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L'inévitable, et, Ecrire l'inceste

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Academic year: 2021

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(3)

L'inévitable et Écrire l'inceste par Jean-Pdul ROGER

Mémoire de maîtrise soumisàla

FacultédesÉtudesSupérieuresetdelaRecha-che en we de l'obtention du diplômede

M81'lriseèsLettres

Départementdelangueetlittératurefrançaise Université McGiIl, Montrâll

(4)

1.1

National Ubrary ofC8nada Acquisitions and Bibliographie Services 385 wdngIan StrIet OIawaON K1A 0N4 CM8da BibliothèQue nationale duC8nada Acquisitions et services bibliographiques 395.rueWellington Ottawa ON K1A OM C8Mda

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Summary The Inevitable (aeativity)

Between the ages of seven and tifteen

years,

Paulhad sexual intercourses with his father. He was iotroduced to this state of matter by pornographie photos. Described asbangrepresentatioosof love, andthinkingas such, he accepts to ilDÎtate the depieted charaders, al the request of his father. From the Laurentians to Montréal, Pauland bis father "willmake love" everywhere: Onboard the car, al home, in the washroom of aschoal... They"willmake love" despite questions from a motherwho setbto know thetruthandwhom Paul considers tooweakto helphimput an end to a relationsbiptbatbecomes more and more heavier. Finally, Paul is able to say "no" to bisCatber atadolescence.

Writinl incest

(aitic)

StudyingincestüteratureinLes Enfants du sabbatby Anne Hébert. Taboo tbat needs to be sbut of. But can not be because of the encbanting attraction of transgression; incest is shown and is saiel, it uncovers itself like a souvenir which repeats, bue again, itself, bides behind lust, mysticism, wbereas the voluptuous relationsbipisdisembodied. Thisartofexpression of disappœrence wbicb isfound al mch level in the text (tense used in the nanatioo, charaeters, spaœ) loans also tainœst

ils

defence

mecbanism

andcensorshipas the symbolical exclusiœ, identification to the aggressor, and the will to sucœed which isinitializedby the confession of thevietim denounciating the aime apinst buman nature.

(6)

Résumé L'inévitable (création)

Deseptansàquinze ans,Paula des relations sexuelles avec son père. Initié par des photos pornographiques présentées comme de l'amour,ilaccepte,à lademande de son père, d'imiter les personnagesdes photos. Des Laurentides à Montréal, Paul et

son

père«s'aimeront» partout, en voiture,à la

maison,

dans les toilettes d'une école..•

n

«s'aimeront» malgré les questions d'une mère qui cherche à savoir et que Paul

considèretropfaible pour l'aiderà se sortirdecette relation qui devientà chaque jour de plusen plus lourde. C'està l'adolescence que Paul peutenfindire nonà

son

père.

Écrire l'inceste

(aitique)

Étude de l'écriture de l'inceste dans Les Enfants du SlIbbat de Anne Hébert. Tabou qu'il faut taire mais dont on ne peuttairel'attmitenvoOtantdela transgression, l'inceste se montre et se dit, se dévoile comme un souvenirqui serépète, se dissimule darière la jouissance, le mystiqueoù le corps à corps se désincarne. Cet art de l'expressiœdansla disparitiœ,qui se retrouveàtous les niveaux dutexte (tempsdela narration,

personnages, espace), emprunte aussi

àl'inceste

ses mécanismes

de défense etde

censure teUes

que l'exclusion symbolique,l'identificationàl'agresseur,lavolonté des'en sortir qui s'amorceparl'aveudelavictime dénonçant le "crime contre nature".

(7)

TABlE DES MATIÈRES

1. TEXTE DE CRÉATION ~ll1~l~trle

.•.•...••..•...•...•••...•...•••.••••...•.••.•

1). ~ ll. TEXTE CRITIQUE Écrire l'inceste In.t:ro(Iuetion "" lolo .. .. .. p. 86 L'interdit de l'inceste. •..•..••••.••...•..•.••...•.••...•....•...•. p.9(}

I.etitrecomme verrouillagedel'inceste .•.•.•...•...•...•...• p. 96

M~sm'e8decerts~ 1). 99

Cartedel'inceste IJà'elfille •••••.•••.•••...•.•.••... p. 107

EsJ-œ

etoorps ...•...•...•...p. 113

Conclusion p. 119

Bibliographie. .•...•...••.•.•.••.•...•.•...•...•...•... p. 122

(8)

L'INÉVITABLE

(9)

Contre ma mère qui m'a toujourstraité d'hypocrite, mottemmpèrequim'a aimé comme son "p'tit vicieux".

Àceuxquiosent.

cCe que [l'enfant] apprendàdéfendre, puisà désirer, à aimer,

aux portes delamort. L'enchantement delaviolence.» LesEnfants du sabbat AnneHébert

(10)

1

Une nuit d'hiver sans givre dans les vitres.. La neige étouffe la campagne.. Dansla cuisine, l'heure du bain.. Denis sort de la cuve, j'y entre, le temps que la grande aiguille quitte le douze pour toucher au deux.. EUe essuie ses cheveux, sontors~ ses «petites fesses d'amour-, -montre-moi tes orteils», «tendstajambe, glisse-la dans le pantalon, l'autre, voilà,hopl».. Elle l'observe attacher son haut depyjamadeflanelle, lentement, presque hésitant, le haut d'abord, sauf le premier bouton, et il descend,

attachant soigneusement l'un après l'autretroisdes quatre boutons.. Elle dit: cComme ungrand»..

n

a un andeplus que moi.. Elle pose sa main sur la poitrine de son cgars», le regarde dans lesyeuxet, après un court moment, lui susurre: «Bonne Duit».. Au coeur de l'iris des yeux de ma mère, derrière sa pupille sombre, une tête d'épingle aistalline.. Mon frère, lui, n'ensaitrien•

Voirlatable d'arborite rosetachetéed'or, etladouleur augmente.. Une table pour une famille desix. Monpèreàunbou~ma mèreàsa gaucheetmoi à sa droite, en face d'elle.. Devant mon père, mon frère, l'aîné. Nos placesà table disent nos combats. Dans la cuvede tôlegrisi~ l'eau cailléeest &aide.. Elle me dit qu'eUe arriveavec l'eau chaude, elle la verse lentement.. Des gouttelettes bnllantes m'éclaboussent le torse, le bras gauche, ledos. Ça me brOIeet ça ne me réchauffe pas. Elle m'ordonne d'arrêterdechialer, je ne suis pas fait en chocolat L'eau cbuchote contre ma peau, s'esclaffe contrelatôle.. Je n'ai

pas

confiance en cette eau blancbltre qui cache mon corps, qui m'efface de moitié, me ~de mon sexeet demes pieds.. Ma mère me forceà rester dans l'eau pour queje sois plus facile à laver.. J'essaiede ne pas bouger,

denepas mouiller le plancherde lacuisine.. L'eau s'infiltreentre les planches cirées

deuxfois

par

mois. L'eau s'évanouit. Ma màedit que je fais pourrirle plancber. Quand elle a ledostourné, jeprendsun peu d'eau dans

ma

mainetla verse dans une

(11)

,

fissure sombre qui boit goultlment et asque sous le pied maternel. Je trempe, je ramollis, je ne suis pas fait en chocolat. Le vertige monte en moi, du nombril au ventre, du coeurà lagorge où ça se noue.. Un gouffre m'attire. Je serre lerebord dela cuve, mes pouces sur lereborddemétal. Sous l'extrémité blanchedemes doigts, un demi-cercle rouge sur l'ongle.

L'aiguille touche le un. Latrotteuse mugepasse, indifférente aux minutes et aux

heures, elle saute d'une ligne à l'autre, une seconde ou une minute, c'est la même

chose, eUe n'arrête jamais. Je reste coincé entre l'évier à l'émail blanc ébréché où l'unique robinet d'eau froide laisse couler unfiletd'eauetlatable qui me dépasse avec

sa ligne d'or usé. Au-dessus del'évier,ilya unmiroir. Monfrère et moi, on est trop petits pour se voir. Dans l'eau, les genoux collés contre mon torse,je vois un boutde plafond vert lime, j'observe les pattes de table en tuyauxnoirs avec leurs deux petits bras d'or élevés pour supporter notre famille et ses repas. Du roast beef qui goûte l'encre le dimanche,du pité chinois, avec les restes dumast beefle mardi, etle jeudi durôtide porc. Lesautres jours: çachange, maisles patates bouillies accompagnées d'un autre légume sont toujours là, dans un bol transparent sur la table ou obligatoirement dans l'assiette. Aprèsla viande, ilfaut attendre, manger le gâteau aux raisins secs, un gros morceau pour lui, attendre à nouveau et le regarder fumer sa

cigarette. Une successiondepetits bmits secs quandils'allume, quandilaspire, aspire

à nouveau jusqu'à ce qu'il reste l'épaisseur d'un doigtdecigarette. fi tient son mégot entre le majeur et lepouce, tireunedtmiùefois sur leboutblanc et muge entre ses lèvres, retientlafumée, expireparfoisdans le visagedema màequi chiale, dans le

mim pour faire une ejoke- ou vers le plafond vat. Le nuage de fumée bleutée s'évaporeau-dessusdenousquatre. fiéaasele mélot sous son index droit. Denis

Slocx:upeducendrier: le vider, le nettoyerdeses tadles collées auVelTebrun foncé. fi

me

rél*e

que çarécoeure,je neRpondsrien. Lespattes delatable ne bougentpas,

(12)

,

despattesquine marchent pas,quine se déplacent jamais. Quandje m'installe auprès delamienne, je gratte de l'ongle l'ordespetitsbras. Desmorceaux depeintureentrent sous l'ongle, me piquentlachairetme donnent des frissons. Si je restetroplongtemps

lamain souslatable, ma mère me devineet m'ordonnede m'asseoirdroit. Une fois, j'aidemandé pourquoi. Silence. Elle m'a observé, a cessé de

manger,

une boule est passéedans sa gorge, sans doute pourécrasersa réponse. Mon père a dit que c'était une règledesavoir-vivre,une manièredetable.

Dehors,lalumière d'une ampouledeuxcents watts rayonne surla neige. Elle a été changéeaujourd'hui et c'est une longue durée. Au bout du halo, il n'y a rien, aucun voisin, nous sommes seuls, rang ChalifouxàSt-Adolphe. Lagrandeaiguilleest sur le deux,j'obéisà «etdix». Laserviette, la chaise vertlime,je grimpe et m'étends nu sur

latable. Entre ses trois doigts, le majeur, l'indexet le pouce, elle tient mon pénis et

pousselapeau. À sa basetout mottele glandécrasé, son autre main appuyéecontre mon bas ventre retient de sesdoigts lapeau descendue. De la droite, toujours de ses trois doigts, elle ramasse, eUe recommence, elletire la peau pour déœuvrir la saleté. Ma mère s'impatiente, medit que c'est mou, trop petit,etje ne peux rien faire pour l'aider, ses ongles mordentlafine peau. Elle m'ordonne d'arreterdechialer: «Tu vas réveillerton frère.. Son souffle me soufflette, eUe me ressaisit, pousse, triture; mon pénis se cache, s'éa'ase, glisse entre ses doigts, il refusedemontrer sa

tete

avec son col blancbAtre. Je frissonne pour lui. Mamèrea les cheveux ondulés et très noirs,

avecdesraiesdelumià"eacierdansle creuxdeses vagues. Sur mon bassin, se profile l'ombredesa tete, frontière mouvanteà la bauteurde mon nombril. Plus haut, ma peau Usseetcomplètement nue, verdltre souslalumièredesnéons blancs. Deuxtubes froidsaccroch6sàune surfacecuivrie. Un soir, les Cbalifoux sont venus nous rendre visiteetquand Adélardaw lesnéons,

n

a dit: cDedehors,on diraitque leChristest

(13)

,

dans cabane». Adélardet sa femme Louisette se sont assis autour de la table, ont pris uncaféavecdesgogluset monpèreleur afaitécouterde lamusique classique.

..C'est sale, tun'espas capablede lasecouerquandtuas finidefairepipi. Tu as du ftomage autour dugland,ça pue!

Mamire neseparfumepas,ellese met durougeà lèvres. Un cercle rougeet luisant

qu'eUe dessine en partantdu haut vers le bas de la lèvre supérieure descendant d'un traitVa'Sla droite, d'un autte verslagauchepuisd'un continuel mouvementdegauche

à droite elle œuvre sa lèvreinférieure. Après, elle prend un kleenex qu'elle met entre

ses lèvresetelle serrefort. Elle enlève l'excédentpournepas laisserde marque surla bouche de mm père. Ensemble, à tous les vendredis soir, ils vont faire «la commande». Denis et moi, on reste seuls, sur le divan orange du salœ, devant la fenêtre panoramique qui encadre lecieltout noir, noir luisant, au-dessusdesmontagnes

noirmaL Onécoute latélévisiœplacéeentrelaporte de sortie etla fenêtre, on attend sagement leur retour à neuf heures. S'Us ne revenaient pas, je serais obligé de

m'occuperde mon &ère. Je l'oublieet on s'endon l'un contre l'autre. Mes parents nous ordonnerontà leur retourdeles aideràmonter«lacommande».

Mamère se tourne, me tient d'une main, prend une débarbouillette lignée rose et vert, à peine humide, qui sent l'eau de javel et elle m'arrache la saleté, elle recommence. Samaingauche s'enfonce dans le basde mon ventre, me plaque contre la table, sonpetitdoigtetl'annulaire, s6parés l'un del'autre, forment un V. Sonjonc

or scintille souslalumièrecruedesn6ons. Elle resserreduboutdes doigts mon p6lis, redouble d'effortet répàe son lavage.

..c'est une fille que je voulais, aussi.

Tête tournie vasla fenêtre, j'aperçois,àtravers lefilet du rideauorang~ la neige opaline écras6e par le videnoir d'une nuit sans lune. -Maman." je l'appe1le sans

(14)

,

prononcer son nom, sans bouger mes lèvres. «Maman? C'estlapremièrefois que je l'appelle.

-Arrete de bouder, pis va te coucher.

À cinqans,j'aiune amoureusequime torture.

Mon frère dort déjàderrière moi.

n

dort près de la fenêtre et le matin ml décoDe

ttanquillement le rideau noiretvertdelaglace qui a tenté de grimper jusqu'à la serrure delafenêtreàguillotine. Nous grattons,duhaut vers lebas,à l'aide de nos ongles, la

couche de glace dansla vitre. Àsa base elle a au moins undoigtd'épaisseur, je le sais, car elle couvre de moitiélamoulure debois dépeinte.

La

bouche presque coDée œntre la vitre, on souffle le froid qui a tenté, au

cours

de la nuit, detraverser le verre et le tissu. Le froid recule puis on voit dehorsà travers le trou que l'baleine a dessiné. On

fait aussidestests: qui gardera le plus longtemps possible sa mainécrasée surla vitre glacée? Denisperdquandilsesert desa main droite et sattaœest toujours plus jolie que la mienne: moi, ça coule unpeu dans lebasde ma paume, mais on voit mieux à travers mon empreinte quela sienne. Je suis meilleur de la main droite et lui de la

gauche,çafaitqu'on gagne et onperd,çadépenddesjours.

Commeml n'a pasdevoisin dans lavallée

c o .

par le rang bcrdé de ses gros bancs de neige, on joue seuls. Dehors, ma mère ne le protège plusetj'apprendsà le surpasser. fenlèvema mitaine gauchepourmieux glacer mes ballesdeneige, des fois je laisse ma main gauche dans la neige etje mmpte jusqu'à sept puis je décompte jusqu'àzéro. Denism'aide aussi,il enlève sa mitaineetdonne une claque sur ma main gelée. Elle devient encore pluslOuge, çabrOIe, laneige laisse un peu d'eau, je plie tranquillement les doigts, ça ooupe dans les püs. Denis me regarde; il ne veut pas

s'enttatner,

il remet

sa

mitaine, il ne joue plus. On est toujours du même ~ du chemin, ctkémaisonet stationnement,à pelletersansl'aide de notre pà'e. Ma mère vient parfoisnousaider,aidermon frère. Elleestbelleetgrandeavec satuqueverte

(15)

,

qui cacheses cheveux. Sapeau blanche secolorerapidement au tioid,elle ressembleà Fanfreluche. Ellerit quand elle n'enpeutplus depelleter, aspirefortement du nez et expulsel'aird'un coupsecparlabouche,une vapeurdetempêtesort etelle apPUie ses deux bras aoisés surlapoignéedela pelle plantéedevant elle. Elle dit: «Ça fait du

bien» tout en tournantlateteverslamaisonquinous surplombe avec son papier brique orangé. Elle cherche mon père, il n'est pas là, il ne nous regarde presque jamais. Le cielestgrisp41e. Elle reprend sa pelleetcontinue à couper en groscarœauxlaneigeet àla lancer par-dessuselle. Onfait commeelle. Denis coupedepetitscarrésqutil lance pardessuslui,j'en coupe ungros qui débordede ma pelle: Denis interpelle ma mère, elle meregarde, souriante, les deux sourient. J'essaie de tout soulever, ça reste par terre, elleritplus fort, j'essaie à nouveau. Rien àfaire, ma pelle colle au sol. Ma mère m'interpelle: «Puis, M. ToutCOIlIl811re,lesyeuxplusgrosquelapanse?» Jeregarde àtourderôle son somire moqueur, celui de mon frère, et le manche de ma pelle en angle avec le sol, je leur tourne ledos, saisisla poignée qui m'arrive au bas du dos et tiresur le fardeau blanc jusque de l'autrecôtédu rang. Devant moi, un mur de neige durcie,tasséeparlacharrue, me déplsse; je tournelapelle, plieet lèvelapoignée au-dessus de ma tête, le bloc glisse et je retire ma pelle d'un coup. Victoire. victoire! Je

saute

de joie, j'ai réussi,la neige

aisse

sous mes bottes. Aupied dela maison, le dos courbé de ma mère. Ellecoupe en trois coupsla neige, glisse d'un coup secla pelle sous le blocetlance par-dessus elle un cubeplus gros que tous les autres. Elle ne se retourne pas. Mon frère sourit. L'envie de me coucher danslaneige,detomberparen arrière,defermer les

yeux

sous les nuages poussiéreux, d'aspirertout l'airglacéparla

boucheetdedessiner un angemutiI6, sans ailes. Laneigeesttropdure. Derrîkemoi, unerivièrecouleen hiver, l'eauestlimpideet ses chuchotisfroids me sonttrèsdoux. Unpeu plusloin,danslegrisfoncé de la

foret.

un sombre rocher pleure. Je l'entends toujours. lesais quelapiare ne pleureJU, mais une foisjemesuisappmcbédelui

(16)

pouroonnailre les raisons de seslannesetilm'ademandédel'apporter auprès du gros rocherqui estauboutdenotrestationnement. lelui ai répondu que j'étaistrop petitet

quesi les hommes le déplaçaient, ils le feraient exploser avantdeletransporter. fi le

savait,ilm'aordonnédetrouver un moyen. C'était l'hiver dernier,jen'ai rien raconté à Denisetje n'y suis pas retourné.

Ma mère medit queje parlela nuit C'est nœmal,je dors et ça parle en moi, je

réponds. Ça raconte des rêves et, quand la lumière est allumée, je comprends les

histoires qu'on me raconte. Parfois nous jasons plus rapidement, nous courons

ensemble,mais eUes vont plusviteque moi. Elles partentetelle parlentdanstoutes les

directions, s'entremêlent commeles boutsdecordes du boucher que ma mère entasse dans untiroirauprèsdes couteauxà steakou comme les élastiques conservés dans un

pot de verre transparent. Les phrases tombent et je dois les dénouer. Elles me mumurentbiendeschosesquandjeles touche, elles meconseillent d'apprendreà lire

pour comprendre les images dans les en'YclopédiesTout COtUItIItreque je nedois pas regardertropsouventparceque mamère me traitedeMonsieur Tout Connatlre. Elles me conseillentde ne pas l'écouteret ellesr6p0ndent: cOUlPl1TMÈRE, oUlPl1TMÈRE,

oUIPITI'MÈRE. ••». Matetebatla cadence,je reçois une claque, elles setaisent Les phrases se dressent, rigides et rouges avec des taches sombres qui Il'8Ildissent au

sommet des lettres et sous l'effort de la retenue. Quand elles se choquent, elles deviennentdeshistoiresquiressemblent au fromage quiades trous. Les phrases me montrentaussi l'alphabet, l'ordrerégulieret immuabledu Aqui précède le 8 et des

vingt-quatreautresquisuiventpourcréer toutes sortes d'histoires. Des histoires qui

protègent, qui Boignentles mains refermant brutalement les encyc1op6dies sur mes

doigts. Elles m'enseignent conunent grimper l un arbre, quelle branche saisir en

premier, où mettre le pied. CDD1Dleot ensrm:r entre ses jambes le troIlC sans m'égratigner,l retenirla sensation d'uriner qui m'excite l chaqueeffort, à ressentir

(17)

contre mon visagela souffrance del'écorceépaisse à sa base et fragile à sa ciml\ à écouter lebruitdelasève circuler dans les veines du faux-tremble. Puis, ily a Trois-Mots, mon ami imaginaire, qui me ditdene pas m'inquiéter. Lui, je ne le vois jamais, je ne l'entends pas non plus, je sens sa présence comme le vent qui touche ma peau, comme la peur qui grimpe dans mon corps lorsqueje pense ne pas me réveiller le matin. fiest en moi quand je monte et vis au sommet des arbres. Trois-Mots me protègelanuit, m'oriente sur leprélart etje ne ressens pas le froid du plancher, il me ditd'ouvrir le rideau blanc aux figures géométriques quinous séparede lacuisine et d'aller vers la boite à couteaux. D'ouvrir l'autre rideau entourant l'établi-eomptoir-cuisine et deprendrelescouteauxavec les grosses lamesprèsducarré de pierregriseà aiguiser. Revenuà monlit,ilm'avertit de ne pas mettrelapointedel'acier directement sur le matelas,decoucher les lames sous mon oreilleret deme rendormir sans réveiller monfrère: cD n'est pas méchant, mais il ne peutpaste protéger. Maintenanttu peux rêver. Appuie la têteconttenous,mets lesmainsen dessous del'oreiller». Les lames fredonnent une berceuse.

Lalampeen fŒDle d'éléphant veille, mon frèrebouge, les rideaux noirs avec leurs

carratuxvidesaux lignes jaunesetvertes se collent contrelaglacedelavitre. Ma mère nousattendpourdéjeuner.

- Paul. Tu t'es encore levélanuitpassée.

- Non.

- Viens voir.

le suis ma mère vers notre cbambre,elles'arrêtedevant lacommodeà buittiroirs,

l'éléphant la regarde, ma mère montrede son indexl'oreilleretmeditderegarder en dessous. Sur ledrapdeflanelle bleupAle. deux couteaux se touchentdeleur pointe et formentune ligne lustrée limitéeperla majuscule d'un manche et le point en bois foncé

del'autre manche.

(18)

-Quiles amislà'? -Je ne sais pas.

-Paul,tute lèveslanuitettuprends toujours les couteaux pour les mettre sous ton oreiller. Cette nuit je ne suis pas venu les enlever pour te les montrer ce matin. Réalises-tu que çapeut êtredangereux pour ton frère'? Prends-les et va les remettre danslacuisine.

Les couteaux me regardent, plissent leur paupière blanche, deux rivets jaunes percent le bois foncé des manches. De la main droite et de la main gauche, je les prends, je cache leur regarddans le creux de mes mains. Ds me fouillent, le froid me chatouille, je les tiens un peu plus famement, ils se soumettent et marchent de chaque côté de moi. Ma mère ment, les lames le disent, les manches le confirment dans chacune de mes paumes: jene melève paslanuit, je nedors pasavec des oouteaux, je ne veux pas blesser mon frà'e•

-Paul, tu es somnambule et, si tu n'arrêtes pas de te lever, il peut t'arriver un accident. Tupeux sortir dela maison sans que je m'en aperçoiveetteperdredans la forêt.

À la télévision, j'ai vu Olive OU somnambule et marcher droit devant elle, sans s'inquiéter des précipices dans lesquels elle tombe et où les cimes des arbres ralentissent sa chute, elle traverse des lacs oùdestetes d'alligaton sortent pour qu'elle nesemouille pas les pieds,elle marchejusqu'lia fin des toits et de nulle part, une poutre demétal glisse sous sonpiedet l'amène ven un autre point. Popeye veut la sauveretilreçoit tous les coups, Olive s'en sort.

-Mais Oüve.••

-T'espasOlive. Cestdelatvtoutça. Va~eUDeretvous irez jouerdehorsaprès.

Ellep>inte la aaisine desa main droite, au bout de l'index droit, son onglecourtet

tmnehant Les lames meprâ:êdent.

(19)

Quandje vois les mainsdema mère,toutreste muet.

(20)

2

À tmvers lafenetredusaloo, je regarde flamber le soleil dejuillet.

n

n'est pas rond, comme Ufaut le dessiner avec les crayonsde cireàl'école,nijauneetni dans un

coin de la feuille, loinetpresque au-dessus d'une maison allumettes. Si je devais le redessiner,je mettrais del' ocre et du blanc, du blanc et de l'ocre qui débordent et brOIent, déchirent et froissent le papier du saapbook puisque ma peau et mes yeux

s'échauffent derrière la vitre. Un soleil comme un trou dans le ciel bleu ferait une crevasse beige où l'on venait sur la planche du pupitre les morceaux degraffitis laissés sur placeparles élèves qui m'ontprécédé. Àl'école, mon frère Denis est en avance d'une année sur moi, c'estàcause de son âge. Est-ce que je m'assois au mêmepupitre quelui?

rai

déposé l'enveloppe sur la table àcafénoire du salon, une enveloppe blanche aux

côtés usés, repliés et plus larges que son contenu. La musique est éteinte, les ustensiles ne font pas de bruit sous le lingeàvaisselle de ma mère, ne tombent pas dans les compartiments du coffre en bois aux montants écorcbés. Seule l'eau du robinet

mmmuredans le renvoi trop grandpourlui, un mince filet fuit dansla tuyauterie qui

dispanu'"tdans la cave. J'entatds mon coeurbattre, ses mouvements ne suivent pas les gestes du corps de monpèrequilave sa PontiacS9. Une tachedesoleil incrustée dans mes yeux effacedesmorceaux de soncorps. Une tache informeet lumineuse suit

regard, s'interpose entre luiet moi. LatetetOlUDéevers la boule de feu, je baisse les paupiêœspourrevoirle soleilànouveau dans ma

tete

etles ouvre quandil oommenœà fatblir. faimerais voirl'autrecc1tédu soleil, le voir comme une boule, mais il reste plat. Monpèreestentier, presque nu avec sonshortbeigeetses sandales bleues, surle

gravierbattu,luisantau coeurdela

van=.

C'est lapremièrefois qu'il ne demandepu àl'un de «ses gars» delaver son

cmr,

c'est la premièrefois qu'ü m'emmàleseulen

(21)

voiture. Onestpartidu chaletdeSaint-Donatpouralleràlaquincaillerieet, une fois qu'on a achetélapôle pour les rideauxdelatoilette du chalet, ila dit: cOn s'en vaà maison, j'veux laver mon char.» Sait-il que je l'espionne du haut de notre salonetque

nous sommes absorbés par le ventredesmontagnes vertesdeSaint-Adolphe?

Àquelques piedsdelavoiture, devantlaporte du conducteur, l'eau rebondit sur le métal en mille gouttelettes. Mon pèrepresse sm pouce sur le bout du boyau pour augmenter la pression du jet d'eau. Desarcs-en-ciel naissent et meurent au moindre mouvement de sa main, des éclaboussures de boue tachent ses pieds, des flaques grandissent autour des pneuset disparaissent dans l'ombre cachée sous lacarrosserie. Son talon glisse, le gravier se ramasse entre la chair et le plastique de la sandale à l'unique tige bleue entre le gros orteil et l'autre. le l'entends saaer.

n

se tient en

équilibresur un pied et arrose l'autre, recommence avec le droit et laisse tomber le boyau par terre. L'eau s'accumule, déborde et serpente vers le fossé. L'air chaud déferle sur son

dos.

il tmnspire, ses épaules blanches et nues brillent sous le soleil. Son ventre cache l'élastique de son short. Les gris et les noirsde son char changent, marqués d'unebeautéfatale que mon frère et moi on n'arrive pasà découvrir, sous la mousse et le refletdel'eau.

D'où je suis, je vois un «grain de beauté» sur son dos. Un bouton de couleur charbon, noiretlaid, identiqueà un boutdepomme pourrie avec sa pelure ratatinée. Unpetitboutœarraché quand il était enfantetdevenu trèsgros en vieillissant. C'est comme ces champignons qu'on retrouve à l'ombre des arbres avec leur grand chapeau

qui. couvre leur pied rond et mince. Couchés par terre, de part et d'autte d'un champignon qu'on imagine mortel, Deniset moi, on enroule un

m

depeche avec ses

reflets bleutés autour du pied blancbAtre, on tient les exll6nitâ du fil et

œ

tire douœment. Le fil entre dans la cbair plie et mouchetée de terre. la peau du cbampignon n'écIate

pas

siCD sare lentement,etquand le fil a complètementdispuu

(22)

sous la peau, on donne un bon coup sec. Le champignon sursaute et tombe, bien

tranché. Sous le bout de mon doigt, sa chairest moite, presque froide. J'ai du malà convaincre Denis d'en couper d'autres et d'y toucher; il trouve ça dégueulasse et

niaiseux de débarrassa-le monde de ses champignons vénéneux et il dit que ça ne

bouge pas assez.

n

retourne àlafabrication de sesgomr! que jedevraitirer, harnaché comme un cheval, ou pousser sur le chemin de gravier. Je suis son moteur.

Devant le pditpaquetblanc avec ses c&és défraichis,j'hésite,leregardecomme s'il contenait tous lessecretsdu monde. Mm père aétégentil,ilm'a dit: cRegarde-lespas

toutes, si t'aimes pas ça». Autant d'attention et de calme dans sa voix. Je ne lui airien promis, maisje me suis dit que je les regarderais ctoutes». Le papier enveloppe est doux, jaunitte et rongé aux quatre coins. Sans compter le rabat, uncôtéest replié sur lui-même. Tout voir, sans même savoir ce qui se cachederrièrele papier vieilli, par

défi,en guisede récompense ou par gentillesse? Pas par obéissance,çaj'en suis sOr.

J'arrivede la cuisine, lerobinetne sefermepas plus. Jesuispasséparlatoiletteet lachambredemes parents, les rideaux sont fermés,il n'ya personne, onestseuls dans l'une des crevasses des Laurentides. La maitresse a dit que c'était le chemin des glaciers. J'y croisparceque c'est beaudesglaciersquimarchent pour aller mourir plus bas, au sud. En passantparlatoilette et leur chambre, je n'ai pas refermé le panneau de œrton quisertdeporte. Lesamedi matin, quand je vais fairepipiavant ma m~ le carton-porte, cloué d'un côté à un colombage, n'est jamais complêtement fermé, il s'ouvrelanuit. Par l'ouverture, assis sur le bol, jepeuxadmira' les ~u1es nuesde ma m~ couleur peche avec sesDuancesetret1etsdorés, couleurde café dilué avec beaucoupdeIaiL Une fois, j'ai

w

sur sa peaudepé!cheune tache au centre mauveet aux contours mulesetocres;lapourritureestdisparue quelques joun plus tard. Ces jours-là, elle change ses robes à bnteUes pour des robes avec des manches qui

couvrentlebrasets'arrêtent au coude. Lamaison sommeille, lerobinetronfle à demï-19

(23)

éveillé. Personne ne me voit me promener dans les zœes interditesparelle, seules les montagnes rondes et douces attendent que j'ouvre l'enveloppe. Assis sur le divan tangerine donnépargrand-mère Riendeau, tout devient lourd, important, face aucarré

blancvieilli.

J'ouvre. L'enveloppe videbailleau plafond bleu poudre du salon. Desphotosoù deux hommes me regardent, s'amusent, se tiennent l'un l'autre, m'invitent. Je les obsave. Je reste babillé, caché,dece c&é-ci des cadres blancs. Au total, neuf photos format carte postale entre mes doigts. Je caresse le papier glacé, lecorps d'un des personnages, le plus jeune. Son visage est doux et de la même grandeur que mon pouce.

Première annéescolaire. J'aipleuré parce que je n'avais pas de place au tableau. Je

suis resté seul au centre de la classe, je n'ai pasétéassez rapide. la madame venait de tenniner de parlerettous lesgarsdela classe se sont lancésàl'assaut du tableau noir• Je n'avais rien compris. Alignés devant la surface noire, côte à côte, les dos serrés

dansleur veston ajusté, leurs bras étiréscontrelasurface lisseet sombre, ils ttaçaient des lignes.

Je les regarde, je les regarde, personne ne vient, l'eau murmure. L'une après l'autre, les photos défilent d'abord lentement puis rapidement. Je recommence. Un film sedéroule. Quelleestlapremière? Est-ceque monpèreveut que je les replace en ordre? Va-t-U me chicaner? Rien ne me dit dans ces hommes nus, cescorpsaux reflets

gris pAle qui se touchent sur ces draps blancs, se regardent et se sourient avec complicité, oùdaJuteet se tennine l'action. Quia œmmenœ? Lesyeux brillantsdu

plus jeune m'attirent. J'aime son sourire, mais je ne l'entends pas rire. On n'entend pasles photos parlee, etpourtantje sais qu'ü meditd'entrer, qu'il m'appelle pouraller

jouer

avec eux, dans ce carré oùü n'y a qu'unlit au draplégèrement froiss6. fia les cheveuxboudés,ilmeditquec'estbon. Je veux lerejoin~je veux que sesyeuxme

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regardent, je veuxêtrecelui quitransfonneen lumièrel'ombredes pupilles. Des yeux noirdeomt, vivacesd'adolescence,desyeuxqui offrent lemêmeéclat que la pierredes rochers que j'escalade quand ma mère m'envoie jouer dehors.

Leoorpsappuyécontrelasurface rude. souvent insaisissable delapierre tellement les crevassesysont petites et superficielles, j'aime frotter monvisage contre la roche

chaude, trouver un trouqui épouse les fonnes de majoueet sentir ses moindresreplis etpics entterdansmapeau. la bmsétirésdechaque côté, plaqué contreelle,je tente del'enlacer, jelui demandede m'aiderà l'escalader, et les aiguillettes s'enfooçent un

peu plus dans ma joue, me mupent tout en me réchauffant, me forcent à obéir, à

m'éloignerd'elle. Elle medit d'attendreetde revenir un autre jour. «Quand? Quand?» Aucune réponseà mes supplications, et chaque jour de l'été, jemeblesse contreelle. Je traverse le gazon de peluche verte qui l'entoure, empnmte le stationnement et descends vers le Niseau cachéoùj'iraitremper mes mains, caresser la mousse verte quicouvreparendroitslesplaquesdepierrerousse •

Quatrecolonnesdephotos sur latable. J'ai cessé de les tenirpourimiter les gars, je ne suispasnu, maisj'aiunemaindans monshort. Jeme tiensd'une mainetdel'autre examine les photos. Je

remets

une photo à sa place sur la table et reviens à l'adolescent. Mesyeuxprès desesyeux mystérieux,j'attends, j'entends lebnùtglacé

de sa peauluisante motte leboutdemonnez. Lesimagesmeparlent, je necomprends

rien. Pourquoi cesyeux rieurs au-dessus d'un sourire satisfait? J'ai de la peine en

replaçantcetami, auregard plein demotsimponants,danslacolonne identifiéeparles

parties du oorpsexhibéet son toneappuyédans l'entre-jambedel'autte. AŒOIé sur

soobrasgauche,leslèvresfoncéest sa mainentourelaqueue d'un corps coupé parla ligne blanchedel'encadrementdelaphoto.

n

o'apasdepoils,sontiton estfonœ, son

torse surplombelebassindesonamiavec songazonsombre.

La

photorejoint la case

sup&ieuredelapœmià"ecolonnedegauche, coIœne queueetbouche. Ladeuxième

(25)

mœtre les queues et les culs, la troisième, le trou et les mains. Des colonnes qui fonnentdesrangs: devant, decôtéetderrière. Laquatrième devient demi-œlonne sije replacelapremièrephoto au-dessus, mais c'est impossibleà causedelaboucheet du regard. J'en tireune autredece tableau noiret quadrilléqueformela table avec ses photos, mon père montel'escalierdeplanches grises, rapidementjesors ma main de

ma

culotte.

n

m'interrompt, ouvre la porte, tous les bruits de l'été enttent, se bousculent danslamaisontièdeetcalme, se mêlent aufilet d'eau qui coule toujours du robinetdecuisine. Lebourdonnementdestaons, le gazouillis desoiseaux, le chantde la cigale m'inondent d'un riche son radiophonique, m'avertissent, tentent de me réveiller, de m'arracheràl'envoûtement des photos où un personnage avec ses yeux d'enfants est adulte par sesjeux. Je veuxêtreson ami, je veuxêtretonami. Toutes les

voix se sont tues.

- Commenttutrouves ça? - Qu'est-ee qu'ils font? - Ds font l'amour.

- Est-ce que~faitmal? - Non.

Mon père s'approche, passe devant son fauteuil berçant couven d'un drap de chenille vertetjaune, sonshortestmouilléet gonflé, il met sa main dessus, replace sa bosse. Denis fait lamême choseet ma mèreluiordonne d'arreter dejoueravec.

n

contournelatableetglisseentre elleetle divan, s'assoitprès de moi, à madroite. cIe vais te1IlODtter»,dit-il faiblement. Savoix ne gueule plus, une voix que je ne connais pas.

- Tas le go6t?

-Oui.

(26)

Mon pèredéfaitmmshort. Tire dessus, le baisse en mêmetemps que le caleçon

jusqu'aux genoux. Attaché, les cuisses à peine entrouvertes, mon sexe est petit,

mmplêtementnuetrabougri sous ses yeux. fileregarde, attend, rien ne bouge, rien ne sepasse. Desa tête figée, je ne vois que lec:dtéd'un oeil, un trianglebrun, luisant, presque mouillé, il vapleurer, il ferme l'oeil, l'ouvre, clignote, il me prend entre le bout de sesdoigts; çareste petit.

rai

peur, il va me fàire mal comme maman. Ses jointurescalleuses,rougesoommefer trempé. Je ne sais pasquoi faire,je m'allœge. Les jambes emprisonnées entre lui et le divan, mes fesses 6:rasées et nues collent contre le vinyle. Mes pieds flottent au-dessus du prélartbeige du salon. Mes cuisses sous son aisselle gauche, ma nuque appuyée contre le bras capitonné du divan, l'angle me pousse, jem'y écrase, m'y enfonce, sous le souffle de monpère. Le soleil et les photos créent des plaques immobiles surlatable à café. l'air chaud coule de la porte d'entrée, passe sous latable, monte sur mes jambes, m'effleure le bas ventre et me serrela tête. nme touche. Décolle mon zizi de mon corps, ouvre toute grande sa boucheet l'avale.

n

fenne l'oeil Sesdents ne mordent pas, ça ne fait pas mal. Je perds,jegagne,jeperdsson visage, sous les lentes succions. Je ne vois plus mon

sexe mangé. Lecôté desa tete toucheparpetitessaccades mon nombril. Les photos à gauche, leursdosblancs cachés, leunposesglacéeset,plus loin, les montagnes.

Je nous revoisarriver,entrer danslestationnement en pente. Danslavoiture,iltend son bras vers mesgenoux,ouvrelecoffreàgants, fouille sous les cartes routièreseten

sort une enveloppe. «J'veux t'montrer queq'chose. suis-moé». Dans l'escaIier, ses jambes sont ckries, sans poils darière les mollets et quelques-uns éparpillés surla

pmu molledeses cuisses. fin'estpasresté dans lesalœ: cAppeIl~moé quandtuvas les avoir toutes

vues».

Ouvrir l'enveloppe, saisir le rabat, le diplier et sortir les photos. Enfonœl'mes doigts derrière le contenu, mesdoigtsaux ongles un peu noircis

(27)

par les jeuxdeguerre, d'enfantetdebête de somme. Mes doigts placésdechaquecalé dupaquet, chaud d'un bordetftoidde l'autre, je regarde les hommes.

Quatre temps:prendre,ouvrir,tirrretregarder. Plus loin, les "m" houleux et mous

desmontagnes écrasées pif le poids bleu du ciel. Je rêve cfy marcher en homme:

gran~ large,fort,avec une voix qu'on écoute et qui fait peur, une voix qui grondeet

réclame le silence. Del'autrec&é des montagnes, c'est Saint-Donat. Ma mère est

là-basavec son fils, ils se baignent dans l'eau du lac, au pied de la Montagne Noire. J'aimerais courir sur le vertet les noirs dorsaux des montagnes, loin dela terreet de ses rocailles, éviterdem'écorcher sur la pointe des conifères qui dépassent la peau des feuillusetsuivre ronde ttainanteduventquicontourne les roches grises. Ces plaques grisâtrestranspercent

par

endroitlamousse couleurdepistaches,de pacanesetdenoix

grossièrementbroyées, ces tétines rocailleuses sur lesquelles je me ooupe les genoux lesJOURdeguerres.

Ça bouge lentement, je deviens dur, il aspiremon petit épi Dmcirconcis, essaie de me déraciner,il insp~contre le blancdemon bassin. C'est froidetchaud en même temps,çachatouille.

n

me mouille, ilbave, il me mouille,il coule. Mm père

me touche, me suce, me respire, m'écoute, me goOte, me dévore, ne me regarde plus. Papa, deux petits pasentremoi et mm ami.

n

mecaresse, me lèche, toutle contraire

dema mèrequi me blesse. Je dois lui dire comment il fait. Ça sent le poisson, le NÏSstau,le seletlacigarette.

Un jour, les pierres dans l'eau m'ont dit que lesgrosses roches en juillet se laissent escalader, eUes ont besoin d'un peu d'ombre sur leur aine. À lapremièrejournie du mois, je suis retoum6 auboutdu stationnement. Laroche me dit oui etoù placer les mains pourgrimper,où introduiœ mes doigtsettoucher lia mousse sècheSlU'lebord

des fissura afin de me bissser sur sa tête. La pierre ripond l mes deman~ des

cristaux me saluent, me sourient, me

demandent protection et

un

peu d'ombre.

(28)

J'accepte. Je ne me méfie pasdesrequêtesdelapierrequime refuse depuis longtemps son accès. Au cœur dejuillet, l'énorme pierre au profil humain etdresséeau bout du statiœnement de quatre voitures se laisse grimper, ouvre plusieurs de ses fissures cachées,indique honnêtement bourrelets oùappuyerlespieds, lèvres où accmcbec les mains, arrêtes tranchantes à évittJ', jusqu'àlaplate-forme sur le dessus deson énorme tetemarbréede noiretde gris. En haut, je suis plus grand que notre maison. En haut, tout s'arrête, seul le vent joue avec moi. Mes parents et mon frère sont incapables de

grimper sur la roche ou d'atteindre le sommetdes arbres. En haut, je ne les entends plus, leurs cris seperdent dans le gazon au pieddela roche et sous les branches des feuillus.

C'est bonetçabat fort dans ma tête. Je veux meretirer,ilse rapproche. Je ne veux pas qu'il se flche. Avec sa bouche, il me fait trembler, ça me donne des chocs électriques dans le ventreetje n'arrive pasàle repousser,àl'arrêter,à m'en tirer. Une flaque de transpiJation sous mon dos, je glisse sur levinyle. Leva-et-vient de l'onde entre mes cuissesetma tête a'eusedessillons, me rend encore plus dur. Je pousse sur mon épi ferme, l'enfonce dans sa bouche, il rile. Je me sens gran~ ça me donnevie, ça me faitsourire,çame cbange de ma mère qui m'arrachetoutpar soucidepropreté.

Levent setait, ma bouche est sècheetl'eau du robinet jase avec la bave de mon père qui mecouledessus et qu'il essuiedeplusieurscoups de langue. Papa m'aime, il veut de moi,ille répète sans cesselabouche pleine. Cestbon.

Face aux Laurentides, je me sens grand et bien dans le vent plus doux à celte hauteur, plus délicat dans ses caresses de l'après-midi qui écbauffent mon menton blessé. Unpeudesalive coule sur ma blessure, je frottelacoupure du bout de l'index et,avec lebasde

mm

chandail, je

m'essuie,

respire mes doigts, ça

sent

le vent, la salive et le sang. Sur le revers ducbandaDjavaisépifma mà'etous les mardis, une tache rouge tombe. L'air d'été m'embrasse et me brOle, m'aime aussi. Loin des

(29)

regards etdes mainsdema mère, loin dema famille. étendu sur la pierre, sans mon shortetma camisole quej'ai glissés sous ma tête, jedors seul, sans mon frère qui prend toutelaplacedansnotre lit trois-quarts. Sous mon dos,ladouceur du cdne en pierre me mordille. Au-dessus de mon cmps allongé,la voOte bleueduciel roUée sur mon ventre. Vais-jetomber sije m'endors? Peur de trop dormir, d'être écrasé, de

rouler,

dedégringolerdu rocher. Peur d'allerl la cuisine chercher les couteaux. Le vent m'inviteà me détendre, me dit qu'il n'y a pasdecuisine, pas de romptoir-établi caché par un rideau, pasdecouteau,etpersonne prèsdemoi: «Tu esseulettun'as rien àcraindre». Labriseparle, parle,jase doucement avec

mm

ami Trois..Mots qui hésite l répondreets'endort avecmoi.

Je veux pisser, j'aienvie. Je nepeuxpas pisser danslabouche de monpère. - J'ai envie de pisser.

- Célajouissance. Ça t'excite. Laisse-toi aller• - Mais je vais pisser.

Sa

paumedemaintièdeetlourde contre

mm

ventre,entreson pouceet labase de l'index, monépipointe, debout, un piquet duret rouge. Son baleine me rafraîchit. fi le regarde longuement, puis descend tranquillement ses lèvres contre ma peau toute décollée.. Brosquement l'onde dechocf'eIIIltsous mes couillesetme monteàlatête, je chavire.

Souslabrise, l'orangé du soleil

commence

l prendre descouleurs sanguines, je me lèveetfait face au disque orangé, je baisse mon caleçon. Lesbras étirésau-dessus de matête, je fais un V surle V invasédemes jambes. Ma bouche grande ouverte ne

parvientpasàfaire sortir

ce

quibout, se brouilleetsebouscule, tout se tait. rappelle Trois-Mots et la peau sêdle aaque dans ma bouche quand je pmnœœ son nom. Trois-Motsfouille, organise, place les lettres sans son, l'une après l'autre dans mon

estomac:

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ADU-CON-NU» Incapable delirel'alphabeten désordre, les yeuxbrtUés par le coucher du soleil, je mords mes lèvres pour ne pasperdrece qui restedesmots d'une journée

d'été. Des guenillespourpres tissées d'orangéet entourées d'un fin réseau deveines sombres noient le corps endormi des montagnes. Venneil de ses blessures, le ciel s'assombrit peu l peu. Au bas de mon ventre, Il où prennent naissance les mots silencieux, tout durcit dansles couleurs molles du coucher de soleil. Écartelé, nu et contrelecielentaillé,je ferme les yeuxpour mieux me laisser baigner par le feu du d6cÜD, parlafraîcheur ambreduvent qui me goOte. Mon menton brtUeet tout le reste de mon corps tiissonne sous les mille contacts de l'air et des couleurs. Excité, l

genoux pour prier,la langue tirée pour oommunieretattraperles derniers rayons,j'ai mal denerien saisir.

Monpère va plus vite. Sa main entre ses jambes, il se brasse, l'autre m'écrase contre le divan. Je ne peux plus bouger, je me démène sous lui, ilest deplus en plus lourd, coUantetmuge.

n

s'étouffepar-dessusmoi,va plus vite, sebranle, halète.

Jemedétourne des montagneseldesphotos bien alignées surlatablede salon, elles onttoutvu. À droite, au-dessus du dos tangerine du divan, un murinfini de préfini.

Desplanches verticales en faux boisbeigedessinées parde longs traits foncés imitent une stniacedechene tmnché avec ses noeudsouverts. Un noeud sombre et aevassé commeunnoyaudepêchemeregarde,m'observe, m'épie, nousespionnesurle divan-lit pour les invités qu'on ne reçoitjamais. Plus haut, un autre noeud tranché par

l'amour d'une scie bienaiguis6e, un noeud qui resteet qui n'éclatera jamais puisque dessinéetfaux. Derrià"emoi,lesmontagnesentœlac6esassistent à l'amour. L'amour me mange sous les lignes du faux bois. Çadonnedes coupsdans mon ventre, il me

donnedes coups de tête sur mon venue. je me retiens pour ne pas pisser dans sa bouche. Destaches sombres, pigmentéesdepetitsyeux jaunes avec leuriris noiret rond scrutenttout maisnedisentrien, les noeuds n'OIItjamaisrien av0u6. Leregard de

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bois ne parle pas, ne pleurepas, même le jouroù d6cidé, je l'ai grattéavec un clou

rouillépourqu'il me dise le nomdestralÛ"eS,ils'est tu. J'aid&:ouvert seul les motifs quise répétaientderriùele divan, derrièrele fauteuildemm père, et sur les mun à gaudteetàdroitedelaf~seullemurdelagrandefenêtre n'estpIS œuvert par ce

faux bois. Ça m'a étourdi desuivre toutes les lignes d'une feuille de préfini. Au-dessus du divandegrand-mère,tous les irisdecesyeux-noeuds sont

perœs

d'untrou ou ont perdu leur couleur sombre souslatorture delapointe d'un clou pour devenir du papier miché. Pourne pas me commettre, je les écrase avec mon doigt mouillé.

- Aaaah•... Uuun••.Uuuun...

fise relève, mon père me sarefort, trop foncontre sa hancheet lecôtéde sa fesse. Sa peau colle sur mon torse. Del'autre main, il se secoue rapidement et papa pisse blancetparmottonssurlatable noire du salon.

J'aidit nonàl'invitation d'aller danslachambredemes parents,de me coucher sur lelitde ma mère. Je préfèrais resterprèsdes quatte colonnes dephotos, prèsde mon ami. fia rangé les photosdansl'enveloppeetles aremisesdans le coffreàgants.

À septans, j'ai un amoureux quim'avaleetje nepeuxpas ledire à maman, je ne peux pas le direàpersonne. Dans la voiturepropre,surlaroute qui nous entraîne vers lelacdelaMontagneNoire, il neditrien,ilregardedroit devant. Avantdepartirdu

rang Chalifoux,

il

m'a

fait

jurer

de

ne rien

dire, de

ne

lBS

en parler

à

ma mère, c'est

notresecret,nos moments d'homme: «Parle pasdesphotos,tamère aimepasça-.

La

lignejaune est double, on n'a pas le droit de doubler. Ses mains surle volant sont à deux heures moins ~ c'est plus sécuritaire. À ma droite. les maisons défilent, certaines ont des rideaux qui cachent l'intérieur de la cuisine ou du salon, d'autres maisons n'ont rien dans les fenêtres et on voit des demi-œrps bouger, des tetes se pencher, s'asseoiretattendre. Lesmaisons d6filent plus vitedemon~6 quedu sien. Au basdelaplaquenum60Iogiquede la voiturequinouspr6:àIe,c'est

lD8fClU6

«Je me

(32)

souviens». Je n'aipasle temps delireles plaques des voitures qui viennent vers nous,

ça va trop vite deux voitures qui se aoisent et je ne peuxpas lire les lettres et les chiffres, mais je sais que c'est écritla même chose sur toutes les plaques et que les numéros sont les mêmesàl'avantetàl'arrière. Je vois les chiffres de l'auto qui nous

précède,les retiens, les additionneetlasomme faittrente,je crois. J'oublie lerésultat.

Memeles poteaux téléphoniques courent plus vite de mon c&é. Certaines maisons

allument leur lumière le jour, on voit mieux àl'intérieur. Mon pète presse rallume-cigarette,prendson paquet dela main droite, rouvre en gardant les deux mains sur le volant,enSOItune cigarettequ'il plante entre ses lèvres, referme sonpaquetet le glisse dans runique poche de sa chemise vert pile, côté coeur. Le briquet de la voiture explose d'un toc, du bout des doigts i11eprend, le colle sur lebout de sa cigarette qui crépite, ses joues se creusent

n

faittoutcelaen fixantlarouteet,avantdereplonger le

liglwer dans son trou,ille secoueà trois reprises sur le bord du cendrier, pour enlever le tabac resté collésurl'élément chauffant.

n

le tient entre l'indexetle pouce, les auttes doigts s'appuient sur le bord du cendrier, ill'enfonce sans trop pousser pour ne pas le rallumer. Samaindroite enlèvelacigarette entre ses lèvresetreprend sa positim sur le volant,àdeux heures moinsdix.

(33)

3

Avec mon canif, je creuse des X dans l'écorce de l'arbre.. Mon pèreditque ça le blesse,alonpolD'qu'ilnemevoie pas, jegrimpeausommetdel'arbre situédarièrela maison, entre les deux grosses roches, je m'assois sur l'une des dernières branches,

presque

ladernière,

cene

qui

supporte mon

poids d'enfant et je

continue

à écrire la

même lettre. Les feuilles frissonnent deplaisir, je le sais.

Une

sériede Xdéjà tracés les uns par-dessus lesautres comme un treillage boursoufléet brunâtre, comme des amisquine savent

plus

où mettre leurs mainset leurs pieds, attend une nouvelle lettre, pile et suantlasève Acre quand je

coDe

lalangue surla

coupure

de l'écorce. D'en bas, l'été,on nepeut jamaisme voir,lesbranches et les feuilles en dentsdescie me cachent etje ne voisqu'un partiedutoit vertde notremaison, «notre cabaneau Canada», dit ma mère. Sije tombais, je ne m'écraserais pas sur leurtoit mais SlD'la pierre bleutée, c'est un choix. rirais rejoindre dans la roche les millions de soleils éclatés. Des brillants emprisonnés dans le noir, des yeux pris dans la tête dure: «Arrête de me regarderrommeça, face decarême». Jeregardema mère annme elle me regarde, je l'observe comme les aistauxquise moquentdemoi quand je leur demande lesecretde leurbeauté. Surle crine de la roche ou jouqué au sommet d'un arbre, je me rapproche du soleil. Cesont mes moments d'homme.

L'automne, ma tête est prise mtre le volant et le ventrede monpère. On ne mule pasviteetje tentededevineroùnous sommes rendus sur la route qui mène i notre cabane du rang Chalifoux. Avant d'arriver au lacdes Sables, sa main a fouiIlé dans mon

pantalon,

s'estposée

sur

ma

nuque

et

m'a entraiD6 vers

lui.

Le rang Cba1ifoux estaux limites duvillagedeSainte-Agatheetde Saint-Adolphe. On contourne le lacdesSableseton croise un terrain de aunpiD& en face de l'auberge desPatriotes. Chaque fois qu'on quittelagranderouteaspbal~ entrenotremaisœ

(34)

de cartonetl'intersection, ducôtégauche du rang, on emprunte l'un des deux chemins qui montent dans la montagne vers deschalets abandonnés àlafin del'été. La voiture cahotequandonquitte l'aspbalte. mon oreille s'accroche contre le volant, la voiture siffle moins fort, elle bourdonneetà magauchec'est encoreplus sourd. Quand ma têteest là,ma têteestsouvent là, mon père freineplus doucement avant d'entamer la montée du rang de gravier. Loin du calme gris de l'aspbalte, la gamotte ne cesse d'éclater en mille et un petits broits som'ds dans les ailerons de lavoiture, il meditde faire attention avec mes dents. fi conduit d'unemainet retient matêtede l'autre, me pousseàaller plus loin, il m'enfonce, le coeur me lève, les larmes me montent aux yeux. J'apprends.

- Bave pas su'mes culottes. Tu connaistamère, a va s'imaginer n'importe quoi. On vaà laquincaillerieensemble,011 va à l'épicerieensemble, on achàe du boeuf haché, du lait ou du pain le lendemain del'épicerie, mais ce que mon père raconte le plus souventàma mère poursortirdelamaison,c'estqu'ildoit allerau garage.

Denis neveutpasme suivre dans l'explorationdecesdeux chemins qui s'éloignent du rangetdébouchent sur des maisons vides, il me dit qu'elles n'existent pas, que personne nevitdans laforêt,que c'est trop loin,quelesparentsvont nous engueulersi on ne revientpaspour le souper. fiapeurde seperdreetje nepeux pas lui direque notrepèrem'a faitd6:0uvrirces maisonscfété.

n

raconterait tout à maman. Lavoiture ralentit ànouveau. Àcette hauteur du rang, l'eaucourt moins vite dans le ruisseau qui longelaroute blondedeterrebattue. D'icion ne voitpasl'eau,nidenoirechambre ou dusalon,elledemeurecachéeauxregards. Pour lavoir,ilfaut avancer du eaté opposé aux maisons, péDarer dans la forêt, percer le ventredes montagnes, j'y vais pour caresser l'eau argentéeetledosvertdespierres.

Auretourdenos promenades enchar, quidurentréplièrement entre uneheure et uneheure etdemiecpourpuqu'tamèreposedesquestiODS», coincéentte le volantet

(35)

son ventre, je comptejusqu'à cinquante. Parfois, je mélange les chiffres avec le nombredeva--et-vientdemaboucheSlU'sa queue, mais uneaiguillerouge tournedans

ma têteetàcinquante ou cinquante-sept apparat' une maison coifféedepmn jauni. Ce n'est pas notre maison, et je l'aime parce qu'elle ressemble à une petite maison de bandes

dessinœs.

Ronde et toute protégéeparlefoin qui pend du toit. On son de

l'automobile: -Aœote-toé contrela porte». Monpère,acaœpi devant moi, détache

monpantalon, baisse le

zipper,

descend mes vêtementset sort mon sexe dur. «Plit

vicieux,t'aimeça,hein? Té dlJàbandé» Je neréponds pas. fi l'admire, le froid me saisit,monpèrememasturbetranquillement endécoDantdoucement la peau du boutde ses doigtsetil me mouille de sa langue, pousse unpeupluslapeau,regarde mon gland etme mange tout en sebranlant Dans les contes, l'ogre dépassetrente-sixfois lataille d'unenfantmais danslaréalité,c'est faux. Un ogre-bomme ne dépasse JIls lahauteur de maceinture.

C'esttoujours l'automne. L'épaisse verdure bougeante mouchetée dejauneet de

rouge cachenotrepassageet se referme derrière nous, couvre les chemins connus de

mmpère,etencoreignorés demon frère. Seules deux traces parallèles dans l'herbe écraséeindiquentparoù nous sommes arrivés. On se stationne derrière la maison. Avant de oommencer, je demandesouventde voirà l'intérieur, mon père répond: -Ta mà'e nous attend polU' souper» ou «On a pas le temps- ou tout simplement «Non.

Viensicitte». fidescendsaflY, se plie un peu, entre ses doigts dans l'ouverturede son

pantalongris,fouilleetsortsa queuechapeautéed'unglandlOuge4treet gonflé.

n

fait froid, le soleiletle vent jouent avec les feuilles morteset dorées, lesgrands brasgris desarbres seûottent les uns contre les autres. Quandilventeun peu plus fort, on a

l'impression qu'ils applaudissent. Je voudrais vivre surlapointedesarbres et écrire desXsur1'6corcemince,maismonpèreme rappelle constammentàlui.

(36)

- Cé bon, continue.prends-laavectamain,suce, suce en même temps. Metspasté genoux par terre. Serre un peuplus fort,té ça. Arrete-toépas.

Je compte.

n

n'y a personne danslamaison, le solest humide, les arbres craquent.

Devantlui,àdemi pHé,les jarrets engourdis, jeperdspresque l'équilibre, j'ai malaux jambes, aux cuisses, au bas dudos. Ça prend du temps, j'ai mal au corps. Je pompe, j'ouvre et referme les yeux. Ses poils bruns foncés autour de son sexe. Quand j'expire,un peu de buéesortdemabouche,quandj'inspire,çasentlebébé.

n

se lave avec du savon pour

bébé.

c'est moins dur pourlapeau.

- Cé bon, continue, plusvite.

n

halète,son ventre se gonfle et se dégonfle plus rapidement. Papa m'aime, je suis content.

n

me dit que tout ce qu'on fait, c'est l'amour.Les grands font la même chose et d'autrespèresont aussi leur préféré. Je suis son préféré etDenisestle préféréde ma mère, on est quitte. Mais on n'est pas des homosexuels, je suis trop jeune. Des

homos, c'est des hommes qui s'aiment, vivent ensemble sans avoir d'enfant. D devient plus dur, se contrade, il souffle, ralentit, arrête un peu.

n

oontinue à se masturber, à secouer son membre lourd, à enserrer sa queue dans sa main avec son index détacbédesauttesdoigts pour mieux caresser son gland. La tête vers l'arrière, sa gorge déployée se gonfle, rile, l'ombred'une branche sur sa peau bien rasée. Un jetdesperme tombe sur les feuilles mortes. Sesyeux ne voient pts le bleu du ciel qui cWtonne sur le grisdesarbres. Ça tombe en faisant unbruit de

pop

mmquiéclate. Sa

semence n'enfanterapas laterre, le sperme ne se transformepasen fleurs, ce ne sont

quedes bistoires d'6cole, devieux bonshommes quise prennentpourDieu et qui ne trouventpasd'autres explicatiœs pourjustifierlanaissancedu monde. La vérité, c'est que le sperme va dans le ventredes femmes et elles deviennent des mères, c'est biologique et normal.

Quand

mon

J*e

éjacule, son sperme reste sur les feuilles

(37)

d'érable muge orangé. Lacouleur passe du blanc au transparent, glisse et s'infiltre

danslaterre,c'esttout.

- Cé meilleur quandtuavales. Ta mère elle l'aime pas ça. - Qu'est-œqueçagoOte1

- Cé salé. y faudrait que t'essayes.

Onquitte tranquillementlecbaletcach~ondescend,iltourneàgaucheeton reprend

notre ascension vers

la maison. Ma mère

nous

attend pour lesouperdu samedi. On

mangera desboulettesde viande hachéeou delaviandeen fricassée avec des patates bouillies; après ce seralatranchedegâteauaux raisins secseton attendra qu'il ait fini

defumer sa cigaretteetde dessiner notre nouveau sous-sol. Mes parents rêvent d'une maison plus grande, avec une piscine intérieure. Dans la soirée, on écoutera la télévision. Monfrère, ma mèreetmoi assis sur le divan tangerineoù il me suce l'été. À huit heures, ma mère nous préparera à chaam un bol de chips qu'elle mouille toujours d'un peu devinaigreblanc. Seul monpère ne prendptS devinaigresur ses chips, ça les rend molles.

n

accélère d'un coup sec et les pneus glissent dans le gravier, lapoussièremonte dariète l'auto, ilfait cbip bip» comme lerotIdtUMerdes

dessins animés. L'arrière de la voiture dérape un peu, il rit, ses mains gardent leur position, deux helD'es moins dix, sur levolant, elles tournent sur le plastic beige et

dentelé, ilrit plus fort. À ma gauche, la vallée descend à pic

vers

l'eau et, si nous prenons lefossé,çavafairemal,il va gueuler. Je compteetgarde les mains ouvertes sur mes cuisses. Quandilmedemande: «T'as eu peur?»,je réponds oui.

Lamaitœsse a parlé d'un hommemortdans un accident de char sur la plage.

n

est mortparce

que sa mère l'a

aiJœettrahi,

eUe a

dità

son

mari

que son

fils

avait

tentéde lavioler. Cest unmensonged'amour. Quand on longelaplagedu lacdes Sables, au retourdeSainte-Agathe, j'observe attentivement l'eau. La voiture siffle, la vitre du ~édemmpèeestentrouvertepourlaisser scxtir lafurnie. Faîmaaisça l'avertirsi

(38)

jamaisdes taureaux, desdragons ou des mœstres émergeaient des vagues blanches, l'eauestplate. Avœ lui, je joueseul. On poursuit notre chemin et après le terrainde camping et sa cigarette, il c!tire le bras, conduit d'une seule main tandis que l'autre s'introduit dans mes culottes, s'arrête à la ceinture, insiste pour pénétrer sous les vêtements, ses onglesooupentma peau, je contracte le ventre etça l'empêchedemettre sa main surmon sexe perdudansles replis de mesvêtements.

- Détache ta ceintureetouvre tes pantalons.

fobéis, sa main couvre au complet mes hanches, ses doigts se faufilent et retrouvent leur habituel chemin: queue, testicules, anus. Mon trou. Çarecommence. Tripoter, fouiller, étirer, masturber. Mesamis à l'école ne connaissent même pas la couleur du sperme, ils disent que c'est jaune. Cest plus fort que moi; chaque fois j'ouvre lesjambes, ça m'excite, ça me fait du bien, il arrête. fi baisse son zipper,

détache saceinture et sortson pénis foncé au gland découvertetprêt à exploser,dressé entre le volantet son pantalon ouvert sous sa chemise enroulée d'un coup jusqu'au nombril.

- Suce-moé.

n

posesamainenclume sur ma nuqueetme forceà aller vers lui. Ça recommence. Prisentreson ventre et le volant qui frotte sèdlement mon oreille droite, sa main couvre

ma

tête,

m'enfonce

la

face

dans

ses

vêtements,

je ne

respire

plus.

Sa

queue entre plus

profondément dans ma garge, le coeur me lève, je manque de vomir, les lanDes me

montent aux yeux, etlabavesort

encore

plus de ma bouche. Chaque jour, j'arriveà

en

prendreunpeuplusdansma boucheetà rester plus longtemps. Je me perfectionne. Ma mère va poser des questions. Dans son ventre, j'entends l'écho du moteur, le mugissementdeschevaux, laplaintedes roues, j'ouvre les

yeux,

les bnaits s'apaisent et

le

sourire

tordu

delafermeture6cIair

se moque

demoi,

se

ritde

mon amour.

- Continue.. Saretes lMes plusfort. Suce.. J'obâs•

(39)

Levolant m'uselajoue, lezipperestfroidcontre ma peau, je referme lesyeux, son

ventre mepoussecontre le cercle beigeet bosselé, la voiture oscille, tangue, dérive,

mais reste sur le pavé gris. Sa queue largeest armée d'un gland menaçant, elle me transperce profondémentparpetits mouvementssournois, pousse la luette, m'arracbe

l'eau desyeux qui se mêleà ma salive et le lubrifie. Onva mourirensemble dans un face à face ou encorenoyédansle lacdesSables.

n

manoeuvre, me masturbe enmême temps qu'il conduit d'une seule main. son ventre se contracte. Écrasécontre le volant, je nepeux plus bouger la tete, ilse reliche, je me retire, elle vomit, crache, éjacule, l'écume se ramasse au sommet du gland humideentourédesa main droite et de son index relevé. La voiture tremble, il la maitrise, les chevaux-vapeur ne nous entlaineront passousles essieux de l'automobile.

... Tupeuxterdever,y'apasdechar, me dît-il duremenL La prochaine fois, y faut que t'avales.

On s'aime dans le char, on s'aime dans les sentiers, on s'aime près des maisons abandonnées,on s'aime souvent quand on est seul. Laprochainefois, je me promets d'avaler.

J'ai traversé la vallée avecsonrangetson ruisseau pour venir m'installer sur untout petit rocher qui sort dela terre commela proue d'un bateau. La proue ou la poupe, avant ou arrière? Qu'importe, laroche fŒlDe un trianglequi s'enfoncedanslavallée ou émerge de la montagne? Qu'importe,laroche ne navigue plus. L'été, mon frère et moi, on vient ici aligner quatre canes de métal sur un repli delapierre,et, dubalcon. mm

I*e

tiresur lesClUISrouillées avec sa carabine. Des foi~ on n'a pas le tempsde

descendredelarochequ'il commence àtiret. Sa vingt-deux troue des petits cercles bien rondsdansles consavesvidesetstriées. Aujourd'hui, je suisassisà laplace des

QIIIS ,j'enai mis uneà madroite,ellea trois trous. La maison de mesparents est devant moi, sur l'autre venant dela montagne, del'autrecôtédu ruisseau que je ne

(40)

vois même pas d'ici, de l'autrecdtédu mng beige que je ne reverrai plus jamaisetoùje netrainaaiplus oune pousserai plusmonfrère assis dans sesgocan. Lamaisonetla roche où je suis assis sont faceà face, aucentre, chacun deleureaté delamontagne. Mon père, mm fière et Adélard remplissent lecamion de déménagement etje ne les

aide pas. À mon retour, mes parents vont m'engueuler mais j'enprends lerisque, la

œn

et moi, on est solidaire. Adélard et Louisette sont venus nous aider, c'est la

premicnfois que je vois mon frère de si loin. Je ne veux pas partir,je ne veux pas

quitter mon rang. mesrochesetmes arbres pour ma grand-mère Riendeau. On s'en va vivre avec eUe, c'est ma marraineetje suis soofilleul; je n'aimepas ce mot: «filleul», çafait «tif». Par chance,elle a unbainet l'eau chaude. On ne sera plus pauvre, mon père est devenu professeurà l'éducation aux adultes.

Ma

mère est heureuse, elle retourne chez sa mère. Ce qu'elle neS2Ïtpas, c'est que monpèreva «sacrerlabell~ mèredehCX'S» sielle commande trop.

Des feuilles de papier-brique couvrenttroisdes

murs

extérieursetimitent le motifde labrique orang& sous un toit plus ven que le gazon. Un Dotàtraverstoutce champde mauvaises herbes coupées aux trois jours. Le père nous obligeait à couper les

mauvaises

herbes qu'il espérait voir un jour se transformer en

un

vrai gazon vert. Coupéesdanslafleurdeleur vie, cetamasdetiges blessaient nos piedsnus quandml

jouaitdansle faux gazon,on préféraitcourir nu-pieds dans la gamotte du rang. Le soleil sur les tiges jaunescoupées au ras du sol, destaches deplaquesdetrèfles aussi dépouillés deleur feuille, devenus tiges à leur tour, du mauve crève entre ces deux couleunquienc:erclent la maison, œ les laissait mourir en paix. La luminosité du soleilœpt6eparlafausse briquemeforœàimaginer lemurcouvertdepapiergoudron

à l'arrike delamaison. À l'ombredece mur, letoit se pmlœge et

pmi.

la terre toujours humide, mêmedurantles canicules, la boue reste au pied de la porte dela cuisine. La màe gueuleà cbaque fois qu'elle va dehors pour

aendœ

son linge el

(41)

qu'elle met le pieddans labouette. Denis et moi, on charriaitdesbrouettes deroches quatreà cinq fois par jour pour couvrirl'allée debouequi menait de la cuisine à un autre sentier descendant vers le stationnement. Les pierres, au bout de quelques jours,

s'enfonçaientet on recommençaità étendre desroches volées au borddu rang. Notre autrejob, le matin, étaitdecreuserla cave, desortirdixbrouettes deterre roussepar

jour pour avoir notre piscine intérieure.. Mon père, après le souper, redessinait minutieusementderrièreson paquetdecigarettes le plandenotrenouveau sous-sol avec nos chambres autour delapiscine octogonaleetau centre un foyer.

Hier matin, au lieu de viderlacave de saterre,Denis et moi, on a creusé untrouloin denièrela maisœ,làoù

œ

n'ajamais coupé le gazon, dans le foin jaune. Notre trou est grandetprofond, on peutyentrer quatre. Pour mesurer la grandeurdu trou, Denis s'est couché quatre fois par terreetj'ai marqué trois fois, avec une branche d'arbre, une ligneàdroitedeson corps. Assis, la hauteur de notre cabanedeterre nous dépasse d'une tête. Denis aditque c'était assez creux et qu'il fallait le recouvrir deplanches et defoin. Une fois bien couvert, on est resté longtemps dans ce trouàjaser. Je luiaidit que je ne voulais pas déménager, il m'a répondu qu'on allait avoir des amis à la maison. On n'a plus rien dit,ilfaisait

tœs

noiretdesmottes detares tombaient à côté de nous; jepensaisaux lM!bittesquivenaientnous manger,ça feraitmal mais au moins, Denisetmoi, œ resteraitensemble pour toujours. Malgré lapeur qui grandissait en moi, je n'ai rien dit ,on est restélà, silencieux etétendus c..«eà ~edans l'obscurité bicheethumidedelavall6e. Je sais queDenisva vouloirsortir avant moi; il s'est endormi.

Sa jambe a

bougé

contre

la

mienne

et

n

m'a

réveillé

en me

disant

que c'était

l'heure du souper.

n

venait d'entendrelavoixdenottemà'e.

Monpkeestsurlap1eriedeplanches grises, fi me regarde. AdBard monte les

douze

marches de

l'escalier, s'arrete

àc:tkédu

I*e

et

se tourne

Va'S

moi.

n

estmaigre

mais plusgrandque monpàe. Cestsonami d'enfance. D'un versant de lavalléel

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