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Johannes Lohmann : Philosophie et Linguistique (1895-1983)

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-02165187

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Submitted on 26 Jun 2019

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Johannes Lohmann : Philosophie et Linguistique

(1895-1983)

Françoise Daviet-Taylor

To cite this version:

Françoise Daviet-Taylor. Johannes Lohmann : Philosophie et Linguistique (1895-1983). Encyclopédie Philosophique Universelle. Tome III, Les œuvres philosophiques, vol. 2, vol. III, Presses universitaires de France, 1992, Encyclopédie philosophique universelle, Tome III, Les Oeuvres philosophiques, vol., 2, 2-13-041443-5. �hal-02165187�

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Françoise DAVIET-TAYLOR

J

ohannes

L

OHMANN

:

Philosophie et linguistique

(Philosophie und Sprachwissenschaft),1965

Notice biographique : Johannes Lohmann est né à Dörverden (1895) et est mort à Fribourg (1983). Il enseigna dans les universités de Berlin, de Rostock et de Fribourg. Sa thèse, Genus und Sexus, écrite sous la direction de W. Schultze et soutenue en 1929 à Berlin, porte sur l’origine de la distinction des genres dans les langues indo-européennes. Lohmann fut l’éditeur d’une importante revue de philosophie du langage, Lexis (1948-1954), à laquelle il donna de nombreuses contributions.

Philosophie et linguistique (Philosophie und Sprachwissenschaft),1965

La thèse principale de cet ouvrage est que l’histoire du langage constitue l’histoire de l’homme. Le langage est entendu comme « la forme de l’être-là de l’homme » (die Form des menschlichen Daseins). La théorie critique de Kant sert de cadre méthodologique à l’entreprise de Lohmann, lequel s’attache à analyser la « structure transcendantale » du langage. Le point de départ est que « langage » et « pensée » sont à l’origine les deux faces du même phénomène : le logos. Dans le logos se trouvait réuni ce qui se dissociera plus tard et que les grammairiens latins nommeront ratio et oratio. En effet, avant d’être celle d’un individu et d’apparaître comme détachée de celui-ci, la pensée se serait lentement extraite de la « communication langagière collective », cette « conscience inconsciente » qu’était le langage à l’aube de l’humanité.

La forme linguistique articulée est quelque chose qui ne serait dévoilé à la conscience de l’homme qu’ultérieurement, grâce à la « réflexion », ce retour par la pensée sur le langage. Cette réflexion est autant consciente qu’inconsciente : elle est celle du sujet parlant ou pensant, mais aussi celle que le langage effectue sur lui-même, puisque le langage, qui est articulation par la pensée de la totalité du monde, est lui-même un élément de cette totalité à penser. Lohmann s’attache à étudier ce dégagement, cette évolution au cours de laquelle le rapport de l’homme au monde (« ces deux pôles transcendantaux du discours ») se transforme en s’inversant : le pôle actif se trouvait à l’origine du côté de l’« objet intentionnel de l’acte de discours », doté d’une force « magique », et non pas du côté du sujet pensant. Lohmann s’attache d’autre part à définir les « conditions de possibilité de la compréhension interindividuelle ». Le langage, qui est à la source de la raison humaine (en ceci, Lohmann se distingue de Kant), constitue la quintessence de toutes les distinctions, produites en « réponse » aux défis de la vie immédiate. (Lohmann entend doter ainsi l’édifice kantien d’une profondeur et d’une réalité

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Johannes Lohmann : Philosophie et linguistique 2

historiques, sur lesquelles tant la « raison » que la « conscience en général » seraient fondées.) C’est l’« intentionnalité différenciatrice » à l’œuvre dans le langage, cette « tendance » qu’il s’agit d’interpréter, et qui constitue le système « positif » du langage.

Lohmann s’oppose à la conception saussurienne de la forme linguistique, « négative » car uniquement fondée sur les différences, ainsi qu’au recours à la notion de l’« arbitraire ». Pour Lohmann, le langage « est l’incarnation historique du processus au cours duquel l’homme devient lui-même », processus qui culmine avec l’avènement de l’état d’« illatence » du langage, représenté par la possibilité de former un jugement objectif sur la réalité grâce à la copule indo-européenne esti (« est »). La copule permet en effet de différencier pour la première fois désignation objective de la réalité et sujet émettant le jugement. L’hypostase de la réalité sous la forme du substantif grec ojn (l’« étant ») matérialise cette fonction différenciatrice, et serait (au VIe siècle, avec Anaximandre) à la source de la philosophie.

C’est à une mécompréhension de ce qu’est le langage que Lohmann attribue les « fausses pistes » suivies par la linguistique depuis les indo-européannistes (F. Bopp, J. Grimm, H. Steinthal) jusqu’aux structuralistes (Saussure, ainsi que l’École américaine). Lohmann, en revanche, retrouve chez G. von Humboldt la conception d’une « créativité » propre à l’être du langage. Reprenant l’interrogation de N.S. Troubetzkoy quant au « but » d’un événement phonétique, Lohmann s’interroge sur la question générale du « but » du langage, et non pas de sa cause. C’est ainsi qu’adoptant la définition gadamerienne du « jeu » (l’activité humaine qui se distingue des autres du fait qu’elle ouvre l’espace de toutes les activités humaines), Lohmann voit dans le langage « le jeu des jeux », qui, paradoxalement, se révèle être au plan phylogénique « le but des buts ». À l’insu de l’homme, ce « phénomène aveugle » devient porteur de connaissance et conduit à l’« exploitation, la mise en valeur du sens », sous la forme des concepts.

Lohmann recherche précisément comment cette « ouverture au sens » de la réalité humaine s’est effectuée, puisque « l’obtention du concept par le langage » est « le sens suprême de l’histoire humaine ». Mais le langage se serait dégradé pour n’être plus qu’un objet, un simple moyen pour désigner une réalité existant par elle-même. Lohmann propose de fonder une nouvelle linguistique qui considère l’histoire du langage non du point de vue étroitement « descriptif » qui étudie des langues « momifiées », mais dans le contexte universel du sens dans lequel « chaque fait a son lieu dans le temps ». Car le langage est « mise en forme du temps ».

Françoise DAVIET-TAYLOR CERIEC (EA 922) CIRPALL (EA 7457), Université d’Angers, SFR Confluences, 5bis bd Lavoisier, 49045 ANGERS cedex 01 FRANCE

Article-présentation paru dans A. JACOB (sous la direction de),

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Johannes Lohmann : Philosophie et linguistique 3

J.-F. MATTÉI (éd.), Les Œuvres philosophiques, tome 3,

vol. 2, Paris : Presses Universitaires de France, 1992.

Œuvres de Johannes

L

OHMANN

J. LOHMANN, Genus und Sexus : Eine morphologische Studie zum Ursprung der nominalen Genus-Unterscheidung, Göttingen, 1932, Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung auf dem Gebiete der indogermanischen Sprachen, cahier

complémentaire, n°10.

J. LOHMANN, Philosophie und Sprachwissenschaft, Berlin, Duncker & Humblot, 1965, 2e éd., 1975.

J. LOHMANN, Mousiké und Logos, Stuttgart, Musikwissenschaftliche Verlags-Gesellschaft, 1970 ; trad. fr. P. David, Mousiké et logos : contributions à la philosophie et à la théorie musicale grecques, Mauvesin, Trans-Europ Repress, 1989 (avec une bibliographie importante).

J. LOHMANN, « Le rapport de l’homme occidental au langage », Revue philosophique de Louvain, vol. 72, novembre 1974, p. 713-766 (intr. J. Schotte & M. Legrand).

J. LOHMANN, « Du caractère paradigmatique de la culture grecque », trad. fr. E. Escoubas, Poésie, n° 45, 1988, p. 90-102.

J. LOHMANN, « Le Concept du nom » (conférence prononcée au 5e Congrès International de Toponymie, Salamanque, 1955), Présent à H. Maldiney, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1973, p. 173-183.

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LITTERATURESECONDAIRE

H. MALDINEY, Aîtres de la langue et demeures de la pensée, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1975.

H. MALDINEY, Art et existence, Paris, Klincksieck, 2e éd., 1985.

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