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LE REGIt-lE SEIGNEURIAL DANS
I.E OOVELOppml3NT 'SOCIO-ECO- . NOMIQUE -DU CANAl)t\ COLONIAL
pa:p Richard
11 JOlvM, '
•
Soumis
pour remplir
partiel-lement les conditions d 'obtcn-.
. ,tion du diplôme de 'Maîtrise au départementde
.~oc~olog~èldc l'Uliversit6 ~tGill. M:>ntr6~1, 1975. R'ICHARO THOMAS1976
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/ LE REGIME SEIGNEURIAL..
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R. Thomas M.A. /"
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scignieu
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titu~ions
xpérience\co anis trice
fra~ça'se
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d.L'
instit~ti
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~ ~e ~lUS su~ê
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à
lae ùe 1.160.\ Elle
~e_ ~t abOli~
q e t;rd ct tedis
sàrt~tion
a pour obj e\ d'étu-ature
de 1\in~titution~eigneU\ia
e etde
fonctionnemenL qui
de
son
existence~'11\11e propose
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sur l'abolition du régime en 1 54.
...
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pc5tir,de
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la'perspe
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"ABSTRACT'
...
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~he
séignicuriaf
r~girnewas one of the major
insti-",;J
, & ,.
tutions of the French colonial
ex~e~iencein, North
Ameri-a. But the regirne aiso sUTvived the Conquest of
1760.lt
., ,
abolished
~ly
late
in the nineteenth century.
~he
•
C~
of'this dissertation is' to analyse the role and
na-'of the
se~gnieur-ialihstitytio.n. and the evolution of
'1)\
, '
ncti~nrting
rn6dalities which characterize it trom
study
e the!'wo-rl
the abolition. It also
propo~es anew
15
on the abolition of the regirne in
'1854.The
.. ; , , " , , '>:' ' •
licitl~
uses the perspective
of
dependen~eand
. . . . 1 l , '
s~em as the urii t of I~na~ys is.
ThiS. permits .
df ~hetrtditional Interpretations of the sub-'
\ 1 l ,
ject and
tDpropose
an alternative interpr\tation.
~ ".
3 Z
1t
i - , - 1-,
" , ".
•..
" , t PREFACE. Le texte qui sui t sc veut une atude pionnière ~u r.égime seigneurial des débuts , il son abol'ition, dans la perspective' de l'économie mondiale et
.
'~
de la dépen.d~cc., En Wl, sens on peurrait dire, que cette institution a été
. relativement "sur~étudi~:c" par 1cis . spécialistes de diverses oranches des sclC'nces sociales, par l':lpport
à
d'autres institutions de l'époque c010-11Ï':11e. ~nis jamais la pcrspeÇ.tiv~ de l'économie mondiale et de la d6pCli-dance ne semble avoir été prise comme point de départ de l'analyse. C'est
'\.-\ pour cordgcr cette laclII!e qui nous semble fondamentale que nous avons
en-\
.
trepris des recherches. ,qui on~ abouti
à
ce texte. Nous sommes conscient,"
d'être tmcore loin du but que nous nous étions fixé initialement et de ~
d
son 'cZlractère incomplet. permettront peut-être çe
Des recherc~s rutures plus approfondies nous
corriger
cert.a~
d'entre elles.'"
\\
Quels qu' en soien~ 'les défauts, l'auteur en' asswne
,i
'entière rCspOJil-:(sabilifé. ~'ânt aux: qualité"s ~u'On lui reconnaHra peut-etre 1 nous vou- \Ions souligner que nos professeurs
J.
W~lleTstein etP.
Enrensaft n'y sont1 • •
point étrangers. Il~ ont su, tout en nous laissant une liberté ~ornplètet
nous apport~r ~es encouragements et des points de vue cri<tiqups de premipre importance pOlir ln poursuite de notre tra.vail. Nous voulons donc ,profiter ~,
" v •
de cette ?Ceasion ~ur leur adresser nos remerciements les'plus'sincèr~ et souligner,notre dette envers eux.
..J ' \
\
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~ t, ':2"~' ...-' -:----~-.!-.,
.
.
.
~--=---~
...
-.~-
--.-._-.
.
- ---y,0C-S--1:0utes
T('~~ ~ coùIeli~set qUI" ên
médine"Tes
ron;r111:6s-particul ière.s. C'
~st-cOiMiè~-un-.ét~f
pnrtiellller_qui
dé-d ----
-. tenninç le poi
os
spécif,ique de toutes
l~s··lornre~·
cl'exis-tence qui
yfont saillie."
(Karl
Marx, "Contrj but ion
à
la'
Cr~
tique
del'Economie
,Polittgue",
Ed. So~Paris,
1957, p. l70-71.)Il. , _ - - - _ _ _ _ _ _ ~ ~ ______
~~
_ ~ _ _ _ L _ _ _ ~ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
--" ,On
parvient
.1
lnconnaissance scicn.tii;'ique en 6laborant
cten analysant
ùes ''modèles'' représentatifs ÙC'certuins "'sécteurs ou
dece~·tains
aspects' de la
réa~i16
étudiée. 'Le
butde
c~s
mocièles n'est pas
de
relj.l~e{?t.ota1emcnt
la réa-litéen intégrant tous.
,§.cs-,élémêrfts
dàns,le~rs
dimensionSet
lelg.S-~tfo~s-
exactes,- mais plutOt d'isoler les
fac---=-==~ Il.
________ ---..0""-0" -te~rs décisifs,
rendant ainsi
~esfacteurs suscepti91es d'une
étude exhaustive.
On
élimine ce qui
n'~stpas essentiel, on
\ .
efface
le.
secondai repour
obt.~ir une v~J.9D.,elaifé'du
pr,in-.cipalt:·,~'tlgrnndit
pour
~~~'îore:r ~~rt6e'et
la
p'r6cision. de
Ilfs~vatj{)I~.
" Un'niodèle
e~6cessairement
itréaliste
-.: :1lU~hS',
be'Plus
ordinairi--d6êe'
terme.' CependlJilt, ct-c~ci:
p06t
paraitre paradoxàl, 'si un
te,lmod~le
est
':biel1fai~, i~
l ' " ,
perm~ttTa de
saisir
laréalité."
-~Paul, A. Baran
~t
Paul M. 5weezy,t~
'Le' Cnpitalisme
~r~Pifisrè'.!1'--.. l 'Maspéro, 1970,
page 33.
? • . RJhZ1 _ Rait. .-œœsi&:œtabiJ ."
j •--a
-
•..
TABLE DES MI\TIERES . ;
~
~
,~
~.
PR[F,'Cl; ---.---~-.. --- ii
I.~ Tnt 1 nduct ion: I.e n0veloppement Socià-Economique du Canaùa à.
l 'l'poqUl' du 1'-](,l'C<1nt llismc et la Question ùu Régime
Scignell-ri~l ' l
A. Tlltcrpr0taUolls Ju Régime' Seigneurial" et
Hod~les
de Déve-',10flP(,J11~nt Socio-I:conomiqllc Globa~' ... --- ..
---7---tt'
- 1
• l , ' "
1. Ln Thèse du I:é'odalisme ---.---~- .• ' l 2. La Thèse du Système dé Peuplement ou de Colonisation 3 Il. Not rc Jntc:rprét .It ion et ses Fondements
;.---J. Développement National et
Système'
r-bndial ---2. Quelques Caractérist iques Fondame~bndialc à l' Ag~ du ~k:!r~me --- .. --- 8
.
---3: Le Canada ;\ ,t~lipôqué Mercantiliste: Une -Fonnation
Sodo-Economique Pérjphérique et Dépendante
--"7---
1~ -'4. Le Régime Seigneurial: Un Instrument Institutionnel ~/ . : Service de l' ,\ccurnulatioll du Capital. --:---/":"-,;;;;::--- 20
"! ~ //~ ,'~
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N
//-
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1 otes ---~~---~'23
,\..
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\ 1 ' I / , I t\ il.
~
Le Régime Seigncürial etl'Econom~;ouTrures
(1608-i79Ü:,, Un Instrument Instl tutionne~" ~ervice de l JAccunvlation t-br-
J
\cantU Ï"ste du Capital à 1 ripMrie, \ 31
J • .. \
..
Introduction.----?
/ ' ---.---~---~ 31 / / . , A.~=!f~~.:~-~~~::~:~~~:-~:-~~::~:~:::-~:-~~~:~~~:~~~.;- \~\3
/ /.
/ , .. '.
. / 1. Des Débuts él l'Epoque de '·Jean Talon --- 33
,~ , \
2. De Talon
à
ln Chut~ de la Nouveile-France'(l665-1760) --- 40 1B. Les Néécssités de l 'ft9z~unrulation du Capital et les M:>daUtés de Fonctionncmeot ~u Régime Seigneurial - .... --- 49
_ l '
C.
La,rcrpetuatioRdu
R~gimeSeigneurial Après la
Conqu~te ---- 62 \ Conclusion ---;-,-~-.:.-.. ---.:.--- --- 67 Notes ---... ---... ---•. ---~ .... --- 70 ·1•
1.j
--,t
\
'l\~'''~_ - ~ ... '1 ~ .'- ,.4. '%i<'r .. ~ ,III. 1.:\ (~Il'S! ion du Régi1Ue Seigneurial dans"fe Bas-Conndn
XIX" Sit'ck: ~\Iestiol\ Nationalel AccUI1U1ation du Capita
ct Survie de 1 'Il1!'titution 82
---~---Int roùuct ion -- --- 82 A. 1.('" Gr:II1(1s Ch:lJ1g,cl,lC'tlts StructUl'aux de la Fin .du XVIIIe
·du Début du XIXc ,L,ièclcs :--- 83
H. I.e. l'onctlonncrncllt du Régime Seigneurial au
Xlxé
Siècle:C]nsscs Socinles
---
t't Question Nationale ---.--- 83---~
- 96IV. l.'AholJtion d~1 RégIme Seigneurial: Une Nouvelle Hypothèse _ _ +\
Introduction
-j---~---'I"---A. Les lJisto~·J('l1S ct l'Abolition du Régime Seigneurial ---:1 . B. Notrc Intcrpr6tntion et ses Fondements --- .. -,--10
.
., \ Conclusion ---:..---:---112 • , b , l ' \ \ Notcs ---:---' ---~-115 CONCLUS WN ŒNERALE 117 BlnJ.IOGRAPIIIE .,.
---.---~---~- ---~~r_~---•..
,
_'J. .1 " , /.
' ,..
•l
,
.
INfROnUCTION: LE DEVELOPPEHM SOCIo-ECQ., 1\D?-l Qlm DU Ci\NADA AL' EP~ DU ?-ERCJ\Nl'I-LIS ~J.: ET U\ QutSTION DU RE.a ~E SEHNEURIAL
,
; q
-Dans 1<.' présent chapitre, nous présentons assez brièvement les diver-ses interprét :ltions du régime seigneurial au Canada que nous ont ~ fourni des
"
généra tions successives d' historiens de tend~ces idéologiques différentes. En delLxlèlllC' lieu, nous 'tenterons de montrer les liens qui existent entre ces interprétations et les tentatives plus générales ayant pour but d'expliquer
,
.
le développdncnt socio-économique global de la colonie pendant la période mercélntiliste. Cefte période va de la découverte
,à
l'effo~drement
du vieil~ire coloniLll t1nglais autour de 1846. Nous entendo,ns ensui te présenter
notre
propre interprétation delà
question, après en avoir établi les. fonde-, ments,c'
cst~ù-dire le modèle de développ~ent global sur lequel elles'
ap-puie.
A.
Inte~rét~tions du R6gime Seigneurial ct ~bdèles
c
Développement socio-Uconom'iquc . dobal. 1.-4
Thès~ du FéodalismeDes historiens de diverses allégeanccs'dfit proposé différentes intcr-prétations du régime sciglleurial au Canada.
,
-~ne première catégorie d'a~teuts, cet-tâins' libéraux, certains
nationa-listes canadiens-frança~s conservateurs et 'certains'marxistes, y ont vu un9 institution féodale. Les intcypr6tations ihdivlduclles diffèrent, on s'en
~ d~utel
sur des points'de détails qui prennent souvènt unè certaineimportan-ce.
NouS
po,uv()ns~~rire.>luelè
'lieu de leurs différences se situe-t--~
2
-,surtout ~l\llllVCall ùe la '~nodéràtion" ou de "l'extrémisme" de leur appré-ciat ion de' ((; "féodalismc", s'il nous est pernlÎs d' employcr ce loangage métüpho·f l'lue.
Ain.., i , 'certains nous parleront de féodalisme "soupl.e", d'autres de féoù;'l1 i sme "théorique", d'autres encore de féodalisme "primitif", cl' autres enfin de f0\lt1,ilisme au sens "strict" ou' Itlarge" de ce tenne, possédant plus ou moins de nuances par rapport
à
la féocfulité fraJ}çaise, -etc (1)\~
Quoj qu'il puisse en être" qu
'11
noUS suffise ici de ~ remarquer qu'à . cette· interpré'tation du régime seigneurial on peut rattacher les noms des'auteurs suivants: G.' Frégault (2), F. OUellet '{3), D. Creighton (4), W. B.
r-HlIlro (5),
i\.R.
~'. LO\~cr (6), J.P. Wallqt' (7), L. Dechêne (8), L. Groolx (9), , ,le géogr<lphe, R.C. !larris (10),. etc (11).
s.n.
Ryerson (12J. qui base soniJlterprét~ltion sur lIDC analyse marxiste gén~ralement identifiée COITUl1e
"orfo-• ,
doJtC", 'parce que dominante, arrive
à
la même conclusion que les auteursci-r •
dessus.
Ramenée
à
son pi.us petit dénominateùr COJl1nlUl, 0 cette interprétation du.
.
1 ~ '! ..
régime seigneurial peut se r~sumer comme suit :'c'est encore le féodalisme qui caractérise la France de l'époque de' la colonisation
du
Canada. Parce\ "
p .
que 1@ métropole a tendance'
à
rep~oduir& 'dans ses colonies ses propresins-1 , ,
titutions J elle
y
exportera donc des institutions féodal~s. D1
s d~ffércncesdo points <;le vrIes jaillissent entre les auteurs eR ce qui concerne la
qucs-, 1) \ r
-
.
tion de l'adaptation relative ou de l' inadàptation de cette institution
féo-dale • Certains
yperçoiv~nt un~ in5t~~adaP~ée
au
no~cl
environnement
nord-am6ricain subissant néanmoins l'~act de celui-ci g6ographic, 6conomic;r :
,
"
.
.
.
-
l-,
t''r. v j,
, , '.
...
3
-co}on1n]<.:5, vOlsinage unp,lais et amérindien, etc. (13). D'autres (14)
.
.
sout iC/1JlC'1lt le contraire et considèrent
,1.7.
régime come urie survivanceillut ile ct 6Clll ombrante. /
,
Qu'ils le reCOJUl,llss~nt de façon ~xp,~icite ?u que cela ne soit qu 1 jmpllc l te dans leqrs, t~~tes 1 cette catégorie d'auteurs considèrent
"
ln co10n1 C cal1Jùienric comme une sociét6 dualiste au sein de laquelle
exjstent dClLX 'secteurs pl1JS .ou moins bien délimités ; un secteur relaL
, ln \
t i veinent moJenle, celui du commerce' des fourrures Ou commerce général
, , '
-.,~ cnt TC la métropole et sa colonie ; celui de liagricul turc dominée par
des insu tutions féodales. Ces secteurs n'ont supposément que très
peul
ou pJS de rapports entre C'LLX et ne participent pas dum~e·;''univers''(14).
Bien sOr~. certams/ auteurs plus prudents ou mieux inFormés
.
,
(15) ont dé-cotNert que les r~lation5 entre les' "deux" écol;lanies étaient plusfré-quentes ct soliùes qu'on J'avait d'abord cru. Mlis ces constatations n'ont pas llJJlC~ de révision de fonds de l'intetpr6tation générale.
A remarque:r
en
tenninant cette section que 'c'est avant tout , parc~ que le surplus (i.e. eXfédent de la produc~ion sur Ja consonma~jon néces-saire pour assurer la recQnstitution de la f~rce de travail des censitai-' res que s'apprp:ie \e Seigneur)'~st approp;·ié.~r ~~ie. d~ ~it
ct non pas,
Cil vertu do r~pports marchands, au sein du régime' seigneurial, que ces
au-1 (~, 1
-rJt
• h'" •
't ,,: ....
:~~
tcurs le , con~idèrent comme féodal.
,-•
:: 2. La Thèse' du Système de Peuplcrne1nt
Ott
deCOlonifa'tio~.
:e>
'.
!'.. La dcuxiàne
-catégoti~
d'historiens -constitue~ regToûp~cnt
moirts 1s ,; . ;
•
•
•-
.
-, \ 1 ":;; ~'I"'" "'"'. ,.'!.~""'I v ~~~r<'
-4-t
"hét6rogènc" que la précédente, Elle maintient, au delà des nuancesin--...
"
.
dividuellcs, -que le régime s-eigneurial, loin d'être lUlC institution féo-dale, fut simplement un système de peuplement ~u de colonisation et que
les seigneurs ne furlmt p~IS des aristocrates puissants,mais des agènt~
,
\
.
. '
~de pcuplement •. Les différences entre les auteurs 'de cette del1:-,<ième
caté-- l'" J
• 1 Il " 1 ~
goric ticrulcnt. daî'fS ~ qUc'süon de "1' impoitance du régime seigneutial :. /
au sein de 13 société coloniale '~ (16). Certaihs' le considèrent COlllTlC
,
le fondement de l'organisa t ion. sociale 1 éconanique et militaire de la
co-lonie ; cl 1 aut res pcnsc11t qu'il n'a eu que 1 peu d t'~portance dans 1-'
évolu-tion de la société sous le régime français,
Les principau.x noms qu'on peut inclure dans cette- -catégorie sont •
,
ceux de ]-.1. Trudcl (17), ]\', Séguin (18), G. Frégaul t (19) dhns ses écrits' les plu§ récents, C. Nish (20),
Ces auteurs acceptC'nt, eux aussi, généralement la "supposée tendan-ce ~ la reproduction des institutions métropolitaines" dans les colonies
(21), Ils nient la
thèseùu
féodalismeen alléguant
que'lesrse~gneurscanadiens n'avaient pas les pouvoirs féodaux europécn,s (dom1m.D1l plenum) et ne sont que les "fjdéicOImds" ou agents du Roi de" France. D'autrc~ 'insis-tent quc. les seigneuries furent conCédées souvent
à
des conmerçants et qu'on ne pourra'it pas fairc' de ceux-ci et des sei'gneurs deux classes dis-tinctes. (22)'.
A la basc de cette scconde in~~!'Pr6tittion nJ)us retrouvons la ''vision'' __ ~ . (23) nationaliste QU enc:ore l'
in~eZ;~~tation "r~visioJ1histe J)é~rôn~iiste'"
~ " ~
--
-:~ -.--:
:----
--
--
,.-1
, ..
~ '1~~ ~"~:t ~" r"'W'~"":" IItIJ~P~fi';t:~i"/'i-"'J~'."'-«:'t .~,,~:t~JI"~\~~~I~~'~~-;r'~. 1 1 ,-5--j ,
"\
la NouveJle-Fr:lI1cc sc développait comne
me
c9lonie "nonnale" (i.e.con+-i
.
me les Treize Colonics~l\éricain,es). Une ,bourgeoisie nationale y
exis-t
tait. Elle dominait le dé~eloppement socio-économique de la colonie.1 1 / ~ ,1 ,1 1 !
i
;' 1"1 1 1 •"
1 ,1 Illi
1]N'cOt été de
ia
conquête ,mglaise,- le développement socio-éconcmique de la Nouve) 1c-) rance a.urait reproduit 1 'exp~rience "nonnale américaine" ct permis ti 1.1 cOlonic' de se développer ''nonnalement'' corrme nation indé-PQndontc, sc séparant éventuellement de la métropole (25). Nous criti-querons plusl~~cettc
.
positionna~ve
autant qu'idéalïstc·,..qui n'apparaît, ., \
• que corrunc lUlC vers ion moderne de' 1 'histoire du Canada "des curés",
tradition--
-nellCJllC'ht rJiscignée au Canada fl'ançajs.
...
B. Notre Tnterprétation ct ses Fonùements- t
Aussi paradoxal (26) que cela puisse sentl'ér, ces différentes inter-pr6tations du régime seiglleurial procèdent d'une. 'cc:mnunÇl démarche. En cffet tous ces auteurs tirent luurs conclusions/de 1 "observation des caractères 1
,
-..
, /"généralelllcnC' associés ~ll f~odalis~'/ La grande diff6rénce entre les tenants
.-du féodalisme en Nouvelle-France et ceux .que, pour
,les
fins, du pr~sqnt textc~, 1
nous désignerons cOlTDne leurs adjersaires;, qui affinnent sa ''nçm-existence'', vient d'une perspective dHf,érente malgrê que leur proBlématique de base soit
conmune. )
1.'
" I d , 1 •1
/
l ' Le.s
pronier~finncnt
l'~.
e basant surtoutL-~~-1er
ormes • prend l'appropr~
tian du ,surpl!",a~
sein, du régimeseigneu-i
rial : quint lods êt ventes, cotv6es, banalités _ ,etc, ou encore sur les in ..,
p
tcnt ions '. ppos'Ses qui ont poussé la m6tropole à,lJDplanter le régime, i'au··
Ilela1 do 'son onctionnement daJl!i la praUque. ,JAs sec.onds nient l:' exist;ence du
f~o-Î
il1
_____
1 - -_ _ _ _ _,
••
o
•
•
6
-dalBm~ en 1\ouvclle-Frnnce en se basant largement sur ce fonctiOJmernent
, ,
.
dans la pratique dans le contextè colonial : i l existe des différences
' l ,
entrc les pouvoirs, droits, \~tc, des seigneurs et.censitaires coloniaux et mét ropoi it.:1ins (27) ; l'environnement nord-amtiricain change jusqu'à
1<:1
nature <.lu régime seigneurial français qui se transfonne dans la co10-nie en, un nOllveau type institutionnel (28). Il apparaît curieux de voir c'ornmcnt ccrt':UllS auteurs de cette de~ième catégorie évaluent souvent les "mérj tc,s" ou l' imPo-rtancc)u régime seigneurial ''pour lui-même" en l'iso-lant plus' ou moins de la totalité socio-êconomique coloniale (29).Nous pensons que la dématcht=; coomune
à
toutes les tendances histo- ,-
\.
riogrllphiques ci-h':1Ut, de déduire l'existence ou la non-existence du
féo-.
.
dnlisl1Ic cn 'Nouvelle-France, à l'époque étudiée, en se basant sur l'obser-vation ùe car':lctèrcs "généralement" associés au féodalisme. "cla'ssiquc"
c
'.
constitue unc erreur de la plus haute impOrtance. Cette erreur corranune a-mène c('s auteurs ~
cles
c.onslusions et des interprétat10ns fausses sur la réalitédM
~évcloppement socio~é~onamique de la formation canadienne,avant . ct ,après 1854, date de l'abolition du régime seigneurial qu'ils interprè~tant pour la plupart COOlllC marquant la fin de l'organisation sociale
féo-• ' - ' . , • 1
dale ou traditionne~le selon les auteurs et de toute façon
les
débuts del' or.canisation 'sociale ''moderne'',
c'
est-i·'dire capitaliste (30).,
Cette erreur fondamentale consiste 'dans leur ,utilisation du
"tlllrri-.LJ1Il./.L ... , .... te PU explicite d 'analyse, ce qui
favo-rise
chezla
plupart, sinon chez tous, la perpétuation.du mythe de l'exis~ tencecl
'tp'le sociét6 "dualiste" (31). Nous entendo~ démontrer tout au--:--lonc de
..
not~~' tèxte la fausseté de 1,,' ~terpré,tati~' "dualiste" du dévcl~,
•
/
I~
~~~~~
... ____________________
~____ --____
-,~----r-~---~---~~---~---~ , \\
o
\\
\-\
\
\
\
.,'7
-,panc!1t soc J 1)'-éConollliquc de la -colonic canadiclu1C
à
-l'époque mcrcant1Vstc.1. DévsloPJl~ent National et Système N5ndial
• • 1 , 1
\
Les prémisses qui fondent notre int~rprét~~~on sont toutes autres et
\
\(los conclusions, en conséquence, diff6rentes.
\
\
,
\
\ Il est maintenant clair que le "développement national" au sens ou
\ \ 1
'1
'i~éologic
libérale ou -plutôt ses savants apo{ogistes employaient-c~tte
ex-\ . ,
.
pres~on
(32) cst~c
conception de l'espritdémenti~
Rar la réalit€d~
dé-velopp'c;mcnt h istorîque moderne. Plus.~eurs auteurs ont en effet rédui t en\
miettes \ la
..
thèsé du "développement national" et démontré que le territoire"... '
-national
pc
constitu~ pas l'unité d'analyse 'appropriée pour l'étude du déve-loppement économique ct socia1 à l'époque moderneCi.
e. depuis la, [;in de la Renaissance) (33). L 'ooi t6 d' anlyse adéquate est l'économie mondiale qui é-merge au cours du "long sehième siècle" européen (34) pour se tr.ansfonner. plus tard,cn l'écOJ1omie mondial~ capital~ste.Nous pouvons définir une éconcrnie mondiale ccmne
.
, 00 système 'Socialmon-tlial canprcnant des participants
à
systèmes politiques ct. culturels multiples, . mais au sein duquel existe une division du travail'~ique (35). Un systèmeso-.
cial est une entité au sein de laquelfe ,existe une division de travail _telle sont dépenda~~~ de 1.'.é~hange ~vec les autres sec-' '
e et ad~quate de leurs besoins vitaux de subsistanc~, de sécurité c,t de: plaisir (3~)·.,
" : t • i .1
/\
.(~--~
.
' ,-:,-1
. / / /
•
.-...
•
Q
- 8 - v / 2 .Ce qu'on
trouveà la base
de la
colonisation. européennedans le
Nou-veau ~bndc, ;) partir du :XVIe sièclé, c',est l'exp~nsion du capital mercan~ tilistç a]]i0 aux pouvoirs monarêniques (37).
Lè 5)'5t ème' merçantiliste européen consistait en W1C série de mçsurc~
mi ses de l'avant' dans un but de consolidation intérieure ct d'expansion
exter-,
,
.
1
ne. Le mercantilisme représentait la contrepartie économique du procesSUs
• l
li,tique par lequel les Etats furent intégrés et "renforcis. Il' y eut -a1ht de
va:~.:tntes ùe '~nercantilismes" qu'il y avait
d
'Eta~s s' ew::ageant 'danye tellespoli
t~quC's, le facteur COImlLU1à
toutes ét~t l'existence du "capi al marchand','COJlI1le prine-ipal mode d'accumulation (38);
'.
/
Il Y
a,
à
cette époque, une contractionde
la fr ntière, écon ique quiprovoque l' :intcRsification de
la
concurrence e.ntre es divers s cteurs de la classe marchande europécnne qui qeviendront, e '!favorisant~tats-Nations m~dernes; les bourgeoisies ~ ~onales de vers pays
(39).
' .
' . "
/
. .
/
. Dans le... cadre de cette
exp~n
c<;lMlel'c'a~
5' organisera, dans le Nou-veau~bndc
ct ailleurs, 'lapsr~rie
du sys IIOndia1 nQuveau. Diversmoy-, /
çns 'SOl1t mis 'on oeuvre paû~ effectuer 1 ~l1Îtégratj,.ôn Ides. société's locales
Il' ,
, /v" ,
11économic mondiale- :
échange
simple, g6n~ides, conquêtes et restructurations,.~
çe celles-ci,
cr~atio~·denouvelles for.mes d'organisation sociale, etc,
afih\ '
d"'y
dé~uction
-
de
marchand~·,es
destinées
au marché mondial (40):-
.
-
'---,~(
.
, 1J
1 ~./
~
...
o
/ /
• 1
" / ,
" (Le capital corranercial) Il trouve pour réaliser cet objectif l'ap-pui c1es nlonarr. ües centrales dont i l soutiendra les élJ1Ù.)i tions ,en
fa-,'cilitant par l a is:'lI1cc financière que, son, épanouisscmen~traîne le recrutement cl' a :mécs de métier et la centralisation de l' ,hùninJstra-tion. L'offre d r ichc~cs nouvelles qu'alimente ce conillcrce aura
W1 :iJ~lP~C~ sur le éoda1fsme dont i\javOrise la désagré~atiop.. I l (41)
/
"
/Bien, ontendu, COJl1l1C
c
rt~s
1'0~t reco~u, les
risques inhérentsà
cette collaboration étaient
gr~s ~,
les fruits de la réussite nel'~taient
pas moins (42").
\'
"",
" " l '
On considérera donc, ici, les
soc~t~~"
qùi se sont développées dans le\ ~
Nouveau ~bnde, à la suite de 1 'expansion e~péeJUle,"t~~ par~ies integran:-tes du, système social l.mique que constitue l'éçonanie mondials't mise en place
à
l'époque. De ce faH le développement socio-économique doit y être étù4ié... ~ -
:'--
"-de façon globale, c'est-à-dire
à
l'échell'è dusystèmemon~ial dans son erisen:î-bIc. Dans cette perspective, il nesaurait
y a~oi,r de stages ou. cl' étapes{1é1-tiollales du développement économique :' si ,étapes il y a, elles ne se manifes-t;ent qu'à l'échelle du système social global, seule unité d'analyse adéquate.
En 'ce qui concerne la fluestion du. ~'duali$ffie" supposé de certaines socié-tés colonial es : di vers auteurs ont montr6 .que cela n'étai t qu'apparent. , En
' .
-fait, canTI~
l'6crit S. Amin (43) les
pseudo-soci~téstraditionnelles
ouféoda-.. ; <
les des [OI1I\;lt ions socio-~conomiques périph6t:iqucs sont intécr~es plei Jl<.'llIellt ,
il
l'économie mondiale bie~ que de façon sootiléou
"cachée". Nous le verrons pour ce qui concerne la"société seigneuriale" dans le canada colonial..
'.,1
• i , , _
Tout ëe 'lui
précèdenous
œne
àtrait.er d'un problème par.t*ulièremtnt
.
,6pineux : celui de la
nature
du systœte mondial de 1 ~époque., . : , 1 1 \
o
•
, \
o
10
-Certains autC' ... s (44) l' ont qualifié de "capitaliste" en partant de la constatatiol1,Aue .l production prenait son chemin. en fonction des
possi-
'-bl l i tés de VClltc pcitr le profit sur le marché mondial. D' autr~s (olS) ont .f'
cependant crit.iqué cctt,.c interprétation q4i accorde plus d"":iJnp~r.tance à la ''lIsphèrc de, la cirCUlation
d,~s
marchandises qu'à ce1le de leur production.A la su.ite cie ces derniers, nous consid~rons ici le capitalisme com-me mode de production se- définissant à partir de l'appropriation exclusive des moyens de proJuction, produits du travail social, par la' bourgeoisie . coovnc classe. Le mode de production capltaliste se définit par trois
carac-.
.tèrés esscntie}s : la généralisation de la .f~me marchandise au produit
so-dol entier ; l'acquisition de la fonne marchandise par la force de travai~
clle-mêl~eJ qui signifie que ie producteur "liQ,rc" séparé des moye~ de
pro-:;
ducÙon est devenu pr~létnire ; l'acquisition de la fonne marchandise p':lr
les équip~'lI\eJ1ts dans lesquels se concrétise matériellement W1 rapport so~j al,
le rapport ,d'appropriation exclusive de classe qui définit le capital (46).
"
Ainsi défini,
le
mode d~ prDduction capitaliste n'existe pas encore de r,l , 1~
t'ait
avant la révolution inâustrieÙe en Europe l,, " 111e inùustriill, :pcvoluÜon in England at the end of the cightccnth ccntury crented the conditions for an expansion of the cûpitalist mode of prOcf'llction in Europe transfonning it \into the domÎJlûnt sys-tem of production precisely because the merca~ile m::mu[act:uring , period haù "pavcd the lia}' for -a division benree the o.'mers of the means of production, on the one band, and n fre labor force on the ôthcr. 1110t pcriod had a1so ércated conditions \favouroblc fol' in-,tcnsiVc capital acç:lIllulation on the basis of a m~nopoly of
intcrna-t~onnl tradè, of concentrated and fle~blc f~ial ~ctiviy, apd
the dostruction of the small peasant economy. Finally the division of labour .\\'as st:imulated in thcse manufacturing sectors which faced constantly gradng internaI and ·extctnBl marke,ts (47)".
,
.
"'1' ~ ~ ~ <,1) ".HI1-" .'!~~ ~·~t...,'&\'iYif,~ , ",~. ~;~
11
-LI e.xp:'lnsion commerciale de l'Europe consacrera la fin du vieux mode de productIon f.éodal.
Historiquement, le féodalisme (48) européen est né par suite de la destruction de 11 ordre social a!lti9ue et des relations économiques qui y
prédominai~t. Il se constitua' en tant que produit de la désarticulation
de l' ancien système socia1 (49). Le féodalisme constitua un recul
par . rapport au système social qu'il remplaçait . .cela est, il va s,'en dire, plutôt contraire au processus de mise en place de nouvelles [011I1CS insti
tu-, ,
tionncllcs dans ] e Nouveau ronde, dOes
à
l'expansion du système mondial.A la périphérie du système, pendant la . période de transition au capi-"talismc dé\:CIOPPé", appnra
~cmt._~es économ~es
coloniales d' eÀ-portation avèc,
---COI11110 pr inci'pale conséquence que J contrairement
à
ce' Hui· se pass~ au centre,il n 'y aura pns de développements de 'marchés internes au sein de .ces
fonna-.
tiC?ns ·socio-économiques. I l faut souli~er que l'organisation sociale- ct
é-.
conolllique des fonnations périphériques est d,irect~nt fonction de leur rôle
\
,1
d'e?'P0rtatcurs de.produits primaires au se,in de ll:éconanie mondiale. Il ap- . \ paraît ainsi erroné de les classifier cOl1llle des sOCiétés féodales, où d 'y
dé-couvriT un quelconque secteur 'féodal. C'est leur nature "exttavertie"'qui , leur ÙOlU1C cette apparence.'· Ces fonnations socio-économiques sont néanmoins caractérisées, corrune celles du centre, par Un unique mode de production :
ce-, • ~ t •
lui .du' système mondial dont elles sont parties. inttigrantas et qui en est lU1
,~e transi tion ~ers le capitalisme' développé. '\
l ,
~
Cc qui, en fait 1 spécifie
4-e
Cara.ct~re patticulier du d6veloppcment \ ....s~ ~o-économj
que des part ic ipantsp~riphêrlltUes"
c (estqu'il
s'effeéiuc'
sOUS.,,,-*l
~~-+
,.
\
11
,
12
-, l
le signe de lu dépendance"Depcn~ce is a "condHionning situation" in w1)ich the economies of (", group of cOl.mtries are conditioned by the developmeDt and'
exp. ion of ot] crs. A rela tionshlp of interdependcncc bctween t' such i.'conomies "nJ the world trading system becomcs a dcpcndant position when sOllle countries can eXpand through self-impulsion
",hile othcrs bC'JIlg in a dependcnt position, can only expand as a rcflcxion of th!, expansion of th~ dominant cOWltries, which may :. have positive or I~cgative effect ·on their immediate developrncnt.
\1
" 1\
1
o.
In eithcI: case, l he basic situation of dependence causes these countries to he both backwards and exploited (50) ",
COimne ils possèJc'llt la prédominance aux niveaux tecJmologique,
com-9P.
mercial, socia-politiqul' ct à celui dèS cap~taux,' les pays 'du centre'peu-vent, pour ces ,raisons, exploiter ceux de la périphérie, en-s'accaparant une partie du surplus économique produit localement
à
la périphérie. Cela tend à provoquer ~ 'apparition des caractères structurels du ':sous-dévelop-pement!" dans les fonnatlons de la' périphéri~ : inégalités .sectorielles de!
productivité ; désartic\lln.tJ,on du système économique ;' domination'
extérieu-,
..
re. La dépen&mce et le "sous-développement", é' est-à-dhe les fonnes de développement spécifiques à la p6riphérie doivent donc &tre considérés comme 10 fruit-de la division internationale du travail entre les participants au, systàne mondial-(51) =
.1
''DcpcnJcncc theJ~, is' bascd upon an international division of labor w)üch "l1a~s industrial dcveloplllent to toke place in SQlno countriès
whilc rcstdcting it in ot11crs,
which.
grdwth is conditioJmcd byand subjectcd, ta the pO\~er center of thé world (52)". ,<II&. J
A partir de tout cc qui précade, i l n'est .d~c:: que, logique de
consid6-J \ ' J , ' •
- rer la mise en place dé l' cncomienda latino-_ricaine ou du r~gime
seigncu-. seigncu-. seigncu-. seigncu-. \ ! . r'l, l ,
~ial ('en NouvcHc-France sont aussi inhérents al;l SYstèm~ IOOndial que 'le déve- • loppement
du
mouvement ·~cs "enclosures" en Angleterre Vers ln mêm~ époque (~3).-
..
...
':" 13 -
.
' ,Alors -qu 1 au centrc se 'développe la producttorrmanufacturière, la '
pér!ph6ric est maintenue',JJ1s son rôle d'~rtateur de produits primaires.
, / / / \
-///Lè proccs~J.IS- de développc;. '.)nt de 1~ 'seconde est conditionné
Ci.
e. doit se/ /
confinet aux limitcs que j di -impose le développement du premier) par le
dé-. -
,
.veloppcrncnt des pays~il mts, tant qu 1 eDe continue de participer au
sys-/ '
tèmc,
à
~-> rnorhS~ile réu~$ise
à y changer son rÔle, 'donc son statut./
/ '/ / / ' / / / ... , 1
/ / '
,/ / / ~/- Rernnrquons enfin q\ ~ la dépendance n'est pas nécessairement
tili
phé-_/~ ~
/' nomène
à
sens uniquc :o
Il The cnpitalist .s\ .;tem arise like a central star \ofhich exploits an entin.: system
d'r'
.;atellitcs and sub-satellites whicJi in their turn exploi t those 10h 'r in the system (54) . I lLe phénomèno de la lépendance ne se. limjte donc pas, ddit-on conclure,
"
au niveau international. )n le retrouve aussi d'une région à une autre
à
l'intérieur d' Wl même pars ou entre deux pays "dépendants" (55) .
3. Le Canad~
à
l1Epoque ~ércantiliste : Une For-mation Socio-Economique Pèriphéiique et Dépenaante, , i
L'analyse du développement socio-konanique d'W1 pays quelc0!lque
pat-, " ticipaJ')t au système mondütl doit, pensons-nous, s'organiser autour du rôle
r
, qu'il joue dans la divisioJ\ internationale du travail en tenant compte du ca-dre historique global au s(·in duquel i l joue ce rOle. Ces facteurs
marque-\,
rqpt au plus haut point, f,lndamenta191lent : le mode spécifique de g6Jlération du surplus qui sera caractt-ristique de cette fonnation socio-,éconanique ; 1 'ex- ,
istcnce de transferts évent~els de surplus 'en provenance ou en diroction
d'au-,
trcs secteurs ou formation~, socio-économiques la distribution interne de
Ce
." . ' ',1
, '
, ~ ,
o
14
-surph.ls entre lc,s di[fél 'nts participants (classes, autres groupes so-ciaux) ainsi que le cadr' institutioIUlel·dans lequel ser~ généré', ce
sur-i.
plus.
Les n0ccssités d(' l'accumulation du capital
â
l'échelle mondwle\
ont touj ours ct partout ,Ü]1éré div~rses fonnes institutionnelles te~da\t
\ '
. $ , \
à s'adapter au rôle spée fique joué au sein.de l'économie rnond~ale (56).
A 1 '0poquc' où déb te la colonisation de la Nouvelle-France; la mé-" tropolc curopéCImc Cl com encé
à
accwnuler sérieusement du capital. Sonsystème mercantiliste, C 1 expansion, vise
à
protéger ies intérêts des~
bourgeoisie nntionale. ':orrme ses concurrents hollandais, portugais, an-gla1s'; etc, ]e système rnercantiliste français, dans son expansion
à
dlau-tres continents, a imposé diverses fonnes d'organisation économique et so-ciale, var lant selon le lieu, les .circonstances et le temps, s'adaptant tant bien que mal."
Aux sources de la colonisation de .:la' Nouve11e-Francé~
se
trouve donc fondruncnt(11cmcnt l' exponsion camnerciale' de la métropole financée par le.
'capi tal marchand avec l'aide de l'Etat •. ,Le rôle 6conomique de· la colonie 6tLlit
oc
fournir dt!s pelJcteries, man::hànd.ises rares et prlkieuses, ~ la . classc marchande métropolitaine. A cela se greffait, avec 11 impossibilité de l'en disjoindrc, l.'aspect militaire de l'en,trepr~se coloniale qui con-sistai tà
contrer 1 'hégémonie de l'Angle-terre dans cette partie du NQuvcau~ 1-bndc:
1
:. 1
1
C'est
a
partir de ce
~le
A,
1~
jOis éconOmiqueet
mi4
tairequ'il
\
!
1
1
o
L--
.
·'~"·"":l"<iI''1t."·~''~·~'''\.~~·'''''''''~''''"'~'''.'''~'''''ffl·,~lI'~~~!I<'''''''~,,'l>l(:~,.,~.~..., • ..".~ ""X"" lS-.
fau~echerchcr
les bas( s dps institutions' seigneuriales impÙntées dans la colonie et les condjtlons des modalités de leur fonctionnement dans la pratique (57). Née de l'expansion commerciale métropolitaine) la colonie nord-américJ.ine est deI enue dès le début partie intégrante de la reproduc-tion économIque en [un pc, de maniè're directe ou indirectement de par l'importance de son rôl e militaire.,
Qu 1 est-ce qui a t t ire la France sur les bords du Sain t- Laurent ?
Dans le premier quart du 1VI'e siècle, celle-ci s'intéresse surtout
à
son expansion dans l~ màrde méditerranéen: l'Italie l'attire ?lus que le Neuvea u ~bnde. Md s la r ichesse q~e s' accapa re l'E'spagne déc ide cn-fin la Franceà
encore que pour
course atlantique
(1524) :
mais ce n'cst l'Espagne cherche depuis un quart de, siè-ectement,enAsie
(58).En
1541, l'expédi-tion Cart.'ier-Robcrval cherche ce\"Saguenay
riche en, or, en argent et en'-'1
épice". De même, plus tard, au début du"XVIIe siècle, c;hamp1ain explo-.' rera les cours- d' cau
à
la rechcrcll du f3J11eux passage vers 1 !Asie. Bien.
.' \
' ,~.:
,entêndu, 'cette course
à
la richess est lêgitimée par une propagandea
pré6::l1Hons religieuses et civilis~ ric~~"bien menée. Carme dans le cas espagnol le christianisme doit 1ass.~au
rang desannes,
idéologique icirde
l ''invasion européenne;"
Enfin, après biùlI
\
~
',"\.
des
Périp6t'ie~ C~l~ialIi!S',
liécs.jtaux querellcrsrc-,"
ligi~usc:s internes, l'J:c.li,t de Nantes, 1 ~yènanent d',un~ paix relative, c'est
a~ant
tout1.'
ouv~rture
.d·' un 'marché pour nord-américaines qui,
attire de 'nouveau la Fr;1/1CC sur les cO.t,e canaQ~,~npes (59) ..
_ /
/ " /
•
,
-
- ""'"""1,
':~. r'~."'~'~':r',"""~~.""I4"''\''<'Jf1~'''>Ir'''(>'''fII~'l'''I!!ll'~~~~~~?,'''i!YS
- i6
Lcs français in51 llleront sur 1cs rives du St-Laurent une société dépcndante qui ne tendr;l
a
se développer qu' en fonc~ion cles bes.oins de li{.métropo~f .~uropéenne,
,)0
.... ' ,
La h' d dJ
" , \
~
hi 1 lt cse u ctenumsme gcograp que ne paut pas occuper a pace
o "
pI:'édominbntc ùans l'explication· du d6veloppernent socio-économique de la société 'c<lmdicnn~
à
l'époque mercantiliste. Champlain a eu .le choixen-,
trq la 'Possibilité de s'installer sur les côtes' de ce qui deviendra la Nou-vellc-Al)f!lotcrre et l' mtérieur du St-Laurent. 'S'il choisit ce second
em-.
P1aë~nt ·(Qt~~b:,.c).
c,,:sta
la suite de lnatifs mercantiles ': afind.::a~~~
rise:r l' emL1l'] sç
~onopo
1 istique de la Compagnie. dont il est l'agent' ct qui ne s' iJl~é'ressc -qu'au COlmner-ce des -pelleteries que lui disputent descon-
~----"-current$..: <l-llgl~is /' poi"tugais, hollandais. bevant:J.1 impossibilité de détrui-:
rc leurs concurrents sur les côtes, la création de Qu~bec"
à
l'intérieur des terres devait assurcr le monopole J60). Ce 'furent les j.mpératifs ùe la~ ~
trai te qu.i ~risè~~lc choix de Québeè et non ccmne certains voudraient:"
~ - '}of"
nous faire' croire."':le êemtr~ire. On connait l'impact que cette déçision a
cu sur le développement ultérieur dl,l Canada colonial.
)
- ~,. Le
rM
~,
la)n.ai
c' nature de la colol'}ie ne sont pas contestés ~ . .,.'pour/ la
,
pér iode qu i précède ·16flO et plus sÎ>écifiqu'èment
1"
intendance de Jean Tal(?n ...
On admet g6nC>rnlcment que jusque 'là, la, colonie n~ sert qu'à ranplir les gous-sets des
·'n.:h~nds
fran<;ais. Mds les te:harits dei lath~se,
du''pseudo-d~vel,op
pcmcnt no l'Ina 1 " , -entre autres, ont tendanc:e ~ rectmnaItre que l'époque 1660- .167'4 marque' le "vrai départ" d'une Il:0uvelle soci~t~- qui ,se développé
"nonna-1cment" au .. '< points
de
vue social, ~concmique, poÜtique et é'û~ture1. Ils s'efforcent ùe trouver lm ~arallèle entre 'la' Nouvelle-Fra~ et les Treizel ' ~ ~_
" ;, ,
~:f-~'" \
\
''
.
.. ','\
, \ \ \ \ . \Q
.\ ,17
-Colonies ,i\l1l~ricaincs, cC' lstituant pour eux le cas type du "dévelopPC'lllpnt
nonnal" (61). •
On il vu plus h.1Ul ce qu'il faut penser de la "nonnali té" en
matiè-! ' .J ~
re
d9
dévclopperTwllt soc' ,-économique, Cccupons-nous maintenant de lathè-se) auss i ahsurde, du "v ai départ". Il apparaît clairement qu'après ,corn- "i
,
me avant l' 1l)tcnd~lKc \oh: J. Talon rien ne change fondamcntalanent dal\s Le
développement 'Socio-écb/l )miquc' de la colonie : il n 'y a aucunement rupture mais bien continuité. ] llc continue de se développer en fonction des inté-rêts métropolitains et llon pas de ses intéinté-rêts propres. Cette si tuatiop se maintiendra Jusqu' ~ la fin du Régime Français (62).
L'occupation, h' peuplement et les fonnes d'organisntion dc la
vie
socio-éconoflnquc de la co]onie, en un mot l'expérience coloniale do ln rrart-ce, les buts
qù'
elle poursuit, rien de tout cela ne prend fonne dans le;Vi-de. L'expérience frànçaise doit tenir compte de l'envirolU1ement gJobal (l'é-conomie !)1ondiale) où évolue la métrQpol~ et au sein de laquelle elle lutte
.. 1 I l
pour l'appropriation
de
la plus grande partîmssi.ble dusurpl~
qui s 'y pro-duit. Cet cnviroruteincnt est essentiellement dynamique. ie--S-nO\,!vellessitua-,
1,--"
,tions auxquelles i l faut faiJe face, avec )esquelles i l faut abso1tnncnt canp-ter, sc succèdent, souv-cnt
ind.épend~ent
des volontésmét~~oli
taines, s' at-' cumulent, génèrent quant itésd~
contradictions fondamentales ou secondaires auxQucllosila
pOlitique doit faire face, tenterautan~
que~oSSible
deré~
, l , ' , -
"-dre po~r le ''mieux'' sans bien souvent artiver
à
une adéquacité optimalè..
',
;\
' :-",~-lùns·,:r'
<ks marc)wnùs~rànçaiS
établissentà
QJêbec une colonie deéomp-~
1 !, 1 t ,
, , -
.
.}\ "toir afin de mônopl:)~~J la-'~tê (les fourrures. Ils y restrcign.cnt volon- "
, -~
~-\
).-r '
,
~
Q
18
-taircmcnt 1\ peuplelllent, .\ycuglés qu'ils sont par leur intérêt imllédiat:. afin de ne P,IS nuire à ] l ur monopole. Ceci vaut pour la Cie des Cents As-sociés après les échecs 1 ctentissants de ses débuts.
~~is la' concurrence hollandaise et anglaise les pousse à ouVrir
d'autres comptoirs plus ;Ivant dans le fleuve Saint-Laurent: Trois-Rivières (1634), ~bntréal «1642) :\ fin cl' eRrayer l'interception des fourrures au
pro-fi t des co1omes du Sud.
~Parallèlell1ent,AlOI1S le temps,
à
ce processus d'occupation duterri-toire qui sC' poursuivra jusqu'à la fin de, la NolNe11 e-France. d'autres né-cessités app~Haissent, J j 6cs
aux
précédentes, auxquelles il faut répondreou abandonner le conunercc lucratif. Ainsi face
à
la cçncurrcnce étrangère de plus en p]lIS agressh ,,', i l faut procéderà
des rationalisationssucces-,
.
sives au sein de l' entrcpr ise coloniale : plus il faut occuper de territoi-re, plus i l apparaît nécessaire de le peupler pour le défendre. , , La succes-sion de· pl~icurs compagnies dans la première moitié du WIIe siècle et par-ticul~è'rement la mise sur pied de la Compagaie des Gents Associés en 1627, doi t être interprétée en ce sens. Coome le disait le préruwle de la
char-- . 1 :
te des Cents Associés
"
'lfuving in viaV' 'the establisment 'Of a ~erful1 colony
in
arder thatNav Fr.'1ncc ,vi th <111 its dependencies
may
ounce and for a11 bccane a dcpeJl(lcncy of the cra.m withoutany
danw of i ts being seized by the ki ng' s ,enncm j cs as might b(! the ôlS'Q if precautionnary mcasures arc not taken aga inst such a' conting~ncy - and wishing likewisc to """" 'l'cmci1)' to tHe fnu] ts of the pas.t 1 since under the management ofin-.diviùuals ,,,ho posscsccl the whole of its' ttade, the country MS bcen 1eft uncultivat('d m:d almost wholly
void
of population •.. His{.m-mincncc the Cardinal dcems it irîcunbent upon him ta opply·a relllcdy 'nncl t.o correct such abuses, thenty following the-~ishes of' his
ma-) cs t y -~ " ,( 63
J
. , ' ..-"
, .
1 ! 1
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1Q
-... - - ~ 19 ~-La Il ~cessité de lk~fendre pour eÀ-ploiter comprise, ,dès les premières
,
concessions, par les POU\"l)ÏTs publ.ics ne cessera. pas d'exiger de nouvelles rationalisatlOlls de la politique coloniale .f;-ançaise, devant les pressions
.,
.
externes. C' est encore devant ces pressions, à la suite de la guerre iro-quoisc qui t<1rnt la so\,\ree de profits en faveur ... des colonies du Sud, que l'Etat intcrvlcndra encore plus d.irectement par la suite: aux côtés de IIICie des
In4cs
ücCiclcJ1,ta]csa
partir de 1663 ; puis conme acteur principalaprès 1674 (o[f~élel1an('l1t). C'est en ce sens qu1
il faut, selon nous, in-•
tcrpréter l'cffort onércl~ que s'inflige
la
métropole à l'époque de Jean Talon, si on tient aussi compte de la volonté de Colbert de diversifier ,la production coloniale et d'en finir avec l'occupation effective du territoi-rc.Cependant cette nécessité de peupler pour défendre contre les pres-sions externes un territoire relativement waste (les rives du St-Laurent, la vallée du Richelieu, etc) dans le but d' assurer la sécuri t~. des convois des
. 'fourrur~s n' est pas san~ entraîner t.n:le importante contradiction. Celle-ci
vient du fait que pour garder sa rentabilité-, le camnerce des
fou~res.
doit,
.
\. "sc
faiTe en. situation de monopole. Or, les iumigrants apprennent vite à-vi-vre de 1a~raite et peu
cie
moyens de contrôle politiques ou dé mécanismes:. ,.1 I l
. . institutionnels aptes à les en empêcher et
à
les amener,~ agir dans' le sens des intérêts mGt,roPolitains existent.Aux
côtés des ordormances et dêcr~tsqui
toutau
longdu
:régime" fran-"~~s
auront pour but derég~riSer
lapar~ic'iPatio~
à
latrait~
,afin dega-f i , Il'i. '
'l'antir des taux de profits acceptables aux cOtês du travail ''missionnaire''
.
,. t
-'
,
r
: - 20-o..
et des alliances avec le:. tribus de 1 'hinterland (qui fondamentalement vi-sent les m011l('s buts) ; al x côtés de tout un attirail d' instrunents poli
ti-, '\ '
.
ques, éCO!lo!nlques, iùéoh'giques et militaires au service de l'accLpnulation
..
'du capita] , d.urs le cadr' du mercantilisme, i l faut faire w'le place de choix
à
l' insti tut ion scignellfl,lle, instrunent institutionnel, dérivée d'institu-'"
tions métropol i taines, 1"'1 is c:tu' on adaptera rapidement aux nécessités de l'
ac-clUllulntioll p0riphériquc.
.,
., '
La
conquête anglllise ne changera que peu de chose au r6lêpériphéri-que ùe la [Ol1l1ati011 socJo-économiq~e canadienne, si ce n'est qu'e1le fera
1
..
,jaillir de l\ouvelles COllll)lications d'ordre ethn:i,que. La colonie continuera à sc dév,e]oppcr dans le cadre étroit imposé par. sa situation d~ dépendance
(64). De producteur de fourrures qu'il fut, le Canada se fera, plus. tard,. , exportateur de bois ct lIe blé en accord avec les nécessités de la
métropo-le européenne. Nous verrons qu'après la Conquêt« le Régime continuera de JOUCI: un rôle de premier rang.
.
.
"
4. Le
Régime Sei~eurial : Un Instrumenf Institu-tU)Jlel au SerVlce de l'Aëcumulahon du CapitalEn accord avec
la logique
de ,lapTobiématique théorique élaborée
plus haut dans le tcxte; nous Sam1eS , maintenant en mesure de poser de fa-.
çon explicite
la question
à
1~quel1e veut'téPondre notre recherc~e.
'" 1 ,..
Il
s'agirapour nous de démontrer le rOle que
jouait l'institution'"
sCiÎgncqrÏ<l]C ~u
sein de
l'économie politiquede
la
colonie intégr6e ausys-...
tàne I11OndJ111 cn expansjon .
"
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- ---- ~-- ~ ~--'·''''<>tr;''':'_·-~~~~~!b'i'·r''i'~~~~~~~~'~~.~i''~ 21-Nous pensons être ~'n mesure de prouver que le régime seigneurial
n~était ni une "institut 1 >0 féoda~e",ni s:implcment
un
,système' decoloni-sation ou de peuplement, é 1 encorc"un systftlle
fiscal
inutile etcncom-b!ant", désuet, hérité ù' m autre âge.
Le régime 'seigneur ,aI fut 'avant tout un instrunent institutionel
r
. au service ùe l'accumulat ,on du-capital commercial dans le cadre des
sys-tèm,\S
"mercantilistes des llétropolC!5 successives ; un instnnnent qui se voulait ajusté ~u caractèl'c péripMrique du développement socip~éc9nomique de la co]onie
à
l'époque ùe la transition vers le ,capitalismedévelop-,
pIS, donc, une institution ùe transition. De cc fait, son 6volution, dans ses grandcs IjgJ1cs, répondra aux changements successifs dans l'éconaniè monùia1e. De par s~n caractère instrumcnt~l, le régime remplira divers~ tâches: 1) Sous l'économje des fourrures: occupation stratégique du
ter-ri~oire
afin de contrer la concurrence externe;~r~cnt
decont~ôle
social contribuantà
la perpétuation d'une f~rmation sociale périphérique et dépendante en Nouvelle-France j avec la conquête, le changement dèmé-~
t
-~ropole, il remplira, en gros, les mânes fonctions auxquelles s'ajoute cel-le de daminatiGn des masses conquises.
"'
,NJus verrons ensuite que : 2) los grands changements sttucturaux de la- fin du IBe siècle et du début du 1ge et l'avènement de l'économie du
- \
bois l'amèneront
à
servir' 1e,~ intérêts du ccmnel'ce périphériqued'
expor-~ ":.
.
tation du bois'qui se dêveloppe dans le
Bas-Canada.
~
-.
.Nous propos~rons enfi!l Wle nouvel1~ hypothèse sur l'abolition du ré-gime'.
bl9uS
verrons que l'abolition du régime seigneurial ne pcu~ être•
22
-expliquée lXlr ,"l'avènement du capitalisme",
Hun cOmpromis
peuple canadien:-français/conDllcrçants canadiens-anglais", par la "révolution bourgeoise" ou "industricllc", par h "gages~e des gouvernants" flu ce qu'on a Pl'oposé dç semblable, L'abolition ùu r~gime, dans les modalités que l'on connaît, sem--( ble s'exPliquer par le fait qu'il était devenu ,une entrave à l'accunulation..
dans le contexte de la fin dù vieux, systèffie 'colonial ,anglais: ,
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23-1
(1) Sans b icn souvent pn;ciser ce qu'ils entendent par "féodalisme" ou
"féodal Hé".
(2) Fr6gault, CLty, "l.a Civilisation de la Nowellc-Franccll,Fides,
t-bntré-al, 1944, ,pp. 19P'-2 ; l'auteur a changé $on po~nt (le vue depuis cet-te époque', voir pl liS loin.
..
(3)
'J
(4) Crcighton, Donald, "The Dnpire ot the St-Lawrençe", Nlonillan, Toronto, 1970, p,lgcS 39, 40, D~-52, 96,74, 89,111,114, U6! 154-55,227,125,
269, 2~6, etc, ;, au<;si ''Dominion of 'the North',' ~Mlcmîllan, 1969, pp. 76-81.
(S) Hmro, \Vi lliam Bennett, "The Seigneurs of 01d Canada Il , Toronto 1914 ;
Irrhe ScjH!l('tln~l S\.'~t~m in Canoë.b,
A 5tûdy
111 French Colonial roli~',Longm:ms, (re'cn ~nd Co., New York, 1907 ; aussi "UocLDllcnts Rclatill,l! ta the SC'l,C:llori~l RttQ'tllC. ln Canada",Tqronto, 1908'; ct
"l'he
Sc.ignorialSys-tem ,111(1 the Colon};-:'-jll "Canada and its Provinces", 2J 570-80.
(6) wvcr, Arthur, R.r,t "FromCo1Qny to Nation',' Longmans, creen, Toronto,
1946. " , , '
(7) Wallot, J, p, IlLe Re'gl.me Seigneurial :èt son Aboli tic:m au Canada", in "Un
~éb('c qlli Bougeail", Chapitre IX, Boréal-Express, Trois-Rivièr~s,
lm.
(8) Dechènc\ Louise, "L' [volution du R~gime Seigneurial au Canada au WlIe ct WIIlè' Siècles : Le Cas de Mntrêal", in ''Recherches SociographiquesH
, 12, 197], pp. 143-8~,
. (9) o'oufx, Lionel,
'1Ii~toü·~Canada
~~~~---~~~~~~~~~~~~~~~~~-•
Premier, Chapitre V, FI cs, bntrca ~ssanceu'une Race", "b~tréa1, Fides, 1919.
(10) Harris, R.C. '''DIC Seigneurial Regime
in
Canada A iliographica1 Study", PUL, M1JLson e~hec, 1966.(11) Beaucoup d' autres ln storiens. Par exemple, Chrisbe, Kingsford, Wngstone, Smith;Burt,
Doucher, etc.
.1
'
Parkman, SuIte, F1errming, Htmeker, OJérin,' Lerni etlx,
(12) Rycr:-;on, St[lJ11cy, H, "Foundj.ng of Canadu", Progrcss Books, 1%0, 63, 72,
chapitré 14 ; voir ,lllssi ilLe Canada Français, sa Tradition, stm AVClllrlt ,
~ditions d~ la Victojre, ~t1, 19~5, châpitrc q i enhn
"Le
Capitall:-;~et ][1 COll fédérati on" , Parti-Pr~s, 'f;bntréal, 1972, Passages variés.
(13) Par .cx,anplc Creighton, D. "The CpnmeraiaL~irc ... ", pages 32-33 ; aus-si J.unro,
w.n.
'~11C Seigneurs ofOla
Canada j et Pr~gaultJ G~ "LaCivi-sa tion. , . Il. '
(14) C'est ]e cas de L. Ilcchêne, "L'Evolution du Régime Seigneurial.. ," j de
R.C. liards, "l'he St'igncurial System .•. "; et de Wal1ot, J.P. "Le Régime
;,
o.
(l4)
'< 24
-- \
Scigncuri;:ll ct son J\bolition ... ". L'économiste ~'.Il. Watkins qui par- ~:('.:~ ticipc de l'école Irmis-Creighton d'économie politfque a exprimé très _ clairancnt cette interprétation dans "A Staple Theory <Ji Economie Q:cwth" ,
In \vatkin, l'-'JI. /I.:astcrbrook, \V. T. "Approaches to Canadian Economie
I11S--~, klel1ùnd and Stavart, Toronto,
1967,
pp. 66-67 :"But nei ther the ch.1racter of the s-taplé nor the Frcnchnçss of the colo-ny explain the sl~ ... gro.,rth relative to the American colonies. Ra the!', what 1s fw~damcnt.:11 l~as the 'poor location 'compared with NC\.,r-England for supply mg the \Ves t Indics mark,et. This llinited the divcrsity of exports and thus rctardcd the development of cOllU'llercial agriculture, lunbering, and ahovc aIl the carrying trade, and shipbuilding which ",cre thcn the'
kcys ta dcvclopment. A small popu~atiçm,base, éstablished morC for rca-son of jmi)crial design than econQmit~ ''per ,sc" grc"v rapid'ly by, natural incrcnsc. In the face of limited "conomie opportw1ities, lab6ur
aCCLUIlU-latcd in subsistcnce agriculture and New-France came ta approximate the
dmI cconomy \Vith a compact agricultural cQmmunity of 11abitants and the moving [rontier of the fur traders, which had only limited contacts one
wi th llllothcr. By the time of the conquest the colony h3d clearly tllken somè of the coloration of an old society and was' partly ensnared in the staple trap."
Nous verrons plus loin ce qu'il f-aut penser de ce "détenninisme géographi-queq •
(15) Pa r ex allp] c, Wa 11 ot, J. P. "Le Régime) Seigneurial et 'Son MaIl tion" . "
(16) Voir les différences entre
1-:
Trudel qui y perçoit Wle institutionimpor-tante ct Frégault (éc:rits plus récents) qui ne lui accorde que peu d'
im-portancc.- '
(17) Trucicl, ~hrcel,' "Le R~ime Seigneuri~l." ,Brochure de la Sociéé Historique du Canada, Ottcuofa,
19 ..
. ,
(18) Ségtdn, ~huric~) "La Nation Canadienne et l'Agricu~ture", Bo~tal-Express, Trois-Rivières, 1970 ; ".Le
Ii6gime
Seigneurial au Paysd'li
Québec, 1760-1854",in la'~tcvllC cl 'Histoire de l'AméTique Françai§<;" (ci-après ~ RHAF), Vol. l, .
1947-48,J)agcs
382-402,
etc. .(191 Frégaul t. (Uy, "Le :\VIlle Siècle Canadien: Etudcs't, HMI, ~bntrénl, 1968 ;
aussi "La Société Canadienne sous le .Ré
me
Fran ais", Brochure de la50-, ciété jHstonquc u C;H1a a, Ottawa, 1Q ; et 'La (llerre de la Conquête"" "listoi 1'e ùe la Nouvelle-France" 1 Tome l'X, Fides, Mtl, 1963~
,
.
(20) N~sh,C.:'Jn~l'on, "Les Bourgeois C'entHshOl1ll\e,5 de la Nouvelle-France, 1729~1748",
FIdes, ~tl, 1968 ; etc.
(21) Par exemple,. Frégault, G. "La Soci6té Canadienne., .. Il p. 4.
(22) Nish, C. "Les 'Rourgcois CbntilshOl1l1\es •• .'~ Chapitres VI-X.
(23) Au sens où Wallot, J, p. Ipaquet ~ G. "Canada. l1.60- IS50: Anamorphoses ct
Pros-pcc ri vç" in "EconOOlic Québécoise','
CR'"
'Comeau, ed.), Presses de l'Uni versi tédu Québlcc"t.tl,
1969,
pp.2SS-300,
crnploientcette expression,\ ,
.
\
\