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Les activités sociales et l'emplacement du jardin communautaire montréalais : le cas des jardins Angrignon et de la Savane

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Academic year: 2021

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(1)

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(2)

Les activités sociales et l'emplacement du jardin communautaire montréalais: le cas des jardins Angrignon et de la Savane

Par

Fahimeh Délavar Esfahani

Faculté de l'aménagement

Mémoire présenté à la faculté des études supérieures

en vue de l'obtention du grade M.Sc.A.

en Aménagement

option aménagement

Août 2007

(3)

Ce mémoire intitulé:

Les activités sociales et l'emplacement du jardin communautaire montréalais: le cas des jardins Angrignon et de la Savane

Présenté par:

Fahimeh Délavar Esfahani

a été évalué par un jury composé des personnes suivantes :

Président-rapporteur

Directeur de recherche

membre du jury [information retirée / information withdrawn]

[information retirée / information withdrawn]

(4)

RÉSUMÉ

Le jardin communautaire consiste en l'aménagement d'un jardin en petites parcelles où les jardiniers travaillent de façon individuelle. Le jardinage communautaire à Montréal est reconnu en Amérique du Nord, en raison de la qualité des services offerts aux jardiniers. Cette activité est organisée par les services municipaux, et elle est soumise à un code de conduite unique édicté par la Ville. Le jardin communautaire est considéré avant tout comme un équipement urbain de loisir qui s'adresse surtout aux Montréalais. De plus, le jardinage communautaire répond à une demande sociale de plus en plus forte des citadins.

Dans ce contexte, notre réflexion porte principalement sur la dimension sociale du jardin communautaire - considéré comme espace public urbain - et ce, en fonction de son emplacement. En s'inspirant de considérations telles que l'individu et l'activité du jardinage, la sociabilité dans le jardin et l'emplacement du jardin; nous cherchons à savoir quel profil utilise le jardin communautaire dans le parc urbain, pour quelles raisons les gens pratiquent le jardinage et quelles sont leurs motivations pour venir au jardin communautaire. Finalement, est-ce que l'emplacement du jardin communautaire influence le choix du jardin?

Notre étude porte sur deux jardins communautaires montréalais situés dans des parcs urbains. Les informations obtenues ont été recueillies via une analyse de la documentation et une enquête par questionnaire. L'échantillonnage des jardiniers est très hétérogène, et chacun a des motivations personnelles différentes de s'adonner à cette activité. Au niveau de la sociabilité, le jardin communautaire se présente comme un espace qui aide à développer des relations sociales. Ces dernières sont en partie tributaires de l'emplacement du jardin.

À

cet effet, le jardin communautaire situé dans le parc d'un quartier

(5)

résidentiel attire des familles et des personnes âgées, ce qui crée une dynamique dans les relations sociales.

(6)

ABSTRACT

The community garden is a garden that is divided into small lots where each

gardener works individually in hislher assigned lot. The community garden in

Montreal is well known in North America because of the quality of services

offered to gardeners. This activity is organized by the municipality under a

common rule which is legislated by city council. For Montrealers, the

community garden is primarily considered as a recreational urban activity. The

community garden also responds to certain social requests of citizens.

In this context, this work focuses mainly on the social dimension of the

community garden as a public urban space and, more specifically, on its

location within the city. This investigation aims to reveal the socio-economic

composition of community garden users and the reasons that motivate their

choice to frequent the community garden. The principal elements considered

were the type of gardener and hislher individual activities and sociability in the

garden. The influence of the community garden location on the gardeners'

choice is also studied.

This research is based on two case studies of two community gardens that are

located in urban parks in Montreal. The data collection techniques were based

on questionnaire survey, as well a literature review of available documents. The

gardener populations were heterogeneous and had different personal

motivations.

In terms of sociability, the community garden is presented as an

urban space that assists in developing social relationships which are dependent

partly on the location of the community garden. A community garden located in

a residential area or in an urban park attracts families and elderly people, and it

creates social dynamic relationships.

(7)

TABLE DES MATIÉRES

RÉSUMÉ ... 111

ABSTRACT ...••..•..•...•.•••... V TABLE DES MATIÉRES ... VI LISTE DES TABLEAUX ... IX LISTES DES FIGURES ... X REMERCIEMENTS ... XIII INTRODUCTION ... 1

CHAPITRE 1 MISE EN CONTEXTE ... 6

1.1 DÉFINITION DES TERMES ... 7

1.1.1 Le parc public et le jardin public ... 7

1.1.2 Les jardins communautaires ... ... 9

1.2 OBJET ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ... 10

1.3 MISE EN CONTEXTE ... Il 1.3.1 Lesjardins communautaires dans les pays en développement ... 11

1.3.2 Les jardins communautaires en Europe ... ... 15

1.3.3 Les jardins communautaires en Amérique du Nord ... 18

1.3.4 Le rôle environnemental des jardins communautaires ... 27

1.3.5 Le rôle économique des jardins communautaires ... 28

1.3.6 Le rôle social des jardins communautaires ... 28

1.3.7 Motivations et activités au sein des jardins communautaires ... 29

lA PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE ... 30

1.5 QUESTION DE RECHERCHE ET HYPOTHÈSE ... 32

CHAPITRE 2 CADRE CONCEPTUEL DE RECHERCHE ... 34

2.1 L'INDIVIDU ET LE JARDIN COMMUNAUTAIRE ... 34

2.2 LA SOCIABILITÉ DU JARDIN ... 37

2.3 L'EMPLACEMENT DU JARDIN ... 41

CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE ... 45

3.1 LA STRATÉGIE DE RECHERCHE: LA MÉTHODE QUALITATIVE ... .45

(8)

3.3 LE CHOIX D'ÉTUDE DE CAS ... 50

3.3.1 Le jardin communautaire de la Savane ... 52

3.3.2 3.4 Le jardin communautaire Angrignon .... ... 56

LES TECHNIQUES DE CUEILLETTE DES DONNÉES ... 60

3.4.1 L'enquête par questionnaire ... ... 60

3.4.2 Les documents écrits ... 63

3.5 L'ANALySE ... 63

CHAPITRE 4 L'ANALYSE DES QUESTIONNAIRES ... 66

4.1 L'INDIVIDU ET LE JARDIN COMMUNAUTAIRE ... 66

4.1.1 L'âge et le sexe ... 67

4.1.2 Le pays d'origine ... ... 68

4.1.3 L'état civil des jardiniers répondants et le nombre d'enfants ... 69

4.1.4 Les années d'expérience en jardinage ... 70

4.1.5 L'acquisition de l'information sur la culture des plantes ... 72

4.1.6 Les différentes utilisations des produits récoltés ... 73

4.1.7 Les cultures des plantes ... 74

4.1.8 Le nombre d'heures de travail dans le jardin ... 74

4.2 MOTIVATIONS DE CEUX QUI ADOPTENT LE JARDIN COMMUNAUTAIRE ... 76

4.2.1 Les variables dans la motivation au jardinage ... 77

4.3 LE JARDIN COMMUNAUTAIRE EN TANT QUE CAPITAL SOCIAL ... 80

4.4 L'EMPLACEMENT DU JARDIN COMMUNAUTAIRE ... 83

4.5 ANALySE ... 85

4.5.1 L'aspect démographique chez les jardiniers ... ... 85

4.5.2 La pratique du jardinage ... ... 87

4.5.3 Les relations sociales ... 92

4.5.4 La localisation du jardin ... 93

CHAPITRES DISCUSSION DES RÉSULTATS ... 96

5.1 LES INDIVIDUS DANS LES JARDINS COMMUNAUTAIRES ÉTUDIÉS ... 96

5.2 LA SOCIABILITÉ DANS LES JARDINS COMMUNAUTAIRES ÉTUDIÉS ... 98

5.3 VALIDATION DE L'HYPOTHÈSE ... 99

5.4 LA GÉNÉRALISATION DE RÉSULTATS DE RECHERCHE ... 101

5.5 CONCLUSION GÉNÉRALE ... 102 5.5.1 La pertinence de la recherche ... 1 05 5.5.2 Recherche future ... 1 05

(9)

BIBLIOGRAPHIE ... 108

ANNEXE 1 L'ASPECT ESTHÉTIQUE DANS LE JARDIN COMMUNAUTAIRE .... ...•... 117

A.l A.2 LA DÉFINITION DE L'ESTHÉTIQUE ... 117

PERCEPTION DU BEAU PAR LES SENS ... 119

A.2.1 A.2.2 A.2.3 Les caractères de la beauté ... 120

Harmonie ... ... 121

Le rôle des divers éléments dans la composition du jardin ... 122

A.3 COMMENTAIRES SUR L'ASPECT ESTHÉTIQUE ... 128

ANNEXE 2 ANNEXE 3 QUESTIONNAIRE EN FRANÇAIS ... 137

(10)

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 4.1 Pourcentage des sexes des répondants dans les jardins communautaires étudiés. 68

Tableau 4.2 L'état civil des répondants dans les jardins communautaires étudiés ... 69

Tableau 4.3 Les modes d'acquisition d'information sur la culture des plantes ... 73

Tableau 4.4 Les finalités de la production ... 73

Tableau 4.5 Motivations des répondants qui adoptent le jardin communautaire ... 76

Tableau 4.6 Lejardinage et la socialisation ... 81

(11)

LISTES DES FIGURES

Figure 1.1 " Le jardin collectif de Saint-Jérôme, (2006) ... ... 9

Figure 1.2 Lejardin communautaire de la Savane dans un quartier résidentiel, (Délavar, 2007) ... 10

Figure 1.3 Le rôle des femmes et l'activité du jardinage communautaire dans les pays en développement, (a) Village Kaur, à Ghana, (s.d), (b) Kabale, en Uganda, (2005) ... 12

Figure 1.4 Utilisation de pesticides dans un jardin communautaire, Kabale, en Uganda, (2005) ... 14

Figure 1.5 La participation des femmes dans un jardin communautaire à Hanovre, en Allemagne (s.d) ... ... 16

Figure 1.6 Un jardin ouvrier à Noisy-le -Sec, en France, (Zachmann, 1994) ... 17

Figure 1.7 Un jardin de la victoire aux Etats-Unis, (City Farmer) (s.d) ... 19

Figure 1.8 Les jardins des écoles à Victoria, (PfeifJ, 2004) ... 22

Figure 3.1 la localisation des jardins communautaires montréalais selon la liste présentée par la Ville de Montréal, (Délavar, 2007) ... 51

Figure 3.2 Carte de localisation du parc et du jardin communautaire de la Savane, (Délavar, 2007) ... ... 53

Figure 3.3 L'emplacement et l'environnement du jardin communautaire de la Savane, (a) (2006), (b) (Délavar, 2007) ... ... 54

Figure 3.4 Le plan du jardin communautaire de la Savane, (Délavar, 2007) ... 55

Figure 3.5 Carte de localisation du parc et du jardin communautaire Angrignon, (Délavar, 2007) ... 57

Figure 3.6 L'emplacement et l'environnement du jardin communautaire Angrignon, (a) (2006), (b) (Délavar, 2007) ... 58

Figure 3.7 Le plan du jardin Angrignon, (Délavar, 2007) ... 59

Figure 4.1 Répartition des tranches d'âge des répondants aux jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b) ... 67

Figure 4.2 Le pays d'origine des répondants de deux jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b) ... 68

Figure 4.3 Nombre d'enfant(s) des répondants de la Savane (a) et Angrignon (h). ... 70

Figure 4.4 Les années d'expérience des jardiniers répondants de la Savane (a) et Angrignon (b) ... 71

Figure 4.5 Nombre d'années d'expérience à Angrignon (femmes et hommes) ... 72

(12)

Figure 4.7 Nationalité d'origine versus le nombre d'heures passées dans le jardin

communautaire Angrignon ... ... 78

Figure 4.8 Nationalité d'origine versus l'activité du jardinage au jardin communautaire Angrignon ... ... 79

Figure 4.9 Culture de produits d'origine versus la nationalité d'origine au jardin communautaire Angrignon ... ... 79

Figure 4.10 Entraide versus l'état civil des répondants au jardin communautaire Angrignon . 80 Figure 4.11 Nationalité d'origine versus le partage des récoltes au jardin communautaire Angrignon .... ... 82

Figure 4.12 La participation des enfants dans le jardin Angrignon, (Délavar, 2006) ... 89

Figure Al. 1 La valeur et l'intensité des couleurs, (Williams, 1979) ... 120

Figure Al. 2 Le contraste dans le jardin, (Williams, 1979) ... 122

Figure Al. 3 Les divers styles de clôtures, (Emou/, 1886) ... 124

Figure Al. 4 Aménagement des chemins dans les jardins, (a) (André, 1984), (b) (Riat, 1900)124 Figure Al. 5 Différents types de jeux d'eaux, (Eoitard, 1825) ... 127

Figure Al. 6 Les bordures dans le jardin communautaire de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... ... 129

Figure Al. 7 La monoplantation dans le jardin communautaire de la Savane (a) et la diversité des plantes dans le jardin communautaire Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 130

Figure Al. 8 Les différents modes de plantation dans le jardin communautaire Angrignon, (Délavar, 2006) ... 130

Figure Al. 9 La densité des plantations dans les jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 131

Figure Al. 10 Les plantes avec enceinte dans le jardin communautaire de la Savane, (Délavar, 2006) ... 131

Figure Al. I l Les différents matériaux utilisés afin de supporter les plantes dans les jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 132

Figure Al. 12 L'espace réservé pour le compostage dans les jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 133

Figure Al. 13 Les poubelles dans le jardin communautaire de la Savane, (Délavar, 2006) ... 133

Figure Al. 14 Les cabanons dans les jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 134

Figure Al. 15 Le niveau d'entretien dans les jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 134

Figure Al. 16 L'arrosage dans les jardins communautaires de la Savane (a) et Angrignon (b), (Délavar, 2006) ... 135

(13)

Figure AI. 17 Les éléments de décoration dans le jardin communautaire Angrignon, (Délavar, 2006) ... ... 135

(14)

REMERCIEMENTS

De nombreuses personnes ont apporté leur appui lors de la réalisation de ce mémoire. Ma gratitude va tout d'abord à mes directeurs de recherche, messieurs Robert Kasisi, professeur à la faculté d'Aménagement de l'Université de Montréal, et John MacLeod, directeur de l'École d'Architecture de paysage, pour leurs conseils et leur disponibilité. Je tiens également à remercier messieurs Colin H. Davidson et Ronald Williams, professeurs à la faculté d'Aménagement, pour leurs conseils tout au long de cette recherche. Je remercie l'Université de Montréal pour m'avoir octroyé la bourse d'exemption de frais de scolarité pour étudiants étrangers.

Je ne pourrais passer sous silence les deux présidents des jardins communautaires étudiés dans ce mémoire qui m'ont si gentiment accueillie. Je tiens aussi à remercier l'animateur horticole André Pedneault, et Bruno Paquette du Service du parc d'arrondissement NDG, de même que Stéphane Livemoche, agent de développement, secteur Snowdon, pour m'avoir fait profiter de leur expérience.

Je remercie également mon mari Hossein Hajzargarbashi, pour son soutien et sa patience. J'adresserais enfin une pensée toute spéciale à ma fille Sahar

(15)

INTRODUCTION

Le jardin communautaire, nouveau phénomène urbain, se présente comme un espace public qui favorise la sociabilité, malgré l'individualité qui caractérise le travail de jardinage.

Le jardinage communautaire à Montréal, qui sera notre champ d'investigation, est reconnu en Amérique du Nord, en raison de la qualité des services offerts aux jardiniers. Cette activité est organisée par les services municipaux et est soumise à un code de conduite unique édicté par la Ville. Le jardin communautaire est considéré comme un équipement urbain de loisir parce que cette pratique est avant tout perçue par les Montréalais comme une activité de loisir. De plus, le jardinage communautaire répond à une demande sociale de plus en plus forte des citadins.

C'est dans les années 1970 que la nécessité de cette activité s'est faite sentir dans la ville montréalaise, et sa popularité n'a cessé de croître depuis.

À

ce jour, certains jardins ont des listes d'attente de deux ou trois ans. À certains endroits, les besoins d'agrandissement sont criants, et des conflits d'intérêts entre les jardins et leur milieu rendent impossible l'augmentation de leur superficie. C'est notamment le cas de certains jardins situés dans des parcs urbains. Les

(16)

jardins confinés à un espace restreint sont fréquentés par un nombre limité de jardiniers. En contrepartie, les jardins qui possèdent une plus grande surface

offrent de l'espace de jardinage à un très grand nombre de citadins.

Dans ce contexte, notre réflexion porte sur la dimension sociale du jardin communautaire, compris comme un espace public urbain, par rapport à son· emplacement. Dans le cadre de cette recherche, notre objectif est d'approfondir. cette dimension dans le contexte de deux jardins communautaires montréalais situés dans des parcs urbains.

Dans la littérature portant sur le sujet, le jardinage communautaire tel que pratiqué à Montréal est compris comme ayant deux dimensions: l'individu et l'activité de jardinage, et la sociabilité dans le jardin. La littérature décrit la communauté des jardiniers et ce qui les a motivés à l'origine à pratiquer le jardinage. Ces motivations peuvent être très variées, à savoir: faire de l'exercice physique, trouver un coin de verdure en ville, répondre à un besoin d'une saine alimentation à bon marché, sociabiliser avec les autres jardiniers et les passants, et cultiver des plantes non disponibles sur le marché québécois.

La deuxième dimension concerne le jardin communautaire comme un espace qui favorise les relations sociales entre ses membres. En effet, le jardinage communautaire est une activité plus ou moins solitaire pratiquée dans un environnement commun. La pratique du jardinage communautaire est individuelle et ponctuelle, mais confronte tout de même les jardiniers de manière directe ou indirecte.

Très peu de littérature portent sur la question de l'emplacement des jardins· communautaires. Cependant, nous constatons que les jardins peuvent être situés dans des environnements variés, par exemple, dans des quartiers urbains, de banlieues, résidentiels ou industriels. Toutefois, le lien entre cet environnement et le rôle du jardin reste ambigu, notamment pour les jardins situés à l'intérieur·

(17)

d'un parc urbain. Les rôles sociaux joués par ce genre d'espaces urbains nécessitent donc une attention particulière.

Le manque d'études adéquates sur l'activité du jardinage communautaire à Montréal et de son environnement nous conduit à la question de recherche suivante: comment le jardin communautaire montréalais situé dans un parc (espace public urbain) peut affecter la vie sociale des citadins-jardiniers? Autrement dit, la localisation des jardins communautaires favorise-t-elle des relations sociales particulières? En s'inspirant des considérations mentionnées plus haut (l'individu et l'activité de jardinage, la sociabilité dans le jardin et l'emplacement du jardin), plusieurs sous-questions se posent: qui sont les jardiniers du jardin communautaire situé dans le parc urbain? Pour quelles raisons pratiquent-ils le jardinage et quelles sont leurs motivations pour venir au jardin communautaire? Est-ce que l'emplacement du jardin communautaire

influence le choix du jardin par les jardiniers?

Éclairer ce type de questions devrait permettre de répondre à trois objectifs. Le premier objectif est de mieux connaître les jardiniers et leurs intérêts dans la pratique du jardinage. Le deuxième objectifvise la compréhension des relations sociales pratiquées dans le cadre du jardinage communautaire. Le troisième objectif est d'examiner de plus près la question de l'emplacement du jardin. En répondant à ces objectifs, nous tâcherons de démontrer/l'hypothèse suivante:

l'emplacement d'un jardin communautaire dans un parc

semble~cfIj)le

rôle social du jardin communautaire?

Notre recherche s'inscrit dans la lignée des recherches qualitatives qui utilisent l'étude de cas. Dans un souci de représentativité de la réalité montréalaise, les deux jardins communautaires qui furent retenus afin de répondre aux objectifs établis sont le jardin de la Savane, du quartier Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce et le jardin Angrignon, du quartier Sud-Ouest. Notre méthodologie repose sur une analyse de la documentation et une enquête à l'aide d'un

(18)

questionnaire. Tout d'abord, l'observation d'un jardin communautaire via des clichés photographiques nous a permis de mieux saisir la disposition de certains éléments de chacun des jar di ils choisis pour notre étude. Ensuite, l'analyse de la documentation de la Ville de Montréal sur les jardins communautaires nous a aidés à comprendre la réglementation et l'organisation des jardins. Enfin, une approche par questionnaire nous a permis de connaître les pratiques et les relations sociales des jardiniers et leur point de vue sur la localisation du jardin. Grâce à ces deux volets, il nous a été possible de mieux saisir l'activité au quotidien des gens œuvrant dans un jardin communautaire.

Il nous est apparu évident que l'emplacement d'un jardin communautaire dans un parc urbain attire surtout les familles et les personnes âgées. En effet, les familles sont attirées par les jeux pour enfants situés à proximité du jardin, c'est-à-dire dans le parc. Les personnes âgées, pour leur part, fréquentent ce genre de jardin parce qu'il est situé dans un quartier résidentiel, ce qui implique une certaine proximité à leur résidence et aux services de quartier, en plus d'assurer un minimum de sécurité. Ces deux types de clientèle contribuent grandement à la sociabilité du jardin communautaire, car ils pratiquent l'entraide de façon plus importante que d'autres usagers (les adultes divorcés par exemple).

Subséquemment, les résultats de cette étude permettent de mieux comprendre la présence de jardins communautaires en milieu urbain. En outre, les motivations et les pratiques des jardiniers qui ressortent de notre étude peuvent aider les administrateurs des programmes de jardins communautaires à mieux cibler leurs actions.

Tous ces éléments sont détaillés dans le présent travail et se présentent comme suit. Le premier chapitre expose l'expérience du jardin communautaire dans différents contextes internationaux puis montréalais. Le second chapitre est consacré à l'approche théorique de la recherche: notre réflexion s'inscrit dans le

(19)

courant de l'aménagement urbain, qui considère que les pratiques sociales sont

le produit des actions individuelles. Le chapitre suivant présente l'approche

méthodologique choisie, expliquée précédemment. Ensuite, les résultats et leur

analyse sont exposés dans la quatrième partie. Finalement, le dernier chapitre

conclut en présentant une discussion des résultats.

(20)

CHAPITRE 1 MISE EN CONTEXTE

L'objet de cette étude consiste en l'exploration du phénomène du jardin communautaire, qui est une composante de l'agriculture urbaine.

À

l'échelle mondiale, l'agriculture urbaine semble répondre à un nombre important d'enjeux d'urbanisation: la sécurité alimentaire, le développement social et la durabilité urbaine. Selon Smit et aL (1996), l'agriculture urbaine est une industrie qui produit, manufacture et met sur le marché des aliments et des

combustibles, en réponse

à

la demande de consommation quotidienne

à

l'échelle urbaine et métropolitaine. Barrs (1999) ajoute que cette forme d'agriculture incarne aussi des objectifs de sensibilisation des citadins

à

l'écologie et de transformation de leurs attitudes et comportements. Rees (1997) souligne également le rôle crucial que joue l'agriculture urbaine dans le développement durable de la ville.

Par ailleurs, l'agriculture urbaine existe sous diverses formes et dans différents milieux. Ce phénomène, très répandu, témoigne en fait de sa popularité (Lindayati, 1996). En outre, l'espace qu'elle s'approprie est généralement perçu

comme un lieu de proximité sociale et comme_un_espace_d~tation

~~énécal

et

al.~~ommunautaire

en tant

qU'~t)

(21)

d'un terrain par un groupe d'habitants, génère des usages singuliers de l'espace

urbain. C'est un lieu qui privilégie les pratiques participatives, les valeurs de

solidarité, de créativité et de respect de l'environnement (Lindayati, 1996).

Selon Weber (1998), le jardin communautaire est une ressource alimentaire, un

loisir et même un espace domestique.

À

Montréal, par exemple, l'agriculture urbaine est pratiquée surtout dans les

espaces non construits et généralement publics. Outre ces jardins qui

caractérisent le cadre physique des zones résidentielles de faible ou de moyenne

densité, des jardins informels se développent ici et là sur des parcelles

sous-exploitées ou en friche. Le Jardin botanique et le Collège MacDonald de

l'Université McGill ont aménagé, à titre expérimental, des « jardins de

production » ouverts au grand public (Fleury et al. 1997). Ces institutions

proposent une programmation réputée en éducation relative à l'environnement

qui combine formation au jardinage et sensibilisation à la nature.

1.1 Définition des termes

1.1.1 Le parc public et le jardin public

Concernant la définition du terme jardin en général, Dittmar précise que : «le

terme jardin est utilisé pour tous les aménagements paysagers circonscrits, sans·

prendre en considération les différents synonymes (parc, jardin paysager, etc.)

souvent tributaires de l'échelle» (Dittmar, 1995). Généralement, le parc est un

grand terrain réservé pour la promenade et les exercices physiques, ainsi pour

les activités créatives. Il en existe deux types: le parc privé et le parc public.

Les parcs privés se divisent en parcs paysagers, parcs forestiers et parcs

agricoles qui sont accessibles à un groupe particulier de personnes. En·

contrepartie, les parcs publics sont à la disponibilité de toutes les classes

sociales de citadins. Ils présentent un lieu de plaisir afin d'attirer les habitants

(22)

de la ville. Ils se classent comme suit: les parcs de promenade ou de jeux, les parcs des villes, les parcs d'eaux, les parcs de lotissement, ainsi que les parcs funéraires (André, 1984).

À

propos des jardins, Assunto (2003) indique dans son ouvrage

«

Retour au jardin» que nous ne pouvons donner une définition du jardin qu'après avoir formulé la question

«

qu'est-ce que le jardin? » dans ses termes explicites. André (1984) a défini le jardin comme:

«

un terrain enclos, consacré à la culture manuelle des végétaux d'utilité ou d'agrément, et destiné à la promenade et au plaisir des yeux ». Ainsi, les jardins se divisent en deux groupes: les jardins privés et les jardins publics. Les jardins publics qui sont à la disponibilité de l'ensemble des citadins se classent en jardins publics d'agrément (entre autres les squares), et en jardins publics d'utilité. Ces derniers, qui se présentent en tant qu'espace d'agriculture urbaine, sont plus nombreux que les jardins publics d'agrément (André, 1984).

En raison des modes de fonctionnement, le jardin public d'utilité urbaine existe sous différentes formes. En effet, les crises économiques générées par la Deuxième Guerre mondiale ont fait émerger une tendance vers la construction de nouveaux types de jardins: jardins militaires, jardins d'hôpitaux, jardins pour réfugiés, jardins scolaires, jardins de patronage, jardins collectifs et jardins communautaires (Pain, 2006).

Le jardin collectif, en tant que l'une des formes les plus connues de jardin, est un lieu où des citadins sèment et récoltent ensemble (Figure 1.1). Ces activités sont établies selon un programme social explicite qui favorise l'autonomie' alimentaire. En outre, un animateur est chargé de donner des informations techniques pour augmenter le rendement tout en respectant l'environnement. Le rôle social de ce type de jardinage est plus important, car il favorise le contact des gens lors de l'activité du jardinage (Boulianne, 2001).

(23)

Quant au jardin communautaire, il consiste en l'aménagement de petites parcelles de terre dans lesquelles chacun des participants travaille et cultive tout en respectant le règlement du jardin communautaire (Chapeau, 2001).

Figure 1.1 : Le jardin collectif de Saint-Jérôme, (2006i

1.1.2 Les jardins communautaires

Le jardin communautaire est d'abord un espace de loisir, organisé par un service municipal et soumis à un code de conduite édicté par la Ville, mais chaque jardin a sa propre histoire. TI est considéré comme un équipement urbain de loisir répondant à une demande sociale de plus en plus forte (Ville de Montréal, 2004).

Les jardins communautaires sont situés surtout dans les quartiers résidentiels. Par conséquent, nous pouvons supposer que ce type de jardin est fréquenté par des gens habitant à proximité et qui n'ont pas facilement accès à d'autres jardins privés (Figure 1.2). Un espace comme celui-ci leur permet de produire des aliments pour leurs propres consommations (Pedneault et al. 1996).

(24)

Lindayati (1996) a présenté la définition suivante du jardin communautaire: « Community gardening is one form of socially-organized urban agriculture ( ... ) where people share basic resources - land, water and sunlight. »

Figure 1.2 Le jardin communautaire de la Savane dans un quartier résidentiel, (Délavar, 2007)

1.2 Objet et objectifs de la recherche

Dans le cadre de notre projet de recherche, le jardin communautaire constitue l'objet principal de notre étude permettant de mettre en lumière les modes d'appropriation de ces espaces verts urbains pour répondre aux besoins spécifiques des habitants d'un quartier donné. Le jardin peut certes augmenter l'interaction sociale entre ses utilisateurs de telle sorte qu'il concourt à réduire le stress et l'isolement dans la vie quotidienne. À l'évidence, l'usage collectif d'un jardin communautaire est tout à fait compatible avec la consolidation des

(25)

relations sociales entre ses utilisateurs, généralement faisant partie du même

.

l

quartIer. ~

L'objectif de cette étude est de comprendre les raIsons de la pratique du jardinage et d'analyser les dimensions sociales des jardins communautaires en évaluant l'importance de celles-ci selon l'emplacement. Il s'agit ainsi de comprendre la principale motivation des jardiniers lorsqu'ils s'inscrivent dans un jardin communautaire. L'étude des interactions sociales et des rapports entre les usagers permet de saisir les. types de sociabilité que ces espaces engendrent, tout en tenant compte du rôle de leur emplacement.

1.3 Mise en contexte

1.3.1 Les jardins communautaires dans

les

pays en

développement

1.3.1.1 Jardin communautaire dans les pays en développe~ent et le facteur économique

C'est surtout le rôle alimentaire qui est au devant de la scène dans les pays en développement.

À

cet effet, selon M. Mougeot, spécialiste en programme au Centre de Recherches sur le Développement International (CRDI) à Ottawa, il

existe des manifestations formelles et informelles de l'agriculture urbaine. ~

Cependant, depuis les 30 dernières années, et en raison de la pauvreté généralisée et de la majorité de familles à faible revenu dans ces pays, cette activité se pratique de façon informelle. Les résultats démontrent que plus de 30% de la population de l'Asie du Sud et de l'Afrique sub-saharienne souffre de la faim.

De façon générale, les familles à faible revenu dans les pays en développement dépensent de 50 à 80% de leur revenu pour la nourriture (Mougeot, 2002). Dans ces pays, les femmes jouent un rôle important dans la préparation et la

(26)

distribution de la nourriture à l'intérieur ou à l'extérieur de leur famille. D'ailleurs, le nombre de femmes pauvres seules responsables de leurs familles est en augmentation. De ce fait, leur participation dans l'activité des jardins communautaires en tant que modèle de l'agriculture urbaine peut améliorer la situation de la sécurité alimentaire dans ces pays (Figure 1.3). Des études faites dans ce domaine démontrent que le jardin communautaire peut représenter une source importante de la création d'emplois et de revenu familial afin de réduire l'insécurité économique (Mougeot, 2002 ; Asomani, 2002).

Figure 1.3 Le rôle des femmes et l'activité du jardinage communautaire dans les pays en développement, (a)Village Kaur, à Ghana2, (s.d), (b)

Kabale, en Uganda, (200Si

2 www.villageaid.org/

(27)

1.3.1.2 Jardin communautaire dans les pays en développement dans le

contexte de l'urbanisation et l'industrialisation

Dans les pays en développement, durant les dernières années, le phénomène de

l'urbanisation a connu un essor exponentiel en raison de l'exode rural. Ainsi, il

y a eu une tendance au développement des villes sans planification précise

(Pain, 2006). Dans ces pays, le jardin communautaire se présente comme un

type d'agriculture urbaine qui correspond

à

une stratégie de survie.

Dans certaines villes comme

à

Kampala en U ganda, et en raIson de

l'urbanisation rapide, eertaines activités, comme l'agriculture urbaine, ne sont

Î~ "-/t~

pas bien

respectée~!

Ainsi, environ 35% de la population sont des paysans qui

n'ont

p~à

la terre (Nabulo et al. 2006). Selon Asomani (2002), le

manque de terre libre

à

Accra, comme dans beaucoup d'autres villes, est le

problème le plus mentionné par les citadins. Dans ce pays, le manque de

propriété et de sécurité des lieux de culture est un problème fondamental. Selon

lui, les activités associées au jardin communautaire sont un outil qui permet

d'aménager l'espace libre urbain. L'aménagement de jardins communautaires

installés dans des espaces vacants

à

Accra a pu également diminuer l'utilisation

de drogue, en plus de réduire les dépenses de la municipalité afin de maintenir

le paysage urbain. Dans des villes comme Accra, où la construction des

autoroutes et des résidences est une priorité, l'embellissement d'espaces libres

par de la verdure permet d'améliorer la qualité de la vie urbaine.

À

Accra, la

nécessité d'intégration des activités agricoles au milieu urbain est claire,

"cependant, il y a un manque d'espace libre (Asomani, 2002).

De fait, nous remarquons que la disponibilité de l'espace libre pose un

problème, en plus de l'utilisation de fertilisants chimiques et d'herbicides

malgré le coût élevé de ces produits. En conséquence, certains ont recours

à

des

insecticides moins chers, comme le DDT, qui peuvent affecter la qualité de

l'environnement. En somme, l'insécurité, le manque d'espace libre, l'utilisation

des herbicides et des insecticides ainsi que le manque de possession de terre

(28)

sont les principaux freins qui empêchent le développement du jardin communautaire dans les pays en développement (Asomani, 2002) (Figure lA).

Figure 1.4 Utilisation de pesticides dans un jardin communautaire, Kabale, en Uganda, (200St

En outre, une croissance rapide de l'industrialisation en Asie, en Afrique et en Amérique Latine a été enregistrée pendant les années 80 (Smit et al. 1996). Les experts des différents domaines comme les nutritionnistes, les géographes, etc. constatent que les populations font ainsi face

à

des problèmes nouveaux liés à ce phénomène d'industrialisation. Ce dernier ne s'est pas fait sans conséquences sur l'environnement, la qualité de la terre agricole et sur la pollution atmosphérique. Ainsi, l'activité de jardinage communautaire peut relier les villes avec leur environnement et pourrait être la clé de l'urbanisation durable (Deelstra et al. 2000). L'utilisation des plantes et des fleurs peut créer une ville d'une grande beauté et en même temps diminuer la pollution (Dubbeling, 2003).

(29)

1.3.2 Les jardins communautaires en Europe

Selon Warner (1987), l'histoire du jardin communautaire en Europe démontre une certaine activité constante et normalisée. Entre 1800 et 1819 (la date précise n'est pas connue), le premier jardin communautaire moderne sous sa forme actuelle a été construit en Angleterre. Ensuite, en 1819, la création des premiers jardins des pauvres a été réalisée en Angleterre. Vingt ans plus tard, le même phénomène a été observé en Allemagne sous le nom de

«

jardins des pauvres ». Et ce n'est qu'en 1850 que les premiers jardins appelés,

«

l'Oeuvre de Reconstruction de la Famille» ont vu le jour en France (Warner, 1987). La plupart des habitations des villes en Angleterre ont été construites sous forme de blocs appartements (Warner, 1987). Suite au manque d'espace libre, et aussi des jardins en milieu urbain, deux regroupements ont vu le jour au sein de la société anglaise:

«

Philantropy

»

et

«

Self-help

».

C'est ainsi que les propriétaires dans les campagnes ont décidé d'offrir une petite parcelle de leur terre aux citadins afin de favoriser l'activité du jardinage. En même temps, dans les villes, les artisans ont loué collectivement une partie de la terre afin de produire des légumes et des fleurs. Après un siècle, les deux mouvements mentionnés sont passés du niveau national au niveau municipal afin de réserver la terre pour l'activité de jardinage communautaire. Enfin, en 1907, le parlement a obligé les municipalités en Angleterre à fournir des jardins aux ouvriers. C'est également à cette époque que le jardin public a pris la place du jardin privé d'agrément (Wamer, 1987).

En Allemagne, Daniel G. M. Scherber a favorisé la disponibilité d'espaces verts en réaction au mouvement de l'industrialisation. Il a proposé de trouver des espaces libres afin de construire un jardin communautaire à proximité du lieu de travail ou de résidence des ouvriers/jardiniers.

À

l'heure actuelle, ces espaces qui s'appellent

«

Leisure Garden

»

sont transformés en jardins communautaires

(30)

afin d'améliorer la condition économique des citoyens, surtout des femmes et des immigrants (Wamer, 1987) (Figure 1.5).

Figure 1.5 La participation des femmes dans un jardin communautaire à

Hanovre, en Allemagne (s.d)s

En France, au milieu de XIXème siècle, lors de la première révolution industrielle, les jardins ouvriers ont été formés. Ces espaces urbains ont été surtout favorisés par les patrons des usines afin de promouvoir la paix sociale et de contribuer à la santé publique. Par ailleurs, à la fin de cette même époque, une association religieuse a créé un nouveau mouvement favorisant les jardins communautaires, pour des raisons sociales. Ce mouvement était dirigé par la «Ligue du Coin de Terre et du Foyer» (Wamer, 1987). L'augmentation des revenus par la culture des plantes, ainsi que l'amélioration des conditions de la vie familiale ont été alors leurs principaux objectifS (Gueydon, 1996). Ceci se situait dans la foulée de certaines institutions chrétiennes qui, à la fin de

(31)

XIXème siècle, favorisaient la disponibilité de la terre pour les citadins dans un but résidentiel, et pour le jardinage. À cet effet, la conservation de la terre pour l'activité du jardinage a été bien réussie grâce au soutien du gouvernement (Warner, 1987). Ces jardins ont été appelés «jardins ouvriers », puis « jardins familiaux» (Figure 1.6).

À

partir de 1920, les finalités du jardin de type ouvrier se sont distanciées de l'intervention patronale ou religieuse. Le nombre de ces jardins a été augmenté à l'époque de la Guerre en vue de garantir la sécurité alimentaire. Cependant, en 1950, le nombre de jardins a diminué à cause du manque de protection suffisante des terres conservées pour cette activité et de l'existence des autres activités de loisirs (Gueydon, 1996).

Figure 1.6 Un jardin ouvrier à Noisy- le -Sec, en France, (Zachmann, 1994)'

(32)

En France, ces jardins ouvriers avaient une caractéristique particulière, le fait d'être construits en banlieue. En principe, ce sont les familles ayant de nombreux enfants, et à faible revenu, qui ont eu la priorité pour être associées à ces jardins. En raison de la gestion et de la création de ce type de jardin, le nombre de parcelles ne dépassait pas 20 lots de 200 m2. Normalement,

l'entretien et l'aménagement de chaque parcelle incombaient aux jardiniers, mais la gestion était indépendante; elle était assurée directement par la Fédération nationale des Jardins Familiaux en France (predine, 1998).

1.3.3 Les jardins communautaires en Amérique du Nord

En Amérique du Nord, l'histoire des jardins communautaires a commencé à la fin du XIXème siècle. Le travail dans les espaces verts publics a été semblable à celui des jardins familiaux (Cosgrove, 1998). De plus, les deux grandes guerres mondiales ont entraîné une grande révolution au niveau de l'agriculture. Pendant cette période, le Canada et les États-Unis ont fait un effort pour produire des légumes et des fruits dans les jardins communautaires qui s'appelaient à l'époque

«

les jardins de la victoire

»

en raison du devoir patriotique. Ainsi à cette époque, cette activité était à son apogée, d'autant plus qu'il y avait un grand manque d'énergie pour produire de l'herbicide pour l'agriculture massive (Figure 1.7).

(33)

Figure 1.7 Un jardin de la victoire aux Etats-Unis, (City Farmer) (s.d)'

Selon Fairholm (1999), l'établissement du premier jardin communautaire s'est faite entre les années 1890 et 1930 avec les « Railway Gardens ». L'auteur explique que « designed and maintained by the Canadian Pacific Railway, these community gardens were located in town stations across the country. »

Ensuite, ce sont les jardins du nom de « Company Gardens » qui se sont développés par des industriels pour l'épanouissement moral, physique et mental de leurs ouvriers. Avant le développement des jardins autour des écoles, appelés « School Gardens », pour manifester le respect de la nature en ville, les jardins étaient en périphérie (Warman, 1999). Entre 1910 et 1920, le mouvement des vacant lots gardens a été développé: « The poor and unemployed were provided with food and work opportunities and business increased with the greening of cities. » (Von Baeyer, 1984).

Pendant la Première Guerre mondiale, les « Liberty Gardens » ont été construits en raison des circonstances difficiles qui ont engendré un manque de nourriture. Pendant les deux guerres mondiales, les « Relief Gardens » ont pu répondre aux

(34)

besoins des citadins. À l'époque du second conflit mondial, les

«

Victory Gardens

»

ont été alors développés. Les années 1965 et 1979 ont vu la naissance du mouvement du counter - culture. Enfin, après les années 1980, le

mouvement open-space a été appliqué à la popularité du jardin communautaire

(Warman, 1999).

1.3.3.1 Organisation et gestion du jardin communautaire au Canada et aux États-Vnis

D'après Francis et al. (1984), le jardin communautaire est un outil qui favorise la création des relations sociales, le bien psychologique et la disponibilité des aliments frais. Au cours des dernières années, le mouvement des jardins communautaires a pris une valeur considérable aux États-Unis et au Canada. Les différentes recherches réalisées par le Bureau Canadien de l'Agriculture Urbaine et de l'American Community Gardening Association (aux États-Unis) (AC GA) ont démontré que les raisons pour développer des jardins communautaires dans ces deux pays sont différentes (réinsertion sociale et d'autres considérations économiques, environnementales et éducatives).

Selon Cosgrove (1998), le développement des jardins communautaires aux États-Unis est plus fort qu'au Canada

«

because of the challenges of urban . disinvestments, decay, riots and poorly planned urban renewal schemes which resulted in large amount of open space in central city are as

».

Néanmoins, malgré l'existence d'un soutien fort par l'organisation communautaire de ces jardins, il n'y a pas de surveillance ni de soutien direct de la municipalité concernant cette activité aux États-Unis (Davidson et al. 1999).

Après l'essor de l'agriculture urbaine en 1979, l'association des jardins communautaires des États-Unis (1'ACGA) fut créée et le concept du jardin communautaire s'est développé très rapidement. Cette association a mis l'accent sur l'aménagement des jardins communautaires en milieu urbain afin d'améliorer la qualité de vie des citadins (Pedneault et al. 1996). Au Canada, la

(35)

première réunion communautaire

à

cet effet a eu lieu en 1996

à

Montréal,

même si cette dernière n'était pas officielle.

1.3.3.2

Le jardin communautaire au Canada

Lindayati (1996) explique bien le mouvement du jardin communautaire au

Canada:

«

Community gardening in Canada began to flourish again in the 1970s due to

the growing number of abandoned lots, the facts that parks were too distant .

from the neighbourhoods they served, and the increasing city density which

caused land to be less affordable. Other trends, such as growing environmental

awareness ( ... ), more lei sure time, rising food prices, and community

self-determination, also facilited this movement.

»

Dans les villes canadiennes, le jardin communautaire peut être considéré de

différentes manières.

À

Toronto, le rôle du jardin communautaire se résume

plutôt au fait de fournir les produits de la terre aux personnes démunies. Le

problème

à

Toronto, c'est qu'il n'y a pas assez de terrains vacants pour mettre

en place des jardins communautaires. Le même problème a été constaté

à

Vancouver, avec environ 2000 jardiniers en 1997 répartis dans 30 jardins.

À

Winnipeg, les jardiniers donnent une partie de leur production aux banques

alimentaires.

À

cet effet, environ un demi million de kilos de nourriture a été

donné

à

la

Harvest Food Bank

(Pfeiff, 2004).

Pour ce qui est de la ville d'Edmonton, les principaux objectifs des jardins

communautaires sont: la renaissance de la ville par la population, avoir un

accès facile

à

la nourriture et donner un sentiment d'économie aux jardiniers.

La participation des résidents, en tant qu'amateurs de jardinage, celle des

organismes qui soutiennent cette activité et la participation des municipalités a

été un succès remarquable (Egyedy, 1995). En revanche,

à

Victoria, le jardin

communautaire est plus populaire auprès des propriétaires et

de~

personnes

(36)

âgées. TI Y a aussi des rapports qui indiquent que des groupes bénévoles ont construit douze jardins pour les écoles (pfeiff, 2004) (Figure 1.8).

Figure 1.8 Les jardins des écoles à Victoria, (Pfeiff, 2004)8

Au Québec, en 1996, tel que Pedneault et al. (1996) l'ont démontré, dans 30 municipalités il y a eu un programme de jardins communautaires totalisant 128 jardins, dont 72 à Montréal et 7 à Québec. La ville de Montréal est celle où le mouvement des jardins communautaires s'est le mieux développé en Amérique du Nord (Cosgrove, 1998). En effet, selon Cosgrove:

« The community gardening program of the City of Montreal is by far the largest and best organized program in Canada. This Îs probably the result of the incorporation of gardening into the overall plan for community development.

»

Ce succès des jardins communautaires à Montréal est attribuable au soutien administratif et politique et à l'existence de programmes spécifiques à l'échelle locale (Bouvier, 2001).

(37)

1.3.3.3 Évolution du concept du jardin communautaire à Montréal

À

Montréal, deux événements sont à l'origine du développement des jardins communautaires. Entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale, le premier jardin communautaire montréalais a été créé par des immigrants européens, surtout des Italiens et des Portugais, sur des lots vacants et de façon informelle (Cosgrove, 1998). Pour sa part, le Jardin botanique, construit en 1938, a été conçu comme un jardin écolier (Ville de Montréal, 2004). Deschênes (1996) souligne qu'il existait environ 1,916 jardins pour les écoles du Québec, car au début du siècle, les communautés religieuses ont joué un rôle important dans la prise de décision concernant les différents événements à Montréal. Cependant, suite à leur perte d'influence, les jardins écoliers ont disparu du paysage urbain montréalais.

Le deuxième phénomène a eu lieu pendant les années 1970, où certains citadins du quartier Centre-Sud de Montréal ont utilisé un lot vacant afin de cultiver des légumes et des plantes fleuries. Selon la Ville de Montréal, la forme actuelle du jardin communautaire suit encore la même forme connue depuis les années 1970. Par ailleurs, le premier jardin communautaire a été construit avec le soutien du Jardin botanique et de l'Office de l'embellissement de la ville (Cosgrove, 1998 ; Ville de Montréal, 2004). Reste à souligner que la politique actuelle de la Ville de Montréal concernant la construction de nouveaux jardins communautaires est basée sur la disponibilité d'espaces vacants, de même que sur le nombre de demandes et les caractéristiques du quartier (Ville de Montréal, 2004).

Selon différentes études (Boulianne, 1999; Mougeot, 1994), les jardins potagers collectifs urbains présentent un outil capable de répondre à une partie des besoins des citadins, dont la sécurité alimentaire, les outils d'insertion familiale, économique et sociale, ainsi que la revitalisation d'espaces urbains sur le plan

(38)

environnemental (Cérézuelle, 1996). La popularité de l'utilisation des jardins potagers collectifs urbains est en augmentation afin de régler certains problèmes citadins, selon les pays. À Montréal, le jardin communautaire permet aux citadins de pratiquer l'activité du jardinage et d'avoir un espace de loisir peu coûteux en milieu urbain (Bouvier, 2001).

1.3.3.4 La situation des jardins communautaires à Montréal

Tel que Pedneault et al. (1996) l'ont expliqué, Montréal gère le programme municipal le plus important dans la province de Québec. Selon The American Community Gardening Association (ACGA), Montréal a le meilleur programme canadien d'organisation des jardins communautaires. Le nombre de jardins communautaires est passé de 72 jardins, en 2001, à 97 en 2004. La participation est d'environ 1,5% des adultes montréalais dans cette activité, et une liste d'attente pouvant durer de 2 à 3 ans, prouve le succès du jardin communautaire à Montréal (Ville de Montréal, 2004).

Les jardins potagers collectifs de la ville de Montréal prennent différentes formes en raison du mode de fonctionnement. La plupart de ces jardins sont conçus pour l'utilisation publique et gérés par la municipalité. Certes, le Jardin botanique est plutôt considéré comme une forme moderne de jardinage d'écoliers à vocation éducative (Bouvier, 2001). Les jardins semi-publics sont aussi un type de jardin communautaire ouverts à une population spécifique, à but non lucratif et subventionnés par des fonds publics. Pedneault et al. (1996) affirment qu'il y a certains jardins créés par des centres pour personnes âgées, des garderies, des centres de loisirs, et aussi certaines institutions hospitalières à but thérapeutique. Selon Cosgrove (1998), il existe également des jardins informels situés sur des terrains vacants qui sont gérés collectivement par certains citadins.

(39)

1.3.3.5 La gestion des jardins communautaires

à

Montréal

Le programme des jardins communautaires est géré avec la coordination de

trois services

à

Montréal (Pedneault et al. 1996): le Service des sports, des

loisirs et du développement social; le Service des parcs, des jardins et des

espaces verts; et le Service des travaux publics et de l'environnement. De plus,

la collaboration des bénévoles joue un rôle crucial dans le développement de

ces espaces.

La gestion du programme des jardins communautaires, la planification et la

coordination, entre autres, incombent au Service des sports, des loisirs et du

développement social de la ville de Montréal. Le responsable du programme,

les agents de développement et les animateurs horticoles des jardins sont

rattachés

à

ce service. L'achat des terrains, l'aménagement et l'entretien des

jardins communautaires font partie du travail du Service des parcs, des jardins·

et des espaces verts. Ce service décide de créer un nouveau site ainsi que

d'augmenter la superficie des jardins communautaires. L'application des·

programmes Éco-quartier, la gestion des entrées d'eau et des déchets et la.

réalisation du compostage en utilisant des résidus organiques incombent au

Service des travaux publics et de l'environnement (Ville de Montréal, 2004).

Dans le jardin communautaire, les bénévoles jouent un rôle très important au

niveau de l'animation du jardin et de l'implication de ses membres (Pedneault et

a1.1996). Selon la Ville de Montréal, les bénévoles dans le jardin sont

responsables d'accueillir les nouveaux membres, de bien encadrer les jardiniers,

et d'organiser des activités, comme les fêtes, etc.

Dans chaque jardin communautaire, il

y

a un comité qui rassemble trois

à

cinq

personnes qui sont responsables de l'animation du jardin. Le comité comprend

au minimum un président, un secrétaire et un trésorier qui sont choisis de façon

démocratique par les jardiniers. Ce comité assure l'organisation des activités

(40)

sociales, la liaison entre les jardiniers et l'animateur horticole ou l'agent de développement (Ville de Montréal, 2004).

1.3.3.6 Le fonctionnement et les règlements dans le jardin

Les jardins se divisent en lots ayant une grandeur d'environ 18 m2 (trois mètres de largeur et six mètres de longueur). Chaque jardinier a le droit d'utiliser un lot. Parfois, il y a des cabanes, selon la surface du jardin, pour le rangement des outils. Selon le règlement, le travail dans le jardin peut se faire entre le lever et le coucher du soleil. La distribution de l'eau pour l'arrosage se fait de façon à donner un accès équitable aux jardiniers. Chacun d'entre eux possède une clé pour entrer dans le jardin pendant la période autorisée. Toutefois, la compagnie d'animaux domestiques n'est pas permise (Ville de Montréal, 2004).

Afin de bien favoriser l'activité du jardinage, les jardiniers sont obligés de respecter certains règlements. Ces derniers sont bien indiqués dans le cahier de· gestion du programme des jardins communautaires de la ville Montréal. Ces jardins sont à la disposition exclusive des citadins montréalais. Ces derniers payent, selon une tarification déterminée par la Ville, des frais de dix dollars par année. Ces frais peuvent être augmentés à vingt dollars selon les comités. À noter que les citoyens qui bénéficient des prestations d'aide sociale ne payent pas de frais pour le jardin. L'attribution du lot se fait de façon démocratique, sans donner de priorité particulière à quiconque (Ville de Montréal, 2004). L'entretien du jardin est particulièrement important. Afin de lutter contre les mauvaises herbes et les différentes pathologies, les jardiniers doivent avoir recours à des méthodes écologiques. Certaines allées doivent être nettoyées collectivement, d'autres individuellement. En cas de non-respect des règlements du jardin, un premier avis est donné verbalement par le comité, et un deuxième par écrit signé par un membre du comité et l'animateur horticole. Le jardinier doit réagir dans un délai de dix jours, faute de quoi une décision sera prise par l'agent de développement et l'usager du jardin n'aura plus le droit de faire une

(41)

nouvelle demande à un jardin communautaire dans les trois prochaines années (Ville de Montréal, 2004).

1.3.4 Le rôle environnemental des jardins communautaires

Selon les règlements des jardins communautaires, il faut toujours garder le jardin propre en raison de ses impacts sur la vie du quartier. En effet, le jardin favorise l'assainissement du climat et participe à l'édification d'un beau paysage. En outre, les jardiniers jouent un rôle très important dans la sauvegarde de la biodiversité en milieu urbain en utilisant une grande variété de plantes. C'est une façon de favoriser le concept du développement durable en milieu urbain (Viljoen et al. 2005).

Il existe différents impacts positifs des jardins communautaires sur l'environnement, mais parfois en milieu urbain, la contamination des sols et l'utilisation abusive des pesticides sont des éléments qui freinent le développement de ces espaces. D'autre part, les jardiniers ont tendance à exploiter leur terrain au maximum (Pedneault et al. 1996).

La production du compost à partir des déchets organiques et l'amélioration de la qualité du sol sont des activités de mise en valeur. Avec le compost organique, l'érosion du sol est mieux contrôlée, car ce dernier retient mieux l'eau. Le compost dans le jardin se fait de façon plus naturelle par le ramassage des feuilles et le reste des récoltes et résidus, et fait en sorte de diminuer l'insalubrité de l'environnement (Conseil canadien du compostage)9. Tel que Rees (1997) l'explique:

«

Domestic organic waste (including human liquid and solid waste) can be treated, composted, or otherwise processed into soil conditioner and fertilizer and returned to nearby garden and farmland )). Par

(42)

ailleurs, cela contribue à avoir une eau moins polluée près de la ville (Rees, 1997).

1.3.5 Le rôle économique des jardins communautaires

Il Y a trois avantages économiques importants qui sont liés à la production des produits agricoles à proximité des lieux de résidence. Le premier réside dans la proximité du jardin, en plus d'une économie des frais d'emballage des aliments, étant donné qu'ils ne sont pas destinés au marché. Le deuxième avantage est lié à une certaine économie au niveau des frais de transport des aliments. Enfin, le dernier avantage, c'est que nous pouvons produire des composts organiques dans le jardin lui-même. Ce dernier élément diminue les dépenses concernant les composts artificiels (Rees, 1997).

Il est à signaler que les jardiniers peuvent ainsi bénéficier de légumes et de fruits frais à moindre coût que dans le marché conventionnel. Par exemple, une parcelle de 200 pi2 régulièrement entretenue peut représenter des bénéfices de 100 ou 200$ CAD, alors que le jardinier ne dépense que 50 ou 60$ pour cette dernière (Pedneault et al. 1996).

1.3.6 Le rôle social des jardins communautaires

Le jardin communautaire établit une relation entre les jardiniers eux-mêmes et les membres administratifs ainsi que leur voisinage. Le jardin communautaire est un lieu qui stimule les interactions sociales. De ce fait, il aide à faire régner une sorte de sécurité dans le quartier et améliore aussi les échanges entre les citadins. L'utilisateur d'une parcelle pourrait chercher des conseils chez les autres pour trouver un moyen afin de faire face à certains problèmes, comme par exemple, la présence d'un parasite dans son terrain (Pedneault et al. 1996). Le jardin présente aussi un espace de vie démocratique où l'implication des jardiniers se fait comme une tradition (Bouvier, 2001). Les activités dans le

(43)

jardin comportent, entre autres, des fêtes, des soupers, la participation à des campagnes d'embellissement, l'organisation de journées portes ouvertes, etc. Ces activités sont des occasions où les jardiniers se rencontrent de façon systématique et cela oblige ces derniers à se connaître entre eux. Parfois dans le jardin communautaire, nous pouvons trouver une distance sociale importante entre les jardiniers, mais l'activité de jardinage engendre un point commun entre eux et permet de réduire cette distance (Bouvier, 2001).

À

leur tour, le paysage et les activités dans le jardin sont différents d'un jardin à l'autre. Cela correspond au caractère des membres responsables ainsi que l'histoire même du jardin. Par exemple, dans un jardin communautaire où la plupart des jardiniers sont québécois de souche, il y a des activités comme l'épluchette de blé d'inde qui prend ses racines dans la culture québécoise (Pedneault et al. 1996).

1.3.7 Motivations

et

activités

au

sein

des

jardins

communautaires

Le jardin collectif urbain, de type jardin communautaire, est animé par différentes motivations de jardinage. Selon Gueydon (1996), chaque jardinier gère son lot en privilégiant l'aspect économique ou l'entraide et l'échange, ou le loisir et l'éducation. De plus, l'activité du jardin communautaire est une activité de savoir-faire. En effet, les utilisateurs de jardin aiment suivre la croissance des plantes. Ils peuvent connaître les insectes utiles et inutiles et la façon de produire des composts organiques en cherchant dans les différents documents et en consultant d'autres jardiniers. Par l'augmentation de leurs connaissances, ils arrivent aussi à tisser une certaine relation sociale, et à renforcer le lien entre l'individu et son environnement (Pedneault et al. 1996; Boulianne, 1999). Selon Rees (1997) le jardinage communautaire est une activité qui fournit de la nourriture pour la ville afin de diminuer la dépendance aux ressources

Figure

Figure 1.2  Le jardin communautaire de la  Savane dans un quartier  résidentiel, (Délavar, 2007)
Figure 1.3 Le rôle des femmes et l'activité  du  jardinage communautaire  dans les pays en développement, (a)Village Kaur, à  Ghana 2 ,  (s.d),  (b)
Figure 1.5 La participation des femmes  dans un jardin communautaire  à  Hanovre, en Allemagne (s.d)s
Figure 1.6  Un jardin ouvrier  à  Noisy- le -Sec, en France, (Zachmann,  1994)'
+7

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Fiche réalisée par Sandrine Benard Extrait de C’est plus qu’un jardin – Planter Tous droits réservés – © 2022 TV5 Québec Canada1. Source des images : Getty Images