ARTheque - STEF - ENS Cachan | Observer des documents vidéo et/ou vivant en TP d'ethnologie ? Présentation du protocole de recherche

OBSERVER DES DOCUMENTS VIDEO ET/OU

VIVANT EN TP D'ETHOLOGIE?

PRESENTATION DU PROTOCOLE DE

RECHERCHE

Pierre CLEMENT

Valdlodlo NDIAYE

laboratoire d'Ethologie et laboratoire

Interdisciplinaire de Didactique des Sciences

Université Claude Bernard, Lyon 1 Villeurbanne

Mots clefs:

Recherche-Didactique-Biologie-Université-Innovation pédagogique-Vidéo. Résumé:

Ce texte présente les objectifs et les méthodes d'une recherche en cours sur une innovation pédagogique dans des TP à l'Université. Financée par le MEN, œtte recherche vise à comparer trois situations de TP, où des comportements sont à observer et à analyser soit sur des animaux vivants, soit sur des documents vidéo bruts présentés en vidéo centrale (un magnétoscope et 5 moniteurs pour 25 étudiants), ou en vidéo interactive (un magnétoscope et un moniteur par groupe de 5 étudiants).

Déterminer les avantages et les limites de ces trois situations s'inscrit dans une réflexion sur les condilions d'utilisation de la vidéo dans les enseignements pratiques.

Keywords:

Research- Didactic- Biology- Uni versity- Innovation- Video Summary:

11 Inle!' ,,;ion

L'observation et l'analyse de certains comportements animaux ou humains, nécessitent le recours au film, vidéo par exemple, aussi bien dans l'enseignement que dans la recherche.

Par ailleurs, la difficulté de fournir des animaux vivants à un nombre croissant d'étudiants, par exemple pour des TP d'éthologie dans une U.V. de psychophysiologie ( a utour de 300 inscrits en licence de psychologie à Lyon ), a conduit les enseignants à proposer des TP où L.;, comportements sont observés et analysésà partir de ÙOCUml'nts vidéo projétés par l'enseignant à l'ensemble du groupe de TP (LE BERRE et COULON 1984).

Jusqu'à quel point peut- on ainsi remplacer le vivant par des documents vidéo? Quels sont les avantages et les limites de chaque formule? La médiation de la vidéo LlVorise-t-elle et/ou handicape- [-elle l'observation?

Iln'existe pas de réponse unique à ces questions: il ya sans doute autant de façons d'utiliser la vidéo que d'observer des animaux vivants: mais ce rapport à des documents vidéo bruts n'a guère été étudié jusqu'à présent. Modifie t-il l'attirance ou le dégoût que peut inspirer un animal? Impose t- il des contraintes quant aux objectifs des observations? Par quelle introduction, quels compléments d'information, et quels modes d'utilisation est-il possible de l'optimaliser?

C'est à ces questions que nous nous sommes confrontés dans le cadre J'une recher..:he soutenue par le MEN (I986-7 et 1987-8), qui s'appuie sur une innovation pédagogique à l'Université Lyon1. Cette innovation porte sur l'introduction de magnétoscopes VHS, pourvus d'un ralenti et d'une recher..:he rapide sur images, ll1anipulables par un petit groupe d'étudiants en TP (vidéo interactive: '']''). Cette situation est comparéeà celles qui fonctionnaient jusqu'à présent:

-soit en vidéo centrale ("C") où seul l'enseignant manipulait un magnétoscope unique ( dépourvu de ralenti et de recherche rapide sur images) relié à plusieurs mon iteurs;

-soit avec la présence d'animaux vivants ("V").

L'objectif de la recherche est de comparer les avantages et les limites de ces trois situations dida<.:tiques (V,C,I) pour ces TP d'éthologie.

2/Protocole expérimental

2-1-les trois situalons expérimentales testées.

Chaque groupe de 25 étudiants est réparti en salle de TP en 5 sous- groupes de travail ùe 5 étudiants chacun. Chaque sous- groupe dispose d'une surface de travail (tables juxtaposées), d'un moniteur TV, d'un magnétoscope VHS, et d'un micro ordinateur ( clavier et moniteur).

2-1-I-Situation avec des animaux vivants (y): figure1.

Chacun des 5 sous- groupes observe les comportements d'animaux vivants présents dans la salle de TP: 5 postes d'observation sont donc nécessaires, avec un nombre suffisant d'animaux vivants .

•

iJJ

•••••

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•••••

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•••••

Figure 1

v

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•

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•••••

2-1-2-Situations où les étudiants observent des documents vidéo bruts: °Yidéoà commande centrale (C): figure2.

L'enseignant contrôle par un seul magnétoscope les 5 moniteurs de la salle de Tl' donc le rythme d'observation des 5 sous-groupes d'étudiants. A la demande des étudiants, l'enseignant peut réaliser des pauses sur image, et des retours en arrière. Il n'y a ni ralenti, ni accéléré sur ce magnétoscope V-Matie.

°Yidéoàcommande interactive(1):figure3.

Chaque sous-groupe de 5 étudiants dispose en plus du moniteur, d'un magnétoscope YIIS qu'il a la liberté d'utiliser à son rythme propre:en plus des possibilités précédentes, ces magnétoscopes sont pourvusd'un ralenti, image par image, et J'une avance rapide sur images.

•••••

cv

e. .

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Figure2

C

•

•

••••

•

Figure3

1

2-2- Les trois thémes de TP retenus.

Pour la premiére année 1986 -7, l'expérience porte sur l'UV de Psychophysiologie, où le grand nombre d'étudiants en licence de Psychologie permet un protocole expérimental rigoureux (ils sont près de300).

Trois thèmes de TP ont été sélectionnés pour celte expérience:

-deux pour lesquels il est possible d'observer des animaux vivants (V) dans certains TP, les autres se déroulant en vidéo centrale (C), ou intHactive (1): le comportement prédateur de l'araignée, et l'ontogenèse du compC'rtement moteur de la gerbille. Des enseignants d'éthologie maintiennent en effet, pour leurs recherches, des élevages permanents de ces animaux au laboratoire;

-le troisième thème, choisi pour que soit analysée l'interaction entre deux animaux (comportement sexuel du cobaye), permet simplement de comparer les situations de vidéo centrale (C) et interactive (1).

Les étudiants sont répartis, pour tous les TP de l'UV en 12 groupes de 25. L'expérimentation porte sur6groupes, plus3groupes de sécurité. Au cours de l'année universitaire, chaque groupe est observé successivement dans les 3 situations (V,C,I) pour l'un des 3 thèmes comportementaux sélectionnés (cf figure4).

2-31le plan d'expérimentaton en1986-7:figure4

N'de groupes de 25 Thème Hudiants

du TP 1 Il III IV V VI VII VIII IX Comportement prédateur

C

1

V

C

1

V

groupes de l'araignée Comportement

1

C

1

C

de sexuel du cobaye Ontogenèse du comportement

V

_C

1

V

C

1

sécurité moteur delagerbille V anlmal,lX vlvdots

C

vidéo a commande centrale

1

videoà commdndl: Ifllcrdcllvè

-E!gure4:Le plan expérimental sur l'UV de Psychophltsiolosie 1'1/1986-7. Pour le même thème de TP chacune des situa tians V,C,I est réalisée par le même enseignant, sur des groupes différents d'étudiants. L'ensemble est réalisé une deuxième fois par un deuxième enseignant. Six enseignants sont ainsi impliqués dans

2-4JCorpus rassemblé.

Les données recueillies sont les suivantes: -pour l'ensemble des étudiants de l'UV:

-300 questionnaires initiaux sont distribués en début d'année (Octobre1986), dans les groupes de TP. Ils sont remplis sur place et ramassés immédiatement. La présence en TP étant obligatoire tous les étudiants de l'UV sont touchés.

-300 questionnaires terminaux sont distribués en fin d'année (Mai1987), dans les mêmes conditions (lors du dernier TP).

-pour les séances de TP incluses dans l'expérimentation:

-un enregistrement vidéo des 4 heures de TP, permet d'analyser les comportements d'observation de 3 des 5 sous -groupes;

-trois enregistrements uniquement sonores, pour chacun de ces sous-groupes seront éventuellement analysés pour compléter les observations vidéo sur les moments où les étudiants observent les comportements qu'ils ont à étudier

-un questionnaire d'une page porte sur les observations menées par les étudiants et est rempli avant la fin de la séance. Le dépouillement de ce seul document est très informatif comme le montrent les premiers résultats obtenus présentés dans le texte suivant.

-les compte-rendus de TP sont conservés: ils sont collectifs pour chaque sous-groupe de 5 étudiants, et individuels de façon tournante pour 1 sous-groupe par séance.

Sont, en outre, recueillis:

-un questionnaire initial et un questionnaire final soumis aux enseignants et chercheurs impliqués dans la recherche;

-les comptes rendus de réunions des enseignants et chercheurs;

-enfin comme pour toute recherche, des données bibliographiques ont été rassemblées notamment sur l'utilisation de la vidéo dans l'enseignement.

31Les enjeux de celte recherche.

Si l'on exclut l'usage de l'autoscopie dans des stages de formation d'enseignants ou autres animateurs, les recherches sur l'utilisation d'images vidéo dans des actions de formation, ont surtout porté, jusqu'à présent, sur l'utilisation de circuits fermés de télévision, et sur des tentatives d'émissions TV scolaires ou pédagogiques (PLANQUE 1971; FAUQUET et STRASFOGEL 1972 ; JACQUINOT 1977 a et b ; AZEMARD1980; BOURRON 1980; MARIET et al. 1981 ; MICHELINE et al. 1982; ).

D'autres travaux ont porté sur l'utilisation de films ( diffusés par le CNDP ou par d'autres organismes) à l'occasion d'enseignements magistraux (VALLET et RAMBAUD 1960; MOLES et al. 1971).

Toutes ces réflexions ont donc porté sur la construction de documents filmés (avec commentaires) et sur leur éventuelle utilisation dans des structures scolaires ou plus rarement universitaires.

Il est beaucoup plus difficile de trouver des recherches qui portent sur l'utilisation de la vidéo durant des travaux pratiques:

-soit comme instrument de visualisation, de démonstrations délicates effectuées par l'enseignant;

-soit, comme dans le cas de la recherche présentée ici , pour montrer aux étudiants des documentsàétudieràla place d'animaux vivants (LE BERRE et COULON 1984).

Or cette dernière possibilité peut rendre de nombreux services pour toutes les sciences d'observation oùilest malaisé, voire impossible, de présenteràautant d'étudiants ce qui doit être observé.

Les questions qui se posent alors sont multiples:

l/-quelles lacunes accompagnent cette absence physique de l'objet à observe Comment compenser au mieux ces éventuelles lacunes (quels documents quelle présentations complémentaires par exemple)?

2/-quels gains au contraire sont possibles à partir de la vidéo? Comment l'utiliser au mieux (par exemple, quels sont les avantages et inconvénients d'une utilisation centrale ou interactive?)?

3/-quelle est la singularité ou la généralité des situations testées? Les résultatsà obtenir vont-ils varier en fonction du thème du TP ou de l'animal observé (l'araignée semblant plus repoussante que le bébé gerbille par exemple ), ou encore en fonction de l'enseignant?

Le protocole expérimental a été choisi pour que les conclusions de celle recherche puissent être étenduesà d'autres études pratiques de comportements. Mais il est possible que certaines conclusions soient plus larges, et concernent d'autres disciplines que l'Ethologie, et même que la Biologie, et d'autres d'eseignements que la formation initiale à l'Université.

4J Remarques

4-1-Dans l'immédiat le déroulement de cette recherche crée, ce qui est classique, L1ne dynamique avec des effets tels que:

4-1-1-la mise en place de l'innovation pédagogique avec l'équipement, dans la salle de TP, de 5 postes vidéo interactifs;

4-1-2-une réflexion collective sur les objectifs de chacun des TP, avec une clarification et une production de documents nouveaux distribués auxétudiant~(liste des objectifs de chaque TP, documents introductifs... );

4-1-3-un regain d'intérêt pour ces enseignements non seulement de la part des enseignants, mais aussi des étudiants flattés de vivre cette expérience; enseignants et étudiants ont ainsi organisé un séminaire de deux jours (10 et Il avril 1987 ) pour réfléchir sur la place de l'éthologie dans les cursus universitaires des psychologues.

4-1-4-une ouverture des enseignants vers la Didactique, à l'occasion des réunions auxquelles participent également des chercheurs en didactique, et une psychologue spécialiste àl'IRPEACS du secteur audiovisuel.

4-2-En ce qui concerne le travail de recherche proprement dit, le rassemblement des divers éléments du corpus est en cours: il faudra beaucoup de temps pour l'analyser en totalité. Le texte suivant présente à titre d'exemple, un des modes d'analyse utilisée à partir d'un premier ensemble d'informations (soit environ 1/30è

Bibliographie

AZEMARD G.,1980, La vidéo, l'enfant et les institutions. Vers une utilisation interactive des nouvelles technologies, éd. Anthropos, Méjannes-Ies-Alés, 224 p.

BOURRON Y, 1980, Audiovisuel, pédagogie et communication, Les Editons d'Organisation, Paris, 190 p.

FAUQUET M. et STRASFOGEL 5.,1972, L'audiovisuel au service de la formation des enseignants. Le circuit fermé de télévision, éd. Delagrave, 264 p.

JACQUINOT G.,1977a, Image et pédagogie. P.U.F, Collection l'éducateur,62, Paris, 200 p.

JACQUINOT G., 1977b, Apprendre des images au lieu d'apprendre par l'image, in revue "Le Frallçais alljourd'hui", 38, Paris

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L

1984, La Vidéo dans l'enseignement pratique d'Ethologie,/11Etudes et A1lalyses comportemelltales, 2(2), p 119-127.

MARIET F., 1983, l'Audiovisuel et les médias à l'école élémenlaire, in MARIET

F,et al, Pédagogie des médias et pédagogie par les médias, éd. Armand Colin, Paris, 288p

MICHELINE M., LOUVY P.,GIROD

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L

KEMPFA.,MOREAUM.

C, PHILIPP M. G., SOMBRIN

L

ZAIDMAN C, 1982, La vidéo pour quoi faire? Dans un stage, une école... , éd. P.U.F, Paris, 256 p.

MOLES A. et ZELTMANN C,1971, La Communication. Les images, les sons, les signes. Théories et techniques de N Wiener et C Shannon à McLuhan, Centre d'Elude et de Promotion de la culture,576 p.

PLANQUE B., 1971, Audiovisuel et enseignementUn guide pratique pour les enseignants el les éducateurs, éd. Casterman, Tournai,126p.

VALLET A. el RAMBAUD C,1960, Exploration du film,Ligel édit, Paris, 199p.