.
2.2.2. L’analyse multi-critères
L’analyse multi-critères est indiquée lorsque l’évaluation doit prendre en compte un grand
nombre de critères hétérogènes, quantitatifs, qualitatifs ordonnées ou non ordonnées, ou
encore simplement textuels. Elle permet de prendre en compte l’absence de linéarité de
l’effet des valeurs de certains critères sur la grandeur à évaluer, l’existence de valeurs
optimales, ainsi que les effets de seuil. Elle est donc très adaptée à la formalisation de
jugements d’experts.
L’analyse multi-critères spécifie également des outils permettant l’agrégation de jugements
et donc la mutualisation de connaissances et d’expériences d’experts de différentes origines.
2.2.3. Déroulement
L’analyse se déroule en trois étapes principales : l’étape de structuration, l’étape
14
La structuration
L’analyse multi-critères se fonde sur une organisation des critères en une structure
arborescente sémantique. L’arborescence sémantique regroupe les critères et sous-critères
selon leur nature et en aucun cas selon l’importance par rapport à la grandeur à évaluer (la
défendabilité). Par exemple la classe de critères « Accessibilité » peut regrouper les
sous-critères « largeur de la voie », « nature de la voie », « distance jusqu’à une route
principale », etc.
Les critères seront ensuite évalués par comparaison deux à deux à l’intérieur d’une même
branche de l’arborescence, niveau par niveau.
Seuls les critères élémentaires, c’est-à-dire du plus bas niveau de l’arboréscence, prennent
une valeur. Il s’agit toujours d’une valeur classée (qualitative) ordonnée ou non. Nous
appelons « modalités » (ou indicateurs) les différentes valeurs possibles prises par les
critères. Par exemple, le critère élémentaire « nature de la voie » a deux modalités :
« chemin » et « route », alors que le critère élémentaire « largeur de la voie » a pour
modalités des classes de largeur.
Les modalités seront également évaluées, mais cette fois en « valeur absolue » (sur une
échelle de valeur standard).
En pratique, la structuration de l’arbre des critères et la spécification des modalités se fait de
façon collégiale au sein de groupe d’experts de divers horizons. Elle est concertée et vise à
aboutir à un consensus. La réalisation de l’arborescence des critères de défendabilité ainsi
que les classes de valeurs des critères élémentaires pour la définition des modalités ont été
effectués lors d’une journée de travail qui a réuni une dizaine d’experts le 18 juin 2014.
L’évaluation
Contrairement à la phase de structuration de l’arborescence, la phase d’évaluation des
critères a pour objectif l’acquisition de jugements personnels des experts. Elle n’est donc pas
collégiale, et est réalisée par chaque expert façon indépendante. Les experts ne doivent pas
15
Le principe est une hiérarchisation des critères par comparaison deux à deux dans une
même branche de l’arborescence, niveau par niveau. La figure suivante présente un extrait
de l’arborescence de critères de défendabilité obtenue, avec les niveaux de comparaison des
critères deux à deux (flèches rouges).
Fig 2. Extrait de l’arborescence de critères de vulnérabilité et niveaux de comparaison
Les modalités ne sont pas évaluées par comparaison deux à deux mais en leur affectant
un poids en fonction de leur contribution à la défendabilité. Ce poids est toujours positif
(pas de contribution négative), car cela conduirait à affecter des valeurs de défendabilité
négative à certains enjeux, ce qui poserait des problèmes d’interprétation.
A l’extrême, un enjeu « indéfendable » devrait obtenir un score de défendabilité de 0,
alors qu’un enjeu « absolument défendable » obtiendrait un score défendabilité infini.
Naturellement, l’idée d’une absence absolue de défendabilité pose des difficultés
d’interprétation, et plus encore, l’idée d’une défendabilité absolue. Le modèle rend
compte de ces impossibilités en proposant une valeur maximale de défendabilité,
obtenue lorsque l’enjeu réunit toutes les modalités les plus favorables des critères
élémentaires, et inversement (toutes les modalités les plus défavorables) pour la
défendabilité minimale.
En pratique, l’évaluation des critères est réalisée par enquête. Dans le cadre de ces
travaux, elle s’est appuyée sur une enquête Web ouverte à partir de l’été 20141. La figure
suivante (figure 3) est une copie d’écran du site d’enquête.
1 http://irsteadefendabilite.chez.com niv 1 niv 2 modalités niv 0
16
Tous les critères d’une même branche de l’arborescence sont comparés deux à deux par
l’expert au moyen d’un curseur : l’expert est invité à positionner le curseur du côté du
critère le plus important, et ce proportionnellement à son importance relative. En
revanche, les modalités sont évaluées en valeur absolue (notées) sur une échelle
textuelle continue (non classée), allant de très défavorable à très favorable à la défendabilité. La conséquence est que la somme des poids des critères d’une même
branche de l’arborescence est toujours égale à un, ce qui n’est pas le cas pour la somme
des poids des modalités d’un même critère élémentaires.
Figure 3 : Interface web de saisie des jugements d’experts
2.3.
Le calcul du modèle
Le calcul du modèle se déroule en deux phases :
1. le calcul des poids affectés à chacun des critères et des modalités, à partir des
17
2. l’agrégation des jugements d’experts pour la réalisation d’un modèle unique
2.3.1. Calcul des poids
A partir des évaluations fournies par les différents experts, les traitements permettent
d’obtenir des poids affectés à chacun des critères et sous-critères. Il s’agit d’un processus de
hiérarchisation ascendante (AHP pour « Ascendent Hierarchy Process » (Saaty 88).
L’algorithme a été implémenté sous le logiciel R par Lilian Pugnet lors de sa thèse. Il se fonde
sur la comparaison entre l’évaluation de l’expert et une évaluation qui serait aléatoire. La
nécessité de générer des grilles aléatoires de la dimension du produit cartésien du nombre
de critères dans un niveau requiert des capacités et des temps de calcul relativement
importants.
2.3.2. Agrégation des jugements d’experts
Les poids des critères calculés sont en fait des « scores » ou des « notes » attribués par les
experts, et non de grandeurs physiques mesurées. Il s’agit de « jugements » ayant une
origine à la fois qualitative et subjective. L’agrégation de ces jugements d’experts ne peut se
faire par une moyenne arithmétique usuelle. La littérature propose plusieurs modes
d’agrégation des jugements d’experts. Deux grandes voies sont à considérer : la voie
déterministe, fondée sur le calcul de moyennes géométriques, et la voie fondée sur la
logique floue, permettant la prise en compte de l’incertitude des jugements liée à la
subjectivité. C’est cette dernière voie d’agrégation fondée sur la logique floue qui est utilisée
dans ce travail. L’algorithme utilisé a été développé par Lilian Pugnet lors de sa thèse.
3.
Le modèle spécifié
La hiérarchie des critères de défendabilité établie suite à la journée du 18 juin 2014 est
proposée dans le tableau 1. Elle est composée de deux niveaux seulement, tous les critères
18 <30m3 5,5 =30m3 10,66666667 >30m3 13,75 <50m 14 50a100m 11,83333333 >100m 6,916666667 bâti isolé 2,5 bâti diffus 3,833333333 bâti dense 11,83333333 Périphérique 5,75 Interne 10,75 oui 2,291666667 non 9,583333333 Oui 4,416666667 Non 10,66666667 Absence 13,8333334 Bois 6,916666667 Gaz 3,958333333 Véhicule 3,458333333 Autre 5,458333333 Contact 2,708333333 <4m sans contact 7,083333333 4à8m 8,75 >8m 10,75 <3m 1,25 =3m 5,125 >3m 12,16666667 Pas de portail 14,08333333 oui 14,08333333 non 7,416666667 <10m 12,33333333 10à60m 10,33333333 >60 6,208333333 <50m 7,125 =50m 12 50-100m 13,58333333 >100m 14,83333333 Conforme 14,33333333 Non-conforme 4,375 oui 11,75 Non 5,625 Ouverte en permanence 7,541666667
Non ouverte en perm 12,16666667
Complète 13,58333333 Partielle 8,458333333 Voie interne 7,75 oui 13,08333333 non 7,75 <4m 5,625 4à6m 12,16666667 >6 15,25 Impasse 2,583333333
Impasse avec point de retournement 8,583333333
Boucle 10,75 Traversant 14,58333333 <ccff 1,875 =ccff 11,75 >ccff 15,25 Nature du stockage extérieur de combustible le plus proche de l'enjeu (0,629) Distance de ce stockage à l'enjeu (0,371) Stockage extérieur de combustible (0,147)
Fe u pote nti e l e n pe nte monta nte (0,445)
Obs tacl e parti cul i er à l a l utte (0,555) Topographie, terrain, obstacles à la lutte (0,155) Distance du point de stationnement CCFF à l'enjeu (0,316) Tour de l'enjeu possible
(0,331) Accès de
proximité à l'enjeu (0,124)
Position dans l'interface (0,445) Densité du bâti (0,555) Densité de bâti et position dans l'interface (0,170) Largeur du débroussaillement (0,519) Qualité du débroussaillement (0,481) Débroussaille ment (0,119)
Volume disponible pour 100 m linéaire (0,555)
Distance de l'enjeu à l'hydrant le plus proche
(0,445) Hydrants (0,188) Circulation jusqu'à l'enjeu (0,097) Accessibilité de la voie (0,200) Largeur de la voie d'accès (0,123) Gabarit de la voie d'accès (0,062) Issues de la voie d'accès
(0,089) Voie périmétrale
(0,167)
Accès au massif (0,205)
Accès à une voie transverale vers une autre interface (0,154) Largeur du portail
(0,353)
19
3.1.
Les grandes classes de critères de niveau 1
La hiérarchie des cirtères comporte 6 critères de niveau 1 (par ordre de poids) :
Hydrants (0.188)
Structure de l’habitat (0,17)
Terrain : Topographie, obstacles particuliers à la lutte (0.155)
Stockages extérieurs de combustible (0.147) Accès de proximité à l’enjeu (0,124)
Débroussaillement (0.119)
Circulation jusqu’à l’enjeu (0.097)
La disponibilité en hydrant est sans surprise le critère le plus important de la défendabilité,
mais devance d’assez peu les critères liés à la structure de l’habitat et au terrain lui-même.
La gestion de ces trois premières familles de critères, relève de la décision publique locale.
Même si la contrainte principale pour l’équipement en Poteaux et Bornes d’Incendie est
financière, d’autres critères peuvent toutefois être difficiles à améliorer : l’amélioration des
règles d’urbanisme peut permettre une densité de bâti plus optimale pour la défendabilité,
et des aménagements peuvent éviter des obstacles particuliers à la lutte, mais globalement,
les positions dans l’interface et la topographie ne sont pas modifiables.
Le premier critère relevant surtout de la décision individuelle concerne le stockage extérieur de combustible. Ce critère est a priori l’un des plus simples et peu coûteux à améliorer,
moyennant des actions de sensibilisation suffisante.
Les critères d’accessibilité sont divisés en deux grandes familles : l’accès de proximité à
l’enjeu (typiquement à partir du portail d’entrée dans une propriété) et la circulation
motorisée jusqu’à l’enjeu (typiquement jusqu’au portail). L’accès de proximité à l’enjeu est
le deuxième plus important critère contrôlé par le résident lui-même : il est souvent
améliorable, par des actions d’aménagement du pourtour de la propriété plus ou moins
importantes et coûteuses. La circulation jusqu’à l’enjeu (portail) est le critère le moins
contraignant de la défendabilité. Les véhicules actuels sont susceptibles d’intervenir sur à
20
Le débroussaillement est le troisième plus important critère relevant directement de la
décision individuelle du résident. La relation entre le débroussaillement et la défendabilité est plutôt indirecte.
3.2.
Critères élémentaires et modalités
Hydrants (0.188)
Les critères élémentaires des hydrants sont le volume disponible pour 100 mètres linéaire
(0.55) et la distance de l’enjeu au point d’approvisionnement le plus proche (0.44). A
l’exception des ressources en eau très accessibles, seuls les bornes ou poteau d’incendie (BI,
PI) sont pris en compte. En particulier, il n’est pas tenu compte des petites réserves privées
(piscines) dont l’état, la disponibilité et l’accessibilité ne peuvent pas être vérifiés et
garantis2. Le volume minimal est celui permettant d’alimenter une motopompe d’un Camion
Citerne Feux de Forêt (CCFF) pendant environ 15 mn, soit environ 30m3 ; la séparation de
100m correspond à deux fois la distance opérationnelle maximale moyenne d’éloignement à
partir du camion, que l’opérateur pourra couvrir à l’aide des tuyaux (environ 50m). Cette
distance est aussi la valeur distinguant les modalités du deuxième sous-critère (distance de
l’enjeu au point d’approvisionnement le plus proche).
La cartographie des hydrants est parfois disponible dans les services de la sécurité civile,
mais ce critère est généralement renseigné par relevé direct sur le terrain, ce qui permet en
plus de juger de l’état des bornes ou des poteaux.
Structure de l’habitat (0.170)
Ce critère comporte deux sous-critères : la densité de bâti (0.55) et la position dans
l'interface (0.44). La defendabilité augmente non linéairement avec la densité du bâti, les
bâtis isolé et diffus étant nettement moins défendables que les bâtis denses. On interprète
cette augmentation de la défendabilité surtout par la disparition des grandes masses combustibles et donc l’absence de possibilité de front de flamme puissant, difficile à
contenir. La multiplicité des accès peut aussi être favorable à la défendabilité des zones plus
denses.
2 Ces réserves privées peuvent servir à l’auto-défense, le cas échéant, et donc sont susceptibles de réduire la vulnérabilité. Mais elles n’améliorent pas la défendabilité « institutionnelle ».
21
La position dans l’interface n’a que deux modalités : interne ou périphérique, la position
interne étant approximativement deux fois plus favorable à la défendabilité. Il est à noter que si ce critère peut être amélioré incidemment lors de l’extension de la zone d’interface
(nouvelles construction en lisière), cela n’améliore généralement pas la défendabilité globale
de l’interface, les nouvelles constructions en lisières se trouvant directement exposées.
Les sous-critères de cette classe peuvent être renseignés sur base de données si l’enjeu est
parfaitement géo-référencé.
Terrain (0.155)
Ce critère compte deux sous-critères de nature un peu différente : la topographie (0.44) et la
présence éventuelle d’obstacles particuliers à la lutte (0.55). La topographie se résume au
critère élémentaire « feu potentiel en pente montante ». Ce critère élémentaire est booléen
(deux modalités : « OUI » et « NON »). Son appréciation relève de l’observateur, et suppose
plus qu’une simple constatation de la pente : il faut également que du combustible soit
présent sur la pente jusqu’à proximité de l’enjeu et que des possibilités d’ignition ou
d’arrivée d’un feu par la pente existent (ce qui est théoriquement toujours le cas en
présence de combustible sur la pente). Ce critère élémentaire reste donc difficile à évaluer
sur simple base de données.
La présence d’obstacles particuliers à la lutte est un critère qui reste volontairement
imprécis dans sa formulation pour tenter d’englober des situations pouvant être
extrêmement diverses ; La présence de lignes à haute tension, d’antennes importantes de
télécommunication peut gêner tant la lutte terrestre qu’aérienne. Ce critère est également
booléen. Il n’est donc pas tenu compte de l’accumulation éventuelle d’obstacles particuliers,
à la fois rare et dont l’effet n’est pas nécessairement cumulatif. La aussi, ce critère est plus
facilement apprécié sur le terrain, même si les bases de données géographiques peuvent apporter des informations importantes.
Stockages extérieurs de combustibles (0.147)
Il s’agit d’éléments permanents ou semi-permanent présents à proximité de l’enjeu
lui-même, et susceptibles de s’enflammer avec une certaine puissance. Ces éléments diminuent
22
peuvent détourner une partie des moyens à leur profit, réduisant d’autant les moyens
consacrés à défendre l’enjeu lui-même.
L’archétype des stockages extérieurs de combustibles sont les stocks en tas de bois de
chauffage et les véhicules immobilisés (il est supposé que les véhicules en état de marche
sont déplacés en cas de nécessité). Même si les équipements de stockage extérieurs de
combustible domestique (gaz en particulier) sont supposés être sécurisés, en cas de
déclenchement de la soupape de sécurité d’une cuve de gaz, la flamme générée constituera,
malgré son comportement très prédictible, une contrainte supplémentaire à la
défendabilité.
Deux sous-critères ont été définis : la nature du stockage le plus proche de l’habitation (5
modalités : absence, bois, gaz, véhicule, autre) et la distance du plus proche stockage à
l’enjeu à défendre (4 modalités : contact, <4m, 4-8m, >8m).
L’évaluation de ces critères ne peut se faire que par un relevé de terrain.
Accès de proximité à l’enjeu (0,124)
L’accès de proximité à l’enjeu représente la contrainte de défendabilité sur une unité de
gestion et d’aménagement de l’espace micro-local (le plus souvent le jardin d’une propriété).
Il comporte trois sous-critères : la largeur du portail, avec une modalité seuil à 3m, la
distance entre le point de stationnement d’un véhicule de lutte et l’enjeu lui-même (seuils
des modalités à 3m et 60m), et la possibilité de faire le tour de l’enjeu (à pied).
L’évaluation de ces critères ne peut se faire que par un relevé de terrain.
Débroussaillement (0.119)
Il s’intercale en termes de poids entre les deux familles de critères d’accessibilité. Son
relativement faible poids montre que le débroussaillement est bien plus un facteur d’aléa ou
de vulnérabilité d’exposition, que de défendabilité. En effet, le débroussaillement est
souvent considéré en premier lieu comme un critère d’aléa (Long-Fournel & al. 2008). Les
poids respectifs des critères élémentaires relatifs au débroussaillement - largeur (0.52) et
qualité (0.48) - permettent de préciser la relation entre débroussaillement et défendabilité :
23
du débroussaillement dans la défendabilité est de permettre un bon positionnement des
moyens de lutte, en toute sécurité. La largeur standard de débroussaillement (50m en interface) constitue le minium pour remplir cette fonction, à condition que ce
débroussaillement soit parfaitement réalisé.
Le débroussaillement est considéré comme un critère pérenne, alors qu’à l’évidence, il s’agit
d’un critère d’état temporaire. Les travaux doivent être renouvelés périodiquement. Le
constat d’un état de débroussaillement conforme à un instant t est toutefois un indicateur
d’un entretien régulier. Le critère est évaluable sur le terrain essentiellement, et en
interrogeant le résident.
Circulation jusqu’à l’enjeu (0.097).
Malgré son faible poids, c’est paradoxalement le critère le plus élaboré, puisqu’il compte
sept sous-critères : accessibilité de la voie, largeur, gabarit, issues, voie périmétrale, accès au
massif, accès transversal à une autre interface. Il évalue d’ailleurs plutôt la défendabilité
d’une zone d’interface que d’un enjeu particulier. Il traduit donc la contrainte de
défendabilité d’un enjeu particulier issue de la contrainte de défendabilité de son
environnement, liée à la circulation locale.
Pour l’accessibilité de la voie (poids de 0.19), on remarque que l’absence d’accessibilité
permanente est nettement considérée comme un facteur favorisant la défendabilité (12.16
contre 7.54 si la voie est accessible de façon permanente). Ceci traduit le fait que la moindre
circulation facilite le passage des secours en cas de crise. Néanmoins, certaines expériences
d’experts ont montré au contraire les difficultés posées par les obstacles à la circulation tels
que des barrières privées ou des plots amovibles à fonctionnement électrique. Cette
ambiguïté résulte et illustre le processus d’agrégation de dires d’expert par la méthode
multi-critères, qui ne moyenne pas les avis mais tend à positionner l’avis global par rapport à une perspective « majoritaire ».
L’accès au massif est un autre critère de la circulation jusqu’à l’enjeu important relativement aux autres critères (poids de 0.2). Le poids de ce critère montre la dimension spatialement
globalisante du critère circulation, car l’accès au massif ne concerne pas directement la
défendabilité de la maison d’habitation, mais plutôt la défendabilité indirecte de l’interface
24
Il en va de même pour le critère de liaison « transversale » avec d’autres interfaces (poids de
0.15). Ce critère vise à évaluer un modèle d’organisation périurbaine standard dans lequel l’accès aux quartiers résidentiels à partir d’un noyau urbain (centre village) est complété de
voies d’interconnexion entre des quartiers voisins, sans repasser par le centre ville. Cette
structure facilite la défendabilité des différents quartiers en interface en autorisant une
meilleure réactivité dans la répartition des moyens entre plusieurs zones de lutte.
Le critère de l’existence d’une voie périmétrale (poids = 0.16) relève aussi partiellement de
cette perspective. Une voie périmétrale correctement débroussaillée permet un
positionnement éventuel des moyens de lutte entre la zone bâtie et le massif et un accès
direct au feu avant qu’il n’atteigne l’enjeu. La voie périmétrale facilite la défendabilité de
l’interface dans sa globalité, et par là la defendabilité de l’enjeu dans l’interface.
La largeur et le gabarit de la voie (respectivement 0.12, et 0.08) ont des poids relativement
faibles, car ils se révèlent rarement limitant en zone d’interface, même si les voies peuvent
être de très faible largeur. La limite liée à la circulation des CCFF sur les voies d’interface est
surtout liée à la circulation des résidents (croisement). L’issue de la voie (point de
25
4.
Approche cartographique : étude de la défendabilité par l’analyse a
posteriori
de cas expérimentaux
4.1.
Contexte et objectifs
En 2001, pour le compte du Ministère de l’Environnement et en partenariat avec la société
GSC Consultant et Météo France, le Cemagref d’Aix-en-Provence a élaboré une échelle d’intensité des incendies de forêt. Cette échelle permet d’évaluer in-situ le degré de
l’incendie a posteriori, sur la base de paramètres physiques de l’incendie (vitesse de
propagation du feu, couleur de la fumée, présence de sautes de feu et surface menacée –
Lampin et al., 2002) mais surtout sur l’estimation des dommages observés sur des enjeux
spécifiques tels la végétation et le bâti. Elle compte six niveaux (très faible, faible,
moyennement élevé, très élevé, exceptionnel) et est indépendante du site et de sa
vulnérabilité.
En 2003, l’étude de François Joliclercq de l’agence Environnement Gestion et Aménagement
(EGA) située à Cogolin (83), présente un retour d’expérience sur l’incendie de Vidauban du
28 juillet 2003 ayant ravagé 5646 hectares de végétation. Dans ce retour d’expérience, 129
habitations concernées par cet incendie ont été étudiées dans la cadre du contrôle de
l’obligation légale de débroussaillement sur la commune du Plan-de-la-Tour : un état des
lieux du débroussaillement avait été effectué avant l’incendie.
En 2009, dans le cadre du projet européen Fireparadox (Baudel et al., 2009), une méthode
basée sur le terrain et le traitement d’images satellites HR et THR a permis de cartographier
les dommages après incendie selon l’échelle d’intensité du Cemagref à partir d’analyses
multi-temporelles et de calculs d’indices (Chuvieco et al., 2002) sur le feu de 2003 de
Vidauban (Var).
L’étude cartographique de la défendabilité par l’analyse a posteriori de cas expérimentaux
est réalisée dans ce contexte. L’objectif est de mettre en relation le niveau de dommage
cartographié dans l’environnement du bâti (traduisant l’intensité de l’incendie) avec les
dégâts observés à partir de retours d’expérience et la note de défendabilité du bâti obtenue
26
L’hypothèse considère que pour un même niveau d’intensité identifié dans l’environnement
du bâti, des dégâts différents peuvent être observés au niveau du bâti (figure 1) en fonction
de différents critères de défendabilité comme : la situation topographique, le
débroussaillement, les matériaux ou stockage, les actions de lutte menées, l’accessibilité,
etc.
Figure 4 : Dégâts pouvant être observés sur le bâti en fonction des niveaux d’intensité de l’incendie
4.2.
Le site d’étude
L’incendie de Vidauban du 28 juillet 2003 ayant touché le nord de la commune du Plan-de-la Tour a fait l’objet de nombreuses études dont : un retour d’expériences de l’agence Environnement Gestion et Aménagement (EGA) sur le contrôle de l’obligation légale de débroussaillement sur la commune du Plan-de-la-Tour, une cartographie des niveaux de dommages dans les interfaces habitat-forêt réalisé par le Cemagref sur cette même commune. La disponibilité des bases de données sur la commune du Plan-de-la-Tour justifie le choix du site d’étude.
La commune du Plan-de-la-Tour (6°32’ E, 43°20’ N), situé au cœur du massif des Maures dans le département du Var à l’ouest de Sainte-Maxime et du golfe de Saint-Tropez, s’étend sur une superficie de3800 hectares dont 3680 hectares de forêts et de vignobles.
Le centre du village, culminant à 60 mètres d’altitude, se situe au centre de la commune caractérisé essentiellement par des plaines viticoles ; le reste de la commune étant marqué par une topographie vallonnée, culminant à 416 mètres (sommet de San Peïre) avec des pentes importantes (supérieures à 30 %) et une végétation continue dominée par le chêne liège.
La commune du Plan-de-la-Tour est régulièrement incendiée (65 incendies recensés dans la base de données de Promethée entre 1973 et 2013) avec 8 incendies supérieurs à 50 hectares sur la
27
commune depuis 1959. La figure et le tableau ci-dessous présentent les incendies s’étant propagés sur la commune de Plan-de-la-Tour avec une surface supérieure à 50 hectares sur la commune.
Fig 5 : Contours de feux ayant touché la commune du Plan-de-la-Tour avec une surface supérieure à 50 hectares
Année de l’incendie Surface totale parcourue par l’incendie [ha]
Surface parcourue par l’incendie sur la commune du
Plan-de-la-Tour [ha] 1959 3798 241 1960 1500 224 1970 6405 2767 1980 69 69 1982 2808 91 1985 819 98 1990 11954 1134 2003 12454 1502
Tableau 2 : Incendies ayant touché la commune du Plan-de-la-Tour avec une surface supérieure à 50 hectares
28
4.3.
Les données
4.3.1. Les données résultant de la cartographie des dommages par télédétection
En 2009, dans le cadre du projet européen Fireparadox (Baudel et al., 2009), une évaluation des dommages a été réalisée dans les interfaces urbain-forêt à partir de donnée de très haute résolution spatiale. Un extrait de scène Quickbird post incendie, datée du 16/09/20003 et d’une résolution spatiale de 2,4 mètres en multispectrale, a été acquise (Eurimage) sur la partie ouest de l’incendie de Vidauban du 28 juillet 2003 : communes du Plan-de-la Tour, sud des Arcs et du Muy, est de Vidauban et nord de la Garde-Freinet soient 23 315 hectares. Une classification supervisée en 10 classes a été réalisée en considérant les bandes multispectrales de l’image (bleu, vert, rouge, proche infra-rouge), le calcul d’un indice de végétation (Normalised Difference Vegetation Index) et le calcul d’un indice de texture. Ces classes ont été regroupées en 4 classes pour traduire les différents niveaux de dommages dans les interfaces urbain-forêt, c’est-à-dire dans l’environnement de 100 mètres autour des bâtis : minéral, végétation seine, dommages légers, dommages modérés et dommages importants (figure 6).
Figure 6 : Cartographie des dommages après le feu du 28 juillet 2003 sur la commune de Plan-de-la-Tour
4.3.2. Les données de retour d’expérience
Les données de retour d’expérience disponibles s’appuient sur l’étude réalisée par François Joliclercq de l’agence Environnement Gestion et Aménagement (EGA) située à Cogolin (83). Cette étude,
29
réalisée en 2003, concerne 129 habitations localisées sur la commune de Plan-de-la-Tour pour lesquelles un état des lieux du débroussaillement avait été réalisé avant l’incendie de Vidauban du 28 juillet 2003.
Le retour d’expérience après l’incendie décrit entre autre les niveaux d’impact de l’incendie sur la végétation dans l’environnement de 50 mètres autour des bâtis et sur les habitations elles-mêmes : végétation saine, végétation endommagée, habitations touchées extérieurement, habitations touchées intérieurement. Ainsi, les habitations non touchées par l’incendie correspondent à des bâtis sains n’ayant subi aucun dégât pour lesquels la végétation située dans l’environnement de 50 mètres peut être saine ou bien endommagée. Les habitations touchées extérieurement correspondent à des bâtis ayant subi des dégâts extérieurs : volets, pergolas, mobilier de jardin, bâtiments annexes touchés par le feu. Enfin, les habitations touchées intérieurement concernent des bâtis ayant subi des dégâts à l’intérieur.
La figure 6 et le diagramme de la figure 5 présentent l’impact de l’incendie de Vidauban sur les 129 habitations du Plan-de-la-Tour concernées par le retour d’expérience.
Figure 7 : Impact de l’incendie de Vidauban sur les 129 habitations du Plan-de-la-Tour concernées par le retour d’expérience (F. Joliclercq, EGA, 2003)
Le retour d’expérience de François Joliclercq montre d’abord que le débroussaillement joue un rôle primordial sur les dégâts : un débroussaillement de mauvaise qualité (arbres situés contre l’habitation et/ou au-dessus du toit) peut conduire à des dégâts intérieurs. A l’inverse, un débroussaillement de bonne qualité avec des arbres à distance les uns des autres joue le rôle de barrière. La profondeur du débroussaillement est également très importante d’autant plus lorsque des habitations légères sont présentes (cas des campings notamment) mais également lorsque du matériel de jardin ou autre se trouve à proximité de l’habitation (pergola, mobilier de jardin, stockage de matériels divers et variés). Le retour d’expérience montre en effet que les habitations
74 36 13 6 Végétation saine Végétation endommagée Habitations touchées extérieurement Habitations touchées intérieurement
30
débroussaillées ayant subi des dégâts concernent celles dont le débroussaillement de 50 mètres n’était pas correctement réalisé et celles dont le débroussaillement était inférieur à 50 mètres. les Ensuite, la position topographique est un facteur aggravant : une position topographique défavorable pouvant accélérer l’incendie. Enfin, les haies, des talus enherbés et les petites zones boisées non entretenues constituent des vecteurs de propagation du feu.
Figure 8 : Impact de l’incendie de Vidauban sur les 129 habitations du Plan-de-la-Tour concernées par le retour d’expérience (F. Joliclerq, EGA, 2003)
4.3.3. Les données de terrain
Les données de terrain, récoltées 12 années après l’incendie de Vidauban de juillet 2003, s’appuient sur la base de données réalisée par François Joliclercq (EGA) sur le Plan-de-la-Tour. Elles considèrent 22 habitations présentes dans le retour d’expérience de François Joliclercq pour lesquelles les conditions de l’incendie de juillet 2003 sont connues : largeur et qualité du débroussaillement, stockage extérieur de combustible, actions de lutte notamment.
L’échantillon des 22 habitations retenues dans ce retour d’expérience concerne les 4 niveaux d’impact de l’incendie sur l’environnement du bâti. Ainsi, parmi l’échantillon, 4 habitations se caractérisent par une végétation saine dans l’environnement de 50 mètres, 7 habitations par une
31
végétation endommagée dans l’environnement de 50 mètres, 5 habitations sont touchées extérieurement et 6 habitations sont touchées intérieurement.
La figure 9 montre l’impact de l’incendie de Vidauban sur les 22 habitations du Plan-de-la-Tour concernées par le retour d’expérience et la campagne de terrain de 2015.
Figure 9 : Impact de l’incendie de Vidauban sur les 22 habitations du Plan-de-la-Tour concernées par les enquêtes de terrain
Le tableau 3 présente les données relatives aux dégâts observés et relevés par François Joliclercq en 2003 sur 8 des 22 bâtis.
32
N° Bâti Dégât Remarques
241 Habitation touchée intérieurement
Maison la plus isolée dans un habitat groupé, romarin au pied des murs, débroussaillement de mauvaise qualité, toile de pergola brûlée
253 Habitation touchée intérieurement
Débroussaillement réalisé sur ¼ de l’OLD, feu descendant peu violent, pas de lutte, volets non fermés
317 Végétation
endommagée Le Sour, feu descendant épousant le débroussaillement 202B Habitation touchée
extérieurement
Débroussaillement correct, situation en haut de vallon, mobilier de jardin en plastique, store en toile
202A Habitation touchée
intérieurement Maison explosée due au gaz ? 204B Végétation
endommagée Terrassement, maison en construction
200 Végétation saine Les Claudins, bâti en pierre, très bon débroussaillement, topographie très défavorable en fond de vallon
247B Habitation touchée
extérieurement Feu descendant 204A Habitation touchée
intérieurement Terrassement, maison en construction
Tableau 3 : Détails relatifs aux dégâts observés et relevés par François Joliclercq en 2003 sur 8 habitations
4.4.
Méthode
La méthodologie consiste à mettre en relation le niveau de dommage cartographié par télédétection dans l’environnement du bâti (traduisant l’intensité de l’incendie) avec les dégâts observés à partir du retour d’expérience de François Joliclercq (EGA) et la note de défendabilité du bâti obtenue à partir de l’analyse multi-critères. Ces comparaisons s’effectuent sur les 22 bâtis du Plan-de-la-Tour présentés dans la section 1.3.3.
4.4.1. Analyse des dommages cartographiés par télédétection sur les 22 bâtis du
site d’étude
Les dommages cartographiés par télédétection dans les interfaces urbain-forêt, matérialisées par l’environnement de 100 mètres autour des bâtis, sont analysés sur les 22 bâtis du Plan-de-la-Tour dans trois espaces délimités par :
• l’environnement situé dans les 100 mètres autour des habitations ; • l’environnement situé dans les 50 mètres autour des habitations ;
33
Figure 10 : Localisation des trois espaces étudiés autour des habitations
Pour chacun de ces trois espaces, la part des différentes classes de dommages peut être déterminée. De manière à pouvoir comparer ces dommages avec les dégâts observés dans l’environnement des bâtis et les bâtis eux-mêmes ainsi qu’avec la note de défendabilité, une note globale de dommage est calculée pour chaque habitation en tenant compte de la part des différentes classes de dommages. Cette note globale est calculée comme suit :
Note globale Dommage = Note Végétation saine X Proportion Végétation saine + Note Dommage léger X
Proportion Dommage léger + Note Dommage modéré X Proportion Dommage modéré + Note Dommage important X
Proportion Dommage important
Avec : Note Végétation saine = 1;
Note Dommage léger = 2 ;
Note Dommage modéré = 3 ;
Note Dommage important = 4.
Ainsi, la note globale des dommages est comprise entre 0 et 4.
N° Bâti Part Végétation saine Part Dommage léger Part Dommage modéré Part Dommage important Total Note globale
200 42,91% 25,05% 14,86% 17,18% 100% 2,06
1 * 0,43 + 2 * 0,25 + 3 * 0,15 + 4 * 0,17 Figure 11 : Exemple de calcul de note de dommage global pour une habitation
Le tableau 4 présente, pour les 22 bâtis étudiés, les notes globales de dommages dans l’environnement de 100 mètres autour des habitations, dans l’environnement de 50 mètres autour des habitations, dans la couronne entre 50 et 100 mètres des habitations.
34
N° Bâti Dommage 0-100 m Dommage 0-50 m Dommage 50-100 m
200 2,65 2,06 2,91 201 3,79 3,81 3,78 202A 3,72 3,67 3,74 202B 3,74 3,52 3,82 203 3,54 3,38 3,60 204A 3,80 3,73 3,82 204B 3,81 3,59 3,88 205 3,62 3,48 3,68 207 3,52 3,63 3,48 241 3,87 3,87 3,87 242 3,61 3,21 3,77 243 3,47 3,07 3,64 244 3,32 3,21 3,37 245 3,44 3,56 3,40 246 3,03 2,94 3,07 247B 3,65 3,87 3,55 248 3,53 3,62 3,48 250 3,20 3,29 3,16 251 2,72 2,67 2,73 252 2,73 2,36 2,91 253 3,59 3,72 3,54 254 2,22 1,98 2,31
Tableau 4 : Notes de dommage global calculées dans les trois espaces des 22 bâtis étudiés
4.4.2. Analyse de la défendabilité des 22 bâtis du site d’étude
On rappelle ci-dessous la liste de l’ensemble des critères et sous-critères associés avec leur poids respectif (voir le tableau 1). Tous ces critères ont été évalués sur le terrain pour l’ensemble des 22 bâtis. Les critères débroussaillement et hydrant tiennent compte des situations de 2003 relatées dans le retour d’expérience de François Joliclercq.
Débroussaillement (0.119) Largeur (0.52)
Qualité (0.48) Hydrant (0.187)
Volume disponible pour 10 mètres linéaires (0.55) Distance de l’enjeu à l’hydrant le plus proche (0.44) Circulation jusqu’à l’enjeu (0.096)
35 Largeur (0.12) Gabarit (0.08) Issues (0.08) Voie périmétrale (0.16) Accès au massif (0.2)
Accès à une voie transversale vers une autre interface (0.15) Accès de proximité à l’enjeu (0,12)
Largeur du portail (0.35)
Distance du point de stationnement CCFF à l'enjeu (0.31) Tour de l’enjeu possible (0.33)
Structure de l’habitat (0,17) Densité du bâti (0.55)
Position dans l’interface (0.44)
Stockage extérieur de combustible (0.1467) Nature (063)
Distance du stockage à l’enjeu (0.37) Topographie, terrain, obstacles à la lutte (0.15)
Feu potentiel en pente montante (0.44) Obstacle particulier à la lutte (0.55)
Le tableau 5 présente, pour chacun des 22 bâtis du site d’étude, la note de défendabilité globale calculée à partir des poids des 7 critères (débroussaillement, hydrants, circulation jusqu’à l’enjeu, accès de proximité jusqu’à l’enjeu, structure de l’habitat, stockage extérieur de combustible, topographie-terrain-obstacles à la lutte) évalués à partir des poids des modalités et de leurs sous-critères respectifs identifiés par les experts. Ce tableau présente également les notes de défendabilité des 7 critères énumérés ci-dessus composant le modèle multicritères.
36 N° Bâti Déf. globale Déf. débroussaillement Déf. hydrant Déf. circulation Déf. accès Déf. densité Déf. stockage Déf. topopographie 200 27,3 0 65,4 52,9 41,2 0 30,3 0 201 26,5 0 0 25,3 100 0 22,9 51,7 202A 26,5 0 0 25,3 100 0 22,9 51,7 202B 37,5 83,3 0 25,3 100 0 22,9 51,7 203 33,6 0 37,1 33,9 63,5 10 39,9 51,7 204A 40,1 0 37,1 45,4 92,2 10 13,2 100 204B 44,3 38,1 37,1 45,4 63,5 10 30,3 100 205 52 54,5 37,1 45,4 92,2 10 39,9 100 207 55,5 92,6 0 45,4 100 10 100 51,7 241 51,1 83,3 37,1 56 69,9 10 100 0 242 39,6 83,3 37,1 56 84,9 10 22,9 0 243 34,8 0 37,1 56 92,7 10 13,2 51,7 244 58,9 0 65,4 26,4 92,7 10 100 100 245 41,3 0 65,4 26,4 40,4 10 39,9 100 246 44 54,5 37,1 53,1 100 10 22,9 48,5 247B 63,7 0 77,8 56 92,2 10 100 100 248 51,8 0 37,1 50,9 69,9 70 39,9 100 250 44,7 83,3 37,1 37,8 77,7 10 30,3 48,5 251 53,2 54,5 37,1 37,8 77,7 10 100 48,5 252 49,2 0 65,4 37,8 63,5 10 100 48,5 253 45,1 38,1 37,1 37,8 92,7 0 100 0 254 53,6 0 77,8 64,6 92,2 70 22,9 48,5
Tableau 5 : Note de défendabilité globale et notes des sous-critères calculées pour les 22 habitations
4.5.
Les résultats
Les résultats s’attachent à observer pour chaque bâti étudié les dégâts observés via le retour d’expérience de François Joliclercq avec les dommages caractérisés par télédétection et la défendabilité résultant du modèle multi-critères (tableau 6).
37 N° Bâti Dégât Joliclercq Dommage 0-50 m Dommage 50-100 m Dommage 0-100 m Déf. globale Déf. débroussaillement Déf. hydrant Déf. circulation Déf. acces Déf. densite Déf. stockage Déf. topo 200 1 2,06 2,91 2,65 27,3 0 65,4 52,9 41,2 0 30,3 0 201 2 3,81 3,78 3,79 26,5 0 0 25,3 100 0 22,9 51,7 202A 4 3,67 3,74 3,72 26,5 0 0 25,3 100 0 22,9 51,7 202B 3 3,52 3,82 3,74 37,5 83,3 0 25,3 100 0 22,9 51,7 203 4 3,38 3,60 3,54 33,6 0 37,1 33,9 63,5 10 39,9 51,7 204A 4 3,73 3,82 3,80 40,1 0 37,1 45,4 92,2 10 13,2 100 204B 2 3,59 3,88 3,81 44,3 38,1 37,1 45,4 63,5 10 30,3 100 205 2 3,48 3,68 3,62 52 54,5 37,1 45,4 92,2 10 39,9 100 207 4 3,63 3,48 3,52 55,5 92,6 0 45,4 100 10 100 51,7 241 4 3,87 3,87 3,87 51,1 83,3 37,1 56 69,9 10 100 0 242 1 3,21 3,77 3,61 39,6 83,3 37,1 56 84,9 10 22,9 0 243 2 3,07 3,64 3,47 34,8 0 37,1 56 92,7 10 13,2 51,7 244 3 3,21 3,37 3,32 58,9 0 65,4 26,4 92,7 10 100 100 245 3 3,56 3,40 3,44 41,3 0 65,4 26,4 40,4 10 39,9 100 246 1 2,94 3,07 3,03 44 54,5 37,1 53,1 100 10 22,9 48,5 247B 3 3,87 3,55 3,65 63,7 0 77,8 56 92,2 10 100 100 248 2 3,62 3,48 3,53 51,8 0 37,1 50,9 69,9 70 39,9 100 250 3 3,29 3,16 3,20 44,7 83,3 37,1 37,8 77,7 10 30,3 48,5 251 2 2,67 2,73 2,72 53,2 54,5 37,1 37,8 77,7 10 100 48,5 252 2 2,36 2,91 2,73 49,2 0 65,4 37,8 63,5 10 100 48,5 253 4 3,72 3,54 3,59 45,1 38,1 37,1 37,8 92,7 0 100 0 254 1 1,98 2,31 2,22 53,6 0 77,8 64,6 92,2 70 22,9 48,5