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La Turquie coupée en deux ?
Gérard-François Dumont
To cite this version:
Gérard-François Dumont. La Turquie coupée en deux ?. Population et avenir, Association Population
et Avenir 2011, pp.3. �10.3917/popav.703.0003�. �halshs-00762326�
EDITORIAL
orte de 74 millions d’habitants1, la
Turquie compte une population supé-rieure à celle de la France, du Royaume-Uni ou de l’Italie. L’Alle-magne demeure plus peuplée qu’elle, mais les projections pour 2025 donnent une Turquie à 85 millions d’habitants contre moins de 80 en Allemagne. Les indi-cateurs démographiques turcs montrent tou-tefois une nette décélération. Est-elle pour autant semblable sur l’ensemble des territoires du pays ?
Une nette décélération
démographique
A priori, l’évolution démographique de la Turquie n’a rien de
très original. Ce pays suit, avec retard par rapport aux pays européens, la logique de la transition démographique. Sous l’effet de progrès économiques, sanitaires et hygiéniques, son taux de mortalité s’abaisse, avec une diminution de près des trois quarts entre le début des années 1950 et les années 2000. En conséquence, la population de la Turquie a adapté ses comportements de fécondité à une mortalité désor mais durablement abaissée. Néanmoins, le taux de mortalité infan-tile y demeure relativement élevé, à 28 décès d’enfants de moins d’un an pour mille naissances, un chiffre cinq fois supé-rieur à celui de l’Union européenne.
Le taux de natalité de la Turquie a donc diminué de 50 nais-sances pour mille habitants au début des années 1950 à moins de 20 dans les années 2000. En conséquence, son taux d’accroissement naturel, résultant de la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité, après être passé, au milieu de la transition, par un maximum de 28 pour mille habi-tants dans la seconde moitié des années 1950, s’est abaissé
de plus de moitié, à 13, dans les années 2000. Cela reste tou-tefois un niveau fort élevé2par rapport à une Union
euro-péenne qui se trouve en « hiver démographique », avec un taux d’accroissement naturel dix fois moins élevé que celui de la Turquie. C’est pourquoi les projections démogra-phiques annoncent que la population de la Turquie dépas-sera celle de l’Allemagne. Ce pays dépas-serait donc le plus peuplé de l’Union européenne en cas d’adhésion3.
De fortes différences géographiques
Toutefois, les données ci-dessus ne présentent que des évolu-tions moyennes. Or l’analyse géographique souligne une importante différence. Parmi les douze régions qui composent la Turquie, trois d’entre elles, l’Anatolie du Nord-Est, l’Anatolie du Centre-Est et l’Anatolie du Sud-Est, situées dans l’est du pays, et composées majoritairement de population kurdes, se distinguent par un taux de natalité nettement supérieur à la moyenne nationale. À l’inverse, les régions du nord et de l’ouest comptent dans l’ensemble une natalité plus faible que la moyenne nationale, les deux plus bas taux de natalité se constatant dans les régions Égée et Ouest Marmara.Ces écarts régionaux sont confirmés par l’examen de l’indice synthétique de fécondité. Les trois régions anatoliennes préci-tées témoignent de la fécondité nettement plus élevée des Kurdes. Limitrophes des précédentes, les régions Méditerra-née et Anatolie centrale ont également une fécondité supé-rieure à la moyenne nationale. À l’opposé, les sept autres régions se trouvent en dessous du seuil de simple remplace-ment des générations et, parmi elles, la région Ouest Marmara compte une fécondité inférieure à celle de l’Union européenne. À l’examen de ces données, il en résulte deux enseigne-ments. D’abord, le poids démographique relatif des kurdes semble appelé à augmenter4. Ensuite, le pays semble tra-versé par une diagonale Sud-Ouest-Nord-Est opposant les cinq régions à natalité et fécondité supérieure à la moyenne nationale et les sept autres en situation inverse.
par Gérard-François
DUMONT
EDITORIAL
F
La Turquie coupée en deux ?
P o p u l a t i o n & A v e n i r • n ° 7 0 3 • M a i - j u i n 2 0 1 1
1. Sardon, Jean-Paul, « La population des continents et des pays », Population & Ave-nir, n° 700, novembre-décem-bre 2010.
2. Etaix, Jacques, « La Turquie et l’Union européenne, quelle incidence démograpique ? », Population & Avenir n° 647, sept.-oct. 2005. 3 Cf. Dumont, Gérard-François, « La Turquie et l’Union européenne : intégra-tion, divergence ou complé-mentarité ? », Géostraté-giques, n° 30, 1ertrimestre
2011.
4. Bien que le taux de mortalité infantile des régions à majorité kurde soit probablement plus élevé. 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % Taux d'accroissement naturel Taux de mortalité Taux de natalité
Taux annuel moyen de la période quinquénale
considérée pour 1 000 hab.
1 . L e s t a u x d e n a t a l i t é
e t d e m o r t a l i t é e n T u r q u i e
2 . L a f é c o n d i t é s e l o n l e s r é g i o n s
d e T u r q u i e ( e n f a n t s p a r f e m m e )
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 TR Türkiye - Turquie TR2 Batı Marmara-Ouest Marmara TR3 Ege - Égée TR1 _stanbul TR4 Do_u Marmara-Est Marmara TR5 Batı Anadolu-Ouest Anatolie TR8 Batı Karadeniz-Ouest mer Noire TR9 Do_u Karadeniz-Est mer noire TR7 Orta Anadolu- Anatolie centrale TR6 Akdeniz-Mediterranée TRA Kuzeydo_u Anadolu-Anatolie du Nord-Est TRB Ortado_u Anadolu- Anatolie du Centre-EstTRC Güneydo_u Anadolu- Anatolie du Sud-Est 3,47
2,75 2,12 1,82 1,75 1,66 2,06 2,88 2,16 1,83 1,80 1,73 1,51
© Gérard-François Dumont - Chiffres General Directorate of Civil Registration and Nationality
, 2009.
© Gérard-François Dumont - Chiffres WPP 2008.