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-LE ~OMAN ~nlBOLrSrE: lmE L0GIO~UE DE LA DIStINctION
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ri by
Ehzu:,ctb
I!ADLERA thcnin 3ubmitted to the
:.'nculty oi Grndunte _ Sttidi'cs nnd p.escnrc!1 in pprtinl fulfillnent of the requirements
for the dcgree of
Mnster
ofArts
.
!le~.rt~ent
of~'rench Lnnguo~e
and Li\.tureMcGill University, ~~ntrenl
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July 10:::37.
:Indler,
1987 ,;..
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1 •
•
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permi,ssion has been grant
6ed
to . the National Library of
Canada to microfilm, this
thesis and to lend or sell
copies' bf th.e .film.,
' .
,
The
aut~or"(cOpyr'ig~er)
h a s - - r e s e r v e d . o t h e r
publication rights,
and
ne i the r
t'h e t h
e sis no r
extensive .extracts 'from i t
may be printed or otherwise
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0".-J!
\
-\ - --~--~,---;-"
! autori~ationa été accordée
la
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de
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de vendre des
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L'auteur (titulaire du' droit
d' auteur) -'se
réserve
les
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longs
extraits
de· celle-ci rie
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" autorisati'on écrite.
(
-ISBN.
O~315-44396-0\
.'
" " ,# • , .-'1. _ _ , , \ '
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..
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... rRESUME
... t..
.
c~ mémOif.:e pour .objecti"f de présenter un cadrethéorique et mê'thodolo'gi e
dev~rr-<t
permettre de cerner"quelqu~s
particui~~i~éS
commune; , deste~t~s ~
l'on aqu~lifiéSt à
titrehypothétique, de "romans symbolis,\es". ~, ~
~ ~\
DanS le chap~tre It 'on expose un choix de concepts
" 9 -... ~ •
'appartenant a l~ ~~ocioljog:Le de la culture développée par P. Bourdieu.
A la suite du
SO~i
ogue t•~l
s'agtt- q'envisagèr' lasituation~et,"la
production de- l ' criva'in comme une pratigue relati~onnelle 'et
concur-1
',rentielle dont les ~raits se définissent par -rapport aux structures
.
spécifiques. du champ ·de producthm litté.raire;
.
, a cett.2 perspectivesociologique corresponden~ ~ertaines orientaiions préférentielles.
d'analyse des textes, élaborées notamment par
J.
D~bois dans so\"analyse institutionnelle';-, qui 'sont discutées. et mises en relation-,
.
avec d'autrss .propositi?n~ méthod9logiques.
1 . "
Dans le chapitre II, on
;é~;rmin~quell~s o~t
été les-
.
.
transformations majeures,
à
la fois matérielles et symboliques, du~ - ,
,champ socidl
à
la fin du XI Xe siècl~, ~e , manière à~ mieux comprendr~le' fondement des représentations littéra1-res car'actéristiques de la pro duc t ion -1 é g ~ t i m e de cet t e éjp 0 que .
~. Vi ?6
-.
..
-1
Le chapitre III s'att,arde a 1.5i des~riPt~on du
~éa.&...en-cement d~s rapports de force dans les circuits de production
res-trein~e
entre 1880 et 1900;à
pdrtir de cesrésul~at$,
onét~biit,
dan~>le c~aJi~re
IV,à
q'uelles écrit'ures littéraires dominantes 'semesû'~~i
t la pra tiq ue romanésq ue 'des prosa teur~
sy'mbol ls tes, 'e t pa rquelles marques textuelles sp~ciflques ~~est.disting~ée cette prat~~ue
J
,
,,,
, '
\
c:
\ . \c
,.
...
\ ~\
•
)
".
-0.
, ABSTRACT•
.
' ,.
.'The Qbjeèt ,of this th~sis is to set out a the6ritic'
"
al and methodblog Ica 1 frarnpwork tha t should enabl e this presen t work in sociocrtEic!sm to show how figurative ~lements common to a number of avant:"garde novel's .which could hypothetically be labell.ed Symbolist ,
.
.
happen to be rela ted to wri ters' p'osi tion$ in the aesthetic and generJ.ç.
.
.
-hierarchies of ~he literary f~eld1'
/
In the first chapter, a chosen set of concepts from ...
Pierre Bourdieu's sociology of culttire wiil be
dis~ussed.
As stated in the sociologist'. ~heory, it is Imperative to consider ~he position (among competitors) as· weIl as ~he (aeithetic orientation of the). 1
production 6f any writer as aspects of his professionàl practicewhich est a b lis he s i t s ·c h a r a c ter i s tic sin r e la
~
ion t 0 the ,h i e r a ;- chi cal a nd~
competitive setting.of the literary field in
~ven
hi"storical period', Su ch a sociologieal approaeh of literature .1 re~ïres specific ,methods of textual analysi~,Jacques Dubois W~OSF other methodolog~cal
tics) .
as provided in the "an~lyse' 'in~titutionnelle" of l
proposit.ions~ gain to be ,e-xami.njd in referenee to,..
.
prineiPl~ (l.e. i~mantie analysis,
sociGSemio-..
The. second c.hapter briefly revie'Ws the overall social and eeo~omic transformations in Franc~ at the end ~f the XIXth Century
'"
so that theJ material and symbolic bas'is of lit~rary repre~entations can .become more intelligible.
The third c~apter provides a_ descrip~ion of key -movements and even'ts whieh helped upset the, balance of power in the
• 1 '
institutional network Where literary legit1macy 1s defined; finally,
eh~pter IV sums up the theoritical, methodological and hist~rical data
~~~
in order to JOcus on ~he specific1ty - if any - of the "Symbolist
"~' 1 . ,
Novel" as 0 p p 0 s e d toc 0 n t e m p 0 'r a r y dom i na n t na rra t i v L' m 0 d e 1 s suc h as
the Naturalist and the Psychologieal novels.
, / l'
\
, 1 t • o ' " th a _ _ _ _~ • _ ~ • • • r--~ 1... "0
~.
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o ',} ,,.!. ... _ . ..;;;~_ ... • >..•
~~.
.' ," --~"'J • ..-.../ TABLE DES, t-1ATIERES
., ,
l
-...,
~NTRODUCTroN • • Ji • •
.,
.'
CltAPITRE l t 1 analyse sot>io!ogique du fait littéraire:· problématique
'Avant;propos' ••••••••••.••••••••.••••••••••••.••.•.•••.•••..••••• -•. " '" ••.
1.
2.
ta
structure du 'champ littéraire -en France ... ' .••Une logique de la distinction . , .. , ... '.1 • • • l" ' .. , . . . ' • • • • • -• • • :
Méthod.es d'analyse des textes littéraires: ' .. : ..
~
3.1.
Une approche sociologiq.ué: II ,,'analyse insdtu.tionn~l1e" de J. D.uboiSi. .•.... -: ... '.' \. .•••.• ' ...
~•
1.3.2.
Vn~ approche linguistique: la "sémantiquedu
discours" ,de D. Maingueneau .... ' ... ~ .. ' ..•.• : . ,', . ' •••• ~ ...•..
3.3.
Notes sur la "liémiotique sociologique".
de
P.".
2ima .../
Conclusion .:. ~ ... " ... .
...
'...
'.' ,.... .
'!n:~:::po:
l .•.. :~~~~~. ~~~~~~. ~~
.~~~~~
.~~~~~~~.~~~. ~. ~~~~~~~ ~~. ~~~~
•~:~:~.
.,... \__ 1.
2.
Mutations socio-éc,?nomiques maj eures ,: •..•• '. , •.••• ',' •••••••••• , .•.••
- ' ,
.
Consommation et production littéraires •••• ~ ••••••••••••••
>
... ; ..
·3. Représen.ta tJ.ons de la." décadence i l ~ • • • : . . . " • • • • • • • • • • • , . . . : • -• • •,
Conclusion ... e, . . . , . . . ,.~ . . . "•
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~-
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L.o.. /\
..
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.
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J 1 1:5 lC) 29 ,," ,38 ~52
58 -, 6268
69
Ir75
78 86 ',
.
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... - .. - .-\q ~ , " /~
,Le~Ci~cui;~ de production restreinte
Avan~,-:propo's
••• : ...::~
.\ ••••••••••••••.••. , ••••••••••••••••• ' •••• < • • " • • • • • • •, 0
, Çl'[AIHTRE
89' Déplacements morphologiques et transformations esthétiques •••••• ',' •
1 f ' , 90
Diversification des publics/ augmentation du nombre i
2.
93
- " des producteurs littéraires •.•••. , ••••••••••••••••••••
'" • k . . . . ~ 3,. " 4. '5 •• J Croissance de la presse et Formation de l'avant-garde Mouvëments dé mirché entre
du roman .: . . . ; ... ' ... .
décadente/symboliste ••.••••••..••••••••• / 1 _
1875 et , ~1900 ... ' ... .. -.... 6. La prOduction romanesque de cirëuits restreints .••••••••.•• ; •••..• o • '~' Conclusion
.
:
...
• " 1 1,.,
...
4"
... .
" 99 l07 1'19 122 .J.}O .CHAPITRE IV': ~es formes -r~manesques dominantes et le "roman sym:bo11ste':
,
.
Avant-propos .... ~ ... _ ... ... 135
1.
2.
3.
Commentaires sur le "roman symboliste" •••.••••••••••••••.••••••.••• ,
.
136Les grands paradigmes romanesques entre 1875 'et 1900 ••••..•••••.•.• 160
le' programme esthétique symboliste •••.•••••••••••••••• ~ ••••.••• ! • ' ! 189
,
4. ' ~oman d'avant-garde ou roman "symboliste"? ... : .... ~ ... 2 )4, Conclusion ... , ., .", ... ~ •• ,~ • ••••••••• • 7 .. , •••••••• : •• CONCLUSION ••.•••
•
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-BIBLIOGRAPHIE -....
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L'idéologie de l'oeuvre d'art inépuisable, ou de la Itlecture" comme re-créntion, maoque [ ••• ] que l'oeuvre est bien faite ppn pas deux ·fois, mais cent fois, mille fois, pnr tOllS ceux
qui s'y intéressent, Qui trouvent un profit matA riel ou symbolique ~'lo lire, la dlosser, la déchiffrer, la commenter, la repr~duirc, ln ~ri tiquer, la combattre, la connoitr~, la poso6der, L'enrichissement accompagne le vi~illissemcnt
lors~ùe l'oeuvre parvient
à
entrer daps le jeu, qu'elle devient un enjeu et'qu'elle s'tncorpore a:i.J;1si ,urie part de l'énergie produi te par la lutte dont elle est l'objet. La lutte, qui ren-voie l'oeuvre au passé, est auss~ ce qui lui as-sure une forme de survie: l'arrrichantà
l'état
de .lettre morte, de simple chose ~du monde vouée aux lois ordinaires du vieilliss,ment, cLle lui assure au moins
L'ETERNITE TR.ISTE
DUDEBAT
ACA-DEMIQUE. ' P. Bourdièu, La production
de
la Ô·oYQnce,. , p •. 43 / \ , 1 fJ ' ( . l..
",,
'1 '...
..
) , ,"..
..
e
___ .4.,;t- , _ l' " "INTRo.DUCTION
"\
\ '"L'immensit~ de la production de romaqs écrits et
·rtd,B- sur lé' ,màrché dans les
,
.
siècle ~vait ,déjà eu comme
trente·,dernières - années
.'
conséq uen'ce d~ 's'u~ci ter
,1 i <
-réactions,né~atives, de\protestatton et d'angOisse,
du XIXe des
de la
"
part des commen ta teurs.'l'i t
té'rair~s
de cett~é
poq ue. Ep. effet',.
,devant l'afflux .régulièreme'nt croissant de ttt:res. nouveàux
-une recherche récente , ~ e~time'qrie la production r~manesque a
1
o~fert
au puirlic"di~ting,ué'"
envir'on "320â'
,340 volumes inédits,!.'
.en lafs,eule année de 1'889, et
gl~balement~,'
760 ,volumes pour1
tous les
publ~csl
~ les quest~ons qui revenaient alors .. ,
avec insistance p~rmi les instances spécialiséés de la cr~tique
ayant parti,e. liée 0 c les écrivains des c.ircuits de production'''·
,
/
. "-restreinte du champ li~téra~!e. se trouvent remarquablement
réu~ies dans u,n article d'Antoine A'Ibalat. ~'le Mal d'écrire"
datr,ê de 1)95 •. Tout
à
lai.tc~ractéristi'qués
du ton et de,!;;, thèmesprésents
~
les èssais et leschr~niques
lit·téraires de cette,_,,
..
période ~istorique, les interroga~ions affolées du chroni(ueur
..
..
sont de l'ordre suivant: comment se tenir \8 jour au' milieu
1 1
d~un tel ,déf er lemen t de rêcits de fiction publiés par
une·mul-,
, ,
...
1 l
"
- .... --~:~_.::_-:...;:;.: -:-_~' "-.- _ ... -<\--~ "._~~. -... - . - -•• -.-''':'_-. . - _ - , -~"~~~---.-_--_-_-_-• • -~_-_-• • - . - . - - . -•• -.-_-.,->c"":" .. __,,,.,..•• -/ .~ 1 • 1 1 • ,
.
"."e
.' ,.
.,.
titude d~ jourrlabx ~ protention
.
.
littérai~ - .. Comment. don'Sil r
1)-::1 e t t e urs, cam men t sai .G i r I e f i ' fil i il J-t i. 0
~
sou . l Q S :l n ta,; 0 n i s mesentre
·le,s~
te; .. tes. "d 1dccil~s'"
d'ifférentes? Co,mmentdi$tin:~uer
'* ..
les épigone~ des chefs de file c'est-a-dire "le conatruct~ur
\,
?
ban ~ 1 d e r 0 man vie u x - ne u f Il - d t1 V r ;l i (!) nov n t c u r l ô r [Hl \1 ~ l ù
"
déborùement des oeuvres imprimées,,3',
IIr"
etoll ' f f cr.1Cn".( e 1 l élpro--\\ 4 "';
cluction' écri!ell
ont pour \résultat ,de confondre "10 lIOn '~rn.ln
,
.
.
-..
2t enfin, com:acnt :1ssurcr
:1
l'üe1\vro d',1rtlIaut:lt'n
-.,.
,
ti,que" la reconnaissance qu'elle mérite, en cl " .autres .. tcr:nus, 1 •
o
,COr'll!U~nt préserver les préro~atives ~~s pToducteur's et-clc~ lecteur!1
• . lId'art lé~l.time'~ de mê:1e que les inérarchics de :~<Jûtn, d~ ntylc/J
~
'-,
> • "
et de, g e n r es d ë sor mai s sou Pl1 s e [) a u x ,
i
s s au tan l V c.l a nt s de 9 é c r l-"
v a i Il e urs - ) o'u r na lis tes, - feu i Il e ton i s
.
t es e t -n a t u r al i stC!1 ?•
'.\ntoi~e Albnl~t
conclutà
.une~.él,itUdC
f'!edécoura:;(irn~,t (I~
la. p <l r t des "g ra n cl p" c r ~.t i que s, ce n s é s f <il i,t c I e tri PC) tl r
'rn
po G t 6 rit ~et les
l~c~eurs jnt~""Po~a.1ns
dans la pro,d"uctlonlitt.;r~1re.
et,~
une indiff-ércncl.pr\)::;ressivc de la por-t ÙU [l'tlbllc:'.
• r •
...
..
"1 •
Personne n'n ;llu3.voulu jur;cr les livres pnrcc 'lUC!
vin:;t-quotr,: 'le;tres de travail 'mot j our ne
auffi-raient paD a cette
~esb1nc. ~a
crit11uC c6urantda ~té remplacée par la biblio;rnph~é ct les annl~~
.f3~s do~mati_ques pal' des aitnoflc~S
:l
tant la 11:;,ne.,1':c pU,blic a fini par mépriser, par d6dai;.;ner 1.1,,'
biblt'Ogroph,ie, leS' réclf.lmcs,. ct, n'nY:lnt :'llus (loci ...
guides pour ~e diriger, lassé.de·choisir, 11 ~chetc
ct i l
Ht
de r:1oirts en. :nains 5. \~
,.
Oh pourra, i t peut~&tr~ objecter élux'jugements-d'Antoine Albn1at
" .' ' . '
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. '.-.
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: ~~ -.
...;# -i'." •..
..
.
" ",
-.
.
"c·
. '--\:.
--
~...
~~~~-f' " '--'. , ' ~/ ~f..
" 1 , ,3' " etcqnsorts,
qu'ils étaient eux-m~mes produit~ pour alimenter un type d'~crit d'actualité et pour soutenir des intérêt~ . tout aussi éphémères, que 'lés textes dont ces critiques jour-.
.
nalis~iques prédisaient le déclassement massif. Mais cette
1
objection, pour pertinente
q~'elle~oit,
ne change pas le faitf
que les verdicts de la "grande critiq~e" ont p~ssablement
.co";tribué
à
fausser .la perception 'de la sftuation histôrique du_champ littéraire, de ses enjeux, de ses conflits et de se~transfor~ati~ns; car, d'une ceftaine manière et en dépit de quelques rectificati0t;ls d'importance éomme' celle con.ct!rnant le rôle dJ~I!J~'. 'Mallarmé dàns l' élaboratt"on d'une nouvelle, écri-" ture poétique .. l'histoire littérairé' a hérii:é,' vis-à-visécri-"de
"
--cette époque, des nombreur~réjpgês et du confusionisme de la
critique d'accueil. On était .pourtant en drpit de s'attendre ; ce qu~'i'histoire littéra~re, discipltne académique concur- 1
ren·t e, n~e
à
peu prèsà
la même é'poq ue que la cri t;i.q ue , -et don t·,
uri des objedtifs c,ognitif,s est d'isoler. de definir puis d'e'Ji-~egist~er les phénomènes littéraires concrets'des ~ériodes culturelles su~cflssives, se saisisse de ces multiples. données et mette en 'oeuvre des procédures d'analyse, criti~ques et) '
~bJeC~ives,
dans letra~tem~it
desproblème~:
or, de-Go Lanso\(J , / \
-à
A. Thibaudet, l'histoire de la littérature s'est le plus• 0
\
, isouvent~ mo~trée évasive, généralisante, embarrassée ou négat~ve
q.uand i'l st agissai t Ide prêsen'ter un tableau assez complet des
.
"'l. ' • '"
formes romanesques et des producteurs de romans ~ntre 1870 et ~
19do.
, . . ,
VO,iCi, en illust'ration, un extrait de l'Histoire de l'a
/
l "
•
'.
~
-w'
, ,..
-_~ ~ .,. . . _ _ _ 4' .. _ _ . . _ _ • _.
.
-
, " 4 ~·"littérature française de Chatea-ubrian'<i • !
à
Valéry d "Albert' Thibaudet, o~ i l est précisément question de l'objet dont 1 e pré sen t t r a v ail v a che r che rà
ce r-n e r I e seo n t 0 u r s- e t lesparticularités, le roman d~s Sym~olistes fr~nçais: /
•
La greffe de la riche province sur la bourgeoisie aisée et sur les agréments mondains du XVIe
arron-/
.dissement est sensible dans le style et l'ort d'un Boylesve. L~ roman ou le conte art~te de son contemporain' Harcel Schwob formerait avec lui un de ces contrastes qui sont la vie même de Paris. L'érudition de Schwob ressemble bien moins
à
la'i
riche Armada des Hérédiens qu'au magasin de l'anti- ~ quaire da~ la Peau de Chagrin. Le~ routes~de mer et les routes de terre y ont apporté' les pieces rare& mises en oeuvre dans le Roi au Masque d'or et les
Vi~ imaginaires; c'est d'un style pur et beau, mais. ce~contes se sont refroidis, presque autant que toute cettéO j oailler;i.e. allégori<l,ue q ué lè symbolisme trouve 'dans l'héritage du Parnasse, et qu'il liquide
à
perte:le r1iroir des Légendes de, Bernard Lazare, le Cônte de l'Or et du Silence de Gustave Kahn. Trois antiquaires juifs de la rive ga~che.6
Le'caractère
p~tisan
de ces lignes qui ne sont pas~eà
du
g~nre
dans levolume~
tient princ\palement~u
fait que...
~1 "histoire li t téraire organise la percep tion de son 0 b'j et a
•
..
par~ir
da: certains critères de."l'exce.J.lence arti\t5 q uell du texte (et\à
"partir, aussi, d'autres' a priori culturels et . théoriques rarement assumé~ et exposés), critères qui règlent"
.Il
la répa~i ti'on de la po pula ti on d' écri va ins en deux ca tégories:
/
}es "grands" auteurs et l~s auteurs secondaires. Il n'est-donC pas étonnant de voir G. Flaubert, producte~r\de textes ,'classés chefs-d' oeu vre es,létiq ues, figurer parmi \les êc r:.i v a l11.s
l .
-' .
."'\
..
,
..
c
"-...
-:,. 5majeurs tandis que les Frères Goncourt, producteurs de romans
,
.
décrétés "embrouillés" et "informes", figurent, quant a eux,
parmi les écrivains secondaires. En
~lu~
d'être inutiies~
)4
la compréhension du fait litt"éraire, de te'lles .cla~sifications, préj udiciab1es aux textes ld' écrivains qui sont écartés de l ' avant-scène de la production (et boudés, pour longt~mps, paria
recherche académique) d'éternels apprentis, neA 1 \
en merne temps ~ue relégués au
permettent pas d'approcher la
rang "vérité"
d
soclo-historique d'une période littéraire •. Dans le cas précis ::' des Goncourt, il est' clair que--les
d;u~
F:Yeres ont exercé~,
fort ascendant dans 1e~ cercles où se jouait la vie littéraire,,
et l'on ne peut osér,ieusenrent nég1ige'r ,la nOijveauté de l'écri- ..
)
,'" - Il ...
ture "artisre" et du roman descript1f "par tableaux", mis a Vhonneur par les deJ)x écrivains (et par d'autres écrivai'ns
réalistes "mineurs") puis repris, transformés, reproblématisés, -,selon' d'es modalités et avea des 'enjeux différe~ts, par de
nombreu~ p~oducteurs dés circuits restreints entre 1875 et 1895. ~
, '
En ré'sum€', i l n' est pas 'pré,som p t ueux d' af f i rmer que 1 ~ histo;ï..re littéraire nous a apportè autant d'informations que de
distor-• 0
sions'historiques, et quci ses représentations, ses
c1as~ifi-) l , ' , , ' ~ , " ,
cati,o~'s 'et S~J3 modes d'appréhension 'du fait lit,i::érairé~sont',
, '
-pour III recherche' actuelle;
à
J;ep"'enser. Un bon argument
à
\
,
\1\ 1 a p p u i se rait C,è 1 u i duc a s Z 0 la:
..
c'est depuis peu - en
.
réal~té,<Jepu-is 19'50 comm.é -le rappelle incidemment
Hen~i ~1itterand
7-, ~
;.que l'on"se 1,4_re.
.
a'uprès,d~ l'oeuvre d'E. Zola.à
une exégèse\ ,
.
,rationnelle et méthodologiquement diversif~ée; jusque la, le
•
...
-,
\
->
,/
..
6texte zolien avait.été ju;é ct classé selon des critorc~
~ 0 1 ê 'll i que s, e t dép r é c i é nu nom Ù lt !il ai n t i en cl c 'li t! ra r c lü 0 S
,
" .œsthâtiques ct d un ordre moral alors que l'ln!or~~t~on
"
-~3pitale qu~apportnit cc phênom~nc nouveau dans l~
compr6-hension des transformati~n~ du chn~p ct de l'êcriturc
litt6-ra~rest restait insoupçonnée.
....
\
C-e s que 1 que s 0 b s e r v ;'l t ion G nef 0 n t q li ' (! i fI:! tl r e r
ce r tri i n SilO i fi 1; s de "1 il DT 0 blé 'llU t i Cl uer. r\ n s 1.1 '11\ e 1 l ù s' i', '1 C r l 'v f' Il t o
les p~ges qui vont suivre. :J ans sn" i sée . t h 0 0 r ~ il u e, CCii: r ~v fi i l
sc réclame d'une SOCiologie 'du texte littér::lire'l une
sbci~-'
criti.que'tellc qlie la ~~limitent. (l'une pOIrt, p1u:'\licu,rn
(HOp,n-sitions sociol'o~iques ":}troduiteG por Pierre BO\lrd il't1 dnno I1ca
, ~" "d "
~rtic1es ~ sur le IIarché des bl.ens
.
symbol, iq'ucs et 1.1 Production. 1 ' , , 9 . ,
ce a croyance ,reprlses ensu1te par Jacquc~ Uubois dans
T I l • " .1 l l\
~,.
1 ()~ nst1tut10n u~ u l~_ternturc • c t i
1'1
\l s t r ~ e 3 &0 tin, (! n n tl (les thèses et travuux r"espectif!3 rie Ch ris top h e 1;'11 n r 1 e 1 l
i31 a bo r&o!l
~ ,artir de l'examen du syst~me des belles-lettres au XIXc
siècle en Franco, ce.::; propositions per'!lctte~t (le Il~"1ontrcr 'lU'
\
~ii existe un rapport étroit entrel'investis-sement de -certains a~ents dans' une pr.î.tiqqc
'littéraire part~cu11èrc~ l'ori~inc 90C~illc et
la dot~tion cul turelle de ces agents et en der-nier lieu, les chances objectives de carrière
et de réùssite,(de ces mêmes àgcntn] dans le
chaop institutionnel 15. .
\
,
\
.'"
1
c
c
. 7
\ '
c'est ainsi que l'analyse-.soc,iolo:;ique d.cs faits littéraires
corn~c la d6terM1nent les ~oncepts·de P. 30urdieu,
intégrer, en une seule démarche, l'ôtude du
marché c' est-à-d~rC' des conditions sQciales
de production de la litt~rature et l'analyse
des oeuvres elles-mêmes 10.
,
invite a
Ln dorn6e de base dans cette approche est donc la délimitation,
ct reconnais.sance' du fonctionne::tent, d '--iln systeme {ù' une sphère,
d~unc s6ric d'appare11s) Dymbo1ique ct ~at6riel particul1er,
le "champ'
littérnir~"
qui se donneà
la fois comme un espaceprofessionnel au'{ 'ramifications nombreuses (réseaux des écr'ivains ct ùes :1roupcs d' écri vains. de ,la presse, de l ' é.Çlit1on, de la
•
bohè.me, des aca,ùémie~, cles salons, des f1lières univers1taires,
etc-:j'où s'affront,ent: des participants inégalement dotés au
P01flt de vue soc,,io-écoDom1quc, cultu;rel et Iinst1tutionnel, et
-
,'"
conme un marché concurrentiel o~ s~6valuent et sc classent les
•
productions de ces profession'hels. Pou~ abonder dans"le sens
cl c 1 a de u x i ème c i ta t i cr n c i - ~ es sus " 0 n peu t con c e v 0 i r que t 0 trt
tex~c litt6raire sera plus bu ~01ns dist1ncternent ~arqu6 par "la
, fi '
réaction - u~oniste ou cbnforNe - dé son producteur face 3U
,
'systè,ne de relations profcs~ionnellcs régulé, structuré et
, hi~~3rch~sê dans leq~el cst obligé de se s1tuer ce producteur.
'-"""
Cep end an t , l e c il am?: l i t té rai r e est au s s i ~ t sur t 0 u t unI i
eu
de~ ~.
capitalisation sYMboliquc où les ..\relutions entre les 'divers
participants ?t les différents types de productions rêfrac~ent
les h(ôrarchies de ,soUts et de valeurs reconnues comtte app~r":;'
"
'--- ' , )...
'0"~
1 ,.
.
. -,.
"•
, !Iftenant a - ~t circonscrivant - des classen ct des ~roupcn
no~1o-culturels d6finis. En c.f f ct, c 0 ~ met c n ,1 Cil t
3
'1 e lH () \t V <:! r, ln: ~• résultats
d~.
l '~tutle
ù' Ann'e- l;lt"llt.\!' T'Hesse sur le rOl:l.ll1 pO:1Ul.l i.rl''.
.
"'"
,'-.
au tournant du XXe sièc1e, le .Q!l::lmp llttéra'i'rc rcprollnit C't
1 Q
.
.
b eau cou p plu ~
.1
e s ~li é r a r é!1i es':3 Y ., 'b 0 l i que sq
l} '11 ne l:es rép,artitions écon.omiques ùu chnmp social pUiH'Ili'bll.
.:l pUr'l/o.ir. bon'nor.lo're d':Jcr~v<:ll:!1S s.'~donncr ail rellllL,to'"! ''l I l l '
.
'...
-'.
rO:ltln de ;;ranue Ca:1S0:nM:ltlon, ct COMpenser,1 " " "
.
rL111S l.l "l'lorll.,·..
["'1C::lS, le ufjéi'lCit:" sj"lboli1llC (J11'cl\tr.::li:1::J.it lQ.ur pr 1l11'1'; ci .. 1 \~
, - .. d O ' 0 1 17
sùe par un surcro~t c ~.:l~ns mat~r~c S' •
,
de téls mécnnismes par lesquels la V~ll'I" nY'1boliC}l1c (l·'un ]>r()dllll
culturel est in-vcrsc:rnent pro!lortion'nclle .:lU- ;JrfJfd.t'
"1~,~riOl
, , con s1. Il rJ r c r de producti,on <& • ~'
..
.
'ayant chacune léurs finaJ.ité~ ·pro~rca, l'lInc-·
axée sur
ln
rec1prche de la valeur etde
lnlé~iti;nité, et l'au trI! se' déf inissa'nt ;ll\r _une
llroduttion pour la vente et -le succès
COl'lmcr-ci:ll 13 , 'o,
\
- 1 -'. " hO...
C'ont donc en partie a par.ti; de ce cndre' t!l'~oriqllc
"
trè p .!J~iève::Jent e!lquissé que 3c.ra abordé, danD le pr0ncnt ~~c0ir0,
'u tl cor pus il art i cul i e r ri e t c x tes li c fic t ion CI u ' i 1 con vic n t (i c
réunir sous u:Le étiquette co::u'lode -:1:1iD sir!lnlificatrice, cl'!lle cie
"ro~nn st~~ol~stc~. 30us ce~te appellation,
-
" ..
,
c
\
.
( ' ,,
....
' \'.
'./
c
,. .... _--~ ...-
- - - '-
---
~ - " 9..
d1versc~ tentatives d'exploration de for~es conan~que9 nouvelles,
tentativc3 poursuivies 'Oar tics di3ciples ô,u. adr:lirnteurs de S •
• :fa1-larn6 dan!> 1re3 années la80-1900· (a;i~ro:ci!1ativement.) et cn accorà
nvec les ,randes lignes
doctrin~les ~e
l'esthêtiquesynb~liste.
,>
Les chroniqueurs l.~ttéraires .ont tous rapporté la p'uis~ante'
réac-tion
~nti-na(uraliste q~i
a polarisé le champ litt6raire~;s
1880.ft •
,
.
Une expllcation posslble de cette mobilisation ~énérale des pro-'
ducteurs des circults restreints est que d'un cèt~, de par ~a ~
\
.
'; r a n cl c ;) uka i en cee t d' un El ut r e c ôté, de ;J.a r ses- p·r é t E;! nt ion s e s t ~1
é-tique~. le ~oman naeuraliste,(d'E,
Zolp
principalement) empiétait.
sur 1~ terrain des producteurs littéraires de to~tes catêgoriesj
,
et ~ê,c des journalistes. laissant presscntlr u~e érosion des
clolsonneme~ts
esthétiques etd~
la représentationt~;ditionnel-.lc~ent mythifiée d~ l'homme de lettres. Dans un chapitre de sa
thèse, R, Ponton,
<\
analysé comment le rOMan "psychol~gique" dee
p, Bour~ct s'est constituê e~ relation~ antlnomiques avec les
.,.
viséei'~u roman naturaliste; 11 a expbsé par quelles sthatégies
..
-
,ùe supplantation symbolique le 3roupe socialement privilégié des
\
~....
~... ~.ro~anciers pbycholo~~es a peu a peu,réussi a infléchir jusqu'a
l ,· 'cnonclat ... on et uu tr:J.itement tle"latlque ï..
~
1"..
' d cs textes natura lstes - l ' 1'J.-'
.
dans' la llo11rsuite de lu lé~itir.tité lit1;6rairc. 'il faut, par un~
vue d·ensemble, apprêhendér la râpartition des positions que se
disputent les divers p~rticipants oour l'acc~~ ~ la dominance au
sein de l'espuce de oroduction. ~a~lpelpns ainsi que dans la
for,i-\ ( .
,-dable clpansion d~ champ de l'écrit qUl a marqué les d6buts des
/
::rnn6es lSS0, le champ de production rest.rei:1te roit se desSlner
•
1
\
•
.
\ /.
,
..
,r / -- .. ~-... «...
l'organisation qui re~tcr3. l~ sienne jusqu'à' .rêccml'len't et que
_ :la
P. l3our.diëu <1.' schématisée duns: 30:1 article 3ur~tllc ~archC~
biens sY:'1boliques, 1l20 Dor~na'ant, cc ~era sous la banni~re
,
,de l'avant-garde que sc re~roupcront Ics'unpirnnts-6crivainu
..
.
p.os~édant le 'capital ,culture\l nécessaire et, suffisun t pour ~"i 1:1
Jois défier et subvertir
le~'
normes ·esth'\tiques de leur"con~r
r e n t s - ,} 0 r:t i na n t s (} t d 6 f ]. n i r des
..
il
r a g ra l'l mes p 0 rte u r [; ~J (,1 n 0 U v C' .1 Il ';enjeux cst~&t~ques. Ver s' 1 3.3 0 , le 3 jeu n e s n
ôè
t CG li é c :1 ilC
:1 t,J /syrnbolist·~s qui reconnaissent
.
c...jI" Verlai.ne ct en Mallarn\r~ . l/'ur::modèles ;Jrofession,nels respEfCtifs, forment lu nouvelle ~0nÎ!r.ltl()n
1 •
d ' nspipan ts-éc rivai ns déci dés
à
p romou voi r lours ·i n té,a
t s cly p r 0-\
.
duc t e urs d.e c 1 r C u 1 t S r est r e i n t sen se ré c 1 n man t cl c' 1 a ::; e U 1 c Lill .!
i
l t:.aux exi~enccD de la pratique art i 5 t i quo : . d e- l:l, leu r , li û non 9 c i n t Lon •.
li t té rai r es r.l OrlU nan t 3' .( ; c .Pa r
~u:Jle
,'r~itérée de tous les p,roùpes
les :·/atu.ralist'es, les i's'ycholoquen, les rOm'nncicr.a ilc;:t>c!CS'l1iquc:J)
;Jerçus cor.:ne ùer; 11 b 0 U ,r ~ e 0 i s" cl c l ' .\ r t e n ~j a ~ l) S -r! ri n s
(1
cs' con c a !':l n i () il '1~ '- *
cOi:1plainantes ~ , . ~t nvilissafitcs enve.rs a.eurs publics.
sops cit6es ci-de~sus et p~ur bien d'autres Qui scro~t axpo::;6~~
(/', .
9l,us avant dans ce è'ravtlii, le "roman syrnoo11stc" a s11rtout
.
~t'··..
un r~~an ex?~rincnt3l, inpr6~n~ du milit?ntiDme csth6tiquc ct
, .
.
la ,ratiquc, rêaciii, t5tcnnant
~t d~ffus,
ctd6~~
lcs traits ne-pcuve!lt être compris que lorsque .rèp'laçés'·dn~s leur corttextd innti:'
, )
Ceci m'an;nc'à soul~ver un dernre~ point ~ pro~os ~e 1~
~roblênatique qui orien~e ce o6'l1o~re: c~lui de 13 méthode 1':lnnlY3c
c
C' " --,~";'t! 't ",' ... ~ '" '..
c
r
~.
----,---_ ... --. • -"> ... ' - -.. _ - - - ~-- ~-: ... , -l I ldes textes, d ,'une approche formelle qui poU/rrait montrer comment
des structures sociales, des enjeux institutionne~s, des ~ptions
idéo~og~ques repérés par l'analyse sociologique trouvent leurs
" .
correspondants dans des par~cularités textuelles, dans les
transformations des formes signifiantes des textes . Chaque procé-r
dure de recherche en analyse textuelle~ q u ' i l s ' agisse de la
, • 1. l ,
'narratologle, de la sémiotique, de ~ lingui~tique, etc. (et l'on
devra'it met,~re la plupart de ces termes au p.~urlel tant il y a eu ~ "\
d'orientations et d'appor,ts di-1;férents Slnon dlvergents), a
contri-t
bué, par sa moisson de not~ons importantes, ~ la compréhenslon
des mécanismes de significatIon et de représentatlon propres aux
textes' littéraires. Il reste donc que l~ soci~crltlque, au même
ti'tre que l"anà'lyse de discours dont elle 'partage de nombr·r uses
préoccupation,s, puise' dans ces domaines, variés en essayant de
di.sce,rn'er ï et d
'ad~pter
à
-sa saiSle non-lmmanentlste des textesles parcours analytiques les ~lus aptes
à
rendre compte des liensqui para i ss.en t ra t tacher de s phénomènes Cl rcon s tanc l e 1 s ho r '-,te x tes
à
ce qu~ semble être leurs avatars textuels. AInSI, le-s quatrechapitres de ce mémOIre - le premler présentant
à
la fOlS con~epts-théoriques et outIls méthodologIques
à
partir desquels l'objetd'étu~e serB considéré, la second CIrconscrIvant la sltuatlon
SOC10-~istorlque où \es1: développée la pr·Btlque scrlpturale des prosateurs symbolIstes, le trolslème décrlvant la sltuatlon des Clrcults de
-product16n restrelnte
d
la fln du XI Xe slècle et le quatrlème mattanten rellef les p.artlcularltés textuelles du "roman symbollste" par
.
\ / , . ,de tirer ) lagie de ,"•
".
'..
" .',
_-~··~,.~·u·~::~-~-"·~--_--~=---_-,.-:-~-_.-·__ -:,-,-....
-""-, ..
-...
--_-.. -_-_-_-.-,-.. -.-_-.-·_-
..
-.,""';,.""'ftt-,-"'-._
...
-..,'-ç, ....
, "', '''','''
-tlt":~..,~J-i .. ::'-J,.-,.-,,'...,.( ..·-"-..
~ .. " 12 "parti d"e certaines hy>pothè~es conj uguêès de IJ! ~oc i
0-la
\. " " , , cul t ure·, et de " , " ( . "J,
;d'i; verses ,ntêtohodes
'" '. ,
,
,-.,.
'o. ,~ ./d'at:a1yse
" o t:ext uelle·,."
.' "-
_
...__
...-
.....-c
\c
0 _ - 0 • • • •-.'----"'ï-
... ---~ -1 ~ " "•
\
\-
0' f' .-/\
"...
NO.TES1- Narc An2enc,t, l "Ceci tuera cela. O"U) la chose imprimée contr'e
le livre" dans Romantl.sme 44, p. 87~ Pour d'autres statistiques sur la product:tor
litt6rnire de ln ~ame êpoquè, on peut aussi ~onsulter l~ th~se de
Christophe Charle, ~it~e ci-dessous (particulj~rement les pp. 31-37)
\
\
2- Antoine A1balat, uLe mal d' éc.rire" dans 'Le Nal d'écrire et le .
roman contemporain, p. -24
4- Ibid, p. 34
5- Ibid. p'. 11
6- Albert ThibouJlët" Histoire de la littérature française de
Chateaubriand
à
Valéry, p. 450 4 7- 8- 9- 10- 11-1"Henri Mitterand,~Zola et le ~aturalisme, Pp. 3~4
Bourdieu, Pierre. "Le marché des bl.ens symboliques". L'Année
l'
sociologique 22 (1971): 4)-126
"La productio de la croyance.
Contribu~
à
une économl.e des bien symboliques". Actes de larecherche en sciences s cl.ales
13
(1977): 4-43~~~~~--~~~~~~~~~---~~
Dubois, Jacques. L'Instl.tutiQn de la ll.ttératurc.
'Introduc-tl.on
cl
,une socl.ologl.e. 2e éd. Bruxelles: Labor, 1983Charle, Christophe. La Crise littéraire
à
l'époque duNatura-lisme. Roman, théâtre et politique. Paris: Presses
,de l 1 Ecole normale supérl.eure, 1979
12- ,PontQn, Rémy. Le Champ littéraire en France de 1865
à
1905(recrutement des écrivains, structure des carrieres ét
production des oeuvres). Paris, thèse E.H.E.S.S., 1977
a·
, - -r --t-~ __ ... ~_ .... - . - -w • f'.'- ~ , \ . .13--
Tliiesse, Anne-Marie •. Le Roman du g~otidi~n.Lecteurs et
- le-ctures populaires ~ la 13<;11e Epoqye.. 'Paris: Le
Chemin vert, 1984 1
14-
4.ron t Paul. Les 'Ecr~,~i~~ ùeIaes et le socialisme (1880-1Q13).,L ' exp é rie n c e deI' art soc i al : - d' E d m Oil dPi c 9 r UnE mil ç
Verhaeren. BruxelLes: Labor, 1985
15- Ja'~qu~s Dubois, opus, cité, p. 49
\
16- Rémy Ponton, opus cité,
p.' 217- Anne-Marie Thiesse, opus cit6, ~p. 223-~38:
1~- Jacques Dubois, opus cit6, p. 39
19- Rémy Ponton, opus ci tê-, p. 2?6 "
J .
,20... Pierre Bourdieu, "le marché des' biens gym. boli~llcstl dans LI Ânnc)e
sociologique 22,
p:
114 ,_ \ 1\
..
"'.
.
• .'\
,.
14
1 \..
' ", '.". f, { .. "
o·
" l'-,
! • ,o-r
· .'
\CHAPITRE ,IL'anal;se
~SOCiOlO~iqUe p~
fatt , . problématique& '
littéraire': .
..
.
~a situation de Pcrise d~ roman" fant ressassée p~r
les critiques et les producteu~s littéraires de l'entre-deux
1
,guerres (d~ 1920
i,
1935) et dont Michel Raimond a patiemment , ,,suivi les d,évelbppements histor-'Î.qu~'S ent:re le N.aturalisme et
"
,
le Surréalistpe, donne généralemen't lieu, dans ~.es travau.x de
-
.
'syrrthèse.
à
deux jugements co-présents qui, toutefoi~, peuvent paraltte contrad~ctoir~s aussi longtemps que-les perceptions implic i tes qui les 'sous-tendent ne son t pas_exposées: li' , tou t
-d/abord; tes observateurs ~ffirment; comme le font M. Décpudih et D. Leuwers dans un volum'e récent d Îl1istoire littéraire, que
..
" \
le dépérissement du nhturalisme, en dépit de quelques sursauts~ entraine le roman dans une traversée du dé~ert qui le caractérise entre 1890 et 1910. Aucune voie notatrtce~e s'off~e
à
lui, et le symbolisme est loin de lui apporte, un sang neuf 1.-'
~111s6-1oin, les deux commen tateurs aj outent:
Pourquoi, aux approches de 1890, le roman français, auréolé dés figures d~ proueoq~e furent popr lui
15
.
',
.
. , ~
\
'. " , \ .(1 -'\
.
, /Balzaé,
F~aubert et même, plus ~~cemment, Zola,se ,tro~Ye-t-il s~udain eomme..devaht une i!Dt;~sse? La production 'romaqesque cannait" une 'sorte de
paralysie ee ne discerne plus~aucune vo~e no~-·
trice. Le poids 'd '...un passé tout procha- et·
pres-.tigieux n'est peQt-ê~re pas ét~anger,à une telle
~rispation qye ;a.jeunesJe va diversement tenter d'e canaliser2 •
J'
"
.-
,...Loin d'être parti
7
u,lières' aux deux auteursqc
l ' ouv-ragê',i
"""""''''''~'''''''''''''''''.u.. / . ' ,.
d'ailleurs excellent, d'o~ sont e~trait~s ces citations, do "
,telles .observatiçnrB sont au contraire présentes atlasi Inch .,
dan s I e s' p r ,i n c i pa u x In a nue 1 s seo lai r C s II u e dan s les é t u li
'c
1)u
spécIalisées et d'érudition~ Par exemple, chez Mich~l
Raimond" dans La' Crise du roman~ 'se basant sur ln ncruvc~uté
de l'expérience proustienne
,t
der n'i
~.r
par l c" d 1 une'é~
li P sc d~
.
gidienne de l'écriture, ée'
~
roman .da'ns les années qui sépo-j ,
, \
.
'rent Paludes (i-895) de Du Côté de êhe~ Swann (1913), ces années
ocorrespondant
à
la floraison des contes' symbolistes et'à
la/ '
successi on dé diverses tenta t ives-' "imll ra d ue t i v es Il 'd c roma nc i c r
s-,
artistes pou:r trouver de- nouvelles structur'es narrllt ives.
sus-ceptibles de
remp~acer à
la fois'les~odèles
zolien et-bourg,tteh'du roman3 ..
~n
dapit de:ces constatations re1ativ'es:l "l'nbserfce"de !:'oman
à
cette' époque, W. Raimondreprodu~~
des_st~tistiques
.'
livrées yar A. Billy dans une étude de
1~24, ~~
il est faitétat de ~'intense production romanesque au tournant du XXe siècle:
1 009 romans pour l'année 1923 soit, 200 de plus qu'en 1-913 ct .
,
.
3.00 de p~lus qu'en 1899 4 \2i l'6n se li v re. a
.
parttr de ce!lchiffres, a un ':rapiâ.e calcul,\ on
.
'0 b,tien t' le résultat de709
rerma os.
'\,
...
1••. _ _ _ _ " ... .-_. _ _ , _ _ _ _ _ ... ___ -t .. : ... ~~_~ " .... ,~-.:;::-.. ~;;...;:.. .. .=.=-~-...~_-~
___ - _
.. ______ "" _______ .. -____ _
(
./c
,.
, >17
inéd
les
·.c~l1!iémc'n
t mis en ci rcu la tioJ;l en 1899.·ie-.ê
total, comme' . . . J • Î
ceLui avancé ;>réc~'(lel:l:ncnt dans.clOn 'introduction., prouv~e de ce
, Q \ '
6fJit 1ue lorsque les ~tudes l~ttéiaires s~Bccordent poar constater
la "-traversée du déGert" du g eJl re roManes q uc a la fin du XIXe ' ,
si~cle, elles ne r~(~rent certes pas ~ l'absence quantitative
dc-,.product-ion. Du reste, ;'1. Raimond écrit: que +.es historiens
r::'!
et
~riti~ues
littéraires de la Belle~poque
n'en finissent posJo r60artir en cat6go~ics th~Matiques ou autres ty~es de
cla~sifi-cJtion~ les nonbrcux ranons qU1 parJisDent alors, et de d6no~brer
celles-ci: romans exotique, catholiquei romanesque, mondain,
4 . ,
autobiographique, de moeurs·sociales, nrtturaliste, psychologique,
".
.
du terroir, historique, de détectio'n,'
ù
thèse, artiste., lyrique, ,'poétique', etc., autant de classel:lents improvisés sur lesquels .
~ /
r.
,
,
pc!so~ne nQ s'accorde tant ils sont élàborés
à
partir de critères.flous, SUJjèétifs et po~émiques, mais qui témoi~nent néanl:loins
d u i 0 i son n c
~
e Il t' ri e 1 a pro duc t i 0a.~
.' Zn som ne; 1 a fi t r a ver s é' e' d ud~sertfl
à'
laquelle il est fait allusion dans touten' ces i!tudes /1ct ces ouvrages d' histoire li t téraire, 'e~t une expression euph~""
,
:nisée, 'une r:lani~re· non-"c3té~orique de réf ~rer
à
l'absence de'guqlit-é est11,étiq.ue des ronans produits d,ans ces.qu~lqJle's 25
•
•
an~dcs dit~s -.; ju~te titre - d~ transi~ion: 'années de transition
~ 1 _ ~
puisque la qualit~ esthétique ressurgira bient8t avcç il. Proust
. ct iL' -Gide ct $0 reconna!tra
à
·la réalisation detransforma.tio·~s
to~melles et stylistiques'jug6es, par l@s instanc~s ~~içiali56es •
de
ln
critique un~versitdirc ct par le pubiic lettré (ceci r~pêtê• 1
; loisir,
d~ns
lesprogrnmme~ scoloires~ com~e:rêusSies,
'coh~-,rantes,' représentatives de l'Art d'~èl'ire. 90nc, si l'on veut en
o
/
\
,
.
18
croire l'histoire et la critique littéraires, le XI Xe s~~clQ
,
se serait terminé dans une telle ~édiocrr~6·artist~que pour
J',
le genre romanesque, où stérilité esthétique et opportunisme-"idéologique semblaient aller de pair, qu'il vaut mieux/ne
-pas s'attarder
à
examiner la production de cette période:En ce début du XXe siècle, coe~istaient des formules variées: il y avait encoré des (Ji~ ciples de Zola et ~es Goncourt; -mais aussi les admirat~urs de Prévos~. de Bourset, les dévotsjJe Barrès, les pasticheur~ d'Henri ùe R~gnier. Un même romancier avait traversé des écoles différentes, tenté des essais multiples, adopté des formes opposées. A propos d'Abel Hermant qui avait été
à
la fois naturaliste, psychologue, mondain, cosmopolite, on pouvaitintit~ler gn article: "les Nétamorphoses d'un' romancier" •
...
I l e s t i n u t il e d' i Il u s t r e r, par d'a u t r e s e JÇ e m pIe s , l a p' rés e n
-•
tation du consensus tenace qui s'est établi parmi les specialistes
au ~ujet de l'état dans lequel se trouvait le genre romanesque
à
l~-~in
du XIXesiècie~
Il importeplut~t
de noter que ioutesles études ont procédé
à
partir d'une commune appréhension de leurs objet~~ qu'il s'agisse d~ texte littéraire, ùe l'écrivn~n et de son métier ou de la compl~xité du monde littéraire: la\
docilité ou l'innovation esthétiques ~ont fait différemm~nt
p r ê'u v e cha que é cri v a-i n , son t a-~ n s i r a' p p 0
r.
t é e sà
des no t ion sI!I
0 raI e 5• ~ r"'~
d'exigence' ou .de complaisance artistiques,
à
une perspicacité Ou~
un manque de discernementintellect~els, c'est-~-dire ~
fa
,
.
quali"té d'une "nature" ou'd'un "tempérament" d'écrivain tandis ."que les trall5.'formations des, carrières littéraires (pensons au cas
cité ci-dessus d'Abel Hermant, qui pour l'historien de la littérature.
,
,
~ 1c
• G _ ''''_4 ... _ _ --.,...---
, --...,-\
peut s'explique~ que par le biais psychologique)~ les mutatkons
19 ne
des genres' (par e«emple, ie roman qui "emt?r~nte" soudain
à
'la poésl.e\ d
dans les dern1ères ànnées du X'IXe siècle), tes fluctuation; des choix de la consommation (vpir la montée du genre romanesqua sous
~e Second Empire et celle du théâtre autour da 1900), les variations
l ' '
dans la population des hom~es de'lettres et leur répartitl.on mouvante
,
"
.-
-.
par
génr~,
lesrelation~ ~e
rivalité ou desQ~tien
que~eux-ci
entre-t 1 e n n e n t a v e c 1 e s me m b r e s des 5 e c t e u 'r s' d'a p pu l ' deI a ,c rit i que, ' du
journal1sme et de l 'univèrsité, etc" tous ces' placements 'sans
cesse accompagnés de déplacements et de ré~j ustements, ,s'ils 'viennent
à
présenter des ,changem_ents structurels massifs comme cela s'estt
produit entte 1880 et 1900, ser~ient dus
à
une "crl.se flecivilisa-tian" généralisée mais ressentie avec pll}s d'acuité, ~u leur sensibi-"
1 i t é " n a t ure Il
e",
par, 1 e s art i ste s" é c r l va in s e t ln t e ll!'e c tue 1 s ,On
est forcé de remarquer que malgré la diversité apparente de leurs
.
points de vue, les observateurs ~nt manqué de percevoir le fai~
~ \ . ..
~ \ ' .
li,ttérair:e, dans ses var~tions "et particularités historiql;les,' comme
.
.
,
un phénomène- de
product~on
et de cd_nsommation. soc"iales,n€r-c'~'ssitant
-d ' I t r ; int~rprér~ selon les p~ramètres d'une analyse socidlo~iqul,
1. La structure du champ' littéraire en France
A.insi, les re,cherches n'ont.
à
aucun moment envisagé.de consid.rer ce qu'elles appellent communêmènt les "oeuvres" l i t
-téraires (toujour~ ram~nées
à
la singularl.té ~u gftnie d'un écri~ain)-'
,
" , " .--- --- .-.;-- ... ,, _ _ _ - , .... __ • ~_-_ _ - ~ _ , _ _ _ _ ~-_.:a.A .....
comme des productions signifiantes sur l'êlaboration rlcsqu~llcs
p~sent
desdête~minatiQns
autres que celles liôes~
une sub-j e c t i vit 'é :' S 0 a ver a i ne".
cl
e s' é.c ri
v ai n s ,( d é ter mina
t ion s soc i al cs,,
économiques,'instftutionnelles) et. d'autre part. comme de~ produits culturels qui, organisés e~ vue de ~cncontrer les pro-priétés s~mboliques de leurs pu~lics respectifs, sont cluss6N Il' sel
~
n des hi é r arc hie s ré gui é' es ci e g e n r cs, do v 11 1 c~
r~
c:.~h
êt
l q Il'n set d'implications idéologiques propres aux cercle~ d()plln.:1nl~l (!p
, ) , es p ace lit t é rai r e l é g i t i me (d 0 min.:1 nt S pou r des
P~
J.. 0 d t' :ihiqtoriques limitées) avant d'être, par la suite, sélectionnés
.
.
et manipulés-selo~ les crit~res discriminatoires de l'appareil ,
académique (scolaire). Il en va ai-Il,si de la carrière des "au'tours" qui. loin de "mûrir leur oeuvre" dans le cocon l.n,ViO'lnble:1,e
leur 'sensibilité p'ersonnelle. dQivent -toujo,urs se situer'" llU!HU-ta t qu'ils dey i en Çn t p.rod uc-t
~~r
s l i t tér. i ros - ri. n s1
pa r ra p po r tà
des con fig u rat ion s h i s t 0 r i que men t cha n g e 11 n t 0 scie . pro Ù 'u c t c urt::de poési!?j(s), de romanes). de théâtre(s) (y 'compris CCliX qut", • 1 ~ 1 \ ..'
c.omme Ï"l. PJ'oust,
s'en'ferm~nt
dans la solltudc d.e leur chnmbre n coucher pour écrire leur oeuvre 9nti~re ou ceux qui, ~omme P.~
Loti ou P. Claudel, effectuent. leur carrlèrc littéraire loin de:J
.
'
~
'cercles do l'intelligéntsia parisienne), le fnit cie sc situer dans ce s~steme d'interactions n'êtant d'ailleurs pas le rGsultat d'un chQix (ou d'un~refus) dêlibérê de la ~art de chacun d'entrn eux mais se trouvant au contraire préalablement inscrit. dn môme
1
temps dans la logique du fonctionn~ment irtst~tutionnel de l'e5-pace littéraire qui définit les ~ara~têrist1ques dis-diverseo
, J
c
,.
.'
\
0"--'
'21
'positions dans les circuits'de cet e~pace, et dans les'
virtualités de l!~abituB social des produc~eurs (le~r
o~!gine socio-économ~que et cul~urelle), C'es't iL une pareille appréhension objective de l'organisation des espaces de production culturelle que s'attache la
socio-~pgie de la culture développée par P. Bourdieu. Comme le
1
rappelle C. Charle dans sa thèse, il s'agit de rompre 1
simultanément-BY~ les concepts'de l'histoire littéraire c •
traditionnélle qui découpe son objet en événements-ciés, en
oeuvres"\.maltressès et en successions ordonnées de portraits .
.
.
biographiques', et avec ceux 'de~ premières approches
.socio-logiques comme 'le' ,
structur~lisme
génétique de L. Goldmannf
car cette perspective analytique qui, tout d'abor.d. isole
...
'urt corpus particulier de textes et ensuite, lui assigne une
signification symbolique en fonction ~e ses rapports
privi-c légiés avec ~n grbupe soci~l circonscrit, récupère, selon
y',-
lBoûrdieu, les erreurs du biographisme auxquelles elléajoute celles n'une interprétation mé~nis6e
élaborées' par les textes
des
représen--
.
itntions symboliques,
, '
L'autonomie du champ littéraire n" est, que relative par rapport aux mécanismes sociaQx, politiques ou
économiques; ceux~ci ne se font pas sentir
direc-tement mais
à
plus long termeà
travers un proces-'sus de sélection (analogue aux phénomènes scolaires)
qui classe peu
à
peu les producteurs littéraires en,fonction des caractéristiques de leur cap~tal social,
culturel, économ~que, qui leur permet ou les empê- .
che d'arriver
à
certaines pos~t~ons dans le champou les spécialise dans tel ou tel domaine. ?~~s il
n'y a ni mécanisme ni finalisme: le champ littéraire
,ne ,fait .q,u'orienter ra straté~l.e de chaque écrivain
j
#
0'
.
,,
.
en fonct'ion de ses 'a'touts.
\L'
évolution. dumarc~é,
-de l'éqùilibre entre les genres, les caractéristiquesdes publics conditionnent plq~ 6u màins directement
le$ investiss~ments de tapita! symboliquè que sont
., ?
...
les oeuvres, les théories, les groupements. C'est
cette dialectique ~ntre, d'une part, les données
socio-historiques objectives et les structures institution-nelles qui forment le champ, elles-mêmes subissant une évolution en fonctton de l'évoLution des âutrcs superstructures, et les profils sociaux ùes écrivains et <lés groupes "
ct'
autre part, [qu'il faut met tre en éVidence]8.1
.
J
, Con c e v 0 i r, C 0 ni m e 1 e 'f ait 1 él soc i cH 0 g i e de' P. 1\ 0 \l r die Il. l tes p il C f'
f
soc i a 1 d' li n p a y s (d' une en t i
.
t é p'o 1 i t i que.
~ 0 d e' r ne) c 0ru
me Il n (> n sem Il 1 0,
.
$ t rue t u réd e cha m p s di f f é r e n c i é s plu sou moi n s a u 't 0 nom C !l (e t' cl 0 n c . "
inter-reliés) dont la c~hésion interne d~pend des int~~at~ que
des partlcipants investiss.ent dans des ,enjeux.'
de~
vn'lcurs,Iles\
comp~tences disc~p1inaires, des savoirs, des repr~sentniiona et
des cr~yances spécifiques pour chaque ,champ', c'est sc donner les
~ .
'I!t Q yen s
à
1 a f ~ i s des a ~ sir " 1 e mon d e dei a l i t ~ é r ,1 t ure" - 0 rrli-.'
nairement si mal cerné et défini par 1e"s histC\f1ens - flussi bicn
dans sa socialité ct dans son· historicité que dans sa pn,rticularité i
structurelle (~~ parlera ainsi du chàmp littéraire ou d'un certain
état historique du champ littéraire, au même titre q~le - mais
in cl é pen dam men t - II u cha ID P pol i t i Cl u e, cl u ch él m p sei c n t i f i '1 Il C, etc.)
/}.
....
et de comprendre et d'analyse~ Œe qui, dans l'or~nniDation
nymho-lique de tout objet littéraire, découle rie l'ordrc-mnt6riel ct
collectif (son appartenance
à
un sen~e ou ~ une 6co1c litt6rairc.
le plaçant, d'emblée, dans une hiérarchie de genres et au s~iT.l
- '
de circuits de production et de' consommation, et~.):
" " s' '. ._-~----11
..
•
Les déterminismes sociaux dont l'oeuvre d'art
porte la trace s'exércent d'une part
à
traversl'habitus du produ~teur, rénvoyant,ainsi aux
conditions sociales de sa production en tant que
sujet social (famille, etc.) et en tant que pro~
ducteur (école, contacts prof~ssionnels, etc.),
et d'autre par~
à
travers les demaqdes et lescon-traintes sociales Qui sont inscrites dans la post--tion qu_' il occupe dans un certain champ (pl us ou
~s autonome) de production. Ce que l'on appell~
la "création" est la rencontre entre un habitus socialement constitué et une certaine position déjà
instituée ou possible dans la d~v~s~on du travail
de production culturelle (et, par surcroît, au
se-cond degré, dans la divis~on du trav3ll de
domina-tion): le travail par lequel l'3rt~ste fnit son
oeuvre et se fait: 1nséparablement. comme artiste
(Qt. lorsque cela fai,t partie de la demande du champ, . comme artiste original, singulier) peut être décrit
COmme la relation dialectique entre son poste qui, souvent, lui préexiste et lui survit (avec des obli-gations, par exemple, la "vie d'artiste", rl'nttri-buts, des traditions, des modes d'expression, etc.)
et son habitus qui le'prédispose plus ou fuoi~s_
tota-lement
à
occuper ce poste ou'- ce qui peut être un,des pr~réquisits inscrits dans le post~ -
à
letrans-former plus ou moins complètemeqt9 •
23
1
st,
~'un c5té, le champ littéraire appara!t comme un systèmecxt'rêm.ement complexe de relations entre d,es groupes fdrmés d'agents ,
~e prove~ance social~ plus ou moins homogèrie et des instances
spéCifiques (éditeurs, critiques, lettrés, experts académ~ques,
bohème litté~aire, etc.) tous engagés - par leur activité - dans
" ' I!. '
le maintien-d!une croyance
à
la néGessité et-du, texte
litt~raire,
de l ' a c J d'écrire età
à
-la 'valeur socialesla supériorité ~es
modes de représentation artistique, le champ se révèle: d'un 'autre'
côté, ~omme un lieu de rapports de force particulièrement violents
dans leur expression. comme un espace ou les antagon1smes entre ,
groupes, individus et circuits ~'expriment par,~es ~livages
,
' " '1
;
,-tinctifs rendant irréductibles les.uns aux autres les~pro
f'-\
grammes esthétiques et les ~odes de ,diffùsi~n de l'objet
littéraire. Christophe Charl~ propose une explication de
certaines causes de cette situation où les inégalités entre les'
participants poussent
à
la contestation continuelle deshi6-ra r chi e s i n s t i tué e s ce u x don t_ l e " c réd i
t
s y m bol i que 1F est 1 c~
plus fragile, lemo~ns assuré,.c'est-~-dlre
ceux qui n'ont pu,
.
encore obtenir "la reconnai ssance d es au t res part ie i pan t s :10 i t
parce qU'ils sont no~veaux ~ans le çhamp d~ productlon (11 cn
est ainsi des avant-gardes avant leur légitimation), 'soit parce
qu'il~ apparaissent culturellement~in,igneS aux détenteurs de~
positions dofuinan~es (les journaliste~, par exemple, ou lOB
\
producteurs d'ori ,ine de petite-bourgeoisie provinciale comme ce
fut le "cas pour E. Zola et plusieurs Naturalistes): on est donc
loin, ici, de limlter l.a légendaire "férocité littéraire"
ô.
unvice de nature ~articuliet aux individus qui se lancent dans la
"9 car r i ère des b-e Il e s -1 e t t r es:
Replacé, dans la structure de la classe dominante, le champ littéralre est [ ... ] - comme l'Unlverslté un lieu où se trouvent en concurrence des indiv\dus, provenant des fractl'ons de classe qui, dnns le champ économique ou administratlf sont séparés par des qnr-, ri ères rigides. L1eu de circulatlon cntre les cla3se5
et les fractions, le champ litt~rnirc remplit donc
une fonction de confrontation symbol~quc ct iù~olo- 1f)
~ique des ETII0S de~ différentes clJsses et [rectlons .
c'est au début du XIXe siècle, au moment ~ù s'accroit l~ fraction
intellectuelle et aftiste au· sein de la classe dominante ct que -dû aux nouvelles structures politiques et économiques - cette