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Attachement maternel et adaptation chez l'enfant en bas âge

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Academic year: 2021

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Attachement maternel et adaptation

chez l’enfant en bas âge

Mémoire doctoral

Audrey Robinson

Doctorat en psychologie Docteur en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

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Résumé

L’état d’esprit de la mère concernant l’attachement est lié à la sensibilité maternelle, à la sécurité d’attachement de l’enfant et au développement de symptômes d’adaptation. Néanmoins, nous disposons de peu de documentation sur le processus liant l’ensemble de ces variables, et d’autant plus, avant la période préscolaire. L’objectif principal de ce mémoire doctoral est de documenter le lien entre l’état d’esprit maternel concernant l’attachement et l’adaptation chez l’enfant, durant la deuxième année de vie, en explorant le rôle médiateur possible de la sensibilité maternelle et de la relation d’attachement. Ce mémoire tient compte de la dimension importante qu’est le milieu psychosocial. Au total, 127 dyades mère-enfant ont été évaluées. Des corrélations et des équations de régression multiple ont été effectuées afin de tester la médiation. Les résultats montrent que les liens entre les différentes variables sont significatifs et révèlent que le lien entre l’état d’esprit maternel et l’apparition de symptômes d’adaptation chez l’enfant est médiatisé par la qualité de la relation mère-enfant.

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III TABLE DES MATIÈRES ... V LISTE DES TABLEAUX ... VII REMERCIEMENTS ... IX

INTRODUCTION ... 1

CADRE THÉORIQUE ET EMPIRIQUE ... 3

ÉTAT D’ESPRIT RELATIF À L’ATTACHEMENT ... 3

ÉTAT D’ESPRIT ET SENSIBILITÉ MATERNELLE ... 6

ÉTAT D’ESPRIT MATERNEL ET ATTACHEMENT CHEZ L’ENFANT ... 7

DIFFICULTÉS D’ADAPTATION CHEZ L’ENFANT... 9

DÉTERMINANTS DES DIFFICULTÉS D’ADAPTATION CHEZ L’ENFANT ... 10

ÉTAT D’ESPRIT MATERNEL ET DIFFICULTÉS D’ADAPTATION CHEZ L’ENFANT ... 12

MILIEU PSYCHOSOCIAL À RISQUE ... 13

ATTACHEMENT ET DIFFICULTÉS D’ADAPTATION : LIMITES DES ÉTUDES ANTÉRIEURES ... 15

OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES ... 17 MÉTHODE ... 19 PARTICIPANTS ... 19 MESURES ... 20 PROCÉDURE ... 24 RÉSULTATS ... 27 DONNÉES DESCRIPTIVES ... 27

CORRESPONDANCE ENTRE L’ÉTAT D’ESPRIT MATERNEL ET L’ADAPTATION CHEZ L’ENFANT ... 27

MÉDIATION PAR LA SENSIBILITÉ MATERNELLE ET LA SÉCURITÉ D’ATTACHEMENT... 27

RISQUE PSYCHOSOCIAL COMME FACTEUR MODÉRATEUR ... 29

DISCUSSION ... 31

ÉTAT D’ESPRIT MATERNEL ... 31

SENSIBILITÉ MATERNELLE ET DE LA SÉCURITÉ D’ATTACHEMENT ... 32

MÉDIATION PAR LA SENSIBILITÉ MATERNELLE ET LA SÉCURITÉ D’ATTACHEMENT... 33

RISQUE PSYCHOSOCIAL ... 36

CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES ... 37

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Liste des tableaux TABLEAU 1 ... 49 TABLEAU 2 ... 50 TABLEAU 3 ... 51 TABLEAU 4 ... 52 TABLEAU 5 ... 53

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Remerciements

Ce mémoire doctoral marque l’accomplissement de mes études doctorales et le début de mon parcours professionnel de psychologue. Il s’agit donc de l’occasion de remercier différentes personnes qui ont particulièrement marqué mon parcours académique.

Je tiens d’abord à remercier mon directeur, George Tarabulsy, de m’avoir accueillie au sein de son laboratoire de recherche et permis d’intégrer cette équipe stimulante et unique. Après avoir admiré cette équipe pendant tout mon baccalauréat, j’en faisais finalement partie! Cette expérience aura été extrêmement enrichissante tant sur le plan personnel que professionnel. À titre de directeur de recherche, Monsieur Tarabulsy a su me guider, me soutenir et m’encourager tout au long de mon parcours doctoral. Je le remercie d’avoir été présent, disponible, à l’écoute et chaleureux.

Je remercie également Madame Karin Ensink et Monsieur Stéphane Sabourin pour leurs réflexions et leurs commentaires constructifs; leur contribution a sans nul doute permis d’améliorer la qualité de ce mémoire doctoral. Je souhaite remercier Mme Ginette Dionne qui m’a offert ma première expérience d’assistante de recherche, lorsque j’étais toujours au baccalauréat. Merci de la confiance que vous m’avez accordée.

Je ne saurais passer sous silence la personne qui m’a donné ma première chance en clinique, Mme Danielle Lefebvre, qui a généreusement aménagé un espace pour me superviser quand je me suis retrouvée sans milieu de stage pour mon premier practicum. Je ne vous dirai jamais assez merci! Vous m’avez initiée à la clinique avec une telle passion pendant 2 ans, je vous en suis très reconnaissante. Je souhaite également remercier mes superviseurs clinique Stéphane Sabourin et Jean-Pierre Rousseau. Merci Stéphane pour votre générosité clinique, votre soutien, votre humour et votre calme apaisant. Vous m’avez permis de développer un regard clinique affiné et humain. En me prêtant bien souvent vos mots, vous m’avez aidée à développer les miens. Ce fut un réel plaisir de travailler à vos côtés. Merci aussi à Jean-Pierre de m’avoir accueillie, initiée et guidée dans le vaste milieu de la Pédopsychiatrie. Merci pour les nombreuses discussions au terme desquelles je me suis retrouvée sans réponse unique… elles m’ont permis d’évoluer. Merci pour ton authenticité, ta bienveillance et ta bonne humeur.

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Je souhaite remercier ma famille, mes parents, qui m’ont toujours encouragée et soutenue dans les choix que je faisais. Il va sans dire que sans leurs petits plats mijotés, ce doctorat aurait été beaucoup moins agréable. Merci également à ma chère sœur avec qui j’ai eu des discussions sans fin. Elle a toujours été disponible, tant dans les moments de réjouissances que dans les moments de découragement.

À mon cher conjoint, amour, je veux dire merci d’avoir compris que mes études étaient importantes pour moi. Je le remercie de son soutien continu et inébranlable et d’avoir toujours su me rappeler que ma vie ne se résumait pas à la psychologie.

De plus, ces études n’auraient jamais été les mêmes sans mes fidèles amies du doctorat, avec qui j’ai eu la chance d’évoluer au fil de ces quatre années. Sans vous je ne sais pas comment je les aurais traversées… Nos échanges sur notre vécu de jeunes cliniciennes ont été précieux. J’espère que nos 5 à 7 se poursuivront encore longtemps.

Je dis aussi merci mes collègues de recherche pour tout leur soutien. Je remercie également mes collègues cliniques du laboratoire de recherche et d’intervention auprès du couple. J’ai adoré vous côtoyer!

En terminant, je remercie toutes les mères qui ont accepté de participer à cette étude. Je souhaite souligner leur générosité d’avoir partager certains moments/souvenirs intimes de leur histoire afin de permettre la réalisation de cette étude. Merci!

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Introduction

Auparavant destinée aux enfants, l’étude du phénomène de l’attachement chez les adultes a connu un essor considérable, au cours des dernières décennies. Dans un contexte de relation parent-enfant, l’état d’esprit de la mère concernant l’attachement envers ses propres parents est lié à la relation d’attachement qu’elle établit avec son enfant et à la qualité des comportements qu’elle adopte à son égard dans le cadre d’interactions quotidiennes. De plus, les comportements parentaux et la relation d’attachement sont associés au développement de l’adaptation chez l’enfant. En ce sens, l’étude de l’association entre l’état d’esprit maternel relatif à l’attachement et l’adaptation chez l’enfant s’avère pertinente, afin de mieux comprendre les processus liés à l’élaboration du fonctionnement social et émotionnel de ce dernier. La littérature scientifique documente ces associations, mais bien souvent de façon isolée et en ne s’intéressant que rarement à des enfants en bas âge, avant la période préscolaire. Selon la théorie et les données disponibles, l’exploration des associations entre ces différentes variables s’avère pertinente pour notre compréhension du début de l’adaptation chez l’enfant ainsi que prometteuse dans une perspective d’intervention.

Le but de la présente étude est d’examiner les liens entre l’état d’esprit maternel en ce qui a trait à l’attachement et certains indicateurs du développement social et émotionnel de l’enfant. De manière plus précise, nous nous intéresserons à la contribution relative de trois variables, soit l’état d’esprit maternel, la sensibilité maternelle et la relation d’attachement mère-enfant pour prédire l’adaptation chez l’enfant durant la deuxième année de vie. Ces relations seront étudiées en tenant compte du risque psychosocial auquel l’enfant est exposé.

Pour ce faire, dans un premier temps, le concept de l’état d’esprit maternel concernant l’attachement sera abordé ainsi que les liens qui sont recensés dans la littérature entre cette variable et 1. la sensibilité maternelle ainsi que 2. la relation d’attachement mère-enfant. Ensuite, les associations entre l’adaptation chez l’enfant et ces trois variables, soit l’état d’esprit maternel, la sensibilité maternelle et la relation d’attachement mère-enfant, seront documentées. Cette mise en contexte des différentes variables permettra de mieux

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social émotionnel de l’enfant et ainsi de situer la pertinence des objectifs de l’étude actuelle. Par la suite, la méthodologie et les résultats obtenus seront décrits. Finalement, les résultats seront discutés.

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Cadre théorique et empirique État d’esprit relatif à l’attachement

L’expression du système d’attachement évolue et se modifie au cours du développement. En effet, l’organisation cognitive du système d’attachement se développe à l’enfance et se maintient à l’adolescence et à l’âge adulte. Ayant une certaine stabilité, il peut cependant être modifié au fil des expériences importantes, ce qui est documenté dans plusieurs études (Waters, Weinfield, & Hamilton, 2000). Chez les adultes, cette organisation cognitive et émotionnelle se manifeste dans l’organisation du discours concernant les expériences d’attachement (Main, Kaplan, & Cassidy, 1985). En ce sens, sur le plan méthodologique et conceptuel, l’étude du phénomène de l’attachement chez l’adulte nécessite de faire le bond des comportements non-verbaux, observés chez les enfants lors de la Situation Étrangère d’Ainsworth (Ainsworth et al., 1978) ou en contextes naturels avec le Tri-de-carte de l’attachement de Waters (1995), vers la sphère des représentations cognitives (Main, Kaplan, & Cassidy, 1985).

Selon les postulats théoriques de Bowlby (1982), la relation d’attachement devient gouvernée par un « modèle interne opératoire » que l’individu construit à partir des interactions avec ses principales figures d’attachement. Le MIO constitue des représentations mentales de soi, de la figure d’attachement et de la relation entre soi et cette figure. Ce système de représentations mentales permet de donner un sens aux comportements, aux émotions et aux cognitions dans les relations interpersonnelles de façon générale. Il prédispose, en quelque sorte, l’individu dans ses modes d’interaction avec les gens autour de lui. Dans le même ordre d’idées, Main, Kaplan et Cassidy (1985), parlent d’un état d’esprit concernant l’attachement. En effet, selon ces chercheurs, l’évaluation à l’âge adulte des expériences d’enfance et de leur influence sur le fonctionnement actuel s’organise en un état d’esprit relativement stable qui prédispose l’individu dans son organisation relationnelle de manière générale. Cet état d’esprit concernant l’attachement se définit comme un ensemble de règles organisant l’information relative à l’attachement et permettant ou limitant l’accès à cette information, sur le plan cognitif.

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Afin de valider l’idée qu’à travers le développement, l’attachement évolue d’une organisation comportementale chez l’enfant à une organisation cognitive et émotionnelle chez l’adulte, George, Kaplan et Main (1985) ont élaboré une entrevue semi-structurée, « l’Adult Attachment Interview » (AAI). Cette mesure permet de dégager trois grandes catégories d’états d’esprit concernant l’attachement chez l’adulte : l’attachement peut être de type « sécurisant », aussi appelé « autonome », ou de type « insécurisant », soit « évitant » ou « préoccupé ». Enfin, dans les cas où il y a présence d’expériences traumatisantes en lien avec l’abus ou la perte d’une figure d’attachement, dans le passé, il est possible d’accorder une classification de « non résolu par rapport à un événement traumatisant ».

Le AAI évalue la capacité de l'adulte à assimiler des épisodes spécifiques de son enfance à une vision plus globale de la compréhension des relations parents-enfants. Il porte sur l’évaluation des expériences probables à l'enfance (i.e., telles que rapportées par le sujet) mais surtout sur la mesure des mécanismes cognitifs déployés par l’individu pour traiter ces expériences (Main & Goldwyn, 1994). En d’autres termes, l’attention est concentrée sur la façon de traiter et de raconter les expériences d’attachement. À cet effet, la cohérence lors de l’entrevue est considérée comme étant une manifestation de l’organisation cognitive et émotionnelle liée à l’attachement et joue un rôle important dans la classification des individus aux différentes catégories. De façon plus spécifique, la cohérence provient de certains éléments clés de l’entrevue. Concrètement, l’entrevue demande à l’individu de décrire la relation qu’il entretenait avec chacun de ses parents, lorsqu’il était enfant, en la qualifiant par des adjectifs. Après avoir généré ces qualificatifs, l’individu doit rapporter des événements précis qui corroborent cette description de ses premières relations avec ses parents. La cohérence entre cette mémoire épisodique et les adjectifs rapportés permet d’établir une inférence à l’égard de l’état d’esprit sur l’attachement. Pour les individus ayant un état d’esprit autonome, il y a absence d’ambiguïté et convergence simple et cohérente dans le discours. Ceux-ci semblent confortables lors du récit de leurs épisodes d’attachement et tendent à accorder de l’importance aux relations d’attachement ou autrement intimes qu’elles peuvent avoir eu pendant leur développement. Quant aux personnes présentant un état d’esprit évitant, elles tendent à diminuer l’importance de ces relations dans leur développement et leur

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fonctionnement actuel. Les personnes manifestant de l’évitement peuvent simplement dire qu’elles ne croient pas que les relations de leur enfance ont pu avoir un impact sur leur développement. Parfois l’évitement se manifeste par un phénomène d’idéalisation, caractérisé par le manque de convergence entre des adjectifs relationnels élogieux, soutenu par très peu d’exemples épisodiques ou par une absence de soutien à de tels adjectifs. En ce qui concerne les individus ayant un schème représentationnel préoccupé, leur discours est moins bien « monitoré » ou supervisé sur le plan cognitif et, par conséquent, la personne peut se perdre en donnant des explications sur les liens entre les événements et les adjectifs. Le discours peut devenir plus décousu et les souvenirs peu cohérents avec les adjectifs employés pour décrire la relation. Ces individus sont encore aux prises avec leurs expériences passées et ont de la difficulté à les décrire de façon cohérente et objective. La colère, la confusion ou la passivité peut caractériser leur discours. En effet, dans certains cas, ces personnes peuvent avoir des problèmes de régulation émotionnelle et devenir en colère lors de leurs descriptions des événements. Enfin, les individus présentant un état d’esprit non résolu par rapport à un événement traumatisant, tel l’abus ou la perte d’une figure d’attachement produisent un discours incohérent ou désorganisé. Des difficultés de maîtrise de leur raisonnement ou de leur discours sont souvent remarquées (Hesse, 2008; Main & Goldwyn, 1994).

L’élaboration de cette catégorisation de l’attachement chez l’adulte est calquée sur les travaux de Ainsworth et ses collègues (1978) et la catégorisation de l’attachement chez l’enfant, ainsi que sur la description de la désorganisation relationnelle proposée par Main et Solomon (1990). Le schème de classification d’Ainsworth comprend des modèles comportementaux correspondant à des schèmes sécurisants, évitant, ambivalents (préoccupés) et désorganisés (non-résolus).

Plusieurs travaux de validation font la démonstration que l’état d’esprit concernant l’attachement est lié à divers aspects du fonctionnement, à l’âge adulte, impliqués dans le domaine des relations d’importance (Hesse, 2008). L’état d’esprit concernant l’attachement est associé à la façon dont l’individu évalue et interprète les événements, mais également, sur les comportements émis suite à ces perceptions (Cohn, Cowan, Cowan, & Pearson, 1992; Pederson, Gleason, Moran, & Bento, 1998).De fait, l’attachement tel qu’il est évalué

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par le AAI a été mis en relation, entre autres, avec l’adaptation sociale, l’anxiété, la dépression et les symptômes extériorisés chez l’adulte (Dozier, Stovall, & Albus, 1999; Kobak, Sudler, & Gamble, 1991; Van IJzendoorn, & Bakermans-Kranenburg, 1996) soulignant l’importance de ce construit relationnel et organisationnel dans le développement et l’adaptation sociale de la personne. Cette notion a d’autant plus été confirmée dans le domaine des relations entre les nouveaux parents (surtout les mères) et leur enfant (Van IJzendoorn, 1995).

État d’esprit et sensibilité maternelle

L’idée que l’état d’esprit maternel relatif à l’attachement puisse avoir un impact sur les comportements d’interactions de la mère à l’égard de son enfant et, par conséquent, sur l’élaboration de l’attachement qui se forme, est en fait ancrée dans la littérature clinique à cet égard et fait partie des postulats centraux de la théorie de l’attachement (Bowlby, 1982; Van IJzendoorn et al., 2000; Lieberman, 2007).

Afin de pouvoir faire la démonstration empirique de ce postulat théorique, il est d’abord important de montrer que l’état d’esprit concernant l’attachement est en lien avec la qualité des interactions mère-enfant. Il est avancé que dans un contexte d’interactions mère-enfant, l’état d’esprit de la mère représente un concept organisateur pour le comportement maternel. En effet, l’état d’esprit de la mère est associé à la sensibilité maternelle, qui se définit comme étant l’habileté de la mère à percevoir les signaux de son enfant et à y répondre de façon prévisible, cohérente et chaleureuse (Main & Goldwyn, 1984; Van IJzendoorn, 1995; Atkinson et al., 2005; Tarabulsy et al., 2005; Bakermans-Kranenburg & Van IJzendoorn, 2009). En effet, plusieurs études illustrent l’influence de l’état d’esprit maternel concernant l’attachement sur la façon dont la mère répond aux besoins, comportements, signaux et émotions de son enfant, dans les interactions quotidiennes (Pederson et al., 1998; Raval et al., 2001; Tarabulsy et al., 2005; Van IJzendoorn, 1995). Notamment, Van IJzendoorn (1995) souligne par une méta-analyse que l’attachement des parents s’exprime dans la sensibilité des comportements qu’ils ont à l’égard de leur enfant. En effet, les résultats montrent que les parents dont l’état d’esprit est autonome perçoivent les signaux d’attachement de leur enfant avec plus de précision, et sont davantage capables et disposés à réagir rapidement et adéquatement que les parents

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non-autonomes. Hesse et Main (1999) rapportent également que les mères autonomes/sécures sont supérieures dans leur habileté à reconnaître des expressions faciales de peur chez des nourissons. De plus, les parents non autonomes seraient moins compétents dans la gestion de la détresse de leur enfant (DeOliveira, Moran, & Pederson, 2005). Les mères évitantes seraient plus susceptibles d’attribuer des émotions négatives à un nourrisson lors de la présentation de photographies ambiguës et d’attribuer des caractéristiques négatives à un nourrisson filmé lors d’un épisode de séparation (Zeanah & al, 1993). Également, une large étude rapporte que les mères évitantes seraient moins intéressées et sensibles à l’affect de leur enfant, les mères préoccupées, sensibles, mais de façon inappropriée et les mères autonomes/sécures, les plus susceptibles de faire preuve d’empathie (Goldberg, Blokland, Cayetano, & Benoit, 1998). Ces travaux suggèrent que l’état d’esprit de la mère par rapport à l’attachement est important dans l’élaboration de ses comportements en contexte d’interactions avec son enfant.

État d’esprit maternel et attachement chez l’enfant

L’importance des états d’esprit maternels relatifs à l’attachement pour les jeunes enfants se concrétise en observant la convergence entre l’attachement maternel et l’attachement chez l’enfant. Le lien entre l’état d’esprit maternel concernant l’attachement et la relation parent-enfant est bien documenté. En effet, plusieurs études documentent une forte corrélation entre ces deux variables. Fonagy, Steele et Steele (1991) rapportent une correspondance sécure-insécure de 75% et de 66% lorsque calculée en fonction des catégories préoccupées et évitantes. Ce qui signifie que pour 75% des dyades, l’état d’esprit de la mère (sécure ou insécure) correspond à la sécurité d’attachement de son enfant. D’autres auteurs obtiennent, quant à eux, une correspondance de 81% en utilisant l’approche catégorielle (Benoit & Parker, 1994). Une méta-analyse cumulant 14 études (854 dyades) explorant cette transmission intergénérationnelle de l’attachement corrobore aussi ces résultats. Les analyses dégagent une correspondance sécure-insécure de 75% ainsi qu’une correspondance de 70% en fonction des divers modèles de l’attachement (Van IJzendoorn, 1995). Ces travaux viennent appuyer, sur le plan empirique, les énoncés théoriques importants liant l’état d’esprit relatif à l’attachement et la sécurité d’attachement chez l’enfant.

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À la lumière de ces résultats, plusieurs auteurs se sont intéressés aux mécanismes sous-tendant la transmission intergénérationnelle de l’attachement. La sensibilité maternelle, qui s’incarne dans le cadre des interactions quotidiennes entre parent et enfant, apparaît comme une variable importante impliquée dans ce processus. En effet, l’hypothèse selon laquelle la sensibilité maternelle serait médiatrice de la relation entre l’état d’esprit concernant l’attachement chez la mère et le statut d’attachement chez l’enfant a fait l’objet d’une attention particulière au cours des dernières années. D’une part, les représentations d’attachement maternelles seraient déterminantes dans l’habileté de la mère à percevoir les signaux de son enfant et à y répondre de façon prévisible, cohérente et chaleureuse, dans les interactions quotidiennes. D’autre part, ces interactions répétées entre la mère et son enfant sont à l’origine de la qualité de la relation qui se développe entre eux (Atkinson et al., 2005; Pederson et al., 1998; Raval et al., 2001; Tarabulsy et al., 2005; Ward & Carlson, 1995). Cependant, bien qu’il y ait un soutien empirique pour l’association entre l’état d’esprit maternel et la sensibilité maternelle ainsi qu’entre la sensibilité maternelle et la sécurité d’attachement chez l’enfant, les études s’avèrent peu concluantes quant au rôle médiateur de la sensibilité maternelle, liant l’état d’esprit chez la mère et la sécurité chez l’enfant. En effet, une méta-analyse influente démontre que la sensibilité de la mère médiatise une faible proportion (23%) de la transmission de l’attachement (Van IJzendoorn, 1995).

L’importance du rôle de la sensibilité maternelle dans le processus de transmission était telle que plusieurs chercheurs ont tenté, en vain, de combler cet écart; principalement en raffinant les mesures d’évaluation des comportements maternels d’interactions avec l’enfant (Atkinson et al., 2005; Pederson et al., 1998; Raval et al., 2001). Il est important de noter que la plupart de ces études utilisent une approche dans laquelle seules les variables en lien avec l’attachement sont évaluées (attachement maternel, sensibilité maternelle et attachement chez l’enfant). On ne porte que peu de considération aux facteurs écologiques qui offrent le contexte au développement de l’attachement. Dans cette perspective, il est important de souligner que des données récentes, tenant compte de facteurs écologiques, permettent de situer la sensibilité maternelle comme médiateur significatif de la relation entre l’attachement maternel et la sécurité d’attachement chez l’enfant. En effet, en contrôlant statistiquement des variables telles que la scolarité et la dépression maternelle, le support paternel et le support de la grand-mère maternelle, Tarabulsy et ses collègues

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(2005) démontrent la présence d’une telle médiation. Le contexte social, qui donne le cadre dans lequel la relation d’attachement se transmet, est donc une variable non négligeable permettant de mieux cerner les processus développementaux liés à l’attachement chez l’enfant.

Difficultés d’adaptation chez l’enfant

Ces travaux sur la transmission de l’attachement sont pertinents dans la mesure où ils portent sur le début de l’évolution de la compétence sociale chez l’enfant (Sroufe, Egeland, Carlson, & Collins, 2005). La question abordée dans le cadre de l’étude actuelle est : ce début de cheminement se répercute-t-il sur le développement de l’adaptation tel qu’il peut être conçu en dehors du cadre de l’attachement, notamment en considérant d’autres éléments du développement social et émotionnel?

Selon Campbell (1995), 10 à 15% des enfants d’âge préscolaire ont des problèmes comportementaux et émotifs allant de légers à modérés. Les difficultés d’adaptation se divisent en deux groupes, soit les problèmes internalisés et externalisés. Les difficultés internalisées apparaissent sous forme de retrait social, d’anxiété, de crainte et de dépression, contrairement aux difficultés externalisées qui prennent la forme d’hyperactivité, d’agressivité, de défiance et de comportements destructifs (Achenbach,1991, 1992; Campbell, 1995). La mesure la plus souvent utilisée pour identifier de tels symptômes est l’échelle de comportements de l’enfant (Child behavior checklist, CBCL/1½–5; Achenbach & Rescorla, 2000 ).

L’étude des difficultés d’adaptation chez les enfants d’âge préscolaire, et le fait de pouvoir mieux comprendre leurs origines socioémotionnelles, constitue une voie intéressante et prometteuse dans une perspective de prévention ou d’intervention précoce. En effet, l’adaptation chez l’enfant en bas âge représente un indice pertinent du développement social-affectif ultérieur. Des études longitudinales montrent que plusieurs difficultés, tant intériorisées qu’extériorisées, chez les enfants d’âge préscolaire, tendent à persister à l’enfance et à l’adolescence (Campbell, 1995). En effet, elles seraient liées à des problèmes d’adaptation à l’âge scolaire, d’agressivité chronique, de délinquance à l’adolescence et à la psychopathologie à l’âge adulte (Broidy et al., 2003; Caspi et al.,

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1996; Gagnon, Craig, Tremblay, Zhou, & Vitaro, 1995; Shaw & Gilliom, 2000; Tremblay, 2008). Ces résultats indiquent que, déjà très tôt dans le développement, l’enfant peut s’orienter vers une trajectoire caractérisée par des difficultés au long cours. Par conséquent, une réflexion autour de l’intervention, à l’aube de cette trajectoire, paraît essentielle pour entrer en scène avant que les difficultés ne se chronicisent. Pour ce faire, l’étude du développement des symptômes d’adaptation en bas âge permettrait une meilleure compréhension des processus précoces impliqués et ainsi, l’élaboration de stratégies d’intervention mieux ciblées.

Déterminants des difficultés d’adaptation chez l’enfant

Outre les contributions génétiques et neurobiologiques, les comportements parentaux revêtent un caractère important dans la genèse des difficultés d’adaptation chez l’enfant. La vaste majorité des travaux faisant le lien entre le comportement maternel et les symptômes d’adaptation s’intéressent habituellement, à des enfants d’âge scolaire ou des adolescents. Afin d’étudier ce phénomène plus tôt dans le développement, les travaux dans le domaine de l’attachement peuvent constituer une plate-forme permettant de mieux identifier comment, en début de vie, les dynamiques parentales et relationnelles peuvent contribuer à l’élaboration de telles difficultés. L’attachement donne un contexte théorique et méthodologique pour aborder ces idées chez des enfants plus jeunes. En effet, sur le plan conceptuel, l’étude de l’attachement offre une réflexion sur la manière dont les difficultés comportementales peuvent se présenter de manière embryonnaire dans le cadre de la relation parent-enfant. De plus, sur le plan méthodologique, les stratégies d’observation des interactions parent-enfant, ainsi que des comportements de l’enfant et du parent, ont fait l’objet de nombreuses études, leur accordant un haut degré de validité. Dans cette perspective, il est pertinent d’examiner la contribution de l’attachement parent-enfant aux prémices des difficultés comportementales chez les enfants.

Il existe un consensus quant à l’importance des interactions parent-enfant pour le développement socio-émotionnel de l’enfant. Notamment, la qualité des comportements adoptés par la mère à l’égard de son enfant exerce un impact considérable sur l’adaptation de celui-ci. En effet, la sensibilité maternelle est associée à l’émergence de difficultés intériorisées et extériorisées (Belsky, Fearon, & Bell, 2007; McKee, Colletti, Rakow, Jones,

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& Forehand, 2008). D’autres auteurs illustrent le lien entre la sensibilité maternelle et un attachement de type « sécure », qui à son tour prédit l’adaptation (Bakermans-Kranenburg, Van Ijzendoorn, & Juffer, 2003). Plusieurs expliquent ce lien par l’influence de la relation mère-enfant sur certains processus centraux dans l’émergence de la psychopathologie, par exemple la construction d’un système cognitif-affectif, la capacité de régulation émotionnelle et comportementale ainsi que les stratégies pour faire face au stress. La régulation émotionnelle, particulièrement des émotions négatives comme l’anxiété, la colère et la tristesse, joue un rôle important dans plusieurs formes de difficultés d’adaptation (Carlson & Sroufe, 1995; DeKlyen & Greenberg, 2008; Izard, Youngstrom, Fine, Mostow, & Trentacosta, 2006).

Plusieurs études mettent en évidence le lien entre l’attachement et l’étiologie des difficultés d’adaptation. Selon Sroufe (1988), un attachement insécure dans l’enfance est associé à un haut risque de dysfonctionnement socioémotionnel, à l’âge préscolaire. De même, le développement d’un attachement insécure dans les deux premières années de vie est associé à des symptômes de colère et à une faible capacité d’autocontrôle comportemental (Carlson & Sroufe, 1995). Une méta-analyse recensant 53 études, publiée récemment par Fearon, Bakermans Kranenburg, Van IJzendoorn, Lapsley et Roisman (2010) corrobore ces résultats en ce qui a trait aux difficultés extériorisées. La désorganisation chez l’enfant est également associée à des difficultés d’extériorisation (Van Ijzendoorn, Schuengel, & Bakermans-Kranenburg, 1999). De plus, récemment, deux méta-analyses viennent documenter le lien entre l’attachement et les symptômes intériorisés (Groh et al., 2012; Madigan, Atkinson, Laurin, & Benoit, 2012).

Considérant l’importance du rôle de l’attachement mère-enfant pour l’adaptation de l’enfant et le phénomène de la transmission intergénérationnelle, il est pertinent de se pencher sur la question de l’état d’esprit de la mère concernant l’attachement. De fait, il est possible de s’interroger sur l’idée que l’état d’esprit maternel constitue le point de départ autour duquel les processus relationnels s’articulent et que ces processus relationnels forment la courroie de transmission entre l’état d’esprit et le développement social émotionnel de l’enfant. En d’autres termes, l’hypothèse que l’état d’esprit de la mère relatif à l’attachement soit à l’origine du développement de symptômes d’adaptation, via la qualité

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des interactions quotidiennes mère-enfant et la relation d’attachement paraît être une avenue à investiguer.

État d’esprit maternel et difficultés d’adaptation chez l’enfant

Sur le plan théorique, Bowlby souligne l’influence de l’état d’esprit concernant l’attachement sur la qualité des comportements parentaux et, ainsi, sur le développement du MOI et de la future adaptation de l’enfant. À ce sujet, quelques études obtiennent des résultats allant dans cette direction, où l’évaluation de l’attachement maternel provenant de l’AAI est mise en lien avec l’adaptation chez l’enfant (Crowell, O'Connor, Wollmers, Sprafkin, & Rao, 1991; DeKlyen, 1996; Van Ijzendoorn et al., 1999). L’étude de DeKlyen (1996) examine l’état d’esprit maternel concernant l’attachement chez 25 mères dont les enfants, âgés en moyenne de 4 ans, présentent un trouble de comportement diagnostiqué et chez 25 mères dont les enfants n’ont pas de diagnostic. Les résultats montrent que les mères d’enfants non-diagnostiqués auraient tendance à décrire leurs propres expériences d’attachement, avec leurs parents, de façon plus cohérente. Les auteurs concluent toutefois que l’influence de l’état d’esprit de la mère est secondaire à la qualité de l’interaction mère-enfant. Une autre étude, effectuée auprès de 49 mères et leur enfant, indique que les enfants des mères classées autonomes rapporteraient moins de symptômes d’anxiété et de dépression à l’âge de 5 à 11 ans (Crowell et al., 1991). Il est important de mentionner que ces deux dernières études explorent ces liens chez des enfants dont l’âge est avancé, ce qui sous-tend qu’ils sont déjà engagés sur une trajectoire. Ces enfants reçoivent non seulement les influences de l’attachement parent-enfant, mais aussi celui de l’ensemble des facteurs qui contribuent aux difficultés d’adaptation. Or, la question demeure en ce qui a trait au début du développement de l’adaptation. À ce sujet, des travaux s’y adressent chez les enfants de 24 mois en étudiant, cependant, des extrêmes tels que l’attachement non résolu et les comportements maternels perturbateurs. Madigan, Moran, Schuengel, Pederson et Otten (2007), dans une étude longitudinale comprenant 64 dyades mère-enfant, rapportent une association entre l’état d’esprit non résolu chez la mère, les comportements maternels perturbateurs, l’attachement désorganisé et les problèmes de comportements externalisés chez l’enfant. Leurs résultats révèlent que les processus d’attachement médiatisent le lien entre l’état d’esprit non-résolu et les comportements extériorisés. Cette étude soutient l’idée

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que l’état d’esprit relatif à l’attachement de la mère contribue au développement de difficultés d’adaptation chez l’enfant par l’intermédiaire de la qualité des interactions et de la relation avec celui-ci. De plus, elle documente le phénomène auprès d’enfants en bas âge. Cependant, de telles études, réalisées au début de l’enfance, restent une exception dans l’ensemble des études longitudinales sur la question des difficultés d’adaptation chez les enfants.

Les diverses études rapportées appuient la conceptualisation théorique de Bowlby et indiquent la présence de processus relatifs à l’attachement dans la genèse des difficultés d’adaptation chez l’enfant. D’un point de vue clinique, ces données permettent d’envisager des interventions ciblant la mère et/ou la relation mère-enfant pour prévenir ou diminuer les symptômes intériorisés et extériorisés chez l’enfant. Cependant, le phénomène reste encore peu étudié et requiert davantage d’appuis empiriques. De manière plus précise, la question des mécanismes liant l’état d’esprit concernant l’attachement et le développement de l’adaptation chez l’enfant reste à être examinée plus profondément.

Milieu psychosocial à risque

Le contexte, à l’intérieur duquel se manifeste chacune des variables abordées et dans lequel l’enfant expérimente son environnement relationnel, est important à considérer. Le risque psychosocial concerne habituellement les caractéristiques de l’environnement familial qui diminuent la probabilité que l’enfant soit exposé à des interactions prévisibles, cohérentes et chaleureuses avec ses parents, et augmentent la probabilité d’être exposé à des éléments perçus comme étant négatifs pour son développement (conflits familiaux, mono-parentalité, insensibilité interactive, etc.). Ces environnements se caractérisent par des marqueurs précis, étroitement associés au statut socioéconomique de la famille : l’âge de la mère et/ou du père à la naissance de l’enfant, la scolarité et le revenu des parents ainsi que le statut conjugal. Ces éléments viennent qualifier le degré de risque qui caractérise le contexte de développement de l’enfant (Tarabulsy et al., 2010).

Les mères adolescentes sont considérées comme étant une population à haut risque psychosocial. En effet, l’âge de la mère à la naissance de l’enfant constitue un facteur de risque important puisqu’il est associé à une multitude d’autres facteurs de risques, tant

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biologiques, psychologiques, que sociaux. Les études relèvent un plus haut taux de pauvreté, de monoparentalité, d’isolement, d’anxiété, de dépression et d’abus de substance, chez les mères adolescentes. Elles seraient également plus susceptibles de dépendre de l’état pour subvenir à leurs besoins, d’avoir eu des problèmes judiciaires, de décrocher de leurs études et de vivre des problèmes d’ajustement psychologique (Tarabulsy et al., 2010). En ce sens, les mères adolescentes constituent une population permettant l’étude du risque psychosocial.

Le risque est associé à une multitude de facteurs touchant directement ou indirectement l’enfant. Il joue un rôle important dans la qualité des comportements maternels à l’égard de celui-ci et dans la qualité de la relation d’attachement. En effet, il semble que le fait d’être économiquement défavorisé, sans emploi ou de vivre dans un environnement insalubre engendre du stress, susceptible de diminuer la capacité du parent à être sensible et attentif à l’enfant (Belsky, Robins, & Gamble, 1984; Booth, Rose-Krasnor, & Rubin, 1991). De même, les milieux à haut risque sont plus souvent associés à des relations d’attachement de type « insécure » (Lyons-Ruth & Jacobvitz, 1999). Dans un tel contexte, un enfant laissé seul ou auquel on ne répond pas lorsqu’il est dans le besoin apprend que le monde social peut être problématique à son égard et s’adapte seul, créant ainsi les conditions propices au développement de difficultés intériorisées ou extériorisées (Tarabulsy, Moran, Pederson, Provost, & Larose, 2011). À ce sujet, plusieurs études documentent une association entre le risque psychosocial et l’adaptation chez l’enfant. En effet, un milieu à haut risque serait lié à la présence de davantage de symptômes intériorisés et extériorisés, tel que rapportés par le CBCL (Ackerman, D'Eramo, Umylny, Schultz, & Izard, 2001; Fanti & Henrich, 2010 ; Keiley, Lofthouse, Bates, Dodge, & Pettit, 2003). De plus, les études montrent avec plus d’évidences le lien entre l’attachement « insécure » et les problèmes psychosociaux chez l’enfant, en contexte de risque élevé (Cicchetti, Toth, & Lynch, 1995). Il est également pertinent de rappeler que la médiation du lien entre état d’esprit maternel et sécurité d’attachement par la sensibilité maternelle se manifeste surtout dans les analyses qui tiennent compte du contexte écologique en lien avec la scolarité et la dépression maternelles, deux potentiels indicateurs de risque familial (Tarabulsy et al., 2005). Dans cette perspective, afin de mieux cerner les processus développementaux

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pouvant lier les états d’esprit maternels en lien avec l’attachement et l’adaptation de l’enfant, il est important de tenir compte du risque psychosocial.

Attachement et difficultés d’adaptation : limites des études antérieures

Les études se rapportant au lien entre l’attachement parental et le développement de difficultés d’adaptation chez l’enfant sont encore très peu nombreuses et ne permettent pas d’élucider l’ensemble des relations impliquées dans ce processus. En effet, la plupart du temps, ces études ne se sont intéressées qu’à des enfants d’âge scolaire. Qu’en est-il des enfants en très bas âge? La question du début de l’adaptation reste à explorer. De plus, certains chercheurs obtiennent des résultats intéressants chez de très jeunes enfants, mais souvent en ne ciblant que des extrêmes de l’attachement telle la désorganisation (Madigan et al., 2007). Les résultats obtenus s’inscrivent dans la direction des hypothèses de la présente étude. Toutefois, les liens entre l’état d’esprit maternel et le développement de l’adaptation ne sont-ils présents qu’en présence d’un état d’esprit associé à un traumatisme d’enfance ou d’adolescence? Il est pertinent de pousser ce questionnement sur ces liens en l’élargissant à l’ensemble des états d’esprit sur l’attachement. Finalement, il semble aussi que ces études soient limitées par leur manque de considération des variables socio-économiques permettant de tenir compte de l’écologie dans laquelle l’enfant se développe. L’étude proposée vise donc à pallier ces lacunes.

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Objectifs et hypothèses

La présente étude vise quatre objectifs majeurs. Tout d’abord, l’objectif principal est d’investiguer le lien entre l’état d’esprit maternel et l’adaptation chez l’enfant durant la deuxième année de vie, et ce, en contrôlant pour la contribution potentielle du risque psychosocial. Plus précisément, il s'agit d'examiner les contributions relatives de trois variables impliquées, soit l’état d’esprit maternel, la sensibilité maternelle et la relation d’attachement mère-enfant, afin de mieux cerner les processus par lesquels ces variables influencent le développement des difficultés intériorisées et extériorisées. L’état des connaissances actuelles permet de proposer un effet médiateur de la sensibilité maternelle et de la sécurité d’attachement dans la relation entre l’état d’esprit maternel et l’adaptation chez l’enfant. L’étude a donc pour autre objectif de tester le potentiel rôle médiateur de ces deux variables.

Relativement au principal objectif, la première hypothèse est qu’un état d’esprit « non autonome » (« évitant » ou « préoccupé ») soit associé à davantage de symptômes de difficultés d’adaptation chez l’enfant d’âge préscolaire. À l’inverse, qu’un état d’esprit de type « autonome » soit lié à moins de symptômes. L’étude a également pour objectif de répliquer les résultats des études antérieures en ce qui a trait aux liens entre les différentes variables. En ce sens, une autre hypothèse est que les mères dont l’état d’esprit est « autonome » seront davantage sensibles que les mères « non autonomes ». Il est attendu qu’un état d’esprit « autonome » sera associé à une relation d’attachement avec l’enfant de type « sécure » et inversement, qu’un état d’esprit de type « non autonome » sera lié à une relation d’attachement « insécure ». De la même façon, il est attendu que la sensibilité maternelle et la sécurité d’attachement seront associées à la présence de moins de symptômes de difficultés d’adaptation chez l’enfant.

Finalement, un dernier objectif étant d’examiner le possible effet d’interaction entre le risque psychosocial et l’état d’esprit maternel. Il est attendu que le risque psychosocial module le lien entre l’état d’esprit maternel et l’adaptation chez l’enfant.

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Méthode Participants

Le présent projet s’insère dans le cadre de l’étude longitudinale « Être Parent» menée par G. M. Tarabulsy (Université Laval) et M. A. Provost (Université du Québec à Trois-Rivières) (Tarabulsy et al., 2005, 2008). Les mères ont été recrutées avec l’aide d’infirmières des services de maternité des principaux hôpitaux de deux villes de la province de Québec et d’infirmières du réseau de la santé publique. Au départ, 144 dyades mère-enfant participaient à l’étude. Toutefois, dû à l’attrition, les données sont disponibles pour 127 dyades.

L’échantillon se divise en deux groupes en fonction de l’âge de la mère à la naissance du premier enfant. Les mères qui avaient plus de 20 ans constituent le groupe dit à faible risque (n=44) tandis que les mères de 20 ans ou moins, soit les mères adolescentes, constituent le groupe dit à risque élevé (n=83). Ces deux groupes se distinguent aussi sur le plan de leurs caractéristiques socioéconomiques : âge moyen, scolarité, revenu familial et statut marital. Initialement, les mères adultes étaient en moyenne âgées de 28,80 ans (ET=4,66), avaient en moyenne complété une scolarité 14,36 années (ET=3,54) et avaient un revenu familial moyen se situant entre 30 000 et 45 000 dollars canadiens. À l’exception de quatre, toutes ces mères cohabitaient ou étaient mariées au père biologique de l’enfant. Quant aux mères adolescentes, elles étaient en moyenne âgées de 18,07 ans (ET=1,25), avaient en moyenne 9,92 années de scolarité (ET= 1,72) et disposaient d’un revenu familial moyen se situant entre 0 et 15 000 dollars canadiens, soit sous le seuil de la pauvreté de la province de Québec. Seulement soixante-quatre pourcent de ces mères cohabitaient ou étaient mariées au père biologique de l’enfant (n=53). Les autres mères vivaient avec un autre partenaire (n=17), leurs parents (n=8) ou seules (n=5). Dans les deux groupes, les critères d’inclusion pour les enfants étaient un poids à la naissance supérieur à 2500g et l’absence d’anomalies physiques ou congénitales.

En ce qui a trait à l’état d’esprit concernant l’attachement et à l’adaptation chez l’enfant, les données complètes sont disponibles pour 105 dyades mère-enfant. De ces 105

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dyades 34% faisaient partie du groupe dit à faible risque (n=36) et 66% du groupe à risque élevé (n=69).

Mesures

État d’esprit maternel (AAI). Le AAI (George et al. 1985) est une entrevue

semi-structurée visant à mesurer l’état d’esprit maternel en lien avec l’attachement. Il mesure 1'état de pensée actuel de l'adulte ou de 1'adolescent quant a l'attachement aux parents et a d'autres figures susceptibles d'avoir joué un rôle important dans l’histoire personnelle. Le AAI comprend 20 questions dont la plupart concernent les premières expériences avec les principales figures d’attachements. Il est demandé à la personne de décrire la relation dans l’enfance avec chacune de ces figures en appuyant les descriptions par des souvenirs spécifiques. D’autres questions adressent plutôt les pensées et les sentiments de l’individu face à l’influence de ces expériences sur leur personnalité à l’âge adulte, les raisons possibles pour lesquelles leurs parents auraient agi de la sorte avec eux ainsi que la nature de leur relation actuelle. L’entrevue aborde également les expériences de traumas, de pertes d’un être cher et de détresse. Elle se termine en ciblant directement leur rôle de parent et ce, en demandant ce qu’ils espèrent pour le futur de leur enfant et ce qu’ils souhaitent leur avoir transmis. Le temps nécessaire pour administrer l’entrevue se situe entre 45 à 90 minutes.

La codification du AAI se fait par une évaluation en quatre points : 1. Les expériences rapportées par l’individu, vécues lors de la relation passée avec chaque parent. 2. Les mécanismes déployés pour rendre compte des ces expériences. 3. La réaction à la perte d’une figure d’attachement ou le traumatisme, le cas échéant. 4. La cohérence globale de l’état de pensée et la cohérence du discours. Totalisant 18 échelles en neuf points, cette évaluation permet de classifier les individus en quatre grandes catégories d’attachement, soit «autonome» (F), «évitant» (Ds), «préoccupé» (E) et « désorganisé/non résolu » (U/d). Les individus classifiés comme désorganisé (U/d) se voient aussi attribuer une seconde classification parmi les trois premières classifications. Différentes études ont confirmé que les classifications du AAI restent stables sur une période allant de 1 à 15 mois, sont indépendantes de l'interviewer et ont une excellente validité prédictive et discriminante

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(Bakermans-Kranenburg & Van IJzendoorn, 1993 ; 2009 ; Benoit & Parker, 1994 ; Crowell et al., 1996; Hesse 2008 ; Steele & Steele, 2007; Van IJzendoorn, 1995).

Pour la présente étude, les entrevues ont été enregistrées et transcrites verbatim selon les instructions fournies par les concepteurs de l’entrevue. Le codificateur principal, ayant satisfait au test de fidélité de Main et Hesse, a codifié les entrevues selon le manuel de Main et Goldwyn (1998). De plus, pour s’assurer de la qualité, quinze entrevues choisies au hasard ont été codifiées une deuxième fois par un autre codificateur certifié. Les codificateurs étaient en accord pour 13 des 15 entrevues lors de la classification à trois catégories (86.7% ; k = 0.67, p < 0.01) et pour 11 des 15 entrevues lors de la classification à quatre catégories (73.3% ; k = 0.54, p < 0.01). Les désaccords ont été résolus en utilisant les résultats du codificateur principal. L’interviewer et le codificateur ont procédé à l’aveugle de tous les autres aspects de la collecte de données. Dans l’échantillon actuel, 32 mères ont été classées « autonomes », 9 « préoccupées, 63 « évitantes » et 10 « désorganisée/non résolu ». Aux fins d’analyses, les mères classées « désorganisée/non résolu » ont été assignées à leur classification secondaire. Il s’agit en effet d’une catégorie contestée puisqu’elle ne repose que sur un seul critère, soit la présence d’un événement traumatique à l’histoire développementale de la mère. Parmi celles-ci, quatre mères étaient classées « autonome », 1 « préoccupée » et 5 « évitantes ». L’échantillon totalise donc 36 mères dont l’état d’esprit est de type « sécure » et 78 dont l’état d’esprit est de type « insécure ».

Sensibilité maternelle. Le Tri-de-cartes des comportements maternels (Maternal

Behavior Q-Sort, MBQS ; Pederson & Moran, 1995) est un instrument évaluant la qualité des comportements de la mère lors de l’interaction mère-enfant à la maison. Il comprend 90 items, chacun décrivant un comportement maternel potentiel. Les items sont d’abord triés comme étant des comportements correspondant à la mère observée, neutre ou ne correspondant pas. Les trois groupes obtenus sont ensuite divisés en trois sous-groupes. Ainsi, neuf groupes de 10 items sont obtenus s’échelonnant de 1 (moins descriptif des comportements de la mère) à 9 (plus descriptifs des comportements de la mère). Le score de sensibilité final correspond à la corrélation entre le classement des items pour la mère observée et le classement critérié des items de la mère sensible fourni par Pederson et Moran (1995). Les scores varient de -1.0 (peu sensible) à 1.0 (sensible).

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Le Tri-de-cartes des comportements maternels se campe dans la théorie de l’attachement et plus spécifiquement dans la description de la sensibilité maternelle (Ainsworth, Blehar, Waters, & Wall, 1978). Il est l’une des mesures les mieux validées en ce qui a trait aux comportements maternels d’interaction auprès d’enfants entre 0 et 24 mois (Atkinson et al., 2000). Plusieurs études ont permis d’obtenir des informations démontrant la validité et fidélité de l’instrument (Pederson, Gleason, Moran, & Bento, 1998; Pederson & Moran, 1995; Tarabulsy, Avgoustis, Phillips, Pederson, & Moran, 1997). En effet, cet instrument possède de bonnes propriétés psychométriques et une bonne validité de construit (Tarabulsy et al., 2009). Il s’avère corrélé avec d’autres mesures des comportements maternels, entre autres, l’inventaire HOME (Moran, Pederson, Pettit, & Krupka, 1992) et l’échelle de Ainsworth (Pederson & Moran, 1995). Les études ont également relevé de hauts niveaux d’accords inter-juges et de stabilité test-retest (Atkinson et al., 2000; Pederson & Moran, 1995 ; Tarabulsy et al., 2005).

Dans le présent échantillon, les données du MBQS proviennent d’une visite à la maison ayant eu lieu lorsque l’enfant avait 10 mois. Le MBQS était complété après la visite. Des accords inter-juges ont été effectués pour 29 dyades (0.86; p < 0.0001).

Sécurité d’attachement chez l’enfant. Le Tri-de-cartes des comportements

d’attachement (The Attachment Q-Set ; Waters, 1995) constitue une mesure de la sécurité d’attachement de l’enfant, en contexte naturel. Il est composé de 90 items décrivant différents types de comportement d’attachement chez l’enfant. La procédure utilisée pour obtenir le score de sécurité d’attachement est identique à celle employée pour le Tri-de-cartes des comportements maternels à l’exception que l’attention est dirigée sur les comportements de l’enfant. Le score de sécurité d’attachement correspond à la corrélation entre le classement des items de l’enfant observée et le classement des items prototypes fourni par Waters (1995). Le score obtenu varie de -1.0 à 1.0.

La validité des scores de sécurité obtenus par le Tri-de-cartes des comportements d’attachement a été maintes fois démontrée (Van IJzendoorn et al., 2004; Pederson & Moran, 1996; Vaughn & Waters, 1990). Le Tri-de-cartes rempli par des observateurs experts aurait une bonne validité convergente (r= .31) avec la classification de la situation étrangère et un excellent lien (r= .39) avec des mesures de sensibilité (Van IJzendoorn et

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al., 2004). Différentes études ont démontré que le score de sécurité obtenu est significativement lié à des indicateurs du développement socio-émotionnel ultérieur de l’enfant (Thompson, 1999; Van IJzendoorn et al., 2004).

Dans l’étude actuelle, les scores de sécurité d’attachement sont issus de deux visites à la maison, soit lorsque l’enfant avait 15 mois et 18 mois. Des accords inter-juges ont été effectués à partir de 20 dyades (0.87; p < 0.001). La moyenne totale des scores est de 0.18 (ET= 0.26). Les analyses sont effectuées avec les scores moyens des deux temps de mesure.

Difficultés d’adaptation chez l’enfant. L’échelle de comportements de l’enfant

d’âge préscolaire (Child behaviors checklist, CBCL/1½–5; Achenbach & Rescorla, 2001 ) est une mesure évaluant les difficultés émotionnelles et comportementales. Il s’agit d’une extension du CBCL qui a été développé à l’origine pour les enfants plus âgés. Ce questionnaire comprend 101 items décrivant différents comportements auxquels le répondant indique à quel point chacune de ces descriptions s’applique à l’enfant, pour la période des 2 derniers mois (0 pas vrai, 1 un peu ou quelques fois vrai et 2 très vrai ou souvent vrai). Les comportements sont subdivisés en sept dimensions, soit réactivité, anxiété/ dépression, problèmes somatiques, retrait social, problèmes d’attention, agressivité et trouble du sommeil. Un score élevé à une échelle indique la présence de plus de symptômes pour cette dimension. Cet instrument, en plus de fournir de tels scores, offre un score d’extériorisation (agression, problème d’attention) et d’intériorisation (retrait social, anxiété/ dépression, réactivité, problèmes somatiques). Cette division en deux types de difficultés a été largement étudiée et validée (Achenbach & Rescorla, 2001). Il s’agit des scores qui sont utilisés dans cette étude.

La validité et la fidélité de cet instrument sont bien démontrées. En effet, la validité de construit de cet instrument est bien établie par des corrélations avec d’autres mesures déjà reconnues (Reynolds & Kamphaus, 1992; Achenbach & Rescorla, 2001). De plus, cette version du CBCL a été standardisée auprès de deux échantillons représentatifs de 1728 enfants et de 700 enfants (Achenbach & Rescorla, 2001). Les corrélations test-retest sont excellentes et les accords inter-juges sont largement satisfaisants (Achenbach & Rescorla, 2001).

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Dans la présente étude, les scores au CBCL sont issus d’une visite à domicile lorsque l’enfant était âgé 18 mois. Le CBCL était complété par la mère lors de chaque visite. La moyenne des scores d’intériorisation est de 50.9 (ET= 8.99) et d’extériorisation est de 56.95 (ET= 8.37).

Risque psychosocial. Les dyades « mère adulte-enfant » sont considérées comme

étant à faible risque psychosocial tandis que les dyades « mère adolescente-enfant » sont considérées à haut risque. Le chiffre 0 ou 1 est attribué à l’aveugle à chaque dyade, soit 0 pour les mères adultes et 1 pour les mères adolescentes.

Procédure

Visites à domicile. L’évaluation de l’état d’esprit maternel en ce qui a trait à

l’attachement, l’évaluation de la sensibilité maternelle, de la sécurité d’attachement ainsi que de l’adaptation chez l’enfant se sont déroulées dans le cadre de visites à domicile s’inscrivant dans l’étude longitudinale « Être Parent». Les visites ont été effectuées à quatre temps différents, soit lorsque l’enfant avait 6, 10, 15 et 18 mois, par des observateurs et interviewers formés. Aux temps 1 (6 mois) et 2 (10 mois) le Tri-de-cartes des comportements maternels (MBQS) a été administré. Suite au temps 1 (±6 mois), le AAI a été administré aux mères dans un environnement calme, habituellement à leur domicile. Six entrevues ont toutefois été effectuées au laboratoire de l’université pour des raisons pratiques. Également, le Tri-de-cartes des comportements d’attachement (Q-Set) a été administré aux temps 3 (15 mois) et 4 (18 mois) et le CBCL au temps 4. La présente étude utilise le AAI (±6 mois), le MBQS (10 mois), le Q-Set (15 et 18 mois) et le CBCL (18 mois).

Pour satisfaire les principes éthiques et certaines conditions théoriques, les diverses mesures ont été administrées à des temps différents. L’étude comportant plusieurs questionnaires et entrevues, il a été décidé de faire le AAI lors d’une rencontre distincte de façon à ne pas surcharger les rencontres avec les participants. Or, il s’agit d’une variable reconnue pour une bonne stabilité à travers le temps, ce qui nous permet d’affirmer que cette modalité est sans conséquences majeures pour les résultats (Benoit & Parker, 1994; Van IJzendoorn, 1995; Sagi et al., 1994).

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La procédure pour administrer les mesures de sensibilité maternelle et de sécurité d’attachement a été largement inspirée des travaux de Pederson et Moran (1995, 1996). Deux observateurs entraînés ont conduit des visites à domicile semi-structurées d’une durée de 2-3 heures. Chaque visite était dirigée par un des observateurs qui avait davantage de contact avec la mère et qui complétait le Tri-de-cartes après la visite. Les visites incluaient une entrevue avec la mère, une évaluation développementale de l’enfant, une période de cinq minutes de jeu libre avec des jouets apportés par les observateurs et une série de questionnaires à compléter. Les tâches ont été choisies et effectuées, sauf pour la séquence de jeu libre, afin de mettre en compétition les procédures de recherche et les demandes de l’enfant pour l’attention maternelle. L’observateur principal prenant des notes des comportements de la mère et de l’enfant et de leurs interactions pendant la visite. Suite à la visite, l’observateur principal complétait le MBQS (6 et 10 mois) et le AQ-Set (15 et 18 mois). Les observateurs responsables de l’évaluation de la sensibilité maternelle lors des visites à 6 et 10 mois ne complétaient pas l’évaluation de la sécurité d’attachement à 15 et 18 mois. Les temps de mesure pour chacune des variables sont résumés dans le tableau 1.

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Résultats

La présentation des résultats se divise en quatre sections. Tout d’abord, les données descriptives ainsi que la correspondance entre l’état d’esprit maternel (AAI) et l’adaptation chez l’enfant rapportée par le CBCL (intériorisation/ extériorisation) sont examinées. Ensuite, la médiation par la sensibilité maternelle et la sécurité d’attachement du lien entre l’état d’esprit maternel et l’adaptation chez l’enfant (intériorisation/ extériorisation) est investiguée. Finalement, l’effet modérateur du risque psychosocial est exploré.

Données descriptives

Le détail des moyennes et des écarts-types pour chaque mesure, soit la sensibilité maternelle, la sécurité d’attachement et l’adaptation (intériorisation et extériorisation) de l’enfant est résumé dans le tableau 2.

Correspondance entre l’état d’esprit maternel et l’adaptation chez l’enfant

Des régressions multiples ont été conduites avec la classification au AAI comme variable indépendante et les scores au CBCL (intériorisation/ extériorisation) comme variable dépendante, et ce, en contrôlant statistiquement pour la contribution du risque psychosocial. Lorsque la variable dépendante est l’intériorisation, l’analyse révèle un effet significatif de l’état d’esprit maternel (ß = -0.27, p < 0.01). Le modèle explique 8.56% de la variance de l’intériorisation, F (2, 104) = 4.78, p  0.05. En ce qui a trait à l’extériorisation, l’analyse montre un effet marginalement significatif de l’état d’esprit (ß = -0.19, p < 0.10) et le modèle explique 6.72% de la variance de l’extériorisation F (2, 104) = 3,67, p  0.05. Sur le plan strictement statistique, ce lien marginal ne permet pas la possibilité d’examiner la suite du questionnement, la valeur alpha n’atteignant pas 0.05. Cependant, nous procèderons à la suite des analyses afin d’examiner la plausibilité des hypothèses énoncées concernant la médiation par la sensibilité maternelle et la sécurité d’attachement.

Médiation par la sensibilité maternelle et la sécurité d’attachement

Selon Baron et Kenny (1986), trois conditions sont nécessaires avant d’effectuer un test de médiation. Premièrement, la variable indépendante (état d’esprit maternel) doit être

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liée à la variable dépendante (intériorisation/ extériorisation). Deuxièmement, la variable médiatrice (sensibilité maternelle et sécurité d’attachement) doit aussi être associée à la variable dépendante. Enfin, la variable indépendante et la variable médiatrice doivent être reliées entre elles. Les trois conditions ont ici été respectées tant pour l’intériorisation que l’extériorisation (voir tableau 3). En effet, l’état d’esprit maternel relatif à l’attachement (r = -0.28, p < 0.005), la sensibilité maternelle (r = -0.20, p < 0.05) et la sécurité d’attachement (r = -0.32, p < 0.005) sont associés à l’intériorisation. L’état d’esprit maternel sécure (r = -0.22, p < 0.05), la sensibilité maternelle (r = -0.26, p < 0.01) et la sécurité d’attachement (r = -0.39, p < 0.001) sont également associés à l’extériorisation. Finalement, la sensibilité maternelle (r = 0.28, p < 0.005) et la sécurité d’attachement (r = 0.32, p < 0.001) sont aussi liées à l’état d’esprit maternel concernant l’attachement. Par conséquent, il est possible de tester le rôle médiateur de la sensibilité maternelle au MBQS et de la sécurité d’attachement de l’enfant au AQ-Set dans la relation entre l’état d’esprit maternel au AAI et l’adaptation de l’enfant au CBCL (intériorisation/ extériorisation).

La médiation se teste par deux équations de régression multiple. Dans la présente étude, le risque psychosocial sera contrôlé en l’insérant dans les deux équations. Dans la première équation, l’analyse de régression est effectuée avec la variable indépendante (état d’esprit maternel) et la variable dépendante (adaptation : intériorisation/ extériorisation). Dans la seconde équation, la même analyse de régression est réalisée, mais en contrôlant statistiquement pour les variables médiatrices (voir tableaux 4 et 5). Suite à cette équation, une médiation parfaite est présente lorsque trois conditions sont rencontrées : 1- la variable indépendante ne contribue plus significativement à la variance de la variable dépendante, 2- la variable médiatrice contribue significativement à la variance de la variable dépendante et 3- le pourcentage de variance expliquée de la variable dépendante augmente.

Intériorisation. Les conditions pour le rôle médiateur de la sensibilité maternelle et

de la sécurité d’attachement dans le lien entre l’état d’esprit maternel et l’intériorisation chez l’enfant sont respectées (voir tableau 4). D’abord, lorsque la sensibilité maternelle et la sécurité d’attachement sont insérées dans la régression, l’état d’esprit ne contribue plus significativement à la variance. Toutefois, il est à noter que la contribution reste marginalement significative. L’effet de l’état d’esprit diminue de -0.27 à -0.20 lorsque la

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