HAL Id: dumas-01735484
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01735484
Submitted on 16 Mar 2018HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
milieu hospitalier : la lecture en pédiatrie
Adélaïde Beche Belsot
To cite this version:
Adélaïde Beche Belsot. Vers la réalisation d’une bibliothèque pour enfants en milieu hospitalier : la lecture en pédiatrie. Sciences de l’information et de la communication. 1999. �dumas-01735484�
Maîtrise enSciencesde l'Informationetde laDocumentation
Rapportdestage
Vers la réalisation d'une
bibliothèque
pourenfants
enmilieu hospitalier
La lecture enpédiatrie
Stage effectué
du
7juinau3 septembre 1999Dans le Pavillon Pédiatrie du CentreHospitalier de Roubaix
11,boulevardLacordaire
59100Roubaix
Sous la direction de :
Monsieur Christian LOOCK,
responsable universitaire
Monsieur HubertYTHIER,
responsable
professionnel MadameMarlyseSMITS,
responsable professionnelleLille 3
UniversitéCharles de Gaulle
Maîtrise en Sciences de l'Informationetde la Documentation
Rapportdestage
Vers la réalisation d'une
bibliothèque
pourenfants
enmilieu hospitalier
La lecture enpédiatrie
Stage effectué du 7 juinau 3 septembre 1999
Dans lePavillon Pédiatrie du CentreHospitalier de Roubaix
11, boulevard Lacordaire
59100Roubaix
Sous la direction de :
Monsieur ChristianLOOCK,responsable universitaire Monsieur HubertYTHIER,
responsable
professionnel MadameMarlyse SMITS, responsable professionnelleLille 3
Université Charles de Gaulle
Responsable Universitaire
pour sonécouteattentive, sesconseils précieuxetsadisponibilité. MonsieurleDocteurHubert YTHIER
Chef de Service del'unitéMédecine de Pédiatrie
DuCentreHospitalier de Roubaix
Responsable Professionnel
pour sonaccueilauseindu serviceetsaréceptivité àmontravail.
MadameMarlyse SMITS
Cadre InfirmierSupérieur dePédiatrie
Responsable Professionnelle
pour sesinformations pertinentesetsaconnaissance du terrain,
ainsi que pour sonsoutienauprojet.
MonsieurFrançois MAURY
Directeur du CentreHospitalier de Roubaix Ettout le
personnel hospitalier
pourleur aideetleurcontacthumainsetprofessionnels.
Madame Claudie GUERIN
Coordinatrice desmédiathèqueset centresde documentation
Del'AssistancePublique-Hôpitaux de Paris
pour sonsoutien, sonaccueil chaleureuxetlepartagedesonexpérience.
Mélanie deLudopital
Table des matières
p.
1
P-
3
Liste de abréviations
Introduction
1. LES ENFANTS ET LA LECTURE AU CENTRE HOSPITALIER DE ROUBAIX :
ANALYSE DE L'EXISTANT AVANT ET AVEC LE NOUVEAU PAVILLON DE
1.1. Des lieux, des Histoires : del'Hôpital à la bibliothèque pourenfants
1.1.1. Le Centre
Hospitalier de
Roubaixetl'Hôpital Victor Provo 1.1.2. Lepavillon pédiatrie
1.1.3. L'Espace Connaissances etla bibliothèque 1.2. Des pratiques de lecture
1.2.1. L'hôpital de la Fraternitéoules actions précédentes 1.2.2. Vas àlabibliothèque...
1.2.3. ... oulabibliothèque viendra à toi
1.3. Les demandesetlesattentesdes différents protagonistes 1.3.1. Le personneletla lecture à 1 ' hôpital
1.3.2. Le personneletson investissement dans le projet de
bibliothèque
1.3.3. Les enfants2.1. Des exemples d'ailleurs
2.1.1. La situation nationale de la lectureàl'hôpital
2.1.2. Unexemple deréussite : les
bibliothèques
de l'AP-HP 2.1.3. Desbibliothèques
en servicepédiatrique
2.2. Esquisse de miseenactivité du lieu etdes services
2.2.1. Des documents, des lectures
2.2.2. Un espace pourdes usagesetdes usagers 2.2.3. Une organisation
2.3. Le premier pas d'un fonctionnement : les animations
2.3.1. L'animationetl'accompagnement de l'enfanten
bibliothèque
2.3.2. Des propositions d'animation à
l'hôpital
2.3.3. Unexemple d'animation lectureauCentre
Hospitalier de Roubaix
PEDIATRIE3.1. Desaides definancement àla création deprojet 3.1.1. Lesaides institutionnelles
3.1.2. LaFondation Hachette
3.1.3. LaFondation duCréditMutuel pourla Lecture
3.2. Despartenaires pour lefonctionnement du
projet
3.2.1. LesBibliothèques
de Lecture Publique3.2.2. UnCentre de Documentation : « laDoc»
3.2.3. Uneassociation :
Ludopital
3.3. Un personnel
3.3.1. Embauche
3.3.2. Coordinationet
participation
dupersonnel hospitalier
3.3.3. Desbénévoles Conclusion
Bibliographie
Annexesp
53
p54
f
56
2ABF Association desBibliothécaires Français
ADNSEA Association Départementale duNord pourla Sauvegardede l'Enfance, de l'Adolescence et
desjeunes adultes
ADP Auxiliaire de Puériculture
AP-HP AssistancePublique-Hôpitaux de Paris
ASH Agent des Services Hospitaliers
BCD BibliothèqueCentre Documentaire
BDP BibliothèqueDépartementale de Prêt
BM Bibliothèque Municipale
CAF Caissed'AllocationsFamiliales
CH CentreHospitalier
CHR CentreHospitalier Régional
CHU CentreHospitalier Universitaire CPAM CaissePrimaire d'AssuranceMaladie
DLL Direction duLivreetde la Lecture
DRAC Direction Régionale des Affaires Culturelles
IDE InfirmièreDiplômée d'Etat
Le livre aujourd'huiestunobjet privilégié de communication , de relationetde plaisir. Dévoré seul ou partagé avec l'entourage, il est toujours l'occasion de s'évader, de se distraire, d'oublier, de découvrir, d'apprendre... Onsait que cesmots prennentun réel sens en milieuhospitalier, ce qui tend déjà à imaginer
combien la création d'unebibliothèquepourenfants,dansunservice depédiatrie, pourrait être bénéfique. Ce projet, c'estcelui qu'envisage le CentreHospitalierde Roubaix, dansl'enceinte de son nouveauPavillon de
Pédiatrie. En fait, ilne s'agit plus de concevoir ce lieu mais de le créer et de le mettre en action, car une
piècedestinée à tenirle rôle dela futurebibliothèqueexistedéjà, enattentedepuisun an.
Cette réalité est en fait celle des activités culturelles dans les hôpitaux qui même lorsqu'elles sont
considérées, ne sonttoujourspas unepriorité dans lavie despersonnes hospitalisées, et ontdonc encore du mal àtrouverlesmoyensd'exister. Pourtant,la lecture à l'hôpitaltrouvesesoriginesauXVIIème sièclesous levocable de«distraction des malades» ; etdepuis plusieurs dizaines d'années, s'est développée de manière
significative - bien que très inégale, sur un plan national. Elle est désormais reconnue comme une
composante de la qualité de l'accueil du patient. Lire ou se faire lire un livre, visiter une exposition sont
autantd'élémentsquiparticipent du confort du malade, voire desaguérison.
Les hôpitaux ont, par nature, pour mission d'accueillir et de soigner tous les publics. Dans ces
conditions, une bibliothèque d'hôpital est le signe d'une volonté d'ouverture et d'humanisation d'un lieu parfois mal ressenti. Lieu atypique, espace non médicalisé, donc neutre par rapport à la maladie, la bibliothèque (oumédiathèque)estle pôleculturel d'un établissement hospitalier.
Labibliothèque d'hôpitalentredonc à la fois dans la mission éducativeet sociale de l'établissement, etceparticulièrementenpédiatrie. Elleseraparfoisunéveil à la lecture chez les plus petits, mais aura
peut-être aussi cette mission chezlesplus grands. Lebibliothécairepeut êtrele déclencheur d'une entrée dansle lieu ou dans le livre puisqu'à l'heure actuelle, son rôle n'est plus seulement dedans mais se passe aussi à
l'extérieur desonespace de documentation. Cette observation faite de la lecture publique dansnotre société serévèleparticulièrement vrai à l'hôpital. Là, on ala possibilité d'ouvrir les portesde la lecture àdes gens quinefréquententpashabituellementlesbibliothèques de leurs quartiers, etl'onale devoird'aller- avecle
chariot-offrir de la lecture àceuxquinepeuventpas sedéplacer.
Une bibliothèque vivante, une bibliothèque en mouvement, et qui se déplace «à l'image de la
jeunesse», cepourraitêtrela définition de la bibliothèque que doitouvrir le Centre Hospitalier de Roubaix dans lePavillon de Pédiatriepourrépondreaubesoin de la population quiy séjourne. Aussi, pourcela, il faut
que lanécessité decette activitépourles enfants soitreconnue ; on se demandera alors qu'elle peut être la
fonction de la lecture au sein d'un service de pédiatrie, comment elle peut seprésenter et en quoi elle est
porteused'intérêtpourtoutelacommunautéhospitalière.
bibliothèques d'hôpitaux France, nous esquisserons le fonctionnement du futur lieu de lecture, et enfm nous aborderons les conditions indispensablespourqu'untel projet ait lesmoyensd'exister.
1. LES ENFANTS ET LA LECTURE AU CENTREHOSPITALIER DE ROUBAIX: ANALYSE
DEl'EXISTANT AVANTET AVEC LE NOUVEAU PAVILLON DE PEDIATRIE
1.1. Deslieux, desHistoires: del'Hôpital à la bibliothèquepourenfants
1.1.1. LeCentre Hospitalier de Roubaixetl'Hôpital Victor Provo
Les établissements hospitaliers en France se répartissent entre les hôpitaux publics, les hôpitaux privésetlesétablissements dépendant du secteurmédico-social. Le Centre Hospitalier de Roubaix fait partie
des hôpitaux publics, eux-mêmes divisés en trois catégories d'établissements soumis à une dénomination
particulière qui correspond aux soins et aux techniques que peut apporter chaque lieu. Ainsi, la première catégorie désigne le centre hospitalier régional (CHR) et le centre hospitalier universitaire (CHU) qui
assurent des activités de soins, d'enseignements et éventuellement de recherche dans des domaines très spécialisés. Il s'agitd'établissements de courtsséjours dans lesquels sont implantés des services demoyens
séjours (orthopédie, neurologie). La deuxième catégorie, qui nous concerne ici, représente le centre hospitalier (CH). Il assure une fonction d'hôpital de secteur et peut être également spécialisé (hôpital psychiatrique, hôpital pédiatrique). La troisième catégorie qualifie l'hôpital local qui regroupe l'hôpital
hospiceetl'hôpital rural. Ildessertla population de régionséloignées des grandes agglomérations.
Le CentreHospitalier de Roubaix a doncpour chargeune zone définieparla ville etles communes
moyennes avoisinantes, telles que Toufflers, Lys-lez-Lannoy Croix, Wasquehal etune partie de Tourcoing
... Possédant différentes installations réparties sur cinq sites (doc.l), il a pour fonction d'accueillir la
population dansles meilleures conditions possiblestantmatérielles qu'humaines. Pour cela, ilregroupe330 médecins et 2.700 agents; un ensemble cohérent de 2000 litsassurent en moyenne, par an, 34.000 entrées,
40.000 aux urgences, 180.000 consultations et 2.500 naissances; la logistique permetencore la réalisation
de 1.600.000 repas, le nettoyage de 2.000 tonnes de linge, l'entretien des locaux et des espaces verts, la
maintenance permanente de 150.000 m2. De plus, le Centre Hospitalier de Roubaix tisse des liens étroits avecleCentre Hospitalier Régional de Lille, la Faculté de Médecine, lesCentresHospitaliers deTourcoing
etWattrelos.
L'organisation des divers services hospitaliers et leurs liens est très normalisée: on trouvera d'un
côtél'administration, puis les soignantsetencoredansuneautrebranche la hiérarchisation du corpsmédical indépendante. L'administration hospitalière est composée d'un directeur et de directeurs-adjoints responsablesdedomaines prédéfinis. LeDirecteur du Centre Hospitalierestnomméparle premier ministre;
il s'agiticide MonsieurF. Maury. Chargé de laconduite de l'établissement, ilest entouré deseptdirecteurs
comme le montre l'organigramme (doc.2). Le Centre Hospitalier est géré par un conseil
d'administrationprésidé par le maire de Roubaix, Monsieur R. Vandieredonck. Les budgets de fonctionnementdel'établissementsont fixés àl'échelle régionale. Inauguréen 1984, l'hôpital Victor Provo est l'organe majeur du Centre hospitalier de Roubaix. Non seulement situé au cœur de la ville, ce site concentre sur unmêmelieu lesplateaux techniques du CentreHospitalier-UrgencesetSMUR, réanimation
chirurgicale et médicale, blocs opératoires, scanner, imagerie standard, laboratoires, pharmacie, etc.. Cet hôpital qui dispose d'une capacité de 570 lits est en constante évolution: En 1995, une reconfiguration
complète aétémiseenchantier: elleapermis defaciliter le travail des équipes médicalesetsoignantes, tout
en modernisant l'ensemble des équipements et des services. Puis en 1997, c'est l'ouverture d'un nouveau
Centre d'Action Médico-Sociale Précoce (CAMPS) qui amontré la volonté d'ouverture de l'hôpital sur la
villeau service duhandicap de l'enfant. Cette réorganisation des services auniveau de l'hôpital Provo s'est
vucomplétée en 1998parla construction du PavillonMédico-Chirurgical de Pédiatrie. Etl'ensembledeces
opérations de modernisation sera complété en 1999-2000 par l'ouverture de centres dédiés à la prise en
chargedespersonnesâgéesdépendantes.
Ainsi, le CentreHospitalier deRoubaix, et en sonseinl'Hôpital Victor Provo, offreunlarge éventail
de disciplines etde spécialités médicales lui permettant d'accueillir la population locale danslaplupart des cas sans que celle-ci soit obligée de se diriger ailleurs, vers le CHR de Lillepar exemple. Il s'agit en effet
pour l'hôpital d'être en constante évolution en fonction des besoins de la population en lui offrant, par
exemple, sur place, des soins et examens en accord avec les progrès de la technique, mais également des
services illustrant la fonction humaine et sociale de l'hôpital. La présence d'une hôtesse comprenant et
parlantl'arabe àl'accueil principal de l'hôpital souligne l'effort porté àlaréception despatients ouvisiteurs enprenantencomptele faitquedanscetteville la population d'origine étrangèreestnombreuse. Ainsitoute
personne venant dans ce lieu peut bénéficier des mêmes services sans que sa langue ou sa culture ne
représenteunpremier obstacle.
1.1.2. LePavillon de Pédiatrie
Situésjusqu'alors dans l'ancienhôpital de la Fraternité, les services de pédiatrieont été entièrement
repensés et déplacés. Le nouveau pavillon de Pédiatrie Médico-Chirurgicale a été inauguré en septembre
1998,mitoyen de l'Hôpital Victor Provo ce qui luipermetde bénéficier du plateau technique dece dernier. Lepavillon de Pédiatrie réunit différentes activités dont les consultations, lesurgences (distinctes de celles desadultes),l'hôpital de jour, les unités de médecineetde chirurgie. Le personnelestcomposéd'une équipe médicale, d'une équipe soignanteet d'une autre catégorie depersonnes (salariéesoubénévoles) qui mènent uneactionparallèleavecl'enfantàl'hôpital.
Lapremière équipe, l'équipe médicale, comprend le chefde service de chirurgie-Docteur Hervé
Giard , le chef de service de médecine - Docteur Hubert Ythier, des praticiens hospitaliers, des médecins
consultantsetunepsychologue.
De plus, le service de Pédiatrie se caractérisepar un fonctionnementen fédération assez courant en
milieu hospitalier, qui a pour but de réunir les moyens tant matériel qu'humain. On le remarque
particulièrement dans l'équipe soignante. Le rectangle vert de l'organigramme (doc. 2) permet de repérer
facilement le rapport de cette l'équipe soignante de pédiatrie avec l'administration générale de l'hôpital.
-MadameMarlyseSmits-qui a pourfonction de travailler sur uneorganisation, des conceptions, du travailet
des soins. Elle est assistée par deux cadres infirmiers ou surveillantes - Madame M. Andrée Levrez et
Madame Elisabeth Picot-qui dirigent chacune, respectivement, l'unité de chirurgie etl'unité de médecine.
Dansles différents secteursd'activité de pédiatrie, les soins sont assurés pardes infirmières ou
infirmières-puéricultrices (I.D.E.) au nombre de quarante et des auxiliaires de puériculture (A.D.P.) au nombre de
quarante cinq. A ce personnel s'ajoutent neuf Agents des Services Hospitaliers (A.S.H.) chargés de
l'entretien des différents services. On noteraaussi cinq secrétaires médicales. Lepersonnel est en principe affilié à un service dont le quota d'agents est défini selon l'activité et le nombre de lits. Cependant,
embauché pour la fédération, il peut être amené à bouger à tout moment là où on a besoin de lui. Ces
roulements sont gérés par la surveillante-chef qui a une vision globale de la fédération et tente alors de
résoudrelesproblèmes demanque de personnel auxquels elleestconfrontée. Ces dernierspeuventêtredus à
des congés (vacances, maladies ou autres), des récupérations, des surplus d'activités dans une unité (pour cause d'épidémie par exemple), ou encore à des restrictions imposées par l'administration. En effet et commelemontrent les «? » surl'organigramme (doc.2), certaines fonctions demeurentvacantesàl'hôpital.
Elles sontsoitcombléesauquotidienpour assurer un fonctionnement des services-c'est lecas duposte de
surveillante au niveau des urgences, consultations et hôpital de jour, inoccupé et dont Madame Smits, surveillante-chef, se charge -, soiten attente comme le demi poste d'éducatrice en chirurgie libre depuis
juillet.
Ladernière catégorie de personnel en pédiatrieest cellequeje nommerai le personnel «éducatif».
Elle compte une animatrice qui travaille à temps plein en médecine et une éducatrice à mi-temps en
chirurgie. Ces deuxpersonnes, selonleur spécialités, proposentauxenfantsdes jeux, des activitésayantpour
but de les divertir mais également de les informer, de les initier à certaines règles de santé publique ou
encore de leur faire développer certaines facultés notamment psychomotrices chez les plus petits. On se
trouve, ici, à la frontière entre le milieu hospitalier et l'extérieur. Une impression accentuée par la
participation régulière de bénévoles qui tantôt apportent de la main d'œuvre aux activités déjà organisées, tantôt viennent offrir d'autres formes de divertissements tels des séances de lecture ou des initiation à la musique. En effet même éducatifs, les jeux proposés aux enfants sont d'abord l'occasion de moments de détente, d'uneparenthèse dans les soinsoula maladie.
1.1.3. L'EspaceConnaissances etla bibliothèque
Lerôlepositif des activités culturelles, éducatives et socialespourle patient en hôpital a été depuis
longtempsdémontré. Pourtant, cesactivités onttoujours du mal àtrouverles véritablesmoyensd'exister au
quotidien, dansunmilieu où lapriorité est(logiquement) donnée aux soins. Ainsi, l'Espace Connaissances
donne, àpremièrevue, une place àpart entièreaux disciplines etaux acteurs nonmédicaux à l'hôpital. Il a
été, semble-t-il, le signe d'une volonté générale, aumoment de l'élaboration des plans dunouveaupavillon
partenaires du quotidiencommel'associationLudopital d'avoiruneidentité,une adresse à l'hôpital. Situéau
premier étage du pavillon de pédiatrie, l'Espace Connaissances regroupe comme le montre le plan (doc.3)
des salles deréunion, un localpourles associations, mais surtoutl'école à l'hôpital etdeux bibliothèques
-celle dupersonneletcelle des enfants. Cependant, encore unefois, la réalité de fonctionnementdecetespace
nousrenvoieaucœurduproblème de reconnaissanceetde légitimité deces activités.
Bien que signalé auniveau des ascenseurs, l'Espace Connaissances demeure assez souvent ignoré
des enfants ou de leur famille. Ceci est sans doute accentuépar le fait qu'il se situe àun étage différent de
celui des soins- entous caspourles deux unités où les enfants seraient les plus concernésparles activités, c'està dire enmédecine et enchirurgie-, etmême, dans unlieu excentré. Uneaction de communication et
d'information envers le public potentiel deces lieux paraît donc nécessaire. Deplus, ayant comme faculté d'être un pôle à lui seul, «le pôle culturel de l'hôpital», on remarque qu'actuellement l'Espace
Connaissances est plutôt un désert d'où jaillit comme une oasis la salle d'école. Elle est en effet jusqu'à
présent le seul lieu de l'Espace Connaissances à recevoir du public puisque la bibliothèque du personnel, comme celle des enfants que nous évoquerons après, demeure à l'état de fhche. Dans ces conditions s'explique facilement l'impression qui se retrouve, chez les enfants comme au sein du personnel, de l'ignorance despossibilités dececadre. Cependant, il convientencore une fois de rappelerquedans le milieu hospitalier la priorité est donnée à la santé des patients. C'est pourquoi le développement et la mise en
activitéeffective detousles services dontdisposecetespace nefurentpaspossible dès l'aménagement dans
lesnouveauxlocaux dupavillon de pédiatrie, ilyabientôtun an, tantàcausedes budgetsquedu nombre des
agentsemployés à d'autres besoins.
Alleràl'école àl'hôpitalestpour unenfantunmoment souventtrès attendu, unmoment privilégié. Celaveutdirequel'enfant estenétat de sortir desachambreou que quelqu'un viendra faireavecluiun peu
de devoirs, cela peut même être une demande de l'enfant lui-même. Le temps de travail est court: non
seulement,l'enfant sefatigue vite, mais il faut aussi pouvoir placer, entrelesexamensmédicauxoules soins,
une séance de travail. Rien à voir avec l'école traditionnelle: ici, il ne s'agit pas d'une classe avec trente élèvesetunprofesseur, mais d'une salleavec un, deux, trois enfants, parfoisun peuplus, qui travaillent avec un, deux, troisprofesseurs ; pas un programme pourtoutle monde, ni d'emploi dutempsrigoureux mais des
exercices selon le niveau de chacun et desmatières selon l'humeur oules besoins. Et puis on vient pour ne
pas être perdu en sortant de l'hôpital, pour combler des lacunes, même pour s'occuper... «L'école à l'hôpital, c'est cool » dit un dessin d'enfant sur la porte d'entrée. La durée de la séance et le lieu qu'est l'hôpital ontobligé les enseignants à développer des méthodes originales de travail : on favorise des formes
ludiques d'exercices avecl'usage fréquent de cédéroms; onamène l'enfant qui le souhaite à s'exprimeren
participant àunjournal Cesjoursàl'hôpital(doc. 4) où les jeunesracontentàtraversdesmots etdes dessins
leurhistoire, leur vie à l'hôpitalou tout ce dont ils ont envie de parler. L'écoleà l'hôpital, c'estsouventun
professeur de l'Education Nationale entouré de bénévoles. A Roubaix, Martine était jusqu'à présent l'enseignante titulaire à mi-temps. Etant amenée à partir, elle est remplacée dès la rentrée par un nouvel
pour prendre en charge les enfants. Madame Danel, parexemple, estprofesseur des écoles dans une école
élémentaire; elle vient deux heures chaque mercredi matin s'occuper des enfants. Cejour-là, l'instituteur
titulaire n'estpas là(car c'est mercredi) alors ellepasse dans les chambres des enfants effectuer avec ceux
qui le désirent le travail scolaire qu'ils ont ramenés de chez eux. D'autres personnes, bénévoles en
permanence, vont en salle de classe avec un enfant et font des exercices dans le domaine que ce dernier
choisit. L'école à l'hôpital c'estun lien avec le quotidien. C'est l'école comme dehors... avec, en plus, le
plaisir dechoisir.
Labibliothèquepourenfantsestà côtéde l'écoleDeux entréespermettentd'y accéder: uneporteau
bout ducouloir del'Espace Connaissancesetuneautrequi communiqueavecla salle de classe. Prévueavant
même laconstruction desnouveauxlocaux, l'implantation d'une bibliothèquepour enfants aété connue et
approuvée par l'administration. Sa présence dans le Pavillon Médico-Chirurgical est un projet dont le
DocteurYthier, chef du service de Médecine, aétél'un desprincipaux protagonistes. Il s'agissait, pourlui, de donnerun vrai lieu aux livres au sein de l'hôpital et aux nombreuses animations qui découlent de ces
objets etde leurshistoires. Le choix de la mitoyenneté de l'école et delabibliothèque avait également été
décidé avec l'institutrice, en poste jusqu'alors, pour qui la fréquentation des livres était quelque chose
d'essentiel chez l'enfant et qui imaginait tout à fait des travaux de recherche, d'écriture ou autres en
partenariatentrelabibliothèqueetl'école. Pourtantjusqu'alorstoutestàl'état de projet... La salle existe,un
petitpanneau indique surlaporte «bibliothèque», mais cette porte esttoujours fermée carla bibliothèque
est une salle vide... Une salle qui ne sert pas et qui n'a pas actuellement les moyens de servir : aucun matériel, aucun livre et aucun personnel... Juste, dans les différentes unités, quelques personnes avec des
idées etl'enviequela bibliothèque soitunjour, bientôt, accessibleauxenfants.
Enfin, il convient de situer, de manièrerapide, parrapportaurestedenotre expérienceetparrapport
à l'Espace Connaissances, deux lieux : la bibliothèque du personnel et le local des associations. La
bibliothèque du personnel est, àl'heure actuelle, commecelle des enfants... A l'intérieurpointant, un fonds de documents se trouve dans des cartons : il provient de l'hôpital de la Fraternité où une bibliothèque
fonctionnaitgrâceàunesecrétairemédicale aujourd'hui auxconsultations etqui bienquetoujours décidée à
s'en occupern'enapeutêtrepasletempspourl'instant, maissurtoutnedisposepasdumobilier nécessaireà une installation. Le local desassociations, lui, est au contraire utilisé: l'association roubaisienne Ludopital, souventprésente à travers des dons ou des animations, y entrepose du matériel. Il s'agit ici, en fait, d'une
réalité quotidienne des activitésnonmédicaliséesdans cemilieu : les dons etlebénévolatsont actuellement
le moyen de proposer quelque chose mais peut être aussi une certaine «décharge» de la part du milieu hospitalier.
1.2. Des pratiques de lectures
1,2.1 L'Hôpital de la Fraternitéoules actionsprécédentes
Les servicesde pédiatrie étaient jusque septembre 1998 à quelqueskilomètres dunouveaupavillon,
dansunautrequartier de Roubaix, dans les bâtiments de l'Hôpital delaFraternité. Danscelieu existait déjà,
comme nous l'avons souligné dans la partie précédente, une bibliothèque du personnel. On y rencontrait
essentiellement de la documentation médicale surtoututilisée parlesmédecins, les internes et les stagiaires enmédecinemais la bibliothèque pouvait être aussipour lereste dupersonneluncentrede ressources pour la préparation de concours par exemple. Les enfants, quant à eux, ne possédaient pas leur propre lieu de lecture. Cependant, malgré l'absence d'une bibliothèque qui leur était destinée, quelques pratiques de lectures ont tenté d'être développées: elles étaient de deux ordres, et ont connu chacune un destin bien
différentmalgré labonnevolontédont chacune étaitissue.
Le premier type d'action en matière de lecture des enfants à l'hôpital consistait en un partenariat
aveclaBibliothèque Municipale de Roubaix. A l'initiative de Sylviane, l'animatrice de l'unité de médecine, l'hôpital empruntait une quarantaine d'ouvrages dans le fonds du secteur Jeunes. Les livres étaient alors proposésrégulièrement, comme dans unpetit coin bibliothèque, en lecture surplace. Lereste du temps, ils
étaiententreposésdans unearmoire fermée à clé, accessible seulementparl'animatrice. Cette dernière avait
laresponsabilitétotale des documents; lechefde service co-signait l'emprunt, mais l'hôpital déclinaittoute
responsabilité si desouvragesdisparaissaientou étaientabîmés. L'activité aété renouvelée deux années de
suite. L'accès à un choix de livres en général bien apprécié par les enfants s'est cependant confronté, au
quotidien, à de gros obstacles, plus fortement encore ressentis dans les lieux de Victor Provo. En effet, la gestiondeceprêtetsonrenouvellementrégulier étaitparfois difficile-faute detemps- mais, d'unpointde
vue matériel surtout, Sylviane s'est trouvée dans le nouveau pavillon sans armoire pouvant réellement assurerla sécurité deslivresàl'hôpital. Ainsi depuis ledéménagement, ceprêtestsuspendu.
L'autreactivité de lecturepourenfants de l'Hôpital dela Fraternité était elle baséesurl'intervention
de personnes extérieures. Il y a eu pendant quelques temps lavenue de jeunes du Lycée Baudelaire, mais
nous parlerons plutôt de celle proposée par une autre bénévole, Nicole Lepoutre, qui est conteuse. Elle a
reconduit son action dans le nouveau pavillon de pédiatrie et pratique cela en hôpital depuis trois ans.
Maintenant, durant l'année scolaire, environ une après midi par semaine, elle entre dans les chambres des jeunes enfants et offre à ceux qui le souhaitent de passer un moment avec eux. Elle leur raconte des
histoires... Parfois après, l'enfant a envie de parler: on se raconte des histoires... Ces instants d'échange
sont souvent très forts. Nicole, parfois, à la demande des soignantes, se rend auprès d'enfants tristes, qui pleurent beaucoup et réclament leurs parents: là, l'enfant n'est pas forcément volontaire, l'approche est
souvent unpeuplusdifficile; mais auboutde quelques mots, quelques images, la conteusefait oublier les
ennuis duquotidien à larencontre de nouvelles choses... L'action de Nicole est reconnue du personnel qui
1,2.2. Vas àlabibliothèque...
Lenouveaupavillon médico-chirurgical de Pédiatrieadonc étéconçu avec l'intentiondedévelopper une réelle activité de lecture. Nous avons déjà signalé dans la présentation des lieux qu'une salle
«Bibliothèque» a été aménagée au premier étage dans l'Espace Connaissances. L'existence d'un lieu
spécifique destiné à la lecture, en milieu hospitalier, est particulièrement importante : en effet, une
bibliothèquepermetd'offrirun service permanent, un accèsdirect du public aux ouvrages et de développer
chezcedernierun sentiment d'autonomieausein del'hôpital. « Labibliothèque à l'hôpital, lieuderencontre
non médicalisé, doit avoir l'aspect avenant de tout autre lieu de lecture
publique»1.
Et, ici encore plusqu'ailleurs, lestemps d'ouvertureetles services doivent être adaptésauxrythmes de vie desusagers dans les
différentesimités; onvientquandonle souhaitepourlire, consulter des documents surplace, lesemprunter
ouparticiper à d'autres formes d'activités liées auxlivres. Ainsi, il estintéressant de voir comment, dans le pavillon de Pédiatrie de Roubaix, ce service de bibliothèque permanente peut s'appliquer aux différentes
unitésde soins. Il convientpourcela de s'appuyer sur une analyse précise des pratiques de fonctionnement
decesdernièresetsurtoutde bien connaître leurspublics.
Le Servicede Médecine d'abord. C'est le service leplus important de pédiatrie, ennombre de lits.
Situé au deuxième étage, il possède quarante lits accueillant les enfants de 1 mois à 12 ans et une unité particulière de cinq lits destinée à recevoir des adolescents jusque 16 ans environ. Les enfants restent en moyennedeuxjours. Lors de monentretien avec Madame Picot (doc.5), surveillante de ce service, celle-ci
me disait que le nombre d'enfants ici variait beaucoup selon les périodes de l'année : «C'est toute la difficulté des services de pédiatrie. Il ya une
période
oùil
ya énormément d'enfants, c'est l'hiver, c'est à dire du 15 novembre à peu près au 15 mars. On a là énormément d'enfants puisqu'on estdans les
périodes
qu'onappelle épidémiques.
C'estlà
où on vaavoir
toutes les gastro-entérites,toutes les bronchiolites, et là on a essentiellement des petits. [...] En moyenne ça tourne aux
alentours de quarante
enfants.
L'été,alors il
y a unepériode intermédiaire
qui souvent se passe du 15 marsau 15juillet,
[...] on a une moyenne de vingt àvingt-cinq enfants.
Etpuis, il yala période creuse d'été, qui jusqu'à maintenant du peu d'expérience que j'ai en pédiatrie où là on a unemoyenne
de
quinze à vingt enfants. Puis après
onredémarre la période d'hiver, mais
ça monteprogressivement,
cen'est
pasdu
jour
aulendemain
quel'on
vaavoir
quaranteenfants.
» Lefait
quelabibliothèque pour
enfants
nesoit
passituée
aumême étage
quel'unité
nesemble
pas apparaîtrecomme un obstaclecar la grande
majorité
des enfantsfréquentant
ce service peut se déplacer-parfois
avecdes outils de
perfusion mobile
parexemple
-mais
«à
partir du
momentoù il
sait
marcher un enfant se débrouille bien dès qu'il a
pris
sesrepères dans l'unité
». On peut donc1
GERMANAUD,Marie-Claire etRAPPAPORT, Georgette. Créeretanimerunebibliothèqueenmilieu rural, dans les petitesagglomérations, à l'hôpital, dans l'entreprise. Paris :Editions du Cercle de la Librairie, 1986. P.54
imaginer dans
la
mesure oùil
est assezgrand
etoù son étatde
santéle lui
permet, qu'en Médecinel'enfant pourra
aller à la bibliothèque
commeil
serend actuellement dans la salle
d'animation ouà l'école, c'est àdire de façon volontaire mais toujoursavecl'accord du personnel soignant.Le fonctionnement du Service de Chirurgie est à peu près similaire à celui de Médecine. C'est sur
l'année, avec 78 %, le service le plus rempli du pavillon de Pédiatrie. Il est situé au troisième étage,
comprendvingt-cinqlitsetaccueillelesenfantsjusquel'âgede 15 ans.D'après Madame Smits,
surveillante-chefdepédiatrie, «ilyatrès peude bébés, on arrive plusfacilement àavoirdes enfantsentre 8 et 15 ans. »
(doc.6) La duréemoyenne de séjour ici est de trois jours. Comme au deuxième étage, on envisage que les
enfants aillent àla bibliothèque car très peu d'enfants sont immobilisés malgré les soins et les opérations. Médecinsetpersonnels soignants essaient, dans la majorité des cas, que les jeunes puissent se déplacer par
différents moyens : « Si c'est des plâtres au
niveau
desjambes,
on a desfauteuils,
explique encoreMadame Smits,ce que vousn'arriverezpas àdescendre,ce serales litsavec les tractions. »
Pourtant la présence dans ces deux services de ces quelques enfants immobilisés, de trèsjeunes
enfants pasencore en âge desedéplacer seuls, ou encored'enfants isolés-c'est à dire atteints de maladies
contagieuses et qui ne sont donc pas autorisés à sortir de leur chambre - ne permet pas d'envisager
seulement un service où les enfants viendraient seuls ou accompagnés (d'un parent ou d'un membre du
personnel) àla bibliothèque.
1.2.3. ... oula bibliothèque viendra à toi
Lechariot(ou service auchevet)estunautredispositif de lecture qu'ilparaîtdoncessentiel d'offrir à
l'hôpital face aux derniers publics que nous évoquionsen Médecine et en Chirurgie - les enfants
immobilisésouisolés. C'est souventle service d'accèsaux livres leplus connuetquiveutêtredéveloppé en
premier en milieu hospitalier car il n'implique pas, apparemment, les nombreuses contraintes de l'aménagement d'unlieu spécifiqueouvertaupublic. Pourtant, il faut savoir qu'ici le simple fait de vouloir
seprocurer un chariot relève déjà du défi, mais surtout que le passage au chevet du malade demande une organisation tant matérielle qu'humaine très rigoureuse. Une première discipline s'impose de fait au
responsable du chariot : c'est le respectdu rythme de vie des imités et une attention spéciale aux mesures
d'hygiène,pourlui commepourlesouvrages, voire leport d'une combinaison stérile lorsqu'il veutvoirun
enfantisolé.
Avec lechariot, une personne vavoir les enfants dans leurs chambres etleur propose des livres. Il
s'agit d'unservice deprêt, maisaudelà de cet aspect,c'estl'occasionpourl'enfant de recevoirde la visite,
celle dequelqu'undeneutre,ni personnel soignantoumédical, niparents. C'est lemomentd'une rencontre,
d'un échange et pour cette raison la bibliothécaire va souvent rester un temps avec l'enfant, raconter des
histoires ou discuter. Ainsi, le passage du chariot de livres demande à son responsable d'un côté une
documents afin de choisir rapidement etjustement ce qu'il va emmener dans son voyage à travers les
services. En effet, il est rarementpossible que la personne discute avec l'enfantavant de lui rendre visite. Alors, labibliothécaire doit faire unpré-choix en fonction dece qu'elle sait de l'effectif de chaque unité; elle essaiera d'avoir, dans la mesure du possible, les âges et les sexes des publics potentiels et parfois quelques éléments supplémentaires lui serontrapportés par le personnel soignant quant àl'état de l'enfant, ses goûtsouson comportement. Lasuiteestquestion d'intuition, d'expérience... mais surtout de la réaction
desenfants.
L'Hôpital de Jourestuneautreunité duPavillon Médico-Chirurgical quipeut encoreêtreconcernée
par le passage d'une personne au chevet des patients. 11 s'agit d'un service de cinq lits, avec un taux
d'occupation assez faible, ouverts du lundiauvendredi de 7 h 30 à 17 h. Proche du plateau technique, il est
conçupourréaliserdes soins etdes examens programméssur une courte durée. Cette organisation, souvent
minutée, nedonnedoncpasvraimentaujeune lapossibilité de sedéplacer, ce àquoivarépondre le chariot. De plus cette unité est, entre autre, chargée du suivi régulier d'enfants atteintsde maladies chroniques ou
longuesmaisqui ne nécessitentpas ouplus une hospitalisationcontinue. La visite delabibliothécaire peut
alors s'avérer êtreintéressante lors d'unepremièrevenue : c'estlemoyen d'informer l'enfant de l'existence de labibliothèque pour, le casoù il revient, qu'il fasse lui-mêmesa demande enfonction de ce qu'il désire
lireenarrivantlematin.
Enfin, les deux derniers secteurs du pavillon que sont le Service de Consultations etles Urgences Pédiatriquesne semblentpas, à priori,permettrelesactivités traditionnelles d'une bibliothèqueoumêmeles
deuxdispositifsque nous avonsdétaillés précédemment. Cependant, la tendance des bibliothèques de lecture
publique actuellement est, justement, de développer les actions en faveurs des publics dits« exclus». La
bibliothèque à l'hôpital fait d'ailleurspartie de ce qu'on nomme le «tiers réseau» ce qui signifie qu'elle a
lesmoyensde toucher des personnes dont on sait qu'elles ne franchiront pas d'elles-mêmes laporte d'une
bibliothèque. Ainsi le milieuhospitalier en tant queterrain de santé publique etd'action sociale, peut alors opérer une actionde lecture publique pluslargequecellegénéralementattribuéeauxbibliothèques.
LeServicede Consultationsdel'hôpital de Roubaixsesitue aurez-de-chaussée, directement après le
hall d'entrée dupavillon, etreçoit du lundi ausamedi des enfantssurrendez-vous detous âges dansplusieurs spécialités (chirurgie osseuse et viscérale, médecine pédiatrique, rééducation fonctionnelle, endocrinologie, hématologie, pédo-psychiatrie, etc). Parallèlement mais dans des conditions pourtant différentes car là la
tenued'unagendamême àmoyentermen'estpas envisageable,les Urgences accueillent aussi les enfants de
1 moisà 16 ans. Ce serviceassure une prise en chargeetdes soins adaptésauxenfantstousles jours 24 h / 24. Avec leurs types de fonctionnements, Consultations etUrgences sont donc principalement des lieux de
passage : les circonstances d'admission ou plus généralement la durée de séjours à l'hôpital qui est ici de quelques heures, ne permettent pas aux patients de se déplacer et, moins encore, de venir emprunter un
document à la bibliothèque. Pourtant, l'attente qui caractérise le quotidien de ces unités est un moment
propiceàlalecture. Labibliothèquepeutyintervenirenproposantdes animations (passages de lecteurspar
emmenésmais dontonveilleraitaucontraire àcequ'ils soient régulièrement renouvelés. Eneffet, des livres ou des revues, en mauvais état et trop anciens ne favorisent ni l'envie de lire, ni l'entrée dans le
livre. Cela ne participe pas positivement à la prise en compte du
public
dans ce moment difficileque peut
représenter
l'attente
oule
lieu
de l'hôpital.
1.3. Les demandeset attentes desdifférents protagonistes
Mon arrivée en stage àl'Hôpital de Roubaix repose sur une démarche personnelle compte tenu de ma formation, de mon expérience en animation lecture avec des enfants et encore de mon intérêt pour les
pratiquesde lecture dans cemilieu médical. Lorsdemaprise de contactavecMonsieur Maury, directeur du
Centre Hospitalier, celui-ci m'a informée de l'existence d'une bibliothèque pourenfants, pas encore en état defonctionnement, dans le PavillonMédico-Chirurgical etde quelques animations lecture déjà pratiquées.
Récemmentnommé àcette responsabilité, ilnepouvaitm'en dire plus : il m'a alors dirigéevers le Docteur
Ythier,chef de Service de Médecine,plus àmêmedemerépondresurl'état réel des activitésde lecture dans
lesunitésdepédiatrie.
Dansle cadre de développement de la bibliothèque pourenfants, j'ai ensuite rencontré différentes personnespouvantsetrouverimpliquéesdansceprojet. Selon leurs rôles, j'ai souhaité qu'ellesmeracontent
leursconceptions de la lecture à l'hôpital, les envies de chacunepourlafuture bibliothèqueet comment elles
envisageaient sonfonctionnementausein des services, voire leurinvestissementpersonnel danscette action.
Les proposrapportés dans l'analyse suivantesontextraits d'un certain nombre d'entretiensquej'ai effectués avecdes acteursmédicaux, soignants et éducatifs de pédiatrie;l'intégralité des propos de Madame Picot et Madame Smits,qui ont accepté de répondre longuement àmesquestions estprésentée en annexe(docs.5 et
6). Ilétait donc question, pourmoi, aucoursd'enquêtes qualitatives, de découvriretde comprendreenayant
le point de vue d'une personne à partir de thèmes donnés. Je soulignerai enfin que mon rapport avec
l'administration s'est limitée aux informations acquises par Madame Smits - cadre infirmier supérieur
-puisque devant le cloisonnement et la hiérarchisation des services, mes tentatives pour joindre d'autres
interlocuteursontétévaines.
1.3.1. Lepersonnel etla lecture àl'hôpital
Laréaction dupersonnel quant à la création d'une bibliothèquepour enfants enmilieu hospitalier et
ici dans le Pavillon Médico-Chirurgical apparaît globalement comme enthousiaste. Il ressort que
l'implantation dans une ville comme Roubaix où la population n'estpas majoritairement issue de milieux favorisés, soit aussi pour le personnel un élément à prendre en compte pour développer ici la présence du
livre; en ce sens, Madame Smits dit «Moi, je trouve ça formidable et il faut absolument qu'on arrive à
saventpas,qui n'ontpas envie de lire, qui n'ontpasle goût de la lectureparceque cen'est pas un mode de
fonctionnementchezeuxet quel'écolene suffitpeutêtrepasàleurfaireprendre le goût. »
De plus, le personnel bien que ne connaissant pas souvent d'autres exemples de bibliothèques à
l'hôpital, ades idéesbien précises dece quereprésentecelieu: «A l'hôpital, onvoit quand même beaucoup d'enfants qui s'ennuient, dit Madame Danel- institutrice bénévole- alors, la bibliothèque ici, ça seraitun peu commel'école, uneporte ouvertesurl'extérieur, des momentsde détenteentravaillant ! »Pourtant face
à cetteconception trèspositive de labibliothèque d'hôpital, Madame Picot-cadre infirmier du Service de
Médecine-émetquelques réticences sur un fonctionnement à venir«Moi,jetrouve çabien maispour une
certaine catégorie d'enfants. Qui ditbibliothèque ditaussi savoir lire. Parce que sinon ça va être des livres
images,etunenfantne va pasprendreunlivretoutseul, ça vadurer cinq minutesunefois qu'ilauraregardé
les images c'est fini. Il faut qu'il y ait quelqu'un à côté qui l'accompagne dans la lecture. [...]La
bibliothèquenedoitpasresterunendroit oùonvachercher le livre, onlit danssoncoin etpuis point final. »
Ainsi, la lecture à l'Hôpital de Roubaix devrait être favorisée par la présence d'une bibliothèque
permanente, mais comme le souligne les propos précédents, il est important que cette dernière ait un fonctionnement répondant aux besoins desusagers etdu contexte spatio-temporel dans lequel elle s'inscrit.
Eneffet, la lecture en milieu hospitalierpeut non seulement avoir les mêmes fonctions quedanstoute autre
bibliothèque de lecture publique - fonction culturelle, éducative, pédagogique, récréative, etc. - mais la
coexistenceavecles soinsetla maladievaparfois même endévelopper d'autres. «Jepense que çapeutêtre
un moyen de détente de l'enfant, un moyen où l'enfant oubliera peut être qu'il est à l'hôpital. Mais je
n'enlève pasnonplusquec'estunmoyend'entrerenrelationavecl'enfantetun moyen, des fois,delui faire
dire des chosesqu'ilressent etne saitpasnousexprimer lors deson hospitalisation. »dit Madame Smits qui
conclut sa définition de la fonction de la lecture à l'hôpital par «Educative et thérapeutique [...]. La
communication tout simplement. Quand on arrive à communiquer avec l'enfant, on arrive à le soigner, on
arrive àfairepasserdesmessages. C'estundesmoyens, c'estpasle seul. » Aces situations d'échangeparle
livre décrites parla surveillante-chef, Madame Picot voit elle aussi quelque chose de thérapeutique: « Ça
peutêtrethérapeutique dans lesensoùmêmeunenfant quis'ennuie, lui faire la lecture, lui donnerunlivre, à condition qu'on choisisse bien ses lectures, ça peut lui donner une ouverture au rire [...] Pour d'autres
enfants, çapeutdonner une ouverture à «je vis unmoment de galère, jeme plonge dans quelque chose de
plusagréable ». »Atraverslesproposdesdifférents personnels, onperçoit quela reconnaissance de l'action
dulivreetde lalectureen milieuhospitalierestdéjà acquise, restepour euxàtrouverlesmoyensde monter
1.3.2. Lepersonnel etsoninvestissement dans leprojet de bibliothèque
Depuis leur initiative jusque leur mise en marche et leur durée dans le temps, les actions de type
culturel àl'hôpital doiventprouverleur raison d'être. Laparticipationdu personnel danssonensemble etaux différentesétapes duprojetestalors primordiale. Ainsi, le Docteur Ythier fait partiede l'équipeinitiatrice de la bibliothèque pour enfants dans le Pavillon Médico-Chirugical. Avec, Martine, l'ancienne institutrice
titulaire qui l'avait accompagné dans ce projet, ils croient réellement à l'importance du livre en milieu
hospitalier. Dansce sens, ce que nous venonsde montrerdans la partie «Lepersonneletla lecture»(1.3.1) témoigne bien d'une prise de conscience des différents corps de fonction de pédiatrie quant au
développement d'activités liées aux livres à l'hôpital. Cependant si chacun sait leur bien-fondé, les contributionsindividuellesouperspectivesd'action dans la réalité de lavie hospitalièresemblent limitées.
Ilapparaît, eneffet, unanaprèsle déménagementdans lesnouveauxlocaux que si la bibliothèquene
fonctionnepas c'est à la fois faute de moyens matériels et de moyens humains. Madame Smits reconnaît
pour le futur fonctionnement: «L'idéal, [...] ça serait vraiment une personne embauchée qui soit là,
présente, qui soit responsable, qui gère. » Elle ajoute, selon
elle, la nécessité de l'investissement
dans ceprojet desagentssoignants, comment le livre peut avoir unrôle apaisant etpositif dans leur fonction etleur approche del'enfant;elle évoque d'ailleurs,commeexemple,une
infirmière qui utilise
le chant «Moi je voistrèsbien aussi une auxiliaire en train deraconter unehistoire le temps qu'on fasse un soin un peu agressif
[...] Toutlemondene saitpas chantermais pourquoipas se dire: « Tu sais t'as lu cettehistoire-là, tuveux
queje te larappelle ? »». Cependant, à l'heure actuelle, Madame Smits - comme Madame Picot dans les propos suivants- avoue que la participationdu personnel soignant aux actions de lecture n'estpas possible
malgré l'envie de certaines personnes : «
Ça
aurait été il y a quelques mois j'auraispu vous dire oui, j'ensensquelquesunescapables de s'asseoir à côté d'un enfantavec unlivre, mais là aujourd'hui honnêtement je
n'enressenspasbeaucoup. [...] onleur retire de plusenplus de personnel enleur demandant toujours plus, toujours plus, toujours plus, et bien malheureusement ce qu'elles déplorent elles- mêmes, c'est dene plus
avoir letemps dematernerl'enfant. Même si éveiller l'enfantautraversd'un livre çafaitpartie d'un soinet
bienc'estquand même cela qu'onvaretirerenpriorité quandonn'apas assezde monde,parce quec'estpas vitalpourl'enfant ; c'estpasvital dans le traitement; en revanche,ne pasprendre la température çapeutêtre vitaldoncellesvontprendre la températureetle livre elles lelaisseront fermé. »
La mise en route avec les différentes catégories dupersonnel hospitalier est donc pour lemoment
quelque chose de difficile. Pourtant, le fonctionnement au quotidien du projet peut se trouver pénalisé s'il
n'obtientpas, dèsle départ, le soutien de chacun surleterrain. Lepersonnel éducatif apparaît alorspeutêtre
commelapremière pierre àposer dansun édifice pourl'instant posé sur de fragiles fondations. Et face aux
difficultésd'engagementdes soignantes, Madame Smitsrépond «[...] les éducatrices, elles oui, elles seront
partieprenante» cequeconfirment Sylviane etNathalie,respectivement animatrice du Service de Médecine
l'une imagine pouvoir emmener les enfants qu'elle reçoit pour ses animations emprunter des livres, tandis que l'autre aimerait utiliser des livres dans son travail mais ne dispose pas actuellement d'un fonds intéressant. A la contribution de ces personnes, on peut ajouter une collaboration probable entre la
bibliothèque et l'école facilitée par la mitoyenneté des deux lieux et la volonté évidente de l'ancienne
institutrice pour ce type de relation ce que voudra sûrement aussi favoriser le nouvel instituteur titulaire... pourlesjeunespatients.
1.3.3. Lesenfants
Il seront, nousle savons, lesprincipauxusagers dela future bibliothèque. Ainsi uneprésentation de
leurs profils et de leurs attentes en tant que public paraît essentiel avant la mise en place des différents
services. Pour cela j'ai élaboré trois questionnaires (doc.7) selon des catégories d'âge prédéfinies. Ces dernières correspondent à la fois aux grandes classes d'âge des établissements scolaires (maternelle, élémentaire, collège) et aux regroupements d'enfants établis dans les unités. Les questions sont conçues selon différentes méthodes - comme vu en cours (questions ouvertes, fermées, avec classement,
commentaires)-mais ici uneanticipation des réponsesestprivilégiée donc la plupart dutempsle choix des réponsesestlimité.
Lesquestionnaires ont été distribués dans les services de Médecine et de Chirurgie auprès de vingt-six enfants dans la période du 1er au31 août 1998. Le taux de participation aux questionnaires est très
fort(96,15%) carla plupart du temps, les questionnés ont répondu directement, en ma présence, etparfois
avec mon aide ; une seule personne - un garçon d'une dizaine d'années - a refusé de participer au
questionnaire. Il faut reconnaître, cependant, que la taille de l'échantillon sur lequel ont été effectué les questionnaires s'est révélé mince car la période estivale est une période creuse à l'hôpital et les enfants présentsnesontpastoujoursenétatde recevoirunevisite même pourrépondre à quelques questions. Aussi,
nousn'oublieronspas quelorsqu'un échantillonestpetit, lamarged'erreur àpourrisque d'augmenter.
Tous les résultats des questionnaires neserontpas ici détaillés- certaines questions ayantplutôtun
caractère informatif destiné à se faire une représentation de la population susceptible de se retrouver à l'hôpital -mais le dépouillement complet des données est rendu dans les annexes. Seules les réponses de
type énumérationn'apparaîtrontquedanscettepartieetnonen annexe, (doc.8)
L'échantillon (doc. 8, cf. schémas 1, 2, 3, 4, 5)
On sait qu'il s'agit là d'une représentation à un moment précis et que la population amenée à
fréquenterlemilieu hospitalierau coursde Tannéeestenfait trèsvariabletantennombrequ'entype.
L'échantillon secomposede vingt-cinq enfants-quatorze filleset onzegarçons- âgés de 8 mois à
16ans. Lesquestionnairesnousprouvent, s'il enétait besoin, quelapédiatrie accueille des enfants dansune
largefourchetted'âge,mais aussi despersonnes de cultures variéesetissuesde contextesfamiliaux (nombre