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REVES PREMONITOIRES DES FEMMES GESTANTES

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Academic year: 2021

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HAL Id: halshs-01261876

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01261876

Submitted on 25 Jan 2016

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REVES PREMONITOIRES DES FEMMES

GESTANTES

Alain-Fidèle Mansiantima Miankenda

To cite this version:

Alain-Fidèle Mansiantima Miankenda. REVES PREMONITOIRES DES FEMMES GESTANTES. Psychologie et Société Nouvelle, entre Africain de Recherche et d’Action Sociales (CARAS), 2013, Économie, Société, Éducation, Psychologie et Société, X.II (1). �halshs-01261876�

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REVES PREMONITOIRES DES 

FEMMES GESTANTES

Par  MANSIANTIMA MIANKENDA Alain­Fidèle  Assistant à l’ISTM­Kimpese, B.P.62, IME­KIMPESE/Bas­Congo/R.D.C.  Tél : (+243) 81 857 51 07  E­mail : mansiantima@yahoo.fr

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RESUME

La grossesse est onirogène. Elle a un impact significatif sur les activités psychiques en  général, et en particulier sur celles d’ordre onirique.

Ainsi, l’exposé présenté dans les lignes qui suivent contribuera à une meilleure prise   en   charge   de   la   femme   gestante,   cela   par   un   diagnostic   psychologique   affiné   et   par   le   counsiling qui limiterait les dégâts de cas d’accouchements prématurés, fausses couches ainsi   que les frais d’accouchement par césarienne.  I.  INTRODUCTION La femme enceinte demande une attention et des soins spéciaux. Cette aide ne peut pas  se borner à une assistance purement technique, physique, biologique ou physiologique, mais  doit être en même temps psychologique, sinon psychosociale. Selon les études menées sur des adolescentes de 13 à 17 ans à l’hôpital provincial  général de référence de Kinshasa (autrefois appelé l’hôpital Mama Yemo), il a été observé  30.3% de cas de mort en couches ; 21.1% de cas de césarienne ; 17.1% de cas de mort­nés ;  1.3% de cas de psychose puerpérale (MUZEMBO, B., 2004). En outre, en France on dénombre 12% des accouchements par césarienne contre 20%  aux Etats­Unis (DAUM, M­F. et al., 1998). On peut se demander si l’environnement mental ou  l’état psychologique de ces femmes a été suffisamment pris en compte. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) affirme que, dans le monde, environ 80%  des   décès   maternels   résultent   directement   des   complications   de   la   grossesse,   de  l’accouchement ou des suites des couches (OMS, 1999). Pourrait­on éviter ces accidents et  comment ? Dans le même ordre d’idées, il est observé que pour un bon nombre de fausses couches  la cause est inconnue ou difficile à mettre en évidence (ROTSART DE HERTAING, I. et  COURTEJOIE, J., 2001). A la vue de ces constats, il y a lieu de s’interroger s’il n’y a pas une composante  psychologique qui n’a pas été prise en compte, afin de réduire tant soit peu les dégâts ? Nous pouvons sans doute penser à un manque de préparation psychologique dont les femmes  enceintes sont victimes. Dans notre travail de fin du premier cycle à propos de l’opinion des chrétiens sur le  rêve,   nous   avons   constaté   que   les   sujets   féminins   y   attachent   plus   d’importance  (MANSIANTIMA, M., 2003).

S’agissant du sexe ratio, les femmes rêvent plus que les hommes et se souviennent plus  facilement de leurs rêves. Les études scientifiques ont montré que si l’on réveille une femme  en phase du sommeil paradoxal, 95% en donnent un récit cohérent contre 80% pour les  hommes. Il reste à savoir pourquoi les femmes rêvent plus que les hommes ?

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De   plus,   les   rêves   des   femmes   sont   deux   fois   plus   longs   que   ceux   des   hommes,   mais  généralement avec un contenu plus désagréable (cauchemars, anxiété, …) (CRABBE, J­M.,  2002). En outre, en milieux urbains ou en campagne, les attentes de la femme enceinte se  traduisent plus souvent par des rêves de mise au monde. C’est dire que le rêve est aussi le  signe par lequel l’avenir est perçu.

Au   cours   d’un   entretien   sur   les   rêves   prémonitoires   avec   les   femmes   gestantes  fréquentant le service de gynécologie­obstétrique de l’hôpital de N’djili, celles­ci ont reconnu  avoir   fait   un   accroissement   d’activités   oniriques   par   rapport   à   leur   état   normal.   Les  observations suivantes ont été notées : sur 30 femmes enceintes, 10, soit 33.3% ont reconnu  avoir fait des rêves prémonitoires. Quel a donc été le contenu onirique de ces 33.3% ?  6 femmes ont fait des rêves avec détermination des sexes ;  2 femmes ont vu naître des jumeaux ;  1 femme a rêvé un mort­né ;  1 femme a vu naître un infirme. Ces femmes ont des statuts civils (célibataires, mariées) et gynécologiques différents  (primipares,   multipares,   grandes   multipares) ;   et   témoignent   avoir   des   rêves   avant   la  conception, au début ou à la fin de la grossesse.

Toutes   ces   considérations   sur   le   rêve   alimentent   l’environnement   mental   de   la  population congolaise en général, et en particulier celui des femmes et autres jeunes filles  avec ou sans grossesse. Eu égard à ce qui précède, quel que soit le niveau d’instruction, l’homme a toujours  cherché la signification des productions oniriques. Celles­ci tiennent compte des croyances  ancestrales, des valeurs socioculturelles actuelles et des structures et modes de pensées. Ces  faits motivent nos multiples interrogations : Y­a­t­il une relation entre la grossesse et l’intensification des activités oniriques chez les  femmes gestantes ? Comment cette catégorie de femmes perçoit­elle ces rêves dont la plupart  ont un caractère prémonitoire ? Quel est le contenu de ces rêves ? Et quelle est l’opinion de  ces femmes vue la coïncidence de ces rêves et leur réalisation ? Pour pouvoir répondre à ces questions, nous avons mené notre étude à l’hôpital de  N’djili de Kinshasa, en République Démocratique du Congo. II.  METHODOLOGIE : Méthode, Approches et Techniques La présente étude est essentiellement prospective, raison pour laquelle nous avons  privilégié  l’observation  des   faits   comme   méthode.   Il   s’agit   de   décrire   dans   une   double  perspective : extrospective et introspective. Celle­ci implique que l’attention soit centrée sur  l’objet d’étude : le phénomène onirique.

Comme approches, nous avons privilégié :  l’approche clinique, ou « étude de cas »,  vue le caractère individuel du phénomène observé.

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L’approche expérimentale, il s’agit de l’exploitation des expériences non pas provoquées, mais 

invoquées   et   vécues   par   des   femmes   gestantes   au   cours   des   entretiens   psychologiques  individuels.

La technique. Il s’agit de l’aspect instrumental de l’observation. Pour cela, nous avons  eu recours à trois techniques, à savoir :

1.Le   questionnaire   guide   d’entretiens   cliniques,   car   l’entretien   en   psychologie   clinique 

constitue une des pièces maîtresses du bilan psychologique. 2.Les techniques projectives, à tout prendre, nous avons sélectionné deux tests en vue de  dégager quelques indices à la fois révélateurs et significatifs : le test de l’Arbre de Koch et  le test de Famille. 3.Les techniques documentaires, fournissent des données et informations contenues dans les  dossiers médicaux, les services des archives de l’hôpital. Dans ces dossiers on peut lire les  rubriques suivantes : l’identité de la femme gestante, les renseignements généraux, les  rendez­vous, la perte de sang, la décision de la maternité, la conclusion, l’accouchement. 2.1. Qui sont ces femmes ? Nous avons choisi 20 (échantillon aléatoire) parmi les 65 (population) qui devront  accoucher dans les trois mois (février, mars et avril de l’année 2005) de notre enquête sur  terrain. Dans l’ensemble, ces 20 cas ont été analysés en « post face » en vue de mettre en  évidence et de confirmer la dimension prémonitoire des productions oniriques. 2.2. Dépouillement des données Les données sont recueillies et dépouillées sur base du thème général rêve et grossesse.  Ce thème renferme les sous­thèmes suivants : ­ L’histoire de l’enfance de la femme gestante et du mariage, ­ Le vécu de la grossesse actuelle et/ou des anciennes, ­ L’activité onirique de la femme en situation de grossesse,  ­ Les données des tests (de l’Arbre et dessin de Famille). Nous avons aussi tenu compte des indicateurs sociaux, notamment, l’âge de la femme  enceinte, sa position dans la fratrie, son niveau d’étude, le nombre de grossesse, la tribu (ou la  province d’origine), l’âge et la catégorie socioprofessionnelle du géniteur. Les données cliniques sont obtenues au cours des entretiens psychologiques duels  « cliniques armées ». Par ailleurs, les cas présentés ont été étudiés en tenant compte des  normes d’éthique et déontologiques, c’est­à­dire, les noms et postnoms ou prénoms sont des  pseudonymes. De même, toute modification des lieux et dates sont rendus anonymes pour les  mêmes raisons d’éthique. Ci­joint en annexe, à titre illustratif, le cas Denise.

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Nous présentons de manière synoptique dans le tableau qui suit, et cela pour chaque  cas, les productions oniriques d’une part, la réalisation de ces rêves et le profil de personnalité  d’autre part. Les cas sont numérotés de 1 à 20. 2.3. Données cliniques de nos parturientes avant et après l’accouchement Cas cliniques Productions oniriques  prémonitoires Réalisations :  coïncidences Profil de personnalité :  Indices graphiques 1. Denise « Une ambulance de la  maternité Bomoï de  l’Armée du Salut…  femme et bébé  ensevelies… » Naissance  d’une fille ­Introversion ­Hypersensibilité et  sensitivité ­Aptitudes intellectuelles  moyennes 2. Clotilde « Je mets au monde un  nourrisson de sexe 

masculin » Naissance d’un garçon

­Intelligence moyenne ­Introversion ­Moments très forts  d’extratensivité 3. Françoise « … les amis  m’informent de la  naissance d’un beau petit  garçon » Naissance  d’un garçon ­Insuffisances intellectuelles ­Sensibilité ­Introversion 4. Nzeyidio « ... mon plus beau rêve  parlait de la mise au 

monde d’une fille » Naissance d’une fille

­Sens d’observation affecté ­Introversion avec dominante  d’extratensivité ­Grossesse = monde opaque 5. Sonia « J’ai mis au monde un  petit homme, souriant et  beau » Naissance  d’une fille ­Insuffisances intellectuelles ­Nette tendance à  l’introversion ­Moments très forts  d’extratensivité 6. Thérèse « … souvent, je rêve des 

bébés filles » Naissance d’une fille ­­Insuffisances intellectuellesFixation au stade phallique ­Introversion

7. Augustine « Je me vois mère avec 

un nourrisson en mains » Naissance d’une fille

­Intelligence en­dessous de la  moyenne ­Personnalité schizoïde ­Introversion 8. Jeanne « J’ai mis au monde un  petit garçon… Toute la  famille était en liesse » Naissance  d’un garçon ­Aptitudes intellectuelles  pratiques ­Fixation à des états infantiles ­Tendance à l’introversion et  des moments  d’extratensivité

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9. Nkiawete « Souvent, je mets au 

monde un garçon » Naissance d’un garçon

­Intelligence frustre ­Concentration faible

­ Tendance introversive avec des  moments d’extratensivité 10. Melima « …une voix qui me dit : 

c’est mon fils » Naissance d’un garçon

­Intelligence pratique,  manuelle ­Sensitivité ­Introversion 11. Bernadette « … je voyais naître une 

jolie fille » Naissance d’une fille

­Faible aptitude intellectuelle ­Difficulté de communiquer ­Nette tendance à  l’introversion 12. Mamie « … j’ai mis au monde  un garçon, mon mari vint 

m’embrasser » Naissance d’une fille

­Intelligence moyenne ­Impulsivité

­Introversion et moments  d’extratensivité

13. Honorine « … une jolie fillette me 

désigne pour sa maman » Naissance d’une fille

­Infantilisme ­Aptitude intellectuelle très  faible ­Introversion et moments  forts d’extratensivité 14. Véronique « … nous tenions un  bébé, un beau petit 

garçon au milieu » Naissance d’un garçon

­ Intelligence pratique ­ Introversion avec des moments  forts d’extratensivité 15. Espérance « En rêve notre prophète  me dit : « Tu vas mettre  au monde un envoyé de  Dieu comme moi » » Naissance  d’une fille ­ Aptitude intellectuelle  moyenne ­ Fixation au stade phallique ­ Introversion avec des moments  très forts d’extratensivité 16. Katy « J’avais mis au monde  un garçon, ma mère  morte est venue  m’aider » Naissance  d’une fille ­Aptitude intellectuelle  moyenne ­Fixation au stade phallique ­Introversion avec des  moments très forts  d’extratensivité 17. Mado « …à la maternité,  soudain, j’ai fait un mort­ né » Naissance  d’un mort­né ­Intelligence pratique ­Sensibilité ­Introversion avec des  moments très forts  d’extratensivité 18. Clémentine « …le plus agréable rêve  et récurrent est imagé par 

la naissance d’une fille » Naissance d’une fille

­Intelligence faible ­Infantilisme

­Introversion avec des  moments très forts  d’extratensivité

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19. Judith

«Mon dernier rêve est  résumé par la naissance 

d’un garçon » Naissance d’un garçon

­Intelligence faible ­Infantilisme ­Difficulté de communiquer ­Nette tendance introversive 20. Moseka « …j’avais vu maman me  dire que je mettrai au 

monde un garçon » Naissance d’un garçon

­Intelligence moyenne ­Infantilisme ­Introversion et quelques  moments d’extratensivité Source : Tableau réalisé par nous­même pour illustrer l’analyse d’avant et l’après accouchement et le profil de  personnalité. Constats : 1. La relation entre l’état de grossesse et la production onirique a été mise en  évidence au cours des données cliniques avant l’accouchement. 2. Au niveau de la personnalité, les épreuves projectives ont mis en évidence  l’importance   des   traits   des   caractères   qui   sont   communs   à   toutes   ces   femmes  gestantes :

a) L’introversion   est   un   trait   commun   à   toutes   les   femmes.   Ainsi,   la  grossesse est un moment fort de la maternité et a donc une résonance intime  particulière. La grossesse confirme la femme dans la maternité.

b) La sensibilité, l’hypersensibilité et la sensitivité : devenue sensible ou  hypersensible sur le plan affectif, la grossesse rend la femme impressionnable,  c’est­à­dire,   capable   d’imprimer   ou   d’actualiser   des   souvenirs   et   affects,  capable de les recevoir et de les émettre ou de les rendre sous les manifestations  oniriques. c) Les aptitudes intellectuelles connaissent une certaine régression qu’on  ne peut pas toujours imputée à la grossesse, mais certains états pathologiques,  le cas Augustine (cas 7) par exemple, probablement prémorbide, mais amplifié  par la grossesse, peuvent être générateur des productions oniriques. Dès lors,  l’état de grossesse associé à un état psychique prémorbide peut occasionner des  rêves. 3. Les productions oniriques prémonitoires sont d’une interprétation simple et  directe. Les femmes gestantes se donnent elles­mêmes la signification de leurs  rêves.   Le   contenu   latent   est   identique   au   contenu   manifeste.   Les   craintes   et  angoisses ne sont pas seulement imaginées ou fantasmées, mais également vécues  sur le plan du réel.

4. L’analyse en post face des activités oniriques de ces 20 femmes donnent des  coïncidences   significatives.   Nous   avons   visité   ces   femmes   après   leur  accouchement. L’enquête ultime montre que 14 femmes, soit 70% ont vu leurs  rêves se réaliser.

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III.  CONCLUSION

Cette étude purement clinique atteste l’existence de la relation plus ou moins directe de  l’état de grossesse et l’état onirique, c’est­à­dire, production de l’état psychique.

La   grossesse   est   onirogène   et   entraîne   l’intensification   voire   l’amplification   de   ces  productions.

Le caractère prémonitoire reste tributaire de trois facteurs : deux endogènes et un  exogène.   L’état   physiologique   et   l’état   psychique   constituent   les   facteurs   endogènes,  l’environnement mental constitue à cet effet le facteur exogène.

Toutefois, ces résultats ne sont pas généralisables. Notre conclusion n’est valable que  pour  les  20 cas  étudiés.  Et  pour  étendre  cette  conclusion  sur  une  large population  nous  suggérons l’approche statistique. BIBLIOGRAPHIE A. OUVRAGES 1. DAUM, M­F. et coll., (1998), Le grand livre de la santé, France Loisirs, Paris. 2. DOMINIQUE, M. et FREMY, M., (2000), Quid, Robert Laffont, Paris. 3. ROTSART DE HERTAING, I. et COURTEJOIE, J., (2001), Maternité et santé, BERPS,  Kangu Mayumbe. 4. SILLAMY, N., (1999), Dictionnaire de Psychologie, Larousse, Paris. B.  REVUE SCIENTIFIQUE

1. OMS,   (1999),   Réduire   la   mortalité   maternelle   in  Déclartaion   commune 

OMS/FNUAP/UNICEF/Banque Mondiale, Genève.

C.  TRAVAIL DE FIN DE CYCLE ET MEMOIRE

1. MANSIANTIMA,   M.,   (2002­2003),  Rêve   selon   les   chrétiens   de   la   Communauté 

Evangélique du Congo, TFC, FPSE, Unikin, Kinshasa. 2. MUZEMBO, B., (2003­2004), Gravido­puerpéralité des adolescentes de 13 à 17 ans à  l’hôpital provincial général de référence de Kinshasa, Mémoire, FM, Université Kongo,  Kisantu. D. WEBIOGRAPHIE 1. CRABBE, J.M., (2002), Faut pas rêver, http://membres.lycos.fr/jmcmed/reves

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ANNEXE

Denise et l’ambulance provenant de la maternité A.Identité

Agée de 24 ans,  élève en 2ème  année de l’Institut Technique Médical…, mariée à 

Monsieur Tolendo, 36 ans, gradué en gestion douanière. Elle est enceinte depuis huit mois.  C’est sa deuxième grossesse. Denise est orpheline de père à 16 ans et de mère à 18 ans ; d’une  fratrie de 5 enfants dont trois garçons et deux filles, elle est la cadette de la famille. Le couple  est originaire de la province de Bandundu, réside à Kinshasa depuis quelques années… B.Extrait du récit autobiographique J’étais la fille chérie et choyée de mes parents, surtout de maman. Ils étaient d’un   niveau économique et socioculturel élevé, malheureusement ils sont morts à mon jeune âge.  Mon grand­frère aîné m’a prise chez lui mais au prix de châtiments pénibles de la part de sa  femme. Vue cette maltraitance qui m’a été influgée, j’avais perdu mon estime en tant que   femme et mère. Je me disais que je n’aurais plus que trois enfants au lieu de cinq que je   confessais souvent à ma mère. Je voulais faire une famille comme la sienne, mais… Vu le climat défavorable entretenu par la belle­sœur, je n’avais plus qu’un choix :  chercher à quitter à mes risques et périls. J’avais donc fais connaissance de mon mari actuel.   A l’époque il était chômeur, mais il avait déjà « un chez lui » et donc en position d’homme   capable de prendre une femme en charge. Il me rendit grosse avec mon consentement. C’était  un salut pour moi. Mais, le grand­frère et quelques membres moins influents de notre famille   me confièrent sous son entière responsabilité, contre toute attente sans frais, ni dot. Par   ailleurs,   l’oncle   paternel   au   village   n’était   pas   content   de   cette   décision  (elle   hoche 

négativement la tête).

Depuis lors, mon beau­père et deux frères de Tolendo qui vivaient au village sont   venus élire domicile sans avertissement chez nous. Alors que la capacité d’accueil de la   maison   est   très   limitée,   nous   sommes   donc   à   six.   La   situation   est   devenue   grave :   j’ai  maintenant quatre maris qui me commandent. Mon beau­père donne des ordres et à mon mari  et à moi, je n’ai même pas le droit de protester. Depuis, mon mari s’est rangé au camp de son   père ; il ne parle plus de la dot, ni de mes études, moins encore de mon enfant et de l’actuelle   grossesse. (Trois mois avant que Denise ne mette au monde, son mari était engagé comme douanier. Sept  mois après, il s’était acheté une voiture). Toutes mes entreprises et interventions sont mal perçues pour eux. Je n’ai plus de  paix ! Plus de paix… Plus de paix (silence). Rien ne m’attire encore dans cette maison, j’ai  même pris une décision de ne plus prendre place à bord de la voiture de mon mari… Dieu m’a crée femme, je ne peux changer de sexe, mais avec mes initiatives, je me  prends en charge tant pour mes études que pour ma grossesse, mon fils aussi va mieux !

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Pour ma grossesse actuelle je désire mettre au monde un enfant qui puisse être utile dans la   société, mais je n’ai pas de paix, avec cet état… (Elle se met à pleurer pendant près de trois 

minutes. Signalons que le premier accouchement s’est effectué par césarienne).

Denise   reprend   d’un   ton   triste :  Je   ne   fais   pas   de   rêves   agréables.   Tous   sont 

inquiétants, depuis le début de la grossesse, jusqu’à maintenant… N’en parlons pas…

Mon dernier rêve est le suivant : « Une ambulance en provenance de la maternité Bomoyi de  l’Armée   du   Salut   transportait   le   cadavre   d’une   femme   déjà   encevelie   dans   un   cercueil.   J’avançais vers le corps de la défunte, à ma grande surprise un bébé été posé sur ses cuisses.   Je voulais les toucher et ma mère (morte) me criait de ne pas y toucher au risque d’être  envoûtée par les mauvais esprits »… Parmi mes anciens rêves je me suis vue couchée sur le lit de la maternité à la suite d’une  fausse couche. Maman était à mes côtés en qualité d’aide accoucheuse. Mon récurrent rêve   est celui au cours duquel je suis victime d’une fausse couche. Ce rêve me revient donc  souvent…

Pour   moi,   tous   ces   rêves   sont   des   révélations   des   projets   maléfiques   de   mes  adversaires que Dieu ou mes ancêtres morts me révèlent pendant que je dors.

On   dit   que   les   jumeaux   naissent   et   informent   le   rêveur   au   cours   des   rêves   prémonitoires. N’importe qui peut rêver de cette manière. Içi à Kinshasa, je n’ai jamais vu quelqu’un traduire les rêves des femmes enceintes. Au   village, c’est le travail des guérisseurs, des femmes âgées et des personnes expérimentées.  Souvent ces rêves se réalisent. C.Analyse psychologique 1.Entretien psychologique Celui­ci permet de poser quelques questions fondamentales : Qui est Denise ? Quels  sont ses antécédents les plus saillants ? Que représentent les rêves à ses yeux en général et en  particulier les rêves prémonitoires avant, pendant ou après ses grossesses ? Denise est benjamine dans sa fratrie, et donc un enfant gâté, consciente qu’elle l’a été  affectivement par les parents et économiquement par le niveau socioculturel et surtout socio­ économique très élevé. Personnalité frustre dont les attentes doivent être vite satisfaites totalement et immédiatement.  Aussi,   les   décès   des   parents   à   des   âges   très   rapprochés   constituent   un   traumatisme  psychoaffectif important et aggravant cette personnalité déjà caractéristique. Le substitut parental du frère aîné n’a pas su totalement remplacer les parents morts :  l’épouse du grand­frère apparaît comme une rivale faisant surgir chez Denise l’image de la  mauvaise mère. Du coût, le frère aîné à la recherche de l’harmonie conjugale endosse celle de  la mauvaise imago paternelle. Bien loin de rejeter son identité sexuelle, Denise limite sa destinée ou son identité  maternelle, ainsi, au lieu d’être comme « ma mère a cinq enfants », elle limite à trois le  nombre des enfants.

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Le vécu familial chez le frère aîné est essentiellement conflictuel. Comment Denise  résout le conflit qui l’oppose à sa belle­sœur ? La résolution de ce conflit prend une direction  intrapunitive : quitter le toit familial « à mes risques et périls ». Denise prend le risque de se  faire engrosser par le chômeur ; elle affronte le frère aîné et quelques membres de famille en  leur imposant un mariage de fait et sans dot. L’oncle paternel du village est fâché. Denise en  est consciente. L’engagement du mari à un poste très enviable est bien loin à attenuer le calvaire de  Denise : la capacité de la maison est dépassée, six personnes en tout, dont « quatre maris qui  commandent ». Le beau­père ordonne, le mari se range du côté de celui­ci. Denise, isolée et « esseulée », retrouve son état d’orpheline. Il y a l’absence de la paix, et  partant, pas de sentiment de sécurité. Toutes les entreprises sont sans avenir, c’est la mort déjà ensevelie. Comment ces faits  vont­ils se traduire en langage onirique ?

Ses   productions   oniriques   sont   très   signifiques.   Denise   voit   une   ambulance   en  provenance de la maternité Bomoyi de l’Armée du Salut, ce qui pourrait traduire son désir  d’avoir une maternité féconde et sauvée (par l’Armée du Salut). Rêve paradoxal. Dans ce rêve Denise se projette ou s’identifie à une femme (sa mère qu’elle  voudrait retrouver) déjà ensevelie ; mère morte, elle se donne un bébé dressé sur ses cuisses. Pour échapper à l’envoûtement maléfique, à la fatalité, seul le bon esprit de la mère morte a  constitué ce salut, cette ambulance en provenance de la maternité Bomoyi de l’Armée du  Salut. L’environnement mental dans lequel vit Denise croit aux rêves prémonitoires et à leur  provenance : de nombreux adversaires au projet maléfique. Ceci justifie le rêve récurrent de  fausse couche en rapport sans doute avec un accouchement par césarienne (souvent ces rêves  se réalisent). Cependant, Denise dans le vague de la dépression agitée ou d’une névrose d’angoisse  présente une très forte capacité de résilience, de rebondir, et qu’elle retrouve toujours dans ses  rêves récurrents où elle voit sa mère morte. Denise prend des initiatives, se prend en charge pour sa grossesse et son premier fils. 2.Résultats aux épreuves projectives Pour les deux tests, l’impression globale est affectée, peu harmonieuse, accablante,  pâle et presque infantile. Ces épreuves confirment les données cliniques de l’entretien. Denise est restée quasiment infantile. La tendance à la dépression est confirmée, et dénote une  angoisse dont le sujet semble conscient.

En   outre,   on   note   une   tendance   à   l’inversion   et   un   moyen   niveau   des   aptitudes  intellectuelles.

Enfin, Denise apparaît hypersensible et surtout sensitive (capacité de prémonition) :  elle   peut   facilement   se   détacher   de   ce   qui   la   choque.   Le   sujet   s’extériorise   facilement, 

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hypersensible à ce qui est perdu. Il se sacrifie facilement en vue de devenir autrement. Il y a  risque de dépersonnalisation. Dans le test de famille, Denise se projette sur une famille très restreinte d’enfant  unique. Denise, cadette de famille, personnalité frustre, gâtée, évite le contact. D.Conclusion Les rêves de Denise apparaissent en quelque sorte comme étant la satisfaction de ses  désirs   profonds   aux   séquelles   de   ses   traumatismes   affectifs   d’enfance   permanents   et  rémanents ; se soustraire à l’emprise d’une belle famille envoûtante ; échapper au désir de  pouvoir changer de sexe… Dans ses rêves où domine le « mourir », le caractère prémonitoire semble s’afficher à  travers ses nombreux rêves répétitifs de fausse couche ayant précédé son accouchement par  césarienne. On y trouve, en effet, une simple coïncidence significative entre ces fausses et la  survenue de la césarienne en réalité. Les épreuves projectives pour profil de personnalité mettent en évidence quelques  caractéristiques majeures de la personnalité de Denise :

− Son   mode   de   réaction   intrapunitive   après   frustration   et   traumatisme   anciens  actualisés,

− L’hypersensibilité et surtout la sensitivité semblent être à la base psychologique de  la prémonition,

− Le  type de  résonance intime.  Tout a tendance  à  pencher  vers la  gauche : une  personnalité schizoïde qui peut basculer facilement.

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