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Répartition des préférences manuelle et latérale en sport et répercussions sur la vitesse des élans

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RÉPARTITION DES PRÉFÉRENCES MANUELLE ET LATÉRALE EN SPORT ET RÉPERCUSSIONS SUR LA VITESSE DES ÉLANS

Mémoire Présenté

À la Faculté des études supérieures De l’Université Laval

Pour l’obtention

Du grade de maître en psychologie (M. Ps.)

École de Psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

OCTOBRE 2001

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Répartition des préférences manuelle et latérale en sport et répercussions sur la vitesse des élans

Dans de nombreuses disciplines sportives, la manipulation à deux mains d’un instrument conditionne le résultat final. Le baseball et le golf sont des sports impliquant une action bimanuelle asymétrique. La performance dans ces sports repose en partie sur la puissance de frappe. Il est possible que la préférence latérale, ainsi que la position des mains lors d’une action bimanuelle puissent influencer la puissance de frappe au golf et au baseball. La présente recherche examine d’abord la répartition des gauchers et droitiers manuels selon leur préférence latérale au baseball, au golf et au hockey. Les résultats indiquent que la préférence manuelle est prédictrice de la préférence latérale et qu’il existe une dépendance entre le côté adopté pour s’élancer au baseball et au golf, au golf et au hockey, au baseball et au hockey. Une étude expérimentale examine la performance de 227 hommes en fonction de leur préférence latérale et manuelle dans deux conditions (côté préféré et côté non-préféré). Les résultats indiquent qu’il n’y a aucun effet d’interaction de la préférence manuelle et de la préférence latérale sur la vitesse des élans au golf et au baseball et ce dans les deux conditions.

Simon Grondin, Ph D. Directeur de recherche Caroline Gagnon

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Je souhaite d’abord remercier mon directeur de recherche M. Simon Grondin pour ses encouragements constants, son soutien méthodologique et sa disponibilité. Ses précieux conseils ont largement contribué à la réalisation de cet ouvrage.

Cette recherche n’aurait pu avoir lieu sans la généreuse collaboration des responsables de centres sportifs et entraîneurs. Je tiens aussi à remercier tous les répondants.

Certaines personnes par leur support et leur aide technique m’ont permis de mener à bien ce travail. Je tiens à remercier messieurs Cari Fortin, Christian Watier ainsi que mesdames Michèle Fournier et France Paquette.

Enfin, je suis aussi reconnaissante envers les membres de ma famille. Je remercie mes parents Danielle et Michel Gagnon pour leur amour et leur générosité. Je remercie ma sœur Valérie pour ses encouragements, son écoute et pour avoir su me distraire durant les périodes plus difficiles. Je remercie Cari pour son aide précieuse et sa patience. Enfin, je remercie spécialement ma grand-mère Anne-Marie Perron pour m’avoir légué sa confiance en la vie, sa volonté, son courage et son ambition.

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pages RÉSUMÉ... I AVANT-PROPOS...Π TABLE DES MATIÈRES... ffl LISTE DES TABLEAUX... V LISTE DES FIGURES... VH

INTRODUCTION GÉNÉRALE...1

CONTEXTE THÉORIQUE...2

Les asymétries cérébrales... 2

Les hémisphères cérébraux... 2

Les spécialisations hémisphériques... 3

Dominance cérébrale... 4

Latéralisation manuelle et latéralisation cérébrale... 6

Latéralité manuelle... 8

Développement d’une préférence manuelle... 8

Les asymétries motrices... 9

Autres latéralités...14

Actions bimanuelles...15

Différences selon l’âge...17

Sports et latéralité...18 LA PRÉSENTE ÉTUDE... 24 Hypothèses...25 MÉTHODE... 26 Participants...26 Matériel...26 Procédure...28 RÉSULTATS...32 Analyses de fréquences... 32

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Répartition selon la préférence manuelle et la préférence latérale au

baseball, au golf et au hockey selon le sport pratiqué... 35

Répartition selon la préférence latérale au baseball, au golf et au hockey... 36

Analyse de la vitesse des élans... ... 37

Analyse de la vitesse des élans en fonction de la préférence manuelle et de la préférence latérale au golf et au baseball... 37

Analyse de la vitesse des élans en fonction de la préférence manuelle, de la préférence latérale (golf et baseball) et du sport pratiqué...38

DISCUSSION... 40

Analyse des fréquences... 40

Répartition selon les préférences manuelle et latérale au baseball, au golf et au hockey...40

Répartition selon les préférences manuelle et latérale au baseball, au golf et au hockey selon le sport pratiqué... 42

Répartition selon les préférences latérales au baseball, au golf et au hockey... 43

Analyse de la vitesse des élans... 44

Analyse de la vitesse des élans en fonction des préférences manuelle et latérale au golf et au baseball... 44

Analyse de la vitesse des élans en fonction des préférences manuelle et latérale et du sport pratiqué... 45

RECOMMANDATIONS... 46

CONCLUSION GÉNÉRALE... 47

RÉFÉRENCES...48

ANNEXE A : Tableaux... 59

ANNEXE B : Figures... 69

ANNEXE C : Formulaire de consentement... 77

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Distribution des préférences latérales en fonction de la préférence manuelle au baseball

Distribution des préférences latérales en fonction de la préférence manuelle au golf Distribution des préférences latérales en fonction de la préférence manuelle au hockey

Distribution des préférences latérales en fonction de la préférence manuelle au baseball chez les joueurs de baseball

Distribution des préférences latérales en fonction de la préférence manuelle au golf chez les golfeurs

Distribution des préférences latérales en fonction de la préférence manuelle au hockey chez les joueurs de hockey

Distribution des préférences latérales au baseball en fonction des préférences latérales au golf

Distribution des préférences latérales au baseball en fonction des préférences latérales au hockey

Distribution des préférences latérales au golf en fonction des préférences latérales au hockey

Vitesses moyennes obtenues du côté préféré et du côté non-préféré en fonction des préférences manuelle et latérale au baseball

Analyse de variance des vitesses moyennes obtenues au baseball dans les deux conditions (côté préféré et non-préféré) pour tous les participants Analyse de variance de l’écart entre les vitesses moyennes obtenues au baseball du côté préféré et du côté non-préféré pour tous les participants Vitesses moyennes obtenues du côté préféré et du côté

non-préféré en fonction des préférences manuelle et latérale pour tous les participants Analyse de variance des vitesses moyennes obtenues au golf dans les

deux conditions (côté préféré et non-préféré) pour tous les participants Analyse de variance de l’écart entre les vitesses moyennes obtenues au golf du côté préféré et du côté non-préféré pour tous les participants Tableau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6 Tableau 7 Tableau 8 Tableau 9 Tableau 10 Tableau 11 Tableau 12 Tableau 13 Tableau 14 Tableau 15

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baseball

Tableau 17 Analyse de variance des vitesses moyennes obtenues au baseball dans les deux conditions (côté préféré et non-préféré) chez les joueurs de baseball Tableau 18 Analyse de variance de T écart entre les vitesses moyennes obtenues au

baseball du côté préféré et du côté non-préféré chez les joueurs de baseball Tableau 19 Vitesses moyennes obtenues au golf du côté préféré et du côté

non-préféré en fonction des préférences manuelle et latérale chez les golfeurs Tableau 20 Analyse de variance des vitesses moyennes obtenues au golf dans les

deux conditions (côté préféré et non-préféré) chez les golfeurs

Tableau 21 Analyse de variance de l’écart entre les vitesses moyennes obtenues au golf du côté préféré et du côté non-préféré chez les golfeurs

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Hypothèses de contraste pour différencier F organisation des tâches nécessitant !’utilisation des deux mains Position pour réaliser les élans au baseball

Position pour réaliser les élans au golf

Vitesses moyennes pour chaque groupe de préférences manuelle et latérale dans les deux conditions au baseball

Vitesses moyennes pour chaque groupe de préférences manuelle et latérale dans les deux conditions au golf

Vitesses moyennes pour chaque groupe de préférences manuelle et latérale dans les deux conditions chez les joueurs de baseball

Vitesses moyennes pour chaque groupe de préférences manuelle et latérale dans les deux conditions chez les joueurs de golf

Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5 Figure 6 Figure 7

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

L’être humain doit à chaque jour effectuer un grand nombre d’actions manuelles. Parmi celles-ci, il y a les actions qui ne requièrent qu’une seule main et celles qui demandent l’action des deux mains. Dans les activités unimanuelles quotidiennes, la majorité des gens utilisent la main droite plutôt que la main gauche. Ceci ne veut pas dire que la main gauche n’est pas impliquée dans l’action. Par exemple, lorsqu’une personne droitière écrit, c’est sa main gauche qui tient la feuille. Lors d’une action bimanuelle asymétrique, chaque main est assignée à un rôle différent mais complémentaire. Lors d’activités sportives, les gens ont souvent à effectuer ce type d’actions. Au baseball, au golf et au hockey, les gens doivent utiliser un instrument (un bâton), pour réaliser l’action motrice. Ici, les gens doivent choisir un côté pour s’exécuter. Dans plusieurs cas, la main placée à l’extrémité du manche sera la main non-dominante (droitier qui frappe de la droite et gaucher qui frappe de la gauche), et parfois la main placée en bout de manche est la main dominante (droitier qui frappe de la gauche et gaucher qui frappe de la droite). Dans une action où le niveau maximal de performance est recherchée, comme c’est le cas dans certaines activités sportives, il est intéressant de voir si certaines combinaisons manuelle-latérale ne sont pas synonymes d’habiletés particulières. Certains paramètres

cinétiques sont fortement indicateurs de la performance tels la précision et la vélocité. Certaines études ont démontré que les personnes qui s’élancent du même côté que leur préférence manuelle génèrent plus de puissance (Grondin et al., 1994 ; Grondin et al., 1999). L’étude a deux objectifs principaux. D’abord, elle a pour but de vérifier comment se répartissent les préférences

manuelle et latérale au baseball, au golf et au hockey. Elle a aussi pour objectif de vérifier si ces mêmes préférences influencent la vitesse avec laquelle les gens s’élancent au baseball et au golf. Plus précisément, il s’agit de vérifier si les vitesses varient de façon significative selon que les gens sont droitiers ou gauchers manuels et droitiers ou gauchers latéraux. Les gens sont testés à l’aide d’un radar et doivent réaliser des élans au baseball et au golf, du côté préféré (préférence latérale habituelle) et du côté non-préféré (préférence latérale inverse).

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CONTEXTE THÉORIQUE

Dans cette recherche, deux dimensions sont à l’étude: les notions propres aux asymétries cérébrales et celles concernant la latéralité manuelle.

Les asymétries cérébrales

Les hémisphères cérébraux. L’homme possède deux hémisphères cérébraux, qui sont impliqués dans presque toutes ses activités. Bien qu’ils semblent identiques de l’extérieur, plusieurs études ont démontré une certaine division du travail entre les deux. Il semble, en effet, que chaque hémisphère se spécialise dans des domaines différents, et agit sur des fonctions distinctes. En biologie, ce phénomène est appelé la latéralisation fonctionnelle (Marieb, 1993). Également, même si à première vue les deux hémisphères apparaissent symétriques, il existe de subtiles différences entre le gauche et le droit sur le plan anatomique. Chez les gauchers, par exemple, les lobes pariétal et occipital de l’hémisphère droit sont plus étroits que les lobes correspondants de l’hémisphère gauche, mais le lobe frontal de l’hémisphère gauche est habituellement plus étroit que celui de l’hémisphère droit (Tortorra & al, 1999). De plus, les droitiers ont plus de structures cérébrales asymétriques que les gauchers, et celles-ci semblent mieux organisées chez les droitiers que chez les gauchers (Coren & Porac, 1981).

Selon Marieb (1993), chez 90% des gens, l’hémisphère gauche est celui qui exerce le plus de maîtrise sur les habiletés du langage, les habiletés mathématiques et la logique. Il est donc qualifié d’hémisphère dominant. L’hémisphère droit, quant à lui, se spécialise plutôt dans les habiletés spatio-visuelles, !’intuition, l’émotion, l’art, la musique et la reconnaissance des visages. Chez les 10% restants, les rôles sont inversés ou égaux. L’hémisphère gauche contrôle le côté droit du corps, et l’hémisphère droit, le côté gauche du corps. Chez la plupart des

personnes, l’hémisphère gauche est dominant en ce qui a trait au langage parlé et écrit, aux habiletés mathématiques et scientifiques, à la capacité d’utiliser et de comprendre le langage des signes, ainsi qu’au raisonnement. En revanche, l’hémisphère droit est davantage lié à

l’appréciation musicale et artistique, à la perception de l’espace, à la perspicacité, à !’imagination et à la production d’images mentales visuelles, auditives, tactiles, gustatives et olfactives

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d’hémisphère dominant, il serait faux de croire que ses fonctions priment de façon absolue. En effet, les deux hémisphères communiquent presque instantanément l’un avec l’autre par

!’intermédiaire de faisceaux, ce qui explique que l’intégration de leurs fonctions respectives soit totale (Marieb, 1993).

Les spécialisations hémisphériques. Franz Gall, un anatomiste allemand du 18ème siècle fut le premier à proposer que le cerveau n’est pas une masse uniforme et que ses diverses facultés mentales peuvent être localisées dans différentes parties du cerveau. Pendant plusieurs années, des scientifiques ont adopté deux styles de pensée à ce propos. Un groupe croyait fermement que le langage était contrôlé par les lobes frontaux; un deuxième groupe croyait que les fonctions particulières ne pouvaient être localisées dans des régions spécifiques du cerveau. Le débat connut un dénouement en 1861 avec Paul Broca qui observa une perte de langage chez des patients souffrant de lésions similaires, la lésion étant dans ce cas située dans la partie gauche du lobe frontal. Malgré cela, Broca ne vit pas instantanément le lien entre la perte de langage et le côté de la lésion. Ce n’est qu’en 1864 que Broca devint convaincu de l’importance de l’hémisphère gauche dans le langage. Il s’aperçut que la perte du langage coïncidait avec une lésion située toujours du même côté, soit le côté gauche. Donc, il fut le premier à voir la relation entre l’hémisphère gauche et le langage (Springer et Deutsch, 1998).

Malgré le fait qu’il existe une corrélation importante entre la préférence manuelle et la localisation des fonctions langagières (98% des droitiers, 70% des gauchers et des ambidextres deviennent aphasiques après une lésion de l’hémisphère gauche), la conclusion d’un rapport direct entre les deux n’a pas été établie (Botez, 1987/1992). Les chercheurs s’entendent sur l’efficacité des deux hémisphères dans les fonctions langagières et dans la capacité à faire des tâches spatiales. Malgré l’unanimité, on note, pour la majorité des individus, une supériorité de l’hémisphère gauche dans des tâches langagières et une facilité de l’hémisphère droit pour les tâches visuo-spatiales. Toutefois, les deux hémisphères possèdent d’autres fonctions mais auraient des manières différentes de traiter !’information. En effet, l’hémisphère gauche possède également des spécialisations pour des tâches non-verbales impliquant des processus séquentiels. Pour le langage, il serait davantage spécialisé dans la production plutôt que dans la perception de séquences. Il est connu qu’une lésion à l’hémisphère gauche chez une personne

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peut entraîner plusieurs désordres dont l’apraxie (désordre au niveau des habiletés et des

mouvements volontaires non attribuables à des troubles cognitifs). Liepmann et Mass (1907) ont décrit un patient ayant une lésion dans la partie gauche du cortex frontal et dans la partie

antérieure du corps calleux. Le patient souffrait d’une paralysie du côté droit, due à la lésion corticale, mais il était dans l’incapacité d’effectuer une commande verbale avec sa main gauche. Depuis ce temps, il a été confirmé que plusieurs cas d’apraxie chez les patients droitiers manuels sont dus à un dommage hémisphérique gauche. L’apraxie est souvent accompagnée d’aphasie. Goodlass et Kaplan (1963) ont comparé des patients aphasiques sans ou avec apraxie. Les deux groupes ont obtenu des résultats sensibles aux tests de Q.I., mais les sujets apraxiques ont obtenu de moins bons résultats au niveau des habiletés motrices. Certaines études ont démontré un avantage de l’hémisphère gauche pour les séquences motrices et la perception du rythme. De plus, il semble que l’hémisphère droit chez des patients ayant le cerveau divisé, est capable de compréhension verbale sophistiquée (Corballis, 1983). Par exemple, un patient ayant une lésion unilatérale au cerveau devrait ignorer un côté de l’espace. Des études réalisées sur des patients ayant une lésion à l’hémisphère gauche ont démontré qu’un dommage du côté gauche affecte rarement le côté droit (Battersby, Bender, Pollack, & Kahn, 1956 ; Critchley, 1953 ; De Renzi,

1978). Cela suggère que les deux côtés seraient représentés dans l’hémisphère droit mais seulement le côté droit de l’espace serait représenté dans l’hémisphère gauche. Lors d’un

dommage à l’hémisphère gauche, l’hémisphère droit maintient une représentation bilatérale mais lors d’un dommage à l’hémisphère droit, l’hémisphère gauche fournit seulement une

représentation du côté droit. De plus, un patient ayant le cerveau divisé peut répondre

intelligemment, de façon non-verbale, à des images et des mots présentés à l’hémisphère droit. Il semble également que chaque hémisphère aurait certaines représentations du côté ipsilatéral et controlatéral de l’espace, mais que le côté controlatéral serait davantage représenté (Corballis,

1983).

Dominance cérébrale. La conception de dominance hémisphérique a évolué au cours du temps. En 1868, John Hughlings Jackson, neurologiste anglais, fut le premier à proposer l’idée d’un hémisphère supérieur. Selon lui, le cerveau ne peut pas être divisé en deux, car un

dommage à un seul hémisphère peut causer une perte de langage. Selon Jackson (1868), pour les processus du langage, il y a un hémisphère principal. Celui-ci conclut que chez plusieurs

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personnes, le côté gauche du cerveau est le côté principal et que le côté droit est le côté

automatique du cerveau. Dès 1870, plusieurs chercheurs commencent à réaliser que plusieurs types de désordres du langage pourraient résulter d’un dommage à l’hémisphère gauche.

Plusieurs travaux furent concentrés sur les problèmes reliés à la production du langage résultant d’une blessure à l’hémisphère gauche. Karl Wernicke, un neurologiste allemand, fut crédité d’avoir trouvé qu’un dommage à la partie arrière du lobe temporal de l’hémisphère gauche peut produire des difficultés à produire et à comprendre le langage. De plus, des problèmes au niveau de l’écriture et de la lecture furent identifiés chez certains patients comme résultant d’un dommage à l’hémisphère gauche et non à l’hémisphère droit. Déjà, à la fin du 19eme siècle, les chercheurs commencent à avoir une bonne idée de la dominance cérébrale. En effet, l’idée émergeante de cette période est que !’hémisphère gauche joue un rôle d’une grande importance dans les fonctions du langage en général et que l’apparence de différents problèmes de langage résultent de dommages à différentes aires de cet hémisphère. L’origine du terme dominance cérébrale est encore obscure. Les recherches effectuées à la fin du 19eme siècle ont toutefois contribué à démontrer l’évidence d’une relation entre les deux hémisphères. L’hémisphère gauche chez les droitiers, est vu comme le directeur du langage et d’autres fonctions importantes tandis que le droit, le mineur, est vu sans fonction spéciale et est contrôlé par l’hémisphère dominant, le gauche (Springer et Deutsch, 1998). Bien que le concept de dominance cérébrale devint vite populaire, l’hémisphère droit fut longtemps sous-estimé par les chercheurs. Un développement important dans la recherche sur l’hémisphère droit fut la découverte de

différences constantes et significatives à des tests psychologiques standards chez les sujets ayant un dommage à l’hémisphère gauche et ceux ayant un dommage à l’hémisphère droit.

Weisenberg et Mc Bride (1935), ont étudié l’effet d’un dommage cérébral sur plus de 200 patients. Ils utilisèrent plus de 40 tests différents requérant environ 19 heures d’évaluation pour chaque personne. Les résultats de l’étude furent impressionnants. Suite à un dommage à

l’hémisphère gauche, le patient obtient de faibles résultats sur les tests mettant l’emphase sur les habiletés verbales. De plus, les patients avec un dommage cérébral à l’hémisphère droit ont des résultats très inférieurs sur les tests impliquant la manipulation de figures géométriques,

l’assemblage de casse-tête et sur plusieurs autres tâches impliquant la forme, la distance et les relations spatiales. Le fait le plus frappant pour vérifier les fonctions spécialisées de

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profonds au niveau de Γ orientation et de Γ attention. Malgré la démonstration claire au 19eme siècle de différences significatives entre les différentes fonctions des deux hémisphères, il a fallu attendre au 20eme siècle pour que cela soit accepté.

Selon Benson (1985), chaque hémisphère semble relié à des fonctions différentes mais complémentaires. Un hémisphère pourrait suffire à sauvegarder la vie mentale d’une personne. Toutefois, les deux hémisphères peuvent montrer des réponses très différentes face à un même stimulus. La conception de dominance hémisphérique a donc évolué au cours du temps. Il a d’abord été question de deux hémisphères, l’un majeur et dominant et l’autre mineur. Ensuite, la conception a évolué au 20eme siècle vers un modèle bi-hémisphérique, où les deux coopèrent par des rôles différents mais complémentaires. Il ne s’agit pas de deux systèmes indépendants, mais plutôt d’un système intégré (Vanden-Abeele, 1980). Les deux hémisphères sont donc

interdépendants. Selon Marieb (1993), chaque hémisphère communique ensemble par le corps calleux et chacun exerce une influence sur l’autre. C’est le corps calleux qui permet d’unifier !’information traitée différemment dans chaque hémisphère. Ainsi les hémisphères agissent ensemble, chacun utilisant ses capacités propres. Ils se révèlent donc capables de traiter différemment !’information selon les exigences de la situation. L’individu pourrait utiliser une stratégie plutôt qu’une autre et ainsi privilégier l’activité d’un hémisphère (Hécaen, 1981).

Latéralisation manuelle et latéralisation cérébrale. Depuis fort longtemps, il est connu que les fonctions du langage sont principalement localisées dans l’hémisphère gauche des droitiers normaux. Les premières notions sur la latéralisation cérébrale reconnaissaient une connexion entre les fonctions linguistiques et la prévalence manuelle (Coren et Porac, 1981). En 1861, Broca a considéré la relation entre manualité et langage. Il a suggéré que le langage et la dextérité manuelle soit attribuable à la supériorité de l’hémisphère gauche chez les droitiers. La règle de Broca est que l’hémisphère contrôlant le langage est du côté opposé à la main préférée. La règle est bien appuyée par la relation entre un dommage à l’hémisphère gauche et l’aphasie chez les droitiers. Selon Broca, il y a deux variétés de gauchers. Ceux avec le langage situé dans l’hémisphère opposé à leur main préférée et ceux avec le langage situé dans l’hémisphère

gauche. L’existence de ce dernier groupe fut découvert à travers les observations de patients gauchers manuels devenus aphasiques suite à un dommage à l’hémisphère gauche. Ces patients

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démontrent souvent une aphasie croisée, ce qui montre que les gauchers ne sont pas nécessairement la conversion simple des droitiers manuels (Springer et Deutsch, 1998).

Il y a une tendance chez les humains à avoir une latéralisation du langage dans

l’hémisphère gauche et ainsi à développer une préférence manuelle droite. Plusieurs gauchers et droitiers manuels ont une dominance du langage dans l’hémisphère gauche et une dominance de l’hémisphère droit pour les habiletés visuo-spatiales. Toutefois, ce ne sont pas tous les humains qui sont prédominants de la droite (Curtis, 1985). Un bon nombre d’études ont rapporté

plusieurs types de dominance anormale. Il est évident, en fait, qu’une fonction cognitive représentée chez un individu peut varier en ce qui concerne son degré de latéralisation qui peut être unilatéral (hémisphère gauche ou hémisphère droit) ou bilatéral (les deux hémisphères). Une latéralisation cérébrale inversée représente un profil inhabituel d’une dominance anormale, dans lequel toutes les fonctions cognitives associées à l’hémisphère gauche se retrouvent dans l’hémisphère droit et vice-versa (Padovani et al., 1992). Les gauchers furent longtemps associés à une organisation neurale inverse, où l’hémisphère dominant du langage est le droit (Coren et Porac, 1981). Par exemple, les scientifiques croyaient que l’aphasie chez les gauchers était causée par un dommage hémisphérique gauche. Plus récemment, il fut découvert que certaines habiletés musicales et spatiales sont localisées dans l’hémisphère droit des droitiers. Satz (1980), à la suite d’études sur des personnes ayant eu une lésion cérébrale, en est arrivé à la conclusion que le langage serait bilatéralement représenté, et l’aphasie serait plus souvent due à un

dommage cérébral unilatéral chez les gauchers que chez les droitiers. Rasmussen et Milner (1977), ont réalisé une vaste étude portant sur la relation entre la manualité et !’organisation cérébrale. Ils ont utilisé le tests de sodium amytal de Juhn Wada qui consiste à anesthésier un des deux hémisphères pour déterminer quel côté du cerveau contrôle normalement l’habileté du langage. Les résultats ont démontré que 95% des droitiers manuels (sans aucune histoire de dommage cérébral), ont la parole et le langage localisés dans l’hémisphère gauche. Le dernier 5% des droitiers ont montré une localisation du langage dans l’hémisphère droit. La majorité des gauchers manuels (70%) montrent également une localisation du langage dans l’hémisphère gauche. Du dernier 30%, 15% des gauchers ont montré une dominance du langage dans l’hémisphère droit et 15% ont montré une localisation du langage dans les deux hémisphères. Des études récentes utilisant la technique du sodium amytal ont toutefois suggéré que l’incidence

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d’une pure localisation hémisphérique droite du langage est actuellement beaucoup plus faible que celle précédemment rapportée chez les patients n’ayant aucun dommage cérébral. D’autres études ont rapporté une latéralisation du langage moins claire chez les gauchers. Des données cliniques ont révélé qu’une portion de gauchers ont une représentation du langage dans les deux hémisphères et qu’une lésion à l’un ou l’autre suffit à rendre la personne aphasique (Goodlass,

1947 ; Milner, Branch & Rasmussen, 1964 ; Penfield & Roberts, 1959 ; Russell & Espir, 1961). Cela suggère une plus grande bilatéralité hémisphérique chez les gauchers. Cela laisse croire qu’une représentation du langage dans l’hémisphère droit est, en réalité, une représentation bilatérale du langage dans plusieurs cas (Springer et Deutsch, 1998). Il semble également que les fonctions cognitives seraient moins latéralisées chez le gaucher et que celui-ci ait davantage une bilatéralisation du langage (Curtis, 1985). Bien que la relation entre les fonctions

linguistiques et la prévalence manuelle soit faible, il semble que les individus ayant une latéralisation du langage du même côté que leur main dominante soient moins bien latéralisés que ceux où les deux sont opposés (Bryden, 1982 ; Curtiss, 1985). La manualité serait toutefois en lien avec la localisation des fonctions hémisphériques cérébrales et ce serait la magnitude de la connexion qui dicterait la force de la préférence manuelle (Ida, 1998). Selon Guiard (1985), il est difficile de relier la notion de spécialisation hémisphérique à celle de prévalence manuelle. Il est difficile aujourd’hui de concilier ces deux notions, non parce qu’elles sont inconciliables, mais parce qu’elles ont été élaborées à partir de discours non-communicants. Les chercheurs ont plutôt contribué à créer un fossé entre une littérature sur la spécialisation hémisphérique et la prévalence manuelle.

Latéralité manuelle

Développement d’une préférence manuelle. Les positions théoriques sur le développement de la manualité sont plutôt changeantes. Certains chercheurs croient à la

présence de la manualité dès la naissance et d’autres croient le contraire. Cela a amené plusieurs investigateurs à étudier le processus de maturation de la prévalence manuelle. Certains croient que !’utilisation préférentielle d’une main peut être observable dès le jeune âge (Caplan & Kinsboume, 1976 ; Petrie & Peters, 1982). D’autres études longitudinales ont suggéré qu’une préférence constante pour la main droite ne devrait pas changer après 4 ou 5 ans (Fennel, Satz &

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Morris, 1983 ; Gesell & Annett, 1947). Selon Gesell et al (1940), la préférence manuelle est un modèle qui se formé au fil des années. D’autres investigateurs croient que l’incidence de !’établissement de la prévalence manuelle droite pourrait augmenter tout au cours de la vie (Fleminger, Dalton & Standage, 1977 ; Porac, Coren & Duncan, 1980). D’autres n’ont trouvé aucune augmentation de la prévalence manuelle droite avec l’âge chez des enfants d’âge préscolaire (Annett, 1970 ; Lyle & Johnson, 1976).

Certaines indications génétiques peuvent faire croire que la prévalence manuelle est présente à la naissance. Il y aurait des précurseurs clairs de la manualité tels que l’orientation de la tête, la position du cou et position du foetus avant la naissance (Annett, 1978, 1973 ; Cartera- Saltzman, 1980). La théorie génétique est encore utilisée pour expliquer le développement de la prévalence manuelle. Les généticiens considèrent que la manualité est un trait relativement simple. Cela présume qu’être droitier serait une entité différente d’être gaucher et que les deux manifestations phénotypiques sont mutuellement exclusives. La faible incidence de la

sénestralité a conduit les généticiens à postuler que la manualité est héritée et transmise par gènes dans une relation dominante-récessive, où la prévalence manuelle est le trait récessif (Coren et Porac, 1981). Également, !’environnement social et culturel peut jouer un rôle dans !’établissement de la préférence manuelle. La manualité en étant vue comme un processus d’apprentissage peut être influencée par des pressions environnementales. En effet, l’individu gaucher a souvent eu dans le passé à se conformer et à devenir droitier. Même si les mœurs ont changé, l’individu a quand même aujourd’hui à s’adapter dans un monde fait exclusivement pour les droitiers. Cela peut influencer le degré d’utilisation de chaque main chez le gaucher (Coren et Porac, 1981).

Les asymétries motrices. L’être humain possède de nombreuses asymétries dont les asymétries des membres (pieds et mains) et les asymétries sensorielles (oreille et œil). Les membres sont les organes effecteurs majeurs car ils accomplissent la majorité des actions que réalisent l’homme en lien avec son environnement physique (Porac et Coren, 1981). De toutes les

latéralités humaines, la manualité est la plus étudiée. La manualité se définit comme !’utilisation préférentielle ou différentielle d’une main dans les situations où l’action d’une main est requise. Plusieurs activités quotidiennes requièrent l’action d’une seule main et habituellement, la même

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main sera choisie. Il est rare de voir une personne qui écrit de la main droite et de la main gauche avec la même facilité. La prévalence manuelle peut prédire le côté préféré dans les trois autres latéralités humaines, pódale, auditive et visuelle (Coren & Porac, 1992). Selon Saudino et McManus (1998), sur les 90% des droitiers manuels qui constituent la population, 80% ont une dominance pódale droite, 70% ont une dominance pour l’œil droit et 60% ont une

dominance pour l’oreille droite.

Pour plusieurs théoriciens, le fait qu’un individu utilise davantage une main plutôt qu’une autre découle du fait qu’une partie du corps est plus négligée. Ils croient que le mode le plus naturel de coordination est l’ambidextralité, mais que l’homme s’habitue à en utiliser une plus que l’autre. Lorsqu’il est question d’une action unimanuelle, la personne choisit la main avec laquelle elle se sent le plus à l’aise pour effectuer l’action. La littérature en arrive toujours sensiblement à un pourcentage semblable concernant la répartition des gauchers et des droitiers dans la population. Selon les différents auteurs, il y aurait entre 80 et 90% de droitiers (Coren & Porac, 1981 ; Gilbert & Wisocki, 1992 ; Saudino & McManus, 1998) et entre 10% et 15% de gauchers (Annett, 1970; Bryden, 1982 ; Gilbert & Wisocki, 1992 ; Hécaen, 1981). De plus, la majeure partie des gens démontrant une préférence manuelle mixte se retrouverait parmi les gauchers. Cela peut être dû au fait que les gauchers doivent apprendre à vivre dans un monde fait exclusivement pour des droitiers (Bryden, 1982). Pour détecter les différences

physiologiques et psychologiques entre les droitiers et les gauchers, le chercheur doit d’abord déterminer qui est gaucher et qui est droitier. Les gens croient souvent que pour se définir, il faut se fier à la main utilisée pour écrire. Ce n’est toutefois pas la meilleure façon, car pour plusieurs personnes, cette information ne révèle pas leur vraie préférence manuelle. Plusieurs chercheurs ont suggéré l’existence de plusieurs types de manualité. Certains types apparaissent constants et stables tandis que d’autres sont faibles, instables et difficiles à préciser (Coren & Porac, 1992).

Bryden (1982) a suggéré quatre groupes d’actions manuelles. Le premier implique les actions qui requièrent certaines habiletés telles qu’utiliser un marteau ou frapper avec une raquette de tennis. Le second concerne les actions où les deux mains peuvent effectuer la tâche également, car il n’y a aucun coût à utiliser la main non-préférée et aucun avantage à utiliser la main préférée (tenir une feuille). Le troisième groupe concerne les actions en puissance où la

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personne choisit la main qu’elle considère la plus forte pour commencer et change lorsqu’elle est fatiguée (tenir une valise). Le quatrième groupe concerne les actions bimanuelles qui impliquent l’action simultanée des deux mains comme la manipulation d’un bâton de baseball.

Bien qu’à première vue le fait de mesurer la manualité semble simple, ce n’est pas tout à fait le cas. Il semble que souvent les gens évaluent mal leur préférence manuelle. En 1962, Benton et al., rapportaient que 43% des gauchers se déclarant comme gauchers, obtenaient de meilleurs résultats de la main droite à une tâche de précision. Satz et al. (1967) ont évalué des gauchers et droitiers à travers plusieurs activités communes. Les résultats ont démontré que 7% des gens ont obtenu de meilleurs résultats dans la majorité des tâches avec leur main non

préférée. Plusieurs chercheurs furent longtemps insatisfaits de la classification des individus en deux catégories : gauchers et droitiers. Ils ont essayé de développer des mesures plus

systématiques et quantitatives de la manualité. Ces études visaient deux choses : la mesure de la préférence manuelle et la mesure relative de la performance manuelle. Les mesures les plus anciennes de la manualité consistaient à exposer au sujet une liste de tâches quotidiennes à laquelle il devait répondre gauche ou droite. D’autres chercheurs ont reconnu la présence de degrés différents dans la manualité et ont construit des questionnaires visant à mesurer ce fait (Bryden, 1982). Annett (1970), a construit un questionnaire visant à demander aux gens quelle main ils utilisent habituellement dans différentes activités (gauche, droite ou les deux). Celle-ci croit que l’ambidextralité est sous-estimée dans la population. Pour être qualifié de gaucher ou droitier, les gens doivent répondre la même chose aux douze questions de son questionnaire. Le Crovitz-Zener (1962) offre aux sujets six choix de réponses pour chacune des questions soient : toujours utiliser la main droite, habituellement utiliser la main droite, utiliser les deux mains également, toujours utiliser la main gauche, utiliser habituellement la main gauche et je ne sais pas. Ce test comprend quatorze items et les scores varient de 14 (très droitier) à 70 (très gaucher) (Bryden, 1982). Le test le plus utilisé et le plus développé pour évaluer la préférence manuelle est l’inventaire d’Edinburgh, crée par Oldfield en 1971. Ce test comprend une liste de 20 items avec deux colonnes, marquées gauche et droite. Le sujet doit indiquer la main utilisée et son degré d’utilisation (++ s’il utilise toujours la même main, + s’il utilise habituellement la même main et un plus dans chaque colonne si les deux mains sont utilisées également). Les gens sont ensuite regroupés selon qu’ils sont très droitiers ou très gauchers. Bryden (1982) a proposé

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un questionnaire simplifié de la préférence manuelle où il identifie cinq items clairement pertinents pour évaluer la préférence manuelle. Ces items sont écrire, dessiner, utiliser une brosse à dents, lancer une balle et utiliser des ciseaux. La main pour lancer est l’un des meilleurs indicateurs de la préférence manuelle (Annette, 1970 ; Peters, 1996). Certaines études ont choisi cet indicateur pour établir la préférence manuelle des gens (Aggleton & Wood, 1989 ; Grondin et al., 1999 ; McLean & Ciurczak, 1982).

Plusieurs études ont tenté de voir si la main préférée est la plus performante dans les activités impliquant des mouvements moteurs fins, de la vitesse et de la précision. Annett, Annett, Hudson et Turner (1979), ont évalué la performance de chaque main dans une tâche de déplacement de chevilles. Ils ont rapporté que la main préférée est plus susceptible d’effectuer la tâche demandée en moins de temps que la main non préférée. Lors de cette expérience, la main préférée a atteint la cible dans 71% du temps alloué alors que la main non préférée l’a atteint seulement dans 60% du temps. Cela n’implique pas une rapidité plus grande pour la main préférée, mais plutôt une meilleure précision. La différence se situerait dans la planification de la tâche. Plus la tâche demande une grande habileté ou s’avère difficile à réaliser, plus l’écart est grand entre les deux mains (Annett, 1977). Une étude fut réalisée par Peters et Ivanoff (1999), concernant le niveau de précision des gauchers et des droitiers lors de la manipulation d’une souris d’ordinateur. Les 73 participants étaient comparés sur quatre mesures de performance soient : le temps de réaction, le temps utilisé pour rejoindre la cible, le temps utilisé pour cliquer sur la cible et la trajectoire du curseur. Les participants devaient effectuer ces quatre mesures lorsque la souris était à gauche et lorsque la souris était à droite, qu’ils soient gauchers ou droitiers manuels. Les résultats montrent une interaction entre la préférence manuelle et la performance de la main et suggèrent une supériorité de la main droite pour manipuler la souris à droite et une supériorité de la main gauche pour manipuler la souris à gauche. De plus, il fut démontré que les gauchers s’adaptent très bien à une tâche requérant !’utilisation de leur main non préférée. Cela peut s’expliquer du fait que la souris se retrouve à droite sur la majorité des ordinateurs. Le gaucher est ainsi plus amené à utiliser sa main droite.

Borod, Caron & Koff (1984), ont comparé des individus gauchers et droitiers en leur administrant des mesures de performance et de préférence manuelle. Les mesures de

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performance n’ont pas permis de trouver des patterns de latéralisation différents chez les gauchers. Par contre, les mesures de préférence ont démontré une latéralisation moins grande chez les gauchers qui sont plus dispersés et moins constants. Ils ont conclu que le type de questionnaire utilisé peut amener la découverte de plusieurs groupes de prévalence manuelle. La préférence manuelle et la performance manuelle semblent varier en fonction du questionnaire utilisé et du type de tâche à effectuer. La préférence réfère à la main choisie alors que la performance réfère à la main la plus compétente pour réaliser l’action. Une main peut être

choisie, mais elle n’est peut être pas la plus compétente des deux. Souvent, les gens ont tendance à voir l’agilité, la force et la préférence comme des indicateurs de la main dominante.

Cependant, il serait possible que ces différences soient dues à des aspects séparés du

comportement qui sont peut-être contrôlés par différents mécanismes cérébraux (Coren & Porac, 1981).

Peters et Servos (1989), ont évalué 53 gauchers ayant une préférence manuelle gauche constante, 65 gauchers ayant une préférence manuelle inconstantes et 57 droitiers. Les sujets furent soumis à des tests de performance unimanuels et bimanuels impliquant habileté, vitesse et force ainsi que des tests de vitesse articulatoire et de facilité verbale. Ponton (1987) a qualifié de gauchers constants, ceux qui utilisent la main gauche pour sept des huit items de préférence manuelle et d’inconstants ceux qui utilisent la main gauche pour deux à six items sur huit. Contrairement à ce qui avait été démontré dans la littérature, les gauchers constants et les gauchers inconstants ont montré des performances remarquablement similaires. Cela est en contradiction avec Ponton (1987) qui rapportait une performance individuelle moins importante chez les individus droitiers et gauchers forts que ceux ayant une préférence plus faible. Par contre, dans quelques tests, les deux types de gauchers démontraient des asymétries dans des directions opposées (Peters & Servos, 1989).

Barnsley et Rabinovitch (1970) ont administré une batterie de tests différents reliés à la performance (tests de dextérité manuelle, tests de précision, tests d’orientation, tests de temps de réaction...) à un échantillon de 50 hommes et 50 femmes. Ils ont conclu que la prévalence manuelle est caractérisée, en général, par la performance supérieure de la main préférée, excepté à certains tests comme le temps de réaction et la vitesse du mouvement du bras. Annett (1976)

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en utilisant une tâche de déplacement de chevilles a rapporté une corrélation étroite entre la préférence et les habiletés. Todor et Deane (1977) ont évalué des sujets sur une tâche de tapement où ils devaient taper sur deux cibles adjacentes le plus rapidement possible. La difficulté de la tâche était manipulée en altérant la grandeur des cibles et la séparation existant entre elles. Ils ont découvert des corrélations entre la difficulté de la tâche et la préférence manuelle. Plus la difficulté augmente et plus les corrélations diminuent.

Autres latéralités. Chaque personne possède deux yeux qu’il utilise régulièrement dans ses activités quotidiennes. Toutefois, dans certaines situations où il ne doit utiliser qu’un seul œil, la personne devra en choisir un plutôt qu’un autre. Coren et Kaplan (1973) ont vérifié

!’interrelation d’une variété de mesures sur la dominance visuelle en utilisant une analyse fonctionnelle. Ils ont conclu qu’il y avait trois types de dominance oculaire : la dominance visuelle, la dominance au niveau de l’acuité visuelle et la dominance sensorielle. Des trois, c’est la dominance visuelle qui est la plus mesurée pour évaluer la latéralisation. Coren et Porac (1976) ont estimé à 67% le taux de personne ayant une dominance visuelle de l’œil droit. Une étude réalisée auprès de 1000 universitaires a permis de voir que la dominance de l’œil droit est plus prévalente chez les droitiers manuels (70%) que chez les gauchers manuels (50%) (Coren et Porac, 1975). De plus, il semble que l’action des yeux et des mains soit coordonnée pour réaliser une tâche. Dans le sport, par exemple, il existe des différences entre une personne qui a sa main dominante et son œil dominant du même côté qu’une personne où les deux sont inversés (Coren & Porac, 1992).

La prévalence auditive est peut-être la moins connue des quatre latéralités. Les deux oreilles peuvent se différencier au niveau de l’intensité du son et du temps d’arrivée du stimulus. Il semble également que la main et l’oreille soient reliées. Par exemple, c’est la main préférée qui porte l’acoustique du téléphone à l’oreille préférée. Selon Coren et Porac (1981), la

préférence auditive serait reliée aux asymétries posturales, ce qui explique !’interaction entre le transport corporel et l’orientation auditive. La tâche d’écoute dichotique est la plus utilisée et la plus connue pour évaluer la préférence auditive. Cette tâche consiste à présenter au sujet deux signaux différents en même temps à chaque oreille, le sujet doit ensuite identifier certaines choses. Kimura (1967) a beaucoup travaillé sur l’écoute dichotique. Selon elle, les effets de la

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latéralité dans une tâche d’écoute dichotique dépendent de l’asymétrie des voies auditives

ascendantes. Elle a découvert que les adultes normaux étaient plus précis dans !’identification de matériel verbal présenté à l’oreille droite que celui présenté à l’oreille gauche. Kimura (1961) a aussi démontré une relation directe entre la direction de l’oreille préférée et la latéralisation du langage en utilisant un test de sodium amytal.

Les pieds occupent une place importante dans l’activité humaine, car ils supportent la personne et lui donne une certaine posture. Sans ceux-ci, une multitude d’activités seraient irréalisables. Malgré ce fait, la prévalence pódale fut un phénomène longtemps négligé.

Saudino et McMatius (1998) estiment que 80% des adultes préfèrent utiliser leur pied droit. De plus, Gentry et Gabbard (1994) estiment que de 3 à 11 ans, 30% des jeunes utilisent les deux pieds également, mais cela diminue avec l’âge où il y a une augmentation de !’utilisation du pied droit et une diminution de !’utilisation des deux pieds. D’un point de vue pratique, toutes les structures des extrémités inférieures sont en interaction directe avec plusieurs comportements tels le sport, la musique, la danse et l’opération de machines (Peters, 1988). Également, dans

plusieurs activités, le rôle des pieds est déterminé par le rôle des mains pour assurer une posture et une position adéquate. Par exemple, lors de la conduite automobile, les mains vont tenir le volant, tandis que les pieds vont contrôler les pédales. Également, chaque pied semble assigné à un rôle différent mais complémentaire pour réaliser l’action. Par exemple, lorsqu’une personne botte un ballon, un des deux pieds effectue l’action de botter et l’autre supporte le reste du corps. La littérature suggère que plusieurs personnes utilisent leur pied droit pour réaliser l’action mais se servent de leur côté gauche pour s’assurer un contrôle postural (Gabbard & Iteya, 1996 ; Previc, 1991). Hart et Gabbard (1997) ont découvert que plusieurs droitiers utilisent leur pied gauche pour se stabiliser dans un contexte bilatéral. Selon Peters (1988) le pied qui mobilise l’action est le préféré et celui qui supporte est le non préféré. En résumé, l’action des membres inférieurs se résume à trois comportements alternatifs : la stabilité (contrôle postural), la mobilité (action motrice/flexion) et la stabilité/mobilité dans un contexte bilatéral (Hart et Gabbard,

1996).

Actions bimanuelles. La grande variété d’activités humaines peut se regrouper en trois

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rôle différent) et les activités bimanuelles symétriques (les deux mains jouent le même rôle). Il y a deux catégories de choix de force. Dans certains contextes, il n’y a qu’une main qui est

mobilisée dans l’action tandis que dans d’autres situations, les deux mains sont impliquées par des rôles distincts mais complémentaires. Par exemple, il est probable qu’un guitariste droitier grattera les cordes de son instrument de la main droite et produira les accords de la main gauche (Guiard, 1989). Il existe certaines régularités intéressantes concernant la manière avec laquelle chaque main coopère avec l’autre. Selon Guiard (1987), trois principes tendent à expliquer cela. D’abord, le principe de référence spatiale où la main non-dominante assurerait un rôle de

positionnement à partir duquel agirait la main dominante. Dans une action impliquant la saisie d’un long instrument, le droitier affecterait sa main gauche au contrôle postural et sa main droite à un rôle cinétique (Guiard, 1985). Dans le cas du golf, la personne doit frapper la balle avec un long instrument et utiliser ses deux mains. Dans cet exemple, l’action de la main droite au golf consiste à contrôler le mouvement rotatoire en référence à la position angulaire contrôlée par la main gauche placée en bout de manche (Guiard, 1987). Selon un deuxième principe, la main dominante est la composante micrométrique (mouvement de petite amplitude) qui demande le plus d’habiletés et qui est impliquée dans les mouvements spatiaux et temporels fins. La main non-dominante est la composante macrométrique (mouvement de grande amplitude). Le

troisième principe stipule que l’action de la main gauche (chez le droitier) précéderait celle de la main droite dans une action bimanuelle. La gauche assurerait d’abord une posture stable pour que la droite puisse organiser son action. Chaque main est un moteur et est impliqué dans l’action. Ces moteurs forment une chaîne cinétique comme s’ils étaient assemblés en série. Le bras est un bon exemple de la chaîne cinétique. La musculature du bras agit sur les jointures du

coude pour définir la position angulaire de l’avant-bras et la position du poignet. Ainsi, lors d’une action bimanuelle réalisée par un droitier manuel, la main gauche est définie comme la référence spatiale qui agit en relation avec la main droite qui, elle, organise sa propre

contribution motrice (Guiard, 1987).

Il existe divers types de tâches bimanuelles telles que jouer d’un instrument de musique ou encore saisir un instrument à manche. Guiard (1985) a proposé quelques hypothèses de contraste pour différencier les activités motrices des deux mains (Figure 1). La première catégorie, statique vs dynamique, implique la manipulation d’instruments à cordes où les deux

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mains doivent réaliser une action très complexe. Les deux jouent toutefois un rôle très différent. L’une, la droite chez le droitier, exerce la mobilité (pincements, frottements) tandis que la gauche réfère à une certaine stabilité, malgré qu’elle doit effectuer des déplacements sur le manche. Il apparaît également un contraste tonique/phasique, car lorsqu’une personne utilise une guitare, la main gauche tend à se définir une position spatiale et la main droite met en vibration les cordes en vue d’effectuer une accélération initiale. Quant au violon, les mouvements de l’archet impliquent plus qu’une impulsion initiale, mais de garder une certaine fréquence temporelle (Guiard, 1985). La catégorie, postural vs cinétique, implique la saisie bimanuelle d’instruments à manche tels bâtons de baseball, de golf et de hockey. Lors de telles activités, une des deux mains est plus impliquée dans un rôle postural tandis que l’autre dans un rôle cinétique. Le droitier affectera sa main droite à un rôle cinétique. La façon de disposer les mains sur le manche contribue à affecter chaque main à un rôle spécifique (Guiard, 1985).

Différences selon l’âge. Il semble que la répartition de la manualité varie considérablement selon l’âge. Une diminution avec l’âge de la proportion de gauchers dans la population normale a été reportée par plusieurs chercheurs (Beukelaar & al., 1986; Brito & al., 1985; Lansky & al.,

1988; Plato & al., 1984). Deux idées principales se dégagent pour rendre compte de ce phénomène ; la modification et l’élimination (Coren & Halpem, 1991). La plus importante, la modification rend compte d’une récente et graduelle suppression des sanctions sociales contre les gauchers, spécialement en ce qui a trait aux comportements d’écrire et de manger. L’élimination rend compte du fait que les gauchers souffrent d’un taux de mortalité plus élevé. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer cela comme la hausse d’accidents fatals, les neuropathologies cachées et les dysfonctions du système immunitaire (Brito & al., 1985; Geshwind & Behänd, 1982; Geshwind & Galaburda, 1987 ; Halpem & Coren, 1991).

Gilbert et Wisocki (1992) ont réalisé une étude sur l’âge et la préférence manuelle auprès de 1 777 507 américains, qui devaient répondre à des questions concernant leur âge, leur sexe, leur lieu de résidence, leur appartenance ethnique, la main utilisée pour écrire et la main utilisée pour lancer. Quatre grands phénotypes furent dégagés des réponses : écrire de la droite - lancer de la droite, écrire de la droite - lancer de la gauche, écrire de la gauche - lancer de la gauche et écrire de la gauche - lancer de la droite. Parmi la population soumise au test, 88,9% des

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répondants sont droitiers pour écrire et lancer et 11,1% montre Γévidence d’une préférence manuelle gauche ou mixte. Également, ils ont découvert davantage de gauchers (12,6%) chez les hommes que chez les femmes (9,9%). Pour les deux sexes, la sénestralité est plus prévalente à de jeunes âges (14% pour les garçons et 12% pour les filles) et moins prévalente chez les aînés (6% pour les deux sexes). La population gauchère se compose de trois phénotypes qui diffèrent en terme de prévalence (6,5% écrivent de la gauche et lancent de la gauche, 3% écrivent de la gauche et lancent de la droite et 1,6% écrivent de la droite et lancent de la gauche). Quand la population gauchère est examinée séparément, les effets reliés à l’âge sont évidents. Le groupe qui écrit de la gauche et lance de la droite se compose 4-5% de jeunes et de 1% de personnes âgées de plus de 70 ans. Les groupe qui écrit de la droite et lance de la gauche comprend 2% des jeunes et il augmente avec l’âge, ce qui en fait le phénotype le plus commun après 70 ans. De 10 à 50 ans, la prévalence d’hommes qui écrivent de la gauche et lancent de la gauche est stable à 8- 9% et la prévalence de femmes est de 6-7%. De 50 à 80 ans, ce même phénotype décline à 2% pour les deux sexes. Cela indique un déclin plus grand avec l’âge chez les hommes que chez les femmes (Gilbert & Wisocki, 1992). Cela peut s’expliquer du fait que les femmes aient moins transgressé la norme culturelle ou encore souffrent moins de gaucherie pathologique (Beaton,

1985).

Sports et latéralité. Les activités sportives peuvent impliquer deux types d’action manuelle, les actions unimanuelles et bimanuelles. L’action unimanuelle demande !’utilisation d’une main, tandis que l’action bimanuelle implique les deux mains dans l’action. Cette disposition permet de déterminer la préférence latérale d’une personne selon qu’elle est droitière, gauchère ou ambidextre. Une personne droitière, par exemple peut choisir de frapper du côté gauche ou du côté droit au baseball, selon sa propre préférence (Coren et Porac, 1981). Dans le sport, il semble que le choix d’un côté plutôt qu’un autre et que certaines combinaisons latérales soient synonymes d’habiletés. Coren et Porac (1992) ont mesuré la prévalence manuelle, pódale, visuelle et auditive de 2611 individus actifs dans 15 catégories de sports (baseball, basket-ball, football, soccer, hockey sur glace, hockey sur gazon, volley-ball, boxe, patinage artistique, gymnastique, natation, tir à la carabine et tir à l’arc). Pour le baseball, par exemple, toutes positions confondues, exceptée lanceur, le pourcentage de gauchers s’élève à 14%. Cependant, de 1975 à 1992, le nombre de lanceurs gauchers dans les ligues majeures s’est chiffré à 962 soit

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un pourcentage de 26%. Ils n’ont toutefois trouvé aucune différence au niveau des habiletés de chacun. Les joueurs droitiers et gauchers semblent être égaux en ce qui a trait aux habiletés, peu importe leur position. Ils ont toutefois trouvé un avantage d’être gaucher à la boxe et en escrime, où le gaucher peut profiter de sa posture différente. De plus, dans certains sports où !’utilisation des deux mains est requise, le fait d’être ambidextre peut constituer un atout important. Au basket-ball, par exemple, le joueur doit savoir dribbler des deux mains efficacement et capter les passes des deux mains. Au hockey, pour manipuler le bâton, la coordination des deux mains est nécessaire. La situation est inverse pour les sports de raquette. Ces sports requièrent seulement une main pour guider l’action et mettre de la puissance (excepté pour le revers à deux mains au tennis).

Les gauchers sont souvent sur-représentés dans l’élite sportive de certaines disciplines (Annett, 1985 ; Azémar & al., 1983 ; Coren & Porac, 1992 ; Guiard, 1982 ; McLean et Ciurzak,

1982). Aggleton et Wood (1989) parle d’une supériorité pour les habiletés spatio-motrices chez les gauchers. Tandis que le pourcentage de gauchers se situe entre 10 et 15% dans la

population normale (Annett, 1970 ; Bryden, 1982 ; Gilbert & Wisocki, 1992 ; Hécaen, 1981), il semble que ce pourcentage soit plus élevé parmi les champions titrés. Par exemple, en 1980, les huit quarts de finalistes aux jeux olympiques de Moscou en Fleuret étaient gauchers (Azémar et Ripoll, 1981). De plus, au tennis la même année, cinq gauchers figuraient parmi les vingt meilleurs joueurs mondiaux. Cette sur-représentation de gauchers dans l’élite sportive peut s’expliquer de différentes façons. En premier lieu, le simple fait que le gaucher mobilise son hémisphère droit au lieu du gauche dans l’action sensori-motrice confère un avantage;

l’hémisphère droit a toute chance d’être chez ce type de gauchers, l’hémisphère spécialisé dans le traitement instantané des structures spatiales complexes. Cette spécialisation peut être particulièrement adaptée aux exigences de la compétition sportive, notamment dans les

disciplines d’opposition (boxe, escrime... ). Dans cette perspective, le gaucher pourrait avoir un avantage dans !’interprétation immédiate des configurations visuelles. En second lieu, il est possible de considérer un meilleur partage hémisphérique des tâches chez le gaucher, à la différence d’un droitier, qui utiliserait son hémisphère gauche pour contrôler, à la fois, l’action motrice et l’activité verbale qui accompagne et guide cette action. Le gaucher utiliserait ses deux hémisphères en parallèle : le droit pour le contrôle de l’activité sensori-motrice et le

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la verbalisation (Guiará, 1982). Cette hypothèse revient à postuler que le gaucher ayant une spécialisation hémisphérique gauche pour le langage, a une capacité totale de traitement

supérieure, parce que la charge d’informations serait plus équitablement répartie entre les deux hémisphères (Guiará & Requin, 1977). Finalement, le degré de latéralisation pourrait expliquer la sur-représentation de gauchers dans l’élite sportive car les gauchers en moyenne sont moins nettement latéralisés que les droitiers (Bryden, 1982 ; Coren & Porac, 1981 ; Curtis, 1985; Guiará, 1982). Ceci signifie que leur organisation cérébrale est moins bien définie.

L’activité sportive ne dépend pas seulement de l’action d’une ou des deux mains. La posture et le mouvement sont des composantes du mouvement très importantes. En fait, la façon d’exécuter le mouvement est cruciale dans l’accomplissement de l’action. Le mouvement est, en partie, influencé par la disposition des mains sur le manche, mais aussi par la torsion du dos, des épaules et par la posture des jambes. Donc, le mouvement est un tout. Puisqu’il est question de latéralité manuelle, il est important de voir comment cet aspect du mouvement peut influencer à lui seul, un grand nombre de paramètres. Dechelette et Guiará (1995) ont analysé 3583 coups de joueurs professionnels de tennis à travers 16 matchs, simple homme, du Tournoi Roland Garros en France. Le but de l’étude était de filmer les matchs et d’analyser la posture adoptée selon le coup frappé. Au tennis, la plupart des coups se font avec une main, sauf pour le revers à deux mains qui implique une action bimanuelle. Lors d’un coup droit, les joueurs doivent adopter une posture ouverte qui implique de placer les pieds presque parallèle au filet pour maximiser l’énergie potentielle dans l’ensemble de la musculature du corps durant la préparation du coup. Dans un revers à une main, une position ouverte restreint de beaucoup la position angulaire dans la préparation du coup. Donc, il est attendu, pour ce coup, que les athlètes adoptent une position plus fermée que celle pour le coup droit. Finalement, le revers à deux mains revient à fusionner le coup droit et le revers à une main. Ils ont obtenu des résultats intéressants. Pour le coup droit 90,9% de tous les coups observés ont été effectués dans une position ouverte. Pour le revers à une main, 71,6% de tous les coups observés ont été effectués dans une position fermée. Finalement, pour le revers à deux mains, 53,3% de tous les coups observés ont été effectués dans une position fermée. Donc, les deux postures sont plus fréquentes dans le revers à deux mains. Cette étude démontre bien que la posture adoptée

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influence le coup effectué dans un sport comme le tennis où la façon de produire l’énergie potentielle pour chaque coup est différente.

L’homme est capable d’acquérir une multitude de réponses motrices. Pour cela, il est nécessaire de créer une nouvelle organisation motrice pour chaque nouvelle situation, sans quoi, le comportement devient chaotique. Le système nerveux central doit s’ajuster à ces nouvelles conditions environnementales, pour ainsi poursuivre différents buts à travers de nouveaux programmes moteurs. L’organisation motrice demande toutefois un apprentissage et un processus d’entraînement spécifique afin d’être sauvegardée. En sport, plusieurs mouvements sont nécessaires afin de pouvoir réaliser l’action. D’un point de vue mécanique, le corps humain est un système articulé qui doit, en fonction dé !’environnement externe, générer de l’énergie pour en arriver à une performance. L’efficacité de la performance est déterminée par le travail mécanique des membres, par la masse cinétique et par la force exercée sur le support. Donc, !’organisation motrice intègre deux comportements mécaniques simultanés : un système articulé (mouvement des membres) et un système rigide (environnement extérieur) (Abrantes, 1987). Dans une activité motrice complexe comme le sport, où le niveau optimal de performance est recherché (Coren et Porac, 1992), ces comportements mécaniques deviennent fondamentaux. Par exemple, au baseball, le mouvement sera différent selon qu’un gaucher frappe de la gauche et qu’un gaucher frappe de la droite. Le gaucher manuel qui frappe de la gauche exécute un mouvement coup droit et le gaucher manuel qui frappe de la droite exécute un mouvement de revers (Grondin, Guiard, Ivry & Koren, 1999). Le coup droit implique une rotation externe de l’épaule et de l’avant-bras, tandis que le revers, implique une rotation interne de l’épaule et de l’avant-bras. La position sera différente pour les deux types de coups. Le coup droit favorise une position ouverte, dynamique (Déchellette & Guiard, 1995), où le mouvement du tronc et des pieds additionné à celui des bras (Alexander, 1991 ; Hay, 1985 ; Jöris & al., 1985) permet une plus grande élasticité et une plus grande accumulation d’énergie potentielle (Cavagna, 1977 ; Guiard, 1993 ; Kermadec, 1995). Le revers favorise une posture fermée, ce qui signifie une tension musculaire minimum, une préparation moins longue, un équilibre dynamique neutre et un tronc stationnaire (Déchelette & Guiard, 1995).

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Il est intéressant de se demander comment se répartissent les gauchers dans des sports impliquant des actions bimanuelles. !/organisation du mouvement est très différente pour une action bimanuelle. La disposition des mains sur le manche, la posture, la position des pieds sont toutes des composantes nécessaires du mouvement bimanuel qui est, en soit, plus complexe. Plusieurs sports impliquent ce type d’action. De ceux-ci, il y a le baseball, le golf et le hockey. Qui dit performance sportive, dit pratique et entraînement. Il est plutôt rare de voir une personne exécutant pour la première fois un élan au golf et ayant une technique parfaite. La pratique sert à améliorer le mouvement pour aller chercher la meilleure technique possible. Au baseball, le frappeur doit se placer et exécuter son mouvement tout en prenant bien soin de voir la balle que le lanceur va lui envoyer. Le baseball est un sport d’opposition comparativement au golf qui est individuel. Au baseball, l’adversaire joue un rôle dans la contribution motrice. Le frappeur peut décider de cogner la balle hors de la zone des prises, mais il devra organiser son mouvement pour toucher à la balle. Au golf, la balle est stationnaire et le joueur doit se battre avec sa propre technique.

Aggleton et Wood (1990) se sont questionnés sur les avantages d’être gaucher dans un sport balistique. Pour cela, ils ont vérifié la proportion de gauchers dans quatre sports (snooker, quilles, golf et dards). Ils ont choisi des sports qui suggèrent des habiletés « fermées », c’est-à- dire où il n’y a pas d’adversaire. En 1985 au golf, aucun joueur n’était gaucher parmi les 100 premiers joueurs américains. Ils ont questionné 160 amateurs de golf sur leur préférence manuelle et latérale. Ils ont obtenu un pourcentage de 7,5% de gauchers latéraux et 16,2% de gauchers manuels. Toutefois, ils estiment le pourcentage de gauchers à 5,5% aux États-Unis. Donc, le pourcentage de joueurs qui s’élancent de la gauche au golf peut varier entre 4 et 8%. Ces faibles pourcentages peuvent découler du fait que le pourcentage de bâtons gauchers fabriqués par les manufacturiers se situent entre 3 et 12% en Angleterre et aux États-Unis. Ils ont divisé les 160 golfeurs en deux groupes : moins bons joueurs (ceux ayant un handicap de 10 et plus) et meilleurs joueurs (ceux ayant un handicap de 10 et moins). Un fait intéressant est qu’il y a une proportion plus élevée de gauchers manuels et d’ambidextres parmi les meilleurs joueurs. Le nombre de joueurs qui s’élancent de la gauche est approximativement le même dans

les deux groupes. Toutefois, il y a plus de gauchers qui s’élancent de la droite dans le meilleur groupe. Il semble qu’un gaucher manuel qui s’élance de la droite au golf ait un avantage sur un

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droitier qui s’élance de la droite, car la main en bout de manche contrôle et dirige l’élan (Saunders, 1986). La même chose est vraie pour un droitier qui s’élance de la gauche, cette combinaison est toutefois plus rare à cause de la rareté de l’équipement gaucher, qui devrait toutefois connaître un essor dans les prochaines années. Un bon exemple est qu’au Canada en 2001, le pourcentage de gauchers latéraux au golf est de 20 à 25% (Callaway Golf, 2001). Le pourcentage de gauchers aux Etats-Unis demeurent encore aujourd’hui plus faible que celui obtenu au Canada. Guiard (1987), quant à lui, rapporte que l’on devrait s’attendre dans un sport comme le golf où l’on doit manipuler un long instrument à ce que les droitiers placent leur main gauche au dessus de la main droite et à ce que les gauchers placent leur main droite au dessus de leur main gauche. Selon lui, au golf, les résultats reposent surtout sur la force de l’élan,

contrairement au hockey où la dimension précision est très importante.

Certaines études ont tenté de comparer la performance sportive des joueurs gauchers et droitiers selon leur préférence manuelle. Grondin, Guiard, Ivry & Koren (1999) ont examiné la relation entre la performance et la fonction asymétrique manuelle chez des joueurs évoluant dans la Ligue Majeure de Baseball. Ils ont analysé les statistiques de tous les individus ayant joué dans la Ligue Majeure de Baseball depuis 1871. Ils ont découvert une sur-représentation de gauchers dans les ligues majeures de baseball où 70% des joueurs droitiers frappent

exclusivement de la droite et plus de 90% des joueurs gauchers manuels frappent exclusivement de la gauche. Pour frapper de la gauche, le droitier place sa main dominante en bout de manche et le gaucher place sa main dominante en bout de manche. Ils ont comparé des gauchers et droitiers manuels qui frappent de la gauche au baseball et ont trouvé des différences. Il semble que les gauchers (main non-dominante en bout de manche) frappent plus de coups de circuits et aient une meilleure moyenne de puissance. Les droitiers (main dominante en bout de manche), quant à eux, se feraient moins retirer sur des prises. En terme biomécanique, il serait possible que les gauchers exhibent plus de puissance parce qu’ils adoptent une posture ouverte (forehand) qui génère plus d’énergie potentielle. Dans le même ordre d’idée, McLean et Ciurczak, 1982, ont découvert que les gauchers manuels - gauchers au baseball ont une meilleure moyenne au bâton en carrière que les gauchers manuels - droitiers baseball. Toutefois, ils n’ont trouvé aucune différence entre les droitiers manuels qui frappent de la droite et ceux qui frappent de la gauche au baseball.

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