, • • ,.. .. \1 " . ~ <I~i
,
" .1 If " > • ,'1 J'i•
D . .ESSAI SUR LES POLITIQUlS SOéIALES
. .
"-ET LE TRAVAIL DOMESTIQUEPAR
ANNE GAUTHIER THESE -! - ~ " 't , ,~SOUMJ;SE EN VUE DE. SATISFAIRE PARTIELLEMENT ÀUX . EXIGENCES REQUISES POUR ,L'OCTROI DU DtPLOME DE
, '
..
--"'~-MAITRISE EN ECONOMIQUE A" LA \.
.
\'FACULTE DES ETUDE~' GRADUEES ET DE LA' RECHERCHE'
DE " L"UNIVERSITE McGILL •
..
MONTREAL .. NOVEMBRE ,1987 ( 0,..
•
~ " " ".
~'?r .. fOr ~ l' , , ,
.
." . ) " DPermission has beeg grahted
to the National Library of
Canada to microfilm othis
thesis ana, to lend or sell
copies of the film.
The author
(co~rl9htowner)
h
a s
r e s e r
ved . 0 tb
é rpublication rights, and,
"neither .' the
thesis nor
extensive extracts' from it
may be printed or otherwise '.
reproduced without his/her
written permission.
- -_ ..."'···,0"';;-...
.
..L'autorisation a 6t6 accord6e
l
la Bibliothèque nationale
du ,Canada de
microfilmer
cet
t'e
thèse et de prêter ou
de vendre des exemplaires du ..
"film.
L' auteur .. (ti tulaire du dro.f t
d'auteur)
se
réserve' les
autres droits de publication:
\ ni la thèse ni de longs
extraits de
celle-ci ne
doivent
être
imprim6s
ou
autrement
r~produitssans son
autorisation écrite.
..
ISBN
0-3t5-46028-8
,
j..
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1·
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.,
1
[' " ESSAI SUR LES·POLITIQUES SOCIALES ET~
LE TRAVAIL DOMESTIQUE " '. '. • f ,•
' ..
'o' , , o' 1v
" ,.>c
(j.' ,-,
1..
RESUME /l'
Le développement de la sécurité sociale a co~ncidé avec la
t'
transformation des épouses rurales en ménagères urbaines, dépendantes '1
de salariés. Jusqu'aux annees '60, les programmes se sont basé~ sur
ce lieTh de dépendance économiqu~.
?
'
Au] Durd 'hui, une bon~e partie desmères sans conjoint vit de l'aide Soc1'~le ,tandis ~ue ~elles ayant un
~conjoint reçoivent souvent comme seul evenu personnel les allocations ' r
f~liales. ~Ce~ argepts proviennent des coffres de l'Et~t.
,
.
Dans le passé, les allocatiops familiales ont répondu à
l'ina-Ir ' r/
d~quation des salaires masculins à des charges familiales nouvelles. '
L'allocation aux mères nécessiteuses a constitué une fo~me de salaire
'-.
1...
,domestique gouvernemental aux veuves dans le besoin. Dans les deuxcas, les fonds publics attribués pour l'entretien des enfants se sont appuyés sur une division sexuelle rigide du travail domestique et sa-larié.
L'examen d~s propositions de salaire domestique, d'allocations
.
et de salaire maternels et du revenu minimum individuel montre qu~ques
effets potentiels de ces options sur l'égalité économique entre,les sexes et soulèveodiverses questions éthiques, èmpiriques et théoriques.
'~
~," .
•
<.
o , • 1 •o
- ",'""
.... " . ABSTRACT 1.
,'The emergence of social ~ecurity coincides with the transformation
.
,of rural wives into urban housewive~ who are economica~ly dependent on
•
their husband's salaries. ,Until the 19pO's, support for women in
social programs was baseà ~n this economic depende~ce. At pre~ent. an
important proporti?n of single mbthers live on social assistance and mothers who have a spouse often receive family allowances as their sole source of personal income.
.
.
Historically, family allowances were needed to supplement the
Inadequate earnings of male wage earner~ in families with children.
~ 4
Mothers' ailowances constituted a form of wages for housework provided
to needy widows by government. In these two cases, public expenditures.
..
intended to support children weré predicated on a rigid sexual division \
of unpaid domestic work and paid emploYfent.
t~
...
The examination of proposaIs for wages for housework. wages or , 'allowances for chiIdcare and guarantee'd minimum income shows the possible,j ";
effects of these proposals on economic equality bet~een men and women.
The thesis also caiis attentio~ to empiricai. eth~cal and theoretical
.
questions associated with"these proposaIs.
•
,\,
,
.
,.
1 . l. \. '0/ / 1 1
..
"
c
(
•
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-~ .. - -1.:' ... ,,_ .•. 7-:. ... :< ~ • ,,~ t,'\ /~ (, --r1\.LFACEr:
Clt
\
~ L'essentiel du trava~f de ;ec~erche qui arcQndu;; à cette thèse
a été effectué au cours de l'hiver 1~81 et du pr~ntemps 1982 poùA le
~ ~
Conse:t'l du Statut de la Femme. Il a \~lors été publié' sous la forme d'un
documerit reprographié et a fait
parti~
d'one série de textes~ur
lapro-~duction domestique produite par Diane Bélisle,'Yolande Pinard, Louise
~andelaç et moi-même. \
.
Plusieurs employées, membres et consultantes du Conseil du Statut
"
g , de la Femme de même que d'autres personnes intére~sées aux po1itiqpes
.
sociales l'ont, à ce moment, relu et.~ritiqué. Leurs commen~res m'ont
permis d'améliorer le texte.
Cet essai a aussi été publié en partie à Montréal en 1985 à ti~~e
de chapitre
d'~
livre. •Le~
commentaires deSid~Ingerman,
direoteur decettè thèse, et de Lee Soderstrom ont ,conduit à un'remaniement
substan-tie1 de certain~s parties du texte original •
En outre, Claire de Cazes a patiemment dactylogr~phié et mis en
page les différentes versions de cette thèse et ce, à un prix plus que.
ralsotylable. Sans l'appui de mes amies-s et prJncipalement de
Jean-1
Fr~nçois Pouliot, cette thèse n'aurait jamais été menée à terme. Je
les en remercie.
~ Cet essai est original par trois aspects principaux. D'abord,
,,'
on y discute du travai1.<domest.ique e1t de< la faç~m don: ce travail a été
traité et pourrait l'être dans les pôlitiques sociales. Ce sujet est
relativement
nou~ e~ économique~,
Ensuite, l'exploration des liensspécifiques entre le travail domestiqùe et la sécurité sociale s'est effectuée surtout via une étude historique des débats et des programmes
tels,qu'ils ont existé et no~ par lé biais de ,modèles théoriqu~s ou
éco-nométriques. Finalement, un engagemen~ politique avoué vis-à-vis de
~'éga1ité entre les sexes a fourni le sujet, la méthode et le point de
o
o
\ . ; ~. ~, .. '. "TAJ3LE DES MATIERE~_
~ .'
".
\'CHAPITRl!: UN - LES
...)
FEMMES, LES
~AMILLE~~T L\~TlT
· .
.
• • •·
..
1.1 Pourquoi étudbier les politiques so~ia1es à p,artir du
~
travail d~mestiqué? •
.
.
.
. .
...
· · ·
1.2 La t:amille: de l'amour seulement? •
..
• • • •·
•1.3 L'Etat et l~ famille
.
,.
• •·
• • • •..
•·
'.
• • • .,,
_:
"J.4 'L'objet de cette thèse /J'
..
..
· ·
•· ·
..
•· ·
..
•·
CHAPITRE DEUX - LA DEPE~DANCE ECONOMIQUE DES FEMMES •
..
..
•
..
..
2.1 L'argen~ d'où vient-il ? • •
·
..
•·
..
..
••
·
..
l·
2.2 Trava~salarié et mariage •
· · ·
•·
..
· · ·
•..
•....
2.3 ~àrt:ages d'argent dans les coup1e~ •·
'.
·
• • • 2.4' Conclusion.
. . .
..
. .
.
• • • •·
•..
·
• •...
• • • ' ~·
'.
•..
•·
•..
• •..
·
• •·
..
·
•CHAPITRE TROIS - LE fRAVAIL
nO~STIQUE E~
LA MISE ENPLA~E
DEL'E~AT-1 1 4 7 'l) " 9 12 12 17 21 25 PROVIDENCE • • • • • • • • • • • • • • • • : • 27
•
3.1 Révolutions industrielles ~t tPàvail d~mestiqul des
3.2
q
3.3
femmes.
. .
.-
.
.
.
-
.
.
. .
.
.~. . .
.
. .
.
.
• •3.1.1 De nouvelles catégories ~ociales:
" , \ ~ ft
et l'écolier • • • • • • • • • • 6
3.1.2 Un processus d'individuatisation
f \ ~
Le développem~nt de la sécu~ité sociale •
la ménàgère
. .
.
.
. . .
.
.
.
. . .
.
.
.
3.2.1 3.2.2Les politiques sociales avant la crise
.
.
. .
La crise des années trente
.
. .
• •-.
. .
..
.
3.2.3 La seconde 'guerre mondiale et après:'
l'Etat-Providence'. • • ..' • • • • • • • • • • • • •
Conclusion • • • • • • .. • • • .. •
·
. . .
.
.
.
.
.
.
CHAPITRE QUATRE - LES ALLOCATIONS FAMILIALES: SUPPLEMENT AUX
SA-LAIRES DES HOMMES • • • • • • • • • • • , • •
4.1 Les années vingt et trente: le débat
.
. . . .
4.1.1 L'expérience étrangère • • • •
. . . .
·
..
27
?fi
29 33 34 37 40' 44) / 1 46 47 47 J ~"
c.
..
•
"c
, '.
• 4 4,.1. 2 4.1.3.
.
L'enfant, lé nouveau dépendant
. .
. .
,. .
Du salaire familial à l'a1lo~ation familiale.
4;l.4~ protagonistes e~ opposants à l'allocation
fa-miliale au Canada
. . .
.
.
.
.
. .
4.2 1944: L'implantation 'des allocations •
, 4.
'l.1.
Le rapport Beveridge • • • •·
.
.
.
.
· . . .
.
4.2.2 Les allocations cana~iennes
· .
.
·
..
.
4.2'.3 De 1945 à "auj ourd' hui: la décroissance
· .
.
Conclusion
.
.
.
~..
,.
·
.
.
~
. . .
.
. .
.
. . .
• • • •CijAPITRE CINQ - L1ASSISTANCE SOCIALE AUX'MERES: L'ETAT-MARI
· .
.
\
5.1
~
..
Les mères nécessiteuses
·
.
• • •·
.
• • • • • • • • •5.1.1 5.1. 2
5.1.3
Le contexte •
· .
. .
.
.
.
.
·
(..
• • • • •J
La première loi québécoise de. pension au~mères
nécessiteuses
·
.
. .
.
..
.
. .
. . . .
. . .
Les mères assistées.
.
.
·
.
.
• • L. • •5,2 L'aide sociale: .augmentation de-la population féminine
5.3
assistée
. . . .
.
. . . .
.
. .
.
·
.
.
La réforme de l'aide sociale
· . . .
·
.
• • •5.2.1 5.2.2 5.2.3
L' "inaptitude" a1.l trfvail des mères seules • •
, 1 •
Le repli dans l'unité conjugale
·
. .
• •Conclusion
. . · · t· . · · .
~
. . .'. · ·
CHAPITRE SIX - QUELLES POLITIQUES SOCIALES DU ~OMESTIQU~?
" ' 1
6.1
6.2
Défini tions
les sex~s •
6.1.~ La non discrimination ou la neutralité selon
.0
le sexe
. .
.
."
.
. . . . .
. . .
.
. .
. .
.
6.1.2 L'équité. da1;ls la distribution
du
travaildomes-tique. • • • • •
·
.
.
.
. .
6.1.3 L'autonomie individuelle
·
.
.
·
. .
·
.
j
6.1.4 ~jèctifs à poursuivre et mesures étudiées • •
Le salaire pour le travail domest~que • • • • '. •
6.1..1 La ,configuration • • • •
· .
.
·
.
.
• • e, .. •6.2.2' Les choix sous-jacents.
·
. . .
.
-iv 4,8 50 52 54 55 56 58 61 63 64 64 65 68 '71 7i 75 7961
83 84 84 85 87 "89 90 90 91 ,.
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~ " ,. ~~.
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6.4 0-.,1(. "--, , ",'l' ... ...- '~-""-:"::----:;'---- ,,)~::t>':";!Jr-~-;-/!~,lH1~~\';;'~~;-~~~ \ " q ~~,\f; , 6.2.3..
" "des personnes vivant s~ùles
· .
.
des hommes et des fe~nes sur le
travail • • • .~. ;
- Exclusion de certaines tâ~hes • • • • •
,,-
.
-~arifs hora,ires • • • • • • • •
L1égalité économique •••
.
.
.
.
La neutralité selon le sexe
•
.
. . .
.
.
.
.
.
- Le partage du travail domestique.
.
. .
- Le partage des coûts associés au travail
do-mes tique •
.
.
. .
• • c'e • • •- L1autonomie ftnancière
·
.
. ·
.
Les allocations et le salai~e maternels
·
.
.
.
.
Il , .... '"
. .
.
..
6.Jtyl Les :ropositions canadien~eslj -;
f.t3.2-
Les choix sous-jacen.ts • • • • • ••
•
·
...
~....
v ' 91 93 93 94 96 96 96 97 99 100 • 100 102 !'- Le caractère spécifique des soins aux enfants 102
6.3.3
1
- Une compensation individuelle. •
·
.
.
L'égalité économique ••
.
.
. .
La neutralité selon le sexe. • • • • • • "V
Le partage" du tIavail domestique
.
.
.
- Le partage des coûts ~sociés au ttavail
do-mes tique . . . • . . • . •
- Mobilité dans le travail
L1autonomie financière
.
.
· .
.
• e . •·
.
• •
Le revenu minimum individuel
·
.
6.4.1 Une formu le québécoise
6.4.2 Les choix sous-jacents
.
.
.
.
·
...
- ~a nécessité de lla\tonomie individuelle.
.
---'---- Le plein---'----emploi. • 6.4.3 L1égalité économique v -- La neutralitê'"'selon le sexe· .
. .
.
.
.
- Le partage du travail domestique
·
. . .
.
1 • Le partage des coûts associés au travail
do-,
·me..,.~ t i.que • • .• • • • • .~.Mobilité dans le travail • ,
·
.
- L'autonomie financière
.
. ·
. .
·
. .
••
104 104 104 105 tI 105 106 107 109 109 113 113 113 -115 -115 11) 116 116 117 , L~",...
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J ' "1 fi',
\ 6.5, Conclusion.
•. .
• • ~.
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4.
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ANNEXE l - Définitions de l t,En'quêèe sur les finances des
cQ}lsom-loi
mateurs • •
.
•. .
•.
·
· ·
· ·
,ANNEXE II- Résumé des études sur le partage des revenus.
· · · ·
-ANNEXE III - Statistiques sur les allocati6ns familiales
·
Q "
ANNEXE IV - Chronologie des principales politiqu~s'spciales à
par-"
tir de 1900 et remarques relatives aux femmes,
particu-4;
ltèrement en tant qu 1 épouses et mères
• • • • • • • • ~ . BIBLIOGRAPHIE •
. . .
•.
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6 , , CJ '1? ' ~LISTE DES TABLEAUX ,.
\~ABLE .. AUo 2.1 ,Statut famtlial de la populatioft québécoise, revenu
'\ familial moy~n, proportion de familles sous le seuil
.-TABLEAU 2.2
TABLEAU 2.3
de faible revenu, 1979.
Proportion d'ynités familiales dont les transferts gou-vernementaux constituent la principale source de
reve-nu, Québec, 1979. T:';I' ,
Proportion d'unités familia1es ayant reçu- de_l'aide.
-
,~~sociale, de l'assurance~chômage et/ou de la sécurité
d~'la vieillesse en 1979, Québec.
TABLEAU 2.4 Gains totaux et transferts gouvernementaux moyens reçus 14
15
16
en mains propres par les femmes adultes; proportiop des l
femmes hors du marché du travail, Québec, 1979. 18
TABJ;:EAU 2.5 Répartition en pourcent'age des individus dont la prin-~
.
,TABLEAU 3.1
cipale source de revenu consiste en salaires et trai- .
~> •
temen~s, en comparaison avec les seuils de faible
~~ve-nu, Canada, 1979.
Evolution du taux d'activité "officiel" selon le se:«e,
Québec, 1891 ~ 1981.
TABLEAU 4.1 Allocations familiales mensuelles moyennes versées au
Canada et au Québec, en $ et
en
% du revenu familial20
moyen, certaines années: 1951 à 1981. 31
TABLEAU .5.1 Estimation du nombre de ménages et de familles
mfnopa-,rentares assistés au Québec de décembre 1940 à q~cembre
1981 (excluant les personnes de plus de 65 ans). \ . 60
TABLEAU 6.1r Salaires domestiques bruts hebdomadaires et annuels
" ' Q
selo~ dkux types d'équivalence monétaire pour différents
groupes de la population, $ 1981.' \92
TABLEAU 6.2 . Propositions canadiennes et québécoises d'allocations
et de salaire maternels
101
\ -,/
fJ ,..
.
"
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\ 1C
~.
, " ~ .... ~~ ;;.~~:.t;,~~7"'~0. .,.l~ '! '" ' ...
'Impacts du versement'd 'une allocation maternelle de
~OOO$ en '1971 ver~e aux mères canadiennes, tels q~té_":....
valués par Cook
W "
TABLEAÙ 6.4 Fonctionnement du crédit universel personnel sanS.
l'ai-de sociale. Exemple d' un couple san~ ~nfant, épouse
n'ayant aucun gain.
TABLEAU 6.5 Fonctionnement du crédit univer.sel personnel avec
l' aide ~od.ale. Exemple d'une mère ~noparentale avec
un enfant de 8 ans. , , ,
-.
.....
'"" 'J. 1 o o viii 108 1.12 . 114 . , ' ·-';c~.
~,~ ',;Y, " ... \ • 0 c •o
"o
1.1 .J CHAPITRE UNLES FEMMES, LES FAMILLES ET L'ETAT
'"
Pourquoi étudier les politiques sociales à partir du travail domestigue?
Peu d'économistes confessent teur parti pris; il n'est, sans
doute, pas toujours nécessaire de le faire. COIlll1e le dit si bien Joan
v
Robinson, "economics is the things economists are inteFested in"
(citée par M.A. Ferber' et M. T. Teiman, 1981: 128).
.
- ,Cet te thèse est intimement reliée à la vie d'une fennne dans la
.trentaine, féministe, emba\lchle -, ,de surcroît ... dans un ~rganism~
gou-...
vernementa1 voué à 'la défense des droits des ./emmes et dont la mère,
~
ménagère à temps pl'ein, n'a pàs un sou. "Comme pour de .nombreusès autres
fermnes de ma génération, parler du travail domestique ad' abord voul,u:
,
.
.
'tiire eh invoquer l'absurdité et en refuser l'emprisonnement. . Il s'
agis-sait alors de "choisir l'autonomie", p.;tr conséquent, , ''cl' être salariée à
temps plein et de préférence sans enfant;
t
J .
Toutefois, des tpénagères se sont charsées' de rappeller .l~ur
exis-tence quand elles ont
pr~s conn~issa?ce' ~~~e
politiquegouve~nementale
sur la condition féminine intitulée PoulIes québécoises.: égalité et
•
indépendance, politique où elles ne se retrouvaient pas. Le refus du
..
o
c
. 1
, 1
•
travail domestique s'est alors otransformé en un.e évidence: ce travail
.
.
constitue la trame de fond de la vie de IR majorité des femmes et de
celles qui m'ont préc~dé. Comme on le sait "it becomes possible for
women to study economic~ without- becoming aware of their precise 1;ole
-in
the economy" (Galbraith, 1973: 33).y'
La cons ta tation de l' impoh~nce du travail domestique - à
pre-m:i,.ère vue triviale· "est capitale pour une économiste et • peut--@tre •
pour ce qu'il est convenu d' appeller ~'économique. Du point de vue
d'où j'observe, le travail domestique n'en finit pas de différer des concepts et prérequis les plu! courants en économique et dans les po-litiques sociales, même si l'objet principal demeure la production, la
distribution et l~ redistribution des richesses et des revenus.
Qu' est-ce, par exemple que le chô~g~, la retraite et même le "travail"
• v - et
da.ns le monde domestique?
'\ Une femme de
45 ans, divorcée et dont les
enfants sont devenus adultes n'est-elle pas plus à la retraite que lors
de son retrait officiel d~ la main-d'oeuvre? Est-el~e alors en
chôma-ge de travail domestique? L'ép~se d'un homme aisé·est-elle pauv~e
quand elle n'a pas d'argent e~ de biens personnels? Celle qui reçoit
son premier chèque personnel. celui 4e sécurité de la vieillesse
-à l' ~ge de 65 ans est-elle riche ou pauvrè?
On peut mu\tiplier ainsi les paradoxes car ce voéabulaire rend
,
comp~:e d'un monde où le sa).aire oblitère et dé<:oupe le travail. ,Or"
• f 1 ~
i l n'y a pas d,' horloge pointeu·se. à l'entrée de la cuisine, pas d' obli-,
gation stricte à parler avec le bébé ou à con~uire un enfant- à la p~s-,
cine, pas de critères sats pour repérer ~es ménagères.- épouses - mères
.. et - amantes et, enfin, 'pas d' éch~lle d ' équivalence entre le
"capi-. tal humain" qui demeure chômeur et l' !'lnfant d~venu agent de bureau.
Même si le développement de l'économie domestique se révèle être
,
,.
dépendant de celui de l'économie marchande, ~n ne peut y appliquer l~s
catégories d'analyse servant à décrire le monde marchand. Une
dif-ficulté' siJnilaire peut s~oser dans l'analyse des pays dits en v:oie
de -développement. 1. C' st pourquoi j'ai choisi
,
[,
,
-,.
o
.0
/
'3
,
d'aborder ce sujet à _partir de l' histoire qui peut davantage laisser percevoir l'originalité propre de l'évoh-\,tion du travail domestique et ' des politiques sociales au Québeë de même que les facteurs et institu-tions qui les ont marqués.
Le travail domestique n'a souvent que l'appellation de l'envers
d 'l;ln décor connu, celle de travail non-marchand. Sa description par ~a~
négati:ve nous amène, en premier 'lieu, à relever, que le travail
domesti-,
_ que ne s'effectue pas dans un rapport, ~alarial, ni même dans un rapport
d'abord carac~érisé par les échanges,monétaires. Lorsqu'il y a échange
d'argent, celui-ci ne vise pas, gén~ralement,' la' rémunératio}l d'un
tra-vail mais plutôt l'entretien des membres .cI'une famille. Il n'y a donc
#
pas de relation stricte entre pr~station de travail domestique et·revenu.
Les ménagères qui n'ont aucun revenu personnel reçoivent habituel-lement l'argent ou -les biens nécessaires pour leur subsistance. Leur situa tion en est une de dépendance éeonomique dans le mariage et cette situation enca-dre i.eur mobilité et lèur condition .matértelle d'
existen-- ,
ce, actuélle et future. Quant à celles qui ont
ml
emploi, des rentesou des propriétés, elles peuvent veiller elles-mêmes à leur entretien.
Leur travail domestique devient alors complètement gratuit.
Certes, i l Y a une certaine ironie à tenter d' analyset les
po-litiquès sociales à partir du monde domestique. Ironie parce_ qu '_~ïors
\
parler de la ménagère c'est surtout parler de ses enfants pour lesquels
. sont versées diverses allocations. C'est par~er d-e son mari qui,
grâ-ce à son salaire, entretient une "personne à charge", comme ce,la était
écri t sur le rapport d'impôt, et peut recevoir à ce t'i tre divers
sou-tiens' fiscaux. C'est aussi ne la retrouver dans les livres de compte
.
r
de l t Etat et ceux des compagni.es d'assurance que lorsqu t elle est âgée,
morte ou accidentée! Les ménagères ne sont pas visibles au ~er
coup' d' oeÙ car leur travail sert ·à autrui dans le cadre "normal" de
la fùmille vue comme une unité d'où ne
transpire~t
pas la2~~dition
éconol1\ique et le travail dissemblables des hommé.s -et des femmes. La
, , '
c
c
c
,-4 4elles-mêmes trouve prétexte dans l'amour et le bien-être de l(~poux
et des enfants.
.1
1.2 La famille: de l'amour seulement? -
.
Il revient aux anthropologu~s de même qu'aux,historiens et
historiennes d'avoir montré que 1:" organisa tion de la famille se trans- "
forme continuellement a"yec l'ensemble de l'organisation sociale et / '
économique. L'institution'familiale s'y révèle nJêtre ni-immuable,
~i,uni~erserte;
l'analyse économique se doit d'en tenir compte. Larecherche pionnière effectuée par Philippe Ariès (1973) nous enseigne que la famille occidentale s'est progressivement privatisée et s'est
imprégnée de ses qualités d'affectivité à partir du moment où elle a
cessé ,d'être au, premier rang dans l'organisation de l,a production. Le développement de l'amour romantique, la formation du couple
mère-enfant, l'abandon par le père de l'espace familta~poui l'espace
mar-, . ~
c~and, de même que l'allongement temporel. de la dépendance des enfants
, 1
constituent les caractéristiqu~ majeures de ces transformations.
Comme nous le verrons brièvement au chapitre trois, avec 'l'indus-trialisation, la création d'espaces de production distincts, - l'usine
et la maison - de temps productifs et non productifs de la vie ~
l'en-fance, 'la vieillesse, etc. ~ confinent progressivement les épouses et
les mères à un cadre domestique lui-même en voie de restructuration.
c
Cette restruc'tura tion s'opère à la fois sur le' type de production
réa-lisée dans l'économie domèstique (orientée davantage vers la production de services et le traitement de bien finis ou semi-finis) et sur les rapports entre le domestique et le marchand (dépendance accrue
vis-à-vis de la p~oduction marchande) (Bélisle et Pinard, 1985).
Evidente' jusqu'alors par sa production, l'économie domestique devient cachée puisque se situant hors.des'circuits d'échange manétaire
èt de la valorisation du travail qui en ré~ulte. Par le biais du
ma-.
riage, le travail domestique assure habituellement la subsistance à
celles qui l'accomplissent. ~galement, le Code Civil en régit les
o
'.1
.. a,
•••
~O
..
5?ormes générale~ de compensation en précisan, l'obl~ation pour un époux
de veiller à l'entretien physique de sa conjointe. Le contrat de
ma-(iage s'y ajoute pour spécifier la répartition des biens au moment de
•
la rupture.
Se tisse ainsi entre les sexes un rapport défini par Galbraith comme celui de servante-maître, par Eichler(l) comme celui du serf au seigneur et, enfin, par Guillaumin(2) comme un rapport d'appropria-tion. Ainsi, pour Galbraith:
"The conversion of women into a crypto-servant class was an economic accomplishment of the first
importan-ce. Menially employed servants were available only
to a minority of the preindustrial population; the
servant-wife is available, tlemocratic~lly, to alm~t .
the entire present male population ( ••• ).
The co~n reality is that the modern household invo ~
ves a simple but highly important division of labor. With the receipt of the income, in the usual case, goes the basic authority over its use. 'This usually lies to the male. ( ••• ) This entitles him to be called the
head of the family ~
The administration of consumption resides with the
woman. This involves much choice as to
purchases-deci-sions as between diffèrent cake mixes and detergents.
( ••• ~ Such tasks.are taken to be the natural
responsa-bilities of the sex" (les soulignés sont de l'auteur) (1973: 33 et 35, 36).
La de~cription de Galbraith rend compte du pouvoir'dét~nu par
les hommes pourvoyeurs sur "les femmes-épouses, dépertaantes
économique-ment à cause de la division sexuelle du travail domestique,et du
tra-vail salarié~
•
\ Ce rapPQrt spécifique à l'économie domestique constitue l'une .,
- .
de ses principales articulations à la sphère marchande. 'Il permet au
b
salarié de reconstituer sa force de travail, de se reproduire à travers
(1)
(2)
~
')
"The busband - wife re1ationship can be understood as' quasifeoda1 rtlationship in so far as the wife performs persona1 services for
her husband in exchange for protection and goods" (1980: l06~lO7).
"Dan~ le rapport soc;\al d'appropriation, l' individualité matériel~
le physique étant l'objet de la relation se trouve au centre des
préoccupations qu'i accompagnent cette relation" (Guillaumin, (2)"
(
c
(il.: .
" 0
les enfants et de retourner sur le marché du travail," libéré des
..
"contraintes du travail domestique et du renouvellement de l'espèce,
cela en échange d'~ne partie de son salaire. La survie matérielle
d'une large partie des femmes se pose de faço'n radicalement
diff&c,en-Çt
) te de celle des homme~ car
l'
a;:gent circule alors 'à travers lesre-lations affectives vécues avec le's conjoints et avec les enfants. Ce sujet sera abordé plus en détails' au cours du chapitre suivant.
Le processus actue~ d'atomisation de la ,famille biparentale
obscurcit quelque peu cette relation ,de subordination et de dependan-ce économique d'une femme à un homme, telle que décrite plus haut.,
Edward Shor ter (1977) qualifie la fami Ile ac tuelle de "pos , tmod~rne"
.
en soulignant la" divisioq. définitive entre, les générations"
l'insta-bilité des coupl~s et ce qu'il appelle la libération des,femmes.
~, '
Ainsi, la participation accrue d€s femmes au marché du travail a allé-o
gé la dépendance totale qui ét~~ la leur, il y 'a vingt ans.
L'apport monétaire des femmes .dans les familles a aussi permis ,
une i1enégociation des
~apports
avec le conjoint et les enfants d;mê-,
me qu'entre les femmes et l'Etat. Par exempl~, le Code civi~ prévoit
depuis 1980 la coresponsabilité des conjoints durant l'union ainsi que le partage des actifs entre les conjoints (mariés selon le régime
lé-gal) à la dissolut-ion du maxiage. Même si cette xéforme est limitée,
elle remet en .cause le caractère "naturel" et la disponibilité pres-qu'entièrJ du tr.;tvail. domestique effectué par les femmes.
Constatant la hausse importante de l'activité rémunérée des femmes, on oublie parfois qu'une large "partie d'entre elles ne retire
aucun revenu personnel. De plus, comme nous le verrons au cours du
second chapitre, pour la moitié de celles qui disposent d'un revenu,
"celui-ci est souvent si petit qu'il permet à peine d'assumer les frais
de leur prop~e entretien.
-.:~lr .. \~. <.
·0
,.
") 1.3 L'Etat et la familleLes transformations de la famille ne sont pas vécues seulement
au niveau intime mais aussi dans ses relations avec les institutions,
'\.
7
relations où, depuis vingt ans au Québec, l'Etat occupe ùne piace pri-.
vilégiée (Fahrny-Eid et Laurin-Frenette, 1(80). En règlemen'tallt les
normes du travail salarié, -la configuration des villes. 'et du réseau )
~_ ,,+,''7.-'" routier de même qu'en mettant sur pied diverses pol.itiques sociales,
·r
o
l'Etat
a
particlpé·quoiqu'indirectement - à l'évolution du mondedo-mestique.
, ~
Depuis ce qu'on appelle la révolution tranquille, l'Etat a pris plus ouvertement le relais de l'Eglise en pénétrant directement dans
la vie familiale. Ses interventions ~ontribuent à mod~fier, maintenir,
àmplifi~r ou alléger selon le,cas, le travail domestique des femmes de
même que ses conditions d'exercice.
() ,
Ainsi, la structuration et l'élargissement du système scolaire,
•
des -services sociaux et de santé ont à la fois soustrait des tâches
et des r81es aux in~utions ~e1igieuses et aux femmes tout en leur
en imposant de nouvea . ..., qui sont dépendants et résiduels des services publics. Que l'on songe, par exemple, au bénévolat dans les hôpitaux,
aux devoirs scolaires des e~fants, à l'entretien des enfants handic~pés
dans les familles (pour lesquels une allocatiof spéciale est versée), toutes tâches se situant dans l'orbite des institutions gouvernementa-les. ""(
La mise en place ou non de services gouvernementaux ainsi que leurs coùpures éventuelles influent sur la composition et sur la
char-ge de travàil domestiquef ~and l'Etat opère des coupures
budgétai-res dans les écoles et
IfS
h8pitaux ou quand il maintient un réseauinadpquat de services de garde, les femmes en absorbent les contre~
coups et se voient obli~es d'augmenter le rythme et l'intensité de
leur tr?vail. Ces services contribuent aussi à rendre possible et
,1
'f 'f
fécondité (par les serv~ces d~ plartification des naissances):
~
Autrefois sous la juridiction de l' Eg.lise,' les étapes de la vie
.
familiale sont maintenant officialisées de plus en plus par les
~rga-nismes publics: célébration des mariages-, enregistrement des nais-'
sances et des décès, acceptation des divorces, perception des pensions
,
..
, '
8
alimentaires, etc. Par le Code civil et par les lois concernant la
jeu-\
"
nesse, l'Etat encadr~ juridiquement les rapports familiaux. Il se fait
aussi arbitre entre les hommes et' les femmes ainsi qu'entr~ ies parents
et les enfants, délimitant la part de responsabilités et de devoirs de
chacun dans l'univers dom~stique. A,ce sujet, les exemples sont
roulti-pIes.
La loi 89 considère que les femmes au fOY\, peuvent contribuer
à l'enrichissement du pat-rimoine familial(l). Le contrat de mariage'
délimi tera, en partie, la part du pa trimoine qui "revient ~ux épouses
au moment-d'une séparation ou d'un divor~e. Si tette nouyelle loi
reconnaît théoriquement l~ tiavail domestique comme un apport
écono-mique, elle ne détermine aucune échelle de compensation pendant la
du-~~
.
rée du mariage, ni n'oblige maris et femmes au partage du travail et des revenus.
-
,
En instaurant diverses politiques fiscales et de sécurité dureve~u, l'Etat influence aussi les possibilit~s d'autonomie
financiè-re des femmes de même que les niveaux et les types de compensation de ,.
leu~avail,
domestique. Ainsi, certains programmes d'assistance ontpermis tux meres seules de continuer à assumer les charges familiales,
l~Etat remplaçant alors, en partie, le rôle de pourvoyeur du mari
(cha-pi tre cinq). Le congé de ma terni té payé, pour les salariées, l' allo- :,
cation de disponibilité et di~ers aménag~ments récents des régimes
pu-(1)
~
lit 'à l'article 445 que "chaque épouxpe~t
s'acquitter dé sacontribution (aux charges du mariage) par sein activité au foyer".
L'article 459 prcc~se qu'en cas de divorce, "le tribunal peut
at-tribuer, à l'un des époux oU au survivant, en compensation de son
apport à l'enrichissement du patrimoine de son conjoint, un droit
de propriété ou d'habitation ••• " Les premiers jugements porté~
font en sorte que cette reconnaissance ne prévaudrait que pOlil'
i" '
0'
o
• 0
o
blies d'assuranc~ représentent 'autant de façons pour les femmes de
réduire feur dépendance économique face au conjoint et de faire recon-naltre leur apport économique.
1.4 L'objet de cette thèse
1
Le mouvément des femmes a largement questionné l'Etat, surtou~
depuis dix ans, en revendiquant un accr~issement
.
de s~ dépenses et9
un élargissement de ses interventions dans des aspects qe la vie où les femmes supportent seules le poids d'une économie invisible, l'économie .domestique. L'Etat est devenu "l'lnterlocuteur privilégié du mouvement
féministe moderne, âepuis le début de ce ffiouv~ment et, en particulie~,
l ,
à l'étape actuelle. ( ••• ) Ainsi les femmes ont réclamé des droits que
l'Etat peut accorder, des réformes que l'Etat peut accomplir, des
res-sources que l'Etat peut distribuer." (Laurin-Frenette, 1981: 183)
Avx pressions pour combattre la discrimination sexuelle
(sala-riale et.autre) et le sexisme dans l'éducation s'ajo~tent des r~ven
dications portant sur des services divers (garde, planification des nais~an~e's, avortement, .héb,ergement des fermnes violenté'~s par leurs maris) ainsi que sur le droit individuel aux prestations sociales des
femmes au foyer, sur les congés de maternité~payés, etc: Ces
revendi-~
cations se rapportent, en fait, aux conditions actuelles du façonne-
.
ment et de l'entretien de l'espèce! humaine de même qu'aux rapports
prévalant dans l'univers domestique. Vues comme un ensemble, elles
.reflètent le malaise et la volonté de réaménager et/ou de remettre en question les condiëions de vie de la sphère d9mestique et non-
seu-l~ment du marché du travail. Ces réformes peuvent contribuer à
élar-,
gir l'éventail de choix des femmes, à allBger ou modifier leur travail
domestique, à en éliminer les aspects les plus coptraignants et les
plus intolérables.
De plus, la répartition du travail domestique et salarié a un impact lJaj eur sur les conditions. matériel!Js d 'fxistence des femmes:
Elle les rend, entre autres, particuli~ment vulnérables à la
pauvre-té lorsqu'elles vivent sans conjoint et' dépendantes des programmes
~..---'
gouvernementaux appellés universels (allocàtions familiales e~
sécuri-té de la v~eillesse) pour recevoir de l'argent personnel. Par leur
travail domestiq~e, les femmes n'entretiennent donc pas qu'un rapport
économique spécifique avec leurs maris, mais aussi avec l'Etat.
Etant donné le rôle primordial de~ politiques gouvernementales
pour les femmes et pour leur mouvement, 'nQus avons voulu retrouver le
.
""
'10
sens, les effets et le contexte d'évolution-de programmes
gouvernemen-taux
d~
de vue du travail domestique. Cette thèse est limitée àl'examen de certains programmes dits d~ sécurité du revenu. Notre intérêt
principal s'est, en effet,-porté vers les moyens de subsistance des femmes
"-et vers ce que devraient être des politiques sociales axées vers l'égalit~
entre les sexes.
Le chapitre. suivant se démarque des autres en ce qU"il prése~
te une analyse descriptive (le plus souvent statistique) des
princi-pales sources de revenû ftctuelles des femmes, soit l'~mploi, les
trans-ferts gouv~rne~en;a'ux et les échanges d'argent dans les couples. Ce·
chapitre devrait permettre de situer l'importance relative de chacune
de ces sourC~5 de revenu et d'évaluer la pertinence d'hypothèses
con-cernant ces re\·enus;.qu'elle~.,soient implicites ou explicites, dans
Jiverses politiques gouvernementales. , )
-Le troisième chapitre brosse un tableau général d~l'histoire
du travail domestique au Qjé~ec et de celle des politiques sociales.
On retrouve en annexe une llste détaillée des dates importantes
con-1
pcernant l'instauration ou la r~forme des divers régimes d'assurance,
d'assistante ou d'allocations sociales. Cette chronologie couvre la
Péri~i~
de 1900 à 1981 et estac~ompagné~
de commentaires succinctsrelatifs aux femmes, parti~,lièrement en tant qu'épouses et mères.
)
,Les quatrie::me et cinquième chapiltres traitent de l'histoire des
./
allocations fami~les et des prestations d'assistance versées aux
femmes vivnnt s~~les avec Leurs enfants. Bon nombre de ménagères
con-sidèrent
..
Cl'S revenus comme "leur" argent et comme une reconnaissancesociale du travail inveAti dans la reproduction de l'espèce humaine.
--o
o
« r;; "0
...
,.
.
~En ce sens, ces chapitres nous introduisent au coeur du débat sur la compensation monétaire du travail domestique.
.
.
\Cette question est traitée au cours du dernie~ chapitre sous
la fopme des propositions d'octroi d'un salaire domestiqua, d'alloca-'tions ou d'un salaire maternels et d'u'n revenu minimum individuel.
Nous présentons pour chacune de ces propositions les choix sociaux et économiques qui les sous-tendent de même qu'une évaluation de ,leurs
~ffets à partir de critères reliés à l'objectif général d'égalité éco:
nomique entre les sexes. L'on a voulu définir cet objectif en prenant
en considération l'~ctivité domestiq4e et ses impacts sur le revenu et
le travail féminins.
- - '
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(
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) "\
o CHAPITRE DEUXLA DEPENDANCE' ECONOMIQUE DES FEMMES
Afin de mettre en perspective le rôle des politiques sociales,
nous avons brossé un ta~leau rapide des sources de revenu des femmes:
emploi, transferts gouvern~entaux ou partage de revenus dans ~es
cou-ples.
Ch~une
de ces sources de sécurité (et d'insécurité ••• )écono-m;que implique des avantages, des comportements et des rapports sociaux
diLférents. On y voit que la dépenda~ce {conomique des femmes naît du
fonctionnement même du marché du travail et. du mond.e domestique" de leurs (
'liens e't leur séparatwn. Cette' dépendance qui représente le caract~re
le plus visible du travail domestique - ce métj, . . 'd'''amour'' - ne cons-titue pas seulement t'envers du salariat mais assoie et jUstifie les
.
'y petits salaires des femmes ~ l'emploi.
,:
2.1 ,L'argent, d'o~ vient-~?
Depuis quelques années,.ort a vu fleurir toute une littérature
~
~ tentant d'analyser la pauvreté des femmes re§ponsables de familles et
leur recours en grand nombr~aux programmes d'assistance/publique.
Plusieurs auteurS y mesure~t.et comparent les revenus familiaux/et
in-~ividuels des hommes et des femmes, selon leur situation familiale.
-1,
Cette préoccupation a mené ~ une compilation de données "tout ~~fait
percu tantes.
'"
~Ainsi, aux Etats-Unis, Bradburry, Danziger, Smolensky et Smolensky
ont calculé que la proportion des femmes responsables de familles rec~
vant de 1"assistance
publiqu~l~
augmenté de 25%~
4170 entre' 1968 et 197'5(1) L'assistance publique améri~aine est catégorisée selon les types
de bénéficiaires et se distingue ainsi de l'aide sociale québécoise. Les responsables de familles monoparentales peuvent demander l' "Aid
___ 10_
o
,
.
o
13
(1979: 523). Afin de comprendre cefte augmentation ils ont, entre autres,
.
4
comparé aes revenus moyens familiaux et des revenus moyens reçus en
pro-pre par les femmes de 25 h 54 ans, selon leur st~tut (célibataires, veuves,
séparées, divorcées) et,selon la présencè d'eBfants.
Deux conclusions principales s'en dégagent. n'une part, lA où le mari est présent, les revenus familiaux sont supérieurs et seule une minorité de ménages se retrouve sous le seuil de pauvreté. Les auteurs fdnt ressortir que seulement 5,6% des couples avec enfants sont
considé
-rés comme pauvres c~ntre 37,9'7.' des femmes' responsables de familles ayant
dé~h été mariées et 57,9% des m~res célibataires.
o
D'aut~e part, les revenus 'individuéls, des femmes sans conjoint
sont beaucoup plus élevés que cevx des épouses. Ils sont en effet de
6 514$ pour les célibataires, de 5 889$ pour celles ayant déjA été mariées
"et de 2 804$ pour les épouses. La différence provient de ce que les deux
prem~ers groupes' occupent plus souvent des emplois et perçoivent, en mains
)
propres, des transferts gouvernement?ux plus élev~s.
Ces Jche\cheurS en concluent que:
t'The lower levels of well- being of female-headed families do not result from an inability of the
woman herself to gather resources. Rather, they
result from a lack of access to others'incomes,
specifically th~ income of a husband or a wider
fami1~"(1979: 525).
Globalement, les conclusions de 1 t étude américaine corr_espondent
B
~h la situation des Québécoises. Au Québec~ en 1979, 26.9% des femmes
adultes vivent sans conjoint de fait ou légal, comme on le yoit au Tableau 2.1.
(1)
...
to Families with Dependant Children" (A. F. D. C.) si elles sont dans
le besoin. Il s'agit d'un programme fédéral d'assistance que le
gouvernement de cha~ue Etat peut organiser et administrer de façon ~
autonome.
(
/
, "- , ) '...-" ~ l, l'", '" ;..r, ~,-o•
14 T~LEAU2.1
•Statut familial de la population québécoise. rev,enu familial moyen,
Qroportion de familles sous le seuil de faible tevenu, 1979 v
\
Statut familial..
FemmetT- seules Femmes seules Nombre de familles 485,780 ? avec enfants 158,120 Couples sans enftnt 449,930 -Répartition _ des familles % 6,6 ~8,8 Revenu familial moyen $ e 7,852 % sous le seuil de faible revenu (1) 46,2 38,4 9,0 - Couples avec enfants 948,690 318,870 ,39,7 13,4 25,864 10,375 7,1)
Homes seuls Hommes seulsavec ~nfants Ensemble: 2;7,080 2,388,470 1,1 , 100,0 (, 32,8 19,859 ---(2) 18,139.$ 21,b o
SOURCE: Données compilées pour ,nous par l'Office de planification et
,de dév~loppement du Québec ~ partir des microdonnées de
l'en-quête sur les finances des consommateurs.
(2) N.B.
,
Le pourcentage indiqu~ représente une proportion d'unités
familia-les, h l'int~;ieur de chaque groupe, don~ le revenu est inférieur
au seui~\de faible r~venu de Statisti~ue Canada p~ur l'~nnée.l979 •
••
~ sign~fie
\ que l'échantillon est trop petit pour que le pourcen-\ta~~~oit'sign~ficatif.
Voir'l'Annexe 1 pour les définitions."
:
.
/
" \
/1
o
/
'U o..J
..
..
15Les ménages dont elles sont responsables r~çoivent des revenus se situant
la~gemént sous ceux-de "tous les autres types de familles. De plus, ces
,
. .
femmes ,sont plu$ souvent 2a~vres et forment~la majorité des ménages
pau-vres.
•
Conséqùen~~ directe 'de cette p~uvreté: les femmes seules et les
(~
rA--fam~l1es" m6nopare1;ltab~s supportées par les femmes constituent les
ména-ges les plus dépendan~s des prestations de l'Etat po~r leur survie.
Comme on le voit au Tableau 2.2, alors que seulement 4,5% des couples
,
'
avec enfapts vivent principalement de transferts gouvernementaux, ce
pourcéntage est multiplié de 8 à 10 fois pour les femmes n'ayant "pas
de conj oint.
TABLEAU 2.2
Proportion d'unités familiales dont les transferts gouverneme~taux
'constituent la principale source de revenu. Québec. 1979 t ,
Cpuples:
Sans enfant
\
20,Oi.Avec enfants 4~5%
Femmes seules:
Sans enfant 41, li.
AJec effants ~- 36,2i.
~
\
.
. SOURCE: Données compilées pour nous' par l'Office de planification et·
de développement du Québec -h partir des microdonnées de l'en-quête sur les finances des consommateurs.
VoLr l'Annexe 1 pour les définitions. Le pourcentage indiqué
, représente une proportion cl 'unités familia~es à l'intérieur de
chaque groupe. Par exemple, 36,2% des femmes s~u;es avec
en-fants vivent princi~alement de transferts.
o
e
J
,
.
c
,It
,
" " " , ' 16De plus, ces femmes dépendent surtout de programmes d'assistance,
.
.
,
,.
contraireme~t aux couples qui bénéficient davantage des assurances
so-c ( 1 ) ' ,
ciales • Ainsi, 36,9% des femmes responsables de familles
monoparen-ri
'
tales ont re~iré de l' a,ide sociale au cours de l'année 1979, compara ti- _
-
.
vement h 6.6% des couples avec,~nfants; 20,7% de'1'assurance-ch8mage
e~a~son avec 31.9% pour 1e8,fami11e~ biparentales (Tableau 2.3)
v
TABLEAU 2.3o
Proportion d'unités familiales ayant reçu de l'aide sociale, de l'assurance-chômage et/ou de la sécurité de la vieillesse
en 1979,. QUébec. Il ' '70 de familles Couples: Sans enfant Avec enfants P de l'aide sociale 4,470 6,6'70 ~-- ---Fernrtles seules: ~
Sans enfant 11 "lio
1 Avec c en.fants 36,,9% j " ,j ayant reçu 'de l'assurance ch8mage 23,570 31,970 6,2io 20,7'70
.
-de la sécurité de fa.vieillesse 26,7"/. 3,3% 39,2% 18,5%SOURCE: Donnée's compilées pour nous par l'Office de planification et
• de dévetoppernent du Québec à partir des microdonnées de
l'en-qu~te sur les finances des consommateurs. Ci
N. B. Voir l'Annexe l pour ~es définitions. Le' pourcentage indiqué
représente une proportion d'unités familiales h l'intérieur-de
chaque groupe. Par exemple, 36,9% des femmes' seules avec enfants
ont reçu de l'aide sociale au cours de l'année 1979.
(1)
,Le}
assu'l7ances sociales sontfinfmc~es,
en partié. par desc"otisa-tio~s d'individus ou d'entreprises. Seules les personnes ayant
~ontribué (et, parfois, leurs dépendants) ont d~oit aux prestations.
Pour bon, nombre d'entre elles, la ~participation est soumise à
l'exer-cice ~'un 'emploi :(par exemple, l'assurance-chômage, l'assura~ce
retraite administrée par la Régie des rente~ du Québec, etc.). Par
contre, les prestations d'assistance, comme l'aide sociale et le
supplément au revenu du travail, sont versées apr~s examen des
re-~enus aux ménages dans le besoin. Le financement s'effectue h par-' tir du revenu consolidé de l'Etat.
--.
-)
:"'-o
.
,•
..
. --("...
-
..
17 Le Tableau 2.4 indique les revenus moyens reçus en mains' proprespar les femmes adultes, non plus les revenus ,des familles. On peut y
constater, diune part, ·qu'en moyenne, les sommes d'argent reçues
indivi-duellement sont fort maigres.~. Au.moins le tiers des femmes n'ayant
pas d'enfant et plus de la moitié des
m~res
dépendententi~rement,
pour,leur entretien matérie1~ s~it ~u mari, soit de l'Etat. En réalité, le
,
calcul de la moyenne des gains retirés par les femmes dissimule de gran-des différences entre celles qui n'gnt pas d'emploi et celles qui en ont
uu à temps plein ou partiel. Nous ~bordons au cours de la prochaine
sec-tion.ces .variations dans les revenus de travail.
11
faut noter aussi.
que des structures d'age différentes expliquent, en partie, les situations . particulières de chaque groupe" les femmes seules sans enfant étant
géné-ralement plus'âgées •
D'autre part"les femmes sans conjoint ne retirent des gains liés
à l'emploi que 1ég~rement supérieurs à- celles qui habitent avec leurs
compagnons et ce, ~ontrairement à l'étude américaine citée antérieurement.
LB différence
p~e
entre les revenus desprem~res
et des secondesprovient surtout des transferts gouvernementaux; en particulier, l'aide
sociale p~r les femmes parents uniques et la sécurité de la vieitlessè
chez les femmes seules sans enfant.
,
..
.
Les revenus de l'Etat occupent donc une place de première
impor-tance dans la vie des fernrneso
Q
"2.2 Travail salarié et n~riage
Plusieurs auteurs(l) ;nt
analys~
lescaractéristiqu~s
de l'emploifémini~ au Québec et au Can~da comme étant déquali}}é, sans possibilité
• 0
d~~vancement, moindrement rémunéré, etc. "Il n'y aurait pas un marché
du travail unique, m~is un marché primaire où les salaires sont
relati-vçrnent élevés. le rou1e~ent faible et ob existent des posaibilités de
\
(1) Voir ,entre autres P. Amstrong et H. Amstrong (1978), F. Lepage
et A. Gauthi~r (1981).
~;~~:t: 1 J, , \ ~.: ' " ~;, , .', ','
.
,6a4ns 'totaux et transferts gouvernementaux mOylins reçus (1)
en mains ro res ar les femmes adultes' ortion des
r/ fermnes hors du marché du travail
Québec 1979
Fenunes adultes Femmes adultes
avec conj oint sans conj oint
•
18
Sans enfant Avec enfants Spns enfant Avec enfants Gains mOYens: Transferts moyens Total -GI en % du revenu familial moyen:
% des femmes de moins de 65ans 'hors du 4,595$ 8l6~ 5,41l~ 26,9% marché du travail: 39,7%
,...
3,480$ 4,809$ 3,879$ 875$ 1,823$ 2,653$ 4,355$ 6,632$ 6,531$,,~
16,97 .. 84,570 48,2'7. 57,7% 32,7% 52,6%SQURCÈ: Données compilées pour nous par l'Office de planification et
de développ~ent du QUébec h partir des microdonnées de
l'en-'quête sur les finances des consommateurs.
(1) Les moyennes sont calculées pour l'ensemble des femmes, ayant,ou non des gains ou des transferts. Nous avons compté parmi les .transferts veI"!3és aux épouses-, les allocations .familiales, même
si <:ette enquête les attribue aux maris;
(2) L'expression "h0'fs du marché du travail" se réf~re ~ ce que cette
enquête appelle l' "inactivité", 1. e., le fait 'pour une personne
de quinze ans où plus de ne pas ~tre en emploi ou en chamage.
PàI'lTli les lI:{nactives", plusieurs travaillent au noir, d'autres
sont ep formatipn ou ne cherchent pas d'emploi - sachant qu'il
n'yen a pas ou peu - et la plupart continuent de s'occuper de '\ 'la maison et des enfal).ts.
, ,)
(, ) ,
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.' 19promotion et un marché secondaire où les salaires sont ba~, les
condi-tions de travail difficiles, le , roulement~élevé et les chances
d'avance-ment faibles" (Lepage et Gauthier, 1981: 26). Les femmes constituent
une client~le privilégiée de ce second marché de l'emploi.
Le maintien des femmes sur le marché secondaire de l'emploi rend
extrêmement difficile leur indépendance économique. Le travail plus
rémunérateur du mari en fait le premier gagne-pain de la famille et lui
.
~ permet de prendre en charge des dépendants.(femmes et enfants). D'une
"
..
part, i l apparattra "normal" que, moins payées, les femmes se destinent
en premier ,Heu aux activités domes'tiques et rpartagent ensuite leur
force de trava~ le'foyer et l'emploi. Aussi, est-ce sou;ent par
la vie commune avec un homme s~~ié qu'un très grand pombre de femmes
haussent leurs .revenus familiaux au-dessus de la pauvret~. n'autre part,
le travail domestique ae l~~pou~e permet ~u travailleur de ~irer parti
au maximum de son salaire puisqu'il n'a pas à payer le prix du marché.' pour les services rendus par l'épouse.
Au Tableau 2.5, nous avons placé cate à côte les propor,tions de femmes et d'hommes selon leur niveau de salaires en 1979 et selon les
seùils de faible revenu(l) dans les grandes villes
d'apr~s
la taille dela famille. On y voit que 72.8% des Canadiennes t0uchent des salaires
inférieurs
~
ce qui est nécessaire à 1a1survie de quatrep~rsonnes"
soit moins de 11,627$, contre 32,7'70 des honnne's. 49,770 des f~mmekl~vant
de salaires et de traitements en retire~t moins de revenus que c~~' i l
en coûte pour entretenir, minimalement, deux individus.
\.
, Ainsi, la d~pËndance économiqu~ dès femmes dépasse largement
l~unique.groupe des femmes ~ la maison. A l'emploi, les hommes
reçoi-vent 1. un saia;,re qui permet l'entretien de dépendants, un salaire
"faud-liaI ,,( 2) tandis que
~emrnes
ne gagnent que ce qui est suffisant pour(1) Nous ~vons ,utilisé les seuils de faible revenu calculés par
Statis-tique~anada. I l faut noter que ces seuils s~ situent en deçà dè
CtUX du S~t, du Conseil Canadien de développement social et des
. Associations cooperatiyes d'économie familiale. ~
(2) Nous y revenons au cours de la partie sur les allocations familiales.
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f " ,-TABLEAU 2.5Répartition en pourcentage des ind,ividus dont la principale source de revenu consiste en salaires et traitements, en
comparaison avec les seuils de faible revenus, Canada, 1979
Salaires et Seuil de faible
trai telllents
%
des.'
revenu (1)plus petits que: ~emmes Hommes
5,000$ 33,1 13,3 5,286$ (1 pers) 8,000$ 49,7,- 20,3 7,661$ (2 pers) .10,000$ 61,7 "'t<~'). 26,1 9,775$ (3 pers) 12,000$ 72,8 32,7 11,627$ (4 pers) Revenu moyen 8,752$ 16_,650$ . 20
SOURCE: Statistique Canada, Répartition du revenu selon 'la taille du revenu, 1979, cst. no 13-207, tableau explicatif l et laoleau 56 •
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(1) Seuil,s de' faible revenu revisés, selon la taille de la pour les villes de 500,000 habitants et plus •