L
'
é
CONOMIE
DE
PLATEFORME
:
DESCRIPTION D
'
UN
PHENOMENE
D
'
INTERM
é
DIATION
Quentin CORDIER assistant«à FULiègeSommaire
Introduction 8 Section1L'économie de plateforme: tentativedecirconscriptiondu phénomène
Section 2
Ladiversitédes servicesproposésparlesplateformes numériques Section 3
Lesquestionsjuridiquesposéesparl'économiedeplateforme
Conclusion
9
18
26 33
L'économiede plateforme : descriptiond'unphénomèned'intermédiation
Enjeux etdéfis juridiques del'économiede plateforme
est
difficile
d’établir une chronologie claire-d’«industrialisation» du modèlede l’économiedupartage oùlesplateformessontcontrôléespardes opérateurs
priv
ésdans un but lucratifet où les utilisateurs peuvent également rechercherprofit
personnelen proposant,par l’entremise de celles-ci,des biensou desservices
3;nousparleronsdonc d’économiede plateforme6.Dans les lignes qui suivent, nous tenterons, dans un premier temps, de
déterminerlesélémentsconstitutifs de l’économie deplateforme afinde distin
-guer
lesplateformes numériques d’autresopérateurséconomiques (section 1).Ensuite
,nous détaillerons,brièvement et sans volonté d’exhaustivité,différentsservices
qui peuvent être proposés parleur entremise (section 2).Enfin, nousévoquerons quelques problématiques juridiques qui nous semblent se poser
avec plusd’acuitéauseindel’économie de plateforme(section 3).
Toutefois,précisons d’embléequ’en raison de la trèsgrande hétérogénéité
des
plateformes
numériques, il sera difficile de dégager unschéma de base quiserait commun à toutes les plateformes numériques. Nous nous y emploie
-rons toutefois avec pour objectif de faciliter une compréhension globale du
phénomène,en assumant le risqueque puisse parfoisnousêtre reprochée une généralisation hâtivedes caractéristiquesde certaines plateformes-voire de la majoritéd’entre elles-à l’ensemble de celles-ci.
Introduction
1
.
Écrire que les nouvelles technologies numériques sont probablementen train de bouleverser fondamentalement et durablement nos sociétés para
î
t désormais d’une banalité sans nom tant ce discourssemble récurrent. On ne compte plusles articles de presseou scientifiquesconsacrés auxquestions que pose larévolution numériqueque nousvivonsdepuis quelquesannéesdéjà-etpour quelquesannées encore
—
en termes de droitau respect de la vie privée,d’enjeux démocratiques dans la réglementation des GAFA1, d’avenirdu travail
humainavecle développementde la robotique, etc.
Si certains des bouleversements annoncés paraissent
—
à tort ou à rai-son -encore lointains, d’autres font déjà partie de notre quotidien.C’est le
cas, notamment,des avancées dans le domaine des nouvelles technologiesde l’informationetde la communication (N.T.I.C.).L’essord’internet a permis, et
permet,la miseen relation d’individus, d’entreprises,d’associations... où qu’ils
se trouvent sur le globe et à des vitesses inégalées;le monde est devenu un
village.Ilen découle l’accèsà unemultitude d’informations et de
font désormais partie de nos habitudes,telsl’échangede courriels,l’accèsàdes services de messagerie évolués (et cryptés),l’achatenligne de biensou deser
-vices,la consultationdebasesde données(juridiques),la lecture de lapresse, etc. Trèstôt, etcelafait probablementpartie d’unedesphilosophiesd’internet2,des
services communautaires, qui reposent suruneformedepartage,sesontégale
-mentdéveloppés.Onpensenotammentà l’encyclopédieenligne Wikipédia qui
sembleaujourd’hui,chezcertainsdesplusjeunes,reléguersonéquivalentpapier
au titrede témoin d’un temps révolu3.
2
.
Depuis quelques années, cette dimension communautaire d’internet tendàs’étendre à lasphèreéconomique.Ainsi,on aassistéà la créationde pla-teformesderencontres etd’échangesdans le cadre de l’économiedupartage ou
sharing economy.L’idéeest,alors,d’échangerentrepairs(peei) unbien contreun
bien,un service contre unservice,ou d’offrir de tels biens
liant une juste indemnisation. Ce phénomène est également souvent désigné
sousle vocable d’économiecollaborative.Ilnoussemble toutefois queceterme
utiliséen pratique avec dessensdifférents ne rend plusexactementcompte de
l’idée de partage qui présidait à l’origine4. En effet, l’expression «économie
collaborative» désigne également un mouvement simultané ou successif- il
1
unservices,qui
Section
1
L
’é
conomie
de plateforme
:
tentative de circonscription du phénomène
3. Enl’absence de définition légale transversaleetgénéraledel’économie
de plateforme - ou de l’économie collaborative ou sharing economy - et en
présence,concomitamment,de tentatives de définition doctrinales nombreuses
et variées,la première et indispensable étape de délimitation du sujet d’étude semble unegageure.
Nous avons même longtemps hésité sur la question de savoir s’il fallait choisir une définition ou plutôt évoquer une série de définitions énoncées parlelégislateur belgeou européen dans certainstextesad hocetpar différents
auteurs.Nousavonsfinalementopté pourune solution intermédiaire,évoluant
parcercles concentriquesen partantde l’acception la plus large possiblejusqu’à atteindre,grâceàdesprécisions successives,la notion deplateformenumérique
ou servicesmoyen
-Google,Apple,FacebooketAmazon.
2 Voy. notamment:P.GAUDRAIetF.SARDAIN,Traité de droit civil du numérique
,t.I.Bruxelles,Larder,2015,
p.341.
Voy.pourunebrèveanalyse du passage du web1.0au
desplateformesnumériques:O.LOBEL,«TheLawof thePlatform»,Universityof San Diego Legal Studio-Research Paper Series,2016,n° 16-212,pp.7-8,disponiblesurhttps:/ /ssrn.com/abstract=2742380. 4 Voy.
surlecaractèreéminemmentconnoté de certainstermesutilisésdans le cadre de l’économie de
5 Voy.notamment,ausujet de laprésence initiale d’une idéede partage quinelaitpluspartiedes aspira -tions debeaucoup de plateformes numériques ni de leurs utilisateurs :V.HATZOPOULOS,The Collaborative
Economy andEULaw,Oxford-Portland,Hart Publishing,2018,p.5.
6 Un choix similaire a été opéré dans un rapport pour le Parlement européen (The Social Protec
-tion of Workers in the Platform Economy,Bruxelles, Policy Department, European Parliament, 2017,
web 2.0 puisauweb 3.0etle développement
r
L'économiede plateforme:description d'unphénomène d'intermédiation Enjeux etdéfis juridiques de l’économiedeplateformecement
entretient-voire nécessite—
l’existencede deux clientèles differentesniais interd
épendantesen ce qui concerne les produitsqui ysont échangés»8.En outre,précisons que leur composition n’est pasfixe;l’offreur de biens ou
deservices d’unjour peut trèsbien êtreledemandeurde biensou de services d’unautre.
Il résulte de cette structuration du marché que pour être populaire (et
rentable
), une plateforme doit attirer à la fois un grand nombre d’utilisateurs«offreurs»etungrandnombred’utilisateurs«demandeurs».Eneffet,silaplate
-formenecompte pas suffisamment de demandeurs de biensoude services,les
offreurs
de tels biensou servicesdélaisseront la plateforme car les probabilitésque celle-ci leur permette de conclure une transaction seront trop faibles, et
inversement9.En conséquence,le mode de fonctionnement de l’économie de
plateforme
entretient d’importantseffetsde réseaux, soit,pourfairesimple, unetendance
àfavoriser le premieretplus grand acteuraudétriment desnouveauxentrants qu’on peut résumer sous l’expression anglo-saxonne «Winner Takes
All
»10.au sein de l’économie de plateforme que nous entendons développer dans
notrecontribution (A).Nous évoquerons,ensuite,quelques définitions légales
belgeseteuropéennesadoptées
certains aspectsde l’économie deplateforme(B).
Précisonsd’embléequele choix dela définition n’est pascommandé par
desconsidérationsjuridiques.Délimiter l’objet de notreétude constituait une
étapeindispensable à la réalisation de celle-ci.Ainsi, notrevolonté n’est pasde laissercroireque la définitionretenueseraitjuridiquement plusappropriéeque d’autresquenousaurions écartées. Enoutre,cettedéfinitionqui servira debase
pour les deux prochainessections de notre exposé nesera pas commune aux
autrescontributions.
1
coursd’élaboration afinde réglementer
ou en
A.
A
la
recherche d
'une
définition transversale
4
.
Dans son acception la plus large, le développement des plateformesdésigne un phénomèned’intermédiation oùuneplateformenumériqueacces
-sibleen ligne-soit via un navigateurinternet,soit via uneapplication (smart
-phone,tablette,etc.)-permetàc desutilisateursd’interagirentreeux.Danscette
acception, une relation
juridique
ne se noue pas systématiquement entre lesdifferents utilisateurs. Partant, un nombre extrêmement élevé de plateformes
correspondàcettedéfinition.Ilpeut s’agir demoteursderecherche(telsGoogle
ou Bing),deréseauxsociaux (tels Facebook,Twitter,LinkedIn), deplateformes de
partagede vidéos (comme YouTubeou Dailymotion),etc.
Toutefois, lorsque nous parlerons de l’économie de plateforme nous
viserons uniquement les plateformes numériques qui procèdent à la mise en
relation,à l’aide d’algorithmes,d’au moins deux catégories d’utilisateurs
demandeurdebiensoude servicesetunoffreur debiensoude services,afinde
leur permettre,du moinsen apparence,d’établir des relations juridiquesentre
eux.On précise,déjà,que la dénomination de ces deuxcatégories
—
demandeur etoffreur-est susceptible de varieren fonction de l’activitéde la plateforme. Encequi concerneles plateformesde travailon parlera dansla suite del’exposéde solliciteur et de prestataire,pour les plateformes de vente d’acheteur et de
vendeur,pourles plateformesdefinancement participatifd’entrepreneuretde
contributeuret pourlesplateformesd’hébergement d’hébergéetd’hébergeur.
une sur un
Par ailleurs,certaines plateformes mettent en relation plus de deuxcaté
-goriesd’utilisateurs.Par exemple,la plateforme Instacart11
—
activeenAmériquedu Nord et qui permet la livraison de denrées alimentaires au domicile du
demandeur de la prestation-fait intervenir un shopper,quiachèteles produits
dans unsupermarché,etun driver qui les livre chez leclientfinal.Demême,la
plateforme
Uber Eats12 met en relation-du moins d’un point de vueécono-mique
—
desrestaurateurs,des coursierset desconsommateurs., un
intégrées :C.CODACNONE,F.ABADIEetF.BIAGI,TheFinnicof Work inthe«SlimingEconomy»:Market Effi
-ciency amiEquitable Opportunitiesor UnfairPrécarisation?,JRCSciencefor PolicyReport,2016,pp.46-48, disponible sur https:/ /ec.europa.eu /jrc/en/publication/eur-scientific-and-technical-research-reports/
future-work-sharing-economy-inarket-efficiency-and-equitable-opportunities-or-unfair.
8 Puissance publique et plateformes numériques:accompagner 1’«nbérisation».Etude annuelle 2017, Conseil d’État (France), juillet 2017, p. 25, disponible sur www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports
-publics/ 1740007 14-etude-annuelle-2017-du-conseil-d-etat-puissance-publique-et-plateformes -numeriques.
9 Voy. notammentJ.SéNé
CHAL,«La diversité des services fournis par les plates-formes en ligneet la
spécificité de leurrémunération, undouble défi pour le droit descontrats(2e partie)»,A.
J.Contrats d’affaires,2016,p.141.Voy.aussi:D.EVANSetR.SCHMALENSEE,«TheIndustrialOrganization ofMarkets withTwo-SidedPlatforms»,Competition PolicyInternational, 2007,vol.3,n°1,pp.153-155,disponible
surwww.competitionpolicyinternational.com/the-industrial-organization-of-markets-with-two-sided -platforms/.
10 Voy. notamment :A. GAUTIER, «Introduction.Analyse économique des plateformes collaboratives»,
op.cit., pp.21-22;G.SMORTO,«Protectingthe WeakerPartiesinthePlatformEconomy»,inN.David -son,M.Finck etj.Infranca(éd.),TheCambridgeHandbook of the Lawofthe Sharing Economy,Cambridge,
CambridgeUniversity Press, souspresse,chap.1.2.D.,disponiblesurhttps://ssrn.com/abstract=3098048.
Ces deuxcatégoriessontcomposéesd’unemultitude d’utilisateurs,d’
foule,pour reprendre le terme consacré. Les plateformes sont actives
marché biface-ou multiface- dès lors qu’elles s’adressent à au moins deux
catégories declientèles7.Le marché bifaceest«un typede marchédontl’agen
-Voy. pourune
de1économiste»,A.J.Contratsd’affaires, 2016,p.74;A.GAUTIER,«Introduction.Analyseéconomique desplateformes collaboratives»,in G. Rue (dir.)
.
Aspects juridiques de l’économie collaborative, coll.Les analyse économique :A.PERROT,«L’économie digitaleet sesenjeux : le point de vueL’économiede plateforme:description d'unphénomène d'intermédiation Enjeux et défis juridiques de l'économiedeplateforme
À l’inverse,elle intègre des activitésetdes plateformesqui nesontgénéra -lement
pas
considérées comme faisant partie del’économie collaborative,tellesles
plateformes
de vente27. En effet,au sein des plateformes qui participent àl’idée
originelle
de partage,les services sont proposés en échange d’un autreservice
ou contre une contribution financière qui vise à prendre en chargeles frais afférentsau service,sans volonté de dégager un bénéfice. Quant aux
biens,ilssont misà disposition-sans transfert de propriété,donc-en vuede
permettre
leur utilisation par unpropri
étaires de bienssous-exploités d’en augmenter l’utilité enles partageantavec
d’autres personnes en évitant à ces dernières de devoir acquérir un tel bien28. Par exemple,le propriétaire d’une foreuse quinel’utilise que quelquesfoissurl’annéepourraiten proposerl’utilisationsur unsitedepartageafind’en
augmenter l’utilité(pourlacommunauté).Dansla puretédesprincipes,l’objec -tifn’est pas de dégager un profit decette miseà disposition maissimplement de«rendreservice».
recours aux services desditschauffeurs.De surcroît,Uberexerce uneinfluence
décisive sur les conditions de la prestation de tels chauffeurs.Sur ce dernier
point,il apparaît notamment qu’Uber établit,au moyen de l’application épo
-nyme,à toutle moins le prix maximumdelacourse,quecettesociétécollecte ce prix auprès du client avant d’en reverser une partieau chauffeur non pro
-fessionnel du véhicule, et qu’elle exerce un certain contrôle sur la
qualit
édes véhiculeset deleurschauffeurs ainsique sur lecomportementde ces derniers, pouvant entraî
ner, le cas échéant, leur exclusion»23.La Cour de justice seraprochainementamenéetà répondre à unequestion similaireau sujetde la pla
-teformed’hébergement Airbnbdèslors qu’unequestionpréjudicielle
pos
éeparun juge d’instruction du tribunal degrande instance de Parisest actuellement pendante24 2d.
Enfin,lesplateformesnumériquessechargentdu paiement dela prestation et la plupart prélèvent,à cetteoccasion,une commission.
7
.
Pour synthétiser, nous viserons dans les lignes qui suivent les plate-formesnumériques entendues comme desopérateursprivésqui, au minimum,
organisent une place de marché virtuelle afin de permettre la rencontre de
l’offre et de la demande,induisent une certaine uniformisation des modalités
d’expression decesoffresetdemandes,prêtentleurconcoursdansla procédure d’appariement et modalisent de manièreplus ou moinsintenseles conditions
contractuellesqui lierontoffreurs et demandeurs. En outre,nous ne traiterons
que des plateformes qui facilitent les transactions évaluables et évaluées en argent
—
écartant ainsi certaines plateformes collaborativesau sensoriginel duterme -etquisechargentde lagestiondes paiements.
8
.
Cette acception exclut donc,par
choix, on le répète,certainesentre-prisespouvant être considéréescomme desplateformesselon d’autrescritères. Ainsi,par exemple,le siteinternet Trivago,qui permet decomparer des offres
de nuitées,mais pas deconclure directementla convention par son entremise,
ne correspond pas à notredéfinition. Ilenvade mêmedu site interne Yelpqui
permetdenoter, notammentdesrestaurants,sans que lesexploitantsdeceux-ci
nesoient nécessairement inscritsetassociésàcettedémarcheetsans,ànouveau, gérer la transaction entrelerestaurateuret leclient.Seront encoreexcluesdes
plateformes de streaming demusique ou de vidéostelles Spotifyou Netfiixdès
lors qu’il n’y a pas de transaction «directe» entre le consommateur, au sens
courant,etle producteurdu contenu26.
1
tiers.L’ambitionest,alors,de permettre à des
B
.
Les
dé
finitions
légales belges
et
europ
é
ennes
9
.
Le législateur belge n’a pas défini, on l’a dit, de manière générale lanotion de «plateforme numérique» bien qu’il y fassedirectement ou indirec
-tement ré
f
érence dans certains textes. En matière fiscale, en ce qui concerne l’exonérationde certainsrevenusissusde l’économie collaborative,lelégislateur vise lesprestations accomplies par l’entremised’uneplateformeagrééesansplusde précisions.Lestravauxpréparatoiresdecettemesurefiscalepermettenttou
-tefoisd’apporter un certain éclairage:«Lesmarchéspeer
-
to-
peersontdes plate -formes (généralement électroniques)oùdes transactions de biensetde servicessont réalisées entre parties égales.La plateforme (lemarché) réunit Loftreet la demande.Elle estmaintenueetdéveloppée
par
un tiers,qui intervientsouventaussidansle traitement del’aspectfinancierdela transaction»29.Dans lesecteur
financier,nous verronsque lelégislateur estintervenu afin deréglementercer
-tains aspects du financement participatif(voy
.
infra).
27 Lemêmeauteurexclutparcontreles plateformes deventeen raison desadéfinition desplateformesde
l’économie collaborative,à savoir celles qui«facilitate: (a) access, asopposedtotransfer ot ownership;
and (b) the conclusion of a transaction (contract)betweentwoother parties (atripartite relationship);
(c)whichparties are mostly
—
butnotexclusively—
peers,regardless ot whether theseareprosumersorserviceproviders»(ibid.,p.7).L’auteurs’inspire d’une définitionélaborée par la Commission européenne dansuneprécédente communication:Communication de la CommissionauParlement européen,au Comité économiqueetsocialeuropéenetau ComitédesRégions,Un agendaeuropéenpourl’économie collaborative,op.cit.,spéc.p.3.
2s Voy. notamment: L. GODEFROY,«Versunerégulation juridique des places de marché de commerce
enligneentreparticuliers»,Rec.Dalloz,2015,p. 2513;O. LOBEL,«TheLaw ot thePlatform»,op.at.,
pp.16-17;A.GAUTIER,«Introduction.Analyseéconomique desplateformescollaboratives»,op.cit.,p.16.
2-' C.
J.U.E., arrêtAsociaciôn ProfesionalEliteTaxi c.Uber SystemsSpainSL, précité,points 37ets.
24 Affaire C-390/18,Airbnb Ireland UC.
2:> Voy. pour une première analyse decetteaffaireàl’aune de la«jurisprudence Uber»: C.BUSCH,«The
SharingEconomyattheCJEU:DoesAirbnbpass the“Ubertest”? Some observations onthepending
caseC-390/ 18
—
Airbnb Ireland»,EuropeanConsumerand Market Law,2018,n° 4,pp.172-174,disponibleL'économie de plateforme : descriptiond’un phénomèned'intermédiation
Enjeux et défisjuridiques del'économiede plateforme
Le législateurfrançais,quantàlui,adéfinila notionde plateforme numé -rique dans differentstextes et,heureusement,demanière assezcohérente.Ainsi, l'article L.lll-7 du Code de la consommation dispose
:«Est qualifiée d’opé
-rateurdeplateforme enligne toute personne physiqueou moraleproposant,à
titre professionnel,de manière rémunérée ou non,unservice de communica
-tion au public reposantsur :1° Le classementou le référencement,au moyen
d’algorithmes informatiques,decontenus,de biensou de servicesproposés ou
misligne pardes tiers;2° Ou lamise en relation deplusieurspartiesen vuede
la vented’unbien,de la fourniture d’unserviceoudel’échangeou du partage
d’un contenu,d’un bien oud’unservice».Il retient uniquementle deuxième
-mentausein du Code général des impôts(art. 242bis), auquel ilest renvoyé par
le titre consacréauxtravailleurs utilisantuneplateforme de miseen relation par
voie électronique du Code du travail. En effet, l’article 242bissusmentionné
vise les entreprises «qui mettent en relation à distance, par voie électronique,
despersonnesenvuede la vented’unbien,de lafournitured’unserviceou de
l’échangeoudu partaged’unbien oud’un service».
Au niveau européen,la Commission travaillesurunensemble de réformes
en partie initiéesparle développementde l’économie de plateformemaiséga
-lement motivées par la volonté de la Commission de développer un marché
unique numérique30; on pense notammentà:(1) une proposition de directive
concernantune meilleureapplication et une modernisation desrèglesde pro
-tection des consommateurs de l’U.E.31, (2) une proposition de règlement du
Parlement européenetdu Conseilpromouvantl’équitéet la transparencepoul
-ies entreprises utilisatrices de services d’intermédiation en ligne32 et (3) une
proposition derèglementdu Parlement européenetdu Conseilrelatifauxpres -tataireseuropéensde services definancement participatif pourles entreprises33.
Ces différents textesdéfinissent,chacun pour ce qui le concerne, la pla
-teforme numérique. Il n’ya doncpas dedéfinition européenne commune.Le
premierprévoit certaines règles pour les placesde marché en ligneentendues
commele«fournisseurde servicespermettant auxconsommateurs etauxpro
-fessionnels de conclure des contrats de vente ou de service en ligne sur son
interface en ligne»;l’interface en ligne étant définie comme«tout logiciel, y
un site internet ou unesection de site internet, et des applications,
un professionnel ou pour
compris
notamment
des applications mobiles, exploité parcompteetpermettantauxclientsd’accéderauxbiens ouaux servicesqu’il en vue de réaliser unetransaction portantsurcesbiensouservices»34
.
1
son
propose
Le second règle certains aspects de la relation entre «un fournisseur de
uneentreprise qui fournit des biensou
services
d’intermédiation en ligne»etdes services à desconsommateursparl’intermédiaire de cepremier.Constitue
fournisseur
de services d’intermédiation la personne physique ou moralequi fournit
des services qui :«(a) constituent des services de la société del’in-formation
au sens de l’article 1er,paragraphe
1,point b),de la directive (UE)2015
/1535duParlement européenet du Conseil;(b) [permettent]auxentre-prises utilisatricesd’offrir des biensoudes services auxconsommateursen vue
de faciliter l’initiation de transactions directesentre cesentreprisesutilisatrices
et des consommateurs, indépendamment du fait que ces transactions soient
finalement
conclues; (c) [sont] fournis aux entreprises utilisatricessur la basede relations contractuelles entre,d’une part, le fournisseur de ces services et,
d’autre part, aussi bien lesdites entreprises utilisatrices que lesconsommateurs
auxquels
ces dernières offrent des biens ou des services»35.un
Le dernier encadre certaines composantes du financement
participatif
entendu comme «la mise en relation des intérêts d’investisseurs et de por
-teurs de projets en matière de financement d’entreprises,faisant appel à une
plate-forme de financement
participatif
et consistant en l’un ou plusieursdes éléments suivants (i) la facilitation de l’octroi de prêts; (ii) le placement sansengagement ferme[. . .]de valeurs mobilièresémisespar desporteursde projets, ainsi quela réceptionet la transmission d’ordres de clients [. ..]concernant ces
valeurs mobilières»36.Les plateformesdefinancement
participatif
sontquantàelles définies comme un système d’information électronique exploité ou géré
parunepersonnemorale quifournitdes services de financement
participatif
etquiaété agréée àcettefin par l’Autoritéeuropéenne des marchés financiers37.
.
30 Voy.notamment: Communication de la Commissionau Parlementeuropéen,auConseil,au Comité économiqueetsocial européen etauComité des Régionssurl’examenà mi-parcours de la mise
œuvrede lastratégie pour lemarché unique numérique,Un marché unique numériqueconnectépourtous,
COM(2017)228Final,10mai 2017,pp.9-11.
31 Proposition de directive du Parlementeuropéen et du Conseil modifiant la directive 93/13/ CEE du Conseil du 5avril 1993, la directive 98/6/CE du Parlementeuropéen etdu Conseil,la direc -tive2005/29/CEduParlement européenetdu Conseiletla directive 2011/83/UE du Parlement
péen etdu Conseilconcernantunemeilleure applicationetune desconsommateursdel’U.E.,COM (2018)185.
34 Art.2,16),durèglement(UE) 2018/302 duParlementeuropéenetduConseildu 28février 2018 visant
leblocage géographique injustifiéetd’autresformes de discrimination fondéesurlanationalité,
en acontrer
le lieu derésidenceoule lieu d’établissementdes clients dans lemarché intérieur, etmodifiantlesrègle
-(CE)n° 2006/2004et(UE)2017/2394etla directive 2009/22/CE (Texteprésentantde l'intérêt
ments
pourl’E.E.E.),J.O.U.E.,n° L 601 du 2mars2018.
^ Art.2,2)et3),dela proposition derèglementCOM(2018) 238.
36 Art.3,l.,a),dela proposition derèglement du Parlement européenetduConseil relatifauxprestataires
européensde services de financementparticipatifpour les entreprises,COM(2018) 113.
37 Combinaison des points b)etc) del’article 3,1.,dela proposition de règlementduParlementeuropéen euro
Enjeux et défisjuridiquesdel'économiedeplateforme L'économiede plateforme:description d'unphénomène d’intermédiation
Cette attention particulièrede la doctrine pourle phénomènes’explique
probablement
par l’intérêtpolitiqueetsociétal majeur quereprésentele marchédu
travail
.Au sein desplateformesnumériques quipermettentlaréalisation detâches
de
travail
,on distingue généralement entre le crowdwork et le work-
on-
déniandvia
app.
Section
2
La diversité des services proposé
s
par
les plateformes
numé
riques
1
10. Lesservicesproposés par les plateformesnumériquessont trèsvaries.
Onrencontre des plateformesqui permettent la ventede biens,la livraisonde
repas,le financement d’une activité économique,la location d’un logement,
etc. Nous proposons de classer les diverses plateformes numériquesen quatre
principalescatégories:lesplateformesde travail (ou crowdwork),les plateformes devente,les plateformesdefinancementparticipatif (oucrowdfntiding)etlespla -teformesd’hébergement.Précisonsquenous neprétendonspas à l’exhaustivité
et n’ignorons pas que d’autres catégories de plateformes numériquesexistent. Nous avons choisi cescatégoriesentenantcomptedesplateformesnumériques lesplus populaireset lesplus susceptiblesd’être utiliséesdepuis la Belgique.
Nous verrons quel’hétérogénéitéseretrouveausein dechaquecatégorie. Afin de rendre le sujet plusconcret,nouspartirons,dansla mesuredu possible,
pour chacune d’entre elles,de plateformes existanteset,de préférence,acces -sibles depuisla Belgique.
•/
12
.
Le crowdwork,cà tout le moins dansson sens étroit,désigne lespresta-tionsaccomplies intégralement «en ligne»,à distance. Il existe une multitude de
plateformes
activesdans ce domaine.Certainessontspécialiséesdansun typedéterminé de prestation.Ainsi, on rencontre un nombre important de plate
-formes spécialisées dans la création graphique (logo,identité visuelle ou site internetd’entreprise)41.La particularitédecesplateformes réside dans le mode
d’attributionde la tâche qui reposesur le concours.Lesolliciteur publiesurla
plateforme
un appel à projets danslequel il décrit de manière plus ou moins détailléecelui-ci.Lesutilisateurs de la plateforme peuventalorssoumettre leurcréation.Au termed’unepériode déterminée,le solliciteursélectionne la meil -leure proposition dont l’auteursera,évidemment,le seul rémunéré,générale
-mentselon un forfaitdéterminéaprioriau momentde lapublicationdel’appel àprojets.
Il existe égalementdes plateformes spécialisées dans les servicesjuridiques
en ligne telle Rocket Lawyer
*
2.
Celle-ci permet notamment d’accéder à desmodèles de documents (contrats, promesses de vente ou d’achat,documents
pour la constitution d’unesociété,etc.) organisés par catégorie et personnali
-sablesnotammenten fonctiondu droit applicable.En cas delitige résultant de
l’utilisation d’un document fourni par la plateforme,les utilisateurs peuvent
bénéficier de l’intervention d’un avocat«à lademande»43.La plateforme per
-met également de poser des questions en ligne à leurs conseillers juridiques
«à la demande». Ces questions peuvent être posées par chat et la plateforme
propose une application
smartphone
permettant aux utilisateurs de soumettreleurs questionsà toutmomentvia cettedernièreetd’obtenir une réponsed’un juriste sur leursmartphone.Si la questionest tropcomplexe pour uneréponse
courte, la plateformepermet uneconnexion de 30minutesentrel’utilisateuret
leconseil.Cet entretienestgratuitpourles«membrespremium».Si laquestion
requiert plusde 30 minutes,le conseillerjuridique peut proposerà l’utilisateur ses services ;il doit alors accorder un tarif préférentielen conformité avec les conditionsgénérales de la plateforme.Lesservices deRocket Lawyersontactuel
-A
.Les
plateformes
de
travail
11
.
Lesprestations de travailaccomplies,parle truchement deplateformesnumériques, au bénéfice de particuliers ou d’entreprises, «solliciteurs»38 de
ces prestations, sont au cœur d’un intense développement doctrinalau niveau international39,maiségalementenBelgique40
.
3S Dansune précédentecontribution
,nous avonsdécidé d’employerleterme«solliciteur»afinde désigner
l’utilisateurd’uneplateformequicommandeune prestation de travail par l’intermédiairedecelle-ci.
Nous yrenvoyonsle lecteur:F.REFER etQ.CORDIER,«Le travailleur 2.0.Contributionàl’étude du
rapport de dépendancedansl’environnement numérique»,inL.DearetE.Plasschaert(dir.),Lecontraide travailrevisité à la lumière dn X X I esiècle,Bruxelles,Larcier,2018,p.46.
Pour les développements consacréspar la doctrineétrangère au phénomène d’ubérisation du marché du
travail,voy.notamment:V.DE STEFANO,«The Rise of the“Just-in-TimeWorkforce”: On-Demand Work,
Crowdwork,and Labor Protectioninthe “Gig-Economy”»,ComparativeLiborLaw &PolicyJournal,2016,
vol.37, n°3,pp.471-503;J.PRASSLetM.RISAK,«Uber,Taskrabbit,and Co.:PlatformsasEmployers ?
Rethinking theLegal Analysisof Crowdwork», ComparativeLabor Law &PolicyJournal,2016,vol.37,
n°3,pp.619-652;M.RISAK,«Crowdworking :Towards a “ New”FormofEmployment»,inR.Blanpain,
F.HendrickxetB.Waas (éd.),NewFormsof EmploymentinEurope, Bulletinof ComparativeLabour Relations,
n°94,Alphenaan den Rijn,KluwerLaw International,2016,pp.93-102;A.ALOISI,«Commoditized
workers:casestudy researchonlabor law issues arisingfromasetof“on-demand/gig economy” plat
-forms»,op.at.; M.CHERRY,«The SharingEconomyand the Edgesof Contract Law:Comparing U.S.
and U.K.Approaches»,TheGeorgeWashington Law Review,2017,vol.85,n° 6,pp.102-141;J.PRASSL,
Humans as aservice: thepromiseandperils ofwork in the gigeconomy, Oxford,OxfordUniversity Press,2018.
4(1
Pourdes développementsausein de la doctrinebelge,voy. notamment :C.VAN OLMENetK.DEVLOO,
«De“Uberisatie”vanhetBelgisch arbeidsrecht»,in L’économie du futur. Lefuturde l’économie,coll.Le droit
S.GILSONetal.,«Regards de droit socialsurl’économie collaborative»,in G.Rue (dir.)
.
Aspects juri-diquesde l’économiecollaborative, coll.Les dossiers duB.J.S.,Limai,Anthémis, 2017,pp.27-77;F.REFERet Q.CORDIER,«Le travailleur 2.0.Contributionàl’étude durapport de dépendancedans l’environnement numérique»,op.cit.,p.35;S.NERINCKX,«De“Uberisering”van dearbeidsmarkt:enkele bedenkingen
bijhet sociaalstatuut vandeactorenin deplatformeconomie»,T.S.R.-R.D.S., 2018,n° 1,pp.3-51. 41 Voy.notamment :Crowdspring (www.crowdspring.com/)et99designs(https:/ /99designs.tr/).
Enjeux et défisjuridiques del’économiede plateforme L’économiede plateforme:description d’unphénomène d’intermédiation
On remarque que les deux annoncesconcernentdeuxsmartphonesiden
-tiques. Les deux annonces sont également rédigées d’une manière tout à fait semblable:photo d’illustration identique,formulation du titre similaire, nota
-tiondesclients similaire,mêmepossibilité de paiementéchelonné, etc.Cepen
-dant, outreunenotable différence de prix,lelecteur attentifauraremarquéque
la première annoncecorrespondà un produitvendu parunvendeur tiers,alors
que la seconde correspond à un produit directement vendu par Amazon;en
témoigne la mention«Vendu parA-MONTAINetexpédié parAmazon»dans
lapremièreet «Expédiéet venduparAmazon»dans la seconde.
On note que la problématique de l’identification du vendeur est abordée
parla proposition de directive dontil aétéquestion supra,laquelle prévoit que
leconsommateurquicontracteavec uneplacede marchéenlignedoit notam
-mentêtre informéquant àla
qualit
é du tiers (professionnel ou non),àl’appli-cabilité du droit de la consommation et quant cà «l’identité du professionnel
chargé de garantirl’application des droitsdes consommateurs découlant de la
législation de l’Union [,
.
.]»36.16. Uneautreplateformede bienscorporelsbienconnueestlaplateforme
eBay
.
Contrairement àAmazon,celle-ci n’est pasen prioritédestinéeaux ven-deurs professionnels;on y retrouve donc,en nombre,tant des particuliersque
desprofessionnels.Uneautredifférenceconcernela détermination du prix. Les
vendeurs peuvent soit proposer leurs biens à un prix fixe qu’ils déterminent,
soit recourirà unsystèmed’enchère.
17
.
Concernant le domaine de la «vente» de logiciels, les plateformesles plus importantes sont probablement celles des distributeurs de systèmes
d’exploitation,soit le Microsoft Store,
YApp
Store d'Apple ou Google Play.
Cesplateformes permettent letéléchargementsursmartphone,tablette ou ordina
-teurdesapplicationsdu distributeurdu systèmed’exploitation maiségalement
le téléchargementgratuit ou payant d’une multitude d’applications d’éditeurs
tiers. La plupart de ces plateformes prélèvent un pourcentage plus ou moins important sur les ventes.Outre ces plateformes «constructeur»,on rencontre
également desplateformesdemiseà disposition delogiciels telle laplateforme
Steamaxéeessentiellementsur le domaine desjeux vidéo37.
pectives
de croissance importantes et, en valeur absolue, concerne déjà desmontants
non négligeables38.Ce mode de financementest rendupossible grâceàfintermédiation de plateformesnumériques de financement participatif.
Celles-ci peuvent permettre la levée de fonds à des fins purementcarita
-tives à destination de fondations ou d’associations, ou d’œuvres ponctuelles;
nous
n’approfondirons pas plus avant cette dimension. D’autres plateformespermettent
le financement de produits, de services ou d’entreprises. Ellesrecourent
,alors,à différentsprocédés en vue d’organisercefinancement.On distingue généralement,parmi les modalitésde financement, entre le
don,le versement d’une somme d’argent moyennant récompense
pense
qui consistera souvent, mais pas systématiquement,en un ou plusieurs exemplairesduproduitfinancé—
,leprêt etl’investissement60.Aussi,la premièredifficult
éconsistedansla qualification de la convention.On notequeplusieursproc
édés peuvent serencontrerausein d’ une même plateforme,voire pourunmême projet.
Par ailleurs,les modalités concrètes de gestion du financement peuvent
également varier.La plupart des plateformes consultéesrequièrent de l’émet
-teurdu projet qu’il détermine,dèsle départ,lemontant nécessairepourla réa
-lisation de celui-ci.Certaines plateformes ne transféreront les montants reçus
descontributeursque si,etlorsque l’objectifinitial du financementestatteint61.
D’autres en revancheverserontlesmontants récoltésquel’objectifinitial aitété
atteintou non ou laissent lechoixàl’entrepreneur«financé»62.
1
59
—
recom-58 Voy.notammentsurcepoint:J.ARMOURetL. ENRIQUES,«The PromiseandPerilsofCrowdfunding:
Between Corporate Finance and Consumer Contracts»,TheModemLoir Review,2018,vol.81,n° 1, p.52;C.ESTEVANDEQUESADA,«CrowdfundinginEurope», op.ciI.,pp.105-106.
59 Certainsauteursconsidèrentquecesdeuxtypesdecrowdfunding fontpartie d'unemêmecatégorieet
parlentde don avec ou sans contrepartie.Voy.pouruneintéressanteétude du don avec contrepartie (à
l’aune du droit français) : N.BLANC,«Mystérieux “donaveccontrepartie”»,in A.-V.Le Fur(dir.),Le cadre juridique ducrowdfunding : analyses prospectives, coll.TransEurope Experts,n°11,Paris,Sociétéde légis -lation comparée,2015,pp.251-261.Voy.égalementsurle crowdfundingavecrécompense:J.ARMOURet L.ENRIQUES,«The Promise andPerilsof Crowdfunding», op
.
c/7.,pp.62-64.6(1
Voy.notamment :V.PALM, «Réglementation etpratique de lafinanceparticipativeenBelgique(pre -mièrepartie)»,Rev.dr.U.Lg., 2016,n° 2,pp.274-276;A.DELIVORIAS,Crowdfunding in Europe : Introduction andstateof play, European Parliament (Think Tank),2017,p.2,disponiblesurwww.europarl.europa. eu/thinktank/en/document.html?reference=EPRS
_
BRI (2017)595882(consultéle 16 octobre 2018);J.ARMOURetL.ENRIQUES,«The Promise and Perilsof Crowdfunding»,op.cit.,pp.51-84;C.ESTEVANDE
QUESADA,«CrowdfundinginEurope»,op.cit ., pp.112-116. <>]
LaplateformeKickstarter fonctionne,pourreprendrelestermesde laplateforme, surlemodèle du«tout
ourien»dès lors que«les contributeursnesontdébités qu’àla fin d’une campagne definancement
réussie,dontl’objectifaétéatteint oudépassé.Lorsqu'un projet n'est pas intégralement financé,les
contributeurs nesontpasdébitésetiln’yapas de transfert d’argent»(«Pourquoi le financement“ tout
ourien”?»,Centre d’aide,s.d.,disponible sur http:/ /help.kickstarter.eom/hc/fr/articles/ l15005047893 -Pourquoi-le-fimancement-tout-ou-rien-[consulté le 15octobre 2018]).
1,2 La plateforme Indiegogopermetà l’entrepreneur de choisir
entre un«Flexible Funding»où l'
entre-preneurconservel'intépTaliré du montant réroltésansconsidération d’un obiectilà atteindreet un
C
.Les
plateformes
de
financement participatif
18. Lefinancement participatif,bien qu’occupant actuellement uneplace
marginaleparrapportaux modesclassiquesdefinancement,bénéficie de pers -36 Art.2,(4),dela proposition de directive du Parlement européenetdu Conseil modifiant la direc
-tive93/13/CEE du Conseil du 5 avril 1993,1adirective 98/6/CEdu Parlement européenetdu Conseil,
la directive 2005/29/CE du Parlement européenetdu Conseiletla directive 2011 /83/ UE du Parlement
-L'économiedeplateforme : descriptiond'unphénomène d'intermédiation
Enjeux et défisjuridiquesde l'économiedeplateforme
rel
ève la mise en place par Hello bank ! d’une plateforme decrowdfunding Hellobank
!Crowd
69 70.20. Enfin,au niveau du cadre réglementaire, et même si cette question
dé
passe
de loin l’objet de notre contribution, on note que certaines activitésaccomplies par des plateformesde financement participatifsont réglementées
spécifiquement,en droit belge,par la loi du 18 décembre 2016 organisant la
reconnaissance
et Pencadrement du crowdfunding et portant des dispositionsdiversesen matièredefinances71.Lesdispositionsdecetteloiprévoient notam
-ment uneobligation d’agrémentpourlesentreprises qui proposent un service
de financementalternatif72autresque les entreprisesréglementées73
.
Parentre-prise réglementée,il y a lieu d’entendre:«les établissements de crédit visés à l’
article
1er,§3,de la loi du 25 avril 2014 relative au statut etau contrôle des établissementsdecréditet des sociétés debourse»et«les entreprises d’investis-sement viséesà lc ’article 3,§ 1er, dela loi du 25 octobre 2016 relative à l’accès
à l’activitéde prestation de services d’investissementetau contrôle dessociétés
de gestionde portefeuilleet de conseileninvestissement»74.
L’autoritédes servicesetmarchésfinanciers (FSMA) est chargéed’assurer la
publicit
édes plateformes de financement agréées.Acettefin,une page webestaccessiblesurle site internet dela FSMA73.
Par ailleurs, on rappelle qu’une proposition de règlement du parlement
européenetduconseilrelatifauxprestataires européensdeservices de finance
-ment
participatif
pour lesentreprisesestactuellementen discussion76.19. Parmi les plateformes de
crowdfunding
les plus connues, on comptenotammentKickstartei63etIndiegogo()4
.La première,activedansle domaine artis -tiqueet le «design»au senslarge et les produits technologiques,reposesur le modèle du don et,ou,de la récompense.Ainsi,en fonction du montant versé parle contributeur, celui-ci ne recevra rien
—
si ce n’est les remerciements de l’émetteurdu projet—
,une récompensedefaible«valeur»,ou unerécompensequi consisteen un ou plusieurs exemplairesdu produit financé,le caséchéant
agrémentéede produits«collectors».
La seconde plateforme permet le financement d’un panel plus large de
produits:créations artistiques,produits dans lesnouvelles technologies,moyens de transport, etc.La plateformese fondeégalement sur le mode du don et de la récompensemaisellepermetaussid’investir dans des entreprises grâcecà une
collaboration avec la plateforme numérique Microventures65 spécialisée dans le
financementdes Startups66.En outre, Indiegogo propose son propre
Marketplace
au sein duquel lesconsommateurspeuvent acquérirdes produitsproposés par
des vendeurs tiers enbénéficiantd’unmécanisme de garantie de la livraison mis
en place par Indiegogo67; danscette dimension,la plateforme appartient égale
-mentàlacatégoriedes plateformesde venteexaminéesupra
.
Toutes les plateformes qui viennent d’être citées sont établies aux États
-Unis.Elles n’en sont pas moinsaccessibles auxcontributeurs et entrepreneurs
belges.En effet,l’économie de plateforme-et les plateformesde crowdfunding
ensontun exempletopique
—
,deparle recoursnécessaireauxnouvelles tech-nologiesde l’informationetde la communication,s’inscritparfaitementdans la
tendanceà la mondialisationde l’économie. Toute personnequi disposed’une connexion internet peut recourir aux services proposés par l’entremise d’une plateformenumérique sauf,àl’évidence, siceux-cisontrattachésàunterritoire
donné;tel est le cas,parexemple,des plateformesde transport.Cet aspect est
susceptiblede poserdes difficultés en termesde droit applicableet decompé
-tencedes juridictions(voy. infra).
Certaines plateformesde financement participatifsontégalement établies
en Belgique. Dans son étude réalisée en 2015,la Commission européenne en
avait recensé six actives au cours de l’année
201468
.A titre d’illustration1
69 https:/ /crowd.hellobank.be/fr.
70 Voy.pourunelistenonexhaustive deplateformesdecrowdfunding françaisesoubelges:M.HENDRICKX,
Crowdfunding :mode d’emploi :commenttrouverde300 à un milliongrâce aufinancement participatif ?, Liège,
Edipro,2014,pp.27-28.
71 Pour une analyse decetteréglementation,voy.notamment :D.WILLERMAIN,«Lecrowdfunding comme
nouveau mode de financementdes entreprises:le droit àPère du financement participatif»,T.R.V
-R.P.S.,2017,pp.792-796.
72 Parservice de financement alternatif,il y a lieu d’entendre:«le service consistantàeffectuer,par le biais desitesInternetoupartout autremoyen électronique,lacommercialisationd’instruments deplacement
émis par des émetteurs-entrepreneurs,par des fondsstartersoupar des véhiculesdefinancement,dansle cadre d’uneoffre,qu’elle soit publique ounon,sansprestation d’un service d’investissement relativement àcesinstruments deplacement,àl’exception,lecaséchéant,des services suivants : le service deconseil
eninvestissement;le service deréceptionettransmissiond’ordres»(art.4,1 °,de la loi du 18 décembre
2016organisant la reconnaissanceetl’encadrement ducrowdjundingetportantdes dispositions diverses
enmatière definances,M . B., 20 décembre 2016 (3eéd.)). 73 Art.5 de la loi du 18 décembre 2016.
/4 Art.4,10°,de la loi du 18 décembre 2016.
° www.fsma.be/fr/list/ plateformes-de-financement-alternatif-agreees-en-belgique.
on
63 www.kickstarter.com/?lang=fr. 64 www.indiegogo.com/.
r,:> https://equity.indiegogo.com/.
66 https:/ /microventures.com/.
6 Voy.«Marketplace Guaranteed Shipping Policy:FAQfor Buyers»,Indiegogo HelpCenter,s.d.,dispo
nible sur http:/ /support.indiegogo.com/hc/en-us/articles/115003370187-Marketplace-Guaranteed
L'économiedeplateforme :description d'unphénomèned'intermédiation
Enjeux etdéfis juridiquesde l'économiede plateforme
tjonal privé(C).Nousneprétendonsparcontre pas,dansleslignesqui suivent,
apporter
une solutionà cesquestions.Par ailleurs,nous nous sommes concentrés sur une analyse des relations
contractuelles
,mettantdecôtéles questions deresponsabilité extracontractuellequi
ne manqueront pas égalementdese poser dans le cadre de l’économie deplateforme
.D
.Les plateformes
d
'h
ébergement
21
.
Les plateformes d’hébergement permettent à un utilisateur«deman-deur» de trouveret de réserver un logement mis à disposition par un héber
-geur.L’hébergeur peutêtre un particulier
—
qui n’agit pasdans lecadre deson activité professionnelle.Quantaulogement,ilpeut s’agir d’unechambre«chez l’habitant»,del’intégralitéd’un appartement,d’unemaison ou d’unechambre d’hôtel.1
A
.L
'identification des
relations
juridiques
dans l
'é
conomie
de
plateforme
24
.
Les relationsqui senouent,grâ
ceàinternet, entreles différentsacteursde l’économiedeplateformesemblentse structurer sous uneforme triangulaire
avec
l’identification
detroisrelations:entrela plateformeetl’utilisateuroffreur,entrela
plateforme
etl’utilisateurdemandeuret entrel’offreuretle demandeur. Concrètement,lecandidat à l’hébergementseconnecteausite internetdela plateformeeteffectueune recherche parmi leshébergements disponiblesen
fonction de la date,de laduréedeson séjouretdesalocalisation.Leshéberge -ments sontclassésparla
plateforme
selon des critèresvariables.Afindefaciliterson choix,le candidat à l’hébergement disposed’unesérie d’informationssur
celui-ci,de photographies mais aussi, et peut-être surtout,dans la plupart des
cas,del’évaluationde l’hébergement parlesprécédents utilisateurs.
Une fois l’hébergement choisi,il peutêtre réservé parle biais de la plate -forme.Celle-ci recevra,de l’utilisateur,le paiement du logement.
22. La plateforme la plus connue dans le domaine de l’hébergement
«chez l’habitant» est la plateforme américaine Airbnb77. Celle-cise targue de permettrel’accèsà plusde 5 millions de«unique
pinces
»dans plusde 81.000 villesréparties dans 191 pays78 rivalisant ainsiavec les plus grands groupes hôteliers,
sans pourtantposséder le moindrehôtel79.
Encequi concerne la misecàdispositionde nuitéesdans desétablissements
hôteliers «classiques»,on peut notamment compter sur la plateforme Booking
quipermetde choisir son hôtel selon différentscritèresetde le réserverdirec -tement par l’intermédiaire de la plateforme.
Plateforme
Internet
Demandeur
Offreur
L’identification,en droit,des différentes relations n’est toutefois pas aisée. Pour certaines plateformes, cette configuration triangulaire est confirmée par
l’existence d’une relation contractuelle au sens (très) large,quelle que soit sa
qualification, entrechacun des protagonistes;tel estlecas avecune plateforme
commeAirbnb.Cette premièreconfiguration correspond à la figure degauche
de la page suivante.
Dans d’autres situations,s’il y a bien une interdépendance économique
entredeuxcatégoriesd’utilisateurs
—
propre auxmarchés bifacesou multifacesexposés supra
—
,il nesemble parcontre pas yavoir de relation juridique entrechacundes protagonistes.C’est notammentlecas,selonnous,de la plateforme
Uberqui,quoi qu’en disent ses conditions générales80, devrait être considérée
Section3
Les
questions juridiques
posées
par
l
'é
conomie
de plateforme
23. L’économie deplateformeconsidéréesousl’angle juridiquefaitnaître
dansl’esprit du juriste une multitude de questions dontcertainesseront traitées dans le présent ouvrage. Nousavons choisi,parmi tant d’autres, d’en évoquer
trois : l’identification des relations juridiques dans l’économie de plateforme
(A),laqualitédes utilisateurs dans l’économiedeplateforme(B) etl’incidence
du développementde l’économie deplateformesous l’angle du droit interna
-Voy. notammentpouruneétude de laplateforme Airbnb:V.MAK,«Regulating Online Platforms
—
TheCaseofAibnb»,inS.Grundmann (éd.),EuropeanContract Law in the DigitalAge,coll.European Contract Law and Theory,n° 3,Cambridge,Intersentia,2018,p.87.
80 Les conditions généralesde laplateforme précisentenlettrescapitales:«Vous reconnaissez qu Uberne
L'économiede plateforme : description d'unphénomèned'intermédiation
Enjeux etdéfis juridiquesde l'économie deplateforme
tion del’applicationetdela base de donnéesélaborée
par
la plateforme83.Ainsi,les
conditions
de service de la plateforme Airbnb précisent que celle-ci octroieutilisateurs«unelicence limitée,nonexclusive,noncessible,révocable, etne comme uneentreprise de transportet les chauffeurs comme desagentsd’exé
-cution de cettedernière.Cette position nousparaît confortée par la jurispru
-dencede la Cour de justiceprécédemmentévoquée.Anotreconnaissance,cette
deuxième«configuration»juridiquene serencontreque parmi lesplateformes
detravail81.Elleestreprésentée parlafigure de droite.
1
aux
pouvant
faire l’objet d’une sous-licence pour (i) télécharger et utiliser l’appli-cationsurvotreou vosappareils personnels, et (ii)accéderau Contenucollectif
mis à [la disposition des utilisateurs
]
via la Plateforme Airbnb, et le consulter [.. .]»84.Les conditions générales de laplateforme Uber disposentquant àelles :«Uber vous accorde une licence limitée, non exclusive,sans droit de sous
-licence,révocableetnoncessible : (i) d’accèsetd’utilisation desApplicationssur
votre
dispositif
personnel pourcequi a traituniquement àvotre utilisationdesServices;et(ii) d’accèsetd’utilisation detoutcontenu,informationetmatériel y afférentpouvantêtremiscàvotredisposition dansle cadredes services[. . .]»8n.
)
)
c
Plateformec
PlateformeInternet Internet
Toutefois,outre cetteautorisation d’accès à la plateformeet aux données,
la plupart des plateformes offrent des services annexes qui devront êtreégale
-ment
qualifi
és. En premier lieu , dès lors qu’elles prennent en charge le paie-ment de la transaction,un contrat de mandat sera vraisemblablement conclu
entrela plateforme numériqueet l’offreur de biensou deservices.Par ailleurs,
certaines plateformes -c’est spécialement le cas des plateformes de vente
—
s’engagent contractuellement àlivrerun bien ou permettre le téléchargement
d’uneapplication. Dansle casde laplateforme Uber,donton considèrequ’elle exercel’activité sous-jacente detransport,pourront êtreidentifiés une relation
contractuelle ayant pour objet une prestation de transport entre celle-ci et le
client finaletun contratde service entrela plateformeet lechauffeur-inter
-venanten tantqu’agentd’exécution de celle-ci.
y
)
c
y
c
Offreurx
Demandeur OffreurX
Demandeur)
Dans la première situation,à considérer que la qualification des relations
entre les utilisateurs s’opère en appliquant le droit belge, concernant les pla
-teformes qui permettent l’accomplissement de prestations de travail,celles-ci
pourront être qualifiées, en fonction des circonstances concrètes, de contrat
d’entreprise,decontratdemandat,decontratde travail, etc.En cequiconcerne
les plateformes de vente,lorsque la transaction portesur un bien corporel,la
convention sera,selon toute vraisemblance,qualifiée de contrat de vente. Par
contre, lorsque la transaction porte sur un bien incorporel, tel qu’une appli
-cation smartphone ou un programme informatique,la qualification dépendra
de l’application des règles en matière de propriété intellectuelle, notamment relatives à l’octroide licence.Dansle cadre dufinancement participatif,la qua -lification de la relation entrel’entrepreneuret le contributeur varieraen fonc
-tion du mode de financement:donation, vente d’une chosefuture82,prêt, etc.
Enfin,la miseà dispositiond’unlogement parle truchement d’uneplateforme
d’hébergement pourra êtrequalifiéedecontratdelouage.
25. La relation qui se noue entre la plateforme et ses utilisateurs
—
tantoffreurs que demandeurs- ne pourra par contre pas bénéficier,noussemble -t-il,dans la plupartdes cas,d’une qualification unique. Chaque utilisateur sera
vraisemblablement lié à la plateforme par un contrat de licence pour l’utilisa
-Enfin, lesplateformesquipermettentla miseen relation detroiscatégories
d’utilisateurs
—
voire plus—
compliquent encore un peu l’analyse des relations contractuelles.A titred’illustration,Deliveroo,on l’a dit,permetà desconsom-mateursde commander via uneapplicationou le site internet dela plateforme
un repaspréparé parun restaurateur inscrit sur celle-ci et qui sera livré
par
un coursieràvéloindépendant86quipossèdeégalementun comptesur laplateforme.En pratique,pour fairesimple,le consommateur,grâceà l’application«client»
de Deliveroodispose,suivant salocalisation,d’uneliste derestaurantsdisponibles,
qu’ilpeuttrieroufiltrer selon différentscritèreset bénéficiedesévaluationsde
ces établissements encodées par les précédents utilisateurs. Lorsqu’il a décidé 83 Voy.pouruneétudeoriginalesurlanaturedes«termsof service»qui
peutavoirun intérêtpour l’étude
des relations contractuellesentreles plateformes numériqueset les utilisateursde celles-ci:P.JACEK
PALKA,«Terms of Service Are Not Contracts
—
BeyondContractLawin theRegulationof Online Plat-forms»>,inS.Grundmann(éd.),European Contract Law in the Digital Age, coll.European Contract Law and
Theory,n°3,Cambridge,Intersentia,2018,pp.135-161.
84 Art. 5.4, «Conditions de Service Airbnb», 16 avril 2018,disponible sur https://fr.airbnb.be/terms
(consulté le 7 novembre 2018).
83 «Conditions générales d’utilisation Uber», op.cit
.
8f‘ Pouruneanalyse de lanaturede la relation de travailentrelaplateformeDeliverooet sescoursiers,voy., raies d’utilisation Uber»,4 décembre 2017,disponible sur www.uber.com/legal/terms/be/ (consulté le
7 novembre 2018]).
M Voy.,danscetouvrage,
J.CIESSE,Q.CORDIERetF KéFER,«Lestatutsocialdestravailleursde plateformes numériques».