• Aucun résultat trouvé

Riziculture camarguaise : synthèse des séances d'animation réalisées dans le cadre du projet ORPESA

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Riziculture camarguaise : synthèse des séances d'animation réalisées dans le cadre du projet ORPESA"

Copied!
29
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-02813968

https://hal.inrae.fr/hal-02813968

Submitted on 6 Jun 2020

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires

To cite this version:

Mathieu Bayot, Brigitte Nougaredes, Jean-Claude Mouret, Roy Hammond. Riziculture camarguaise : synthèse des séances d’animation réalisées dans le cadre du projet ORPESA. 2007. �hal-02813968�

(2)

Riziculture

biologique

Synthèse des séances d’animation

réalisées dans le cadre du projet

ORPESA*

Mise au point d’une méthode de formation participative

Mutualisation des connaissances pratiques et théoriques

pour améliorer les techniques de production

S

o

l

fe

rt

il

it

é

e

t

fe

rt

il

is

a

ti

o

n

-

Va

ri

é

s

cu

lt

iv

ée

s

en

riz

ic

ul

tu

re

bio

log

iqu

e

G

e

st

io

n

d

e

s

m

a

u

va

is

e

s

h

e

rb

e

s

-

B

il

an

et

pe

rs

pe

ct

ive

s

(3)

Sommaire

Introduction

Méthode de formation

Séance 1 : Le sol : fertilité et fertilisation

Séance 2 : Les variétés cultivées

en riziculture biologique

Séance 3 : Gestion des mauvaises herbes

Séance 4 : Bilan et perspectives

-Campagne 2007

Conclusion

3

4

5

9

15

23

25

Avant propos

Cette brochure n’est pas un référentiel technique sur la conduite en riziculture bio-logique. Elle doit être appréhendée comme un témoignage des questionnements et des débats qui ont eu lieu entre praticiens et experts au cours de réunions d’échan-ge. Certaines interventions de riziculteurs sont d’ailleurs littéralement retranscrites. Elles apparaissent en italique, en bleu et entre guillemets. Le caractère exploratoire des débats n’a bien évidemment pas permis d’approfondir chaque point, l’objectif étant plutôt de faire un état des lieux des questions que se posent les praticiens. Ce document rend compte des débats techniques, des apports des différents experts ainsi que des «expérimentations» programmées. Il a été rédigé par l’équipe d’animation et validé par l’ensemble des participants.

Les auteurs remercient l’ensemble des participants et des intervenants extérieurs pour leur collaboration et leurs contribution à l’élaboration de cette plaquette.

(4)

Introduction

L’

Unité mixte de recherche Innovation et développement (Inra de Montpellier) s’est investie dans le programme européen de formation professionnel Orpesa qui s’est déroulé sur deux années (2006-2007). L’objectif de ce projet est de développer la riziculture biologique dans les zones écologique-ment sensibles. Pour ce faire, il a été demandé à cinq partenaires européens (France, Espagne, Italie, Portugal, Pays-Bas) de concevoir des méthodes de formation qui puissent accompagner les riziculteurs et les conseillers agricoles dans les démarches de conversion et de production biolo-gique.

Etant donné le développement conséquent de la riziculture biologique en France par rapport aux autres pays partenaires, et vu le déficit de références techniques sur la conduite biologique du riz, nous avons choisi de développer une formation à direction des producteurs fondées sur une métho-de participative. Celle-ci est basée sur la mutualisation métho-des connaissances pratiques, techniques et théoriques au sein d’un groupe constitué de riziculteurs, de techniciens et de personnes-ressources invitées. Pour tester cette méthode, trois réunions thématiques d’une quinzaine de participants ont été organisées. Des entretiens préalables avec les personnes ayant émis le souhait d’assister aux réunions ont permis de définir les questions à traiter en priorité. La fertilisation, les variétés et la ges-tion des mauvaises herbes sont les thèmes qui ont été retenus à la suite de cette consultages-tion. Chaque session est articulée autour d’échanges sur les pratiques des agriculteurs et de contribu-tions d’experts choisis en fonction du sujet traité. Elles ont permis aux participants d’avoir une réflexion sur des problèmes techniques rencontrés et d’identifier les solutions techniques testées par les riziculteurs ou évoquées au cours d’échanges avec d’autres praticiens. Cet inventaire des tech-niques culturales pratiquées ou testées a permis de repérer celles qui font consensus et celles qui sont encore en débat dans le groupe.

Au terme de ces trois séances, une réunion de bilan a été organisée. Les participants ont pu valider les synthèses de chaque session proposées par l’équipe d’animation et discuter des suites à don-ner au projet. Ainsi, certains membres du groupe se sont portés volontaires pour tester de nouvelles techniques durant l’été 2007. Des protocoles de suivi de ces «expérimentations» ont été élaborés conjointement entre les riziculteurs et l’équipe de l’Inra de Montpellier. Ils combinent des observa-tions agronomiques classiques effectuées par l’équipe de l’Inra, des entretiens sur les pratiques avec les riziculteurs concernés et des observations réalisées par ces derniers. Des visites de ces essais ont été organisées en fin de campagne et un bilan de chaque expérimentation avec l’ensemble du groupe est programmé. L’éfficacité du dispositif global et son évolution possible sera egalement dis-cutée.

(5)

Méthode de formation

Les séances de formation professionnelle ont été conçues selon une méthode participati-ve. Ce choix est lié d’une part aux objectifs de la formation et d’autre part au public est des-tinataire. La prise en compte de fondements théoriques sur les formes de connaissances mobilisables pour l’établissement du corpus de savoirs et savoirs-faire à construire a éga-lement été déterminante. En effet, cette formation destinée à des producteurs a pour objec-tif d’inventorier les questions techniques soulevées par les praticiens et de développer une gamme de solutions mobilisables par ces derniers. Cette démarche très pragmatique n’a donc pas pour objectif de produire des connaissances scientifiques sur la production bio-logique mais bien d’élaborer en priorité des réponses techniques. Par ailleurs, nous savons que les formes de connaissances pratiques des agriculteurs et théoriques des scientifiques (agronome, généticiens...). Influent sur leurs façons respectives d’aborder les problèmes techniques. C’est pourquoi, pour respecter nos objectifs, nous partons des questions sou-levées par les praticiens afin de concevoir un dispositif de recherche de solutions. Une fois cette posture adoptée, nous suggérons que c’est en mobilisant la complémentarité de ces savoirs que nous pouvons élaborer le contenu de la formation.

Chaque session se déroule en quatre phases : i) identification des pratiques des rizicul-teurs et des questions techniques, ii) confrontation des représentations des riziculrizicul-teurs et des experts sur les solutions «idéales», iii) repérage des contraintes et des leviers d’actions et recherche de solutions existantes iv) mise en place de dispositifs expérimentaux visant à tester des pratiques préalablement identifiées ou de nouvelles solutions techniques. La méthode intègre aussi :

Des principes déontologiques

◆ Instauration d’un climat de libre échange, de confiance et de convivialité. Concrètement,

au commencement de chaque séance, les animateurs rappellent certaines règles de fonctionnement basées sur le respect de la parole de chacun et la confidentialité des pro-pos tenus pendant la session.

◆ Maîtrise relative du contenu et du déroulement de la formation par les participants.

Concrètement les thèmes des sessions ainsi que les techniques testées lors des pre-mières expérimentations ont été définis par eux. De même, une harmonisation de l’infor-mation entre l’équipe d’anil’infor-mation et les participants, sur le contenu et l’organisation des sessions, est recherchée. Pour cela chaque session est introduite par la présentation du déroulement précis de la séance, les participants disposent d’un cahier rappelant le déroulement et structuré afin de favoriser la prise de notes. A la fin de chaque session, une évaluation a permis de recueillir les avis des participants sur le droulement et sur le contenu de la séance.

Des techniques d’organisation des débats et de participation :

◆ Exploration des thèmes par différentes approches afin d’organiser les débats autour

d’une question centrale.

◆ Mobilisation d’outils d’animation (études de cas, brainstorming, échanges en petits

groupes,…) permettant de favoriser et d’équilibrer la prise de paroles de tous les partici-pants.

(6)

Séance 1

Le sol : fertilité et fertilisation

Déroulement de la séance

Session

Introduction

Objectif

Identifier les profils professionnels des participants Méthode Présentation des exploitations, et des programmes de fertilisation Recensement des questions que se posent les producteurs

sur la fertilisation

Les besoins nutritifs du riz et ses sources d’approvisionnement

Connaître et mutuali-ser les représenta-tions des riziculteurs

à propos des principaux éléments de fertilisation La dynamique d’évolution de l’azote dans les rizières inondées

Etablir des connaissances scientifiques sur la fertilisation azotée en milieu inondé. Confrontation des connaissances des praticiens et des scientifiques Présentation de travaux de l’Inra. Discussion de

l’adéquation entre les pratiques et les références exposées

Les produits utilisés pour la fertilisation

organique

Identifier et comparer les sources de fertili-sation disponibles

Apporter des connaissances

scientifiques

Inventaire des

fertili-sants commercialisés Comparaison de leur efficacité Présentation des travaux de l’Inra Technique d’animation Participative : tour de table Participative : discussion en plénière Participative : échange en sous groupes et mise en commun Expositive : exposé par un des auteurs Participative : discussion en plénière Participative : brainstorming Expositive : exposé par un des auteurs Exercice d’application intégrant les différents apports du module Raisonner des programmes de fertilisation en fonc-tion de différents systèmes de culture Travail sur des études de cas

Participative :

travail en sous groupes et mise en commun Evaluation de l’importance de l’azote (N) par rapport au phosphore (P) et au potassium (K) en riziculture bio. Recensement et évaluation des

(7)

Fertilisation phosphatée

D’après M. Bayot, les besoins du riz en phosphore (P) sont faibles par rapport aux besoins en azote (N) et en potassium (K) (figure 1). Il a constaté qu’en Espagne, certains agricul-teurs biologiques ne pratiquent d’ailleurs pas de fumure en P car ils considèrent que les teneurs dans les eaux d’irrigation suffisent à alimenter la culture. Cependant ils utilisent des fumiers de volailles contenant du phosphore, il ne s’agit donc pas d’une impasse totale. Points débattus :

Certains participants pratiquent l’impasse en phosphore et ne constatent pas d’inconvé-nients : «Sur les parcelles avec impasse en phosphore (et potassium), on obtient les meilleurs résultats». D’autres craignent un appauvrissement du sol en phosphore à long terme engendrant des problèmes sanitaires et des pertes de rendement : «Au niveau sani-taire, l’effet (de l’impasse totale) est assez marqué».

L’ensemble des participants s’est par contre accordé sur les doses trop importantes préco-nisées généralement par l’agrofourniture ; «Avant on nous vendait jusqu’à 120 unités/ha». La majorité d’entre eux appliquent 30 à 50 unités de P2O5/ha sur leurs parcelles.

Fertilisation en potassique

Toujours selon M. Bayot, seule une faible partie du potassium (K) se retrouve dans les grains (figure 1). En fin de culture, si les pailles ne sont pas exportées, la majeure partie du K est restituée au sol. Un apport de cet élément via des engrais organiques contenant une faible fraction de potassium pourrait donc satisfaire correctement aux besoins de la culture.

Points débattus :

Certains riziculteurs pratiquent l’impasse totale en K et enfouissent leurs pailles sur certains secteurs de leur exploitation en fonction des analyses de sol. Des agriculteurs particulière-ment concernés par la qualité du grain émettent des craintes vis-à-vis de cette pratique principalement par rapport au mauvais aspect visuel et au calibrage du grain. De plus, de mauvais rendements usinages pourraient être induits : «Je suis sceptique par rapport à l’impasse en potassium, principalement par rapport à la qualité des grains».

Les besoins nutritifs du riz et

ses sources d’approvisionnement

Intervention de M. Bayot (Agronome, Inra)

(8)

Echange d’expériences sur les sources d’azote

Les précédents culturaux

La luzerne

Les quantités d’azote fournies par le précédent luzerne sont difficilement estimables, «Il faudrait mesurer tout ça… ». La plupart pensent que ces apports sont importants : «Parfois même, la paille est trop riche». Les valeurs avancées par les agriculteurs varient entre 60 et 120 unités d’azote/ha. Ils soulignent qu’elles dépendent de l’état du précédent cultural au retournement, du climat, de la structure du sol, etc… «Ca dépend de l’automne aussi…».

Certains participants supposent que les fournitures en azote de la luzerne seraient plus importantes en deuxième année de riz qu’en première : «Le problème avec la luzerne, c’est qu’elle libère l’azote trop tard». Dans ce cas, une rotation de type luzerne-blé-riz pourrait être envisagée : «Ce qui serait bien ce serait casser une luzerne et mettre un blé avant le riz».

La lentille

Les participants et l’équipe d’agronomes s’accordent pour dire qu’une culture de lentilles fournit un reliquat d’azote pour la culture suivante d’une valeur d’environ 30 unités/ha «L’effet de la lentille sur un riz est similaire à la luzerne mais beaucoup plus doux, beau-coup plus souple».

La matière organique du sol

L’idée selon laquelle plus un sol est riche en matière organique, plus il apporte d’azote à la culture, fait consensus au sein du groupe : «Plus il y a de matière organique, plus y aura de fourniture du sol». D’après certains riziculteurs et le CFR, avec 5- 6% de matière orga-nique dans le sol, les fournitures en éléments minéraux provenant de la matière orgaorga-nique, seraient suffisantes pour combler l’ensemble des besoins du riz. «En 2003, sur des terres riches en matières organiques (5,5 - 6%), le témoin non fertilisé a donné 80 q/ha contre 82 q/ha pour la parcelle fertilisée à 50 kg d’N/ha (en conventionnel)». Les participants insis-tent sur le fait que le climat influence également la quantité d’azote minéralisé : plus il fera chaud, plus les fournitures du sol seront importantes.

Par ailleurs, un riziculteur a cultivé l’an passé une parcelle non exploitée depuis plus de 20 ans, sans la fertiliser. Des rendements supérieurs à 50 q/ha ont été obtenus. Ce témoigna-ge tend à confirmer que dans certaines conditions, un rendement satisfaisant peut être obtenu sans apport d’engrais.

Les pailles de riz

Depuis des années, un des participants enfouit ses pailles de riz. L’augmentation suppo-sée des teneurs en matière organique du sol lui a permis de diminuer les doses d’engrais utilisées : «De 150 unités d’azote je suis passé à 120 et je vais peut-être aller jusqu’à 110». De plus, il travaille ses terres plus facilement : «Grâce à l’enfouissement des pailles, la terre devient plus souple».

La majorité des participants n’enfouissent pas les pailles. L’un d’entre eux souligne l’impor-tance d’avoir des terres qui se ressuient vite (peu argileuses) pour pouvoir enfouir les pailles : «Après enfouissement des pailles, ça fait une bâche sur mes terres et je ne peux plus les travailler, elles ne sèchent plus». Un membre du groupe souligne également

(9)

l’im-portance d’enfouir les pailles dans des sols secs pour assurer une bonne dégradation : «Parfois il vaut mieux attendre le mois de février ou mars et les enfouir dans de bonnes conditions».

L’équipe profite de ce débat pour rappeler que le programme «Prospective pailles de riz»1, qui fera l’objet d’une plaquette de vulgarisation dans les prochains mois, apportera des informations complémentaires aux interrogations relatives aux contributions de la matière organique du sol.

Les intercultures

L’«interculture» (par exemple féverole, lupin, trèfle,…) est cultivée durant l’hiver et enfouie au printemps. De nombreuses interrogations concernant leur impact sur la fertilité des sols persistent au sein du groupe.

Un agriculteur ayant cultivé de la féverole en interculture a proposé spontanément au grou-pe d’observer, en collaboration avec l’équigrou-pe Inra, les effets de cet engrais vert.

Intervention de M. Barbier

2

sur la dynamique de l’azote dans

les rizières inondées conduites en conventionnel

Durant son exposé, M. Barbier a souligné que seule une part de l’engrais est utilisée par la plante. Le reste est perdu via différents mécanismes (volatilisation, lessivage, ruisselle-ment,…). Il pense qu’une stratégie de fractionnement des apports tout au long de la cultu-re peut permettcultu-re de limiter ces pertes. Ses études ayant été menées dans le cadcultu-re de cul-tures conduites en conventionnel, il est difficile d’en tirer directement des préconisations dans le cadre de la conduite en biologique. Toutefois, ces travaux donnent des éléments complémentaires d’information sur le comportement de l’azote en rizière inondée .

Echanges sur les engrais disponibles et leur utilisation

Un des membres du groupe applique 5 à 6 tonnes/ha de fumier de volaille sur ses par-celles. Ce produit est livré et épandu en 3 jours. Il doit détenir le label rouge ou biologique. Il souligne : «L’avantage du fumier de volaille, c’est que ça marche». D’autres participants emploient de l’engrais foliaire qu’ils appliquent en couverture (au tallage). Ils constatent un effet positif sur la culture : «L’engrais foliaire, ça la réveille (la plante)».

La plupart des autres participants utilisent des engrais organiques sous forme de bou-chons. Ils y ont recours car leurs teneurs en éléments nutritifs sont connues et leur épan-dage est facilement réalisable. De plus, contrairement aux fumiers, ils peuvent également être appliqués en couverture. Ils regrettent cependant que la composition de ce produit ne soit pas clairement affichée et qu’elle varie d’une année à l’autre. «Il faut vraiment être très documenté pour savoir ce qu’on achète». Enfin, l’inconvénient majeur de ce type d’engrais est son coût. L’utilisation d’engrais moins coûteux est envisagée par certains participants. Ainsi, afin d’élargir la gamme des produits disponibles, l’évaluation de l’efficacité d’autres types d’engrais est apparue intéressante. Un riziculteur a proposé de tester l’efficacité du compost de fumier de mouton sur une de ses parcelles. Afin d’utiliser moins d’engrais, un participant a aussi proposé le recours à un apport localisé sur du riz semé en ligne. Une autre possibilité pour réduire les quantités d’engrais utilisés (principalement sous forme de bouchons) est évoquée par les agronomes de l’Inra. Elle consiste à utiliser l’en-grais en fonction de sa vitesse de minéralisation, des besoins de la plante (fractionnement) et du développement des mauvaises herbes. Cette idée a d’ailleurs fait l’objet d’une étude expérimentale réalisée par l’Inra. L’ensemble des résultats sont exposés dans la plaquette qui a été diffusée en décembre 2006 (disponible sur demande).

1Initié par l’Inra Montpellier en collaboration avec le PNRC, le CFR et le CEMAGREF.

(10)

Séance 2

Les variétés cultivées en riziculture biologique

Déroulement de la séance

Session

Introduction

Objectif Identifier l’ensemble

des éléments qui interviennent dans le

choix des semences pour chacun des

participants Méthode Présentation individuelle des critères de choix des semences La variété idéale en agriculture biologique

Les variétés dispo-nibles en Camargue adaptées à l’AB

Confrontation des caractéristiques des

variétés cultivées avec les critères agronomiques et commerciaux définis précédemment Inventaire des variétés cultivées préférentiellement et des variétés rejetées par les participants

Argumentation des

choix effectués en liaison avec les critères

préalablement définis

Mise en place d’un programme de sélection variétale

pour l’AB ?

Identifier les démarches à entre-prendre pour créer une variété «bio»

Réflexion sur le choix d’une méthode

opérationnelle Présentation des méthodes et procédures de sélection variétale Echange entre l’intervenant et les participants Technique d’animation Participative :

tour de table et mise en commun Participative : discussion en sous groupes et mise en commun Expositive : intervention d’un négociant en riz biologique Participative : débat facilité Participative : proposition de deux listes de variétés par chaque participant Participative : séance plénière : commentaires variété par variété Expositive : intervention d’un sélectionneur variétal spécialiste du riz Participative : débat facilité

Inventaire par les

participants des éléments (agrono-miques, écono-miques,…) que devraient présenter la variété «idéale» en riziculture biologique. Exposition des différents modes de commercialisation et de leurs critères qualitatifs.

Débat entre l’intervenant et les participants Connaître et mutualiser les représentations des participants sur la variété idéal-type en riziculture biologique Prise en considération des exigences du marché Confrontation des critères qualitatifs exigés par le marché

et des critères agro-nomiques souhaités par les producteurs

(11)

Problèmes rencontrés par les participants

concernant le choix des semences

Selon les participants, de nombreuses contraintes administratives compliquent la tâche des riziculteurs biologiques dans leur choix de semences :

◆Pour les exploitations partiellement converties, le format des grains cultivés doit être

dif-férent en biologique et en conventionnel. Cette règle contraint le riziculteur et réduit sa réactivité par rapport à l’évolution du marché. «C’est une drôle de contrainte…C’est très embêtant !».

◆A la connaissance des participants, il n’existe actuellement pas de semences

biolo-giques disponibles. Chaque année, les riziculteurs biolobiolo-giques doivent donc faire une demande de dérogation pour pouvoir cultiver des semences classiques.

◆Ils s’inquiètent quant aux normes relatives à la pureté des semences (en mauvaises

herbes) qui, selon eux, sont trop tolérantes. «On nous vend des semences… Mais pas que de riz !». L’un d’eux souligne même, à titre d’exemple, que pour le riz sauvage la tolérance est de 3 grains/500g de semence en Europe, contre 0 graine en Californie et en Australie. Cette source d’infestation des parcelles est d’autant plus problématique en agriculture biologique que la gestion des mauvaises herbes reste le facteur limitant pour ce type de conduite. Pour faire face à ce problème, de nombreux participants ont opté pour la production de leur semence directement à la ferme. Ainsi ils peuvent, selon eux, s’assurer de la qualité du matériel semé. «Même en conventionnel, je ne fais plus confiance et je produis ma propre semence…».

La variété Arelate est apparue comme l’une des plus appropriées pour la riziculture biolo-gique en Camargue. Son indisponibilité pour la campagne 2007 constitue un problème majeur. «C’est dommage, pour une fois qu’on avait une variété adaptée au bio…». Selon certains membres du groupe, il serait néanmoins possible de s’en procurer. «Il paraît qu’il en resterait un peu…». Cela reste à être confirmé.

Pour éviter ce type de problèmes à l’avenir, la production de semences à la ferme est appa-rue à nouveau comme une des solutions envisageables : «On va devoir s’orienter vers une production de semences à l’exploitation pour que ce problème ne se reproduise plus…». En outre, pour certains participants, la variété Albatros présenterait de grandes similitudes avec Arelate. «Suffit d’aller en Italie, elle a juste changé de nom…». Ce point a cependant été fortement soumis à controverse.

La variété «idéale» en riziculture biologique

Caractéristiques recherchées par les riziculteurs

Les caractéristiques de l'idéotype variétal pour la culture biologique ont été déterminées puis hiérarchisées par les participants de la façon suivante :

◆Une résistance aux maladies, à la verse, à l’égrenage, aux parasites (notamment la

(12)

◆Une précocité permettant de réaliser des faux semis et une bonne installation au

moment où la température est suffisamment élevée sans pour autant retarder la florai-son. «La précocité, c’est primordial».

◆Une vigueur au démarrage : bonne levée, tallage élevé, implantation rapide. «Il faut une

vigueur tout au long du cycle». Ces caractéristiques permettent notamment d’éviter des problèmes liés aux chironomes et d’obtenir une meilleure compétition face aux mau-vaises herbes. «Ca résiste contre les chironomes dans la mesure où ça lève vite», «Ça permet de couvrir les mauvaises herbes».

◆Une adaptation au marché : «Si on fait un bon rendement mais qu’on a une variété qui

n’intéresse pas l’acheteur, ce n est pas intéressant».

… Par ailleurs, les participants ont évoqué :

◆Une précocité à la récolte : «En bio il faut semer plus tard donc il faut du (riz) précoce

pour ne pas moissonner trop tard».

◆Une variété rustique qui s’adapte à toutes les terres et qui a de faibles besoins en azote.

«J’ai le souvenir de variétés qu’il ne fallait pas trop pousser en azote, comme Hélène par exemple».

◆Une uniformité de maturité dans la parcelle et sur la panicule afin d’obtenir une

meilleu-re qualité du grain. D’après certains participants, l’homogénéité de maturité dans la par-celle peut être obtenue par l’augmentation de la densité de semis qui réduit le tallage. «Si c’est clair au tallage, vous avez de gros problèmes à la maturité».

◆Un potentiel de rendement minimal fixé à 80 q/ha sur deux années successives. «C’est

pas une année qu’il faut vivre, il faut voir sur le temps…».

◆Un système racinaire puissant et vigoureux pour concurrencer les mauvaises herbes. ◆Un poids de 1000 grains élevé.

Intervention de M. Griotto (négociant en riz biologique,

entreprise Bongran) sur les exigences du marché concernant

le riz biologique

Sur le marché, on retrouve du riz rond, du long A et du long B.

Le riz rond est commercialisé soit sous forme d’emballage pour la vente directe, soit trans-formé. Le riz transformé ou «industriel» est broyé. L’importance de son apparence est donc secondaire. Par contre, concernant le riz destiné à la vente directe et conditionné, l’aspect visuel est prépondérant. M. Griotto précise que le riz complet n’est pas du simple riz cargo car il est trié. Pour autant la qualité avant triage est cruciale : «S’il n’est pas beau avant la trieuse, il ne le sera pas après». Les grains verts, crayeux et tachetés doivent donc être absolument évités dès la récolte. Le grain doit être beau et de taille homogène. Pour ce faire, il vaut mieux une densité de plantes élevée et moins de tallage. Par ailleurs, il est nécessaire de récolter le riz à des maturités avancées (taux d’humidité entre 15 et 19%). Il faut donc des variétés très résistantes à l’égrenage.

(13)

Concernant le riz long, le type B n’a pas d’intérêt selon M. Griotto. Il insiste également sur l’importance de la qualité gustative du produit vendu en biologique car il est destiné à des connaisseurs. Enfin, le riz biologique blanchi n’est pas l’objectif à atteindre car il est desti-né à des marchés encore marginaux.

Suite à l’intervention de Mr. Griotto très axée sur la qualité du riz, un débat a lieu sur la rémunération non différenciée qui actuellement ne favorise pas cette démarche de qualité.

Les variétés disponibles en Camargue et adaptées

à l’agriculture biologique

Cette session a permis aux participants d’échanger sur les caractéristiques des variétés les plus cultivées en Camargue.

Arelate

Les participants affirment unanimement qu’Arelate est la variété la mieux adaptée pour la conduite en bio. Elle n’est pas particulièrement précoce mais sa vigueur permet de com-penser ce défaut. Certains participants témoignent de leur inquiétude quant à son compor-tement en début de cycle. «Au départ elle fait peur Arelate, c’est très fin… » « le riz germe bien mais après, pour s’implanter…». En outre, ils soulignent la tendance de cette variété à présenter une hétérogénéité de maturité au niveau de la panicule : «A la base, c’est vert et au sommet c’est mûr». Certains compensent cet inconvénient par une augmentation de la densité du semis qui réduit le tallage induisant ainsi l’homogénéisation de la taille des panicules : «S’il est épais, les épis sont plus courts, donc ça compense l’hétérogénéité». Ils lui attribuent un pouvoir couvrant qui lui confère une bonne compétitivité face aux mau-vaises herbes : «A la maturité, ça couvre tout». Selon certains, Arelate permettrait toujours d’atteindre un rendement de 10 q/ha supérieur à celui d’Ariete : «J’ai toujours eu 10 q/ha de plus par rapport à Ariete».

Ariete

Ariete est une variété régulière, une «valeur sûre». «D’année en année elle est régulière». Elle a un système racinaire puissant. Cependant, elle a tendance à verser à la récolte. De plus, elle est assez sensible au sclérotium, à la pyrale et à la pyriculariose.

Hélène

Hélène présente un pouvoir couvrant très important. «Contre les mauvaises herbes, il faut une variété qui couvre l’espace…». Cette variété a été peu discutée.

Cigalon

Selon les participants, l’avantage principal de Cigalon est sa précocité. Son cycle court per-met plus facilement de retarder la récolte de 7 à 10 jours afin d’obtenir une bonne maturi-té du grain garante d’un produit de qualimaturi-té. Cependant, un semis tardif peut causer des risques de verse et d’attaque de parasites (sensibilité pyrale). La précocité de Cigalon per-met dans une situation de semis normal (fin avril début mai) une récolte suffisamment pré-coce pour installer une culture «d’automne» dans de bonnes conditions.

Selenio

Selenio est une variété rustique, «facile à mener», qui s’adapte à tous les terrains. «C’est une variété qui ne pose pas trop de problèmes». Son aspect filiforme en début de culture

(14)

est lié à une faible vigueur tant racinaire que végétative. «Au départ elle fait un peu peur». De fait, son implantation nécessite plusieurs assecs qui risquent de favoriser le développe-ment des mauvaises herbes.

Lido

Lido est une variété rustique qui laisse de «bons souvenirs» à certains participants. Néanmoins, le marché biologique n’est pas particulièrement friand de cette variété.

Gladio

Gladio est une variété plus précoce que les autres long B. Un seul participant en a cultivé il y a quelques années ; il n’en était «pas trop mécontent».

Thaïbonnet

D’après le groupe, Thaïbonnet est une des variétés les moins bien adaptées à la conduite en culture biologique.

Intervention de M. Clément (sélectionneur variétal, spécialiste

du riz, Cirad) concernant la création éventuelle d’une variété

biologique

M. Clément propose deux démarches potentiellement complémentaires de sélection de variétés pour la culture biologique. La première est basée sur la création de génotypes dont le produit, nécessairement original, est valorisé sous contrat de filière.

La seconde consiste à choisir, parmi les variétés inscrites au Catalogue Officiel, celles qui présentent la meilleure adaptation pour la culture biologique. Dans tous les cas, la sélec-tion s’effectue sous itinéraire cultural convensélec-tionnel, la pertinence du produit par rapport aux contraintes de la culture biologique ne pouvant être expérimentée qu’une fois l’homo-généité du matériel acquise.

Variétés sous contrat de filière

Cette procédure permet à l’agriculteur d’obtenir, en biologique comme en conventionnel, des variétés présentant des caractéristiques particulières susceptibles d’être valorisées dans des marchés dits «de niche». Dans ce cas, un accord est passé entre l’organisme sélectionneur et l’agriculteur (ou le groupement d’agriculteurs) intéressé. Au terme de la sélection, la variété est protégée et l’agriculteur (ou le groupement d’agriculteurs) a l’exclu-sivité sur le matériel élaboré. Dans ce cadre, il ne peut être fait commerce de semences de la variété que l’agriculteur (ou le groupement d’agriculteurs) est amené à multiplier. Cette procédure de sélection est particulièrement participative puisqu’elle implique complè-tement l’agriculteur (ou le groupe d’agriculteurs) autant dans la définition des objectifs de sélection que dans le choix variétal.

Variétés classées au catalogue

Cette démarche de sélection consiste à exploiter pour la culture biologique des variétés déjà inscrites au Catalogue Officiel. Ce type de sélection a l’avantage de ne pas demander d’investissements particuliers. Par ailleurs, elle a déjà fait ses preuves dans la mesure où il y a une certaine similitude dans les critères de sélection retenus pour le culture biologique et conventionnelle. Ceci principalement par rapport à l’aptitude du peuplement en condi-tions inondées ou au pouvoir de compétition par rapport aux mauvaises herbes.

Contrairement à la démarche précédente, l’intervention de l’agriculteur (ou du groupe d’agriculteurs) biologique ne se situe plus à l’origine de la création variétale mais soit peu avant son terme (contribution au choix variétal dans les essais de pré-inscription), soit après son terme.

(15)

Il est donc possible pour le sélectionneur d’intervenir de 2 manières complémentaires pour satisfaire l’intérêt particulier ou général d’agriculteurs (de groupe d’agriculteurs) biolo-giques. Par expérience, la difficulté de la création variétale en biologique réside moins dans la création variétale que dans la difficulté de mise en place d’essais. En effet, les «terres bio» surtout en 1ereannée de culture après rotation, ont un potentiel de rendement avéré. Leur mobilisation partielle pour l’expérimentation peut donc se révéler contraignante pour le riziculteur.

En outre, la pertinence des résultats d’essais est moins simple à atteindre qu’en culture conventionnelle. Par exemple, le caractère principal recherché par l’agriculteur bio est le pouvoir de compétition par rapport aux mauvaises herbes. Si les essais sont conduits en 1ereannée de riz bio après une rotation, il est indispensable de prendre en compte le type et la durée de la rotation précédente qui va déterminer le niveau d’infestation potentiel de la parcelle. Parallèlement, l’infestation des mauvaises herbes au niveau d’un champ est très aléatoire. Ce facteur va dès lors influencer la dimension des essais qui doivent rester les moins contraignantes possibles pour le riziculteur. Par ailleurs, faut-il tester les variétés en première ou en deuxième année de riz biologique ? La pression des mauvaises herbes étant accentuée d’une année à l’autre sur la parcelle d’essais.

Certaines caractéristiques surtout recherchées en biologique sont également difficilement évaluables. Par exemple, comment mettre en adéquation, la gestion de l’eau d’une parcel-le cultivée avec une variété tardive et tester simultanément la précocité d’une autre varié-té ? Il faudrait à priori isoler chaque variévarié-té pour pouvoir lui appliquer une gestion de l’eau qui lui est adaptée, ceci n’est pas forcément simple à réaliser dans un champ cultivé. Enfin, l’investissement demandé aux riziculteurs n’est pas toujours compatible avec leur activité sur l’exploitation, particulièrement dans la mobilisation d’une partie de leurs par-celles lors des phases de tests in situ.

En conclusion, la sélection de variétés adaptées à la culture biologique est possible. Deux démarches ont été proposées avec, pour chacune d’entre elles, un investissement des agriculteurs plus ou moins important mais toujours a priori compatible avec la charge de travail nécessaire pour gérer leur exploitation.

(16)

Séance 3

Gestion des mauvaises herbes

Déroulement de la séance

Session

Introduction

Objectif Identifier les mauvaises herbes les

plus problématiques en riziculture

biologique

Méthode Inventaire des

mauvaises herbes qui posent problèmes à

chaque participant

Les techniques et pratiques mises en œuvre contre les

mauvaises herbes

Gestion des mauvaises herbes dans le Delta

de l’Ebre (Espagne)

Présenter les stratégies de lutte contes les mauvaises

herbes utilisées en Espagne Evaluer les possibilités de transfert en Camargue des techniques présentées Intervention d’un régisseur d’une exploitation rizicole biologique espagnole

Echange entre

interve-nant et participants Mise en pratique de stratégies de lutte contre les mauvaises herbes Proposer des stratégies de lutte contre les mauvaises

herbes adaptées à des cas concrets

Présentation par les participants de situations concrètes et analyse par le groupe Technique d’animation Participative : tour de table Participative : discussion en sous groupes et mise en commun Expositive : exposé Participative : débat facilité Participative : discussion en sous groupes débat facilité Inventaire et évalua-tion des techniques

mobilisées par les par-ticipants Inventorier et mutualiser les techniques existantes de contrôle des mauvaises herbes

Les mauvaises herbes les plus nuisibles

en riziculture biologique

Les triangles «maritimus» et «de semis» font partie des mauvaises herbes les plus néfastes selon les participants. La combinaison de triangles «de semis» et de panisses sur une même parcelle apparaît également comme un problème majeur.

Les panisses (blanches et rouges) sont moins problématiques. Pour certains, «La panisse est plus une gêne visuelle qu’économique. La gêne économique c’est le triangle et surtout

(17)

de semis». Les typhas sont peu dommageables. Enfin, le chiendent apparaîtrait petit à petit dans les parcelles mais ses dommages sont, pour l’instant, peu importants. Les riziculteurs craignent cependant son développement. Le riz sauvage «crodo» est moins présent en agriculture biologique qu’en conduite conventionnelle. Les rotations des cultures semblent expliquer ce constat : «Avec les rotations, le crodo on doit pouvoir mieux le maîtriser (qu’en conventionnel)».

Figure 2 : Nuisibilité des mauvaises herbes estimée par les participants.

4 : très nuisible, 0 : très peu nuisible.

Techniques de lutte contre les mauvaises herbes

Epurer les parcelles

Jachères

Selon les participants, une année sans culture sur une parcelle, combinée à différents tra-vaux du sol permet de détruire les mauvaises herbes de façon efficace. Cependant, des informations contradictoires sont citées par les participants quant à la possibilité de laisser les sols nus et la nécessité d’obtenir une dérogation pour réaliser ce type de jachère : «On n’a pas le droit de laisser les sols nus», «AArles il y a des zones «production de semences et avec la dérogation vous pouvez laisser les sols nus». Ce point reste à être éclairci.

Rotations

Les rotations combinées avec des cultures récoltées au début de l’été (blé, lentilles,…) per-mettent «d’épurer les sols». Ainsi, après la récolte du blé, la parcelle peut être travaillée afin de détruire les mauvaises herbes. La culture du riz en rotation avec des cultures «hiver-nales» (vesce, féverole, …) apparaît efficace contre les mauvaises herbes : «En conven-tionnel, après de la vesce, on a beaucoup moins de mauvaises herbes».

Faux semis

La technique du faux-semis avec mise en eau est aussi souvent utilisée : «de l’eau dans les blés l’été une paire de fois, ça fait lever». L’une des difficultés réside ensuite à trouver une technique efficace permettant de détruire les mauvaises herbes qui ont levé.

Solarisation

Contre les triangles, la technique de «solarisation» consistant à faire sécher les bulbes au soleil apparaît également comme une solution intéressante.

(18)

Réduction des apports de graines

Production de semences à la ferme

D’après certains participants, la production de semences à la ferme est le seul moyen de s’assurer de leur propreté : «En produisant nos semences nous-mêmes, au moins on sait ce qu’on garde». La production de semences nécessite une culture exempte de mauvaises herbes qui ne peut être obtenue que par des désherbages manuels. L’itinéraire cultural pra-tiqué est également différent. Le semis est réalisé à des densités plus importantes et le niveau d’eau est gardé élevé le plus longtemps possible.

Cette démarche engendre des contraintes économiques mais aussi d’équipement. Il faut en effet pouvoir sécher et stocker les semences récoltées : «L’aspect économique entre en jeu aussi mais au niveau résultats, ils sont meilleurs».

Porte-eaux larges et bassins de décantation

Quelques riziculteurs soulignent l’importance de la structure du réseau d’irrigation sur le transport des graines de mauvaises herbes présentes dans l’eau, dans les parcelles. Selon eux, les porte-eaux larges limitent le transport des graines jusqu’à la parcelle par réduction de la vitesse de l’eau et augmentation de la surface de décantation : «S’il y a du courant, forcément les graines, elles vont jusqu’au bout». Cependant, ils insistent sur la nécessité de nettoyer régulièrement ces infrastructures pour éliminer les graines de mauvaises herbes.

Par ailleurs, certains riziculteurs ont aussi mis en place des bassins de décantation à l’en-trée du réseau d’irrigation pour limiter l’infestation par des graines présentes dans l’eau. Ils témoignent : «Ensuite (après le bassin), on a de l’eau claire». Concrètement, ils transfor-ment la première parcelle de leur réseau d’irrigation, en bassin de décantation. L’un des participants utilise même cette technique depuis plusieurs années et insiste sur son effica-cité : «Quand on vide le bassin, c’est impressionnant».

Entretien des bordures

L’entretien des bordures (au girobroyeur par exemple) limite le développement des mau-vaises herbes et la propagation de leurs graines. Un riziculteur nettoie jusqu’à 6 fois ses bordures par campagne. Ce type de travaux témoigne notamment de la grande vigilance de certains praticiens : «On en oublie toujours, j’y passe souvent». La plupart des membres du groupe, découragés par le temps nécessaire, restent pourtant sceptiques quant à la mise en œuvre de cette technique : «Je suis seul, je n ai pas le temps de le faire».

Destruction des graines et des bulbes

Labour profond

Les participants se sont accordés sur le fait que le labour profond est une technique effica-ce contre les mauvaises herbes mais uniquement sur sols sableux car les remontées de grains et de bulbes sont faibles. Par contre, celles-ci sont importantes sur les sols argileux, c’est pourquoi ils n’y ont pas recours.

Selon eux, le labour profond est principalement efficace contre les plantes à graines (pan-isses,…) car il diminue leur pouvoir germinateur par enfouissement. Ils constatent que ce dernier n’a pas d’effet sur les plantes à bulbes (maritimus,…) qui, même en profondeur, peuvent encore germer et atteindre la surface : «Pour les maritimus, les bulbes, même enterrés profondément, ils arrivent à sortir».

(19)

Brûlage des pailles

Les membres du groupe pensent que le brûlage des pailles réduit le pouvoir germinatif des mauvaises herbes : «En brûlant, on détruit à 80-85% la capacité germinative des graines». Ils ont généralement recours à cette pratique au moins 1 mois après la récolte afin que la paille soit bien sèche. «Il faut que ce soit bien sec pour brûler». Certains la dispersent pour réaliser un brûlis homogène, alors que d’autres estiment que cela prend trop de temps. Cependant le brûlage des pailles va à l’encontre des mesures agro-environnementales et nécessite le recours à une dérogation annuelle.

Surfaçage précoce

Selon certains, le surfaçage précoce (en février) permet un bonne levée des mauvaises herbes. «S’il se met à pleuvoir, ça va nous faire une bonne pré-germination». Leur destruc-tion mécanique (au rotavator par exemple) suivie du semis, offre des résultats intéressants chez certains participants.

Concurrencer les mauvaises herbes

Regroupement des chantiers “travail du sol-semis”

Certains participants proposent de travailler le sol et de surfacer juste avant le semis de façon à ce que les mauvaises herbes ne prennent pas d’avance par rapport au riz. «Quand on travaille au dernier moment, on n’a pas le problème de levée (des mauvaises herbes) et on met le riz dans de bonnes conditions». Cette technique engendre cependant des dif-ficultés organisationnelles évidentes auxquelles seuls les exploitants de petites surfaces semblent pouvoir faire face.

Semis tardif et pré-germination

Le groupe affirme qu’un semis tardif (mi-mai) combiné à la pré-germination des grains per-met d’augmenter la densité de levée et de réduire le tallage. De plus, dans ce cas, du temps est gagné pour la croissance du riz (6 à 7 jours) par rapport à un semis à la pério-de classique (fin avril). «Quand on sème tard, il faut une pério-densité plus élevée, notre riz ne talle pas et on gagne du temps». De même, cette pratique laisse plus de temps pour réa-liser des faux-semis.

Conserver un niveau d’eau élevé le plus longtemps possible

Certains membres du groupe disent que le maintien d’un niveau d’eau élevé (10 - 15 cm) le plus longtemps possible permet au riz de mieux concurrencer les mauvaises herbes. «Cette année, on n’a pas baissé le niveau et on a eu moins de levée (de mauvaises herbes)». Cependant ils signalent qu’il faut surveiller l’intensité du vent qui, lorsqu’elle est élevée, peut être préjudiciable à la culture.

Destruction des mauvaises herbes

Roues cages

Le passage des roues cages après un faux semis ou en hiver apparaît très efficace contre les mauvaises herbes. «Il y a eu un effet désherbage très intéressant et les parcelles ont poussé beaucoup plus vite et beaucoup mieux durant tout l’été». De plus, cette pratique permet d’enfouir les pailles.

(20)

Passage du rotavator sur gâtille

Un passage au rotavator léger sur gâtille («Il y avait 2 doigts d’eau») a été testé par un par-ticipant. Les premiers résultats se sont révélés très satisfaisants, surtout contre les tri-angles de semis. «Le plus frappant c’est sur le triangle de semis». L’efficacité de cette tech-nique reste à être confirmée par d’autres expériences mais semble intéresser d’autres membres du groupe : «Le travail dans l’eau, moi j’y crois !».

Désherbage manuel

Deux participants pratiquent le desherbage manuel. L'un (exploitation en conduite biolo-gique) désherbe ses parcelles en totalité. Il pratique cette technique depuis plusieurs années ce qui lui a permis de maintenir ses terres propres. Selon lui, le désherbage manuel est très efficace mais nécessite des terres «propres» au départ une vigilance sans relâche :«C’est pas un gros travail s’il n’y en pas (de mauvaises herbes)». Ainsi on peut obtenir et/ou maintenir les terres propres et cultiver du riz plusieurs années consécu-tives, Cette technique nécessite l’embauche de plusieurs ouvriers à temps plein durant 3 à 4 mois.

Un autre participant (exploitation en conventionnel) désherbe uniquement le riz sauvage. Son exploitation est plus importante mais le désherbage étant ciblé uniquement sur le riz sauvage, il le réalise avec de la main d’œuvre familiale uniquement.

Des craintes quant au coût de ces interventions ont été émises par les autres riziculteurs concernant ces deux témoignages mais, selon les deux riziculteurs la pratiquant, malgré les coûts de production supplémentaires qu’elle engendre, cette pratique reste très ren-table : «Au final, on s’y retrouve». D'autres témoignent du fait que dans le cas de la pro-duction de semences à la ferme, certains participants ont aussi recours à cette pratique. Par-delà même la question de la rentabilité économique, la recherche et la gestion de la main d’œuvre restent des contraintes importantes provoquant des réticences chez la plu-part des membres du groupe.

La possibilité d’organiser une «embauche collective» de main d’œuvre chargée de désher-ber sur plusieurs exploitations a été évoquée.

Lutte contre les mauvaises herbes en Espagne

La riziculture dans le Delta de l’Ebre (Espagne)

Au cours de cette session, M. Canicio, régisseur d’une exploitation rizicole biologique dans le Delta de l’Ebre (Espagne), est venu présenter les techniques qu’il met en œuvre pour lutter contre les mauvaises herbes.

Sur son exploitation, les rotations de cultures sont inexistantes car les terres sont très basses et la présence d’une nappe phréatique salée à faible profondeur n’autorise pas une culture non submergée. Le climat du Delta de l’Ebre est semblable à celui rencontré en Camargue. Les températures sont similaires et, comme le Mistral, le vent peut y souffler jusqu’à 200 km/h (il s’agit du «Mestral» qui souffle du Nord-Ouest et qui s’engouffre dans la vallée de l’Ebre).

La surface des parcelles cultivées est relativement variable. Elle oscille entre 1 et 3 ha. Les grandes parcelles sont situées perpendiculairement au vent afin de limiter ses effets néfastes sur la culture.

(21)

L’exploitation que gère M. Canicio a été convertie en biologique en 1997. Les trois pre-mières années, les rendements en riz oscillaient aux alentours de 8 tonnes/ha. Ils ont sen-siblement diminué au cours des années suivantes en raison de l’infestation croissante des mauvaises herbes.

Durant toutes ces années, il a testé des techniques de maîtrise des mauvaises herbes plus ou moins efficaces qui sont décrites ci-dessous. Actuellement, d’après lui, son exploitation n’est ni agronomiquement, ni économiquement stabilisée.

Techniques de lutte contre les mauvaises herbes

Panisses et crodos

La panisse a été la première mauvaise herbe qui est apparue dans les rizières. Pour la contrôler M. Canicio a mis au point un moyen de lutte qui, selon lui, est plus efficace que l’effet des produits chimiques. La technique est la suivante :

Entre le 15 et le 25 avril, un faux semis (préparation du sol + mise en eau) est réalisé afin de faire germer les panisses et les crodos. Lorsque ces mauvaises herbes ont bien levé («la parcelle ressemble à une pelouse»), on augmente le niveau de l’eau jusqu’à 30 cm durant 20 à 28 jours afin de les «étouffer». Plus il fait chaud, plus la technique est efficace et moins ce nombre de jours doit être important.

Une dizaine de jours avant de baisser le niveau de l’eau, le semis du riz est réalisé par héli-coptère. Le passage en tracteur prend trop de temps et risque de ré-oxygéner le milieu, relançant ainsi le développement des mauvaises herbes. En outre, le semis par hélicoptè-re permet aux graines de ne pas s’enterhélicoptè-rer. Le semis est réalisé avec des semences pré-germées à une densité importante. Une fois que le riz a atteint une dizaine de centimètres (environ 10 jours après semis), le niveau de l’eau est ramené à 10 cm. Le stress causé sur le riz par la hauteur d’eau dépend de la température. Si les températures sont froides, le riz peut facilement se développer sous une lame d’eau importante. Plus il fera chaud, plus il souffrira du manque d’oxygène. Dans ce cas, il faut diminuer rapidement l’épaisseur de la lame d’eau. Au moment où l’eau est abaissée, le riz apparaît dans un mauvais état et est tout allongé. Il récupère cependant rapidement.

Le volume d’eau important laissé durant une longue période favorise le développement des chironomes. M. Canicio utilise le BT israeliensis («Vectobac») pour lutter contre ces insectes. Nous précisons que ce produit n’est pas homologué en France4.

Les craintes relatives à l’effet néfaste des rafales de vent, sur la culture qui vient de s’ins-taller avec une lame d’eau de 30 cm ne doivent pas être prises en compte. Selon M. Canicio, l’effet du vent est plus dommageable pour le riz sous lame d’eau de 10, que 30 cm. Dans ce deuxième cas, le volume d’eau amortit l’effet du vent et les mouvements d’eau au niveau du lit de semence sont quasi inexistants, même si des ondulations importantes peuvent être observées à la surface de la lame d’eau.

Scirpus (triangles)

L’effet de la submersion accentuée est également bénéfique bien que moins efficace sur l’infestation par les triangles (Scirpus). Sous 30 cm d’eau, ces mauvaises herbes manquent d’oxygène. Elles ont tendance à filer pour aller le capter à la surface, ce qui les empêche de former des rhizomes durant cette phase de développement. Une fois la hauteur d’eau

(22)

rabaissée, ces mauvaises herbes ont l’allure de «palmier» facilement déracinables manuellement. Le dessèchement des tubercules pendant l’hiver est efficace, uniquement durant les années peu pluvieuses.

Sur les parcelles peu infestées, le désherbage manuel est également réalisé.

Le passage des roues cages à l’aide d’un tracteur équipé d’un tamis récoltant les tuber-cules qui flottent, permet d’éliminer la moitié des triangles présents sur la parcelle. L’autre moitié est enfouie le plus profondément possible par les roues cages. Généralement la pra-tique est d’alterner la récolte des tubercules et leur enfouissement : une année les roues cages sont passées en présence d’eau afin de récupérer les tubercules flottants, l’autre année elles sont passées dans la boue afin d’enfouir les tubercules.

Plus le nombre de passages avec les roues cages est important, plus les conditions d’ins-tallation du riz sont dégradées. Une solution à cet inconvénient consiste à passer les roues cages aussitôt après la récolte du riz. Une autre possibilité consiste à laisser la parcelle en eau toute une année (jachère) en passant les roues cages régulièrement.

Alismas et typhas

Contre les rhizomes d’alismas et de typhas, le travail du sol au printemps permet de les dessécher facilement.

Concernant les graines, le passage des roues cages avec très peu d’eau dans la parcelle permet de les enfouir efficacement. Ainsi, elles n’ont plus d’oxygène à leur disposition, ceci les empêche de germer.

Stratégie de lutte

D’après M. Canicio, pour faire du riz biologique, l’agriculteur doit être organisé, il doit sur-veiller régulièrement ses parcelles, être présent le plus possible sur son exploitation, écou-ter et se renseigner sur les innovations techniques. Sans cela, il ne vaut pas la peine de se lancer dans la culture biologique. «Un riziculteur biologique est un médecin qui a beaucoup d’outils. A lui de choisir lequel utiliser en fonction du symptôme qu’il observe…».

La rotation des cultures étant impossible dans le Delta de l’Ebre, on essaye de réaliser une «rotation» des techniques de lutte contre les mauvaises herbes. Après quatre années de lutte contre les panisses, celles-ci sont éradiquées complètement de la parcelle. L’utilisation des roues cages est alors envisagée pour lutter contre les triangles durant quelques années avant que les panisses ne réapparaissent

Commentaires au sujet de certaines techniques existantes

Travail du sol et tubercules

Le travail du sol profond permet d’enfouir les tubercules. Sous lame d’eau, ces tubercules enfouis n’ont pas d’oxygène et ne germent pas. Ces observations vont à l’encontre des propos émis par les riziculteurs camarguais. Des investigations complémentaires devraient être envisagées afin d’éclairer ce point.

Concernant les tubercules se trouvant à la surface du sol, ils peuvent être gérés en les lais-sant se sécher. Cette approche est plus efficace sur des sols argileux et motteux que sur des sols sableux.

(23)

Plastiques sur bordures et levadons

Les levadons sont des foyers importants de dispersion des mauvaises herbes, principale-ment le triangle et le chiendent d’eau (Paspalum). M. Canicio a posé des plastiques noirs (qui peuvent rester des années) sur ses levadons. Sans lumière, avec une température éle-vée, et un manque d’eau, les plantes n’ont plus la possibilité de pousser et disparaissent. Cependant, durant les mois de mars et avril, les plastiques restent plus chauds que le sol durant la nuit, ce qui incite les oiseaux à s’y poser et y faire des trous.

Afin d’éviter d’endommager le plastique, le travail du sol ne peut également pas être réali-sé jusqu’au bord de la parcelle. Dès lors, les mauvaises herbes peuvent se développer plus facilement en bordures des levadons. M. Canicio envisage d’enlever les plastiques qui ont été posés et réfléchit à d’autres techniques pour entretenir les bordures et les levadons. L’application de sel impropre à la consommation ou l’effet toxique de lixiviat de purin sur les mauvaises herbes (herbicide bio) sont des solutions qu’il envisage de tester dans l’avenir.

Semis précoce

M. Canicio entend par «semis précoce» un semis aux alentours de la fin avril. Un semis plus précoce (avant le 15/4) n’est pas une bonne solution selon lui. Un semis tardif (entre le 15 et le 30/5) est souvent réalisé sur son exploitation. Exceptionnellement, il sème le 5-6 juin mais au-delà cela ne sert plus à rien.

Quand les panisses ne sont pas présentes sur la parcelle, le semis précoce (fin avril) per-met au riz d’être plus compétitif face à un bon nombre de mauvaises herbes. Par exemple, Alisma plantago a besoin de températures plus élevées que le riz pour se développer et prendra donc du retard par rapport à ce dernier.

Choix de la variété

La variété Bomba a été cultivée sur l’exploitation gérée par M. Canicio. Elle présente des caractéristiques morphologiques similaires à celles du riz sauvage.

Elle ne nécessite pas beaucoup d’engrais, ce qui est intéressant au niveau économique mais aussi dans l’optique de lutte contre les mauvaises herbes qui ont dès lors moins de ressources pour se développer. Cette variété a également une très forte vigueur, est très robuste et pousse plus rapidement que les mauvaises herbes.

Elle est cependant sensible à la verse et a un potentiel de rendement 50% inférieur aux variétés classiques.

Cette variété pourrait être retenue pour utiliser ses avantages dans le cadre d’un program-me de création variétale orienté sur la culture biologique.

Recherches actuelles effectuées par M. Canicio

Monsieur Canicio expérimente la possibilité de réaliser un contrôle mécanique à la surface du sol contre les triangles.

Il envisage également le repiquage des riz de grande taille qui pourraient pousser dans une lame d’eau suffisamment haute pour concurrencer efficacement les mauvaises herbes. Cela nécessite l’adaptation des repiqueuses conventionnelles qui sont conçues pour des petits riz.

Concernant le riz à repiquer, des problèmes relatifs au poids des racines pleines de terres sont cependant à craindre.

(24)

Séance 4

Bilan et perspectives

A l’issue des sessions organisées dans le cadre du projet Orpesa, l’équipe de l’Inra a orga-nisé une réunion afin de restituer les travaux des différentes sessions à l’ensemble des par-ticipants (les riziculteurs ne pouvant pas assister à toutes) et de les consulter sur les apports de cette formation.

Certains participants ont d’abord évoqué leur réserve concernant l’intitulé «formation» : «c’est plus des échanges qu’une formation». En effet, la représentation que les participants se faisaient d’une «formation» était plus proche du cours magistral que de la mutualisation de connaissances (ou échange d’expérience). Toutefois, certains ont souligné leur intérêt pour ces échanges et leur satisfaction de voir un groupe de travail se constituer.

Après avoir examiné les améliorations à apporter à cette demande : «des réunions moins longues, plus ciblées, mieux positionnées dans la campagne, etc»; les participants ont renouvelé leur constat : «on n’a pas de références (techniques)». Evoquant le travail effec-tué pendant les sessions certains ont jugé que «c’est un état des lieux mais après il faut travailler dans le temps», d’autres ont renchéri en insistant sur le fait qu’«il faut travailler sur plusieurs années». Il ont alors manifesté leur volonté de poursuivre le travail engagé et d’al-ler plus loin, notamment en testant des techniques évoquées lors des échanges. Certains participants ont sollicité l’équipe Inra pour mettre en place des essais. L’équipe concernée n’ayant pas les moyens matériels de répondre à cette demande un compromis a été trou-vé : quelques riziculteurs ayant déjà mis en place des «essais» sur leur exploitation, ou pré-sentant des situations intéressantes à suivre, se sont portés volontaires pour les intégrer aux travaux du groupe. L’équipe Inra s’est alors engagée à assurer un suivi agronomique de ces essais.

Les participants ont aussi évoqué de nombreuses questions encore non abordées dépas-sant le cadre purement agronomique, notamment sur l’évaluation économique d’opérations techniques ou la réglementation de la production en agriculture biologique.

D’autres ont souligné l’intérêt d’échanger avec des riziculteurs d’autres pays européens, voire d’autres continents (le Brésil, la Californie). Un projet de visite et d’échange avec les professionnels et le groupe pilote Orpesa espagnol a été programmé en juin 2007.

(25)

Mise en place d’essais pour la campagne 2007

A partir des sujets discutés, de nombreuses problématiques méritant des investigations supplémentaires ont été identifiées. Tous les sujets ne pouvant cependant pas être abor-dés pour cette campagne 2007, le choix des thèmes prioritaires a résulté d’un compromis entre les moyens disponibles de l’Inra (ressources humaines et financières limitées) et les initiatives déjà engagées par certains riziculteurs.

Une procédure de suivi agronomique a été discutée avec les riziculteurs qui sont égale-ment sollicités pour contribuer à l’observation régulière des parcelles. Ils contribuent aussi à l’élaboration du protocole. Un support d’enregistrement de leurs observations leur a éga-lement été proposé par l’équipe Inra.

Concrètement, concernant le contrôle des mauvaises herbes, les situations suivantes ont été examinées :

◆Effet comparé de l’inondation temporaire suivie d’une destruction mécanique

(roues cages). Le sol étant préparé sans inondation sur un précédent riz.

◆Effet comparé de 2 itinéraires techniques de préparation du sol pour détruire

les mauvaises herbes après un nivellement.

◆Effet de la succession culturale sur le degré d’infestation des mauvaises

herbes : riz en 1èreannée après luzerne et riz en 2èmeannée après luzerne.

◆Effet de la gestion de l’interculture après un précédent blé sur le degré

d’infes-tation des mauvaises herbes.

Pour la gestion de la fertilisation, trois thèmes ont été étudiés :

◆Effet d’un engrais vert (fèverolles) sur la disponibilité en azote.

◆Comparaison entre un engrais organique et un compost de fumier de mouton. ◆Comparaison d’un précédent luzerne sur la disponibilité en azote en 1èreet en

2èmeannée de riz.

Une visite des parcelles étudiées commentée par l’agriculteur a été organisée avant la récolte. Par ailleurs, l’analyse de ces «essais» sera réalisée avec les agriculteurs volon-taires et discutée avec l’ensemble du groupe lors de réunions organisées après la récolte. En outre, l’évaluation et les améliorations possibles de ce type de dispositif expérimental sera discuté dans le cadre du groupe de travail.

(26)

Conclusion

Les objectifs fixés dans le cadre du projet Orpesa ont été atteints. Mais au-delà de la pro-duction d’une méthode de formation par la mutualisation de connaissances, la démarche participative a permis la constitution d’un collectif de riziculteurs biologiques. L’intérêt des échanges d’expérience a fait naître chez les participants une motivation pour poursuivre cette démarche au delà des termes et des dates prévus par le programme Orpesa. Par ailleurs, ce programme a également permis aux chercheurs de l’Inra d’enrichir leurs connaissances sur les pratiques en riziculture biologique.

En hiver 2007, les premières réunions seront organisées pour présenter les résultats des essais menés pendant la campagne chez les agriculteurs. Cela sera également l’occasion de discuter de l’intérêt de poursuivre la démarche initiée et de définir ensemble les termes du dispositif qui pourrait être éventuellement mis en œuvre :

◆Les objectifs : identification et hiérarchisation des questions à traiter,

discus-sion sur la volonté et la possibilité de co-construction de dispositifs expérimen-taux simplifiés participatifs…

◆Les moyens et ressources à mobiliser : statut du groupe, recherche de

finan-cements, construction de partenariats scientifiques et professionnels, de réseaux d’échanges avec des riziculteurs d’autres pays producteurs...

◆Les méthodes : échanges d’expérience au sein du groupe, avec des

rizicul-teurs d’autres pays producrizicul-teurs, apports d’experts, mis en place de dispositifs expérimentaux simplifiés participatifs.

Bien que ce type de démarche ne permette pas de constituer un référentiel technique en riziculture biologique proprement dit, elle pourrait, si elle était poursuivie, offrir la possibili-té de proposer une palette de techniques éprouvées et mobilisables par les riziculteurs. De plus, la poursuite de ce projet permettrait aux chercheurs de travailler avec les rizicul-teurs sur la conception de dispositifs expérimentaux originaux.

Dans un contexte où les enjeux environnementaux occupent les scènes politiques et scien-tifiques et incitent à faire évoluer les pratiques agricoles, alors même que les agriculteurs et les chercheurs ont à faire face à un déficit de références techniques dans le domaine de la riziculture biologique, ces dispositifs très pragmatiques permettraient d’améliorer rapide-ment les pratiques favorisant ainsi le développerapide-ment de la riziculture biologique.

Par ailleurs, ce type de méthode permettrait le développement d’une agronomie qui répon-de à la fois aux enjeux sociétaux tout en prenant en compte les attentes et les contraintes des agriculteurs.

Figure

Figure 1 : Besoins nutritifs du riz en N, P et K (Barbier et al., 1986. Inra Montpellier).
Figure 2 : Nuisibilité des mauvaises herbes estimée par les participants.

Références

Documents relatifs

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

Malgré le fait que le groupe des glycines soit considéré comme étant à faible risque d'apparition de résistances (Avcare, 2004), on a détecté des écotypes de mauvaises

A date fixe, tous les trois mois, on a procédé à l'arrachage de toutes les herbes de chacune des parcelles (sur la surface des « chemins » s'entend). On n'a pas tenu compte des

du Pennisetum subangustum (espèce qui atteint un très grand développe- ment au début de la saison des pluies) explique d'autre part pourquoi on a récolté des poids totaux d'herbes

A l'exception du 1e 1 prélèvement, on note dans tous les autres prélèvements des blocs III et IV un poids de Digita- ria nettement supérieur dans les par- celles ayant reçu du

- Le fort courant d'air obtenu avec l'application par atomisation permet une dispersion beaucoup plus marquée du produit que dans le cas de l'appli- cation par pulvérisation, ce qui

Dans le cas d'un terrain qui se « sa- lit » très rapidement on a par contre, le plus souvent, intérêt à utiliser large- ment les herbicides, surtout lorsqu'on a, comme c'est le cas

Le paillage pratiqué en Guinée devrait jouer l e même rôle que le papier de couverture hawaïen. Il est malheureusement beaucoup moins efficace : les mauvaises herbes le