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COVID-19 ET REPRÉSENTATION DE LA RÉALITÉ : PEUT-ON PARLER D'UN RETOUR DU PRÉSENT ?

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Submitted on 18 May 2021

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COVID-19 ET REPRÉSENTATION DE LA RÉALITÉ :

PEUT-ON PARLER D’UN RETOUR DU PRÉSENT ?

Roberto Laghi

To cite this version:

Roberto Laghi. COVID-19 ET REPRÉSENTATION DE LA RÉALITÉ : PEUT-ON PARLER D’UN RETOUR DU PRÉSENT ?. Legs et Littérature, Legs Edition, 2020. �hal-03228609�

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COVID-19 ET REPRÉSENTATION DE LA RÉALITÉ : PEUT-ON PARLER D’UN RETOUR DU PRÉSENT ?

Auteur : Roberto Laghi, doctorant en Études italiennes, Avignon Université - Università di Parma

La littérature s’est toujours occupée de la catastrophe dans sa tentative de donner des réponses à des événements qui dépassent la compréhension humaine. Il y a néanmoins une condition spécifique de notre contemporanéité : à l’accélération de nos sociétés correspond une accélération de la vitesse à laquelle la littérature doit répondre à la catastrophe. Cette nouvelle condition a forcément un impact sur la capacité de construire des narrations autour du présent, du réel.

Cet article naît donc d’une urgence et d’une question. L’urgence : la recherche d’une narration pour partager le récit de ce que nous sommes en train de vivre avec la pandémie de Covid-19 ; la question, vaste et à laquelle on peut seulement essayer de répondre, et seulement par approximation, est la suivante : cette narration, est-elle possible ? Et pour être plus précis : le bouleversement que cette pandémie provoque partout sur le globe peut-il se retrouver dans les productions littéraires à travers une (ré)appropriation du présent et de la capacité de le représenter ? Est-ce que l’irruption de la Covid-19 n’entraîne-t-elle pas le surgissement d’un présent apparemment perdu et, par conséquent, la possibilité de le traduire en discours littéraire ?

Pour aborder ces questionnements, il convient d’inscrire la pandémie et les réactions sociales et culturelles qu’elle a suscitées dans le contexte des sociétés qui en sont touchées et de le faire à travers une approche multidisciplinaire, ce qui nous permettra d’envisager plusieurs pistes d’investigation.

Ainsi, nous souhaiterions partir des observations que fait Mark Fisher, dont les résultats montrent qu’il existe, dans la production culturelle des années 2000, notamment en musique et dans les fictions dites visuelles (films, séries), une véritable incapacité à articuler le présent :

Le passage à ce qu’on appelle le post-fordisme – avec la globalisation, l’informatisation omniprésente, la précarisation du travail – aboutit à une transformation complète de la façon dont le travail et le loisir étaient organisés. Au cours des 10 à 15 dernières années, en même temps, Internet et la technologie des télécommunications mobiles ont modifié la structure de l’expérience quotidienne au-delà de toute reconnaissance. Pourtant, et peut-être à cause de tout cela, nous ressentons de plus en plus fortement que la culture a perdu la capacité de

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saisir et d’articuler le présent. Ou alors, dans un sens particulier et très important, nous ressentons qu’il n’existe plus un présent à saisir et à articuler.1

L’idée de l’incapacité à produire un discours culturel (littéraire, cinématographique...) autour du présent trouve ses racines dans le travail de Fredric Jameson, quand ce dernier introduit le concept de « nostalgia mode », à propos des films qui invitent le spectateur à rentrer dans un passé nostalgique2 :

Il me semble extrêmement symptomatique de remarquer que le style propre des films nostalgiques s’introduit et colonise même les films qui ont une mise en scène contemporaine, comme si, pour certaines raisons, nous étions incapables de nous focaliser sur notre présent, comme si nous étions devenus incapables d’atteindre des représentations esthétiques de notre expérience courante. Mais si c’est le cas, alors il s’agit d’une horrible accusation au capitalisme consumériste lui-même – ou, tout au moins, un symptôme effarant et pathologique d’une société qui est devenue incapable d’avoir affaire au temps et à l’histoire.3

La forme de nostalgie dont parle Jameson peut être mieux décrite « pas comme un désir pour le passé mais plutôt comme une incapacité à créer de nouveaux souvenirs »4, donc « le passé revient

1 « The shift into so-called Post-Fordism – with globalisation, ubiquitous computerisation and the casualisation of labour – resulted in a complete transformation in the way that work and leisure were organised. In the last 10 to 15 years, meanwhile, the internet and mobile telecommunications technology have altered the texture of everyday experience beyond all recognition. Yet, perhaps because of all this, there’s an increasing sense that culture has lost the ability to grasp and articulate the present. Or it could be that, in one very important sense, there is no present to grasp and articulate any more. » Mark Fisher, Ghosts of my life: writings on depression,

hauntology and lost futures, Winchester, Zero Books, 2014, pp. 194-199, ebook, ma traduction.

2 Cette nostalgie est bien présente dans le travail de Fisher qui la décline à travers les concepts de « retromania » et « hauntologie », ce dernier à son tour emprunté à Derrida.

3 « It seems to me exceedingly symptomatic to find the very style of nostalgia films invading and colonizing even those movies today which have contemporary settings, as though, for some reason, we were unable today to focus our own present, as though we had become incapable of achieving aesthetic representations of our own current experience. But if that is so, then it is a terrible indictment of consumer capitalism itself - or, at the very least, an alarming and pathological symptom of a society that has become incapable of dealing with time and history ». Fredric Jameson, The cultural turn. Selected writings on the postmodern, London-New York, Verso Books, 1998, p. 9, ma traduction.

4 « Not as a longing for the past so much as an inability to make new memories ». Mark Fisher, Ghosts of my life:

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sans cesse parce qu’on ne peut pas se souvenir du présent »5

. Un présent qui ne peut plus être articulé, un passé qui refait surface, des futurs qui sont perdus6 : ces observations nous conduisent donc nécessairement à nous poser la question de savoir quel type de réalité il reste à observer. La révolution technologique, très rapide, qui a touché des sociétés déjà bien marquées par l’individualisme, ne nous a pas laissé le temps de comprendre ce qui nous arrivait et les réseaux sociaux peuvent nous transformer tous en narcissiques7. Franco Arminio parle, à propos des réseaux sociaux, d’« autisme choral », une forme de « peste [qui] ne tue pas, [qui] corrode les liens même quand elle les alimente »8. Est-ce que c’est donc l’ego qui prend la place d’objet préférentiel des narrations, des représentations du réel ?

« Cette contraction de l’histoire et sa réduction à l’ego-domaine contribuent à faire de la sphère publique une sphère d’expression publique du privé »9. Et l’expression publique du soi se fait de

moins en moins d’une façon textuelle (comme la représentation et l’interprétation de la réalité, d’ailleurs), car c’est l’image qui l’emporte, mais il s’agit d’une image qui n’a plus une fonction de représentation, elle ne peut que « témoigner de l’être-là du ça, ou, si l’on veut, du cela, du trou qui dorénavant a pris la place de ce qui a été, mais n’est plus, sinon sur le mode du ça »10

. Parce que l’invasion photographique de nos jours ne se limite pas à homologuer toute chose11

, son domaine n’est plus le monde mais le soi. Les caméras installées sur nos portables (smartphone) sont des miroirs et non des fenêtres ouvertes sur le monde, sur l’autre que soi. Et donc, « cette intimité inversée est comme une maison où les vitres des fenêtres sont seulement des miroirs. Où regarder à

5 « The past keeps coming back because the present cannot be remembered ». Fisher, Ibid., pos. 1645, ma traduction.

6 « […] du point de vue de la production de signe qui parlent au futur, l’on ne cesse de tourner en rond. Au Nord en particulier, les vieilles pulsions impérialistes se conjuguent désormais à la nostalgie et à la mélancolie. Il en est ainsi parce que, frappé de lassitude morale et saisi par l’ennui, le centre est à présent irrémédiablement rongé par un désir exacerbé de frontière et par la peur de l’effondrement, d’où les appels à peine déguisés non plus à la conquête en tant que telle, mais à la sécession. Si le tempérament est au repli et à la clôture, c’est en partie parce que l’on ne croit plus en l’avenir. » Achille Mbembe, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020, p. 18.

7 Pat MacDonald, « Narcissism in the modern world », Psychodynamic Pratice. Individuals, groups and organisations

vol. 20, n° 2 2014, pp. 144-153, Consulté le 9 novembre 2020.

URL: https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14753634.2014.894225.

8 « Questa peste possiamo chiamarla autismo corale. Non uccide, corrode i legami anche quando li alimenta. » Franco Arminio, Geografia commossa dell’Italia interna, Milano-Torino, Bruno Mondadori, 2013, p. 49, ma traduction.

9 Mbembe, Brutalisme, op. cit., p. 85.

10 Mbembe, Ibid., p. 86, en italique dans le texte originale.

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l’extérieur est impossible parce que nous sommes capables de voir seulement nous-mêmes, en pensant que celui-là soit notre panorama, notre vrai horizon. »12

La maison n’a plus de fenêtres et quand on en sort, en l’absence de miroirs, ce sont les autres qui sont pris « pour des écrans »13 et c’est sur ces écrans-personnes que l’on projette son individualité, avec ses défauts, ses insécurités, ses faiblesses. Les mots, à l’époque du narcissisme de masse, sont vidés de sens, ils ont perdu leur dimension dialogique, de rencontre, comme le souligne Franco Arminio, car « la Toile a créé un monde de solitaires qui attendent chaque jour un mot qui n’arrive pas et, s’il arrive, n’est pas suffisant. Premier et dernier geste de la journée : allumer et éteindre le portable. Il est comme traîner derrière soi un cylindre d’oxygène vide. Il n’y a pas d’air sur la Toile, ce n’est qu’un trafic d’ombres. Et ce qui une fois s’appelait monde réel est un désert. »14

Il s’agit là d’une caractéristique mondialisée qui frappe les pays touchés par la Covid-19.

Cette pandémie planétaire peut être envisagée comme une effraction à plusieurs niveaux : biologique, menaçante (il s’agit d’un virus potentiellement létal) ; sociale (nous sommes privés de certaines de nos libertés) ; économique (impensable jusqu’alors : les économies du monde entier ont été mises à l’arrêt) ; mais également temporelle (le temps du confinement est soit suspendu – pour qui est dans l’impossibilité de travailler – soit accéléré, pour les personnes employées dans les services indispensables).

Dans le contexte de cette pénétration violente, par effraction, dans la réalité de nos sociétés, certains écrivains, comme Giuseppe Genna,15 considèrent que « la littérature retrouve la possibilité de sculpter des mots, […] le drame touche de près chacun d’entre nous isolé avec les siens ou seul à la maison, le mot acquiert une tridimensionnalité que je ne voyais plus depuis des décennies. »16

12 « Questa intimità rovesciata è come una casa dove i vetri delle finestre sono soltanto specchi. Dove guardare fuori è impossibile perché siamo capaci di vedere soltanto noi stessi, pensando che sia quello il nostro panorama, il nostro vero orizzonte. » Roberto Cotroneo, Lo sguardo rovesciato. Come la fotografia sta cambiando le nostre vite, Torino, Utet, 2015, p. 66, ma traduction.

13 Mbembe, Brutalisme, op. cit., p. 88.

14 « La Rete ha creato un mondo di solitari che aspettano ogni giorno una parola che non arriva e se arriva non è mai bastevole. Primo e ultimo gesto della giornata : accendere e spegnere il telefonino. È come portarsi dietro una bombola di ossigeno vuota. Non c’è aria in Rete, è solo un traffico di ombre. E quello che una volta si chiamava mondo reale è un deserto. » Franco Arminio, La cura dello sguardo. Nuova farmacia poetica, Milano, Bompiani, 2020, pp. 89-90, ma traduction.

15 Auteur de Reality : cosa è successo, un texte qui mélange factuel et fictionnel en les dépassant et dont on parlera plus loin.

16 « La letteratura ritrova la possibilità di scolpire delle parole, […] il dramma tocca da vicino chiunque di noi che è isolato con i suoi o da solo a casa, la parola acquisisce una tridimensionalità che io non vedevo da decenni. »

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L’auteur italien n’est pas le seul à voir dans l’irruption de la pandémie une sorte de brèche qui agit aussi sur la langue. L’économiste Jean-Paul Fitoussi écrit :

Le coronavirus – le mot et la chose – est en passe de faire renaître tout un pan de la langue que nous avions abandonné face aux assauts de la novlangue. C’est comme s’il nous faisait retrouver raison et mémoire, et par là agrandissait notre réalité sensible. […] Le coronavirus nous invite ainsi à revisiter notre univers, à revenir à nos vraies priorités : la santé, la protection sociale en général et celle du travail en particulier, le développement des biens publics et de la souveraineté. J’espère qu’il s’agit vraiment d’un retour vers le futur. »17

Est-ce que la littérature, l’écriture peuvent, aujourd’hui comme cela a déjà été le cas dans le passé, nous aider à mieux saisir le présent ? La pandémie a généré une multiplication d’écritures : auteurs déjà connus par la critique et le public qui ont saisi l’occasion de transformer cette catastrophe en un nouvel élan pour s’interroger sur l’humain ; opérations de marketing qui essaient de profiter de la vague thématique pour des objectifs commerciaux ; mais aussi des écritures populaires, poussées par l’urgence d’exprimer et de partager son dépaysement.

Pour tenter de répondre aux questions plus haut, j’ai donc choisi de porter l’attention sur un recueil de récits autour de la Covid-19 mis en ligne par l’agence éditoriale Lorem Ipsum, Come salmoni. La vita quotidiana in Italia ai tempi del Covid-1918, et ce pour plusieurs raisons : tout d’abord parce que l’appel à contribution lancé par l’agence était ouvert à tous, ce qui rend le recueil plus intéressant par rapport à l’urgence de s’exprimer devant l’indicible, l’incommensurable de la pandémie plutôt que pour la qualité littéraire des textes, d’autant plus que le nombre d’auteurs (60) permet d’avoir une pluralité significative ; ensuite, parce que l’intégralité des textes est accessible en ligne (ce qui les rend, d’une certaine façon, aussi une écriture numérique et collective) et fait partie d’un corpus non uniforme d’écritures autour de la pandémie de Covid-19 qui inclut aussi la production journalistique, les blogs, les réseaux sociaux... ; enfin, parce que cette publication a vu le jour à l’intérieur d’une vague de productions culturelles populaires qui a caractérisé le premier confinement européen (dans le cas du recueil, à travers l’intermédiation d’une agence littéraire).

Giuseppe Genna, intervention à « Le parole e i racconti per l’Antropocene », Book Pride 2020, 25 octobre 2020,

https://www.youtube.com/watch?v=97G72jq3bDs (consulté le 5 novembre 2020, ma traduction).

17 Jean-Paul Fitoussi, Comme on nous parle. L’emprise de la novlangue sur nos sociétés, Paris, Les liens qui libèrent, 2020, p. 46.

18 Le recueil est disponible à l’adresse https://www.liae.it/come-salmoni/. Disclaimer : dans le recueil il y a aussi un texte dont je suis l’auteur. Pour cet article, mon texte n’est pris en considération que pour l’analyse lexicale de l’ensemble du recueil.

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Il s’agit donc de viser une petite partie de cette production pour une investigation qui ne peut (et ne veut) pas être exhaustive mais plutôt contribuer à ouvrir et à explorer des pistes de compréhension de l’impact de la pandémie sur les écritures contemporaines. En contrepoint de l’analyse de ce recueil, je terminerai avec une brève analyse de Reality:cosa è successo de Giuseppe Genna.

L’urgence de l’écriture en temps de Covid-19 : le recueil Come salmoni. La vita quotidiana in Italia ai tempi del Covid-19

Le recueil, composé de 60 récits écrits par des auteurs différents, se caractérise par son hétérogénéité, mais on peut quand-même mettre en évidence des tendances dont, en premier, la prédominance de la narration à la première personne : seulement 15 auteurs sur 60 ont adopté la troisième personne ; exceptions faites pour deux récits, un qui adopte trois premières personnes différentes successives et l’autre qui, sur un ton impersonnel, passe de la deuxième personne plurielle à la troisième impersonnelle, puis à la première plurielle.

Le choix majoritaire de la première personne est accompagné d’une prédominance des récits intimes, de la mise en scène d’un discours intérieur la plupart du temps autour de ses émotions, ses peurs, de sa vie quotidienne, de sa propre façon de vivre la pandémie et de se confronter à cette expérience qui sort de l’ordinaire. L’écriture est très souvent autobiographique, parfois presque diaristique, et est marquée par un fort réalisme, à l’exception de huit récits qui peuvent rentrer dans le domaine de la science-fiction et/ou de la dystopie.

Sur le plan de l’analyse lexicale19

, on note que les substantifs qui apparaissent le plus fréquemment sont « casa » (maison) avec 251 occurrences, auxquelles on peut ajouter le pluriel de ce mot (15 occurrences), et les différentes déclinaisons du mot « appartamento » (appartement) pour un total de 282 occurrences. Cette réitération ne doit pas étonner : lors du confinement, les murs de la maison (ou de l’appartement) étaient devenus les frontières de l’univers individuel20

, franchies presque uniquement par les médias et les dispositifs numériques (on y reviendra plus bas). En revanche, ce qui doit attirer notre attention est la forte occurrence du champ sémantique lié à la famille. Parents, enfants, grands-parents, frères et sœurs, maris et femmes totalisent 347 occurrences. Dans certains récits, il s’agit d’un retour à la ville natale et à la maison des parents pour passer le temps du

19 Pour l’analyse des textes qui composent le recueil, j’ai utilisé Lexicon, un logiciel conçu par le prof. Francesco Stella de l’Université de Sienne et développé par Luigi Tessarolo, disponible à l’adresse

http://www.lexicon.unisi.it/public/.

20 En Italie, les décrets concernant le confinement prévoyaient la possibilité de se déplacer uniquement pour se rendre au travail ou faire des achats de première nécessité. Pour les autres sorties, le déplacement était limité à 100 mètres de son domicile.

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confinement ; pour d’autres c’est la mort du père ou de la mère à cause de la Covid-19 (qui est aussi l’occasion de retrouver frères ou sœurs et de réfléchir à la relation qu’on a avec eux/elles). Dans d’autres textes, c’est la grossesse en cours qui est évoquée. Le champ lexical relatif à l’amitié, par contre, reste bien loin, en termes d’occurrences (moins de 50). Bien sûr, la présence d’autres membres de la famille est une condition obligée pour les protagonistes des histoires qui vivent le confinement à la maison avec leur groupe familial (et cet élément peut influencer la fréquence des mots relatifs à cette sphère) mais le nombre d’occurrences nous permet quand même d’en souligner l’importance et d’avancer l’hypothèse que cette présence qui traverse les récits nous parle non seulement de l’importance du lien familial caractérisant encore la société italienne d’aujourd’hui21

, mais aussi de la recherche des repères qu’on peut considérer comme stables au milieu d’un événement bouleversant comme la pandémie.

Pendant l’enfermement à la maison, les dispositifs numériques et les médias constituent un lien important : pour communiquer avec les autres (ceux et celles qui sont confinés ailleurs), pour partager ses états d’âme, pour recevoir les informations sur l’actualité. Les termes qui se réfèrent à la télévision et aux nouvelles technologies reviennent 260 fois : le téléphone seul (en tant que portable dans la plupart des cas connecté à Internet) en compte 84, la télévision (y compris les journaux télévisés) 50. Les réseaux sociaux et les applications pour s’y connecter sont intégrés dans la narration comme n’importe quel autre objet de la vie quotidienne et sont souvent cités par leur nom : Facebook et WhatsApp (8), Skype (6), Instagram, YouTube et Google (4), Twitter (2, cité avec le mot « tweet »), Zoom (1) ; on enregistre aussi des termes généraux comme « email » (11), « social » (7), « Internet » (5) et « post » (4). Médias et dispositifs médiatiques/numériques sont très présents, condition nécessaire de la contemporanéité, outils dont on ne peut plus se passer même si leur présence dans les récits reste instrumentale, sans être problématisée : si le système des médias et notre système nerveux ont bien un point de rencontre22, celui-ci reste non dit.

Pour rester dans le domaine de la communication et des médias, il est intéressant de noter un écart entre la langue des récits et la langue des médias quand on parle de la réaction face à la pandémie : alors que les représentants des institutions et les journalistes adoptent la guerre comme système

21 Paul Ginsborg, L’Italia del tempo presente. Famiglia, società civile, stato. 1980-1996, [rino, Einaudi, 2007.

22 Antonio Caronia, La morbida geometria di James G. Ballard, postface à G. Ballard, La mostra delle atrocità

[Feltrinelli, Milano, 2010. Ou, pour le dire avec le philosophe slovène Žižek : « l’univers postmoderne est l’univers

de confiance naïve en l’écran qui rende la quête de ‘ce qui se cache derrière’ insignifiante » ; « the postmodernist universe is the universe of naive trust in the screen which makes the very quest for ‘what lies behind’ irrilevant ». Slavoj Žižek, The plague of fantasies [Verso, London-New York, 2008, p. 168, ma traduction.

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lexical de référence23, dans les récits la présence du mot « guerra » (guerre) est non seulement rare (23 occurrences, dont 6 se réfèrent à des souvenirs de vie personnelle des protagonistes) mais très souvent, il est décliné avec un esprit ironique et critique, la guerre n’étant pas acceptée comme métaphore pour la réaction qu’on doit mettre en place face à l’urgence sanitaire.

Si les métaphores de guerre ne sont pas présentes, les effets de la pandémie et du confinement sur les émotions et les états d’âme se font sentir souvent dans les récits, avec une connotation fortement marquée par la négativité : anxiété, panique, terreur, peur, agitation, paranoïa, phobie, crainte, angoisse font un ensemble de 135 occurrences. Symptôme d’une influence très forte sur la psychologie de tous les individus qui vivent ce moment de difficulté, documentée par plusieurs recherches24, la présence d’émotions négatives dépasse largement celle des émotions positives (joie, bonheur, contentement, euphorie, gaieté) qui comptent moins de 50 occurrences.

La mort également apparaît souvent (102 occurrences liées à son champ lexical) mais jamais sous une forme vraiment tragique, même lorsqu’il s’agit de la mort d’un proche. La douleur, le deuil restent comme suspendus, une image (en mots) qui n’a pas fonction de représentation, comme si la mise en scène par l’écriture était une façon d’éloigner de soi la réalité, comme si les mots utilisés n’étaient pas capables de toucher le cœur des choses.

Dans ces textes, le je du narrateur semble être un je qui souffre ou qui est entouré de souffrance ; mais la narration ne devient quasiment jamais quelque chose de plus qu’un simple témoignage, elle reste plutôt une sorte de centre d’exploration intime pour un soi qui est enfermé par le confinement, certes, mais peut-être aussi par l’incapacité à entrer en relation avec son présent, à dépasser les limites de la langue pour en faire un outil de compréhension de la réalité au lieu d’un miroir textuel (et pas en images) de soi-même. On ne trouve pas trace de la « possibilité de sculpter des mots »25, d’une langue capable de faire brèche sur le réel. Mais existe-t-elle cette langue ?

23 « Il linguaggio – specie il linguaggio del potere – ha la caratteristica di definire il campo informativo, cognitivo, percettivo della comunicazione. Il lessico militaresco, in particolare, crea una cornice di interpretazione rigida e gestita dall’alto ». « Le langage – spécialement le langage du pouvoir – se caractérise pour définir le champ informatif, cognitif, perceptif de la communication. Le lexique militaire, en particulier, crée un cadre d’interprétation rigide et géré par le haut ». Lorenzo Guadagnucci, Covid, la guerra delle parole, URL :

https://www.perunaltracitta.org/2020/10/27/covid-la-guerra-delle-parole/ (consulté le 6 novembre 2020enma traduction). {à intégrer dans la bibliographie}

24 Ce n’est pas le cas de rentrer dans le grand nombre des publications scientifiques sur le sujet, je me limite donc à en citer qu’une, qui présente une approche globale des études : Plomecka, M. B., Gobbi, S., Neckels, R., Radziński, P., Skórko, B., Lazzeri, S., … Jawaid, A. (2Mental Health Impact of COVID-19: A global study of risk and resilience factors », PsyArXiv, me2020..https://doi.org/10.31234/osf.io/zj6b4

25 Giuseppe Genna, intervention à « Le parole e i racconti per l’Antropocene », Book Pride 2020, 25 octobre 2020 (cf. note 16).

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En contrepoint: Reality : cosa è successo, un récit pour transcender la pandémie et la langue

Il n’est pas possible d’être journalistique. La chronique rapide, essoufflée, au jour le jour, trouble, effraie, rend oublieux. Comme les mots de la pitié servent-ils ! Comme les mots de la fin nous sauvent-ils ! Il faut pénétrer ce temps, en serrant sa jugulaire, en suçant son sang amer et mauvais, il faut montrer les corps avec un désespoir inusité et faire briller des mots anciens, en inventer des nouveaux : l’écrivain est à votre service, ô fantômes !26

L’objet narratif de Giuseppe Genna dépasse largement la distinction entre fictionnel et factuel : on ne peut pas le définir comme un roman mais on ne peut pas non plus parler d’une chronique de l’événement Covid-19. Genna imprime avec son langage une déformation, une distorsion (« la fièvre devient une déclinaison inattendue de la pensée, derrière le front, il n’y a plus la pensée, mais la fièvre »27). Il s’agit d’une tentative de forcer les limites de la langue pour se rapprocher de la réalité, parce que « dans la chronique il n’y a jamais la vérité et seulement en déformant on donne corps à une fièvre qui est vrai témoignage »28.

Son écriture, même quand elle va au cœur de l’intimité obscure et fragmentée du narrateur (écrivain, alter ego de l’auteur, auteur même) et se fait personnelle, semble rester ancrée dans la matière, comme si elle était chair, organe vital et de perception, corps. Et ce n’est pas un hasard si le corps du narrateur est un corps qui sent la maladie, où les poumons sont touchés (par une bronchite chronique, par trop de cigarettes), qui se traîne dans les rues de Milan, désertes à cause du confinement (« j’observe la peau qui se flétrit sur le revers des mains, l’image de mon visage enflé réfléchi sur la vitre sale, les cheveux grisonnants pâlissent et le cuir chevelu se retire, l’œil se fait bovin, les tissus cèdent »29). Un corps malade, comme s’il assumait sur soi un temps contaminé, une

26 « Non è possibile essere giornalistici. Il cronachismo veloce, affannato, di giorno in giorno, intorbida, sgomenta, rende dimentichi. Come servono le parole della pietà! Come ci soccorrono le parole della fine! Bisogna penetrare questo tempo, stringendone la giugulare, succhiandone il sangue amaro e cattivo, bisogna mostrare i corpi con una disperazione inusitata e lasciar brillare parole antiche, inventarne di nuove: lo scrittore è al vostro servizio, o spettri! » Giuseppe Genna, Reality : cosa è successo, Milano, Rizzoli, 2020, ebook, pos. 540-544, ma traduction. 27 « La febbre diviene una declinazione inattesa del pensiero, dietro la fronte non c’è più il pensiero, ma la febbre. »

Ibid., pos. 200-201, ma traduction.

28 « Nella cronaca non c’è mai la verità e solo distorcendo si dà corpo a una febbre che è vera testimonianza ». Ibid., pos. 190, ma traduction.

29 « Osservo la pelle che mi si sta avvizzendo sul dorso delle mani, l’immagine del mio volto gonfio riflesso nel vetro lercio, i capelli brizzolati sbiancano e il cuoio capelluto arretra, l’occhio è più bovino, i tessuti cedono ». Ibid., pos. 1221, ma traduction.

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société infectée : l’observation du narrateur se fait critique des conditions sociales, politiques et du langage, car l’infection en cours n’est pas seulement celle du virus, mais aussi celle des mots qui ne sont plus liés aux choses réelles, celle du système socio-économique du capitalisme néolibéral, celle de l’accélération numérique, celle des individus perdus, atomisés (« Peuples entiers écrasés par les syllabes décharnées d’un régime inhumain, mécanique. L’industrie et l’avantage sont les modes parfaitement contemporains, typiquement occidentaux, auxquels on doit consacrer un culte froid et concis, pour parcourir sans dignité les chemins escarpés du développement, de l’économétrie. Une pendaison propre, dépourvue de drame, automatique »30).

Page après page, Genna nous raconte le monde touché par la pandémie, à partir de ses premiers jours, quand la Chine était encore loin, et met ainsi en lumière notre façon de vivre un présent constant et que constamment on oublie (« Chaque jour de la pandémie éclaire les précédents, déforme les perceptions que nous avions de la contagion, nous en riions, c’était les Chinois au début, nous avons oublié toute chose, toute date. Nous ne vivons que maintenant. »31). Il arrive ensuite à compter les contaminations et les morts (en exergue de chaque chapitre). Il visite les services Covid des hôpitaux, les centres de crémation, les cimetières des morts anonymes, les services psychiatriques… Et c’est là où son écriture montre toute sa différence par rapport aux narrations de Come salmoni analysé précédemment : si les récits de ce recueil n’osaient pas représenter les détails macabres de la maladie, de la souffrance, de la mort, Genna, lui, ne nous épargne rien. Il nous met devant tout et dès lors le lecteur ne peut pas ne pas voir. Il le fait à travers une langue qui devient un outil de dissection de l’humain, un discours qui se fait interrogation totale, implacable. Cette nécessité ne se concentre pas tant sur la recherche de réponses que sur la capacité de pousser et repousser les questions plus en profondeur (« […] au milieu de ces camions nous comprenons qu’un temps est épuisé. Les choses se dissocient. Le centre ne peut pas tenir. […]

30 « Popoli interi schiacciati dalle sillabe scarne di un regime inumano, meccanico. L’industria e il vantaggio sono i modi perfettamente contemporanei, squisitamente occidentali, a cui bisogna votare un culto freddo e stringato, per percorrere senza dignità i sentieri erti dello sviluppo, dell’econometria. Un’impiccagione pulita, priva di dramma, automatica ». Ibid., pos. 3079-3081, ma traduction.

31 « Ogni giorno della pandemia illumina i precedenti, distorce le percezioni che avevamo del contagio, ne ridevamo, erano i cinesi all’inizio, abbiamo dimenticato ogni cosa, ogni data. Viviamo solo adesso. » Ibid., pos. 48, ma traduction.

(12)

Il n’y a plus de progrès, il n’y a plus de régression. Les meilleurs ont perdu toute foi et les pires s’enflent d’ardeur passionnée. Où sont tous les enfants, tous les demains ?32

»).

Conclusions (et questions qui restent ouvertes)

Le recueil que j’ai choisi pour cette analyse représente seulement l’un des points d’observation possibles et il était intéressant surtout par rapport à l’urgence (temporelle et d’écriture) et à la pluralité (60 auteurs). Le champ de recherche pour étudier les tendances générales des écritures au temps de la pandémie est donc bien plus vaste et devra naturellement s’étendre sur les mois et les années à venir ; il devra aussi tenir compte d’un grand nombre d’écritures différentes, avec une approche comparatiste.

Genna, bien que le travail qu’il fait avec Reality : cosa è successo nous aide à rentrer dans le noyau magmatique et incompréhensible de notre présent, argumente que l’interprétation de la réalité sera de moins en moins textuelle, parce que :

la brèche Covid me dit que nous sommes rentrés dans une catégorie très différente de celle du texte et très différente de celle de l’imaginaire. [...] Nous sommes pour de vrai dans un espace éclatant de néo-perception humaine qui s’amplifiera de plus en plus en avançant car l’entrée de tous les dispositifs, de toutes les néo-technologies et nanotechnologies dans le corps nous ouvrira de nouveaux horizons sensoriels et interprétatifs de la réalité. [...] Nous devons ré-élaborer tout, ré-inventer tout, je ne crois pas que cette ré-invention sera textuelle...33

Nous continuons donc à nous interroger sur les sens et les significations dont une écriture peut se charger aujourd’hui face à la pandémie et aussi face à la catastrophe écologique qui prend des formes de plus en plus évidentes, omniprésentes, puissantes.

32 « [...] tra questi camion comprendiamo che è esaurito un tempo. Le cose si dissociano. Il centro non può reggere. [...] Non c’è più progresso, non c’è più regresso. I migliori hanno perso ogni fede e i peggiori si gonfiano di ardore appassionato. Dove sono tutti i bambini, tutti i domani? » Ibid., pos. 2315-2319, ma traduction.

33 « La breccia Covid mi dice che siamo entrati in una categoria molto diversa da quella del testo e molto diversa da quella dell’immaginario. […] Siamo veramente in uno spazio clamoroso di neo-percezione umana che si amplificherà sempre di più andando avanti perché l’ingresso di tutti i device, tutte le neotecnologie e le nanotecnologie nel corpo di aprirà nuovi orizzonti sensoriali e interpretativi della realtà. […] Ci dobbiamo riformulare tutto, reinventare tutto, questa reinvenzione io non credo che sarà testuale... », Giuseppe Genna, intervention à « Le parole e i racconti per l’Antropocene », Book Pride 2020, 25 octobre 2020 (cf. note 16).

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Les limites du langage et de la narration des récits du recueil Come Salmoni. La vita in Italia al tempo del Covid-19 peuvent-ils être un signe de l’impossibilité de la parole ? Peuvent-ils être un signe de cette disparition de la textualité de la représentation du réel en faveur de l’image et de l’interprétation médiatisée grâce aux dispositifs numériques ? Est-ce qu’il s’agit là d’une indication pour élargir le champ d’une investigation du présent au-delà du textuel ?

Je reviens aux mots que Genna fait dire à Padre Steiner, un frère, personnage (im)portant de Reality : cosa è successo, pour chercher une conclusion qui ne peut que laisser ces questions ouvertes :

Nous devons inventer de nouveaux rituels, nous devons déterrer les symboles, en en recréant l’espace avec une fantaisie effrénée. Nous ne devons pas avoir de craintes, nous devons exercer de la violence, être furibonds, abattre toute limite pour trouver celle qui est infranchissable. Nous devons nous écraser contre les murs de la pensée. La pensée est l’écueil, la pensée est l’océan qu’y fait rage contre.34

La pandémie pourrait n’être qu’un des signes catastrophiques qui caractérisent l’époque dite anthropocène. Il faudra donc continuer à interroger les interprétations de la réalité pour poser des questions nouvelles et encore plus profondes, en suivant aussi les pistes que cette recherche a pu éclairer, avec toutes ses limites : l’investigation de toute forme d’écriture et aussi de la production non-textuelle ; l’influence des nouvelles technologies (et notamment les réseaux sociaux) sur l’usage du langage quotidien et littéraire ; le rôle de l’ego en tant qu’objet prédominant de représentation ; une approche multidisciplinaire pour se doter d’un regard vaste et inclusif.

34 « Dobbiamo inventare nuovi riti, dobbiamo disseppellire i simboli, ricreandone lo spazio con una fantasia sfrenata. Non dobbiamo avere timori, dobbiamo esercitare violenza, essere furibondi, abbattere ogni limite per trovare quello invalicabile. Dobbiamo schiantarci contro i muri del pensiero. Il pensiero è lo scoglio, il pensiero è l’oceano che vi infuria contro ». Giuseppe Genna, op. cit., pos. 3180-3183, ma traduction.

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