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Enquête sociologique sur les conditions de préparation des sportifs sélectionnés pour les jeux paralympiques de Rio (2016)

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01878503

https://hal-insep.archives-ouvertes.fr/hal-01878503

Submitted on 21 Sep 2018

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Enquête sociologique sur les conditions de préparation

des sportifs sélectionnés pour les jeux paralympiques de

Rio (2016)

Hélène Joncheray, Fabrice Burlot, Remi Richard, Nicolas Besombes, Sébastien

Dalgalarrondo, Mathilde Desenfant

To cite this version:

Hélène Joncheray, Fabrice Burlot, Remi Richard, Nicolas Besombes, Sébastien Dalgalarrondo, et al.. Enquête sociologique sur les conditions de préparation des sportifs sélectionnés pour les jeux para-lympiques de Rio (2016). [Rapport de recherche] Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP). 2018. �hal-01878503�

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INFORMATIONS AUX LECTEURS

Nous partageons avec vous quelques informations qui faciliteront la lecture du rapport. Pour une lecture rapide, nous avons proposé un court résumé de chacune des parties, dans leur introduction, résumant les propos développés par la suite à l’aide d’extraits d’entretiens en italique. Par ailleurs, à la fin de chacune des parties, des préconisations, issues de l’analyse des entretiens, sont proposées.

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REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier les 13 sportifs de haut niveau qui ont partagé leur expérience de préparation des Jeux Paralympiques de RIO (2016), par l’intermédiaire d’entretiens, entre mars et juillet 2017.

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PRÉFACE

Les principaux résultats, présentés dans ce rapport d’étude, s’appuient sur des entretiens réalisés, entre mars et juillet 2017, auprès de Sportives et Sportifs de Haut Niveau (SHN) ayant participé aux Jeux Paralympiques de Rio en septembre 2016. Cette étude, par entretiens, fait suite au rapport, de l’enquête par questionnaires, remis quelques mois plus tôt (Burlot et al., 2018), et concerne la même population et la même problématique.

Ainsi, ce rapport a pour objectif de dégager des enseignements sur les conditions de préparation des SHN paralympiques selon huit axes identifiés lors de l’enquête quantitative réalisée en amont :

(i) L’entraînement ;

(ii) La préparation physique ; (iii) Les soins de récupération ; (iv) La préparation mentale ;

(v) La prise en charge et l’accompagnement de la gestion des blessures ; (vi) La nutrition et la diététique ;

(vii) L’accès aux innovations, aux nouvelles technologies et à la recherche ; (viii) La situation socio-professionnelle.

Cette synthèse a pour objectif de présenter les données récoltées dans le discours des sportifs interrogés. Les éléments exposés sont ceux des SHN sollicités, dotés de caractéristiques individuelles variées en âge, sexe, discipline sportive pratiquée, statut socio-professionnel, nombre d’olympiades effectuées ou lieu d’entraînement.

L’ambition de cette synthèse est de proposer des pistes de réflexion ainsi que des préconisations, afin de veiller à favoriser des conditions de préparation propices à la performance des sportifs paralympiques.

(7)

INTRODUCTION ... 8

1/ PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ... 13

1.1. Les premiers pas sportifs ...13

1.1.1. Une influence indéniable de l’entourage familial... 13

1.1.2. Structures sportives ... 14

1.2. Un investissement important dans une pratique sportive puis un arrêt, conséquence d’un accident ou de l’évolution d’une maladie ...14

1.3. La socialisation au sport de haut niveau ...14

1.3.1. Les accidents et maladies évolutives (n=9) ... 15

1.3.2. Les handicaps « précoces » (n=4)... 16

1.4. Le haut niveau : des rapports très variés ...17

1.4.1. Une progression sportive très rapide ... 17

1.4.2. Différents types de motivations dans l’engagement des sportifs ... 17

1.4.3. Une pratique entre milieu « valide » et milieu handisport ... 18

2/ BILAN PARALYMPIQUE & SOCIALISATION PARALYMPIQUE ... 20

2.1. La participation aux Jeux Paralympiques...20

2.2. Les difficultés rencontrées par les sportifs participant pour la première fois aux Jeux ...21

2.3. La spécificité des Jeux Paralympiques ...22

3/ L’ENTRAÎNEMENT : DES DIFFICULTÉS DANS L’ACCÈS À UN ENTRAÎNEUR, LA GESTION DES DIFFÉRENTS ACTEURS ET LA PLANIFICATION ... 23

3.1. Des difficultés d’accès à un entraîneur ...23

3.2. La nécessité d’une double qualification de l’entraîneur : discipline sportive et handicap ..24

3.3. Des moyens limités ...25

3.4. Le réseau de professionnel(s) sportif(s) ...26

3.5. La planification des entraînements ...26

3.6. Le nombre réduit de sparring-partners ...27

4/ LA PRÉPARATION PHYSIQUE : INTÉGRÉE, MAIS PEU ENCADRÉE ET PAS TOUJOURS ADAPTÉE ... 28

4.1. La préparation physique : un dispositif d’optimisation de la performance clairement identifié ...28

4.2. Les trois figures du préparateur physique. ... 28

5/ LES SOINS DE RÉCUPÉRATION ... 31

5.1. La place des soins de récupération dans la production de performance ...31

5.2. Les freins à la réalisation de soins de récupération ...32

5.3. L’accès aux soins de récupération ...33

5.4. Le choix du professionnel des soins de récupération ...33

(8)

6/ LA PRÉPARATION MENTALE : IDENTIFIÉE COMME UN BESOIN MAIS POUR

LEQUEL LA PRISE EN CHARGE N’EST PAS TOUJOURS SATISFAISANTE ... 34

6.1. La préparation mentale, entre utilité et utilisation ...34

6.2. Préparation mentale et méconnaissances ...34

6.3. Les raisons de la mise en place de la préparation mentale ...34

6.4. La préparation mentale : de l’autodidaxie au recours à un professionnel ...35

6.5. Préparation mentale et planification ...37

7/ SANTÉ ET BLESSURE : LA PRISE EN CHARGE ET LA SPÉCIFICITÉ DU PARALYMPISME ... 38

7.1. Des prises en charge variées ...38

7.2. Les avis des sportifs sur le suivi médical ...40

7.3. Le respect du temps de prescription est fonction des exigences sportives ...40

7.4. La spécificité de la blessure chez les sportifs paralympiques ...42

8/ LA NUTRITION : DES REPRÉSENTATIONS BIGARRÉES ... 44

8.1. Le rapport à l’alimentation des sportifs ...44

8.2. Le cas des sportifs « spécialistes » de l’alimentation ...46

8.3. Un encadrement variable ...46

8.4. Nutrition et performance ...47

9/ LES INNOVATIONS : DES PRISES EN CHARGE VARIÉES DANS UNE TEMPORALITÉ SPÉCIFIQUE ... 49

9.1. Les acteurs de l’innovation ...49

9.2. Innovation et rapport au temps ...49

9.3. Les initiateurs des innovations ...50

9.4. Les limites de l’innovation ...52

10/ LA SITUATION SOCIO-PROFESSIONNELLE ... 54

10.1. Les situations socio-professionnelles des sportifs ...54

10.2. La question du double projet ...55

CONCLUSION ... 57

(9)

INTRODUCTION

PROBLÉMATIQUE ET OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE

L’enquête a pour objectifs :

• de recueillir l’expérience des sportifs ayant participé aux Jeux Paralympiques de Rio ; • de prendre connaissance des dispositifs de préparation auxquels ils ont eu accès ou

qu’ils ont mis en place :

en faisant émerger les réussites, manques et difficultés repérés dans les

témoignages des sportifs paralympiques interrogés,

en mesurant l’impact de ces dispositifs de préparation sur la performance ;

• d’utiliser les données récoltées pour adapter les politiques de préparation des SHN paralympiques engagés dans le projet paralympique en cours et les suivants.

MÉTHODOLOGIE

Pour apporter des éléments de réponse à ces questionnements, 13 entretiens ont été réalisés entre mars et juillet 2017, auprès de sportifs ayant participé aux Jeux Paralympiques de Rio. Les 13 sportifs interrogés représentent 9 disciplines sportives (Tableau 1).

DISCIPLINE SPORTIVE NOMBRE D’ENTRETIENS

Athlétisme 3 Aviron 1 Canoë-Kayak 1 Cyclisme 1 Escrime 2 Haltérophilie 1 Tennis de Table 2 Tir sportif 1 Tir à l’arc 1 TOTAL 13

Tableau 1 : Le nombre d’entretiens réalisés au regard de la discipline sportive.

La réalisation de ces 13 entretiens semi-directifs a suivi le cheminement suivant : pré-sélection des sportifs au regard des caractéristiques de la population interrogée lors de l’enquête par questionnaires (Burlot et al., 2018), prise de contact débouchant sur une réponse positive du sportif, déplacement, déroulement de l’entretien et retranscription.

(10)

Enfin, le guide d’entretien a été construit sous forme de thématiques et d’items qui ont été identifiés lors de l’étude quantitative précédente (Burlot et al., 2018). Le guide d’entretien (cf. Annexes) était constitué de 10 thématiques :

(i) Histoire sportive et bilan paralympique (ii) Entraînement

(iii) Préparation physique (iv) Préparation mentale (v) Soins de récupération (vi) Diététique et nutrition

(vii) Santé et gestion des blessures

(viii) Innovations techniques et accès à de nouvelles ressources (ix) Situation socio-professionnelle

(x) Entourage familial et amical

Les thématiques (ii) à (viii) se subdivisent quant à elles en trois items : a. Organisation

b. Encadrement c. Attentes et bilan

Enfin, si habituellement il est de coutume d’indiquer des éléments socio-démographiques sur le sportif interviewé lorsqu’un extrait de son entretien est utilisé (discipline sportive pratiquée, sexe, âge), aucun élément n’est ici volontairement stipulé pour préserver l’anonymat.

POPULATION

L’échantillonnage de la population de sportifs interrogés s’est voulu le plus représentatif possible des résultats obtenus précédemment, dans l’enquête quantitative (Burlot et al., 2018), notamment concernant les variables liées :

• au sexe ; • à l’âge ;

• à la performance réalisée aux Jeux Paralympiques de 2016 ;

• à la situation professionnelle des quatre années qui ont précédé les Jeux de Rio ; • au(x) lieu(x) d’entraînement fréquenté(s) lors des quatre années qui ont précédé les Jeux

de Rio ;

• à l’utilisation de la préparation mentale lors des quatre années qui ont précédé les Jeux de Rio ;

• aux blessures physiques lors des quatre années qui ont précédé les Jeux de Rio ; • à l’expérience paralympique.

(11)

10

VARIABLES MODALITÉS POURCENTAGE

SEXE Femme 38% (5/13) Homme 62% (8/13) ÂGE 24 ans et moins 0% (0/13) 25 à 34 ans 62% (8/13) 35 ans et plus 38% (5/13) PERFORMANCE RIO 2016 Médaillé 38% (5/13) TOP 8 24% (3/13) Sélectionné 38% (5/13) SITUATION PROFESSIONNELLE En formation 8% (1/13) Salarié et CIP 54% (7/13) Sans emploi 38% (5/13)

LIEU D’ENTRAÎNEMENT INSEP 0% (0/13)

Extérieur 100% (13/13)

PRÉPARATION MENTALE Oui 54% (7/13)

Non 46% (6/13)

BLESSURE Oui 76% (10/13)

Non 24% (3/13)

PREMIÈRE OLYMPIADE Oui 31% (4/13)

Non 69% (9/13)

Tableau 2 : Le nombre d’entretiens réalisés au regard de certaines variables

La répartition des SHN au regard de ces variables est présentée dans les figures 1 à 8 ci-dessous :

8 • à l’utilisation de la préparation mentale lors des quatre années qui ont précédé les Jeux de Rio ; • aux blessures physiques lors des quatre années qui ont précédé les Jeux de Rio ; • à l’expérience paralympique.

VARIABLES MODALITÉS POURCENTAGE SEXE Femme Homme 38% (5/13) 62% (8/13)

ÂGE 24 ans et moins 25 à 34 ans 62% (8/13) 0% (0/13) 35 ans et plus 38% (5/13) PERFORMANCE RIO 2016 Médaillé 38% (5/13) TOP 8 24% (3/13) Sélectionné 38% (5/13) SITUATION PROFESSIONNELLE En formation 8% (1/13) Salarié et CIP 54% (7/13) Sans emploi 38% (5/13) LIEU

D’ENTRAÎNEMENT INSEP Extérieur 100% (13/13) 0% (0/13) PRÉPARATION

MENTALE Oui Non 54% (7/13) 46% (6/13) BLESSURE Oui Non 76% (10/13) 24% (3/13) PREMIÈRE

OLYMPIADE Oui Non 31% (4/13) 69% (9/13)

Tableau 2 : Le nombre d’entretiens réalisés au regard de certaines variables La répartition des SHN au regard de ces variables est présentée dans les figures 1 à 8 ci-dessous : Figure 1 : La distribution de femmes et d’hommes chez les sportifs interrogés. 38% 62%

SEXE

Femmes Hommes

Figure 1 : La distribution de femmes et d’hommes chez les sportifs interrogés.

Figure 2 : La performance à Rio des sportifs interrogés. Figure 3 : Lieu d'entraînement des sportifs interrogés. Figure 4 : La répartition de l'âge des sportifs interrogés. 38% 24% 38% PERFORMANCE RIO 2016

Médaillé TOP 8 Sélectionné

0% 100% LIEU D’ENTRAÎNEMENT INSEP Extérieur 39% 54% 7% ÂGE

24 ans et moins 25 à 34 ans 35 ans et plus

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11 9 Figure 2 : La performance à Rio des sportifs interrogés. Figure 3 : Lieu d'entraînement des sportifs interrogés. Figure 4 : La répartition de l'âge des sportifs interrogés. 38% 24% 38% PERFORMANCE RIO 2016

Médaillé TOP 8 Sélectionné

0% 100% LIEU D’ENTRAÎNEMENT INSEP Extérieur 39% 54% 7% ÂGE

24 ans et moins 25 à 34 ans 35 ans et plus

Figure 3 : Lieu d’entraînement des sportifs interrogés.

9 Figure 2 : La performance à Rio des sportifs interrogés. Figure 3 : Lieu d'entraînement des sportifs interrogés. Figure 4 : La répartition de l'âge des sportifs interrogés. 38% 24% 38% PERFORMANCE RIO 2016

Médaillé TOP 8 Sélectionné

0% 100% LIEU D’ENTRAÎNEMENT INSEP Extérieur 39% 54% 7% ÂGE

24 ans et moins 25 à 34 ans 35 ans et plus

Figure 4 : La répartition de l’âge des sportifs interrogés.

Figure 5 : La situation professionnelle des sportifs interrogés. Figure 6 : La réalisation ou non de préparation mentale chez les sportifs interrogés. Figure 7 : Le taux de blessures chez les sportifs interrogés. 43% 50% 7%

SITUATION PROFESSIONNELLE

En formation Salarié et CIP Sans emploi

54% 46%

PRÉPARATION MENTALE

Oui Non 76% 24%

BLESSURES

Oui Non

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12 10 Figure 5 : La situation professionnelle des sportifs interrogés. Figure 6 : La réalisation ou non de préparation mentale chez les sportifs interrogés. Figure 7 : Le taux de blessures chez les sportifs interrogés. 43% 50% 7%

SITUATION PROFESSIONNELLE

En formation Salarié et CIP Sans emploi

54% 46%

PRÉPARATION MENTALE

Oui Non 76% 24%

BLESSURES

Oui Non

Figure 6 : Préparation mentale chez les sportifs interrogés.

10 Figure 5 : La situation professionnelle des sportifs interrogés. Figure 6 : La réalisation ou non de préparation mentale chez les sportifs interrogés. Figure 7 : Le taux de blessures chez les sportifs interrogés. 43% 50% 7%

SITUATION PROFESSIONNELLE

En formation Salarié et CIP Sans emploi

54% 46%

PRÉPARATION MENTALE

Oui Non 76% 24%

BLESSURES

Oui Non

Figure 7 : Le taux de blessures chez les sportifs interrogés.

Figure 8 : L'expérience olympique des sportifs interrogés. 31% 69%

PREMIÈRE OLYMPIADE

Oui Non

(14)

PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

1. LA PRATIQUE SPORTIVE :

DES PREMIERS PAS AU HAUT NIVEAU

L’influence de l’entourage familial est prépondérante dans l’accès à la pratique sportive, débutée la plupart du temps pendant l’enfance et en dehors des structures handisport. La majorité des sportifs interrogés a eu un accident qui a engendré un bouleversement des priorités, puis parfois un changement de pratique sportive où le haut niveau n’est pas toujours un objectif affiché. Dans tous les cas, un acteur clé a sensibilisé ces sportifs à une discipline adaptée et à leur potentiel. Enfin, le milieu du sport « valide » est très souvent d’importance, à la fois pour y trouver des sparring-partners ou adversaires d’un niveau national, mais aussi dans l’accès à des entraîneurs et des structures ou encore à titre de déclencheur de l’entrée dans le handisport de haut niveau.

1.1. Les premiers pas sportifs

1.1.1. Une influence indéniable de l’entourage familial

L’influence de l’entourage familial est indéniable dans l’accès à la pratique sportive. Les sportifs (n=12/13) ont souvent été initiés par leur entourage familial : « J’ai toujours fait du sport » ; « Je faisais beaucoup de sport, je faisais plein de randos en montagne, le sport a toujours eu une place très importante, je concevais pas de pas faire de sport ».

• que ce soit par les parents (père, mère, oncle, tante...) :

« Je fais partie d’une famille où on aime le sport, on aime l’activité. Donc moi, très tôt je jouais au football » ;

« Ma mère faisait de la hauteur quand elle était jeune, elle sautait 1m63 dans les années 60, donc c’est pas ‘dégueu’, mon papa pas du tout, je tiens plutôt de mon oncle qui était sportif, mais en fait inconsciemment, t’essayes de faire autre chose que ce que tes parents font (…). Et en fait, j’ai commencé l’athlé, mon meilleur ami habitait à 5km de chez moi, j’avais pas mon permis, donc je passais par les bords de Seine, au début en marchant, mais ça me faisait chier, du coup en courant et il m’a dit ‘oh t’as mis 25min, maintenant tu dois battre ton record’, ce que j’ai fait, et ma mère m’a inscrit discrètement à un club d’athlé, et c’est parti de là » ;

• ou par la fratrie :

« J’ai commencé l’athlé à l’âge de six ans parce que ma grande sœur elle voulait en faire, donc voilà moi je l’ai suivie, donc voilà, j’en ai fait pendant 10 ans. Pendant un an, j’ai pas forcément trop aimé. Et puis après, j’ai quand même continué sur les conseils encore une fois de ma sœur, les parents et après j’ai socialement, en fait j’ai trouvé beaucoup de plaisir à l’athlé » ; • ou encore dans un centre spécialisé :

« J’ai commencé l’escrime à 8 ans, dans un centre spécialisé (incluant son école) pour handicapés » ;

« C’est dans un centre (incluant son école), j’étais dedans, dans un centre, c’était un truc handicapé et mon kiné il m’a dit d’essayer. Voilà, il m’a fait essayer, il m’a dit ‘t’as des bons bras’. Et après, il m’a dit ‘on va aller voir le médecin, pour essayer’ et après, il m’a demandé si j’aimais bien ça. Après j’ai dit ‘oui’ ».

(15)

1.1.2. Structures sportives

Les débuts de la pratique sportive se font majoritairement pendant l’enfance et pour la plupart des sportifs dans des structures « valides ».

• Mis à part pour deux d’entre eux, les sportifs (n=11) ont débuté la pratique sportive pendant la petite enfance.

• Parmi l’ensemble des sportifs interrogés, seuls trois d’entre eux ont débuté la pratique sportive dans une structure accueillant des personnes en situation de handicap et un seul montre un attachement à un club sportif handisport. Les autres sportifs (n=12) ont tous débuté la pratique sportive avec des « valides ».

1.2. Un investissement important dans une pratique sportive puis un arrêt,

conséquence d’un accident ou de l’évolution d’une maladie

un arrêt, conséquence d’un accident (n=6/13). L’accident engendre un bouleversement des priorités, avec pour objectif premier de reprendre, dans un premier temps, les activités de la vie quotidienne puis la pratique sportive :

« Mon fauteuil vient d’un accident de la route quand j’avais 15 ans. Mais le sport vient bien avant puisque j’étais en centre de formation au FC Metz. Je faisais du football et c’était ma passion et... j’avais comme beaucoup de jeunes de cette époque-là cette envie d’être professionnel. Alors la vie, évidemment, en a voulu un petit peu autrement et il a fallu que je me concentre d’abord sur ma rééducation et sur ma scolarité, avant de repenser sport » ;

« Et à l’âge de 15 ans donc, j’ai été renversée par une voiture, amputée d’une jambe et à la suite de ça j’ai voulu reprendre le sport » ;

« Et puis j’ai eu un grave accident de la route (…) Je n’avais qu’une idée en tête c’était de remonter en bateau mais sans projet de haut niveau quoi, c’était vraiment remonter dans un bateau me faire plaisir comme avant » ; « Alors moi j’ai eu un accident de ski en 2004 qui m’a rendue paraplégique,

je faisais de la gym avant » ;

« A 20 ans j’ai eu un accident, j’ai fait une chute de vélo, entorse, mais ça a dégénéré, 5 ans de galère, 5 ans de fauteuil où j’ai pas pu faire de sport, ça a été un peu galère, une vie compliquée et à 25 ans j’ai fini par être amputée ». • un changement de pratique sportive, conséquence de l’évolution d’une maladie

(n=3/13) :

« J’ai fait du foot, puis c’est devenu trop dangereux avec mon handicap quand j’ai grandi, et je me suis mis au tennis de table parce que j’en faisais depuis tout petit à l’école, dans la cours de récré, j’ai commencé à 12 ans, et le handisport à 16 ans, on m’en avait parlé un an avant mais j’étais pas trop chaud, puis je me suis décidé » ;

« Eh ben malheureusement, ma maladie a fait qu’il a fallu que je laisse tomber mon vélo et le tandem et mon père pratiquait, papa pratiquait le tir à l’arc (…) et il me disait mais vient donc… ».

1.3. La socialisation au sport de haut niveau 

Tous ces sportifs, sauf deux, disent avoir connu une socialisation sportive primaire. Cependant, la socialisation et l’entrée dans le sport de haut niveau prennent des formes différentes en fonction de la survenue du ‘handicap’ (de naissance ou d’apparition tardive).

(16)

1.3.1. Les accidents et maladies évolutives (n=9)

Tous ont connu une activité sportive « valide », à différents niveaux de pratique.

• Certains ont conservé leur pratique « valide ». Un sportif, avant son accident détenait quelques titres de champion de France juniors :

« Du coup ça s’est su au sein de la fédération que j’avais eu un accidentet quej’essayais de reprendre et un ancien adversaire quand j’étais junior, mais un ami, mais qui était dans un autre club donc un adversaire qui était devenu entraîneur du collectif paralympique m’appelle et me dit ‘bah écoute si ça t’intéresse moi je suis entraîneur paralympique et si tu veux venir découvrir viens sur un stage, tu verras’. Donc, je vais sur un stage, je mors à l’hameçon, on va dire ».

• C’est aussi le cas d’une sportive, qui avait pratiqué le kayak en « valide » puis qui le pratique en handi. C’est d’ailleurs dans le cadre de la pratique sportive qu’elle a été diagnostiquée, et ce diagnostic l’a projetée dans la pratique de haut niveau. Autre exemple, celui d’une sportive qui avait déjà un bon niveau en athlétisme :

« Voilà, j’en ai fait pendant 10 ans, j’étais plutôt demi-fondeuse à l’époque avec voilà des bonnes réussites parce que j’étais dans les meilleures de ma catégorie d’âge ». Cependant, dans le cas de cette sportive, le demi-fond n’étant pas, à l’époque, une discipline reconnue au niveau international – et au regard de ses capacités – il lui a été conseillé de choisir une autre discipline au sein de l’athlétisme.

• Enfin, d’autres ont changé radicalement de pratique et ont trouvé, par tâtonnement, une nouvelle passion. Par exemple, un sportif était dans un centre de formation d’un club de football, jusqu’à son accident à 15 ans. Suite à son accident, il a testé différents sports collectifs en centre de rééducation – avec lesquels il avait des affinités – mais il n’était pas prêt à ‘faire le deuil’ du football :

« J’ai regardé un peu ce qui se faisait, mais je retrouvais pas, on va dire, ce que j’avais au foot, en termes d’esprit de compétition, d’entraînement, de structures, de cadre... voilà […]. Donc, c’était plutôt des sports co. comme le basket ou des choses comme ça. Mais j’étais pas dingue de ça... Et donc comme j’avais l’esprit qui était trop orienté sur le football [valide], c’était compliqué de m’ouvrir sur autre chose ».

• Puis, finalement, c’est la découverte d’une autre discipline, le tennis de table, qui lui a permis de retrouver une passion pour le sport. C’est le cas également d’un autre sportif, qui, suite à son accident, a testé plusieurs pratiques handisports :

« C’est des personnes handicapées qui sont venues me chercher pour pratiquer du sport, pour pas rester chez soi (…). Au début, j’osais pas trop, et puis je me suis pris au jeu, j’ai joué au basket longtemps, j’ai même fait des sélections en équipe de France (…). Et une année, y’avait que 5 joueurs, on pouvait pas relancer une saison, y’avait plus de remplaçants, j’ai dit : ‘j’arrête’, et je me suis orienté sur le tir, je connaissais déjà ».

• C’est encore le cas d’une autre sportive, qui pratiquait le cyclisme en loisir et s’est ensuite engagée intensément dans un autre sport :

« Avant que je démarre le tir à l’arc, je pratiquais le vélo, ce qui n’a absolument rien à voir et ben malheureusement ma maladie a fait qu’il a fallu que je laisse tomber mon vélo et le tandem et mon père pratiquait, papa pratiquait le tir à l’arc [...]. Et puis en fait j’ai essayé et puis oh bah ouais réflexion faite, ça peut être sympa, mais j’étais pas forcément plus emballée que ça » ;

(17)

• Enfin, cette sportive explique sa pratique actuelle par le «hasard» des rencontres : « Je suis passée par hasard devant le stand et y’avait XXXXX qui avait

participé aux Jeux handisport à Athènes, il voulait monter une section handisport à Quimper, il m’a proposé d’essayer et quand j’ai vu le matériel, en fait c’est deux plaques fixes et les fauteuils sont accrochés dessus, ils ne bougent pas, donc je me suis dit ‘non non je veux un sport qui bouge’ (…) et puis à force de croiser le comité départemental handisport ou sur Quimper je me suis dit : ‘je vais leur faire plaisir, je vais essayer’. Et, après ma première leçon, j’ai tout de suite adoré alors que j’avais jamais fait de sport de combat avant ».

Parmi ces sportifs, le réseau sportif, développé avant la situation de handicap, a été déterminant dans l’engagement et le maintien d’une pratique. Par ailleurs un sportif souligne que son expérience de sportif « valide » lui donne des compétences jugées indispensables dans la poursuite de sa carrière actuelle :

« Moi je pense que j’ai la chance, grâce au cursus sportif dont on a parlé tout à l’heure, d’avoir connu très tôt le sport de haut niveau et ses exigences, donc très tôt j’ai eu une autonomie, et l’autonomie en fait... j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes pour avoir un petit staff personnel qui puisse m’aider sur le chemin dans lequel j’avais envie d’évoluer ».

1.3.2. Les handicaps « précoces » (n=4)

Pour ces quatre personnes, qui ont grandi avec un handicap, la date d’entrée dans l’activité sportive est variable :

• Deux ont commencé la pratique sportive avant 10 ans, pratique sportive qui était proposée dans le centre médico-éducatif dans lequel ils évoluaient. Dans ce cas, l’institution spécialisée est non seulement initiatrice de la pratique, mais participe également à sa pérennité.

Par exemple, un sportif pratique des activités multisports dans le centre spécialisé, puis se spécialise en escrime à 8 ans. Un autre, quant à lui, découvre l’haltérophilie à 10 ans.

Aussi, le milieu spécialisé dans lequel ils évoluent participe au maintien dans l’activité et à l’entrée dans le haut niveau. Le premier sportif cité présente une socialisation intensive en milieu spécialisé, il est très fortement ancré dans ce milieu du handisport, dans lequel il évolue depuis toujours. Il est attaché à son ‘club historique’. Il est le seul des sportifs interrogés à avoir cet ancrage très fort. Concernant le deuxième sportif, le lien avec le milieu spécialisé (par le biais de son kinésithérapeute) est le seul qui le maintienne dans la carrière de haut niveau.

• Deux autres sportifs semblent, quant à eux, moins attachés au milieu spécialisé et présentent une socialisation sportive plus tardive.

Pour l’un, les débuts dans la pratique sportive se font à 14 ans, avec de premiers championnats de France à 18 ans.

L’autre débute la pratique sportive très tardivement. Il souhaite faire de l’athlétisme, suite à une campagne de promotion pour les Jeux de Londres. Mais, il se heurte à l’absence de structure pouvant l’accueillir. Par ailleurs, souhaitant terminer ses études, il n’identifiera une opportunité que quelques années plus tard : « Quand j’ai cherché à en faire, je n’ai pas trouvé de structures adaptées pour en faire, soit il n’y avait pas d’entraîneur, soit il n’y avait pas de fauteuil, soit, il y avait toujours un truc qui clochait et en même temps j’étais étudiant je voulais finir mes études, j’ai laissé cette envie-là, et en fait fin 2011, début 2012, j’ai eu l’opportunité

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1.4. Le haut niveau : des rapports très variés

1.4.1. Une progression sportive très rapide

Tous les sportifs interrogés connaissent une progression très rapide et dominent leur discipline au niveau national. Parfois, après à peine quelques semaines de pratique, les entraîneurs expliquent aux sportifs qu’ils pourront participer aux Jeux Paralympiques, alors que les sportifs eux-mêmes n’ont pas conscience de leur potentiel : « Mon entraîneur me dit qu’il va m’amener jusqu’aux Jeux de Londres » ; ou encore : « Ouais et puis moi, on me disait ‘ouais, tu vas à Rio tu vas à Rio’. On était en 2013. Moi on parlait de Rio, je n’avais jamais rêvé des Jeux ».

1.4.2. Différents types de motivations dans l’engagement des sportifs

• Pour certains sportifs (n=8), le haut niveau est un objectif affiché. Plus que la discipline en elle-même, la pratique, dès le départ motive un investissement intense dans le sport pour performer à haut niveau :

Interviewer : « Le tennis de table, t’as découvert à l’école, mais pourquoi t’as choisi cette activité ? (…) »

Pongiste : « Bah en fait je me débrouillais pas trop mal, et moi j’ai toujours rêvé de faire des grosses compets, donc de base c’était pas un sport qui me faisait rêver, mais à partir de là je me suis mis à fond dedans et j’ai continué ». • Il en va de même pour un autre sportif, qui au-delà de sa passion pour sa discipline sportive souhaitait la pratiquer au regard d’objectifs précis : « Moi j’avais un rêve quand j’étais jeune, j’avais un rêve, c’était faire les Jeux ».

• Un sportif explique son engagement dans la pratique handisport par une volonté de participation aux Jeux Paralympiques, malgré une méconnaissance de la pratique du sport à haut niveau :

« Il y a eu une promotion, une campagne publicitaire autour des Jeux de Londres et donc il y avait aussi, forcément des athlètes fauteuil, je me suis dit : ‘bah j’irai aux Jeux de Londres’, et même j’en ai fait un pari donc avec un de mes frères et mon père. J’ai contacté la Fédération Française Handisports pour commencer l’athlé, parce que je pensais que c’était beaucoup plus simple. Pour moi dans mon esprit ça n’était pas forcément de me dire ‘bah tiens je m’entraîne, six ou huit fois par semaine, et je consacre tout ce temps à l’athlé’. C’était vraiment ce truc : je me mets dans un fauteuil et gagner, c’était plus voilà une vision très simpliste ».

• D’autres, au contraire (n=5), n’envisagent pas le haut niveau et c’est l’entraîneur qui va initier cette entrée dans le sport de haut niveau. Les premiers résultats sont une révélation, une surprise pour ces sportifs :

« J’étais tellement étonnée d’être dans les 30 meilleures nationales valides malgré mon handicap que j’étais persuadée que je n’avais rien à y faire. Je sais pas dans la tête, c’était pas possible et c’est mon président de club qui m’a dit : ‘non mais tu es sélectionnée et tu vas y aller, je t’emmène pour être sûr que t’y ailles’ ».

Pour une des interviewée, c’est même à contrecœur qu’elle dit s’engager dans le sport de compétition : « Ouais et puis moi, on me disait ‘ouais, tu vas à Rio tu vas à Rio’. On était en 2013. Moi on parlait de Rio, je n’avais jamais rêvé des Jeux, les Jeux Olympiques. Ouais, j’ai toujours fait des métiers de sport et moi je fais du sport pour moi, ‘ah tu vas à Rio, tu vas à Rio’, ‘non je vais pas Rio’, ‘si tu vas à Rio’. Donc, eux, ils avaient tous lancé cette machine à ce moment-là et moi je ne l’ai pas lancé du tout ».

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• Un point commun subsiste entre tous ces cas, à travers la figure du « passeur ». Souvent contraints de changer de discipline après leur accident, les sportifs interrogés ont majoritairement fait état de l’importance d’une personne ressource, qui leur a permis de découvrir les disciplines sportives adaptées existantes en fonction de leur handicap et de leur histoire sportive « valide » et qui a décelé, chez eux, le potentiel et les compétences nécessaires pour performer au plus haut niveau. Cette personne peut alors tout autant être un entraîneur, le personnel médical ou paramédical fréquenté par les sportifs lors de leur rééducation (kinésithérapeutes ou ostéopathes), ou bien une association spécialisée dans le sport handi.

1.4.3. Une pratique entre milieu « valide » et milieu handisport 

En ce qui concerne l’inscription dans les fédérations sportives, il est important de noter que la plupart des sportifs ont une double licence, à la fois dans la fédération « valide », et dans la commission handisport homologue.

• Selon les interviewés, il est parfois plus facile, dans le milieu « valide », de trouver des sparring-partners, ou de l’adversité à un niveau national. Un sportif explique y trouver une forme de motivation :

« J’arrive à me motiver quand je me confronte à des valides, là je vais aux championnats de France valide, c’est intéressant » ;

« J’ai besoin aussi d’avoir deux structures différentes, y’a des personnalités différentes, y’a le handisport, mon club de toujours, mon entraîneur depuis 17 ans, et après je peux jouer contre des valides. Je suis le seul handi et du coup c’est des gens qui se mettent en fauteuil contre moi et on fait l’essai. Et moi, ça me permet d’avoir une opposition différente et d’améliorer mon niveau de jeu. Eux, certains ont pas l’habitude d’en faire en fauteuil, mais eux n’ont pas de handicap du coup ça se rééquilibre un peu. Moi ça m’est utile et j’aurais pas pu progresser si j’avais pas eu ces deux structures en fait ».

• Le milieu « valide » peut également constituer pour les sportifs de haut niveau handisport un vivier d’entraîneurs, ou un accès à des structures d’entraînement. Pour presque tous les sportifs interrogés (n=12/13), la prise de licence handisport est secondaire, voire même accessoire. Une sportive explique :

« Ouais, j’ai fait un an sans licence valide. Après je me suis licenciée en XXXXX pour le club handisport parce qu’il n’y en avait pas dans le XXXXX. Et au bout d’un an, comme en fait j’étais vraiment obligée de prendre appui sur les compétitions valides et que la première année globalement ils me toléraient, j’ai repris une licence du coup l’année d’après, en valide et je l’ai repris au club de XXXXX parce que je trouvais que le club était plus accueillant, plus ouvert sur ma nouvelle condition et que le coach que j’avais choisi lui était sur XXXXX ».

Parmi les sportifs interrogés, il y a une seule exception : licencié très tardivement en « valide », sa prise de licence chez les « valides » est secondaire, motivée par la création d’un club « valide », orienté vers le haut niveau et où son entraîneur exerce : « Bah en fait XXXXX, c’est le club monté par XXXXX. Et du coup, il a été créé y’a 3 ans et j’y ai pris ma licence dès le départ. Et en fait, notre entraîneur à XXXXX est aussi notre entraîneur national en fait. Donc, je le connais bien et il m’a proposé de venir là ». Ce sportif reste cependant très attaché à son club qu’il qualifie ‘d’historique’. Cet attachement au milieu handisport semble s’expliquer, d’une part par sa socialisation évoquée précédemment, mais aussi parce que son sport, dans sa version handi, semble lui fournir des conditions d’entraînement satisfaisantes.

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• Pour une autre sportive, ce sont même sa sélection et ses performances à des championnats nationaux « valides » qui ont été déclencheurs de son entrée dans le handisport de haut niveau et en équipe de France.

PRÉCONISATIONS

« PARCOURS SPORTIF »

Poursuivre la sensibilisation de l’ensemble du système sportif au sport handi et aux disciplines paralympiques.

Communiquer sur ce qu’est la pratique sportive paralympique : des disciplines aux trajectoires des sportifs paralympiques.

Travailler en collaboration avec les centres de rééducation pour y sensibiliser, notamment, les anciens sportifs « valides » aux différents sports accessibles. Prendre en compte le fait que l’âge moyen des sportifs paralympiques soit, semble-t-il, plus élevé (Burlot et al., 2018).

Améliorer la détection des sportifs paralympiques : parfois isolés des fédérations dans leurs entraînements quotidiens, ces sportifs ne sont pas toujours conscients du (haut) niveau de leurs performances.

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2. BILAN PARALYMPIQUE & SOCIALISATION

PARALYMPIQUE

Participer aux Jeux Paralympiques constitue une expérience toute particulière aux yeux des sportifs. Les néophytes, notamment, y rencontrent toutefois certaines difficultés (logistiques et relationnelles). Par ailleurs, la cérémonie d’ouverture, surtout lors d’une première participation revêt une importance considérable.

2.1. La participation aux Jeux Paralympiques

La majorité des sportifs interrogés (n=9) avait déjà participé à des Jeux Paralympiques avant ceux de RIO. • Seuls 4 sportifs vivaient leurs premiers Jeux Paralympiques. Même s’ils n’ont pas tous performé à la hauteur de leurs objectifs, leur sentiment d’avoir participé à de premiers Jeux est positif :

« Les Jeux n’ont pas été très bons pour moi en termes de résultats, je ne parle même pas forcément des médailles mais des chronos, de ce que j’ai fait aux Jeux, de ce que j’aurais voulu faire. Donc voilà, ce n’est pas une année à retenir ou quoi que ce soit, mais par contre en termes de vécu, s’il y a bien une chose qui me pousserait à recommencer encore quatre ans, et bien ça serait les Jeux » ;

« Les Jeux arrivaient un an trop tôt et je savais que ça allait être dur d’aller chercher une perf’. Après, rien n’est jamais joué mais je savais que ça allait être dur. J’étais quand même hyper contente d’y être allée, c’était inespéré. De toute façon, le sélectionneur m’avait dit ‘on t’emmène à Rio mais on sait très bien que tu seras pas sur le podium mais, ça va te préparer pour la suite’. C’était plus dans un objectif de préparation pour Tokyo en fait ».

• Les sportifs qui avaient déjà participé aux Jeux Paralympiques et qui n’ont pas terminé, au moins dans le TOP 8, affichent déception et mécontentement :

Cela peut être associé à la difficulté de gérer le quotidien d’une longue compétition : « J’étais déçu, j’aurais dû mieux exceller (…). J’ai trouvé ça très pesant, humainement moi je me suis ‘emmerdé’ pendant les Jeux » ; Ou encore à la performance en tant que telle : « Moi je suis super déçue

par la performance (…). Clairement, j’ai une grosse, grosse déception par rapport à ça. Après, les Jeux en eux-mêmes, ils ont été plutôt pas mal, l’ambiance était ouais bah, c’est l’ambiance des Jeux, c’est toujours un peu particulier comme ambiance ».

Le fait que cela ne soit pas leurs premiers Jeux doit selon eux réduire le stress et le manque de planification dans la préparation est mis en cause : « Mauvais parce que je fais pas de médaille (…), c’est des regrets parce que je pense qu’avec un entraînement plus poussé… les Jeux ça se prépare pas quatre mois avant, même si on s’y met avant quatre mois, bien sûr. Mais faut vraiment avoir la tête qu’aux Jeux, un an et demi quoi. Donc y’a un sentiment de frustration. La première olympiade je veux bien, j’avais la main qui tremblait, donc pas facile pour jouer c’est normal. Mais là, Rio, une fois sorti de poule, être en 8ème de finale, et perdre. Vraiment, je pense qu’on met pas tout ce qu’il faut pour réussir ».

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• Pour les sportifs médaillés, le discours est la plupart du temps très positif :

« Et Rio qui a été une expérience extraordinaire parce qu’on avait mis en place beaucoup plus de choses et humainement j’ai beaucoup mieux vécu les Jeux de Rio (…). De me dire qu’il y avait autre chose que le fait que de ramener une médaille et que de vivre les Jeux ça n’était pas que ça, qu’il fallait profiter du reste et même pendant la compétition, mais pour autant j’étais quand même très concentrée » ;

« 70/75% de mon objectif. Mais, globalement, ce sont des Jeux réussis sportivement » ;

« Oui et non, enfin oui en grande partie parce que repartir avec une médaille sur ses premiers Jeux c’est exceptionnel. Après, j’ai aussi fait 4ème en individuel,

avec la petite blessure. Mais, ça me motive pour repartir, essayer de monter la marche qui m’a manquée ».

2.2. Les difficultés rencontrées par les sportifs participant pour la première

fois aux Jeux

Les sportifs qui participent pour la première fois aux Jeux (n=4), expliquent qu’un certain nombre de difficultés a perturbé leur compétition : des difficultés matérielles et de logistique, des difficultés liées à une sélection jugée trop tardive et incertaine et des difficultés liées à la découverte du monde paralympique.

Des difficultés matérielles et de logistique. Les sportifs semblent souffrir d’une relative méconnaissance du fonctionnement des Jeux Paralympiques, ne sachant pas à quoi s’attendre, en raison d’un manque d’informations sur ce qu’ils vont rencontrer.

La gestion et le transport du matériel : les Jeux de Rio ont été mal vécus par certains sportifs en raison des cas de vols auxquels ils ont été soumis, accaparant de fait leurs ressources attentionnelles. De la même manière, le transport du matériel, du lieu de vie au lieu d’entraînement / de compétition et son installation sur le lieu de pratique peuvent constituer un élément perturbateur, à la fois physiquement et psychologiquement. Transport et confort : les déplacements qui, parfois, peuvent engendrer

des blessures : « Bah le dernier vol qu’on a fait, toujours pareil, et ça ils comprennent pas que ça peut empêcher un sportif de faire des résultats s’il est pas bien installé, c’est un truc de fou (…). (...). Moi, je trouvais pas normal que le médecin de la fédé soit en première classe, alors que y’a des personnes qui galèrent (…). C’est pas possible de faire des résultats sinon… on n’est pas des valides, on est des handisports et on récupèrepas pareil ».

La constitution des chambres et la logistique : la constitution et le partage de la chambre ou appartement à Rio a été vécu difficilement pour certains. Les différences dans le programme d’entraînement et de compétions (date et horaires) des sportifs qui partagent un logement ne sont pas toujours prises en compte en amont de la constitution des chambres : « Sur la gestion du quotidien, d’être en vase clos pendant trois semaines et demi, d’être 6 dans l’appartement mais par cellule de deux, et t’as pas la même vie, t’es mélangé avec des XXXXX, XXXXX, t’as pas le même rythme ».

L’incertitude liée à la sélection parfois tardive dans certaines disciplines, a perturbé certains des sportifs interrogés. Cette incertitude peut être d’autant plus forte lorsqu’elle est liée à des cas de blessures. Ainsi, certains ont été amenés à remplacer des « titulaires » qui se sont blessés au dernier moment. Comment faire alors pour « (re)mobiliser » ces « remplaçants » alors même qu’ils avaient tiré un trait sur les Jeux ? Ou encore, comment parvenir à garder en alerte des sportifs qui, a priori, n’ont que le statut de remplaçant, en cas de défaillance du ou des leaders sélectionnés ? Comment faire alors pour faciliter l’intégration d’un nouveau sportif et adapter à un nouveau coéquipier les automatismes développés avec l’ancien partenaire ?

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2.3. La spécificité des Jeux Paralympiques

• Une sportive fait part de la spécificité, selon elle, des Jeux Paralympiques : « Toute l’infrastructure, tout ce qui est autour, c’est top, c’est un autre monde. Moi y’a un truc qui m’a un peu perturbée, c’est le regroupement des personnes handicapées, 4 200 personnes handicapées en même temps ça m’a un peu perturbée. Je suis rentrée dans le village, je me suis dit ‘c’est la Cour des Miracles’. Pour les valides c’est différent, mais là je me suis dit ‘moi c’est léger’. On voit du lourd quoi, au tout début ça perturbe, t’arrives au restaurant y’a des gens qui font tomber leurs plateaux parce qu’ils ont pas de bras, d’autres qui mangent avec leurs pieds, c’est particulier cette vision-là les premiers jours. Après on les voit plus, on s’habitue aux handicaps ».

• Par ailleurs, la cérémonie d’ouverture occupe une place de choix dans l’esprit des sportifs et est un moment chargé en émotions, surtout lors de leurs premiers Jeux : « Ma première entrée aux Jeux olympiques en 2004, à Athènes, l’entrée au stade ça m’a marqué, c’est une émotion énorme. Pour la cérémonie, c’était la première fois, c’est prégnant, ça prend, l’entrée au stade, et j’ai trouvé que ça a duré trop longtemps en fait, si y’a une chose que je ne referais pas, c’est filmer toute la scène, je l’ai, mais j’ai pas profité de tout ! Ça remplit plein d’émotions, mais j’aurais pas dû avoir mon petit appareil, j’ai pas vu avec mes propres yeux, je regardais si c’était bien cadré (rires !). Et là, les derniers Jeux, mon entraîneur de l’équipe de France il me dit : ‘Tu vas pas à la cérémonie’. J’ai dit ‘Hors de question’, même si je tire le lendemain, j’y vais », je vais pas rester dans la chambre tourner en rond, penser que je loupe quelque chose, je vais pas être bien. Donc j’y suis allé. Le lendemain j’ai tiré et j’étais en finale alors ça prouve bien qu’il faut faire ce qu’on a envie ».

PRÉCONISATIONS

« EXPÉRIENCE PARALYMPIQUE »

Améliorer la socialisation aux spécificités des Jeux Paralympiques en favorisant les échanges entre pairs et les staffs expérimentés afin de permettre aux sportifs de passer plus rapidement du statut de « spectateur » des Jeux à celui d’« acteur ».

Améliorer l’organisation de la logistique des sportifs en amont : la performance se situe également dans la capacité à soulager le sportif de l’organisation du planning des journées, de la gestion et du transport de son matériel.

Anticiper la question de la présence des sportifs à la cérémonie d’ouverture, cérémonie qui tient une place symbolique importante, surtout pour les sportifs dont c’est la première participation.

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3. L’ENTRAÎNEMENT : DES DIFFICULTÉS DANS

L’ACCÈS À UN ENTRAÎNEUR, LA GESTION DES

DIFFÉRENTS ACTEURS ET LA PLANIFICATION

Les sportifs interrogés font part de problèmes liés à l’encadrement sportif. Ainsi, de nombreux sportifs expliquent qu’ils doivent faire face à des difficultés liées à leur entraînement : dans l’accès à un entraîneur, au regard du statut de leur entraîneur qui est souvent bénévole, vis-à-vis de la faible qualification de leurs entraîneurs. De plus, certains sportifs évoquent la nécessité d’organiser et de financer eux-mêmes leur dispositif de préparation : recrutement et coordination des intervenants, transmission des informations, rémunération... Enfin, ils relèvent le manque de planification auquel ils sont confrontés. Ces différents problèmes font également partie des principales difficultés déclarées par les sportifs dans l’enquête statistique (Burlot et al., 2018).

3.1. Des difficultés dans l’accès à un entraîneur

Une des difficultés rencontrées concerne l’accès à un entraîneur spécialisé et compétent, à la fois dans la discipline sportive et le handicap.

• Le manque de disponibilité voire l’absence d’un entraîneur dans un espace de proximité est un problème résurgent dans les discours des sportifs. L’éloignement géographique est souvent avancé comme la raison principale pour laquelle le sportif n’a pas d’entraîneur ou voit son entraîneur une fois par mois :

« Je les fais seul de mon côté, parce qu’en fait moi j’habite à XXXXX, lui il habite donc à côté de XXXXX, donc c’est à 50-60 km d’ici. Donc, j’y vais pour la muscu une fois par semaine, mais pour l’athlé, il ne peut pas être présent et parce qu’en fait c’est du bénévolat » ;

« Avant j’en discutais quand même avec XXXXX en disant voilà, ‘moi j’ai envie de faire comme ça, qu’est-ce que tu en penses, est-ce que oui, est-ce que non et puis maintenant combien de temps je m’entraîne, qu’est-ce que je fais à l’entraînement ?’ Et après il me filait l’entraînement, il me disait ‘c’est comme ça, comme ça, comme ça et que ça me plaise ou que ça ne me plaise pas’. Après, je pouvais faire ou ne pas faire hein (…) oui, c’était compliqué, c’était sur le ressenti. A la fin, j’avais un doute j’appelais XXXXX je lui disais ‘voilà, il se passe ça mais je n’y arrive pas’, alors on en rediscutait, il me refaisait faire un exercice ou 2, alors parfois qui différait pour me replacer des choses, parfois il m’envoyait un message, parfois je disais ‘hop j’ai retrouvé le fil, hop ça y est et c’est reparti’. C’est difficile quand t’es à distance comme ça, c’est super difficile. Et moi j’attendais vraiment avec impatience les journées où je me retrouvais toute la journée avec lui ».

• Pour contourner cette difficulté de ne pas pouvoir bénéficier des conseils d’un entraîneur spécialisé au quotidien, certains sportifs ont eu recours aux connaissances des entraîneurs « valides », ces derniers opérant des ajustements pour intégrer les spécificités du paralympisme : « J’ai recommencé avec le club valide, j’avais mon entraîneur ici au XXXXX, j’allais pas au niveau d’handi XXXXX, ils sont pas spécialisés forcément dans les disciplines, je faisais tous mes entraînements ici. (...) L’année des Jeux, l’équipe de France m’a mis un entraîneur pour m’envoyer des plans d’entraînements, à suivre avec l’équipe de France. Je les mettais en application avec mon club valide et mon entraîneur que j’avais sur place. Mais bon, c’était l’entraîneur qui encadrait les autres aussi, c’était pas mon entraîneur perso (…). Je professionnalise un peu plus les choses qu’avant. Si je veux progresser ça passe aussi par-là, donc j’ai trois entraîneurs qui me suivent, et qui sont en relation ».

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• Dans ces conditions, les sportifs font alors soit appel à des entraîneurs « à distance » ou sont à la recherche d’entraîneurs bénévoles de proximité :

Des entraîneurs à distance, qui transmettent des programmes d’entraînement :

« Non, pas d’entraîneur, c’est soit par mail, par message, soit quand on se voit en stage (…). Faudrait trouver des gens qui veulent m’entraîner, qui aient un bon niveau et qui le fassent bénévolement, parce qu’on a pas les moyens (…). Là, on est intégré avec les valides depuis janvier et j’espère que sur la suite on va avoir quelqu’un d’assigné qui connaît le haut niveau. C’est ce qui nous manque, parce que là je pense qu’avec des entraîneurs, on aurait pu faire des médailles » ;

« On s’entraîne chacun dans nos structures et après on retrouve les entraîneurs de l’équipe de France, mais ils nous connaissent pas vraiment » ; « Mon entraîneur, je le paye pas par exemple, et je lui ai payé son billet

d’avion pour Rio ».

Des entraîneursbénévoles, à proximité et de bon niveau :

« C’est quelqu’un de passionné, qui est vraiment pas là pour l’argent. Là-dessus on s’est entendu. Il a envie de s’investir dans le handisport, il est très compétent, c’est top, il vient me voir des fois quand je joue, bénévolement. Et, là on essaie de mettre quelque chose en place l’année prochaine pour quand je vais faire les tournois internationaux, qu’il vienne avec moi et voit le niveau, qu’il essaye d’analyser tout ça et de mettre des stratégies en place, j’essaie de professionnaliser un peu le truc, d’amener des petits trucs comme filmer mes matchs, on essaie de filmer tout le monde et voir ce qu’on peut faire à partir de ça ».

3.2. La nécessité d’une double qualification de l’entraîneur  : discipline

sportive et handicap

• Selon trois sportifs (n=3/13) interrogés, leurs entraîneurs sont insuffisamment qualifiés dans la discipline sportive : « Le staff n’était pas compétent, pour du haut niveau c’était pas possible » ; « Nous au niveau qu’on est, il nous faudrait quelqu’un qui a vécu le très haut niveau ».

Cela engendre la nécessité de co-construire le savoir pour prendre en charge la

singularité du sportif :

« Si, il y avait un entraîneur mais ce n’est pas un entraîneur spécialisé, donc il m’a donné les bases qui sont nécessaires pour tout sport, enfin pour l’athlétisme, mais voilà après le côté spécifique… », car parfois débutant dans cette fonction : « Il n’a jamais entraîné personne d’autre, il n’avait jamais entraîné personne d’autre que moi et je l’ai sollicité et je l’ai saoulé pour qu’il m’entraîne, et ça a pris du temps mais il a accepté, et il y a pris goût, et voilà c’est comme ça qu’on a progressé ensemble en fait ».

Un sportif explique que la spécificité du handisport est insuffisamment prise en

compte :

« Moi, je les connais en ayant les mêmes problèmes, et eux (au sujet des entraîneurs) ils ne les voient pas. On nous a toujours forcé l’hiver à tirer en 50m même s’il fait froid. Mais, je leur ai dit ‘une personne en handi ne réagit pas au froid comme un valide’. Le mec, il est tétanisé par le froid, ça ne sert à rien, et ça ils ne voient pas. Eux, ils ont froid, ils prennent leur camomille et ils vont au chaud. Nous, ça se fait pas comme ça en deux minutes (…). Même un entraîneur ancien sportif de haut niveau valide il verra pas ».

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Et que la spécificité liée au handicap de chacun est importante à prendre en

considération :

« J’en ai parlé au staff, parce qu’avant, en fait, dans le staff, ils prenaient pas trop en considération le handicap. Quelqu’un à qui il va manquer un bras et quelqu’un qui a juste un handicap sur les jambes comme moi, on va s’entraîner le même nombre d’heures, c’est pas cohérent. Là je leur ai dit ‘je vais en stage, y’a pas de souci, mais je m’entraînerai 1h30 et pas plus, matin et aprem’. Si je voyais que ça allait bien, je m’entraînais plus, hein, parce que c’est vrai que parfois les stages étaient longs. Y’avait des stages de deux semaines, c’était pas évident, et maintenant je préfère faire le travail individualisé, maintenant on se connaît plus, on sait ce qu’il faut, et du coup moi j’ai pris un entraîneur là depuis septembre, personnalisé, où on fait des séances individualisées, c’est par là qu’on peut progresser, pas en faisant un stage tous les trois - quatre mois ».

3.3. Des moyens limités

• Parmi les sportifs interrogés, six font part du manque de moyens en termes de stage, parfois à leurs frais, mais aussi en termes de suivi, d’entraînement :

« On nous demande d’avoir des médailles, y’a les fameux critères, ils nous demandent d’être dans le top 8 mondial pour participer, mais à côté de ça on n’a pas les moyens, que ça soit au niveau des stages, des infrastructures, du suivi » ;

• Et d’un sentiment d’abandon de la part de leur fédération :

« Donc, dit vulgairement la fédération n’en n’a rien à faire de savoir comment je m’entraîne, ce qu’ils attendent de ma part, c’est que je sois performant, donc que je sorte des performances qui me permettraient, par exemple, dans le meilleur des cas de gagner une médaille d’or. Ils s’en fichent de savoir qui m’entraîne, ce que je fais en tant qu’entraînement, voilà ».

• Certains sportifs révèlent qu’ils financent tout ou partie de leurs stages de préparation. Dès lors se crée un accès à la préparation à deux vitesses : soit le sportif bénéficie de l’aide financière de sponsors qui est utilisée pour investir dans des stages (déplacements notamment, prise en charge de staff personnel) et des compétitions (inscription et déplacement) ; soit le sportif ne bénéficie d’aucune aide particulière ou spécifique dans son accès à la performance et doit parfois tirer un trait sur certains événements faute de moyens financiers :

« Parce que on te dit ‘vous payez votre voyage mais on vous paye votre inscription’ et donc l’année prochaine tu verras que dans les années à venir on paiera la totalité. Il faut arrêter quoi, qui peut payer 800 ou 900 € pour une semaine de compet, et puis payer pour porter ton maillot pour défendre les couleurs de ton pays, moi je trouve ça d’une aberration, c’est juste impensable, moi je ne vais pas me prostituer pour ça. Je dis, en plus, quand on gagne des médailles, la fédé elle est contente de dire ‘vous avez vu’. Nous, on n’a pas de sponsor, et puis on gagne pas de prime lorsqu’on est en compétitions internationales comme au tennis, ou je ne sais pas quoi, eux ils ont des primes à l’arrivée. Nous, on a rien, sauf aux Jeux, mais sinon absolument rien. Moi j’étais championne du Monde mais j’ai absolument rien touché ‘peanuts que dalle’, c’est symbolique. Voilà donc tu dis, tu ne peux pas et ça n’est pas avec les aides, les subventions des sportifs de haut niveau du département, de ta région que tu peux t’offrir ce genre de choses, parce qu’une fois que t’as payé ton matériel, tes déplacements pour faire les sélections, ah bah tu en enlèves déjà de ta poche ».

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3.4. Le réseau de professionnel(s) sportif(s)

• La construction d’un réseau professionnalisant : le sportif est inséré au sein d’un réseau dont les particularités sont i) qu’il est plus ou moins formel, avec parfois, la mise en place du dispositif par les sportifs eux-mêmes et ii) l’hétérogénéité dans le choix des spécialités des intervenants en termes d’expertises professionnelles (médecins, préparateur physique, nutritionniste, psychologue…).

Des sportifs (n=6) bénéficient d’un réseau préexistant, co-construit entre les clubs et les fédérations : « Oui, ils s’entendent très bien, ça aussi c’est chouette, ils se téléphonent, ou par mail, ils se voyaient sur des compétitions internationales parce qu’ils y avaient chacun des tireurs, XXXXX notre entraîneure elle nous suivait, sur les championnats d’Europe elle était là, avec l’entraîneur de l’équipe de France, oui ils étaient tout le temps en relation ».

• Certains sportifs font, eux-mêmes, appel à des personnes ressources (souvent bénévoles) dans leur entourage proche, qui vont participer plus ou moins directement à leur préparation quasi quotidiennement :

« J’arrivais à avoir fait une espèce de petit réseau là, mais parce que sinon t’as rien quoi».

Ces sportifs prennent en main leur dispositif de préparation, tout en faisant en

sorte que les différents acteurs se coordonnent au mieux :

« J’essayais de leur dire ‘mettez-vous d’accord entre vous’ parce que des fois quand je sentais qu’ils ne se parlaient pas moi ça me saoulait un peu mais je n’avais pas forcément le temps de le faire et je voulais que eux se parlent parce que pour que eux me proposent des choses cohérentes les uns avec les autres et j’estimais que c’était plutôt de leur responsabilité de caler l’organisation globale du plan. À moi de leur dire là ‘par contre, je ne me sens pas en capacité de’, ‘mon corps n’a pas réagi comme c’était prévu’ et on adapte, mais pour autant le canevas global c’est à eux de le penser et pas à moi de le faire ».

• Cinq sportifs s’entourent d’un second entraîneur personnel, à leurs frais. Ils co-construisent alors ensemble leur chemin d’accès à la performance, de la planification à long-terme, au contenu de leur propre séance.

3.5. La planification des entraînements

Le manque et les difficultés rencontrées quant à la planification sont fortement présents dans le discours des sportifs.

La préparation des sportifs n’est généralement pas planifiée sur les quatre années. Pour les sportifs interrogés, la préparation paralympique n’a réellement débuté que l’année qui a précédé les Jeux. Il semblerait que la plupart des aménagements se joue dans cette dernière année. Cette planification est parfois la conséquence de la temporalité dans

l’annonce de la sélection : « une planification qui a été faite, à partir du moment où j’étais sûre d’être qualifié pour les JO de 2016. C’est-à-dire qu’en 2012, il n’y avait aucune certitude sur la qualification. Aucune. Moi, je l’ai su seulement en octobre 2015 ».

Cette planification tardive peut être liée à une entrée en équipe de France au cours de l’olympiade, liée à l’arrivée dans la pratique paralympique tardive avec un accès rapide à des performances ou encore à la gestion du double projet du sportif : « Bah, c’est pas le même degré en fait, moi j’ai intégré l’équipe France en 2014, avant je faisais mes

Figure

Tableau 1 : Le nombre d’entretiens réalisés au regard de la discipline sportive.

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