HAL Id: hal-02306178
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02306178 Submitted on 8 Jun 2020
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License
L’émergence des pays bretons
Paul Houée, . Association Des Ruralistes FrançaisTo cite this version:
Paul Houée, . Association Des Ruralistes Français. L’émergence des pays bretons. Colloque de l’Association des ruralistes français, Association des Ruralistes Français (ARF). FRA., Nov 1977, Rennes, France. 23 p. �hal-02306178�
-l - i.. ASSOCIATION DES RURALISTES FRANCAIS
COLLOEUE DE RENNES 24.25-26 NOVEMBRE L977
s
\'- 0t sr.ltAIÀlrfPlrsPAYS
BRETONS
DES
uiNlEÊÊE'NGE
Char Préspar
Paul I{OUEEê
de Recherchesà
1'I.N.R.A.
dent
délrAssociation pour
1apronotion
des pays.o b
i
lnIli0n rÊÛr PtiIflrÊv{t rtrs 0t f0rtÈnrs lt AUtt c0Rlt0uaILLI SRTTÀGIIT CETINATI c0RtrouÂ'lLrr xÀR tIt tt PIYS 0t f,ETTËS PAYS 0t t0ntflrl Yrxll t Tt rs PIYS 0t clttlÉtumItxT PAYS 0t RI00xI[{SIT{I'T NATIONAT OË TA f,EOHEFCI{T AGROilON4ruUT
STATTOIU D'ËCOilOIi'IIE RURALE G5, ruo dc Saint-Brltuc . 35042 REilfES CEDEX
Association des Ruralistes Français
Colloque de Rennee Z4-25-26 novembre 1977
LTEI"IERcENCE des PAYS BRET0NS
Paul HOUEE' Chargé de recherche à IrINRA Rennes.
Chaque région a sa nanière original.e d.e concevoir et dlanénager
6on espace : en Bretagner Itespace drinterdépend.ancc ville-canpagne
sfins-crj-t dans l.e mouvement des pays. Dans Les annéee I95O, Ia Bretagne avait
frayé le chemin aux premières structures régionales; elJ.e approfondit et
enracine naintenant ce oourant en passant dc J-a régionalisation à la
micro-r'égionalisation. Point drétudc ou de rapport ninistérieL en ce d.omaine qui
nradmette de faire référence à 3.rexpérience bretonne des payc. Quren est-il exactenent ? Cette communicati-on voudrait dén8Ler lee facteurs
constitu-tifs et Les modes d.rexpression d.es pays bretons, en remontant à
ltorganisa-tion trad.iltorganisa-tionnelle d.es pays et à leur désarticuLation par 1a révoluiion
inclustrielle et urbaine, en situant brièvement Les tentàtlves de
restructu-ration partielle, avant de présenter J.ténergence et J-texpérience actuelle
des pays et conités de pays. Quton veuill-e bien accueiLlir cette note noins
comme lraboutissenent d.rune étude personnelle, quc comme l-e recueil dlob-servations nées au contact d.irect de la pratique et comme ltébauche d,rune
recherche col-lective que la tenue à Rennes de ce Colloque sur ce thène ne
manquera pas de favoriser.
I -
UNE BRETAGNE''
DEPATSEE ''fï - Les PATS dane La Bretaane traditionne].Le.
sociologues et a.nénageurg pensent trouver dans notre région reculée, fortenrent personnaLisée, ies baËes profondes dtun rirode drorganisation colleetive que la Révolution industrielle et urbaj-ne
nrau-rait pas encore nivellées. On inaginc La Bretagne conme une province
soli-dernent unifiée par son histoire, sa culture, sà résistance à Ltassj-nilation,
:t-""1 mâne tercps dlversj-fiée en des pays bien caractérisés par Les costumes,
folklore et particularisnes ethniques.- Lrapport d.es géographes et d.es
his-tori-ens obrige à relativiser une terle
""pré"entation.
III - Pas d.e critères géoEraphiouee déterninants.
notamment R. MUssER,
rT"H
ffirff:-iïâii"rnii*î"1.';ffifi"Èî
fiî"Ëï$Ëfur, A' MEYNTER reconnaissent quron ne peut y appliquer convur.*br"r"nt la notion de pays patierament élaborée par 1tÈcoJ.e-Géâiraphique Française. Ici, pointde petite région naturel-le où une conbinaisàn origina].e dà facteurs naturels
et humains srexpri-me d.ans un paysage caractéristi{ue (ni-mage frappée à
2
par Ia conscience populaire" Itl,es critères de claesenent régional adoptés
Ë"-a,a.utres partieË àe France ne peuvent guère srappliquer icitt (r).
Dans 1radmi-rable ouvrage quril vient de consacrer à Ia Bretagne, A. MEYNÏER
dénontre lrextraôrdinaire dj-versi-té interne d.fune région en pleine mutation' mais aussi 1fi-ncapacité de Ia géographie à fournir d.es critères décisifs
dtagencements infra-régional' Certains él-énentsl tlrés du relief et du
cliàat, induisent une dj-vision trop vague et trop sommai.:ce : le littoral
(Armor) opposé à l-rintérieur (Argoat), J-a Bretagne occidentale au relief
affirné pâ" opposition à Ia Bretagne orientaLe aux formes plus affa-issées.
VaLlées et lignes de crâte ont pourtaht leur importance dans ltorganisation
collective, Bar.6 jamais con-stitucr des barrj-ères infranchissables ou des
frontières intangibles. Quand 1tanal-yse géographique veut se raffinert
prendre en conpte les flux éco4oniques, el.le aboutit à une trpulvérisation de zones minuscules centrées autour de petites vi1les trop nonbreusesrt
(id. p.59)
Lranalyse géographique nrapportant pae drarguihent décisif ,
A. METNIER propose cependant un découpage d.e l-a Bretagner gui combine les
zoneÊ d.e ttvj-d.estt et de itpl-einsrt dénographiques et économiquesl et dont
lrarchitectire générale rejoj.nt l-e découpage plus opérationnel proposé par
Les aménageurs et pratj-ciens des pays :
en Bretagne occid.entaLe !
. Ie T,éon, avec ses rivagesr aes
. 3-a Cornouaille intérieurer avec
bassi-ns.
. la Basse Cornouaille, maritinet naraichère, touri-stique.
en Bretagne néd.iane :
. Ie Ij-ttoral d.e Ia Manche : l-e Trégort Ie Penthièvre.
I Paye du Blavetr d.u Mené
. 1e6 plateaux de la Bretagne Central-e
et de ].rOust.
. J-e Morbihan néridional : Pays d.e 1a
Ianvaux. Côte, des Î1es, les
Landes de en Bretagne oriental-e !
. le Pays de Rennes,
. 1es Pays de ViJ.aine et de Redon,
. la CSte drEmeraude,
. J.es Pays de Fougères et de Vitré.
Au lendemain de la 2ène guerre nondiaLe, ItINSEE déJ-initaj-t, 5I régions
naturelles en Bretagne; actuellement, J-es géographes y déterninent une
vingtaine de grandes unités. Plut8t qurun choix entre J.run ou lta.utre
découpage, la géographie ne suggère-t-el-1e pas déJà une organisation à
plusieurs niveaux : outre la commune, J.e pays-temoit (une cinquantaine)
et Ie pays économique actuel (ac I5 à AO) ?
ïI2 - Les délinitations successi ves de 1rËLstoire.
Dans cette région reLativenent malléabJ-e, où le soI
et Ie cLi-nat sont des facteurs de différcnciatLon aena Stre des contraintes
insurmontables, chaque époque apporte son découpago adrninistratifr
pro-jection drune organ:ieation sociaLe et cu1turel1e, drun rapport d.e forces
plateaux, sa grand.e
ses deDli-montagnes
vi-l-Ie (Brest ) .
et
sest
politiques, sans él-iminer pourtalt les traces dq 3-tqtapg antérieure' La
àéno:rË coilccti"ve a retenu ilcs d.énoni-nations héritées de ces d.iverses
périodes; droù un foisonnement de none de pays encorê vivaces dans la
cons-ii"tr"" populaire : seule une analyse historique en profondeur pourraj-t en
dessiner 1es origines et Les contours succeesifs.
Sans renonter aux rrpagirt de 1-répoque gall-o-romaine, certains noms de pays sont des survivances de Irépoque féodalel où quel-ques grandes
seigneuries tentent drencadrer J.a rnosalque de letits fiefs locaux qurelles
se disputent : conté de Nantes au sud, Penthièvre, Léonr Cornouaillet
Porhoël au nord et au centre. Dtautres noms proviennent de J.a période ducale
(I2T4-I?32) et de 1a grande époque d.e prospérité bretonnel où des pays
juxtaposée srouvraient vers 1a.mer et Les débouchés extérieurs pJ.us que vers
les pays voisins, provoquant un certain cLoisonncment de l-a provinceo
Avant et après la RévoLuti-on de I?89, J.rEtat français i.nposa l-ui aussi ses
propres d.écoupages et appe1.l.ations, ses départeuentsl districtsl arrondis-senents, J-e pLue souvent en rupture avec J-e passé régional-. Ia Bretagne
donne Itinpression drune région qui ne srest iana:i.s totalenent coulée dans une organisation territoriale déteruinante et défj.nitive i elle est assez
unie fàce aux menaces de colonisation extérieurel nais assez attachée à
ses diversités internes pour ne pas Les sacrifl-er à une organisation durable.
Ce sont sans doute les ctivisions religieuËes gui auront Ie plus
fortement narqué ltespace breton. Reprenant sane doute 1es frontières des
cj-tés gallo-romaines et des abbayes des moines jrl.andais venus en Armoriquet
lrEgJ-ise avait partagé J.a Bretagnc cn 9 év8chést clont les contours se sont
maintenus durant p3-us de dix siècl-es : évêcbés de Nantes, Rennes, Do3.;
St Malo, St Brieuc, Tréguier, St Pol de Léon, Quinper, Vannesr Qui se
sub-d.ivisent eux-mêmee en archidiaconnés et doyennés; cêux-ci eacad.rant Les
paroisses, véritables cellules de base de La vJ"e collective. Les frontières
linguistiqucs et l-es déJ.imitations ethn:iques sont sans doute moins
ancien-nes et moins déterninantes que ne Ie voudraient certains organ:i-smes de pays en qu8te de 1égitinitéo Dans l-a Bretagne bretonnanter iJ- est aisé de
tracer d.es territoires linguistiques précis : J-c Trégorr J.e Léonr Ia
Cor-nouaj-l.J.e,3-e Vannetais; iJ. est beaucoup plus d.ifficile de le faire pour
J-es pays galJ-os, aux dialectes tout auesi eontrastés, mais soumis à des
courants cul.turels et politiques fluctuants"
T13 - Le peti-t monde des pays,
A défaut de frontières cLai.res et séculaires, on ne
manque pas de nonigraphies l-ocaLee et nicro-régionalesl dont Irétude
con-parative serait indispensable pour oonprendre la nature et Le
fonctionne-ment d.es pays bretons, à ].a fin du I9ène sj.ècLe et au début clu 20ène sièc1e. Ainsj- le Poher et l.e Penthj-èvre. Un paT6r crest dtabord. et déjà un espace
écononique organisé autour drun centre, Carhai:< pour le Poherl Lambal-le
pour 3.e Penthièvreo La base écononriquc est identique 3 une agriculture de polyculture-élevagc où de nonbreuees pctites exploitations fanilj-a1es con-sonment lreseentieL de ce qurelLes produiscnt; lrexcéd.ent cle cette petitc production marchand,e est écouLé sur le narché d.e Carhai-x ou de Lamba1J.e, en paienent dtoutillagesr. engrals, v8tenents et autres produite éléuentaires nécessaires à Ia vie donestique. Au centre, se regroupe aussi une
bourgeoi-sie terrienne et comnerçante qui vlt en partie des fermages qutelJ.e reçoit
des paysans dee colrrmunes voisines, en échangc de La location de ses terres.
Peu à peu, queJ"ques servicee adnj-nistratj-fs, un collège seconctaire où les
enfants des familles aisées viennent parfaire l"eur formationl des activj-tés de première transformation des produits agricoLeÊ assurent Ia vj-talité et
la préénj-nence d.u centre 6ur son environnement. Que viennent sty ajouter 1es équipements nécessaires d.tun noeud. ferrovia.ire, ou à Lanballe
4
local-e; Ie.nballe nra pourtant que 4 OOO habitants d Carhaix 5 OOO
habi-tants en I92I.
Mais frune et J"rautre sont des cités historiques, fières drun
passé oir Lambal3.e régnaj-t sur J.e comté de Penthièvre et Carhajx sur tout Ie Poher, comptant parni 1eo grand.s de Bretagne. Ce prestige, lrexistence drune bourgeoisie ancienne et active 1.eur valent de jouer un r81e social et cuJ-turel supérieur à J.a fonction écononigue présente. A partir de ces
centres, se diffusent La culture Local.e et nationa.Le, Le parler
nicro-régionaLr 1es nodes vestj-ueentaires, l.es traditions folhloriquesr 3.es options politiques, gui assurent J-a cohésion du pays. Par son encadrement
paroissial., ses pard.ons et autres rassenbLenents reLigieux, LtEglise
con-so3.id.e encore le sentiment dlappartenâ[c€o La concord.ance entre espace
économique, espace social. et cu1tureL, identité histori-que d.étermine J.a
cohésion et Ia nature du pays, unité de vLe globale autour drun centrel J.tinfluence de ceLui--ci dépend de ea vitalité écononique et culturelle,
mais aussi de la d.istance l-e séparant d.tautres centres identiques.
Le centre mlcro-régional- exerce un pouvoir réeJ- et une
attrac-tion agsez intense sur 1a dizaine de comrnunes qui lrentourent, une action
plus diffuse sur Ia quarantaine de communes qui conetituent Ie pays.
Ainsi Lanballe règne sans conteste Êur Eon canton et les comnunes
limitro-phesr mais Ia croissa.nce de Dj-nan et surtout de St Brieuc lui interd.it
dtagir sur lf ensemble d.u Penthièvre de jad.is. Carhaix srest maintenue
comne capital.e du Poherr écarteJ"é en 3 d.épartenents ! son influence est
importante sur son environnement imrnédiati e].1e se combine avec lraction de centres second.aires (Chateauneuf , Gourin, Rostrenen) qui. animent
Iren-semble d.u Poher. Ainsi, un pays se compose dtun centre principal, drune zone restreinte drattraction précise et d.rune zone pJ.us large de
pIu-sieurs pays-terroirs reliés entrfeux par une même hlstoj-re et un mêne
sentj-nent d I appartenance.
Auesi, crest Itarnature urbaj-ne qui déjà d.éfinit La
configura-tion des pays. En T92I, les 4 départements bretons comptent 4T vilte ayant
plus de 5 OOO habitants.
zone littorale
intérieur
9
total
5OOOàrOïo
000 à 20 20 0OO à 50 pJ.usde
5O h. (Brest ) (Rennes )Si le^découpa8e d.e La zone LittoraLe apparaft déJà avec netteté, l-rintérieur
connaÎt'd.es vldee, Laissant présager des pa.ya aux contours indécis. Mais
1lécart nrest pa6 encore irréversible entre-Arnor et Argoat : surtout les
2 viJ.les principalee (Brest : 96 OOO hab, et Rennes : Bà OOO hab.)
nrétouf-fent pas tout un réseau d.e vj-Iles petites et noyennes, dont Les chances
restent encières. A ltapogée de son extensionl Le résàau ferroviaj-re irrigue
convenablement 1r ensemble de Ia région, intérieur comprls. La Bretagne
apparait ainsi comme un ensemble organiqu" ae 4O à 50 ttpays simplesi autour
de centres rurauxr 6e regroupant en 15 à 20 ttpays nixteËtt, urbains et
ru-raux' pour reprendre une formule du P. LEBRET très marqué par J.rorganisation
de sa Bretagne natale" T9 5 5
I
000 ooo ooo ooo II 28 5 6 2q
T2 La d.estructuration des pays.
En quelques annéee, cet équilibre relatif de
J.tarma-ture urbaine et des pays est bouleversé par J.a Révolutlon industrielle et
urbaine, eui a atteint Ia Bretagne avec drautant pLus drampJ.eur et de
bru-tal-ité qut el-J.e y j-ntervenait avec quel-que retard. Les grands f acteurs et
modes de cette ilûutation sont blen connus. L,tagriculture est passée drun régime drautosubsistance à une économie de spéculation et d.réchange, dtun node de production artisanal et familiaL à un nrode de production
ind.us-trieL à donninante capitaliste., d.e La polycul.ture-éLevage à des productions
de plus en plus diversifiées. Le petit marché IocaI, centre écononrique et
social du pays, cède la place à l.a firne intégratrice; un flux de relations
économiques rempLace l-es rapports de voj-sinage. De petites régions entières se spéciaLlsent en certalnes productions anj-nales ou légumières, creusant
les écarts entre zones dragriculture j-ntensive et secteurs d.emeurés
tradi-tionnels, entre ItOuest plus dynamj-que et LrEst plue hésj-tant.
Une nouvelle géographie des pays de Bretagne ae dessine, avant
tout sous la pou6sée d.u développement industrieL et urbain. Longtenps, les
pays bretons avaient naintenu l-eur cohésion grâce à une conbj.naj-son de
ltagriculture fanilial-e et de petites entreprises industrielles,
aIi^nentai-res et textiles d.isséninées à travers Le territoire. A parti-r de It50, ce
nailJ-age artisanal et industrieL va 6e destructurer peu à peu sous Ia
poussée de l-a. concurrence capitalisteo De grandes firmes nationaleo et
nultinationales' encouragées par l-rEtat, stimpJ.antent à Rennes, Brest,
Lannionr Vannesr St Brieuc, créant une nouvelLe classe dirigeante et une
nouvelJ-e classe ouvrière drorigine ruraLe. La popuLation urbaj-ne passe d.e
31% à 6U/o d.e Ia population totaLe entre 1954 et Ig?5. Si la région retrouve son niveau démographique de T9II, l-a croissance profite surtout à LtIlle et ViLaine et, à un d.egré moindre, au Finistère. Lrécart se creuse entre
le Littora1. qui rassembLe Lee a/3 ae Ia population, et Ltintérieur où ZZ cantons en I9?5 (contre 6 en f95Z) ont un sold.e naturel négatif, Surtout l-es vLli.es principal-es et leurs banlieues connalssent une forte progression,
au risque de provoquer l-e rrdésert bretonrr. Sept aggS-onérations dépassent
ou avoisinnent les 50 O0O habitants, d.ont Rennes et Brest qui dépâssent
200 OOO habitants. Dans ces espaces fortement urbanisés, il est iJ-lusoire
de parler de pays corrne espace dréquilibre petite-ville-campagnel on est
en présence dfune zone polarisée par Ia vil-J-e qui d.ésarticule }e tissu
traditionnel, réduit llinfluence des centres secondaires et cond.amne 1es
canpagnes à Ia stagnation.
Est-i1 nécessaire dfévoquer J-timpact des infrastruotures et
d'es'moyens de conmunication qu:i bouleversent J.tespace relationael ? Le
pays drautrefois se nesurait à Ia marche de llhonme ou au trajet du cheval;
celui d'raujourd.!hui se façonne au rythme de lrautonaobiJ-e, du réseau routier
et téIéphonique. 11 se fabrique plus encore selon quelques grands équipe-ments collectifs structurants ! un pays, d.it-on parfoisl ctÀst 1a zJne df
action dtun CES iy dtun hopital.. Quant aux cuLtures local.esl que
d.evieanent-elles devant 1a pénétratj-on de l-a télévision et d.ee nédia, ia prolongation
d'es études, l-e brassage des réeld.ences secondaires et d.es vacances ? Iâ
religion popuJ-aire nra plus assez dtaud.ience pour pernettre à un peuple de
céLébrer et de renouveler sa eonscience colleôtive. ÀIors, les pays ùretons
ne sont-ils pJ-us que des mythes, hérités d.tun passé révolu, que lion exalte
pour satisfa ire à la mode néo-rurali-ste ou pour les besoins dlune campagne
6
II - l,ES ESSAIS de RF"STRUCTURATION P.A'RTÏELÏ,E
Une ana1.yee gJ.obale risque de ne retenir que Ia
destructuration de J.rorganisation régionaLe et sou rempJ.acement par }e
rapport de forces entre firnes capitalistee luttant pour La conqu8te d.tun
territoire et d,e ses ressorÀrces. La patiente fréquentation des aeteurs du
iléveloppement en Bretagne inpose une Lecture conpJ.émentairet ce11e des
tentaùives de restructuratj.on de Lr espace breton par des groupes externes
et internes, selon leurs intérêts et leurs options. Avant de sltuer
l'ac-tion d.es Conités de pays conne.essais de restructnration gJ.obalet on évo'
quera brièvement certaines tentatives de restructuration partieller conne
autant de pistes de recherche à entreprendret
restructurati-on par Les organtsations écononlques '
par les organisations professionneles agricolest
par lee l-uttes syndicalee t
par. les col-Lectivitée local-est
par Ies adninj-stratj-one .
2T.
- Is
restructuration par lles organisations économiques.Le cléclin drun espace géographique concret au profit dtun espace économi-que abstrait invite à étud.ier connent J.es entrepri-ses
renrodèJ-ent Ie territoire régional-. Dee firnes industrj-eLlesl
agro-alimen-tairesr coopératives ou capitaLlstee, eflnplantent, se développent, tentent
drorganiser les forces producti-ves d.e 1récononie régionale. Selon quels
critères Local.isent-elIes leurs activités, J.eurs équipenents ? Par quel-J.es
stratégies ces firmes stlntègrent-elLes dans I.e développement
nicro-régio-nal. et régional ? Conment se partagent-clLee la région en zones d.tj-nfluence? Conment insèrent-e1les la dimension spatial-e dans leur pratique ? Que
signifie un pays pour une firne, une Chanbre de Corqnnerce ? Autant de
ques-tions que lron souhaiterait approfondlr.
La relation entre Itentreprise et eon environnement urbain et
rural constitue Ia composante essentielle du rapport petite vj-J.le-canpagn€.
Autre l-a firme décentralisée dont Les d.écisions sont d.ictées avant tout
par 1ee objectifs dtun eiège sociaL loi.ntai.n et par J.es jnpératifs de la
concurrence internationalel pour ell-e, le pays rural avoisinant nrest qurun
réservoir de main droeuvre et de resaources, un territoire à nettre à
pro-fit et parfoi-s un marché de congornnateurs à conquérir. Autre la firne
régionaLe, l"i"ée au pays par Êes originesl 8ê6 capitauxl 6ê6 clébouchés, des
l-iens d.e parenté et de voisinage, et donc seneible à J-fopinion, à ltenploi, au fl.evenir de 3-a petite région; une solldarj-té l-atente se maintient, se
renouvelle parfoisr que lton ne manquera paÊ drexalter dès qulun conflit
écononique ou social vient à surgir.
Cette
relation
vaut surtout pourIes
coopératlveset
autresgroupements économiques, que Ltanjsation présente conne llaune économique
du combat agricoLe
et
du développenent nicro-régional, Qui vouitrait d.énj-erlreffet
structurant deIa
SICA de St Pol d.e Léon pour Iréconomie Iégunièredu Nord-Finistère, ou de
Ia
COOPERL pour ltagricul-ture du PenthièvrÀt tt
faud.ra
faire le
recenaement d.es coopérativeset
groupements d.e product,eurs de baser d.ont Lraction srlntègre aux dj.rnensions d.run pays!
ltouvrage déjàancien de C. CAI{-EVET (Z)
offre
àcet
égard une excelLente base de départ.(2) CAITEVET (c.) - Ia Coopération Agricole en Bretagne. hesses Universj--taj.res de Bretagne St Brieuc 1972, 29? p.
7
Si certaines de ce6 coopératives ont conservé leur autonomier Ia plupart
se sont regroupées en dès Unions et Fédératioosl dont IINICoPA est lrexemple
le plus co$nu. A llopposé, une vaste coopérative, qu:i veut slétendre à
lrensemble des
".*p"!-o*s bretonnes, doit épouser Ia diversité d'es terroirs
"t-p"" ià rêru entier ôans Ia configuration des pays. Ainsi la Coopérative
des Agriculteurs de Bretagne (CAS), forte de ses 54 OOO adhérents et dfun
chiffre d.raffaire de 2rO7à nil}iard.s NF, srest organisée 6ur une double
base :
12 sections spécialisées par produit'
f9 section6 tâ*itoriales, qui ee répartissent ainsi i
Finistère Q) : Au}ne, Aven, Carhalx, Elornrfiorlaix, Quimper' St Renan'
C6tes du N.(7): Oinan, Guingamp, LambaLle, loudéac, Trégor, Rostrenent
St Brieuc.
Iulorbihan ç) : Ouest, Morbihan, P].oernelt Pontivy.
Ill-e et Vil.(2) :Rance-Couesnon, $ennes,
son i-nplantation étant beaucoup ptus récente et plus faible dans ces 2
départËnents. Chaque secteur dispose dtun ConeeiJ. de section élu, dréquipes tectrni-ques et coperciales, de nagasi.ns et de services qureJ-le gère; iI
traite par 1-uj--mêne J-es prohlàmes qui J-ui sont propres, l.es problèmes
col-mung; et Les grandes orientations relevant d.es instances supérieures de la CAB.
22
-
I'a restructuration Dar Ies orAanisations Professionne].].es.Alors que les coopératives et Les firmes ne regroupent
que leurs nenbres ou Leure cLientsl et demeurent tributaires d.es intérêts
d.e ].tentreprise, lee organisations professionaelles à vocation générale
tentent ell-es aussi d.e restructurer 1r ensemble cles acteurs éconorniques de
leur secteur de conpétenc€o Lês Chambres clrAgricuLture et leurs Services
drUrilité Agricole de Développement (SU^m) organisent La plupart de leurs
services et de leurs interventions autour de structures nicro-régiona.les'
d.ont les nodalités et 3-es conrpétences varient drun département à lrautre :
Côtes du Nord (B) : Ie.nnion, Guingamp, Rostrenent St Brieucl Lamballet
Dinan, Broonsr T,oudéac.
Finistère (4) : Brestl Morlaix-St PoL, ChateauLLn-Carhaixr Quinper.
Ille et Vilaine(6) : Fougères, Vitré, Rennesl Montfort, Redonr Fougères,
. DoI, St Malo.
Morbihan Q) : Vannes, Questembert, Malestroit, Ploe:mel, Pontivy,
Le Faouet, Lorient.
Le Finistère avait Ie prenier inauguré cette formuLe en France
en créant, dèe T959r 9 Conités dtAction TechnJ-que et Economiquer où les
responsabl-es professionnels de la zone devaieat coordonner les interventions de .Ieurs organisations en matière de vulgarisation techni-quer action fon-cière1 promotion sociale, gestion et organisation écononiquer selon Ies
orientations propres à chaque zone. Actuellenentr LrensembJ.e des Jf
groupe-ments techniques sont réparti-e en 4 grandes zoneel disposant chacune
drune équipe drune dizaine de consei1-J.ers et conseillères agricolesr gu:i
assurent les services techniques et de gestion aux agriculteurs qui 3-es
sollicltent o
l,es C8tes du Nord ont constitué B groupements régionaux de d.éve-loppement agricoJ.e (gnOA,), dont les compéteaees, 1eo nod.alités
drinterven-tion et J.refficacité varj-ent drune petite région à lrautre. Dans la
mou-vance d.e J.a FNSEA, 3-tIIIe et Vj-laine avait, en ï)66, accordé une irnportance
exceptionnelle à la structure petite région, dont une partie des
attribu-tione ont été reprises par Lréchelon d.épartenental. Quant au Morbihan,
B
et dans 1rétendue des attributj-ons de I'a structure nicro-régiona1e"
Ainsi existent à travers l-a Bretagne agrioole 2J organismes de
d.éveloppement micro-régi-onal qui srétendent de 4 à 8 cantons, ont une
relative autonomie dans Lrélaboration de leurs progranmesr lranimation de
Leurs équipes et Ia gestlon de leurs équipenents. Tous ont en commun d.e
privi.J.égier ftaction technique et la gestion des exploitations, dtavoir peu
dtinfluence sur l.es grand.es orgarulsations éconon:iques qui les
concurren-cent et de srouvrir lentement aux perspectives dranénagement et de
d.évelop-pement régionaL.
23
- Ia
restructuration par l-es Luttes sociaLes.Des conflits récentsl dont celui du tloint Français,
ont fait apparaltre de nouveLl-es for^nes tte l-uttes et de soLiôarités
socia-les au niveau du palso Dans un premier tenpel J-a grève est motivée par
une revendication catégorielle1 une Eenace de Licencienent qu:l concerne
un atelier et bient8t LrensembLe de Lfentreprise. La plupart des
travai-I-leurs étant drorigine et drinplantation rurales, J-e conflit local devient
rapj-dement danger pour Irernploi et pour 3.ravenir drune petite région à
1r économie fragile. Les commerçante qui voLênt Leurs ventes baisser et
1es agriculteurs syndiqués exprlnent leur solidaritég Les éIus se joignent
au mouvenent; fest noz et chanteurs bretons popuLarieent J-a lutte. Le combat d fun petit groupe de travaill-eurs d,evient celui de tout un pays.
Solidarité de classe et soLid.arlté micro-régional.e sont étroitenent l.iées
dans Ia volonté de rlvivre au paystr, sJ.ogan capabl.e de rassenbler les plus grands meetings revend.icatifs. La CFDT à conapris La profondeur
dtenracine-ment de cette aspiration et La valeur nobiJ-isatrice de ce cadre, en déci-dant dès I97O ae constituer des etructures interprofeesj-onnelles à
respon-sabilité territoriale au niveau de chaquê pay6. ActuelJ-ement, 14 Unions
de pays existent ainsi, regroupant 1.es syndicats locaux; parni celles-ci,
4 nthésitent pas à chevaucher les divisi.ôns d.épartenentalèsr De J.eur côtà,
res Jeunes chambree Economiques ont compris La nécessité de s rorganiser
à 1téchelon micro-régi-onal, Ie mleux adapté à La réalité socio-éàonomique draujourd rhui.
24
-
La restructuration par ].eË co:LLebtivités Lo ca1es.Alors que J.es orgariiéatlons socio-professionnellee.
privilégient Le PaIsr zone dtinterdépendance petite vil-1e-c"npagne, 1es
éJ-us l-ocaux l-ui préfèrent un espace p1u.s restieint, l-e pays-tèrroir, au:K
solid'arités bien établies d.ans Ia conscience et l-a ménoi-re coLlective. En
Bretagne conme ailleurs, ltaccéIération de Iturbanieation et de Irexod.e
ruralr Ie décalage croissant entre Le cadre ad.ninistratif et la réaIité
socio-écononique draujourd.rhui incitent au regroupenent d.es collecti-vités
localesr bien que l-a dineneion des communeÊ y soil supérieure à La moyenne
nati-onale.
Les syndicats uniques ou spécialisés, quj- représentent la forme
de solidarité la noine exigeante, se trouvent cn-propoitiotts id.entiques
dans les -quatre départenents bretone; iLe concernent avant tout lradduction dteau (rj8), lrélectrification (tt5), La voirie (5o) et à un degré noind.re 1es questions agricolee (a6) , les questions æol-aires (aù , d.iverses
cons-tructions (rl)r (6). Le ramassage d.es ordures nénagèree (ro) ei lrassainissement
Les syndicats à vocation nultiple (srvou) ;*;"i-;;t-un mode d.e
coopé-ration pJ-us i-mpIi-quant; iJ-s doivent à l-eur soupJ-eËee de constitution et
de fonctionnenent d.e srétendre rapidement. Au total1 ?4 SI M regroupent
Êur-o
tout répandus dans le Finistère et Ie Morbihanl beaucoup moins en ll}e et
Vilaine. Ïls sroccupent avant tout de voirie, d.e rama66age et traitenent
des ordures ménagères, d.e réseaux draôduction d.reau, de constructions et
ramassages scolai-resl dtéquipements sportifs, touristiques, sociaux,
par-fois dranj-natj-on. Les d.istricts ç) et les connunautés urbaines (gresl),
ayant des modalités beaucoup plus contraignantes, demeurent limitées aux
grandes viJ.les et à leurs agglonérations.
COMMUNES et REGROUPETVTENTS de COMMUNES en BRETAGNE
Populatj-on 1975 Nbre d.e communes
Nbre de cantons Syndicats spécialisés : dont ad.duction dIeau électrification voirie S IVOM Nbre de communes % ae cotnmunes Dl-s
tricts
Nbre de conmunes regroupées Synd. j-cats nixtes Connunautés orbaines C. d.u No 525 556 369 4B Finistère Bo4 oBB 283 48ï.et
V. 702 rgg 353 49 Morbihan 565 588 26r 38 Bretagne 2 595Br
r
266 TB3 France,3
696 7?oj6
394ro
2IorDB
16 940 46 r55% I48r
269 2633
500I
66I 4zB 20 g T7tr 2ôs6% 9Source : Vivre ensenble (Rapport Guichard.) Annexes. Paris Doc. Franco L9?6
I2B t9 34 13 IIO 24 28 24
ïïo
4I 33 6 roo t4 20 7 448 T}Bïï5
50 25 t4b 5T,6% ïo 55 15,6% 19 ï51 58,6% 74 489 38,6% I B 33 2 3 4I 3 IO 4 2 19 B co*tqunes f : Brest ï3) rrleÊ conmuneg bretonnes participent à Ia préparation du vrfo planrt
-IO-La consulta.tion des maires lancée à Ia suite du Rapport de la
Conmj-ssion Guichard offrira eans doute un panora.na précis des formes et degrés de solidarité réaLj-sés ou Éouhaités par J-es coJ-lectivités 1ocales"
Lei réponseçi que 9V/o d.es co!ûnunes bretonnes ont adreesées à une enqu8te de préparation au VIfo Plan proposée par J-tEtabl-iseenent Ptrblic Régional
fouini-ssent déjà d.es éIénents suggestifs à cet égard (3). 1L y a rarement
coincidence totale entre lraire drattraction des viIles définies par Ia
l-iste des communes qui 1a ressentent, Itensenble des comnunes dont 1es
habitants utifisent certains équipenents de l-a vil-l"e-centre et Ie sentinent
dlappartenance à un pays. Cel-ui-ci est perçu le plus souvent d.ans son sens
restreint et traditi-onneJ- de petit paye terroir, dont La solidarité
stex-prine faciLenent par un SIVOM;'nais j.J- peut stél-argi.r aux dimensions du
ttpays modernerr; zorlê drinterdépendance vilIe-campagne, quand une structure
micro-régionaS-e a 6u expriner et rendre opératoire ce nouveJ. espace de solida.:rité.
25 La restructuration par
les
servicesadninistratifs.
Face au maquis des soLid.ari.tés et relatione l.ocal.es,
on pourrait sratteudre à un ilécoupage honogène et cohérent du territoire
régional par les servlces de Lradninistration" 11 nren est rien I chaque
service a son propre découpage, sa propre rationaLité, qui senble ignorer
lee d.éIinitations des autree et conplique singuLlèrenent Les relations'
entre J.es éIus locaux et J.es services publics. Ainsir une petite régiont
tel.le que J.e Mené (I, communes), est écLatée en I] découpages
administra-ii-fs d.ifférents.
Si les frontières des départements et des cantons (fA:)
apparais-sent intangibles, Ia délimitation des 25 circonscriptions électorales
reprend parfois le cadre d.es arrondissenents, mais obéit 1e pJ-us souvent
à un savant dosage de cantons de Droite ou de Gauche destinés à aseurer
1a pérenrrité du pouvoir majoritaire. Peu à pêu cependant J.thabii;ude d.e
stallier ou de sropposer autour des mâmes candid.ats dans Les différents
scrutins finit par créer une entité socio-politiquc variable seJ-on 1es
circonscriptions; eeuJ. un changenent de mode de scrutin pernettrait
drappré-cier J.a consj*stance et l.a profondeur de cet eepace électoral.
Un récent nunéro de l-a renue Octant ( 4 ) a tenté Irexploit de
rassembLer et de confronter J-es découpages administratifs et J-es zones
d.rétud.a d.e l-a Bretagne. Saas être sans doute exhaustif, ce d.ocument ne présente pas noins d.e JO cartes différentes. Si pJ.usieurs recouvrent à peu près les arrondissemente, dtautres sont plus vastes, d.tautres plus
restreintes : ainsi Xe Minietère tle l"a. Justj.ce ne conpte que 2O
juri-dic-tions reLevant de Ia Cour d.r.A,ppel de Rennes, alors que J.es Ponts et
Chaus-sées nront pas moins d" 7O subd.ivj-sions. Le nêne l{lnistère a parfois des
délinitations d.ifférentes : ainsi les secteurs des Services fiscaux du
Ministère des Fina.nces varieat selon qurj-l slagit des oontributions directes,
du contrôle du chiffre d.raffaire, de J.renregistrenent, de La conservation
des hypothèques, d,u cadastre, de J-a recette d.es J-npots. Une comparaison
approfondie entre 1es cartes des réseaux téléphonj-ques et routiers, d.es équipenents hospitaliers et de Ltenseignenent oecondaire et technique
pré-senterait sans doute l-a radiographie La plus fidèle des espaces de
solida-rité de l.a Bretagne dtaujourdrhui.
(l)
rr-Ainsi donc chaque aervice adninistratifl cbaque organisation
socio-professionneS-le, chaque coLl-ectivité LocaLe tente de réorganisert selon sa rationalité propre, un espace qui a perdu sa cohérence et ne trouve que des propositj-ons partieJ.les, alors quriJ. a besoin d.lune saisie globale pour 6e projeter d.ane lrayen5.r. Cettc pulvérisption et cet enche-vêtrement de reconstructions partielles sont aussi J-rune des formes de doninat j-on du monde rural, qui inhibe srorx inagi-nationr a1iène son identité
'
restreint son pouvoir. Daas la eocLété hyper-organi.sée qui- est Ia nôtre,
où Lféconomique condJtionne tout, un autre mode drappréhensj-on de lfespacet
T2
ïïf - DES ESSAIS de RESÎRIICTURATION GIOBAT,E :
T,ES COMITES de PATS
Le nouvement micro-régional ne peut ignorer t,outes
ce6 amorces partielles de restructuration à partir d.es activités
écononi-quest de collectivités loca1es, de Lradninistration : elJ.es appartiennent
à J.rorganisation nicro-régionale au sens Iarge. Crest néanmoins dans Ie courant plus restreint d.es Conités de pays que J.rexpérience bretonne
ex-pri!ûe son orlginalité et tente dtapporter utle solution j-nédite au:<
rap-ports petite ville-campagne. Celui-ci se constitue peu à peu d.ans un
dou-ble mouvement ascendant et descendant, d.ans Le soJ.lage et La continuité
d.u CELIB, à mesure que etéloj.gne Ia phase de rassemblenent régional que
cet organisme avait su projeter.
3T - Ia tentative de déve].oppement réEional. ( r95o-1964 )
' Jusqufen f964, la Bretagne nê conetitue qutun seuJ. ilpaysrr,
nobilieé tout entier pour combrer son retard économique. De r95o à 1964,
la Bretagne aura été 3.e fer de lance de ltaction régiona1e, mais ce1le-ci
d.emeure dans lfesprit de La pLanification national,e et ne se décompose pas
encore au niveau infra-régional. A La fois groupe de pression parlenenpaire
et organisne drétuder le CELIB, créé dès I95O, entreprend de nobl].iser 1ee
classes dirigcantes et une partie importante de lropinion publique, encore
relativenent homogène, pour des obJectifs de développenent-économique 3
il est urgent dfopérer Iettdéco1lage économiquen de l-a Bretagne par la
croi-ssance des industries et des viJ-les1 La nodernisation d.e 1rélriculture,
1e désenclavenent routier et ferroviaire de l-a réglon. En I95j, i,e rrplan dranénagenent, de modernisation et dréquipenoeat dé la Bretagneti reprenait les gra.ndes orientations du II" Plan, localisait certains équipeneirts,
mais, à 1texception des îl-esr ne proposait pae de mesureÊ différenciées à
lrintérieur de la Bretagne. Ce premier Plan breton, reconnu conne
progran-me draction régionale en 1956, restera J-ongtenps lettre morte, taule àe
moyens financiersl nais J.a Bretagne avait déjà co'nnencé de recenser ses
besoins et d.e projeter son avenir.
Tout change à partir de 1960, lorsque ].e CELIB, affronté à lrEtat
parisienr reçoit le renfort de jeunes forces émanant des mouvements de
jeunesse (.lAc en particulier)r de certaines associations régional-es, du syndicalisne agricole (cn.ra), ouvrier (crrc) et étudiant. oé fç60 à L96Ul le CELIB aura drainé la grande najorité d.es énergies et des espoirs, pour
anplifier ltind.ustrialisation naissante, J.a modernisa.tion d.runâ
"gti""r-ture particulièrement vigoureuse, Ie développenent d.e lrensenble d.e la
Bretagne. Ce grand, éIan rtunanLrnistett efface un momeat &es clivages
j-d.éolo-giques et Les d'isparités territorial-es : il faut moderniser la Èretagne,
combl-er ].e retard.
Ce grand mouvement régionaL
steffrj-te
raptdement.Ie
gouvernementse
ressaisit
tleIfinitiati"ve
régionale en créantIès
coDER, en j-nstituantles
préfete de réglon, en sor.riËitantra parttcipation
des élus:
unepartie
d'es notables va se rapprocher du pouvoir ôentral-. Les divergencesdtopinion, l-es
conflits
de pàrsonnes, J-eË oppositionsdrintér8t
arîaiurir-sent un CELIB quj- obtient d.e LrEtat àe nonb-reuoes mesures, au
prix
drunapolitisne
que certains de ses menbresrui
reprochent. t tunan:Ëi"r"-"JË:-o-nal ayant vécu,les
rtforcês vivestt d.e La Bretàgne vont devoir srorganisersur d'rautres bases
:
certaines slengagent dans l-taction économigue ousyndicale, dtautres rejoindront
-Les-pLtru poritiques surtout après nai
1968, d'rautres vont
tenter
deréussii
au niieau micro-régional ce qurils nf ont puréaliser
au pJ-an régional-"rt
32 - I'a Ière génération : Les Comités de DéveLoppenent
eIoba].. Ge64-re6e)
Trois initiatives différentes suscitent ].a création
d.e 3 organismes qui demeurent encore les J conités J-es plus vivacesl après
IJ ans d.fexistence.
- T,a Société drEconomie Mixte dtEtudes du Nord.-Finistère (StUfm') nait
à r.a
iii-Aï-rc67- AA-iâ-rr6i;i[ê-46-36niâ;-;inAÏ;âil;[Ë-âËÏcoIes,
entraî-nés par A. GOURVENNEC, de situer Ia nodernisation de leurs activités dans
1es perspectives plus vastes de Lraménagenent et ctu développement du
Nord.-Finibtère : pour pernrettre la mutation aéceeeajle cle 1r agriculture et de Lréconomie, il. faut trdécloisonnerrr 3.es problènes, J-es professions et
les insti-tuti-ons, crêer des services et des centres urbains d.ynamiquest
entreprendre des actions globales motrioes. Associant les organi-sations
agricoles, J.es Chanbres de Conmerce, Le département et Les 160 conmunes
du Nord-Finistère, l-e SENIENF obtient rapidement J-rappui des coll.ectivitéF
Iocales et des pouvoirs pubJ-ics, Ilraid.e d.e La DAT.AR et des bureaux drétude.
Une vaste canpagne de eensibiLiéation d.e masee débouche en 196? sur le
rrschéma de structure du Nord-Finistèreft quj. fixe 1.es grandes priorités :
désenclavement, création d.e plusieurs nlJ.l.iers cltenpLoisr industrialisation
du port de Brest, urbanisatj-on de La réglon, promotion dractivités
écono-miques et formation ôes éIus. La SSÎENF aura Longtenps fait des pays de
Brest et de Morlaix les expériences pilotes du développenent micro-régional
en Sretagne.
- Le Conité dtExpansj-on de Cornouail-le (CgCOn) nait ].ui aussi ea 1963
de :.a-!iïsô-Aê-êoË6Ï;;6ê-fâïi6-;#-;A;iâj.ns niLitants syndicalistes
en-seignants, oucriers et agricul"tuere de La nécessi.té de répondre par un
développement gl.obaI au retarcl pris par Ie Finistère Sud jactS-s prospère.
Ltaccent est ni.s ici sur J-a aonetitution de pô1es induetrieJ-s moteurs,
lressor d.u secteur agro-alimentaire et de J-a p8chel J.a plan:lfication de
Itéconomie et de Lfaménagement urbain. Pour y parvenir, le CECOR se veut
Stre le J.i-eu de rencontre d.es forces vives d.e la région, dane une attitude
souvent crltique envers J-a politique nationale.
- Le Comité i-- dtExpansion du Mené (CW) est l.a prenière référence
expli-
--_---cite au pays. Fondé en 1965 à partir d.rune enquâte-participati-on, i1 se
situe dans une di^nension plus restreinte (I5 communoa) et une perspective
différente des précédents à partir df une animation gJ-obal,e, iJ- vise à
sortir de Lroub1.i une région pauvre de La Bretagne Centrale et à
déclen-cher un développement endogène grâce ) iha participation active d.e Ia
popu-lation et de ses é1u4, Le CIS{ et les organisnes qutiL a suscj-tés
consti-tuenr lrune des i-nstitutions nicro-régionales l-es plus connues et ].es
pJ.us étud.iées de France; l-es résulùats d,e son actiôn dapprécient à
éché-ance dlune génération"
Ces 3 Connitésr de d.i-nension6 et dtefficacité différentesl ont
en cornmun de se situer à ltintérj-eur d.e frontières départenental-es, de
vouloir intégrer des actions sectorieLles et locales dans un pJ-an
clramé-nagement et de développement micro-régiona\ plue ou moins reJ.ié aux
orientations des progra.umes régionaux; tous intègrent vill-es petites et
moyennes et envjronnenent ruraL d.ans un projet dracti.on globa3e.
33
-
La 2ène génération: lee
Comités de 1a Rénovation Rura}er' (1969-19?2)La 2ème
aussi d.e la même volonté de
quelques pôLes urbains, mais
ces externes et se situe ]-e
génération des Conités de Pays procèd.e eJ-le
développer J-es
petites
régions autour deeL1 est surtout marquée par drautres
Ia rcise en place dtune politi-que de Ia Rénovation Rurale et ltintérÊt
porté aux :-nitiatives dè pays par Ie Commissaire pour la Bretagne
tpt. FERRET) vont j-nciter plusieurs zoneg en difficu].té à srorganiser pour
obtenj-r Les aides de cette politique nouveJ-le.
l,oud.éac-MË-TÂDÉÉ)-se cree en 197
14-Ponti
II-pour
att
i-rer deg;!xpi;il-
r;Tê1; et- Le Conité de Coordûnation du Pays âË-fi1.âïËé- â-Aî âE-o;a-
AEê-un-voLonté d.e syndicalistes paysana
loppement dans une zgne écarteLée
progranune. Lti.npuJ-sion donnée par La Conrrission en fait un organe de
coor-dination et dranimation dtune zone test de ].a Rénovation Rurale. Un plan
tle développement coordonne des actione d.e modernisation de lragriculturet de créarion drempJ.ois notanment à Redon, d.e grands anénagements et de nombreuses initiatives culturelles,
- Le Conité interdépartenental de Développenent_Egg4g4lgue du Centre
ôû6;l=Bref aggE-(e'-r5EeÂE)-;re;f
-;oËïIf
iié-;n-197ô-â-iîinïiiâfï;ê-a;
jeuneË-[ni-;;fns;if fe déc].ln de leur pays du Poher, éclaté en J
départe-ments. Il.s entrainent peu à peu l.es él-u.s mal.gré leurs divi-sionsn obtien-nent J.rappui d,e l-a Rénovation Rurale pour él-aborer un plan d.e
d.éveloppe-ment g1obal : création dtempJ.ois, actions ponotuellee d.tanaénagementl
réalisations agricoles et agro-a1i-nentaj-resr initiatives touristiques et
culturelles. Les moyens l-iniùés du CIDECOBT gui cloit intervenir sur II
cantons (fOO OOO habi-tants), parvi-end.ront-i1s à enrayer Le déc1in de cette
région, Ia plus menacée de Bretagne ?
Drautres Conj.tés de pays se sont fondés avec les m8mes intentions
et concoursl mais leur exlstence sera éphénère ou 3-eur action trop l5mitée.
Ainsi lrAssociation
-P93I le Déve
nt
Economiqueôe].ar
Pays de Redon (CoC.npLn) devenu depuis
eônif ê-Aî-élidês agricoles; né de ]a de poser les problèmes globaux de
déve-entre ] départeuents et 2 régions de
Éereg
indus
réal-iser des équipenents collecti-fs1 elJ.e combine un moment ses efforts
avec ceux d.u Conité dfE:rpansion du Mené pour promouvojr le développenent
gIobaI du Centre Bretagne. Mais les rivalités entre les deux centres
ur-bains en pleine expansion (Pontivy et Ioudéac) et Ie poids d.es frontières
départenentales lremporteront rapidement sur }eæ perspectives drune soh--dari-té vil.le-canûpagne et df un développement mlcro-régional.
-
T,'Association_l9ggy:ggfl9_g!_!fggg!igg_91_Il3gg1", fondée en septembrer97o reêË-e;;[;-;1i;"âu;;i-1ê-46îô1;iiên;ni-Ëio6âi-AA;
J
cantone quj-àntou-rent Paimpol. Lrétude drun $DÀU et sa participation à J-télaboration du
Schéna dtAménagement du Littoral Breton 1ui ont permis d.e préciser ses
ob-jectifs : vocation maritime de La zone, êéeenclavenent de La régj,on,
appro-visionnement en eau et préeervation de 1.renvironnement, créati-on d.remplois, promotion touristique. Il- reste à passer des études aux réa3.i-sations.
Le Conité dtEtudes et d.e Liaj-sons pour J-e Trégor et 3.a Côte de
Gr4nit (Cff,tnO), Ie Comité dtlnformation pour Le Développement du 1régor
(crm) nrauront q.uf une brève existence, mai.s sont susceptibLes d.e retràÎtre.
Certaines associations ont un champ d taction plus restreint mais une remar-quable vitalité, quand j-l-s se situent dans l-e cadre drun petit pays-terroir dont ].r
identité
demeure vivace.Ainsi
J.rAssoci3ligg_ggg_lg_gÉySlgpg9gSl! Êg_9eglgig, depuis 196?,nul-tiplie
les
aËTÏîiiE;-;;;îâ1;;-;i-;;i.tnn;i.i;;;
notamment en faveur d.es a.nciens, au niveau drun canton. 11 existe eïI Bretagne de nombreusès associations d.e ce genre, d.ont Ie recensenent et
ry-7lL - La 3ènre qénération : ].es ttComités de Pavstr GgTz
cantons de Combo
9I$r-lr9
ine FoIa Jène génération procède des mêmes attentes que précédentes, mais ell-e est surtout tributaire des réfLexions d.u CEIïBt
la préparation du VII" Plan, Itintérêt porté par lropinion à lfidée d.e
pays et par le gouvernernent aux contaets de pay6r
9:egpseg*! - Ês -9Éys]ePP
es et Tinténiac où ub
Ies
de
-
Le Conlté -de_DÉy9lggggggl!_gg_te{g_99_Dinan (COonpneu), fond.é au débutde r912;-ionïâi[-n;ne;-[nô-âcfïon-infê;AéFA;i6frêntarc de chaque côté de ]-a
Rance; i1 a dt se l-initer au pays de Dinan. Dans le cad.re de la préparation
d.u VII" PIan et à travers de nombreuses études qutiJ, sait obtenir
drorgani-mes extérieurs, l-e CODEPRAN a précisé ses J objectifs majeurs : un plan
généraI draménagement qui trad.uise Ia voLonté de synbiose viJ.l.e-campagne,
répartisse de façon équilibrée J.a population, l.es activités, l.es équipements
et services entre zones urbaines et rura3-es, entre le LittoraL et
llinté-rieur, 3.a mise en valeur de Ia main dtoeuvre et des ressources du palsr J-a
formation des diverses catégories de La population , en partj-culier des
éIus J.oca.ux et, des responsables professionnels.
- Le Comité drExpansion Econonique
(eËSÂfr
)-;
66;;uFA- ffi e-r;En[âîië-Aê-;offi[ËË;;-ï6-Enï;;ii
de Itarrondissement de St êsrMaloadhé-rents individ.uels et une dizaine de Conmissions de Iravail qrui essaient
d.e proposer des solutions à certalns problènes l protection d.e Ia Rance,
questions sociales, aides au développement des entreprises.
On peut J.ui associer J.e
;Ëâï,-rFÀF-;6I- en cours de ation.
-
Le Centre -Est_P:glgggg (CgE) est un syndicat i.ntercornnunall créé enT967 r-AuiÏEâ;oup;-51-ô6frfrùnes,
6
cantone âutour de Ploerme1.rI
a v:.aimentpri.s son essor à
partir
d,e 1972t inultj-plj-éles initiatives
concrètes etrapidement , a, élaboré un prograrme de développement du Pays de Ploerne] bien-tôt sanctionné par un contrat de pays, formul.e d,ont i1 a été ltinspirateur
au moins autant que 1e bénéficiaire. Sa réussite d.ans J.a créatj-on d.renplois, clréquipementsr ses projets institutionnel-s en font une expérience
"xenplai-re de Conité de pays.
à 1téquipenent d.es coJ.lectivltés et et sportiveso Un contrat de pays êt
tantes réa1j-sations.
esgs!-És93esls99-g9s
pJ.an draménagement
un soutien aux associations culturelles
divere
crédits
ont déjà permisd.ti-npor--. !:-9gel!É=9e--"1Éyglgppg993!-9g-!eye-Êe-yillÉ (copavm
)
estdt
àf
ini-tiative
de Mr P;-MEFÂ1GrîËFÎE]-Ani-â-;;F6uF3-i6Ë responsabLes professionnelset les élus de f cantons, 65'cottunes drunà zone rurale d.ont i]. veut
promou-voir le développement eous tous 6es aspects, en particulier par une aide
On peut assimiler aux Conités de pays d.rautres organismes qui en
revendiquent ltappellation, tout en relevant drautres nod.alités. .A.insi le
9f:!fi9l-9g-lggg-99-!ggg:'
créé en r9?o, rassenble 17 conmunesr 2?o 000habitantsr se présenÙé-dé-plus en pJ-us comme lrorganisme dtaménagernent et
de développement du Pays de Rennes, notanment aepuis Ies dernièrés é].ections
municipales. 11 sera intéressant d.e suivre lrexpérience d.e ce pays fortenent urbanis é.
-
!:=9gg*!É-9jgreg:]93-g}-t3{9-g9-l,9risg! (r,tratuoa), créé en re?l,rassemble II cantonsr .5) communeàl-22ô-ôôô-f,âbitants, en vue drassurer Ia
concertation, Ia coordination d.es études et d.écisioné des partenaires
_Lb
Dtautres structures existent, oeuvrant daas J.e même sênsr
Certaines fleurissent 1-respace drune campagne électorale, dtautres mènent
une action d.lscrète et informelle dont les résuLtats surprendront plus
tard. Le mouvement des pays suppose une longue fréquentation pour qulon
puisse y discerner ce qui est vague de fon, conscience et volonté
collec-tives solidenent établies, et node passagère, prorilesse éJ.ectorale ou succès
monentané de quelque leader ou instj-tutiono
35 - Quand la région redécouvre Les pays.
Ï,e mouvenent des pays d.oit sans doute sa cingularité
en Bretagne à sa densité et à sa per&anence, nais aussj- à la jonction dt
un courant ascendant qui épouse la diversité des terroirs et dtun courant descendant qui a conféré à lrensernble rigueur, aud.ience et crédibilité.
Tout est parti à cet égard de quelques spécialistes de lranéna-gement régionall dont la conpétence scientifi-que se double d.fune ferveur
celtisante ou au moins régionalisteo Les études de Loeiz LAUREi\II,
adminis-trateur à ItINSEE de Rennes, sur Ia planification de lremploi redécouvrent
les délimitations profondes de J-a Bretagne : Ies zone6 drètudes
dénogra-phiques et drenploi (zsop) servent de base aux palso Tout un ensemble de
recherches statistiques vj-ennent alors conforter La notion de pays, conçu
conme espace moderne dtinterdépendance ville-campagneo Ï,es réflexions de
Iouis ERGANT alors d.irecteur de recherches au CET,IB, de R. d.e SAGAZAN et
de quelques autres donnent rapideneat un contenu opérationneL à cette idée de pays, srappuyant peu à peu sur les expériences des Conj-tés d.e pays déjà
existants.
Toute cette réflexion trouve son expression dans Ie livre Blanc d.u
CEIIB : ttBretagne, une ambition nouvelJ-en (fgil). plut$t que de srépuiser
à vouloir rattraper des régions qui souffrent maintenant de 1eur
industri-alisationr la Bretagne doit trouver son développement par une urbanisation
originale, misant sur l-es atouts de qual-ité du cadre de vie d.ont dispose
Ia région. Ce pari urbain impl.ique une réponse institutionneLle : la
com-mune étant trop petite pour âtre efficace, f* aepartement trop abstrait et
rigide, ctest le trpaystt qui srimpose comme 1féchâIon d.rad.ninistration
et de dévelo.ppement correspond.ant le mi-eux aux aspi-rations et aux rnoyens
d.e
ce temps,/ T,e pays estttla zone géographique clans J-aque1le Ia quasj- totalité des honmes sont à la fois habitants, proaucteurs et con6omnateursrr. 11
devient le cadre drune solidarité vécue où peut âtre fixé et préIevé un
impSt local juste et claj-r' une zone drinterdépend.ance ville-campagne
reLa-tivenent stable dans 1e tempsr pour fonder rrn urén"gement durable, une
collectivité territoriale autonome dotée de rée].s pàuvoirs et capable de
dialoguer avec lrautorité régionai&e. Et l.e cEl,IB aË proposer le âéco.rpu.g"
de Ia Bretaghe en une quinzaine de pays, bien d.essinés Ëur Ie littorai, plus indécis à ltintérieur.
Cette idée de pays est progressivement reprige comne cadre dr études et de réfLexions par ltINSEE, la Sécurité sociale, les ÀSSEDTC, la Missj-on Régionale, à un degré naoindre par les chanbres ae commerces les Jeunes clanbres Economi-ques, le crédit Mutuel de Bretagne. on a déjà
souli-gné I'intérêt de la CFDT pour ce découpage. A partj-r de ]-a publication
d.u
T'ivre Blanc, la collaboration se renrorcà entre ].e
CELIB et ].es structures de pays. A ltAssenb1ée Généra1e de I9?Zt 1es dél-ég"é;-;;" Conités de pays
font leur entrée au cornité direeteur du cEl,rB, au moment où 1es partis de
la Gauche et les syndicats ouvriers J.e quittent. Le pELrB crée une
cornnris-sion tthomotion du Paystt, dont J-e rappo"t, -ri1" pronoiion d,es pays,,,
approuvé
et publié à la fj-n de rg?t, définit iès finalités et ]-es fonctions d.es paysr
l-es critères de découpages, rle répartition à*u
-11
-financiers et des modes drorganisation possibleso
Les Conités de pays a1-l-aient-ils apporter un second souffle à un CELf3, déserté par Ies forces de Gauche et vidé drune grande partie de sa substance par J.a création de l-tEtablissemeat PubLic Régional. ? En
octobre T973t le CELIB envisage de d.evenir Ia fédération d.es pays cle
Breta-gne et de partir aux rrquatre ventsrr de La région pour rassembLer à nouveaut
sur des bases plus restreintesl toutes 3-es énergiee bretonneso Devant
cette perspective, des déLégués de Coni-tés de pays narquent }eurs réserves
envers Ie projet CELIB et décident de poursulvre leur clénarche autonome,
par une structure de coordination hors du CELIB, 6ans opposition à son
égard.
De 1à est née, au printemps I975r La Fédération des Pays de Bre-tagne qui a pour objet trJ.a d,iffusion d.e ltid.ée de pays et llaide à toute
initiative de déveJ-oppement qui tend à la réaliser, Le soutien de ]raction
des Conités de pays et organismes similairesr J.sur concertation et
coopé-rationr 1a liaison entre ces Conj-tés et Les inetances régionales,
nationa-les et euronéennes intéBesséee par ce d.éveloppementrr. La I'édération
nraccep-tant conme merabres actifs que l.es Comités de pays, une Association srest
constltuée en novenbre 1975, qu5- regroupe 1es reilitants et J.es adeptes de
1-tidée de pays. Fédération et Association travaiLl"ent de concert, lrune ayant un rôJ.e de représentation, de coord.ination et de gesti.on, Ltautr.e
se donnant pour nission l-tétude, Ia proposi-tJ-on, ltaction mj-litante.
Les rel-atj-ons petj.te vilLe-environnenent rura]: et leur traductj-on en terme d.e pays ont ainsi en Bretagne une structuration micro-régi-onale et
régionale plus avancée que dans LtensembLe de Ia I'rance. Le nouvement
semble cependant piétiner quelque peu depuis 2 ou 3 ar.e : Ia crj-se
économi-Quêr les échéances électoralee, les indécisions de ].rEtablissement Public Régional et du Rapport Guichard, lrinterprétati-on différente donnée à Ia
politique des pays par les d,ifférents partisl 3-e désenchantement né des
contrats de pays et 1tabue qui est faj-t de Ia notion de paysl etc...1 tout
ceJ-a explique sans doute Les Lenteurs et Les iacertitudes du mouvement
micro-régional-. Par delà ces dlfficul-tés évldentes, Ie mouvement nrêst-il
1ô
ïv I,ES AMBTGUITE.g DES PAYS
Conme t'oute réalité inchoactivet Ie mouvement
nicro-régional nait de divers courants et aspirationsr véhicules des
con-tenus et des notivations différentes, est chargé dra.mbi-guités et de
con-tradictions que lrexpérience se chargera drécJ.aircir et de d.écanter. En
particulier, la notion de pays varie 6êIon J.a nature, le contenu quron lui
donne, selon la signification idéologique quton 1ui confère.
4I - Ltambivalence des Bays.
Quand on parle de paysr de queJ.le réa1ité temitoriafe
slagit-il ? &es uns srattachent à un pays terroir restreintr dtautres
1ùaident pour un payÊr espace dlinterdépendanoe vilJ.e-campagne. Une analyse
sommaire de la notion d.e pays y di-seerne quatre composaRtes principal-est
à la fois comme réal.ité et comme proJet, entre J.esque3.les existent des
rel-ations dial.ectiques :
terroir :
espace social.et
cultureL à aruinerespace démocratique à promouvoir. Pays
zone de
d.éveJ.oppement
espace économique à organiser
espace géographique à aménager.
4ff - Le paysr un espaee social et culturel- à anirner.
Mêne sril nta pas les caractéristiques précises que
lui requiert ltEco1e Géographique Françai-se, J.e pays breton est drabord
un hérj-tage d.e Ia nature et, d.e 1'hj-sto5-re, de cet affrontement séculaire
où Ia vie personnelle et sociale est marquée par Le re1-ief, Ie climat, Ie
sol, où lrhornme et 1a coLlectivité transforment peu à peu Ie nilieu naturel
jusqulà en faire un paysage humanisé, un pays fanilier. pays, paysages,
paysans se sont ainsi façonnés réciproquement au cours des âges pour aboutir à des entités socio-géographlques, à ces ttpays-terroirsrt, anéc tèurs
paysa-EeEr leur dialecte, leurs coutumes et costumes, leurs formes de peuplement
et dtorgan:lsation, leur histoire partagéeo
I,a civilisation technicienne avait pour un moment niveller cette
nosalque d'e petites régions sous la poussée de see infrastructures, ses échanges et l-a culture de masse; 1técononie lj.béra]-e a 6ans doute éntratné déracinenents, traneplanùations, concentratlons urbaines et d.ésertifications ruraLes. Mais la réa1ité hunaine profonde se venge aujourdthui d.ravoir été
ainsi méconnue. Lrhornrrre mod.erne, bouscuJ-é par tant ae changenents,
recher-che un espace signifiant, familier, où il Ëe sente à lraise, soit connu
et reconnu. A c8té d.es appartenances verticales et sectorieiles que lui
inpose la vie moderne, lthomme contemporain a besoin dtappartenance hori-zontalesr plus communautaires que sociétairee, pLus affeiiives que
ratj-on-nellesr où i} est saisi, inpliqué dans la globattta ae son âtre,'11
"e"iL" un cadrer une unité de vie totale où le territorial- Lremporte sur le
pro-fessionnelr le politique sur J-réconomique : iL veut Stre*d.rune famille, dt
une conmune, drun palsr drune région, drune nationo
Ï'e paye est drabord. cet espace-eynthèse, cette unité de vie
socia-Ie et cuJ-turelle, où des habitants aiâge, âe situation et droption
diffé-rentes partagent une histoirer une ménàire colJ.ective, une micro-culture
spéciflque, a6sez communes et fortes pour avoir une volonté de vivre
TO-à leur nanière" fI est des d.imensions à ne pas dépasser pour gue chacun
puisse stidentifier, et être identifj-é, pour qurune vie coJ.lective permette
1a régulation des confl-its, 1rémergence des solidarités, }e renouvellement
socia3.. La projection et }a création coLlective y d.eviennent possibles :
développer un paTsr crest dtabord rendre un peuple à lui-riême pour framener
à all-er jusqurau bout de lu1-mâme.
Cet espace véeu, où lrappartenance communautaire affleure aisénent
fournit un cadre spontané à ltanimation l il. y est reLativement faciJ-e de
faire prendre conscience à des groupes différents qufils soat habitants
d.run même lien, dépositaires drune même histoire, solidaires dtun même
des-tin, acteurs drun même projet territoriaL dans et par deJ.à les conflits de
classe et dtopinion. Le succès drouvrages tels que Le rr0heval- drorgueilrt, chantre du pays bigouden, lrintensité des électi.ons nunicipales et d.es
reLa-tions intercommunales démontrent assez 1.a vivacite d.e ce pays terroit dans
Ia conscience collective, 1a résistance d.e ce niveau à toute réforme
quJ-voudrait lrignorer.
4ra Èe pays. un es.llace économique à orqaniser.
Jadi-s, iI y avait concordance entre espace
géographi-que restreintr espace économique et espace social agencés autour d.u petit
centre rural. Lr économie moderne a fait écLater ces pays-temoirs et i-rnposé drenblée un niveau dréchanges, de moyens et d.e décisions qui échappe aux
niveaux locaux de la vie collecti-ve : ]-a commune et Ie terroir nlont ni
les moyens ni le volume suffisants pour affronter la naitrise d.es activités
économiques au niveau convenabLe.
Le pays devient alors la zone d.finterd,épendance vilIe-vanpagne,
où plusieurs petits pays-terrois 6e regroupent autour d.run pô3-e urbain
suffisant pour assurer le développement écononique d.e ltensemble d.e la
popu-latj-ont garantir Ia eécurité, la diverslté et Ia qualité des emplois et
services exigés par Ia vie mod.erne. La pays est le ttbassin dfernploirt, la zwÛ (zone dtétud.es dénographiques et diencploi) où 1es facteurs de
produc-tion peuvent se conbiner pour assurer la mise en valeur d.e 1a main âtoeurrr"
et des ressources locales, où lrinterêépend.ance des secteurs d.tactivités peut déclencher des effets drentralnement à l-a fois efficaces et conpré-hensible6 par tousl Le pays est l-runité dfétude et de prévision d.es besoins
et des possibilités, ltunité él-énentaire de coord.inatiàn' de progranmation
sinon d'e planification assurant le nei].leur emp]-oi et contrSl-è dés facteurs de production et des blens qutils fournissento A ce niveau ]-es responsables
économiques peuvent inpulser et coord.onner un dévetoppement qui réponde à
la divers j-té terrj-toriale des besoins et des potentiâtités, ies
orlanj-sa-tionp profeesionnelles peuvent concerter Leurs interventj-ono, d.es
Àolidari-tés sta&orcer dans les investissements et dans les l-uttee soàiaIus, un
pouvoir écononique micro-régional- se constituer peu à peu, base d.e tout
véritable pouvoir.
Une tension permanente t,raverse ainsi Ia réalité du patrrsr entre Ia
dimension sociale et culturelle qui tend à rapprocher 1es pays des unités
conmunàutaires de relation, d.tappartenancer et âtautre part Ia dimension
économique qui impose une autre tallle et d.tautres horizons. La rnême dia-lecti-que se retrouve entre les exigences de lranénagement et Ies