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Compte rendu de : Les enfants du singe et de la démone. Mémoires des Tamang. Récits himalayens, Brigitte Steinmann Nanterre, Société d’Ethnologie, coll. « Recherches sur la Haute Asie », 2001, 501p.

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Compte rendu de : Les enfants du singe et de la démone.

Mémoires des Tamang. Récits himalayens, Brigitte

Steinmann Nanterre, Société d’Ethnologie, coll. “

Recherches sur la Haute Asie ”, 2001, 501p.

Gérard Toffin

To cite this version:

Gérard Toffin. Compte rendu de : Les enfants du singe et de la démone. Mémoires des Tamang.

Récits himalayens, Brigitte Steinmann Nanterre, Société d’Ethnologie, coll. “ Recherches sur la Haute

Asie ”, 2001, 501p.. 2001, pp.147-149. �hal-00602909�

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4 | 2001

Recherche en sciences humaines et sociales sur l'Asie

du Sud-Est

Les enfants du singe et de la démone. Mémoires des

Tamang. Récits himalayens, Brigitte Steinmann

Nanterre, Société d’Ethnologie, coll. « Recherches sur la Haute Asie »,

2001, 501p.

Gérard Toffin

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/moussons/4042 ISSN : 2262-8363 Éditeur

Presses Universitaires de Provence Édition imprimée

Date de publication : 1 décembre 2001 Pagination : 147-149

ISBN : 2-7449-0377-9 ISSN : 1620-3224

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Référence électronique

Gérard Tof n, « Les enfants du singe et de la démone. Mémoires des Tamang. Récits himalayens, Brigitte Steinmann », Moussons [En ligne], 4 | 2001, mis en ligne le 21 novembre 2017, consulté le 29 janvier 2018. URL : http://journals.openedition.org/moussons/4042

Ce document a été généré automatiquement le 29 janvier 2018.

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Les enfants du singe et de la démone.

Mémoires des Tamang. Récits

himalayens, Brigitte Steinmann

Nanterre, Société d’Ethnologie, coll. « Recherches sur la Haute Asie »,

2001, 501p.

Gérard Toffin

RÉFÉRENCE

Brigitte Steinmann, Les enfants du singe et de la démone. Mémoires des Tamang. Récits

himalayens, Nanterre, Société d’Ethnologie, coll. « Recherches sur la Haute Asie », 2001,

501 p.

1 Comment rendre compte d’un tel livre ? Son aspect protéiforme, le souffle puissant qui

l’anime, l’abondance des matériaux traités – de manière si personnelle – risquent fort de déconcerter, voire d’irriter le lecteur. Pourtant, l’ambition est des plus légitimes. Brigitte Steinmann a voulu s’écarter du cadre souvent trop étroit de la monographie classique. Elle a voulu rendre compte de ses vingt ans de recherche sur les Tamang, une population montagnarde des versants sud de l’Himalaya népalais, de manière vivante, en évitant de « chosifier » les institutions, les croyances et les personnes. C’est pourquoi elle mêle constamment sa position subjective d’ethnologue sur le terrain à la description des rites et à l’analyse de croyances. L’écriture adoptée accorde un rôle essentiel aux informateurs, donne la parole aux prêtres, fait une place aux dialogues relevés sur le vif entre elle, l’observatrice occidentale, et les spécialistes tamang interviewés.

2 Plusieurs personnages nous sont présentés : nous passons de Sonam, le prêtre bouddhiste

aux discussions philosophiques si sophistiquées qu’elles nous laissent pantois, au barde Bahadur Singh, qui s’offusque de voir l’ethnologue fréquenter d’autres spécialistes religieux que lui, à Shyangaon, le maître chamane, qui a du mal à se souvenir de ses

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Moussons, 4 | 2001

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séances nocturnes de transe, laissant sans réponse les questions insistantes de l’enquêtrice. L’objectif est de ne pas pré-découper arbitrairement le réel, de ne pas céder aux « pseudo-régularités » dans l’observation complexe et jamais répétée totalement à l’identique des rituels, en un mot, de rendre au mieux « le champ et l’ambiance dans lesquels se déroule une enquête ethnographique ». Le style est souple, généreux, ample à défaut d’être nerveux. Les effets littéraires sur le paysage ambiant abondent : les lumières de l’aube, les pâles clartés de la lune, les jeux d’ombre aux différentes heures de la journée, notamment, retiennent longuement l’auteur.

3 Soit donc les Tamang, une population d’agriculteurs et d’éleveurs des piémonts

himalayens. Ils parlent une langue tibéto-birmane, prétendent venir du Tibet à une époque ancienne et assument des fonctions de porteurs depuis plusieurs générations, d’abord à l’intention des citadins Néwar de la vallée de Katmandou, dont ils sont les voisins immédiats et les pourvoyeurs de ressources forestières, puis des alpinistes et autres trekkeurs occidentaux attirés par les sommets de l’Himalaya. Chez les Tamang, Brigitte Steinmann s’est intéressée principalement aux formes religieuses, au symbolique, à l’imaginaire, aux expressions littéraires locales écrites et orales. Elle a choisi d’ordonner son récit en trois parties, correspondant aux registres religieux occupés par les trois spécialistes religieux principaux de cette population : le barde (tamba), dépositaire de la mémoire collective du groupe, le prêtre bouddhiste (lama) et le chamane (ponpo).

4 Cette tripartition n’est pas nouvelle, les ethnologues qui ont travaillé sur cette population

l’avaient tous relevée, à ce détail près que le tamba est remplacé ici et là par un spécialiste des dieux du terroir et du clan. Chaque spécialiste règne en principe sur un étage particulier du monde et s’occupe d’un certain type d’entités divines. L’intérêt de l’analyse profuse de Brigitte Steinmann est de montrer, au fil des pages, que ces trois domaines, habituellement présentés comme distincts, s’interpénètrent en fait intimement. Prenons les chamanes : leur savoir provient pour l’essentiel d’enseignements bouddhistes tantriques et ils officient, comme les lamas, avec des poignards rituels (phurba). Les bardes tamba, « les lions de la parole », comme on les surnomme, ne sont pas en reste : les récits dont ils sont les dépositaires sont profondément imprégnés de l’héritage religieux tibétain et de conceptions Nyingmapa. À défaut de les unifier totalement, le bouddhisme a enveloppé toutes ces croyances dans un cadre idéologique commun. Les puissances du mal, par exemple, omniprésentes dans l’imaginaire local, sont presque toujours imaginées comme des ennemis du bouddhisme. Tous les Tamang sont de fervents disciples du Grand Guru et magicien Rinpotché, alias Padmasambhava, qui soumit les démons à sa loi.

5 L’importance du Tibet pour ce groupe ethnique est bien mise en évidence. C’est de ce pays

que les Tamang sont censés venir et que leurs ancêtres les plus lointains, un singe et une démone des rochers, sont dérivés. Ces liens postulés avec le Tibet ne laissent pas d’intriguer. Le tibétain est la langue religieuse des prêtres lamas locaux, une langue transmise aux enfants de sexe masculin. Mais les Tamang aujourd’hui ne comprennent pas la langue des peuples tibétains du nord. L’ont-ils parlée un jour ? Certains vieux chants religieux entonnés lors de fêtes religieuses peuvent le laisser penser. Mais les études linguistiques manquent pour l’affirmer avec certitude. La tradition selon laquelle les Tamang descendent des cavaliers de l’armée du roi tibétain Songtsen Gampo n’est, pour sa part, soutenue par aucun document historique. Ne s’agit-il pas là d’une reconstruction a posteriori ? Le mot Tamang n’est-il pas lui-même un ethnonyme récent ? D’autres pistes moins exposées à la bouddhisation, par exemple, celles qui établissent des

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liens culturels et linguistiques entre Tamang et Gurung, plus à l’ouest, auraient mérité d’être explorées.

6 De très belles pages sont consacrées aux chants alternés (I, 1), aux enfants et à l’enfance

(II, 1), à la vie entre parents et amis (II, 1), aux conceptions de la montagne sacrée (II, 2) aux expériences chamaniques (III, 1), ainsi qu’aux formes de royauté ancienne (II, 2), des formes qu’il serait intéressant de comparer avec celles des Tamang vivant à l’ouest de la rivière Trisuli. Les rituels funéraires, qui avaient déjà fait l’objet de publications sous la forme d’articles, sont décrits avec une abondance de détails rarement atteinte (II, 3). L’intérêt du livre tient aussi à la zone dans laquelle l’ethnographe a travaillé : le village de Temal, en fait un ensemble de localités, qui fut pendant plus de trente ans le lieu où le CNRS recruta des porteurs pour ses missions géologiques, botaniques, ou ethnologiques. Il est significatif que la vie religieuse de ce village de porteurs ne semble guère avoir pâti de la fréquentation assidue d’Occidentaux au cours de ces années. Qu’importe les anoraks ou les chaussures de montagne récupérés ici et là, les rituels sont toujours célébrés avec la même ferveur. Enfin, les fréquentes références à d’autres régions parcourues par l’auteur au cours de nombreuses missions en Himalaya – Walungchung, le pays sherpa, le Sikkim, la région de Dolakha et ce lieu de culte étonnamment syncrétique qu’est Sailung – permettent d’établir des rapprochements intéressants et d’élargir les perspectives.

7 Comment ne pas signaler certains défauts On regrette, par exemple, l’absence d’un

glossaire de termes tamang. La carte de situation reproduite page 24 n’indique ni l’aire étudiée ni les villages d’enquête. On s’étonne aussi de la discrétion de l’auteur quant à l’insurrection maoïste pourtant très présente dans l’aire d’étude considérée depuis 1997 et qui a fait du massif du Kalinchok, à proximité de Dolakha, tout près de Sailung, un de ses camps d’entraînement et de retranchement les plus inexpugnables.

8 Mais c’est surtout le désordre dans la présentation des données et le déroulement du

récit, un fouillis dont on ne sait jamais s’il est voulu ou non, qui gêne le lecteur. Il donne à l’ouvrage une dimension baroque, plus proche, au plan strictement littéraire, du roman picaresque espagnol et du roman latino-américain que de la tradition romanesque française, sans jamais lui conférer une unité réelle. Certains apprécieront l’originalité, la liberté de ton. D’autres, comme l’auteur du présent compte rendu, resteront perplexes devant tant de va-et-vient et de manque de rigueur, surtout dans un livre qui paraît dans une collection universitaire et se présente comme scientifique. Le lecteur est entraîné dans un dédale de descriptions et d’analyses, souvent gâtées par des inexactitudes, dont il a du mal à saisir la logique. L’ouvrage, de ce fait, n’est guère recommandable à des étudiants. On a même parfois le sentiment, en lisant certains passages, que l’auteur renoue avec les récits de voyageurs du XVIIe et du XVIIIe siècles, lorsque l’ethnologie

n’avait pas encore émergé comme discipline scientifique. Les digressions philosophiques, très fréquentes, posent elles aussi un problème, car elles alourdissent le texte et n’aident pas à mieux comprendre la vie et la culture des Tamang.

9 Il s’agit au total d’une œuvre complexe, déroutante, difficile à juger, riche de détails

ethnographiques souvent inédits, mais à la construction problématique. Une œuvre singulière, bien dans l’air du temps d’une certaine manière, mais qui ne parvient pas à emporter totalement l’adhésion.

Les enfants du singe et de la démone. Mémoires des Tamang. Récits himalayens,...

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