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La défense du produit et le disfonctionnement du système économique

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La défense du produit et le disfonctionnement du

système économique

Elie Sadigh

To cite this version:

Elie Sadigh. La défense du produit et le disfonctionnement du système économique. [Rapport de recherche] Institut de mathématiques économiques (IME). 1986, 17 p. �hal-01543648�

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DOCUMENT DE TRAVAIL

INSTITUT DE MATHEMATIQUES ECONOMIQUES

UNIVERSITE DE DIJON

FACULTE DE SCIENCE ECON OMIQUE ET DE GESTION 4, BOULEVARD GABRIEL - 21000 DIJON

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N° 84

LA DEPENSE DU PROFIT ET

LE DISFONCTIONNEMENT DU SYSTEME ECONOMIQUE Elie SADIGH

UNIVERSITE DE DIJON

Faculté de Science Economique et Gestion 4, Boulevard Gabriel 21000 DIJON

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location interrelationships : theory and models.

(November 1985)

N° 83 PH. VINCKE : La modélisation des préférences (Décembre 1985).

N° 84 Elie SADIGH : La dépense du profit et le disfonctionnement du système

économique (Janvier 1986).

La liste récapitulative des Documents de Travail publiés depuis

1974 (numéros 1 à 80), mentionnant les références des "reprints" dans des

revues, peut-être communiquée sur demande adressée à l'I.M.E.

The list of Working Papers published since 1974 (N°l to 80),

and mentioning the reprints in their original or revised version is

available and will be sent on request.

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INTRODUCTION

Pour arriver à la connaissance de l'économie monétaire, il est indispensable de tenir compte de l'origine et de l'emploi de la mon­ naie ; il est non moins indispensable cependant de savoir comment la mon­ naie est intégrée à l'économie de production. Cette intégration est le pivot sur lequel nous nous proposons de fonder notre étude, dont le point de départ pourrait être l'acquisition de la connaissance véritable de la monnaie, qui joue un rôle essentiel dans nos sociétés économiques.

En soulignant certains problèmes centraux, cette connais­ sance permettrait d'éviter quelques-uns des maux qui frappent nos écono­ mies, notamment le disfonctionnement d u système économique, dont l'une des causes est à mettre en rapport avec une certaine façon de dépenser le profit, le but de notre étude étant précisément d'éclairer ce point essentiel.

Pour y parvenir, nous allons d'abord, en nous fondant sur le système keynésien, expliquer la réalisation du profit monétaire puis distinguer les différentes façons dont le profit monétaire peut être dépensé sur le marché des services producteurs et en étudier les conséquences.

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I - La production et la monnaie

L'économie de production distingue le marché des services producteurs du marché des produits. Elle a son fondement dans l'analyse classique et dans l'analyse keynésienne, pour lesquelles le principe de la primauté de la production sur la circulation est étali. Mais l'analyse classique ne parvient pas à établir la relation d'équivalence entre la rémunération des services producteurs et des produits de ces services, tandis que le système keynésien ouvre la voie à l'établissement de cet­ te équivalence.

Dans son Traité de la monnaie. Keynes attribue la valeur monétaire d u produit aux services producteurs. "Nous proposons d'accor­ der la même signification aux trois expressions suivantes :

(i) le revenu monétaire de la nation ;

(ii) les rémunérations des facteurs de production ;

( iii ) le coût de production ; et nous réservons le terme de profit à la différence entre le coût de la production courante et le produit de sa vente, de telle sorte que les profits ne font pas partie du revenu na­ tional ainsi défini."

(J. M. Keynes, A Treatise on Money Ed. The Royal Economic Society 1971. P. 111 souligné par l'auteur)

II apparait d'une part que le produit national est mesuré dès la produc­

tion grâce à la rémunération des facteurs de production, l ’équivalence

s'établit dès la production, d'autre part que le profit est un prélèvement sur la rémunération des facteurs de production, il se réalise dans l'é­ change.

Ainsi l'un des apports essentiels du système keynésien réside dans l'idée de mesurer le produit dès la production par la monnaie, c'est-à-dire d'intégrer la monnaie à l'économie. Selon Keynes, le produit global se compose d'une quantité de biens de consommation et d'une quan­ tité de biens d'investissement ou d'équipement. La contrepartie de cette production est la rémunération des facteurs de productions dont le mon­ tant est égal au revenu national. La valeur de l'offre globale, qui est la valeur monétaire du produit national est donc établie dès la production.

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La demande globale, ou dépense du revenu national sur le marché des pro­ duits, a sa source dans l'offre globale. La demande est la conséquence de la distribution des revenus, et elle peut écouler l'ensemble des produits d e chaque période. Autrement dit la demande représente le revenu établi dès la production.

II - L'offre et la demande globale

Nous venons de le voir, le revenu a sa source dans la production et le niveau du revenu national est déterminé par le niveau de la production nationale des biens et des services ; c'est donc le re­ venu national établi dès la production qui a le pouvoir d'écouler le pro­ duit national. En effet les entreprises fixent le niveau de la produc­

tion en se fondant sur leurs prévisions (La demande effective chez Keynes).(1) Dès que ces prévisions sont réalisées, le montant de l'offre globale, la

valeur monétaire du produit, est établi. La dépense du revenu ainsi formé

(1) La demande effective et le niveau de l'emploi.

"Supposons, comme première étape, que l'on prenne comme données la propension à consommer ainsi que les autres facteurs considérés comme tels au chapitre 18, et qu'on examine les variatiorBde l'emploi ré­ sultant des variations de l'investissement. Dans cette hypothèse, à tout montant de la demande effective mesurée en unités de salaire correspondra un volume global de l'emploi, et la demande effective sera divisée dans une proportion déterminée entre la consommation et l'investissement. Chaque montant de la demande effective sera même associé à une certaine répartition du revenu. Il est donc raisonna­ b le de supposer en outre qu'à chaque montant de la demande effective correspondra une seule répartition de cette demande effective entre les diverses industries.

Ces hypothèses permettent de déterminer le volume de l'emploi dans chaque industrie qui correspond à un volume donné de l'emploi global,

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peut écouler la totalité du produit. En d'autres termes, la demande effective qui détermine le niveau de la production, et donc le niveau d e l'emploi, devient également la demande sur le marché des biens de con­ sommation et d'investissement, dès qu'elle est réalisée.

Keynes représente la valeur de l'offre globale par R = C + E, et la valeur de la demande globale par D = C + I .

"Si on admet que le revenu est égal à la valeur de la production cou­ rante, que l'investissement courant est égal à la partie de la produc­ tion courante qui n'est pas consommée et que l'épargne est égale à l'ex­ cès du revenu sur la consommation, toutes choses conformes à la fois au b on sens et à l'usage traditionnel de la grande majorité des économies,

l'égalité d e l'épargne et de l'investissement en découle nécessairement." (Théorie Générale. J.M. Keynes. P. 83)

Ainsi à chaque production, le revenu formé en contrepar­ tie de cette production a le pouvoir d'écouler la totalité d u produit. La question est donc de savoir comment sur plusieurs périodes peut ap­ paraître un manque de pouvoir d'achat qui engendre un disfonctionnement d u système, et cela bien qu'à chaque production la valeur monétaire d u produit soit distribuée aux services producteurs.

(1) page précédente - suite

En d'autres termes, elles permettent de connaître dans toute industrie particulière le volume de l'emploi qui correspond à chaque montant d e la demande effective globale mesurée en unités de salaires.” J.M. Keynes. Théorie Générale Ed. Payot - P. 283. 284.

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III - La réalisation du profit

L ’ébauche de l'explication du profit peut être recherchée,

dans un premier temps, dans 1'importante oeuvre théorique de Keynes: "A Treatise on Money". Dans cet ouvrage, Keynes suppose deux secteurs dans l'économie, le secteur de biens de consommation et le secteur de biens d'investissement ou d'équipement.

"Le produit courant de la communauté, distingué de son revenu en monnaie, est un flux de biens et services,qui a deux composantes :

a) - le flux de biens et services disponibles pour une consommation immédiate, et

b) - l'accroissement (déduction faite de l'amortissement) des biens capitaux et du capital financier (...) qui ne sont pas disponibles pour la consommation.

Nous appellerons le premier produit "liquide" ou disponible

" ",

le second "non disponible", et leur somme produit total". (1)

(1) John Maynard Keynes : A Treatise on mo n e y . The pure theory of Money Ec. Macmillan St Martin's Press, for the Royal Economic Society, 1971, P. 114.

"II. AVAILABLE AND NON-AVAILABLE OUTPUT. The current output of the community, as distingyished from its money income, is a flow of goods and services, which consists of the two parts,

a - the flow of liquid goods and services which are in a form available for immediate consumption, and

b - the net flow of increments (after allowing for wastage) to capital goods and to loan capital (to be defined more particulary in the next section) which are not in a form available for consumption. We shall call the former "liquid" ou "available" output ; the latter "non available" output ; and the two together total output".

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En outre, nous savons que Keynes fut l'ion des premiers économistes à trancher et à déterminer par une formule précise la nature des produits achetés par les différentes catégories d'agents économiques, c'est-à-dire par les ménages et les entrepreneurs ; il s'agit des biens de consommation ou biens d'investissement.

Pour Keynes, toute dépense des ménages sur le marché des biens et services est considérée comme une dépense de consommation,

tandis que toute dépense des entrepreneurs sur ce même marché des produits est considérée comme un investissement (1).

Si donc les services producteurs d u secteur des produits de consommation et les services producteurs du secteur des biens d'é­ quipement dépensent la totalité de leur revenu, ils achètent la totalité des produits de consommation.

Les entrepreneurs de ce secteur réalisent ainsi un profit monétaire (2) qui est égal à la rémunération des services producteurs d u secteur des biens d'équipement, et en dépensant ce profit, ils peuvent acheter des biens d'équipement. En restant dans la logique de cette

(1) cf. J.M. Keynes : Théorie Générale de 1'Emploi, de l'intérêt et de la monnaie - Ed. Payot, 1971, P. 81 et 92.

(2) "Si nous supposons, dans un premier temps, que les travailleurs dépensent tout leur salaire d'une semaine à l'autre ainsi qu'ils

le perçoivent, les salaires correspondant à la production courante de biens de consommation sont exactement équivalents aux ventes des biens d'investissement et les rentiers (y compris les ménages d'entre­ preneurs) achètent également des biens de consommation. C'est cela qui rend possible un excédent de la valeur des ventes des biens de consommation sur leurs coûts salariaux".

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analyse, nous pourrions distinguer aussi deux sous-secteurs dans le secteur produisant les biens d'équipement :

- Un premier sous-secteur produisant des biens d'équipement qui seront achetés par les entrepreneurs d u secteur des biens de consommation, et

- Un second sous-secteur produisant des biens d'équipement du deuxième secteur de l'économie.

En effet, le premier sous-secteur réalise un profit monétaire qui est équivalent à la rémunération des services producteurs du deu­ xième sous-secteur. En dépensant ce profit, les entrepreneurs de ce pre­ mier sous-secteur achètent leurs biens d'équipement, ils transfèrent donc un pouvoir d'achat au deuxième sous-secteur qui s'appropriera ainsi des biens d'équipement.

Nous le voyons, tout le produit est écoulé dans le respect d e l'équilibre monétaire et de l'égalité entrée-sortie, en ce sens que le revenu formé à la production dans l'acte de la rémunération des ser­ vices producteurs écoule le produit lorsqu'il est dépensé sur le marché des biens et des services. Si en revanche, les services producteurs ne dépensent pas tout leur revenu, leur épargne finance l'écoulement du produit d u secteur des biens d'investissement qui n'a pas été financé par le revenu de transfert.

Une fois le profit des entreprises expliqué, la définition de l'épargne s'élargit à la partie du produit qui n'a pas été absorbée par la consommation des ménages. Il est important de signaler, pour expliquer l'investissement net, que l'épargne peuçêtre dépensée par les entreprises pour financer l'achat de deux sortes de produits, si l'on distingue les produits vendables des produits non vendables. Les pro­ duits invendables c'est-à-dire les produits sur lesquels les prévisions des entrepreneurs se sont révélées inexactes, seront financés par l'é­ pargne qui n'engendrera pas un investissement productif ; en revanche, l'épargne servant à l'achat des biens de production est une épargne ou un investissement qui contribue à remplacer ou à augmenter les moyens de production existants.

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IV - Rigidité de la séparation entre les deux secteurs de l'économie .

L'explication de la réalisation du profit dans le système de Keynes nous permet de distinguer deux situations :

1°) Le système de production est composé de deux secteurs de pro­ duction bien délimités : un secteur de produits de consommation et un secteur d e produits d'équipement ou d'investissement. Dans ce système, les produits sont classés à la production, soit comme produits de con­ sommation, soit comme produits d'équipement.

2°) La frontière entre les deux secteurs de produits, de consom­ mation et d'équipement, est floue, en ce sens que les produits ne sont pas classés à la production, mais après leur destination, soit aux mé­ nages, soit aux entreprises sur le marché des produits.

1°) Si l'on se place dans une économie de production et qu'on suppose une séparation rigide entre les deux secteurs de l'économie

(c'est-à-dire lorsque les services producteurs ne peuvent acheter que les produits qui sont classés à la production comme produits destinés à la consommation des ménages), 1'augmentation des dépenses des services producteurs dans les achats finals rend positif ou accroît le profit des entrepreneurs au fur et à mesure que les ménages augmentent leurs dépenses de consommation au détriment de leur épargne. Le profit est maximum lorsque la totalité du revenu des ménages est dépensée sur le marché des produits , c'est-à-dire dès que l'épargne des ménages

s 'annule.

Autrement dit, le montant du profit maximum réalisé par les entreprises est égal aux rémunérations des services producteurs du secteur de pro­ duits d'équipement ou d'investissement. Ce système de séparation absolue des deux secteurs de production est peu compatible avec une économie dite de marché, tandis qu'il l'est avec l'économie à planification cen­ tralisée. Dans cette économie, par le plan, le planificateur exclut du marché des produits de consommation une partie du produit national de chaque p ér iode. Ainsi aucun ménage n 'a accès aux produits qui sont des­

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tinés aux entreprises par le plan. L'un des problèmes les plus importants posés à ces économies est la détermination du niveau des prix des pro­ duits de consommation, niveau qui doit permettre d'absorber la totalité d u revenu formé dans la nation. Précisons que dans le système à pla­ nification centralisée l'épargne monétaire des ménages n'est pas em­ pruntée pour être investie par les entreprises.

2°) Comme le pense Keynes (1), la qualification des produits est déterminée non pas à la production, mais sur le marché des produits et d'après leur destination, ce qui veut dire que les produits achetés par les ménages sont des produits de consommation et que ceux achetés par les entreprises sont des produits d'investissement. Dans ce cas, l'augmentation des dépenses des ménages n'entraîne pas forcément une augmentation proportionnelle des profits des entreprises, mais peut entraîner une augmentation des produits appropriés par les ménages.

Bien e nt en d u, ce système, le plus représentatif de 1'économie de mar ch é, n 'exclut pas q u 1 il existe des entreprises intégrées. Grâce à 1'intégra­ tion verticale, une entreprise fabrique elle-même tout ou une partie des produits intermédiaires ou des biens d'équipement qu'elle aurait d û acheter à d 'autres entreprises. L 'entreprise obtient ainsi ces pro­ duits au prix coûtant, et le coût de production de l'ensemble du pro­ cessus jusqu'aux produits finis est couvert par la recette des ventes de ces produits finis.

(1) "Toute définition raisonnable de la ligne qui sépare l'acheteur pour la consommation de 1'acheteur pour 1'investissement nous ren­ dra les mêmes services pourvu qu'elle soit appliquée d'une façon cohérente. On a souvent discuté le type de problème que ceci peut poser, celui par exemple de savoir s'il est légitime de considérer l'achat d'une automobile comme un achat pour la consommation et 1'achat d 'une maison comme un achat pour 1'investissement. Nous n'avons aucune contribution importante à apporter à ce débat. Le critère doit évidemment correspondre au point où nous avons tracé la ligne de séparation entre le consommateur et l'entrepre­ neur" .

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S 1 il est vrai que 1 1 analyse de Keynes nous apporte un élément important pour expliquer la formation du capital, il est vrai aussi que cette explication est subordonnée à 1 1 hypothèse des deux secteurs de l'économie.

En effet, comme Keynes lui-même l'affirme, nous ne savons pas si un produit est un bien de consommation ou un bien d 'investisse­ ment, tant qu'il n'a pas été acheté par tel agent économique, ménage ou entreprise. Pour briser le cercle dans lequel nous sommes enfermés, c'est-à-dire pour démontrer comment apparaît le secteur des biens d'in­ vestissement, il faut expliquer la formation du profit, sans supposer dès le départ de l'analyse la distinction des deux secteurs de produc­ tion. Ce problème est d'autant plus important pour nous que dans les pays moins développés le secteur des biens d'investissement est soit inexis­

tant, soit peu étendu. En d'autres termes, il faut expliquer d'une façon générale la formation du profit, qui est la source du capital.

En outre, cette analyse nous permet de dire que pour qu'il y ait une possibilité d'accroître le capital existant, il faut que le secteur des biens d'équipement se développe en premier lieu, le reste suivra.

Comme nous venons de le voir, l'explication de l'accumulation d u capital fondée sur l'existence des deux secteurs de production est surtout plausible dans une économie à planification centralisée. Dans cette économie, grâce au plan, on peut développer l'un ou l'autre des secteurs de production, tandis gue dans une économie de marché, l'impul­ sion vient du profit réalisé par les deux secteurs de l'économie ; c'est le profit réalisé qui est la source de l'accroissement du capital

et qui permet au secteur des biens d'investissement de se développer. Dans ce système, il s'agit donc d'expliquer d'abord le profit pour pouvoir expliquer ensuite 1 1 accumulation du capital.

Cette explication de l'analyse fondée sur le système de Keynes nous permet de retenir que la réalisation du profit est compa­ tible avec l'équilibre. Ainsi en partant de cette démonstration de la

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réalisation du profit dans le cadre des deux secteurs de production, on peut élargir cette étude, sans faire de distinction de secteurs, et dire que le prix de vente peut s'écarter du coût de production sur le marché. Du fait de cet écart, le profit apparaît et il est compatible avec l'équilibre, car en effet le revenu capté par les entreprises peut être dépensé pour acheter les produits existants.

V - La dépense du profit monétaire

Nous venons de le voir, le système d'économie de production est compatible avec la réalisation d u profit dans l'équilibre monétaire.

Mais cela n'implique pas que le profit monétaire puisse être dépensé sur n'importe quel marché, sans poser de problème au fonctionnement harmonieux de l'économie ; car s'il est vrai qu'il peut être dépensé aussi bien sur le marché des produits que sur le marché des services producteurs, nous allons voir qu'il peut être une cause de disfonctionnement du système économique lorsqu'il est dépensé sur le marché des services producteurs dans certaines conditions.

D'une façon générale, l'entreprise qui réalise un profit monétaire a deux possibilités (une fois les dividendes distribués) :

1) le dépenser sur le marché des produits pour acheter des produits c a p it au x ,

2) le dépenser sur le marché des services producteurs.

1) Dépenser le profit sur le marché des produits pour acheter des pro­ duits capitaux suppose que l'économie a produit des biens capitaux, pour le montant du profit monétaire réalisé par les entreprises. Afin de met­ tre en lumière cette première possibilité à travers un exemple, prenons comme point de départ la monétisation de la production.

Les banques créent le montant de monnaie nécessaire à la monétisation de la production de la période considérée ; les entreprises utilisent cette monnaie pour rémunérer les services producteurs. Il s'é­ tablit ainsi une relation d'équivalence entre la rémunération des services producteurs et le produit créé par ces mêmes services producteurs.

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En d'autres termes, la valeur monétaire du produit est donnée aux ser­ vices producteurs en même temps que sa contrepartie, le produit, est d é ­ posée dans les entreprises ; ce qui veut dire que s'il n'y a pas de pro­ fit, les services producteurs, en dépensant la totalité de leur revenu, obtiennent la totalité du produit de la période. En revanche, s'il y a u n profit, du fait que le prix du produit sur le marché des produits est plus élevé que le coût de la production, les services producteurs, en dépensant la totalité de leur revenu, n'obtiennent qu'une partie du pro­ duit . Ainsi les services producteurs transfèrent 1'autre partie de leur revenu aux entreprises qui peuvent s 'approprier la partie du produit n'ayant pas été achetée par les services producteurs;

Illustrons ces explications par un schéma simple :

50 UP appropriées par les entreprises B : Banques E : Entreprises S P : Services producteurs UM: Unité de monnaie UP: Unité de produit

A la production 100 UP = 100 U M -^-aI UP = 1 UM

Prix sur le marché des produits : 1 UP = 2 U M = ^ 5 0 UP = 100 UM

Les services producteurs, du fait de l'écart entre le prix du marché et le coût de production, transfèrent 50 UM aux entreprises. Ces 50 UM re­ présentent la valeur monétaire de 50 UP qui n'ont pas été achetés par les services producteurs. Ainsi ces deux ensembles, monnaie et produit, sont à la disposition des entreprises. En effet, le profit est à la fois monétaire et réel, et la dépense d u profit monétaire permet l'appropriation d u capital par les entreprises.

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2) Dépenser le profit monétaire sur le marché des services producteurs. Deux cas sont à distinguer dans cette dernière façon de dépenser le pro­ fit monétaire.

a) Les entreprises utilisent le profit monétaire pour rémunérer les ser­ vices producteurs qui produisent des équipements ; ces derniers sont appropriés par les entreprises dès la production.

Ces équipements n'ayant pas été présentés sur le marché, les services producteurs ne peuvent pas exercer leur pouvoir d'achat sur ceux-ci ; il est important de savoir quel est l'effet de cette appropriation d 'une partie du produit, par les entreprises à la production, sur le pouvoir d'achat des titulaires de revenu, et sur l'équilibre finan­ cier des entreprises.

Nous avons vu que le profit a une contrepartie réelle dans l'économie, il est donc à la fois monétaire et réel. Ainsi le montant du profit dépensé sur le marché des services producteurs, qui produisent des biens capitaux , représente la valeur monétaire de ces produits. Par ailleurs, le montant du profit monétaire a dans le système une contrepartie réelle qui n'a pas été appropriée. Par conséquent le montant du profit ainsi dépensé représente deux productions. Mais nous avons supposé dans ce premier cas, que les entreprises qui pro­ duisent des biens d'équipement, monétisés par la dépense du profit, les approprient dès la production.

Dès lors, les services producteurs ne peuvent exercer leur pouvoir d'achat que sur les produits qui n'avaient pas été écoulés dans la période précédente et sur les produits de cette période qui n'ont pas été monétisés par le profit monétaire.

En d'autres termes, les produits appropriés à la production par les entreprises, dans cette période, donnent leur place aux produits qui n'avaient pas été écoulés dans la période précédente. On le voit, dans cette première hypothèse, d 'une part les entreprises forment un capital

(appropriation du produit à la production) d'autre part, elles récu­ pèrent sur l'ensemble des deux périodes les montants dépensés sur le marché des services producteurs, ce qui signifie qu'elles sauvegardent leur équilibre financier.

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b) En période (PI) les services producteurs ont dépensé la totalité

de leur revenu, et, du fait de l'écart entre prix et coût de production, ils n'ont obtenu qu'une partie du produit de la période (dans l'exem­ ple précédent : la moitié du produit).

Par conséquent, ion ensemble d'entreprises a réalisé un profit monétaire représentant la valeur monétaire des produits qui n'ont pas été appropriés par les services producteurs.

Au cours de la période suivante,(P 2 ), les entreprises dépen­ sent leur profit monétaire sur la marché des services producteurs, et pré­ sentent cette nouvelle production sur le marché des produits.

Ce cas crée une situation de disfonctionnement dans 1'économie en ce sens que, même si les services producteurs dépensent la totalité de leur revenu sur le marché des biens et services, l'ensemble des entreprises ne récupè­ rent pas la totalité des sommes dépensées sur le marché des services pro­ ducteurs sur les deux périodes (PI) et (P2), et cela bien qu'à chaque pro­ duction les entreprises aient donné aux services producteurs, à travers la rémunération, la valeur monétaire du produit de la période.

Ces deux affirmations ne sont pas contradictoires, nous allons voir pourquoi.

Nous avons dit d'une part qu'à chaque période de production les entreprises donnent la valeur monétaire du produit aux services pro­ ducteurs ; nous avons ajouté d 'autre part que sur 1'ensemble des deux périodes les entreprises ne peuvent pas récupérer la totalité des sommes dépensées sur le marché des services producteurs dans les deux périodes.

La contradiction n'est qu'apparente car il faut tenir compte de la dépense du profit monétaire (qui constitue dans ce cas un fond' des salaires) sur le marché des services producteurs, dépense qui est effec­ tivement à l'origine du disfonctionnement du système.

Avançons pas à pas pour montrer l'effet de la dépense du profit monétaire sur le marché des services producteurs dont le produit, ainsi monétisé, est présenté par les entreprises sur le marché des produits.

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Nous avons vu précédemment que, du fait de l'apparition du profit, certaines entreprises captent une partie ou la totalité des sommes dépensées par d'autres entreprises sur le marché des services producteurs. Nous avons vu aussi que ce profit monétaire représente la valeur monétaire des produits non écoulés des entreprises qui n'ont pas récupéré la totalité des dépenses effectuées sur le marché des services producteurs. Ainsi ces dernières entreprises (El) restent débitrices du système bancaire pour le montant du profit réalisé par d'autres entreprises (E2). Dans notre exemple, si les entreprises qui ont réalisé un profit monétaire n'achètent pas le produit non écoulé, les entreprises (El) restent débitrices du sys­ tème bancaire pour un montant de 50 UM, tandis que les entreprises (E2), constituent un capital financier ou ion fondsdes salaires de 50 UM.

Supposons maintenant que les entreprises qui ont réalisé u n profit monétaire le dépensent sur le marché des services producteurs, et qu'elles présentent les produits ainsi monétisés sur le marché des biens et des services. Pour monétiser la production de cette période, l'ensemble des entreprises ne demandent donc aux banques que 50 unités de monnaie aux­ quelles elles ajoutent leur profit monétaire qui est, comme nous l'avons vu, de 50 UM. Par conséquent ces 50 UM constituent un fonds de salaire monétaire. Il est vrai que pour cette production aussi la rémunération des services producteurs représente la valeur monétaire du produit de la pé­ riode: 100 UM (nous avons supposé le même niveau de production). En admet­ tant pour simplifier qu'il n'y a pas de profit dans le système pour cette production et en ne tenant compte que de la production de cette période, nous pouvons dire que les services producteurs, en dépensant la totalité de leur revenu de la période, obtiennent la totalité du produit de la pé­ riode.

En revanche en étudiant les deux périodes simultanément et en tenant compte du fait que le profit monétaire a été dépensé sur le marché des services producteurs, nous constatons que les services pro­ ducteurs ont à leur disposition 100 UM qui représentent la valeur moné­ taire des produits de cette même période (P2) (100 U P ) , alors que sur le marché des produits dans l'ensemble des entreprises existent 150 UP

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qui ont une valeur monétaire de 150 UM (1)

(Nous avons vu qu'il restait 50 UP de la période précédente qui n'avaient pas été écoulés et qu'une partie des entreprises n'avaient pas récupéré les sommes dépensées sur le marché des produits). Autrement dit l'ensemble des entreprises doit récupérer 150 UM alors que les services producteurs ne possèdent que 100 UM. Dans l'ensemble de l'économie sur les deux pério­ des apparaît donc une insuffisance de pouvoir d'achat (2) dont le montant ne peut pas être retrouvé par les entreprises. Par conséquent celle-ci ne sont pas en mesure de récupérer la totalité des sommes dépensées sur le marché des services producteurs. En d'autres termes, le déficit de pou­ voir d'achat, dans ce cas, est égal au montant du profit monétaire dépensé par les entreprises sur le marché des services producteurs, étant entendu que les produits de ces services sont présentés sur le marché des produits.

Ainsi donc, il apparait, dans l'ensemble du système, un déficit de pouvoir d'achat ou une insuffisance de la demande par rapport à l'offre sur les deux périodes, et cela bien qu'à chaque période les services producteurs aient reçu la totalité de la valeur monétaire du produit de la période. Cette insuffisance est due au fait que le profit monétaire est dépensé sur le marché des services producteurs et que le produit ainsi monétisé est pré­ senté sur le marché des produits; elle est une cause de disfonctionnement du système économique.

(1) Il est évident que quelle que soit la source du financement de la monétisation de la production par les entreprises, c^s dernières pré­ voient la récupération des sommes engagées, même si ce financement est puisé dans le fonds des salaires ou dans le profit.

(2) Le Professeur Augusto Graziani attribue d'autres causes à ce phéno­ mène qu'il explique dans : Economia Keynesiana e teoria del circuito . Naples - 1985.

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CONCLUSION

A chaque période le circuit économique commence avec la rému­ nération des services producteurs, équivalente au produit social, et il s'achève avec la dépense de la totalité du revenu monétaire dans les achats finals. Cependant les services producteurs, en dépensant tout le revenu, ne s'approprient pas tout le produit, dont ils achètent une partie pour le compte des entreprises, qui réalisent ainsi un profit.

Ce profit, source du capital est à la fois réel et monétaire.

Le pouvoir d'achat (profit monétaire) qui subsiste dans les entre­ prises définit vm capital monétaire. Les entreprises qui ont réalisé un pro­ fit obtiennent ainsi une créance sur l'économie et la dépense de ce profit monétaire leur permet d'approprier sa contrepartie réelle, la partie du produit qui n'a pas été achetée par les services producteurs. Or actuelle­ ment les entreprises qui réalisent un profit monétaire peuvent le dépenser aussi bien sur le marché des produits que sur le marché des services pro­ ducteurs .

Deux catégories de rémunérations coexistent donc ; dans le système actuel ces deux catégories se rapportent au travail vivant et créent des revenus nouveaux :

Ce sont : - les rémunérations prélevées dans un pouvoir d'achat nul, - les rémunérations prélevées dans un pouvoir d'achat positif.

la deuxième catégorie définissant le fonds des salaires ou capital financier.

Nous avons essayé de démontrer que les rémunérations prélevées dans un pouvoir d'achat positif dont le produit, ainsi monétisé, est pré­ senté sur le marché, représentent une cause de disfonctionnement du sys­ tème économique.

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Il veut s’acheter des sucettes qui coûtent

Plus cette proportion est importante plus les possibilités de création monétaire par les banques sont limitées dans la mesure où la banque doit détenir un montant important de

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