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Les effets du choix et de l'incentif sur le niveau d'effort, de dissonance et de changement d'attitude dans une situation de rôle playing cognitif

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Academic year: 2021

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(1)

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5.

MS

HXl

c

FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION

T H E S E PRESENTEE

A L'ECOLE DES GRADUES DE L'UNIVERSITE LAVAL

POUR L'OBTENTION

DU GRADE DE MAITRISE EN SCIENCES DE L'EDUCATION ORIENTATION

PAR HENRI HAMEL

LES EFFETS DU CHOIX ET DE L'INCENTIF SUR LE NIVEAU D'EFFORT, DE DISSONANCE ET

DE CHANGEMENT D'ATTITUDE DANS UNE SITUATION DE ROLE-PLAYING

COGNITIF

FEVRIER 1975

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La fin de la réalisation de cette recherche m'allège énor-mément et éveille chez moi un sentiment de satisfaction. Je suis porté à jeter un rapide coup d'oeil en arrière et à regar-der le chemin que j'ai parcouru pour réaliser cette recherche. Mon attention est attirée par le grand nombre de personnes qui

se trouvent sur cette route.

J'aimerais remercier le Dr. Claude Morency, mon premier aviseur. J'ai apprécié ses qualités humaines et sa rigueur scientifique de la première à la dernière étape de cette re-cherche .

J'adresse également mes remerciements au Dr. Yvon Pépin, mon second aviseur, qui a occupé une place très importance à mes côtés. Ses judicieux conseils et son support m'ont été très pré cieux.

Je suis reconnaissant envers le Dr. Jean-Yves Lortie pour ses conseils en ce qui a trait à l'instrumentation, de même qu'envers Monsieur Eddy Slater, directeur du programme en orien-tation, et les étudiants du premier cycle en orientation pour leur collaboration au cours de la réalisation de cette recher-che .

Le support que m'a fourni le Dr. B.E. Collins, de Univer-sity of California, en me permettant d'utiliser un instrument qu'il avait élaboré mérite d'etre souligné et je lui en suis reconnaissant.

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les moments les plus arides que dans les moments les plus pro-ducti fs.

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LES EFFETS DU CHOIX ET DE L'INCENTIF SUR LE NIVEAU D'EFFORT, DE DISSONANCE ET

DE CHANGEMENT D'ATTITUDE DANS UNE SITUATION DE ROLE-PLAYING

COGNITIF PAR HENRI HAMEL

Dans la présente recherche, l'auteur a utilisé la théorie de la dissonance cognitive pour expliquer les changements d'atti-tude qui s'opèrent à la suite d'un role-playing cognitif et en-tendait démontrer expérimentalement qu'un tel état de dissonan-ce intervenait comme prodissonan-cessus médiationnel entre les manipula-tions expérimentales (degré de choix et importance de l'incentif) et les réponses attitudinales finales des sujets. Le G.S.R.

(Galvanic Skin Response) a été utilisé à cette fin comme mesure indépendante de dissonance.

L'auteur a fait l'hypothèse que, dans la condition de li-berté de choix, l'incentif n'aurait aucun effet sur l'effort mis

à l'exécution du role-playing mais que le niveau de tension et l'importance des changements d'attitude seraient inversement proportionnels à l'importance de l'incentif. Il fit également l'hypothèse que, dans la condition de non-liberté de choix, l'im-portance de l'effort mis à l'exécution du role-playing^ le ni-veau de tension et l'importance des changements d'attitude

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se-Henri Hamel raient directement proportionnels à l'importance de l'incentif.

Les sujets étaient 32 étudiants de premier cycle en Orien-tation Scolaire et Professionnelle à l'Université Laval. Un design factoriel 2 (Choix) x 2 (Incentif) avec post-test seule-ment des attitudes a été utilisé. Une analyse de la variance à deux dimensions (degré de choix et importance de l'incentif) a été utilisée pour faire ressortir les sources de variation pour chacune des trois variables dépendantes (effort, tension, changements d'attitude).

Les résultats n'ont soutenu que partiellement les hypothè-ses. Dans la condition de liberté de choix, conformément à l'hypothèse, l'incentif n'a eu aucun effet sur l'effort mis à l'exécution du role-playing. Cependant, l'effet de l'incentif sur le niveau de tension et l'importance du changement des atti-tudes n'a pas atteint un niveau de signification appréciable et les résultats n'ont pas soutenu l'hypothèse en ce qui a trait à ces deux variables. Dans la condition de non-liberté de choix, conformément à l'hypothèse, un niveau de tension directement proportionnel à l'importance de l'incentif a été observé. Ce-pendant, l'effet de l'incentif sur l'effort et le changement des attitudes n'a pas atteint un niveau de signification appré-ciable et les résultats n'ont pas soutenu l'hypothèse en ce qui a trait à ces deux variables.

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Henri Hamel

Une interprétation de ces résultats a été présentée dans le chapitre réservé à la discussion des résultats. L'auteur y a également suggéré deux secteurs de recherche prometteurs.

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Pages

LISTE DES TABLEAUX VII LISTE DES FIGURES VIII CHAPITRE I : LE PROBLEME ET SON CONTEXTE 1

Role-playing et dissonance cognitive 3 Importance de l'incentif offert.... 6

Conditions de choix 8

Hypothèses 13 CHAPITRE II : METHODE ET PROCEDES 15

Sujets 15 Conditions expérimentales 15

Mesures des variables dépendantes.. 17

- Mesures de l'effort 17 - Mesure physiologique de tension 17

- Mesures des attitudes 18 Appareils et dispositions

expéri-mentales 19 Procédure 20 Design 27 CHAPITRE III : RESULTATS 28

Effort 28

Tension 30 Attitudes 32 CHAPITRE IV : DISCUSSION DES RESULTATS 35

Effets de l'incentif dans la

condi-tion de liberté de choix 36 Effets de l'incentif dans la

condi-tion de non-liberté de choix 37 Perspectives de recherche 41

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Pages

REFERENCES 43 APPENDICE A: Diagramme de dispersion entre la tension

et le changement d'attitude face à

l'ha-bitude de se brosser les dents 50 APPENDICE B: Questionnaire utilisé pour recueillir le

nom des étudiants intéressés à participer

à la recherche 52 APPENDICE C: Questionnaire "médical" utilisé pour

éva-luer les attitudes des sujets face aux

ha-bitudes d'hygiène dentaire 54

APPENDICE D: Directives 61 APPENDICE E: Arguments à inclure dans le texte 70

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LISTE DES TABLEAUX Tableau I Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6

Moyenne des scores de l'effort mis à la rédaction de l'essai

Analyse de la variance des scores de l'effort mis à la rédaction de l'essai Moyenne des scores de tension (D)

Analyse de la variance des scores de tension (D)

Moyenne des scores d'attitude face aux habitudes d'hygiène dentaire

Analyse de la variance des scores d'at-titude face aux habitudes d'hygiène den-taire Pages 29 29 31 31 34 34

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LISTE DES FIGURES

Page s FIGURE I : Diagramme de dispersion entre la tension

et le changement d'attitude face à

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LE PROBLEME ET SON CONTEXTE

Le role-playing cognitif au cours duquel une personne est amenée à s'engager dans un comportement à l'encontre de ses at-titudes a un impact considérable sur les atat-titudes de la person-ne qui s'y engage (Janis et King, 1954; King et Janis , 1956; Harvey et Beverley, 1961; Carlsmith, 1968). Il n'est cependant pas invariablement efficace (Elms, 1967; Insko, 1967; McGuire, 1966) et le degré de changement des attitudes varie en fonction des conditions offertes pour amener l'individu à s'y engager. Linder, Cooper et Jones (1967), Sherman (1970) ont en effet dé-montré que, dans la condition où l'individu a le choix de s'en-gager ou non dans le comportement contre-attitudinal, le chan-gement d'attitude est inversement proportionnel à l'importance de l'incentif offert pour l'inciter à le faire mais que, par contre, dans la condition où l'individu n'a pas cette liberté de choix, le changement d'attitude est directement proportionnel à l'importance de l'incentif. De la confusion et une controver-se existent cependant autour des processus médiationnels qui interviennent entre les manipulations expérimentales et les

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ré-ponses attitudinales finales des sujets. Festinger et Carlsmith (1959), Brehm et Crocker (1962), Brehm (1962). Cohen (1962a) (1962b) attribuent les changements d'attitude aux propriétés motivationnelles du role-playing cognitif et les expliquent par la théorie de la dissonance. Janis (1959), Janis et Gilmore

(1965), Elms et Janis (1965), Elms (1967), Rosenberg (1960) (1965), de leur côté, attribuent les changements d'attitude aux dimensions cognitives-intellectuelles du role-playing, comme son contenu ou sa qualité, et les expliquent par la théorie du renforcement. Linder, Cooper et Jones (1967), Sherman (1970) adoptent l'une et l'autre de ces théories et expliquent la rela-tion négative qui existe entre le changement d'attitude et l'im-portance de l'incentif dans la condition de liberté de choix par la théorie de la dissonance et la relation positive qui ex-iste entre ces deux mêmes variables dans la condition de non-liberté de choix par la théorie du renforcement. Cette contro-verse est en grande partie attribuable à la démarche essentiel-lement spéculative qui a été utilisée dans les recherches qui ont été faites jusqu'à maintenant où les auteurs s'efforçaient de démontrer la validité des prédictions faites sur la base des différentes théories sans vérifier la nature des processus qui provoquaient les changements prédits (Chapanis et Chapanis, 1964; Bern, 1967; Singer, 1966; Collins, 1968; Rosenberg, 1968).

Gérard (19^8), Singer (1966), Norris (1968) ont suggéré d'utiliser des mesures auto-évaluatives (mood scales) de tension ou des mesures physiologiques de tension pour mesurer l'état

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motivationnel aversif associé à la dissonance. Si les mesures auto-évaluatives (Buck, 1970) et les mesures du rythme cardia-que (Cronkhite, 1966; Ward et Carlson, 1964; Buck, 1970) n'ont pas donné les résultats espérés, les mesures de conductance de la peau (Galvanic Skin Response) ont, pour leur part, été signi-ficativement altérées par des situations impliquant une incon-sistance (Cronkhite, 1966; Gérard, 1968; Steiner, 1966; Ward et Carlson, 1964; Buck, 1970).

La présente recherche entend tester la présence d'un état de dissonance comme processus médiationnel tant dans la condi-tion de liberté de choix que dans celle de non-liberté de choix en ajoutant une mesure physiologique de tension (G.S.R.) au paradigme jusqu'à maintenant utilisé et en répondant à la ques-tion suivante: Quels sont les effets du choix et de l'incentif sur le niveau d'effort, de tension et de changement d'attitude dans une situation de role-playing cognitit?

Role-playing et dissonance cognitive

"Kole-playing" désigne tour à tour une grande variété de procédures où un sujet est amené à exécuter le comportement d'une autre personne ou à assumer et à soutenir publiquement un ensem-ble d'opinions qu'il n'épouse pas. Cependant, comme Zimbardo

(1965) le souligne:

"Although there has been considerable varia-bility in the operational use of role-playing

(from classroom debate to psychodrama), all of the studies share the minimal reauirement

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ly and convincingly, the attitude position of another person. This essential abstrac-ted from the traditional method (Cf. Bron-fenbrenner and Newcomb, 1948; Sarbin, 1954; Moreno, 1958) may indeed be the most useful one for influencing attitudes" (page 103).

La théorie de la dissonance cognitive de Festinger (1957) place le role-playing dans le champ de l'implication forcée et fournit une explication théorique de l'influence du role-playing sur les attitudes. La dissonance cognitive est un état de sti-mulation négative (Aronson, 1968), un état psychologique incon-fortable (Festinger, 195/), une tension psychologique (Brehm et Cohen, 1962) qui se produit toutes les fois qu'un individu possède deux connaissances qui sont psychologiquement inconsis-tantes et qui a des caractéristiques motivationnelles dans le sens que l'individu cherchera à la réduire. Dans le

role-playing, la connaissance que son propre comportement n'est pas en accord avec ses attitudes crée chez la personne l'état moti-vationnel de dissonance qu'il cherchera à réduire. La percep-tion de son propre comportement manifeste, à cause de sa proxi-mité avec la réalité, est difficile à changer. Conséquemment, c'est l'attitude privée dissonante, beaucoup moins résistante, qui sera changée. Cette théorie maintient donc que le change-ment d'attitude est un moyen de réduire la dissonance qui a

été provoquée et vise à rendre les attitudes privées consonan-tes avec le comportement manifeste. Des recherches récenconsonan-tes ont cependant démontré que des changements d'attitude

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provoquer des conséquences clairement répugnantes pour lui ou d'autres personnes (Hoyt, Henley et Collins, 1972; Nel , Helm-reich et Aronson, 1969; Cooper et Worchel, 1970). Ces décou-vertes soutiennent la théorie de Collins (1969a, 1969b) qui,

dans un effort pour raffiner la théorie de la dissonance, avait avancé qu'une simple inconsistance entre les attitudes et l'ac-tion n'était pas suffisante pour que le role-playing provoque une dissonance et un changement d'attitude mais encore fallait-il que l'action soit susceptible d'avoir des conséquences répu-gnantes pour le sujet ou d'autres personnes.

Une personne ne s'engage cependant pas dans de tels com-portements d'une façon spontanée. Bien au contraire, elle est portée à éviter et à ne pas s'exposer aux idées ou aux situa-tions qui vont à l'encontre de ses attitudes (Lipset, Lazars-feld, Barton et Linz, 1954; Festinger, 1957). Des pressions extérieures doivent donc être utilisées pour amener la personne à le taire. En retour, cependant, ces pressions ou nouvelles conditions donnent un caractère spécial à la situation de role-playing et sont susceptibles d'influencer le niveau de disso-nance provoqué et les changements d'attitude subséquents. Beaucoup d'attention a d'ailleurs été portée à la spécifica-tion de ces condispécifica-tions ou de ces variables susceptibles de fa-voriser les changements.

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Les chercheurs se sont d'abord penchés sur les effets de la variation de l'importance, des incentifs (habituellement de l'argent) utilisés pour inviter les individus a s'engager dans un comportement contre-attitudinal.

Dans le cadre de la théorie de la dissonance, une troisiè-me connaissance pourrait préserver la consonance et tel serait le cas si l'importance de l'incentif offert pour s'engager ren-dait entièrement justifiable le comportement contre-attitudinal. Par ailleurs, si l'incentif est tout juste suffisant pour ame-ner la personne à poser l'acte mais pas assez fort pour justi-fier complètement le comportement, la dissonance est alors ac-tivée dci a a son sens mo ti va tienne 1. Ainsi, dans le cadre de cette théorie, plus sera important l'incentif, moins sera grande la dissonance et le plus grand changement d'attitude se produi-ra quand l'incentif seprodui-ra au niveau minimal nécessaire pour ame-ner la personne à exécuter l'acte. Tout incentif plus grand que ce degré minimal résulterait en une moindre dissonance et en un moindre changement d'attitude. Festinger et Carlsmith

(1959), Brehm et Crocker (1962), Brehm (1962), Cohen (1962a, 1962b) ont testé cette position théorique. Leurs résultats vérifièrent la validité du sens des prédictions basées sur la

théorie de la dissonance et les auteurs attribuèrent les chan-gements d'attitude observés a la présence d'un mécanisme de réduction de la dissonance. Dans ce cadre théorique,

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l'incen-tif a une fonction d'indice dans le sens qu'il donne à la per-sonne l'information qui l'aide à comprendre pourquoi elle s'en-gage dans le comportement contre- attitudinal.

Janis (1959), Janis et Gilmore (1965), Elms et Janis (1965), Elms (1967) et Rosenberg (1960, 1965) attaquèrent cette

posi-tion théorique. En mettant l'accent sur la valeur stimulante et renforçante de l'incentif offert, ils vérifièrent des pré-dictions à l'inverse de celles faites par la théorie de la dis-sonance, à savoir que l'importance du changement d'attitude était directement proportionnel à l'importance de l'incentif offert. Il va s'en dire que les processus médiationnels qu'ils postulent sont très différents de celui proposé par la théorie de la dissonance. Ils mettent en effet l'accent non plus sur les propriétés motivationnelles du role-playing mais plutôt sur ses dimensions cognitives-intellectuelies. Ils suggèrent que le changement d'attitude qui suit le role-playing se fait à travers l'examen minutieux biaisé et l'improvisation qui ren-dent saillants les arguments qui supportent la position con-traire (Janis et Gilmore, 1965) et que la base la plus usuelle du changement des attitudes est l'établissement de nouvelles croyances à propos de l'objet, croyances qui sont inconsistantes avec l'orientation affective originale à l'égard de l'objet

(Rosenberg, 1956, 1960). Dans cette optique, la signification de la récompense reçue pour écrire un essai à 1'encontre de

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ses attitudes (c'est-à-dire pour improviser de nouvelles con-naissances) est très différente de celle prônée par la théorie

de la dissonance. Elle devient un renforcement à bien exécuter le role-playing qui, proportionnellement à son importance, est susceptible de favoriser la qualité de l'improvisation et de ce fait, le développement et la stabilisation de nouvelles connaissances.

Conditions de choix

Plusieurs recherches ont eu comme objectif de résoudre cette controverse entre les théories de la dissonance et du renforcement. L'hypothèse suivant laquelle ces différentes

approches n'étaient peut-être pas aussi contradictoires qu'elles le semblaient à première vue mais pouvaient référer à des bases différentes de changement d'attitude toutes deux pertinentes dans des conditions particulières fut formulée. Une des con-ditions est le choix laissé ou non à la personne de s'engager dans le comportement contre-attitudinal.

^X En explorant et en commentant la théorie de la dissonan-ce, Brehm et Cohen (1962) ont postulé que la dissonance tirait son potentiel de l'implication de l'individu dans l'acte et que, sans une implication claire de la part de l'individu dans l'acte, il n'y avait pas de dissonance. Ils ont précisé de plus qu'une personne était vraiment impliquée si elle avait décidé de faire ou de ne pas faire une chose, quand elle avait choisi une ou plusieurs alternatives et en avait rejeté une

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ou plusieurs autres, quand elle s'engageait activement dans un comportement. Bref, selon eux, la situation de liberté de choix est une situation susceptible de soulever une dissonance de

par l'implication qu'elle provoque. Vu sous cet angle, dans une situation de liberté de choix, tout incentif important per-mettrait à la personne de comprendre pourquoi elle s'est enga-gée dans le comportement contre-attitudinal et de le justifier. Il n'y aurait alors pas de dissonance et la personne n'aurait pas à modifier ses attitudes pour retrouver une certaine consis-tance. Ainsi, dans une situation de liberté de choix, le chan-gement des attitudes serait inversement proportionnel à l'im-portance de l'incentif. Par contre, dans une situation où la personne n'a pas de liberté de choix, la personne a toute l'in-formation qui lui est nécessaire pour comprendre son comporte-ment; elle fait ce qu'elle fait parce qu'elle n'a pas le choix, parce qu'on l'oblige à le faire. Il n'y a pas de dissonance. L'incentif pourrait alors avoir un effet de renforcement. Plus il sera grand, plus il invitera la personne à accomplir sa

tâche d'une façon consciencieuse et plus elle sera susceptible de trouver les arguments susceptibles de l'amener à changer sa position. Telle est, du moins, la compréhension qu'en ont Rosenberg (1965), Janis et Gilmore, (1965), Scott (1957). Linder, Cooper et Jones (1967) ont été les premiers à tester le sens de ces prédictions. En effet, en analysant les recher-ches de Rosenberg (1965) , Cohen (1962a) , Festinger et Carlsmith

(1959), ils se sont rendu compte que, dans le premier cas, les sujets n'avaient pas le choix de refuser de s'engager dans le

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comportement contre-attitudinal, alors qu'ils avaient ce choix dans les deux autres. Sur cette base et à partir du rationnel énoncé plus haut, ils prédirent que l'importance de l'incentif serait en relation directe avec l'importance du changement d'attitude, en l'absence de liberté de choix, mais qu'une rela-tion négative serait observée en présence d'une liberté de choix, Ils vérifièrent ces hypothèses et leurs résultats furent par la suite confirmés par la recherche de Sherman (1970).

Si le sens de ces prédictions a été validé, peu de résul-tats concluants ont été obtenus en regard des mécanismes média-tionnels postulés. D'une part, aucune recherche n'a étudié expérimentalement la présence d'une dissonance dans le cas de relations négatives. D'autre part, les recherches qui ont essayé d'expliquer la relation positive par le biais des dimen-sions cognitives-intellectuelles de l'improvisation telles qu'envisagées par Rosenberg (1965) et Janis et Gilmore (1965) sont peu concluantes. Dans cet ensemble de recherches, seule

celle de Sherman (1970) indique que, sous des conditions de non-liberté de choix, l'incentif peut avoir un effet sur le

contenu cognitif-intellectuel de l'improvisation, effet qui est parallèle au changement des attitudes. Les autres recherches

(Rosenberg, 1965; Carlsmith, Collins et Helmreich, 1966; Elms et Janis, 1965; Janis et Gilmore, 1965) n'ont pas trouvé de différence significative à ce niveau entre les sujets à qui était offert un incentif élevé et ceux à qui était offert

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le contenu de l'improvisation, ces différences étaient très peu en parallèle avec les changements au niveau des attitudes. A la lumière de ces derniers résultats, Sherman (1970) recom-mande la prudence dans l'interprétation de ses résultats et indique qu'il se peut que le changement d'attitude ne soit pas suscité par l'improvisation mais que le changement d'attitude et l'improvisation soient des effets indépendants et séparés de 1'incentif.

Janis et Gilmore (1965), et Rosenberg (1965) ont tenté d'expliquer la relation positive qu'on observe entre l'impor-tance de l'incentif et l'imporl'impor-tance du changement d'attitude dans des conditions de non-liberté de choix, en mettant l'ac-cent sur les dimensions.-. cognitives-intellectuelles de l'impro-visation. Cette formulation théorique n'a cependant pas reçu un important support empirique. Une telle relation peut cepen-dant elle aussi être expliquée par la présence d'une dissonan-ce, dissonance cette fois provoquée par l'effort déployé pour exécuter le comportement contre-attitudinal (Collins, 1968). La variable "effort", absente de la formulation originale de la théorie de la dissonance (Festinger, 1957) a en effet été regardée, depuis un certain temps, comme un déterminant majeur de là dissonance (Cohen, 1959; Festinger et Aronson, 1960; Aronson, 1961; Brehm et Cohen, 1962). Vue sous cet angle, la

théorie de la dissonance voudrait que le degré de changement d'attitude à l'égard d'un objet ou d'un but soit fonction de l'importance des barrières ou des stimuli aversifs qu'une

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per-sonne a dû dépasser pour atteindre le but. Dans le cadre du role-playing cognitif, changer son attitude équivaudrait à développer une plus grande attraction pour les conséquences de l'activité qui demande un effort, c'est-à-dire aimer ou ap-prouver la conclusion. L'effort sert alors à augmenter la dis-sonance en étant une barrière pour atteindre le but fixé. En se basant sur cette formulation théorique, Zimbardo (1965) dé-montra qu'un comportement contre-attitudinal fait sous des

con-ditions de grand effort produisait un plus grand changement

d'attitude qu'un comportement fait sous des conditions de faible effort. Ce faisant, il remettait en question la formulation théorique de Rosenberg (1965) et de Janis et Gilmore (1965) et renforçait celle de la dissonance selon laquelle les effets de l'improvisation sur le changement des attitudes se font à travers l'effort accru que l'improvisation requiert, la valeur de l'improvisation étant une conséquence de ses propriétés motivationnelles plus que des aspects cognitifs-intellectuels

comme son contenu ou sa qualité. Dans une situation de non-liberté de choix, le mécanisme de dissonance qui produirait un plus grand changement d'attitude lorsque l'incentif est impor-tant serait donc composé de deux parties: l'incentif imporimpor-tant augmente le niveau d'effort déployé dans l'exécution de l'acte et ce plus grand effort produit plus de changements dans les attitudes à travers la dissonance qu'il provoque (Collins, 1968)

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Il est à noter que de telles variations au niveau de l'improvisation ne semblent exister que dans les situations où l'individu n'a pas le choix de s'engager ou non dans le comportement, situations où l'incentif a un effet de renforce-ment. En effet, dans les situations de choix, où l'incentif

a plutôt une fonction d'indice, il n'existe pas de telles va-riations au niveau de l'improvisation en fonction de l'impor-tance de l'incentif (Festinger et Carlsmith, 1959; Carlsmith, Collins et Helmreich, 1966; Collins et Helmreich, 1966; Linder, Cooper et Jones, 1967; Sherman, 1970). Ces résultats donnent du support à la recherche de Rabbie, Brehm et Cohen (1959) qui démontrèrent qu'une forte implication dans un comportement contre-attitudinal en l'absence de verbalisation était suffi-sante pour amener un changement. Dans une situation de liberté de choix, la dissonance est soulevée par l'implication de l'in-dividu dans l'acte.

Hypo thè s es

La théorie de la dissonance peut rendre compte tout au-tant des changements d'attitude directement proportionnels à l'importance de l'incentif observés dans la condition de non-liberté de choix que des changements d'attitude inversement proportionnels à l'importance de l'incentif observés dans la

condition de liberté de choix. Dans la condition de liberté de choix, le mécanisme de dissonance repose sur la décision de poser l'acte et l'incentif y a une fonction d'indice dans le sens que, proportionnellement à son importance, il peut

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donner au sujet l'information susceptible de l'aider à compren-dre pourquoi II s'est engagé dans le comportement et ainsi lui permettre de rétablir la consistance sans changer ses attitudes Dans la condition de non-liberté de choix, par contre, le méca-nisme de dissonance repose sur l'effort mis à l'exécution de l'acte. L'incentif y a une fonction de stimulant dans le sens que, proportionnelement à son importance, il amène le sujet à fournir un effort plus grand.

Dans le but de vérifier expérimentalement la présence

d'un état de dissonance comme processus médiationnel dans l'une et l'autre de ces conditions (liberté de choix, incentif faible et non-liberté de choix, incentif fort) où des changements

d'attitude sont habituellement observés, une mesure physiolo-gique de tension (G.S.R.) a été utilisée comme indice indépen-dant de dissonance et les hypothèques suivantes ont été testées: Hypothèse I

Hypothèse 2

Dans la condition de liberté de choix, aucune différence significative au niveau de l'effort ne sera observée entre les sujets à qui sera

offert un incentif faible et ceux à qui sera offert un incentif fort mais un niveau de ten-sion significativement plus élevé et un change-ment d'attitude significativechange-ment plus grand seront observés chez les sujets à qui sera of-fert un incentif faible comparativement à ceux à qui sera offert un incentif fort.

Dans la condition de non-liberté de choix, un effort significativement plus grand, un niveau de tension significativement plus élevé et un changement d'attitude significativement plus grand seront observés chez les sujets à qui sera offert un incentif fort comparativement à ceux à qui sera offert un incentif faible.

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METHODE ET PROCEDES Suj ets

Les sujets étaient 32 étudiants (16 filles et 16 garçons) inscrits au programme de premier cycle en Orientation Scolaire et Professionnelle à l'Université Laval. Deux sujets, dans la condition de liberté de choix, une fille et un garçon, ont re-fusé, au cours de l'expérimentation, de poursuivre leur parti-cipation et ont été remplacés par des sujets de même sexe choi-sis au hasard dans un groupe réserve de dix sujets préalable-ment formé au hasard. L'étendue d'âge de notre échantillon

final variait de 20 ans à 24 ans avec une moyenne 21.5 ans et une déviation standard de 1.03.

Conditions expérimentales

Le role-playing utilisé était celui qu'avaient préala-blement utilisé Hoyt, Henley et Collins (1972) dans leur

re-cherche. Les sujets devaient écrire un essai où ils devaient argumenter que se brosser les dents était une habitude d'hy-giène dentaire nocive pour la santé, ce qui constitue une

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attaque à une croyance culturelle bien ancrée (McGuire, 1964). Il a été postulé que les sujets de notre recherche avaient des attitudes positives face aux habitudes d'hygiène dentaire au début de l'expérience.

Le caractère aversif du role-playing cognitif a été induit en amenant tous les sujets à croire que leurs essais seraient employés dans des conditions telles qu'ils inciteraient des étudiants du secondaire à abandonner leurs habitudes d'hygiè-ne dentaire.

Les conditions de choix et d'incentif ont été systématique-ment manipulées.

1- Choix: Nous laissions à certains sujets la liberté d'accepter ou non d'écrire l'essai tandis que nous en obligions d'autres à le faire.

2- Incentif: Certains sujets se voyaient offrir $4.00 pour écrire l'essai tandis que d'autres ne se voy-aient offrir que $0.50. La valeur de $0.50 avait déjà été utilisée comme incentif faible dans les recherches de Linder, Cooper et Jones (1967) et de Sherman (1970). Cependant, de $2.50 qu'elle était dans ces dernières recherches, nous avons arbitrairement fait passer la valeur de l'incentif fort à $4.00 pour tenir compte de la dévaluation de la valeur marchande de l'argent.

Quatre conditions expérimentales (Liberté de choix V.S. 0.50; Liberté de choix V.S. 4.00; Non-liberté de choix V.S. 0.50; Non-liberté de choix V.S. 4.00) ont ainsi été obtenues

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Mesure des variables dépendantes

Les variables dépendantes étaient l'effort mis à la rédac-tion de l'essai, le niveau de tension observé chez les sujets pendant la rédaction de l'essai et les changements d'attitude observés à la suite de la rédaction de l'essai.

Mesures de l'effort

Le temps que le sujet a mis à rédiger son essai de même que le nombre de mots de son essai constituaient les deux mesures d'effort utilisées. Le temps a été calculé et expri-mé en minutes et secondes. Le nombre de mots réfère à toutes les unités sémantiques comprises dans le texte à l'exception des articles .

Mesure physiologique de tension

Le G.S.R. a été utilisé et la mesure physiologique de tension est "D" qui désigne la différence entre la réponse physiologique du sujet lors de la rédaction d'un essai pro-attitudinal et sa réponse subséquente lors de la rédaction de l'essai contre-attitudinal une fois les manipulations expéri-mentales effectuées. "D" a été exprimé en Kilohoms de résis-tance et a été obtenu comme suit: l'enregistrement continu des réponses des sujets pendant les deux rédactions a été di-visé en intervalles de 30 secondes. Le plus haut point

(ré-sistance minimum) de chacun de ces intervalles a été relevé et transformé en Kilohoms de résistance. La moyenne de ces

(28)

scores pour chacune des deux rédactions a été calculée et "D" exprime la différence en résistance de ces moyennes. Cette mesure a l'avantage de contrôler l'erreur de variance due aux

différences individuelles "d'excitabilité". En effet, Lacey (1950; Lacey, Bateman, et Von Lehn , 1952; 1953) a démontré que les individus tendent à réagir à différents événements avec le même patron de réponse physiologique et "D" traite le sujet en fonction de son niveau "d'excitabilité".

Mesures d'attitude face aux habitudes d'hygiène dentaire. Pour mesurer les attitudes des sujets face aux habitudes d'hygiène dentaire à la suite de leur rédaction de l'essai nous avons utilisé et adapté pour les fins de la présente recherche le questionnaire médical (Appendice C) mis au point par Hoyt, Henley et Collins (1972) à l'intérieur duquel nous avons

uti-lisé deux énoncés auxquels le sujet devait répondre en encer-clant une répense sur une échelle en sept (7) points de type Lykert, allant de "extrêmement vrai" (1) à "aucunement vrai" (7). Le premier énoncé (Item I) était dans la section intitu-lée "habitudes de santé" et se lisait comme suit: "Il est sain de se brosser les dents". Des résultats élevés indiquaient un désaccord avec cet énoncé et une attitude négative face à

l'habitude de se brosser les dents. Le deuxième énoncé (Item II) était dans la section intitulée "connaissances médicales" et

se lisait comme suit: "Certaines pâtes dentifrices contiennent des produits chimiques et des abrasifs nocifs pour la santé".

(29)

Des résultats faibles indiquaient un accord avec cet énoncé et une attitude négative face à l'usage de pâtes dentifrices. Appareils et dispositions expérimentales

Les réponses physiologiques étaient enregistrées par un dynograph de type R S à deux canaux de marque Beckman équipé d'un pamplificateur de type 9842 destiné à mesurer la ré-sistance de la peau du sujet (G.S.R.) et d'électrodes bipo-tentilles sans référence (ground) au sujet. Ces électrodes étaient fixées à l'index et au majeur de la main gauche du sujet après que la surface des doigts ait été nettoyée avec du methyl hydrate. Les instructions (Appendice D) étaient enre-gistrées sur des cassettes de marque Scotch C-60 et données au sujet à l'aide d'un magnétophone stéréo à cassettes de marque Concorde F 150 à deux haut-parleurs. Enfin, un commutateur blanc et commutateur brun étaient reliés à une limière verte et à une lumière rouge. Le sujet se servait de ces commuta-teurs pour signifier à l'expérimentateur son accord â conti-nuer et/ou pour indiquer qu'il avait fini de rédiger son texte

Le sujet était dans une salle insonorisée séparée de la salle de contrôle où se trouvaient le dynograph, le contrôle du magnétophone, et les lumières verte et rouge. Il était assis dans une chaise confortable avec une grande table de travail devant lui. Nous avions placé, sur cette table, de-vant lui, le haut-parleur par lequel il recevait les instruc

(30)

tiens, un carton rouge sous lequel se trouvaient les arguments à inclure dans son texte, des feuilles blanches pour écrire et des crayons. A sa droite, sur cette table également, se trou-vaient un panier à papier dans lequel il pouvait déposer les

feuilles écrites et les deux commutateurs.

L'expérimentateur était un étudiant gradué de troisième cycle en psychologie. Il n'avait pas été mis au courant des objectifs de la recherche.

Procédure

Le recrutement des sujets s'est fait en deux étapes. Dans une première étape, tous les étudiants (environ 200) de première et de deuxième années inscrits au programme de premier cycle en Orientation Scolaire et Professionnelle à l'Université Laval ont été rencontrés. Il leur a été offert de participer à une recherche sur les opinions et les attitudes. Aucune précision sur le projet ne leur était apportée. Il leur était seulement mentionné qu'après l'expérimentation, nous serions disponibles pour discuter du rationnel de la recherche ainsi que de la théo-rie sur les opinions et les attitudes. Les sujets intéressés étaient alors invités à donner leur nom, leur âge, leur sexe, leur adresse, leur numéro de téléphone ainsi que l'année du programme qu'ils étaient à compléter en utilisant le question-naire présenté en Appendice B. 110 étudiants (51 garçons et 59 filles) se sont dit intéressés à participer au projet. Les

32 sujets (16 filles et 16 garçons) ont alors été choisis au hasard parmi ce groupe de 110 étudiants et ils ont été distri-bués au hasard en nombre égal par sexe dans chacune des quatre

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conditions expérimentales. Un groupe réserve de 10 étudiants (cinq filles et cinq garçons) a également été formé au hasard. Les 32 sujets qui avaient été choisis au hasard pour partici-per ont ensuite été recontactés par téléphone. La date, l'heu-re et l'endroit où se déroulait l'expérimentation leur étaient alors mentionnés. A la date et à l'heure fixées, les sujets étaient individuellement reçus dans la salle d'expérimentation. L'expérimentateur informait alors le sujet de l'existence (fic-tive) d'un vaste projet sur les opinions et les attitudes qui

se caractérisait par son degré d'articulation et le grand nom-bre de ses ramifications. Il précisait également que ce pro-jet d'envergure était le fruit d'un souci croissant chez les chercheurs de coordonner leurs efforts et leurs énergies pour que, d'une part, les données recueillies soient utilisées au maximum et que, d'autre part, leurs résultats soient d'autant plus significatifs de par l'interdépendance de leurs projets. Il précisait enfin que leur participation fournirait d'une part des données directement utilisables et, d'autre part et surtout, du matériel utilisable dans les ramifications de ce vaste projet. Cette présentation générale visait à distraire les étudiants des objectifs réels de la recherche et à augmen-ter la crédibilité des directives suivantes.

Ensuite, l'expérimentateur familiarisait le sujet avec le matériel de l'expérience. Pendant qu'il installait les électrodes au sujet,il mentionnait que les données que donnait cet instrument constituaient les données directement

(32)

utilisa-blés alors que les résultats de la tâche qu'il aurait à accom-plir serviraient dans une autre ramification de ce vaste pro-jet comme il serait en mesure de le comprendre en écoutant les directives. Il lui demandait ensuite de se détendre et l'in-formait qu'il recevrait la suite des directives par magnéto-phone .

L'expérimentateur se dirigeait alors à la salle des con-trôles pour prendre la première mesure du niveau de base de résistance des sujets. Une fois cette première mesure obtenue, il mettait en marche le magnétophone pour donner la suite des directives au sujet. Le sujet était alors informé que l'expé-rience comportait deux phases et que dans une première phase nous contrôlerions le bon fonctionnement de nos appareils et que dans une deuxième phase nous réaliserions l'expérience proprement dite pour laquelle il avait été convoqué.

Au cours de la première phase, 30 secondes étaient laissées au sujet pour lui permettre d'identifier une activité qui lui avait plu au point qu'il avait conseillé ou conseillerait à un(e) ami(e) de le faire. Une fois ces 30 secondes écoulées, le sujet devait écrire ce qu'il dirait à cet(te) ami(e) pour l'inviter à faire cette activité qu'il venait d'identifier. Au cours de cet intervalle de cinq minutes, l'expérimentateur enregistrait les réponses physiologiques du sujet. A la fin

de cet intervalle, le sujet était invité à arrêter d'écrire et informé que la première phase de l'expérience était ter-minée. Il lui était alors recommandé de prendre une position

(33)

confortable et il était informé qu'il recevrait la suite des directives une minute plus tard. Pendant cette période, l'ex-périmentateur vérifiait le niveau de base de résistance du su-jet.

La suite des instructions établissait les variables indé-pendantes en termes de choix et d'incentif et débutait comme suit :

"Nous allons maintenant nous engager dans la seconde phase de l'expérience. Pendant cette phase, nous te demanderons d'écrire un texte pour une expérience que nous menons actuelle-ment. Notre budget nous permet de te donner

$0.50 ($4.00) pour ta participation".

Pour les deux groupes de sujets dans la condition de li-berté de choix, les directives continuaient comme suit (en in-sistant sur le choix qui leur était laissé):

Je te demanderais d'écouter attentivement les directives jusqu'à ia fin de façon à ce que tu saches en quoi consiste l'expérience et que tu puisses décider de la taire ou non.

Pour les deux groupes de sujets dans la condition de non-liberté de choix, les directives continuaient comme suit:

Je te demanderais d'écouter attentivement les directives jusqu'à la fin de façon à ce que tu saches en quoi consiste l'expérience et ce que tu devras faire".

Il est à noter que les incentifs étaient connus des sujets avant qu'ils aient été mis au courant du choix qui leur était laissé ou non comme le suggère Sherman (1970).

(34)

Le contenu de la tâche à accomplir était alors abordé et, pour faire en sorte que les étudiants croient que leurs essais auraient des conséquences aversives, les instructions insis-taient sur le fait (fictif) que ces essais seraient utilisés dans des conditions susceptibles de provoquer l'abandon de l'hygiène dentaire préventive par de jeunes étudiants du secon-daire. Les instructions mentionnaient que les essais qu'ils élaboreraient seraient utilisés dans une ramification du vaste projet qui consistait à faire lire à cinq classes d'étudiants du secondaire des essais disant pourquoi se brosser les dents

(essais déjà disponibles) et à cinq autres classes des essais disant pourquoi on ne devrait pas se brosser les dents (leurs essais). Il était précisé que cette procédure permettrait de comparer l'efficacité relative de différents arguments et qu'une attention spéciale serait portée aux effets à long terme (six mois) des arguments sur les habitudes dentaires des étudiants pour voir si, comme il était prévu, les étudiants qui liraient les essais qui contenaient une argumentation négative souffri-raient de plus de caries et de problèmes dentaires plus graves.

Les conditions de choix étaient alors à nouveau manipulées. Dans la condition de liberté de choix, les directives conti-nuaient comme suit:

"Ainsi, ce que tu auras à faire, si tu acceptes de participer, sera d'écrire un texte dans lequel des étudiants de niveau secondaire pourront lire pourquoi ils ne devraient pas se brosser les dents".

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Nous te suggérerons certains arguments à inclure dans ton texte... (les directives insistent ici sur l'impor-tance d'écrire un texte aussi fort et convainquant que possible). A ta droite, tu peux voir un commutateur blanc et un commutateur brun. Si tu es d'accord pour participer, place le commutateur blanc à "on" pour re-cevoir la suite des directives. Dans le cas contraire, utilise le brun et attends la venue de l'expérimentateur Daas la condition de non-liberté de choix, les directives continuaient comme suit:

"Ainsi, ce que tu auras â faire sera d'écrire un texte dans lequel des étudiants de niveau secondaire pourront, lire pourquoi ils ne devraient pas se brosser les dents. Nous te suggérerons certains arguments â inclure dans ton

texte... (les directives insistent ici sur l'importance d'écrire un texte aussi fort et convainquant que possible). A ta droite, tu peux voir un commutateur blanc et un com-mutateur brun. Mets le comcom-mutateur blanc à "on" pour rece-voir la suite des directives".

Un intervalle de 15 secondes s'écoulait. Si le sujet, dans la condition de liberté de choix, décidait de participer, les di-rectives reprenaient par: "Merci d'avoir accepté de participer". Dans le cas contraire, l'expérimentateur arrêtait la les

direc-tives et invitait le sujet à partir.

La suite des directives était identique pour les sujets qui avaient décidé de participer et les sujets qui étaient obligés de le faire. Une fois informés que le montant d'argent qui leur était alloué leur serait remis à la fin de l'expérience les su-jets étaient invités à utiliser tous les arguments qu'ils trou-veraient sous le carton rouge qui était devant eux, à ajouter les

arguments personnels auxquels ils pourraient penser et à écrire le texte le plus fort et le plus convainquant que possible. Il leur était mentionné qu'ils pouvaient utiliser tout le temps

(36)

qu'ils voulaient et qu'ils devaient mettre le commutateur brun à "on" aussitoôt qu'ils auraient terminé.

L'expérimentateur enregistrait les réponses physiologiques des sujets pendant tout le temps de leur rédaction.

Aussitôt que le sujet signalait avoir fini de rédiger son essai, l'expérimentateur allait lui enlever les électrodes. Il lui remettait alors la somme d'argent qui lui était allouée en lui demandant de ne parler à personne de l'expérience et de la somme d'argent qui lui avait été allouée.

Comme le sujet était sur le point de partir, l'expérimenta-teur faisait mine de se rappeler soudainement que des personnes du département de médecine sociale et préventive lui avaient remis un questionnaire à faire remplir et invitait le sujet à prendre quelques minutes pour le remplir. L'expérimentateur remettait alors au sujet le questionnaire utilisé pour évaluer les attitudes des sujets face aux habitudes d'hygiène dentaire (Appendice C ) .

Une fois le sujet parti, l'expérimentateur déposait dans une enveloppe l'essai, le questionnaire et l'enregistrement des répon-ses physiologiques en prenant soin de noter à laquelle des condi-tions expérimentales avait été soumis le sujet.

L'expérimentateur a compilé la valeur des réponses physio-logiques de tension, le nombre de mots des essais de même que le temps mis à la rédaction des essais seulement après que les 32 sujets eurent été testés. Le papier d'enregistrement des répon-ses physiologiques se déroulant à la vitesse de lmm/sec, le temps

(37)

a été obtenu à partir de la longueur de l'enregistrement des réponses physiologiques pendant la rédaction de l'essai contre-at titudinal.

L'auteur n'a informé les sujets des objectifs de la recher-che que deux semaines après leur participation.

Design

Un design factoriel 2 (Choix) x 2 (Incentif) avec unique-ment un post-test des attitudes a été utilisé dans cette

recher-che. Une analyse de la variance à deux dimensions (degré de choix et importance de l'incentif) a été utilisée pour faire ressortir les sources de variation pour chacune des trois varia-bles dépendantes (effort, tension et changement d'attitude).

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RESULTATS

Effort

Le temps mis à la rédaction des essais et le nombre de mots de ces essais étaient les deux indices utilisés pour évaluer l'effort mis à la rédaction des essais. La moyenne des scores de ces deux indices pour chacun des quatre groupes est donnée dans le tableau I. Le tableau 2 présente le sommaire de l'ana-lyse de la variance de ces moyennes pour chacun des deux indi-ces. Aucune différence significative ne fut trouvée associée, au niveau des effets principaux, à la variable choix ou à la variable incentif ni même à l'interaction de ces deux variables tant en ce qui concerne le temps mis à la rédaction des essais qu'en ce qui concerne le nombre de mots de ces mêmes essais. Ces résultats supportent notre hypothèse que, dans la condition de liberté de choix, aucune différence significative d'effort ne serait observée entre les sujets à qui était offert un in-centif faible et à ceux à qui était offert un inin-centif fort. Ces résultats rejettent cependant notre hypothèse que, dans la

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Tableau I

Moyenne des scores de l'effort mis à la rédaction de l'essai.

Conditions Incent' Lf

de choix

$0.50 $4.00

Temps Nombre de mots Temps Nombre de mots Liberté de choix Non-liberté de choix 31.56 36.87 362.87 458.25 30.12 35.31 438.00 518.25 Tableau 2

Analyse de la variance des scores de l'effort mis à la rédaction de l'essai

Source Degré de

liberté moyen Carré F

Temps Nombre

de mots Temps Nombre de mots Temps Nombre de mots Choix (A) 1 1 220.4998 61688.2422 0.9903 2.4804 Incentif (B) 1 1 17.9999 36517.5078 0.0808 1.4683 Interaction (AxB) 1 1 .0312 457.5308 0.0001 0.0184 Erreur 28 28 222.6577 24870.6523

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condition de non-liberté de choix, un effort significativement plus grand serait observé chez les sujets à qui était offert un incentif fort comparativement aux sujets à qui était offert un incentif f aib le.

Tens ion

La moyenne des résultats de la mesure de tension "D" pour chacun des quatre groupes est donnée dans le tableau 3. Le tableau 4 présente le sommaire de l'analyse de la variance de ces moyennes. Aucune différence significative de tension ne fut trouvée associée ni à la variable choix ni à la variable incentif. L'effet de l'interaction de ces deux variables fut toutefois significatif (F=4.2037, dl-1/28, p.c.05). Des com-paraisons spécifiques effectuées par la suite nous ont cepen-dant révélé que cette interaction était due au fait qu'il y avait seulement une faible différence de tension entre les deux niveaux d'incentif dans la condition de liberté de choix

(F=0.4466, dl-1/28, p>.05) alors que cette différence était si-gnificative dans la condition de non-liberté de choix (F=4.9778, dl=l/28, p4..05). Dans la condition de liberté de choix, l'effet de l'incentif sur la tension n'a pas atteint un niveau de si-gnification appréciable (p>.05) et l'hypothèse que, dans la condition de liberté de choix, un niveau de tension signifi-cativement plus élevé serait observé chez les sujets â qui était offert un incentif faible comparativement à ceux à qui était offert un incentif fort, n'a pas été confirmée. Dans la condition de non-liberté de choix, cependant, l'effet de

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1'in-Tableau 3

Moyenne des scores de tension (D)

Conditions de choix Incentif $0.50 $4.00 Liberté de choix Non-liberté de choix 0.5387 -0.3775 0.1100 1.0537 Tableau 4

Analyse de la variance des scores de tension (D)

1

Source Degré de liberté moyen Carré F

Choix (A) 1 0.0015 0.0009 Incentif (B) 1 2.0100 1.2212 Interaction (AxB) 1 6.9192 4.2037* Erreur 28 1.6459 Liberté de choix 0.4466 $0.50 VS $4.00 Non-liberté de choix 4.9778* $0.50 VS $4.00 -—— * p^..05

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centif sur la tension a atteint un niveau de signification appréciable (p^..05) et l'hypothèse que, dans la condition de non-liberté de choix, une tension significativement plus éle-vée serait obseréle-vée chez les sujets à qui était offert un centif fort comparativement à ceux à qui était offert un in-centif faible a été confirmée.

Attitudes face aux habitudes d'hygiène dentaire.

Les réponses des sujets à l'item: "Il est sain de se brosser les dents" et à l'item: "Certaines pâtes dentifrices

contiennent des produits chimiques et des abrasifs nocifs pour la santé" étaient les deux indices utilisés pour évaluer les attitudes des sujets face aux habitudes d'hygiène dentaire. La moyenne des scores à ces deux items pour chacun des quatre groupes est donnée dans le tableau 5. Le sommaire de l'analy-se de la variance pour chacun de ces deux items est prél'analy-senté dans le tableau 6. Bien que les moyennes présentées dans le tableau 5 soient dans le sens des prédictions, aucune

diffé-rence significative ne fut trouvée associée à la variable choix à la variable incentif ou à l'interaction de ces deux variables pour l'un et l'autre des deux items. L'effet de l'incentif sur les attitudes face aux habitudes d'hygiène dentaire n'a atteint un niveau de signification appréciable ni dans la condition de liberté de choix, ni dans la condition de non-liberté de choix. Ni l'hypothèse que, dans la condition de liberté de choix, un changement d'attitude significativement plus grand serait observé chez les sujets à qui était offert un incentif

(43)

faible comparativement à ceux à qui était offert un incentif fort ni l'hypothèse que, dans la condition de non-liberté de choix, un changement d'attitude significativement plus grand serait observé chez les sujets à qui était offert un incentif fort comparativement à ceux à qui était offert un incentif

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Tableau 5

Moyenne des scores d'attitude face aux habitudes d'hygiène dentaire Item I : Il est sain de se brosser les dents

Item 2 : Certaines pâtes dentifrices contiennent des produits chimiques et des abrasifs nocifs pour la santé

Conditions

de choix Incentif

$0.50 $4.00

Item 1 Item 2 , Item 1

! Item 2 Liberté de choix Non-liberté de choix 2.25 2.37 3.25 4.00 2.00 2.50 3.75 3.25 Tableau 6

Analyse de la variance des scores d'attitude face aux habitudes d'hygiène dentaire.

Source Degré de

liberté

Carré

moyen F

Item 1 Item 2 Item 1 Item 2 Item 1 Item 2

Choix (A) Incentif (B) Interaction (AxB) Erreur 1 1 1 28 1 1 1 28 0.7812 0.0312 0.2812 2.3348 0.1250 0.1250 3.1250 3.5178 0.3346 0.0134 0.1205 0.0355 0.0355 0.8883

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DISCUSSION DES RESULTATS

Les résultats n'ont indiqué aucune différence significa-tive d'effort mis à la rédaction de l'essai entre les sujets à qui était offert un incentif fort et ceux à qui était offert un incentif faible tant dans la condition de non-liberté de choix que dans la condition de liberté de choix.

Un niveau de tension significativement plus grand a été observé chez les sujets à qui était offert un incentif fort comparativement à ceux à qui était offert un incentif faible dans la condition de non-liberté de choix. Dans la condition de liberté de choix, cependant, l'effet de l'incentif sur le niveau de tension n'a pas atteint un niveau de signification appréciable.

Enfin, tant dans la condition de liberté de choix que dans la condition de non-liberté de choix, l'effet de l'in-centif sur le changement des attitudes n'a pas atteint un niveau de signification appréciable.

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Effets de l'incentif dans la condition de liberté de choix Dans la condition de liberté de choix, les résultats n'indiquent aucune différence significative d'effort, de ten-sion ou de changement d'attitude entre les sujets à qui était offert un incentif faible et ceux à qui était offert un incen-tif fort.

Les résultats obtenus en ce qui a trait à l'effort con-firment notre hypothèse et indiquent que, dans la condition de liberté de choix, l'incentif n'a aucun effet significatif sur l'effort mis à l'exécution du comportement contre-attitu-dinal et cela, même en l'absence d'une limite de temps. Des résultats semblables avaient déjà été obtenus par Sherman

(1970) et Linder, Cooper et Jones (1967) en ce qui a trait au nombre de mots des essais.

Contrairement à nos hypothèses et aux résultats que

Sherman (1970) et Linder, Cooper et Jones (1967) avaient obte-nus dans des conditions semblables, des changements d'attitude significativement plus grands n'ont pas été observés chez les sujets à qui était donné un incentif faible comparativement à ceux à qui était donné un incentif fort. L'absence de dif-férence significative de tension qui accompagne ce faible changement d'attitude suggère que les manipulations expéri-mentales n'ont pas provoqué l'état de tension qui aurait été

susceptible d'amener les sujets à changer leurs attitudes. De multiples facteurs non contrôlés peuvent être à l'origine

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des conditions expérimentales qui peut rendre compte de ces résultats. Tel que décrit dans la procédure, le recrutement s'est fait en deux étapes. Dans une première étape, de grands groupes d'étudiants se sont vu offrir la possibilité de parti-ciper à une recherche sur les opinions et les attitudes. A ce moment, aucune précision n'était apportée sur la nature exacte de ce projet. L'étudiant se voyait toutefois offrir la possi-bilité de discuter avec l'auteur, après l'expérimentation, du rationnel de la recherche ainsi que de la théorie sur les opi-nions et les attitudes. Cette première rencontre a suscité un grand intérêt chez les étudiants. Les sujets ont par la suite été choisis au hasard parmi les étudiants qui s'étaient dit intéressés à participer. Tenant compte de cette particu-larité du recrutement, il apparaît plausible, dans la perspec-tive de la théorie de la dissonance, que les sujets à qui était donné un incentif faible aient eux aussi trouvé une raison vala-ble pour rédiger l'essai en utilisant la perspective qu'ils

amélioreraient leurs connaissances dans le domaine des attitudes Cette hypothèse apparaît d'autant plus plausible que, dans les recherches de Linder, Cooper et Jones (1967) et de Sherman

(1970), la participation se faisait non pas sur la base d'un intérêt mais répondait à une exigence académique formelle obli-gatoire .

Effets de l'incentif dans la condition de non-liberté de choix Dans la condition de non-liberté de choix, les résultats indiquent un niveau de tension significativement plus élevé

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chez les sujets à qui était offert un incentif fort comparati-vement â ceux a qui était offert un incentif faible mais aucu-ne différence significative d'effort ou de changement

d'atti-tude. Contrairement à nos hypothèses et aux résultats obtenus par Sherman (1970) et Linder, Cooper et Jones (1967) dans des conditions semblable-,, des changements d'attitude significati-vement plus grands n'ont pas été observés chez les sujets à qui était donné un incentif fort comparativement à ceux à qui était donné un incentif faible. Conformément à nos hypothèses, cependant, un niveau de tension significativement plus élevé a été observé chez les sujets à qui était offert un incentif

fort comparativement à ceux à qui était offert un incentif fai-ble.

Dans cette condition, il y a évidence d'une plus grande dissonance chez les sujets à qui était offert un incentif fort sans toutefois que ces derniers utilisent la voie du changement de leurs attitudes pour la solutionner. Ces résultats souli-gnent l'importance d'utiliser une mesure indépendante de disso-nance en plus des mesures d'adaptation cognitive pour bien se

rendre compte des effets des manipulations expérimentales chez les sujets. L'auteur tient ici à faire certaines remarques sur la relation qui peut exister entre les mesures de tension et les mesures d'adaptation cognitive. Dans la formulation des hypothèses, l'auteur avait postulé qu'une forte tension serait

accompagnée d'un fort changement d'attitude, postulant ainsi une relation positive entre ces deux mesures. Une telle relation

(49)

impliquerait que l'individu demeure en état de dissonance pen-dant toute la rédaction de l'essai et réduise sa dissonance d'une façon quasi-instantanée en répondant au questionnaire. Ceci réduit le changement des attitudes â quelque chose de trop instantané. Il apparaît tout autant plausible que cette trans-formation se passe au cours de la rédaction de l'essai. Dans cette optique, plus le sujet changerait ses attitudes, moins la tension serait forte. Une relation négative existe alors entre les mesures d'attitude et de tension. Cronkhite (1966) et Buck

(1970) rapportent d'ailleurs de telles relations négatives entre leur mesure de tension et le degré d'utilisation des stratégies susceptibles de résuire la dissonance. Dans cette optique, il est cohérent que les résultats montrent une tension d'autant plus forte que les sujets n'ont pas changé leurs attitudes. Le diagramme de dispersion de la relation entre les changements d'attitude face à l'habitude de se brosser les dents et "D" pour les sujets de cette condition est présenté dans la figure I de l'Appendice A. La tendance générale est dans le sens d'une re-lation négative et apporte un certain support empirique à cet énon ce.

Enfin, contrairement à nos hypothèses, les sujets à qui était offert un incentif fort n'ont pas fourni un effort si-gnificativement plus grand que les sujets à qui était offert un incentif faible. La tension et l'effort ne varient donc pas d'une façon parallèle et cette constatation ne supporte pas la proposition soutenue dans cette recherche et proposée par Collins (1968) à l'effet que, dans la condition de

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non-l'effort plus grand déployé à l'exécution de l'acte. Il va sans dire que cela change le rôle de l'incentif qui était vu comme un stimulant à fournir un plus grand effort. Ces der-nières constatations amènent l'auteur à soulever un dernier point qui devrait faire l'objet de recherches subséquentes. A la suite des travaux de Brehm et Cohen (1962) qui ont raffiné la théorie de la dissonance en soulignant l'importance de l'implication de l'individu dans l'acte, la recherche en est venue à considérer la variable choix ou volontariat comme une condition nécessaire pour soulever l'état de dissonance (Brock, 1968) â tel point qu'il était nécessaire de recourir à une autre condition susceptible de provoquer cet état lorsque la

varia-ble choix n'existait pas, en l'occurence l'effort (Collins, 1968) Il semble qu'au cours de cette démarche les auteurs en soient venus à limiter l'implication à une façon de l'obtenir. A la lumière des résultats qui montrent la présence d'une dissonan-ce dans la condition de non-liberté de choix sans que l'effort soit présent d'une façon parallèle, l'auteur est porté à repo-ser le problème dans ses termes originaux et à parler de l'im-portance de l'implication de l'individu dans l'acte sans en limiter 1'opérationalisat ion au fait que l'individu ait le choix ou non de poser le geste mais, au contraire, à en géné-raliser 1'opérationalisat ion à tout indice dans l'environne-ment qui pourrait amener le sujet à s'attribuer la

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Collins (1972). L'auteur fait l'hypothèse que, dans la con-dition de non-choix, un incentif élevé favorise l'implication de l'individu dans l'acte en éveillant chez le sujet une im-pression d'affiliation ou de collaboration au détriment de l'obligation. Il serait simple de vérifier cette hypothèse en ajoutant au paradigme utilisé dans cette recherche un bref questionnaire à ce propos qui pourrait être administré aux sujets à la fin de l'expérience.

Perspectives de recherche

Cette recherche avait pour objectif d'identifier les pro-cessus médiationnels qui interviennent entre les manipulations expérimentales et les réponses attitudinales finales des sujets dans une situation de role-playing cognitif. L'absence de chan-gements d'attitude significatifs limite la portée des résultats Toutefois, cette recherche illustre clairement l'importance d'utiliser une mesure indépendante de tension en plus des me-sures d'adaptation cognitive pour rendre compte de la présen-ce ou non de l'état de dissonanprésen-ce. En effet, dans la condi-tion de non-liberté de choix, des différences significatives de tension ont été observées sans que n'aient été altérées d'une façon significative les mesures d'attitude.

Elle ouvre également deux secteurs de recherche qui ap-paraissent prometteurs. Sur le plan méthodologique, elle invite à utiliser, comme mesure de dissonance, la corrélation négative qui pourrait exister entre une mesure d'adaption

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théorique, elle invite à considérer sous un nouvel angle la fonction de l'incentif dans la condition de non-liberté de choix. Elle suggère de le voir non plus comme un stimulant qui, proportionnellement à son importance, serait susceptible d'amener le sujet à fournir un effort plus grand mais comme un élément susceptible de favoriser, proportionnellement à son importance, l'implication du sujet dans l'acte en éveillant chez lui une impression d'affiliation ou de collaboration au détriment de l'obligation.

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