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Création d’une filmographie et mise en évidence de
l’image de la personne alcoolique au cinéma
Marion Hoestlandt
To cite this version:
Marion Hoestlandt. Création d’une filmographie et mise en évidence de l’image de la personne al-coolique au cinéma. Sciences de l’information et de la communication. 2004. �dumas-01557423�
UFR
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Marion HOESTLANDTMASTER1, MENTION SID
(Sciences de l'Information et du Document)
MEMOIRE DE STAGE & RECHERCHE
Mission effectuée du 26 avril 2004 au 16 juillet 2004
à L'A.N.P.A.A. 59
04 S ASS
HOE
ASSOCIATION NATIONALE DE ..._E'VIENTION DE L .. ALCOOLISMAssociation Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie Lille
CRÉATION D'UNE FILMOGRAPHIE ET MISE EN ÉVIDENCE DE
L'IMAGE DE LA PERSONNE ALCOOLIQUE AU CINEMA
Sous la direction de :
Mme Brigitte JUANALS (resp. universitaire) Mme Marie MARE CAUX (t~teur professionnel)
Soutenu le 24 septembre 2004 à I'UFR IDIST
Université Charles de Gaulle, Lille 3 (Campus Pont de Bois) BP 49, 59650 Villeneuve d'Ascq Cedex
Année Universitaire 2003/2004
B.U.C. LILLE 3
Marion HOESTLANDT
MASTER1, MENTION SID
(Sciences de l'Information et du Document)
MEMOIRE DE STAGE & RECHERCHE Mission effectuée du 26 avril 2004 au 16 juillet 2004
à
L'A.N.P.A.A. 59
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Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie Lille
CRÉATION D'UNE FILMOGRAPHIE ET MISE EN ÉVIDENCE DE
L'IMAGE DE LA PERSONNE ALCOOLIQUE AU CINEMA
Sous la direction de :
Mme Brigitte JUANALS (resp. universitaire) Mme Marie MARECAUX (tuteur professionnel)
Soutenu le 24 septembre 2004 à I'UFR IDIST
Université Charles de Gaulle, Lille 3 (Campus Pont de Bois) BP 49, 59650 Villeneuve d'Ascq Cedex
Remerciements
Je remercie ma responsable universitaire, Mme Brigitte Juanals, qui m'a aidé à
déterminer la ligne directrice de ce mémoire, Je remercie mon tuteur professionnel, Mme Marie Marécaux, documentaliste au
centre de documentation de I'ANPAA 59 pour sa disponiblilité, son accueil et sa confiance, Je remercie également Mme Liliane Dupont, directrice départementale de I'ANPAA 59, pour m'avoir permis de faire mon stage au sein de cette association, Enfin je remercie les autres membres du centre de documentation, Melle ~milie
Szymutko et Mme Muriel Nachtergaele pour leur disponibilité, ainsi que les équipes d'animation et de gestion pour leur accueil.
Sommaire
Sigles ... p.5 Introduction ... p.6 1. l'ANPAA: Association Nationale de Prévention en Alcoologie et
Addictologie ... p. 7 1.1. le siège nationale et ses domaines d'intervention ... p. 7 1.1.1. L'historique . . . p. 7 1.1.2. Les domaines d'intervention ... p.8 1.2. L'ANPAA 59 ... p.9 1.2.1. La constitution et les activités de I'ANPAA 59 ... p.9 1.2.2. le centre de documentation ... p.10
2. la constitution de la filmographie ... p.13 2.1. La mission ... p.13 2.1.1. Les objectifs ... p.13 2.1.2. La définition de la mission ... p.14 2.2. les différentes étapes de la sélection des films ... p.15 2.2.1. La recherche documentaire concernant les films ... p.15 2.2.2. l'élaboration de la grille d'analyse ... p.16 2.2.3. La localisation et le visionnage des films ... p.17 2.2.4. Le choix final ... p.19 2.3. la mise à disposition de la filmographie ... p.20 2.3.1. La rédaction de la filmographie ... p.20 2.3.2. Les questions juridiques liées
à
la diffusion et au prêt des films... p.243. L'image de la personne alcoolique dans le cinéma . . . p.26 3.1. La popularité du cinéma et son influence ... p.26 3.1.1. Le cinéma comme mode de représentation de la société ... p.26 3.1.2. Son influence sur les représentations des individus ... p.30 3.2. La synthèse des grilles d'analyse ... p.33
3.2.1. L'alcool associé au monde de la nuit, de la musique,
des arts et du spectacle ... p.34 3.2.2. L'alcoolisme féminin vu comme un refuge, symptôme
de la peur de la vieillesse et de la solitude . . . p.36 3.2.3. L'alcoolisme féminin comme clandestin et la guérison
qui repose sur la volonté ... p.38 3.2.4. L'alcoolisme masculin : un suicide lent ... p.39 3.2.5. L'alcoolisme et le couple : une dérive ... p.40 3.2.6. L'alcoolisme et la toxicomanie : une réalité des quartiers
populaires ... p.42 Conclusion ... p.44 Bibliographie . . . p.45 Glossaire ... p.46 Annexes ... p.48
Sigles
ANPAA : Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
Adav : Ateliers Diffusion Audiovisuelles
CCAA : Centre de Cure Ambulatoire en Alcoologie
CDPA: Comité Départemental de Prévention de l'Alcoolisme
CHAAFIP : Comité d'Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie- Formation, Information,
Prévention
CNDCA: Comité National de Défense Contre l'Alcoolisme
Éclat : Espace de Concertations et de Liaisons des Actions contre le Tabagisme.
Épicéa : Espace de Prévention et d'Information sur les Conduites Addictives
Eurocare : European Council for Alcohol Research Rehabilitation and Education.
MRPS: Maison Régionale de Promotion de la Santé. OMS : Organisation Mondiale de la Santé
1
ntrod uction
Le stage s'est déroulé au centre de documentation de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictofogie du Nord (ANPAA 59). Ce centre de documentation dispose de nombreux documents sur différents supports qui concernent, d'une manière générale, la prévention et les risques liés à la consommation d'alcool.
Dans le cadre de ce stage, la mission était de réaliser une filmographie sur le thème de l'alcool, c'est-à-dire, répertorier tous les films dans lesquels le personnage alcoolique a le rôle principal ou dans lesquels l'alcool est le sujet principal, après les avoir visionné. Cette filmographie serait ensuite mise en commun avec une filmographie sur les drogues réalisée par Épicéa (Espace de Prévention et d'Information sur les Conduites Addictives) avec qui le centre de documentation travaille régulièrement.
Le public se réfère régulièrement aux images qui sont véhiculées au cinéma. En ce qui concerne l'alcoolisme, les usagers du centre de documentation demandent régulièrement des titres de films auxquels ils peuvent se référer, par curiosité ou pour se rassurer. On peut alors se demander quelle est l'image de la personne alcoolique qui est renvoyée par le cinéma. Qu'elle soit réelle ou stéréotypée, cette image est celle qui marque le spectateur et donc son impression sur le malade alcoolique.
Dans un premier temps, nous allons présenter l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie, son histoire et ses fonctions. Ensuite, nous décrirons les différentes étapes de l'élaboration de la filmographie. Nous nous intéresserons enfin à l'image de la personne alcoolique véhiculée à travers le cinéma.
1. L'ANPAA: Association Nationale de Prévention en
Alcoologie et Addictologie
1.1.
Le siège national et ses domaines d'intervention
1.1.1. L'historique
L'ANPAA est le résultat d'une histoire de plus de 125 ans. En effet, c'est en 1872 que se constitue l'association contre l'abus des boissons alcooliques sous l'impulsion de plusieurs membres de l'Académie de Médecine.
Dès 1873, la loi sur la répression de l'ivresse publique est publiée. L'association l'accompagne sur le plan social.
En 1880, l'association se transforme en Société Française de Tempérance. Elle est reconnue d'utilité publique et organise, dès 1903 le premier congrès national contre l'alcoolisme
à
la Faculté de Médecine de Paris.Ses
objectifs sont alors d'informer la population sur les dangers de l'alcool sur l'organisme, d'aider les victimes de l'alcool et de contribuer à la réduction de la production des alcools industriels.En 1905, la Société Française de la Tempérance devient la Ligue Nationale contre l'alcoolisme, association privée loi de 1901 et compte près de 50 000 membres. A cette époque, elle est la seule
à
mener une action de prévention et de lutte contre l'alcoolisme en France. Elle publie deux revues (La Jeunesse et L'étoilebleue) ainsi que de nombreux tracts et affiches.
En 1940, la Ligue, composée uniquement de bénévoles, crée la première consultation d'alcoologie
à
Paris.En 1950, la Ligue se transforme en Comité National de Défense Contre l'Alcoolisme (CNDCA) et se développe sur le territoire national ainsi que dans les départements d'outre-mer sous la forme de comités départementaux et de conseils régionaux. Il publie deux revues (Alcool ou Santé et Revue de l'Alcoolisme). Grâce
à
la Sécurité Sociale, ses moyens financiers augmentent, ce qui lui permet d'embaucher des collaborateurs salariés.
Le CNDCA fonde les premiers centres de post-cure
à
la fin des années 60, le but étant la réinsertion familiale, sociale et professionnelle du malade alcoolique.Dès les années 70, le Comité met en place des Centres d'Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie par convention avec l'État. Il participe également activement
à
l'élaboration d'une législation préventive face aux risques causés par l'alcool. Le 6 mai 197 4, l'association est agréée d'éducation populaire.
A la fin des années 70 est créé un centre de formation en alcoologie ouvert aux personnes extérieures à l'association pour la formation de relais.
En 1985 le CNDCA devient Association Nationale de Prévention de l'Alcoolisme (ANPA), puis en 2002, Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA).
Depuis 1996 l'association est reconnue comme association éducative complémentaire de l'enseignement public.
L'ANPAA est financée
à
80% par des subventions de l'État, de l'assurance maladie et des collectivités territoriales. Elle emploie 1 215 salariés.1.1.2. Les domaines d'intervention
L'ANPAA a pu établir un partenariat solide avec le Ministère de la Santé, les organismes sociaux et les collectivités territoriales ce qui permet un développement important du réseau de l'association, notamment par les gestions des centres d'alcoologie (Centres de Cure Ambulatoire en Alcoologie ou CCAA).
Elle organise des congrès et des colloques et favorise sa démarche préventive sur la prévention, les soins et l'intervention sociale. Elle fait appel
à
la justice afin de faire respecter la législation sur la publicité et collabore avec les principaux organismes internationaux (OMS, Europe contre le cancer).Elle diffuse également sa revue Addictions et produit de nombreux documents écrits et audiovisuels. Son service de documentation est doté d'une base de données
informatisée qui permet de développer son activité et a mis en place son propre site Internet : http://www.anpaa.assoc.fr .
Les objectifs de I'ANPAA sont assez larges:
• développer une stratégie de prévention des risques et des conséquences liés à la consommation d'alcool et participer à la prévention des autres toxicomanies,
• réduire les risques d'inadaptation sociale relatifs aux phénomènes d'alcoolisation,
• favoriser l'accès aux soins, au suivi thérapeutique et à la réinsertion pour toute personne en difficulté avec l'alcool,
• promouvoir la formation de groupes relais afin de permettre
à
chacun de s'approprier la démarche préventive,• favoriser l'autonomie et une meilleure qualité de vie pour chacun en créant les conditions juridiques et socio-économiques favorables,
• jouer un rôle promoteur et novateur en alcoologie.
L'ANPAA fait également partie d'une alliance européenne d'associations non gouvernementales soucieuses des conséquences du développement économique et politique de la Communauté Européenne sur la prévention du risque-alcool dans les États membres. Cette alliance a été fondée en 1990 à la suite de l'université d'été «Alcool et Europe» organisée par I'ANPAA à Strasbourg et a pour nom Eurocare: European Council for Alcohol Research Rehabilitation and Education. Eurocare rassemble aujourd'hui 37 organisations venant de 12 pays de l'Union Européenne, 7 associations extra européennes et 3 organisations internationales.
1.2.
L'ANPAA 59
1.2.1. la constitution et
lesactivités de
l'ANPAA59
L'ANPAA 59 est le siège départemental de I'ANPAA dans le Nord, ses objectifs sont donc similaires
à
ceux de I'ANPAA, c'est-à-dire promouvoir etcontribuer
à
une politique globale de prévention des risques et des conséquences de l'alcoolisation et des pratiques addictives.Ses principaux axes d'activités sont l'information, la documentation, la formation et la prévention au sein du Comité Départemental de Prévention (CDPA) mais également l'accueil, l'écoute, les soins, l'accompagnement des personnes en difficulté et la prévention dans les Centres d'Alcoologie Ambulatoire (Roubaix-Tourcoing).
L'ANPAA 59 est ainsi composée de trois équipes réparties selon le schéma suivant :
Directrice départementale
Eguipe de Prévention Eguipe de Gestion Eguipe de Soins (documentation, (comptabilité) (CCAA de Roubaix, CCAA
animation) de Tourcoing, antenne de Villeneuve d'Ascq, Alcool
Précarité au sein des CHRS de
Lille-Roubaix-Tourcoing)
L'ANPAA 59 travaille également en collaboration avec d'autres structures de prévention départementales et régionales telles que Épicéa (service de prévention des toxicomanies), Éclat (Espace de Concertations et de Liaisons des Actions contre le Tabagisme), ou la MRPS (Maison Régionale de Promotion de la Santé) pour la mise en place de services communs de ressources.
1.2.2. Le centre de documentation
Ce centre de documentation a été créé en 1994 et accueille plus de 1000 utilisateurs par an. Il permet de mettre
à
la disposition de tous (professionnels, étudiants, bénévoles, grand public, ... ) un fonds documentaire et pédagogique sur le thème alcool : maladie alcoolique, prise en charge du malade et de son entourage, abstinence, relation d'aide, alcoolisation des jeunes, famille, couple, syndromed'alcoolisation fœtale, population en précarité, milieu du travail, route, campagne nationale, alcoolémie ... (voir annexe 1).
Ce fonds est composé de plus de 90 thèses et mémoires, 200 dossiers pédagogiques (programme, jeu, cassette audiovisuelle ... ), 170 rapports (colloques, congrès, ... ), 320 dossiers documentaires, 100 livres enfants.
Tout le fonds est géré par le logiciel documentaire Alexandrie et classé selon un plan de classement, particulier
à
ce centre de documentation et qui apparaît succinctement au dos de la fiche de renseignement que chaque usager remplit tors d'une visite (voir annexe 2). Cette fiche permet aux documentalistes de mieux connaître leur public et leurs besoins, et donc d'adapter leur fonds le mieux possible.Le centre de documentation a développé un réseau documentaire départemental « Alcool-Santé » afin de favoriser l'émergence d'une culture commune en alcoologie sur l'ensemble du département. Il a ainsi été établi des partenariats avec le Centre de Cure Ambulatoire en Alcoologie de Cambrai, le Comité d'Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie - Formation, Information, Prévention (CHAAFIP) de Valenciennes et l'Association pour la promotion de la Santé de la région Dunkerquoise. Ces partenariats ont donné lieu
à
la création d'antennes documentaires locales qui permettent un meilleur accèsà
l'information pour le public.Un catalogue collectif aux antennes locales et au centre de documentation de ülle a ainsi était créé. Il est disponible à partir du site Internet de I'ANPAA 59 (www.alcoolinfo.com).
L'équipe documentaire réalise également sa propre production. En effet, elle diffuse sa propre revue, CDPA lnfos, qui présente l'actualité documentaire et les dernières acquisitions. Cette revue s'adresse aux adhérents, partenaires et antennes du Cambrésis, du Valenciennois et du Dunkerquois. Elle est également mise
à
la disposition des utilisateurs au centre de documentation.Les documentalistes réalisent également des bibliographies thématiques (par exemple «Alcool et Santé des Femmes», n°3, Juin 2003) qui recensent tous les
documents relatifs au thème défini (articles, vidéo, thèses, mémoires, rapports, ouvrages, ... ) et présents dans le fonds documentaire.
Des dossiers thématiques sont également produits mais en quantité limitée puisqu'ils répondent
à
une demande précise de professionnels ou pour des actions spécifiques de formation.Un travail de veille est également effectué car de nombreux documents tels que des comptes rendus de colloques ou des textes législatifs ne sont disponibles que sur le Web.
C'est également le centre de documentation qui s'occupe de l'animation du site Internet disponible sur http://www.alcoolinfo.com. On y trouve différentes rubriques remises à jour chaque semaine notamment une liste de diffusion
(« jourmail »), le catalogue collectif (le Comité de lille et les antennes locales)
à
télécharger et les « dernières nouvelles » telles que des dates de colloques, des avis sur un ouvrage ou les dernières publications sur la thématique alcool.
2. La constitution de la filmographie
2.1.
La mission
2.1.1. Les objectifs
Comme il a été signalé précédemment, l'un des objectifs de I'ANPAA 59 est de promouvoir la prévention des conduites à risques liées à la consommation excessive d'alcool. Pour cela, les documentalistes de I'ANPAA 59 et d'Épicéa (Espace de Prévention et d'Information sur les Conduites Addictives) ont créé en 1997 un réseau de documentalistes de 27 centres de documentation du Nord-Pas-de-Calais. Ce regroupement permet d'améliorer la connaissance des fonds documentaires de chacun, de partager et d'échanger les pratiques professionnelles et de renforcer la veille documentaire.
L'idée de réaliser une filmographie composée de fictions (et non de documentaires) provient initialement du public. En effet, nombreux sont ceux qui cherchent des références en terme de films que ce soit par curiosité ou par besoin de repères face au problème de l'alcoolisme (comme on le verra dans le chapitre suivant concernant le cinéma et les représentations des individus).
Le centre de documentation est doté de documents sur des supports différents : des revues, des ouvrages, des cassettes vidéo de documentaires, des mémoires, des thèses, des affiches, des tracts, des outils pédagogiques üeux, CD-rom, ... ), des livres pour enfants, des romans, ... En revanche il n'y a ni film de fiction, ni filmographie qui permettrait d'orienter le public en demande de tels documents.
Le projet est donc de réaliser une filmographie sur le thème des conduites addictives, c'est-à-dire la consommation excessive et la dépendance à certaines substances telles que l'alcool, le cannabis, l'héroïne, les médicaments... Cette filmographie serait commune au centre de documentation de I'ANPAA 59 et à Épicéa et mise à la disposition du public dans ces deux structures.
A partir de cette filmographie, les utilisateurs disposeront des références nécessaires pour se procurer le ou les films. Des séances pourront également être
organisées par le centre de documentation ou les animateurs et être suivie d'une discussion au sujet du réalisme et de l'image de la personne alcoolique qui est renvoyée par le film.
2.1.2.
La
définition de la missionL'ANPAA 59, d'après son nom, s'occupe de la prévention en addictologie, c'est-à-dire toute forme d'addiction par rapport à certains produits. Cependant, ce terme n'a été rattaché à la structure qu'en 2002 (cf 1.1 L'Historique). De même que
Épicéa, bien que centre de documentation sur les conduites addictives en général, était jusqu'à cette date le Centre Départemental de Ressources d'Information et de Prévention sur les Drogues (CDRIPD).
Les deux centres ont donc gardé leur spécificité; I'ANPAA 59 sur l'alcool et Épicéa sur les drogues. Les deux structures sont ainsi complémentaires. Lors de l'élaboration du projet avec les documentalistes de I'ANPAA 59 et d'Epicéa, la division du travail s'est donc faite en fonction de la spécialité de chacun, I'ANPAA 59 établira une filmographie sur la thématique de l'alcool, tandis qu'Épicéa en fera une sur la thématique des drogues. Lorsque les deux filmographies seront réalisées, elles seront alors mises en commun.
Lors d'une réunion avec la documentaliste d'Épicéa qui a eu l'idée de ce projet, il a été décidé de ne choisir que les films dans lesquels la consommation de la ou des substances (alcool, cannabis, héroïne, ecstasy, médicaments, ... ) est le sujet principal ou a une incidence particulière sur l'histoire proposée dans le film. De même que les films réalisés par un réalisateur connu ou interprétés par des acteurs connus seront préférés par rapport aux autres afin que l'utilisateur puisse avoir des repères lors de la consultation de la filmographie.
Au sein de I'ANPAA 59, avec mon tuteur professionnel, il a été jugé intéressant d'aller plus loin que la simple filmographie et il a donc été décidé d'établir une grille d'analyse à remplir après le visionnage de chaque film afin de réaliser
ensuite une analyse documentaire sur l'image du personnage alcoolique véhiculée dans le cinéma.
Étant stagiaire à temps complet, mon travail allait être réalisé plus rapidement que le document des documentalistes d'Épicéa. Il sera donc diffusé en quantité limitée (pour la direction et en consultation au centre de documentation) en attendant de le joindre à la filmographie sur les drogues.
La mission de ce stage est donc de réaliser un document qui présente une filmographie sur la thématique alcool, une analyse sur l'image de la personne alcoolique dans le cinéma ainsi que les conditions législatives de diffusion de films pour le centre de documentation.
2.2.
Les différentes étapes de la sélection des films
Afin de réaliser cette filmographie au mieux, j'ai divisé ce travail en plusieurs étapes : la recherche de films, le visionnage de ces films, la grille d'analyse de chacun et le choix final quant
à
la sélection des films.2.2.1. La recherche documentaire concernant les films
Pour donner des repères au public, les films sélectionnés pour la filmographie doivent être des films de fiction interprétés par des acteurs connus ou réalisés par des réalisateurs connus. Le personnage principal doit être un malade alcoolique ou le sujet principal doit être l'alcool. L'année de sortie des films, les pays d'origine ou les genres ne sont pas des critères de choix. Cette recherche documentaire m'a ainsi permis d'établir une première liste de 53 films (voir annexe 3).
Dans un premier temps, j'ai demandé autour de moi quelques titres de films. J'ai vérifié grâce
à
Internet qu'ils répondaient bien aux critères établis précédemment pour mon travail.J'ai également été sur plusieurs sites spécialisés sur le cinéma tels que celui de la Bifi1, le forum des images2 ou Écran noi~. Pourtant le thème
«
alcool»
n'apparaîtpas parmi les listes de thèmes traités au cinéma que j'ai pu trouver. C'est donc par les moteurs de recherche, notamment celui de Yahoo et Google que j'ai pu trouver des films correspondant à mes recherches mais également en utilisant le moteur de recherche d'AIIociné4, un site commercial sur lequel on peut acheter des cassettes et
des DVD mais sur lequel on trouve également des résumés de chaque film.
Une fois que cette liste de films a été élaborée, il fallait en visionner le plus possible pour pouvoir ainsi en faire une analyse qui permettrait de faire une synthèse globale sur l'image du personnage alcoolique dans le cinéma.
2.2.2. L'élaboration de la grille d'analyse
Afin de faciliter le travail d'analyse globale finale, une grille d'analyse a été réalisée (voir annexe 4). Ainsi, une grille correspond à un film visionné. Son élaboration a été faite en fonction de ce qui devait apparaître dans le document final, elle a donc été divisée en trois parties.
La première partie concerne principalement les références du film, c'est-à-dire le titre, le nom du réalisateur, le pays, l'année, les noms des acteurs. Elle contient également un résumé et quelques informations utiles : noir et blanc ou couleur et le type de public auquel le film s'adresse.
La deuxième partie concerne le personnage alcoolique dans le film : sexe, âge, situation professionnelle, situation familiale mais également des informations concernant son comportement et son caractère. En effet, comme l'objectif de ce travail est de mettre en évidence l'image du personnage alcoolique dans le cinéma, il
1
Bifi : la Bibliothèque du Film, disponible sur www.bifi.fr
2 Le forum des images : site sur lequel on peut trouver tous les films qui ont été tournés à Paris en
donnant soit le thème, soit le nom du réalisateur, soit le nom d'un acteur, disponible sur www.forumdesimages.net
3
Écran noir : site d'actualités cinématographiques disponible sur www.ecrannoir.fr
4
est important d'observer les différentes attitudes de ce personnage face
à
différentes situations puisque c'est Je réalisateur qui lui donne ces attitudes.Elles représentent ainsi la vision de chaque réalisateur sur le malade alcoolique. Cette deuxième partie n'est qu'une observation directe des comportements et du caractère du personnage, il n'y a pas d'interprétation.
La troisième partie relève plus de l'interprétation. En effet, cela concerne le réalisme du personnage, l'image qu'il donne au spectateur et l'interprétation que celui-ci peut en faire, ainsi que le message du film, c'est-à-dire ce qu'on retient, ce qu'a voulu nous montrer le réalisateur.
Cette grille d'analyse permet ainsi de mettre en évidence clairement les comportements et le caractère du personnage alcoolique ainsi que l'image qu'il laisse au spectateur.
2.2.3. La localisation et le visionnage des films
Le travail consiste ensuite à trouver les films afin de les visionner et de remplir pour chacun la grille d'analyse lui correspondant.
La localisation
Sur les 53 films présents sur ma liste initiale, 28 ont pu être repérés dans deux lieux différents de location : la médiathèque Jean Lévy de Lille et la vidéothèque Vidéo Futur, également située à Lille. Des abonnements ont donc été souscrits dans ces deux endroits afin de pouvoir emprunter les films.
Seuls ces deux endroits ont été retenus pour la location des films puisque 28 films à voir dans le temps qui m'était imparti représentaient déjà beaucoup. C'est également pour cela que des classiques tels que Un singe en hiver avec Jean Gabin ou La femme de ma vie avec Jane Birkin ne font pas parties de mon analyse, je n'ai pas pu les trouver en location.
Le visionnage
Parmi les 28 films qui ont été trouvés, seulement 25 ont pu être empruntés et visionnés, toujours en fonction des contraintes de temps. les visionnages ont eu lieu au centre de documentation quand il s'agissait de cassettes vidéo. Quand les films n'étaient disponibles qu'en DVD, je m'arrangeais pour pouvoir voir le film en empruntant un lecteur DVD.
lors du visionnage du film, seuls les relations
à
l'alcool et le personnage alcoolodépendant5 sont pris en compte. En d'autres termes, les images, la musique ou la qualité du scénario ne sont pas des objets d'analyse.TITRE REALISATEURr ANNEE PAYS GENRE Absolument Fabuleux Gabriel Aghion 2001 France Comédie Autour de minuit Bertrand Tavernier 1986 France Drame Barfly Barbet Schroeder 1988 États-Unis Comédie
dramatique Betty Claude Chabrol 1991 France Récit de
vie Ça commence Bertrand Tavernier 1999 France Drame aujourd'hui
Cendres d'Angela (Les) Alan Parker 2000 Irlande Récit de vie 0-Tox Jim Gillespie 2001 Etats-Unis Policier Filles perdues, cheveux Claude Duty 2002 France Comédie gras
Fleurs de papier Guru Dutt 1959 Inde Récit de vie Gervaise René Clément 1955 France Drame Inconnu dans la maison Georges Lautner 1992 France Policier (L')
Ivre de femmes et de lm Kwon-Taek 2001 Corée du Sud Récit de
peinture vie
Jour du vin et des roses Blake Edwards 1962 États-Unis Drame (Le)
Leaving Las Vegas Mike Figgis 1995 Etats-Unis Drame My name is Joe Ken Loach 1998 Grande- Drame
Bretagne
Ne pas avaler GaryOidman 1997 Etats-Unis Drame Opening night John Cassavetes 1978 États-Unis Comédie
dramatique Place Vendôme Nicole Garcia 1998 France Récit de
vie Pour l'amour d'une Luis Mandoki 1994 Etats-Unis Comédie
femme dramatique
5
Ce terme est équivalent à celui d'alcoolique et c'est le plus usité aujourd'hui dans le milieu médical car « alcoolique » a une connotation négative.
Qui a peur de Virginia Mike Nichols 1966 Etats-Unis Comédie
Woolf? dramatique
Sentiments (Les) Noémie Lvovsky 2002 France Comédie dramatique Snakeeyes Abel Ferrara 1993 États-Unis Comédie
dramatique Tchao Pantin Claude Berri 1983 France Policier The Rose Mark Ryddel 1979 États-Unis Drame Un monde meilleur Mimi Leder 2000 Etats-Unis Drame
2.2.4. Le choix final
Au cours du visionnage des films, tous n'ont pas fait l'objet d'une analyse6. En
effet, comme la liste initiale des films répertoriés était basée entre autres sur de vagues résumés trouvés sur Internet ou sur des «on dit», certains films sont finalement apparus comme non suffisamment centrés sur le problème de l'alcool ou du personnage alcoolique pour pouvoir faire l'objet d'une analyse.
Ainsi une grille d'analyse a été remplie pour 17 films. Us ont été répartis selon deux catégories :
- les films dans lesquels le personnage alcoolodépendant a le rôle principal et le sujet du film est l'alcool,
- les films dans lesquels le personnage alcoolodépendant a le rôle principal mais l'intrigue ne concerne pas son alcoolisme.
C'est
à
partir de ces 17 films que l'analyse documentaire sur l'image de la personne alcoolodépendante véhiculée dans le cinéma a été réalisée. Cependant, les 8 films restants, dans lesquels le personnage alcoolique n'a qu'un rôle secondaire, font également partie du document final même si il n'a pas été rempli de grille d'analyse au moment de leur visionnage.L'objectif de ce travail étant de présenter au public une filmographie sur le thème « alcool », il est donc normal de présenter les références de chaque film qui traite plus ou moins de ce thème. Grâce aux renseignements donnés dans la filmographie, l'utilisateur sera à même de faire un choix en fonction de ce qu'il recherche. Les 25 films visionnés feront donc partie du document final.
Au cours de ces différentes étapes, la configuration du document final prend forme. Ainsi dans la première partie qui concerne la présentation des films, ceux-ci seront présentés selon le plan suivant :
• les films dans lesquels le rôle principal est tenu par le personnage alcoolique et dans lesquels l'alcoolisme est le sujet principal (Absolument
Fabuleux, Autour de minuit, Barfly, Betty, Gervaise, Le jour du vin et des roses, Leaving Las Vegas, My name is Joe, Opening night, Pour l'amour d'une femme, The Rose).
• les films dans lesquels le personnage alcoolique a le ou l'un des rôles principaux mais l'alcoolisme n'est pas le sujet du film (Filles perdues
cheveux gras, L'inconnu dans la maison, Ivre de femmes et de peinture, Place Vendôme, Qui
a
peur de Virginia Woolf?, Tchao Pantin).• les films dans lesquels le personnage alcoolique n'a qu'un rôle secondaire mais son comportement a une incidence sur l'intrigue (Ça commence
aujourd'hui, Les cendres d'Angela, D-Tox, Fleurs de papier, Ne pas avaler, Les sentiments, Snake eyes, Un monde meil/eut).
2.3.
La
mise à disposition du document au public
2.3.1. La rédaction de la filmographie
La rédaction de la filmographie a été réalisée avec le logiciel de publication assistée par ordinateur QuarkXPress {voir annexe 5). Cette filmographie est divisée selon trois parties distinctes :
- la présentation des films,
- les caractéristiques de la personne alcoolique au cinéma, - le droit de diffusion
La présentation des films, divisée selon les catégories vues précédemment, constitue la première partie du document.
Seuls les films des deux premières catégories ont une grille d'analyse qui leur correspondent puisque ce sont des films dans lesquels la place de l'alcoolisme est importante. Une notice a donc été rédigée pour chacun de ces films afin que le public puisse avoir tous les renseignements qu'il souhaite selon l'exemple suivant :
Le jour du vin et des roses
Réalisateur : Blake Edwards Genre: Acteurs: Résumé: Drame Jack Lemmon Lee Remick Année: 1962 Durée: 1h55 Pays: USA
Joe Clay travaille dans les relations publiques à San Francisco. Il boit beaucoup pour supporter la pression de ses dients.
Un jour, il rencontre Kirsten et en tombe amoureux. Elle adore le chocolat et ne boit jamais. Joe rentre souvent ivre et tard de son travail. Kirsten se met alors à
boire également en attendant son mari mais aussi pour être dans le même état d'esprit que lui au moment où il rentre. Tous les deux alcooliques, ils sont ivres la plupart du temps et malgré quelques périodes de sevrage, ils replongent, la rechute de l'un provoquant la rechute de l'autre.
Mots clés : alcoolisme du conjoint démence alcoolique amour
relation de couple rechute
abstinent
Produits évoqués : alcool, tabac
Tous publics- noir et blanc
L'utilisateur dispose ainsi de toutes les informations nécessaires pour voir si le film correspond à ce qu'il recherche grâce au résumé, aux mots clés et aux produits qui sont présents dans le film (alcool, cannabis, tabac, héroïne, ... ) mais il peut également le retrouver facilement grâce aux références du film (pays, réalisateur, année, ... ). Les noms des acteurs lui permettent d'avoir des repères, de situer le film.
Les grilles d'analyse ne sont pas dans ce document mis
à
la disposition du public, toutefois, pour plus de renseignements sur tel ou tel film, l'utilisateur peut en demander la consultationà
la documentaliste. Une page correspondà
une notice pour plus de lisibilité mais également pour plus de facilité au moment de l'insertion d'une nouvelle notice dans le document.En ce qui concerne la troisième catégorie de films, ceux dans lesquels l'alcool est secondaire par rapport au scénario, une notice succincte présente chaque film selon l'exemple suivant:
1 Ça
commence aujourd'hui
Bertrand Tavernier
1999
France
Acteurs: Philippe Torreton Maria Pitarresi
Daniel, directeur d'une école maternelle près de Valenciennes, est confronté à la précarité des familles, à l'absence d'aide sociale mais continue malgré tout d'enseigner la joie et l'espoir à ses petits élèves.
Dans le cas où l'utilisateur est intéressé par l'un de ces films, il peut les retrouver grâce aux informations données. Dans cette catégorie, on trouve trois notices par page.
 l'intérieur de chaque partie, les films apparaissent dans l'ordre alphabétique. Différents accès aux notices des films sont proposés afin de faciliter l'accès de ce document
à
l'utilisateur. On trouve doncà
la fin de la filmographie :- un index alphabétique ;
- un index thématique : Femme et alcool, Homme et alcool, Couple et alcool, Milieu artistique et alcool, Solitude et alcool, Prise en charge (sevrage, abstinence) ;
- un index par genre : Comédie, Comédie dramatique, Drame, Policier, Récit de vie.
Chaque index a été réalisé en fonction des films qui figurent dans la filmographie, les listes de thèmes et de genres ne sont donc pas exhaustives. Un film peut également
comporter plusieurs thèmes, sa référence sera donc notée sous chaque thème correspondant.
la deuxième partie du document concerne les caractéristiques de la personne alcoolique au cinéma. Elle a été réalisée à partir des 17 films pour lesquels une grille d'analyse a été remplie.
En effet, suite au visionnage des films, plusieurs caractéristiques ont pu être mises en évidence sur les comportements, les modes de vie ou le caractère des personnes alcoolodépendantes présentes dans ces films. Plus ou moins proches de la réalité, certaines caractéristiques récurrentes de la personne alcoolique ou des situations ont été mises en évidence (parmi les films qui ont pu être visionnés).
l'analyse qui a été réalisée
à
partir des grilles d'analyse de chaque film a donc permis de mettre en évidence certaines images de la personne alcoolodépendante qui sont véhiculées dans le cinéma (rappelons que seuls 17 films ont été visionnés, on ne peut dons pas faire de généralisation).Six thèmes ont été définis suite
à
l'analyse :- l'alcool associé au monde de la nuit, de la musique, des arts et du spectacle :
Autour de minuit, Barfly, Ivre de femmes et de peinture, Opening night, The Rose - l'alcoolisme féminin vu comme un refuge, symptôme de la peur de la vieillesse et de la solitude :
Absolument fabuleux, Betty, Filles perdues cheveux gras, Opening night, Place Vendôme
- l'alcoolisme féminin représenté comme clandestin et la « guérison
»
comme une « affaire de couple » qui repose avant tout sur la volonté :Pour l'amour d'une femme
-l'alcoolisme masculin: un suicide lent:
Autour de minuit, L'inconnu dans la maison, Leaving Las Vegas, Tchao Pantin
Gervaise, Le jour du vin et des roses, Pour l'amour d'une femme, Qui a peur de Virginia Woolf
?
- l'alcoolisme et la toxicomanie : une réalité des quartiers « populaires » :
L'inconnu dans la maison, My name is Joe, Tchao Pantin
Dans chacune de ces parties, un paragraphe est consacré
à
chaque film. Le message de ce dernier est mis en avant ainsi que l'image de la personne alcoolodépendante qui en ressort. Le sexe, l'âge, les situations familiales et professionnelles et le caractère du personnage sont également donnés. L'utilisateur peut ainsi comparer facilement les comportements des différents personnages en fonction des situations dans lesquelles ils se trouvent.Cette deuxième partie sera plus amplement développée dans la troisième partie de ce mémoire, consacrée à l'image de la personne alcoolique dans le cinéma.
La troisième partie de la filmographie concerne les conditions de droit de diffusion des films ou les droits de prêt dans un centre de documentation.
2.3.2. Les questions juridiques liées
à
la diffusion et au prêt des filmsL'objectif du centre de documentation n'est pas de créer une filmothèque cependant, il leur semble intéressant de posséder quelques uns des films qui ont été étudiés. Il faut donc pour cela s'intéresser au droit lié
à
la diffusion de films vidéo en public ou le prêt de ces vidéo.L'animation et la formation font partie des missions de I'ANPM 59. L'animateur peut donc choisir d'organiser une séance de cinéma avec ses stagiaires pour les amener
à
discuter sur les comportements du ou des personnages du film. Lorsqu'on achète une cassette vidéo ou un DVD dans le commerce, celle-ci est exclusivement réservéeà
l'usage privé. Diffuser le film publiquement ou le prêterà
L'article L 112-2 du Code de la Propriété Intellectuelle dispose que: «sont considérées notamment comme œuvre de l'esprit au sens du présent code:[ ... ],
6° _ les œuvres cinématographiques et autres œuvres consistant dans des séquences animées d'images, sonorisées ou non, dénommées ensemble œuvres audiovisuelles » 7
Toute œuvre de l'esprit est ainsi protégée par le droit d'auteur. Les œuvres cinématographiques ne peuvent donc ni être prêtées ni être diffusées impunément par un centre de documentation
à
moins de disposer des droits nécessairesà
cette exploitation.Il existe des organismes particuliers tel que I'Adav (Ateliers Diffusion Audiovisuelle) qui vendent les œuvres audiovisuelles avec les droits attachés au
support, pour la « durée de vie » du support.
Le centre de documentation de I'ANPAA 59 se doit donc de passer par un tel organisme pour pouvoir diffuser des films ou les prêter légalement.
La filmographie ainsi réalisée permet
à
l'usager d'avoir les références nécessaires concernant certains films qui abordent le sujet de l'alcoolisme. Accompagné d'une analyse documentaire concernant l'image de la personne alcoolique véhiculée au cinéma, ce document lui permet également de repérer de quelle façon cette maladie est traitée par le septième art.Qu'ils soient tirés d'une histoire vraie ou non, ces films sont des fictions, il ne s'agit pas de réalité. Cependant, accompagné de discours adéquats, ils peuvent être sources d'information et de communication pour les nombreuses personnes qui cherchent
à
mieux connaître cette maladie.Dans cette troisième partie, nous allons donc voir quelle image de la personne alcoolique est véhiculée au cinéma et de quelle manière on peut s'en servir comme moyen d'information et de communication sur le problème de l'alcool.
7
Extrait tiré du site de la Direction du Développement des Médias, c:f15p00ible sur www.ddm.gouv. fr/impression/dossiers_thematiquesldocuments/oeuvre01.html
3. L'image de la personne alcoolique dans le cinéma
3.1.
La popularité du cinéma et son influence
3.1.1. Le cinéma comme mode de représentation de la société
le vingtième siècle est sans aucun doute celui du progrès mais aussi celui du cinéma. Au cours de ces 100 années, nous sommes passés d'une civilisation de l'écrit à celle de l'audiovisuel dans laquelle tout passe par l'image. le septième art tient aujourd'hui une place de choix dans notre culture populaire.
Pourtant le cinéma est également un grand outil d'observation pour de nombreux historiens. Il n'est pas la réalité mais il entre cependant dans leur champ d'investigation puisqu'il est imprégné de ceux qui le font et du lieu où il se faif. Il leur permet de mieux apprécier les modes de vie et les coutumes d'une époque.
le cinéma est également un moyen d'expression. Il est le résultat d'un travail d'équipe entre réalisateur, scénariste, techniciens qui souhaitent nous raconter des histoires sous formes d'images accompagnées de sons. le cinéma ne montre pas la réalité mais il est des fragments de la réalité.
Pour Pierre Sorlin (Sociologie du cinéma, 1977), le cinéma est une forme d'expression idéologique, complémentaire
à
la littérature et aux articles de presse. Cette idéologie serait l'ensemble des moyens par lesquels les groupes sociaux se définissent et se situent les uns par rapport aux autres.Il définit ainsi la notion de cinéma comme la réunion d'une désignation et d'une représentation. Par désignation, il entend la production de messages par l'émission de signes. En d'autres termes, chaque objet ou discours présent dans un film est un signe pour le spectateur qui, dans un contexte donné trouve l'élément de signification, appelé «sème», correspondant
à
cet objet. Par représentation, Pierre Sorlin désigne les définitions, les descriptions, les caractérisations ou les images relatifs à un sème et que nous devrions reconstruire (de manière incomplète) àtravers des indications verbales et à travers des images.
8
Par exemple le terme « cinéma » a une définition qui est commune à la majorité des individus, pourtant sa représentation peut être différente d'une classe sociale à une autre ou d'un milieu à un autre.
Le cinéma s'insère dans une société, un film est réalisé par un individu qui appartient à une société. Une œuvre est donc imprégnée des représentations du réalisateur et du message qu'il souhaite produire. Pourtant, qu'est-ce qui pousse les historiens
à
s'intéresser au cinéma de fiction ?Comme le souligne Pierre Sorlin dans Sociologie du cinéma, les images perçues à l'écran sont le résultat d'une sélection puis d'un montage :
« La caméra enregistre des choses réelles, mais ces choses ne sont pas « le réel » ; elles sont « la vie » perçue, ou reconstituée, ou imaginée par ceux qui font le film » (p.50).
Il existe donc une étroite relation entre les films et la réalité. P. Sorlin donne l'exemple de Siegfried Kracauer, un critique allemand réfugié aux États-Unis après 1933.
Dans son ouvrage De Caligari à Hitler (1947, traduit en français en 1973 à Lausanne, éditions l'Âge d'Homme), Kracauer essaie de comprendre comment le cinéma des années 20 anticipait sur le nazisme. En étudiant les œuvres cinématographiques de la République de Weimar et en tenant compte pour chacun d'eux des circonstances de tournage et de diffusion, il établit que «les films d'une nation reflète sa mentalité». Il précise néanmoins que cette affirmation ne s'applique qu'à une période donnée et non à l'histoire nationale.
La « mentalité » d'une nation serait ainsi la pensée, voire les « traits psychologiques » dominants de la population de cette nation. Il tente ainsi d'en retrouver des traces dans les films allemands des années 20.
Pour lui, la sociologie du cinéma établit des rapports d'homologie entre les films et le milieu où ils naissent. Ainsi, la société est un cadre qui s'impose aux réalisateurs et ils doivent composer avec ce cadre pour mettre en image ce qu'ils veulent. Le cinéma ne copie pas la réalité mais il en est une transposition.
Comme le souligne Pierre Sorlin, «l'écran révèle le monde non pas, évidemment, comme il est, mais comme on le découpe, comme on le comprend à une époque déterminée. »
Le cinéma est donc un mode de représentation de la société auquel certains historiens se réfèrent car il s'inspire de la société dans laquelle il est ancré. Pierre Sorlin, comme René Prédal (La société française (1914-1945) à travers le cinéma,
1972)9, trouvent dans les films de fiction des valeurs documentaires parfois
supérieures aux textes ou aux journaux hebdomadaires filmés de l'époque et dans lesquels les images sont souvent trop rapides.
Le cinéma est le reflet de la société, un juste équilibre entre le fantastique et le réel. René Prédal :
« tout film, même tourné en direct, est fantastique puisqu'il n'est pas le réel mais l'image de ce réel; inversement tout film de fiction[ ... ) est réaliste puisque la caméra n'invente rien, ne pouvant qu'enregistrer objectivement quelque chose qui se trouve ou se déroule réellement devant elle. » (p.13 de La société française (1914-1945) à travers
le cinéma)
Cette phrase de René Prédal datant de 1972 n'est plus tout à fait correcte aux vues des nouvelles techniques cinématographiques apparues depuis une trentaine d'années, pourtant l'idée reste la même: sans être la réalité stricte, le cinéma permet de donner une image de la société.
Le cinéma est à lui tout seul un monde économique, il lui faut être rentable. Pour cela, il doit amener les individus
à
fréquenter les salles de cinéma.Un réalisateur qui veut faire des entrées pour son film doit intéresser et séduire le spectateur. Il doit donc le mettre en confiance. Pour cela il lui montre des choses qu'il connaTt et lui donne des repères pour qu'il puisse également deviner certains aspects de l'intrigue tout seul : par exemple, en ne regardant que les vêtements des 9
Prédal, René. La société française (1914-1945) à travers le cinéma. Paris: Ubrairie Armand Colin,
personnages, le spectateur est capable de trouver à quelle époque l'histoire du film se situe.
Le spectateur a besoin de situer les choses, voire de s'identifier. Le réalisateur doit donc le renseigner sur son film et doit ainsi faire apparaître à l'écran des situations que le spectateur peut comprendre ou qu'il connaît déjà. Il choisit donc ses repères dans la réalité et les transpose à l'écran. Ce sont ces repères qui font du cinéma un moyen de représentation de la société sans pour autant en être une entière duplication.
En appliquant cela à notre sujet, c'est-à-dire l'alcool, il est intéressant de noter de quelle manière la personne alcoolodépendante est représentée au cinéma.
En effet, dans un film dans lequel le spectateur se repère facilement grâce aux indices donnés par le réalisateur, il devient plus difficile de faire la différence entre des éléments tirés de la vie réelle et ceux tirés de l'imagination ou des propres représentations du réalisateur.
Qu'il s'agisse d'un stéréotype ou d'une image proche de la réalité, la représentation du malade alcoolique peut varier d'un film à l'autre. Pourtant certaines caractéristiques sont communes aux différents personnages, ce qui peut peut-être amener certaines personnes à faire des généralisations.
Il est donc intéressant, pour I'ANPAA 59, comme pour le public qui s'intéresse au problème de l'alcoolisme de connaître les différentes images de la personne alcoolique au cinéma puisqu'il s'agit d'une transposition de la réalité sans toutefois s'y référer entièrement.
Un film est le résultat d'un travail d'équipe entre réalisateur, metteur en scène, techniciens, acteurs, ... mais c'est aussi un moyen d'expression, que ce soit pour le réalisateur, le scénariste ou l'auteur de l'intrigue.
Il y a donc très peu d'objectivité: les plans, la mise en scène, les dialogues, le montage résultent d'une réflexion qui permet de donner un sens à une série d'image. Par ces moyens, le réalisateur tente de faire comprendre quelque chose au spectateur, il lui transmet un message.
3.1.2. Son influence sur les représentations des individus
Le cinéma est un mode de représentation de la société mais il est également source de représentations 10 chez les individus. Que se soit par mode ou par tradition, sa popularité fait qu'il influence nécessairement les représentations des individus (le cas le plus extrême étant celui de la propagande}.
Une représentation n'est pas universelle, elle s'inscrit dans un cadre de pensée préexistant (Denise Jodelet) 11, c'est-à-dire qu'elle dépend du groupe social
auquel appartient un individu. Celui-ci a ses propres représentations, elles-mêmes influencées par les représentations collectives du groupe social auquel il appartient. Pour Serge Moscovici, « une représentation sociale est le produit d'un processus mental par lequel un individu ou un groupe reconstruit le réel auquel il est confronté, et lui attribue un signification spécifique» 12.
Un individu reconstitue ainsi la réalité mentalement, il la recrée tout en se référant
à
d'autres modèles, croyances ou valeurs d'un groupe.
A
l'intérieur d'un même groupe, les représentations favorisent la communication entre les individus et organisent les comportements sociaux.Comme on l'a dit dans la partie précédente, pour qu'un film attire un public, le réalisateur doit donner des repères au spectateur afin qu'il puisse situer le film. Le cinéma peut exister car le spectateur peut s'identifier au personnage ou à la situation et peut partager avec lui l'affectif de la scène.
Lors de la visualisation d'un film, le spectateur est doublement impliqué : tout d'abord par le fait qu'il est témoin d'un spectacle et qu'il le fait exister, ensuite parce qu'il y introduit des préoccupations personnelles. En effet, les films suscitent chez les spectateurs des sentiments ou impressions, qu'il s'agisse d'affectivité ou d'aversion, qui sont dirigés vers des personnages. Bien que les schémas de l'identification soient assez complexes, il n'est pas rare de se comparer et de prêter ses propres pensées
10 Ici, les « représentations » se définissent comme étant les représentations individuelles des
individus et non comme les représentations collectives et communes à un même groupe social.
11
Jodelet, Denise. Les représentations sociales. 2ème édition. Paris : PUF, 1991.
12
aux personnages de films (qu'ils soient bons ou mauvais). Cette projection du spectateur sur un ou plusieurs personnages d'un film renforce l'impression de complicité avec le film.
Le cinéaste doit donc utiliser un certain nombre de représentations que le spectateur est capable de comprendre tout en essayant de lui transmettre un message qui pourrait éventuellement faire évoluer cette représentation (ce n'est, bien entendu, pas le cas de tous les réalisateurs qui pour certains ne cherchent qu'à attirer le maximum de spectateurs avec pour seul but le meilleur bénéfice possible).
Le cinéma est une représentation de la société mais cette représentation est appuyée par le propre regard du réalisateur sur sa société. Un film est la transposition du réel, c'est-à-dire qu'il est le résultat de sélections, découpages, plans, dialogues et montage qui lui donne le sens recherché par le réalisateur. La signification d'un film ne se résume pas à la lecture objective de suite d'images mais elle s'établit sur la continuité du film. Hormis l'histoire même du film, le réalisateur dispose d'outils et de liberté qui lui permettent de délivrer un message, ce qu'on ne peut lui reprocher puisque sa mission n'est ni d'être objectif, ni d'informer le public.
Dans ce contexte, le spectateur ne choisit pas ce qu'il voit ou ce qu'il entend.
A
la différence de la réalité, il ne peut voir que ce que le cinéaste veut bien lui montrer. Il ne fait que voir les faits à travers le regard du réalisateur et ressentir par l'intermédiaire de sa sensibilité d'artiste 13.La caméra ne met en valeur que ce qui lui semble important et néglige souvent ce qui lui est secondaire. En jouant sur les angles, le cadrage, la profondeur du champ, une hiérarchie des informations s'instaure, sur laquelle le spectateur n'a pas de choix : la caméra nous fait immédiatement savoir où doit se porter notre regard (Pierre Sorlin). Un film est une mise en scène sociale.
En ce qui concerne l'alcool, le metteur en scène ne se réduit pas à nous montrer une simple représentation du malade alcoolique. En général, il fait des recherches et enquête pour mieux connaître un sujet avant de le mettre en scène. Il
13
s'appuie donc sur des stéréotypes, généralement propre à un groupe social mais il fait également évoluer cette représentation en utilisant le son, les images, le temps et l'espace comme bon lui semble. De cette manière il cherche à entraîner Je spectateur dans son monde et à le faire adhérer à sa réalité et à sa vision des choses.
Plus le spectateur se sentira proche du ou des personnages et plus il sera capable de comprendre le message du réalisateur.
Parmi les différentes images qui apparaissent sur l'écran, le spectateur n'enregistre pas tout. les détails, les arrières plans, les accessoires ou le cadrage font la qualité d'un film cependant le spectateur se fixe sur l'histoire et le héros. Il ne s'intéresse qu'aux éléments nécessaires à la compréhension du film. leur vision, ainsi sélective, ne leur permet de retenir qu'une partie des informations qui sont données à l'écran14.
De ce fait, le souvenir d'un film peut se résumer à un « récit passe-partout, stéréotypé» 15.
le travail réalisé pour le centre de documentation de I'ANPAA 59 ne consiste pas en une étude sociologique de l'évolution des mentalités d'une société en fonction des représentations sociales du malade alcoolique qui sont véhiculées dans le cinéma. Mais
à
une échelle bien plus petite, il est intéressant de noter les images de ces types de personnages qui apparaissent.Une représentation étant une construction mentale qui a un sens, on parlera dans la partie suivante d'images. Étant donné que l'analyse n'a été faite qu'à partir de 17 films, la représentation que peut en avoir un spectateur est uniquement une succession d'images qui viennent de ces films (et non une construction).
l'analyse qui suit permet ainsi de mettre en évidence quelques unes des caractéristiques, vraies ou fausses, du personnage alcoolodépendant au cinéma. Reflet de la réalité ou entretien de stéréotypes, le but n'est pas de dénoncer un tel
14
Sorlin P. op. cit. 15
stéréotype ou de rétablir la vérité mais simplement de mettre en évidence ces images auxquelles le public peut se référer.
3.2.
La synthèse des grilles d'analyse
Les différents personnages alcooliques qui apparaissent dans les films étudiés ont quelques caractéristiques communes. Les films ont ainsi pu être classés en six catégories ou thèmes qui dépendent généralement des conditions de vie des personnages.
En effet, nous avons pu remarquer que ni l'époque dans laquelle se situe le film, ni la nationalité, n'ont une influence particulière sur les comportements des personnages. Bien entendu, cette remarque ne s'applique pas
à
tous les films de cinéma mais elle est basée sur l'observation qui a été faite à partir des 17 films qui ont été choisis pour l'analyse, ce qui est donc loin d'être exhaustif.Comme nous l'avons dit dans la deuxième partie de ce mémoire, les six catégories définies sont les suivantes :
- l'alcool associé au monde de la nuit, de la musique, des arts et du spectacle - l'alcoolisme féminin vu comme un refuge, symptôme de la peur de la vieillesse et de la solitude
- l'alcoolisme féminin représenté comme clandestin et la « guérison
»
comme une « affaire de couple » qui repose avant tout sur la volonté- l'alcoolisme masculin : un suicide lent - l'alcoolisme et le couple : une dérive
- l'alcoolisme et la toxicomanie : une réalité des quartiers « populaires »
Comme nous l'avons également dit plus haut, un film peut appartenir
à
plusieurs catégories.3.2.1. L'alcool associé au monde de la nuit, de la musique, des arts et du spectacle
les personnages alcooliques sont donc ici associés au monde artistique. Qu'ils soient chanteurs, musiciens, peintres, écrivains ou comédiens, tous les personnages fonctionnent
à
l'instinct. Chacun porte en lui des blessures pour lesquelles ils ne trouvent pas de mots mais qui leur permettent d'avoir la sensibilité nécessaire à l'exercice de leur art.l'alcool apparaît ici soit comme un anti-douleur soit comme un moteur.
Ainsi, Dale Turner, saxophoniste jazz d'Autour de minuit de Bertrand Tavernier (1986), traîne son mal-être de ville en ville. Arrivé à Paris à la fin de sa carrière, il n'a plus le succès d'antan. Il se réfugie dans l'alcool pour ne pas penser à sa vie, aux choix qu'il a pu faire et aux regrets qu'il peut avoir. la musique est sa seule passion et ne s'exprime que par elle. Il erre chaque nuit de bars en clubs et de clubs en bars. Il boit pour éviter sa souffrance : il est seul, triste et a le sentiment d'avoir raté beaucoup de choses dans sa vie. Il n'espère rien de l'avenir et attend douloureusement la mort.
Avoir eu tant de succès dans le passé lui fait réalisé sa solitude et que la célébrité est finalement éphémère.
Dans Opening Night (1978), Mirtle, comédienne d'environ quarante ans souffre également de solitude. Elle n'a personne
à
qui parler pour se décharger de ce qui la tourmente. L'alcool la rassure, lui donne de l'assurance mais lui permet également de s'exprimer au travers du personnage qu'elle incarne dans sa nouvelle pièce de théâtre. Nick Cassavetes, le réalisateur, fait de son personnage, qui représente une star, une femme tourmentée qui boit de plus en plus pour refouler sa peine, sa solitude et son manque d'amour ce qui l'amène même à avoir des hallucinations. Mirtle a très bien réussi sa carrière d'artiste mais elle semble souffrir d'avoir favoriser sa vie professionnelle à celle de sa vie de femme.Rose, chanteuse rock des années 70 dans The Rose de Mark Rydell (1979) est facilement influençable et se sent perdue dans ce monde où l'on voit défiler alcool,
drogues et médicaments.
A
l'instar des Jim Morrisson, Bob Marley ou Janis Joplin, Rose est une chanteuse qui doit tout à son public mais qui parallèlement souffre de cette popularité et de sa solitude. Qu'elle boive, qu'elle se pique ou qu'elle avale des pilules, Rose recherche l'ivresse, elle ne supporte pas la réalité et souhaiterait vivre dans un rêve. Elle finira par mourir d'une overdose sur scène, dans sa solitude mais devant son public.Ohwon est l'artiste peintre d'Ivre de femmes et de peinture d'lm Kwon-Taek (2001). Ce film retrace la vie du peintre coréen Jung Seung-Ub, très populaire dans son pays et qui disparut mystérieusement en 1897. Ce personnage, assez réservé et très doué d'après les connaisseurs, ne trouve son inspiration que dans l'alcool. Réfractaire à toute forme de principe ou de règle, le comportement d'Ohwon reste incompréhensible pour ses contemporains. Mais boire est synonyme de liberté et sans cette ivresse qui lui permet de s'ouvrir, il est incapable de peindre. Très solitaire, sa vie ressemble à un voyage initiatique, une quête au cours de laquelle le peintre se cherche ou se fuit: c'est l'alcool qui le fait progresser dans son art.
Dans Bart/y de Barbet Schroeder (1988), Henry est un écrivain qui choisit de vivre en marginal. Talentueux mais incapable de se plier aux règles du système, il veut avant tout conserver sa liberté. L'alcool fait parti de son équilibre, il en a besoin pour vivre et pour écrire. En aucun cas il ne souhaiterait changer de vie, il n'a de compte à rendre à personne: être libre, boire, écrire et s'amuser, voilà les choses qui l'intéressent.
Parmi ces personnages, Henry de Bart/y est à part. C'est le seul qui semble satisfait de son sort et qui ne semble pas souffrir de quoi que ce soit. En revanche, le point commun des quatre autres est leur solitude. Chacun d'eux, très populaire dans chacune de leur discipline se sent malgré tout très seul dans sa vie. Ils ont une passion et en tant qu'artistes, ils s'y consacrent entièrement.
Dale, Mirtle et Rose représentent un même type de personnage: un artiste reconnu et choyé mais qui souffre terriblement de sa solitude. Ce sont des personnages qui se sentent incompris et qui n'ont d'autres moyens d'expressions que leur art. Ils souffrent en fait de leur célébrité : ils souhaiteraient probablement être connus pour
ce qu'ils sont réellement et non pour l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes. L'alcool leur donne l'ivresse nécessaire pour affronter la vie, sans penser à ce qu'ils ont raté ou ce qu'ils auraient voulu être.
Pour Henry et Ohwon, l'alcool est un moteur. Il leur permet de trouver l'inspiration nécessaire pour s'exprimer au travers de leur art. Contrairement aux trois autres personnages, ils ne souffrent pas de solitude mais de «l'emprisonnement» dont ils pourraient faire l'objet au sein de la société. L'alcool est synonyme de liberté et d'ivresse, on ne peut rien leur imposer, ils font ce qu'ils veulent.
3.2.2. L'alcoolisme féminin vu comme un refuge, symptôme de la peur de la vieillesse et de la solitude
Dans cette partie, les personnages alcoolodépendants sont féminins. Chacune de ces femmes se réfugient dans l'alcool par crainte de la vieillesse ou de la solitude. La boisson leur donne du courage et les rassure.
Eddie et Patsy, la cinquantaine, ex-soixante-huitarde, sont les personnages féminins
d'Absolument Fabuleux de Gabriel Aghion (2001). Le but de cette comédie étant de faire rire le public, le réalisateur se moque allègrement de ses personnages en les rendant ridicules. Pourtant, malgré la désinvolture avec laquelle elles se moquent de tout et de tout le monde, Eddie et Patsy s'avouent qu'elles craignent toutes les deux de finir vieilles et seules. L'alcool {en l'occurrence, ici, uniquement le champagne) leur donne de l'assurance et les rassure. De la même façon, le cannabis et l'ecstasy leur évitent de penser et de s'inquiéter au sujet de l'avenir. Elles vivent au présent et ne pensent qu'à s'amuser.
Dans Betty (1991), Claude Chabrol nous dévoile un personnage qui se noie dans l'alcool suite à une dispute avec son mari qui la met à la porte. Betty s'enferme alors dans la· chambre d'hôtel d'une amie et se met à boire tout au long de la journée. Commence alors une longue rétrospection sur elle-même qui lui permet de réaliser qu'elle a toujours été seule, elle a toujours existé dans l'ombre de quelqu'un. Effacée
