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Langue d'enseignement au primaire : analyse de la politique du Burkino Faso

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Academic year: 2021

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(1)

Univarsiti IIcGil1 Kontréal

LANGUE D'ENSEIGNEMENT AU PRIMAIRE: ANALYSE DE LA POLITIQUE DU BURIINA FASO

par

Ha.tbaUe Lacroix-Mai11ette Département 4' administra t ion et étude de poli tiquas en éducation

Thèse présentée li. la Pacul té des études supir ieures et 4. la racherche en vue de l'obtention du grade de

lIaître .s arts (K.A.)

en a4lllinistratioD et étude de poli tiques en éducation

Kai, 1992

(2)

LANGUE D-ENSBIGNEMENT: ANALYSE DE LA POLITIQUE DU BURKINA FASO

(3)

université McGill

Faculté des études supérieures et 4e la recherche

Cette thèse intitulée:

LANGUE D'ENSEIGNEMENT AU PRIMAIRE: ANALYSE DE LA POLITIQUE DU BURKINA FASO

présentée par:

Nathalie Lacroix-Maillette

a été ivalué. par les personnes suivantes:

Directeur 4e recberche: Prof. Donal4 Burqess Examinateur externe : Prof. Jacques Lamontaqne

(4)

..

LaDque d'enseiqnement iii

Résumé

Au Burkina Faso, pays de l'Afrique de l'Ouest et ancienne Haute-volta, le français est la lanque d'enseiqnement à tous les niveaux du système d'éducation. Elle représente pourtant la langue première d'une très faible minorité ~. la population. pratiquement tous lep jeunes débutent donc leur éducation primaire en lanque seconde.

or, à la lueur des plus récentes recherches en linquistique, les ava.ntaqes pédaqoqiques de l' enseiqnement en lanque première pour les minorités linquistiques sont indéniables. Ce constat s'applique pour le Burkina Faso, formé de nombreuses ethnies parlant une soixantaine de lanques.

A l'instar de la tendanee mondiale favorisant l'enseiqnement 8n lanque première, une réforme du t~ystème

éducatif burkinabè pourrait envisaqer l'alternative de l'enseiqnement en lanques nationales. Cette recherche analyse les possibilités d'une politique en ce sens.

L'analyse de politiques éducatives au niveau national doit considérer la productivité des choix pour la société; ce qui est optimal pour un individu ne l'est pas nécessairement pour la société. Ainsi, les autorités politiques doivent prendre en considération non seulement les considérations pédaqoqiques, mais éqalement la situation linquistique au p.ys, les bénéfices financiers et économiques du projet, les coQts financiers, l'intérêt de la population, les pré-requis

(5)

Langue d'enseignement iv administratifs de la réforme et la capacité administrative de l'aqence d'exécution.

Cette recherche expose la problématique de 1 •. langue d'enseiqnement et analyse la situation au Burkina faso. Blle sugqère certains scénarios envisageables en !'ppliquant la théorie de la contingence i un projet d'introduction de l'enseignement en langues nationales au primaire, dans le contexte burkinabè.

Cette thèse démontre qU'un projet de réfor.e du système éducatif burkinabè qui inclurait l'enseignement en langues nationales ~u primaire représente un projet tris innovateur, dans un environnement très incertain. Considérant le degré d'innovation du projet et les incertitudes environnementales dans lesquelles ce projet évoluerait, l'adoption d'une stratégie administrative "adaptive" est suggérée. Cette stratégie requiert un ajustement constant des procédures basé sur l'expérience, et exiqe une prise de décision décentralisée favorisant la participation de tous les intervenants.

L'option de priviléqier ou non l'enseignement en langues nationales relève des burkinabès. D'un point de vue administratif, il demeure qU'un projet d'une telle envergure pose certaines difficultés dans le contexte ~urkinabè. Il est suggéré de procéder à une analyse en profondeur de la capacité administrative de l'agence d'exécution, et de s'assurer d'une capacité administrative adéquate avant d'envisager cette réforme.

(6)

1

Abstra,~t Langue d'enseignaaent v

In Burkina Faso, a country in West Africa formerly known as Upper Volta, French is the languaqe of instruction at all levels of the educational system. l~ovever, l'rench is the first language of only a very small minority of the population. This m.ans that most children in Burkina Faso beqin their primary education in a second language.

The most recent research in linguistics suqqests that it is preferable to teach linguistic minorities in their iirst language. This is partieularly applicable in Burkina l'aso, where over sixt Y national languaqes are usec! by 4ifferent ainority groups.

AS a recent world-~ide trend is for countries to encourage teaching in national languages, this vould app.ar to be an appropriate educational reform for Burkina Faso. This thesis analyses the possibilities of such a policy.

What is optimal for an individual, hovever, is not necessarily the best choice for society; and thus any analysis of national educational policy must consic!er the possible outcolles for society at large. Political autorities must therefore consider not only the pedagogical factors, but the ov.rall linguistic situation in the country, the financial and econollic costs and benefits, the interests of the people, the requirec! pre-conditions, and the administrative capacity of the qovernaent to implement the policy.

(7)

'-" J

Langue dlenseignement vi This thesis 'outlines both tha background and tha problems of implementing such a policy in Burkina l'aso. Using the continqency theory, and within tha constraints or the local environment, it suqqests possible scanarios for the introduction of in~truction in national languages at the primary level.

The thasis damonstrates that the introduction of educational reform in Burkina Faso includinq the teaching in national languages would not only be innovative but would raquire implementation in a very uncartain environment. Given thase serious limitations, an adaptive manaqemant strateqy is suqqested. This particular strataqy raquiras a constant task ad just IDe nt based on the experiance of the participants and within the context of decentralisad dacision lDaking.

The deciaion as to whather or not to adopt a policy of instruction in national lanquagas has to ba detarminad by the burkinabes thamselves. I:t is clear, howevar, that major administrative 4ifficulties would be involvad. 'l'he thesis concludes with the suggestion that adequate management capacity to be ~ .. n place before a reform of this nature ia undertaken.

(8)

1

Langu. d'ens.iqnement Table des matières

vii

Liste des tableaux.

...

x

Liste des figures . . . xii

Liste des abréviations ••• • ••••••••••••••••••••••••••••• • •• Xiii Préface ••••••••••

...

• ••. xiv

1. 2. Introduction •••••••••••••••

· ... .

1 1 2 2 5 1.1 Indicateurs de base ••

· ... .

1.2 système d'éducation ••

·

... .

1.2.1 Politiques éducatives.

·

... .

structures ••••••••••••••••••

. .

. .

.

.

.

. .

.

.

.

. . .

1.2.3 statistiques scolaires •••••••••••••••••••• ~ 6 1.3 Définitions ••••

· ... .

9 Cadre de recherche ••

.

... .

.12 2.1 Problématique ••

·

... .

.12 2.2 Méthodoloqie •••

·

... .

.13 2.2.1 Milieu de travail ••••• • ••••••••••••••••••• .13 2.2.2 Cadre métbodoloqique ••••••••••••••••••••••• 13 Instruments d. mesure.

·

... .

e .16 2.2.4 Analyse des données •••••••••••••••••••••••• 18 2.3 Limi tes . . . .

·

... .

.19 3. Fondements de la problématique ••••••••••••••••••••••••• 21

3.1 Aspect linquistique •••••••••••••••••••••••••••••• 23 3.1.1 Lanque et cultur ••••••••••••••••••••••••••• 24 3.1.2 Relation entre lanque première (LI) et

(9)

Lanque d'enseiqnement viii 3.1.3 Survie de la lanque •••••••••••••••••••••••• 26 3.1.4 Conclusion linquistique •••••••••••••••••••• 27 3.2 Aspect financier ••....•...••••••.•••.••••••.••••• 28 3.3 Aspect économique •••••••••••••••••••••••••••••••• 30 3.4 Aspect politique ••••••••••••••••••••••••••••••••• :;2 3.5 Conclusion ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 34 4. Analyse de données du Burkina Faso ••••••••••••••••••••• 36 4.1 situation linguistique au Burkina Faso ••••••••••• 36 4.1.1 État de la recherche en linquistique ••••••• 36 4.1.2 Groupes linquistiques •••••••••••••••

4.1.3 Intérêt pour les lanques nationales. 4 • 2 Cho ix de lanque ( s) •••••••••••••••••••••••• 4.3 Réforme expérimentée de 1978 à 1984 ••••••• 4.4 Politiques éducatives en 1991 ••••••••••••• 4.4.1 Orientation qénérale •••••••••••••••• 4.4.3 stratéqies adoptées ••••••••••••••••• • •••• ..40 • •••• •• 41 • •••• ..42 • •••• ..4S • •••• ..56 • •••• ..56 • •••• • .58

4.4.3 Lanques nationales dans l'enseiqnement ••••• 60 S. options de politiques au Burkina Faso •••••••••••••••••• 64 5.1 Théorie de la continqence •••••••••••••••••••••••• 64 5.2 Pré-requis administ~atifs pour l'introduction

des lanques nationales au primaire •••••••• • •••• ..67 5.2.1 Tâches à accomplir •••••••••••••••••• •••• •• 68 5.2.2 Incertitudes environnementales •••••• • •••••• 70

5.2.3 Deqré d'innovation du projet ••••••••

· ....

..77

5.2.4 Valeurs culturelles ••••••••••••••••• • •••• •• 82 5.2.5 stratéqie adDinistrative •••••••••••• • •••• •• 86

(10)

L.nque d'enseignement ix 5.2.6 Processus .~inistratif •••••••••••••••••••• 87 5.2.7 structures org.nisationnelles •••••••••••••• 88 5.3 Scénarios envis.qeables •••••••••••••••••••••••••• 90 5.3.1 possibilités de chanqements d.ns l'orqanis.tion ••••••••••••••••••••••••••••• 9~ 5.3.2 Possibilités de modific.tion du deqré

d'innov.tion du projet ••••••••••••••••••••• 92 6. Conclusion ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 94 Annexe l : situ.tion qéoqraphique et taux de

scol.risation (1989-1990) de ~ertaines

provinces du Burkina F.so •••••••••••••••••••• 98 Annexe II : carte linquistique du Burkina Faso ••••••••••• 99 Annexe III : orq.niqramme du M.E.B.A.M ••••••••••••••••••• 100

(11)

1

L.ngu. d'en.eign ••• nt z Liste des t.ble.ux

Table.u X : Indicateurs d. base du Burkina F.so ••••••••• 2

Tabl •• u XX : structure du système d'éducation

.u Burkina Paso ••••••••••••••••••••••••••••• 6

Table.u XII : caractéristiqu.s du système éduc.ti~

burkin.bè ••••••••••••••••••••••••••••••••••• 7

Tableau XV : statistiques scol.ir.s de l'enseignement

de ba.e .u Burkin. Faso pour l'année

scol.ire 1989-1990 •••••••••••••••••••••••••• 7 Tabl •• u V : Objectifs m.j.ur. du projet "Atl..

.ocio-linguistique" de Haut.-Volta" ••••••••••••••• 37

Table.u VI : car.ctéristiques linguistiques du

Burkina Faso •••••••••••••••••••••••••••••••• 38 Table.u VII : Éléments f.voris.nt les lanques nation.le.

observés d.n. le • • nné •• 70 ••••••••••••••••• 41

Table.u VIXI: Critèr.s de détermination d • • • ptitude.

d'une l.nque pour .ervir à l'.lphabéti •• tion

d.s .dult.s ••••••••••••••••••••••••••••••••• 44

Tabl.au XX : Obj.ctifs maj.ur. de 1. réforme exp6riment6e

d. 1978 à 1'84 •••••••••••••••••••••••••••••• 46

Tableau X : c.rtain •• raisons possible. de l'abandon

de la réforme expérim.ntée de 1'78 à 1984 ••• 51

Tableau XI : Étape. pour l'analy •• des pré-requis

administratifs •••••••••••••••••••••••••••••• 67

(12)

Langu. 4'.n •• iqn ••• nt xi Tabl.au XIII: Évaluation 4 •• fact.urs .nvironn ••• ntaux •••• 76 Tabl.au XIV : critir •• 4. jug ••• nt 4.s co.posante.

4·innovation •••••••••••••••••••••••••••••••• 80 Tableau XV : Diffir.nc •• 4e valeur. cultur.llt.~ ••••••••••• 84

(13)

L

Pigure 1

L.ngue d'.ns.igne.ent xii Liste. des figure.

: Mithodoloqie pluraliste suiv.nt un

proces.us en spiral •••••••••••••••••••••••••• 15 Figur. II : Analys. de faisabiliti ••••••••••••••••••••••• 66 Figur. III : D.qri d'inc.rtitude d. l·.nvironn ••• nt ••••••• 77

Figur. IV : Niv.au d. d.gri d'innovation du proj.t ••••••• 81

(14)

..

B.E.P.C. B.E.S.D. C.E.P.E. C.E.G. C.N.R. D.A.A.F.

Langue d'enseign . . ent xiii Liste des Abréviations

: Brevet d'Études de Premier cycle

: Baccalauréat de l'Enseignement du Second Degré : Certificat d'Études Primaires Élémentaires : collège d'Enseigne.ent Général

: Conseil National de la Révolution

: Direction des Affaires Administratives et Financières

D.E.C. : Direction des Examens et Concours

D.E.P. : Direction des Études et de la Planification

E.B.A.M. : Éducation de Base et Alphabétisation de Masse

I.N.A. : Institut National d'Alphabétisation

I.P.B. : Institut Pédagogique du Burkina

I.R.A.P. : Institut de la Réforme et de l'Action

Pédagoqique

Li : Langue première

L2 : Langue seconde

M.E.B.A.M. : Ministère de l'Enseignement de Base et de

l'Alphabétisation de Masse

P.N.B. : Produit National Brut

P.N.U.D. : Programme des Nations Unies pour le

(15)

f

Langue d'enseigne.ent xiv Préface

Il existe peu de documentation sur les politiques de langue d' enseignelllent au Burkina Faso. Cette recherche prisente un portrait actualisé des enjeux et de. défis auquels le Burkina Faso est c.onfronté dans le do.aine de l'introduction des langues nationales au primaire. De plus, l'application de la théorie de la contingence' un projet de réforllle du système éducatif burkinabè représente un précédent, et permet d'analyser cette problématique sous un angle qui a été très peu exploité.

Je remercie sincèrement mon directeur de thèse, le professeur Donald Burgess, pour son appui et ses précieux conseils afin d~ mener ce projet i terme; le Bureau canadien d. l'éducation internationale et l'Agence canadienne pour le développement international, pour la bour.e d'étude qu'ils m'ont offerte, et sans qui la réalisation de ce projet aurait été impossible; l' Insti tut pédagoqique du Burkina, qui a accepté de parrainer cette recherche et d'offrir son support pour la collecte de données au Burkina Faso; mon conjoint Patriee, pour S5 présence i mes catis, se. encouraqaments et ses conseils.

Finalement, j'offre ma gratitude à toutes les personne. suivantes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de cette recherche: Clerao'lt Barnabé, Basile Guissou, ADatole Nyameqo, Norbert Ifikiema, Jean-Emmanuel

(16)

r

.,

Langue d'enseignement xv Oualy, Fernand Sanou, Bernadette Sanou, Samuel Sanwidi, Félix

Saoura, Jean-Pierre Se.pore, Ousmane Traore et les

(17)

1

A Ille. parents Monique et Jean-Clélllent avec amour

(18)

La langue e.t la maison que l'bo . . e habite (Heidegger); or il est nicessaire

l tout ho . . e de se voir reconnaitre le droit d'babiter sa maiaon; les langue. aecondes sont sana doute autant de ponta vera d'autrea cultures,

.ais seula les sana-abria babitent sous les ponts (Berth.lier, 19Ra).

(19)

I~---Langue d'enseiqne.ent 1 1. Introduction

1.1 Indicateurs de base

Le Burkina Faso, ancienne Haute-Volta, est un pays sub-sabarien situé en Afrique de l'Ouest. D'une superficie d.

274,000 0 2, sa population était esti.ée 6 8,8 .illions

d'babitants en 1989 (Banque Mondiale, 1991). Colonisé par la France i la fin du XIXe siècle et devenu indépendant en 1957, le Burkina Faso possède une orqanisation du systè.e éducatif calquée en qrande partie sur le système français. La nation est multilinque, comme la plupart des pays sub-sabariens, résultat d'une division arbitraire des états de la part des forces colonisatrices.

Ce pays ~abélien enclavé est au prise avec un phénomène

important de désertification. La majorité de la population vit d' aqricul ture et demeure en milieu rural. Le tableau l indique quelques indicateurs de base du Burkina Faso.

Il est à noter que la Haute-Volta a chanqi de nom en 1984

pour devenir le Burkina Faso. Tous les documents antérieurs i

cette année font donc état du pays sous la dénomination

Haute-Volta. Cette dernière a été conservée dans le texte

lorsqu'elle réfère à cette époque et qu'elle .e présente comme

telle dans la littérature; elle fait toutefais référence au même pays.

(20)

Langue d'enseiqne.ent 2 1.2 système d'éducation

1.2.1 POlitiques éducatives

Afin 4e bien situer le système d'éducation burkinabè et saisir le contexte qui a influencé et influence toujours ses pOlitiques éducatives, il est iaportant d'effectuer un bref survol historique des événements majeurs qui ont marqués son histoire.

Tableau l Indicateurs de base du Burkina Paso

DESCRIPTION VALEUR

population en millions 8,8

d'habitants (1989)

P.N.B. par habitant en dollars 320.00 E.U. (1989)

Taux d'accroissement moyen projeté de la population en

"

2,9 par anné. (1989-2000) popUlation urbaine en % de la population totale , 1988) 11,6 Espérance de vie à la naissance en années (1989) 48 Taux d'analphabétisme en % 84 (1990) Taux de scolarisation en

"

28,86 (1990)

Sources: Banque mond1ale (1991), M.E.B.A.M. (1990), M.E.B.A.M. (1991a)

Éqalement, malqré le fait que le secteur primaire soit celui auquel cette étude s'intéresse, le systime éducatif dans son ensemble sera exploré, puisque dans ce cas-ci éqale •• nt, il est important de comprendre le contexte dans lequel

(21)

Lanque d'en.eiqne.ent 3 l'éducation primaire évolue.

Avant l'indépendance

Le système d'éducation du Burkina Faso est bérité de la colonisation française. Avant cette période, l'éducation existai t de façon informelle au sein des communautés, dans les

t . . illes, et par les cOlUlunautés religieuses, en langue.

nationales.

Sanou (1988) distingue deux pbases dans le développement de la politique éducative coloniale, soit une première pbase allant de la colonisation jusqu'à la fin de la deuxième Guerre Mondiale, puis une deuxième phase débutant à la Conférence de Brazzaville en 1944 et se poursuivant jusqu'à l'indépendance du pays en 1960.

Les objectifs de la pOlitique éducative au début de la colonisation était essentiellement de "permettre la sélection des auxiliaires et collaborateurs locaux pour l'a4ministration du territoire et la qestion des entreprises et maisons de commerces coloniales" (Sanou, 1988: 22). L'ensei9nement était dispensé en français, et le développement d'un sentiment de loyalisme envers la France était souhaité.

La deuxième Guerre Kondiale permit aux colonie. de revendiquer de nouveaux droits sui te i l'importAnt soutien qu'elles avaient fourni à la France dans la lutte contre le nazisme. La conférence de Brazzaville révèle l'intention de rendre l'éducation plu. accessible, tout en continuant de

(22)

1

Langue d'enseignement " dispenser l'éducation en français. Le Rapport stipule que "l.s cla.se. doivent être faite. en français, le .eul moy.n d. cOllllllunication possible pour une éducation moderne dans nos territoires d'outre-Mer" (Scanlon cité par Sanou, 1988: 28).

Après l'indépendance

suite à l'indépendance des pays d. l'Afrique cSe l'Ouest, les gouvernements ont manifesté le désir de retrouver une identité culturelle propre, respectant les différentes ethnies. Les burkinabès ont tenté plusieurs réformes afin cSe modifier le système cS'éducation pour l'adapter i leur réalité. Malgré ces tentatives, le système éducatif actuel demeure sensiblement le même qU'il était sous le colonialisme français, et la nation demeure toujours à la recherche d'une formule qui lui permettrait de se distinguer et de s'épanouir. 1

Au Burkina Faso, le Ministère de l'Éducation Nationale est cSevenu à partir de 1988 le Ministère de l'Éducation de Ba.e et de l'Alphabétisation de Masse (M.E.B.A.M.), afin de combiner les efforts des programmes d'alphabétisa tion du secteur informel à ceux de l'éducation formelle de base dans le but de s'attaquer de façon plus efficace au problème de l'analphabétisme au pays.

lVeuillez noter que la section 4.3 de cette étude élabore une réforme qui comprenait l'enseignement en langues nationales, expérimentée à partir de 1978 et abandonné. en 1984.

(23)

1

Langue d'enseignement 5 La tendance actuelle dans les pays en voie de développement est d'ailleurs de concentrer les efforts afin d'augmenter le taux de scolarisation au primaire et diminuer le taux d'analphabétisme. Au Burkina Faso, le projet Éducation III vise à porter le taux de scolarisation actuel de 28% à 40 " en 1996. Également, le "Plan intégré d'élimination de l'analphabétisme" (1991-2010) en cours d'élaboration vioe

l'élimination de l'analphabétisme en Afrique. Ce projet, soutenu par l'UNESCO, intègre l'éducation formelle et informelle en misant sur une action coordonnée de généralisation de l'enseignement primaire et le développement de programmes d'alphabétisation pour jeunes et adultes.

La priorité du M.E.B.A.M. demeure donc l'augmentation du taux d'alphabétisation au pays tant au niveau des adultes que des jeunes.2

1.2.2 Structures

Le système éducatif burkinabè comprend un secteur formel et un secteur informel. Le tableau II illuptre la structure du système d'éducation formel. Le secteur informel comprend l'éducation rurale et l'alphabétisation des adultes.

Dans les faits, les classes de niveau préscolaire sont pratiquement absentes du réseau. Celles qui existent sont principalement des écoles privées se retrouvent

2La section 4.4 de cette étude élabore davantage sur les

(24)

Lanque 4'enseiqnement 6 qénéralement en milieu urbain.

Tableau II structure du système d'éducation 4u Durkina Faso

NIVEAU AGB D'BHTRiE DURÉE DIPLOME

(ans) (ans) PrésCOlaire 3 3 aucun Primaire 7 6 C.E.P.E. Secondaire -court entre 14 et 15 (C.E.G.) -Lonq:

le cycle moins de 14 4 B.E.P.C.

2e cycle variable 3 B.E.S.D.

Enseiqnement supérieur

Par ailleurs, l'obtention du certificat d'Études primaires Élémentaires (C.E.P.E.) donne accès au secondaire court dans le but d'accéder éventuellement à l'université, ou au secondaire lonq qui représente un cours terminal. seuls les élèves qui complètant leur éducation primaire avant l'iqe de quatorze ans ont accès au secondaire court. Ce cours comprend un premier cycle 4'une durée de quatre ans menant à

l'obtention du Brevet d'Études de Premier Cycle (B.E.P.C.), et un socond cycle de trois ans pour l'obtention du Baccalauréat de l'Enseignement du Second Degré (B.E.S.D.) donnant accès à

l'université.

1.2.3 statistiques scolaires

(25)

Langue d'.nseignem.nt 7 affectant le système é4ucatif 5u Burkina Faso. Par aill.urs,

las statistique. scolair.s cS. l'enseigne •• nt 4. bas. pour

l'année scolaire 1989-1990 sont énumérée. au tableau IV.

Tabl.au III caractéri.tiques du sy.ti.e .ducatir burkinabi l'aibl. taux cS. scolarisation

l'ort •• inéqalités

l'aibl. taux cS'encadrement et d"quip •• ent. didactique. l'aibl. rendement

Tableau IV statistiqu.s scolair.s de l'.ns.ign ••• nt d. bas.

au Burkina Paso pour l'année scolaire 1989-1990

DESCRIPTION VALBUR Effectif total 472 979 Effectif enseignement 90,88 public en % Enseigne.ent privé en % 9,12 Effectif garçons en % 62,00 Effectif filles en % 38,00

Taux brut de scolarisation 28,86

en % 1

-Taux d. scolarisation des filles en % 22,43 Taux de scolarisation des garçons en % 35,02 Ratio élèves/enseignant 60

Taux de redoubl •• ent

au CM2 (1988-1989) 2 45,72

1. Taux brut de scolarisation: proportion 4. tous les enfants

scolarisés par rapport i la population d"g. scolaire 4 • • ept

à douze ans.

(26)

-1

Lanque d' enseigne.ent 8 2. CM2 siqni~ie deuxième année du cours .oyen suivant le sys', •• e fran9ais, ce qui correspond à une sixième année de ni"eau élbentaire.

Source: Il.I.B.A.M. (1991c)

De. statistiques du tableau IV, il est possible de déqaqer les faits suivants:

- Le secteur pri vé occupe une faible part des éli.ents constitutifs 4e l'enseiqnellent de base par rapport au secteur public.

- Il existe une disparité clans la scolarisation entre les deux sexes en faveur des qar90ns.

- Le ratio élèves,enseignant est très élevé.

- Le taux de redoublaent est i.portant, d'autant plus que ce taux n'inclut pas le. abandons et redouble.ent. des année. antérieure ••

Par ailleurs, une analyse plus détaillée de. statistiques gouverne.entllLles révèlent des disparité. régionales au niveau du taux de scolarisation, qui varie de 80 % dan. la province du ladiogo si tuée an lone urbaine, i 7,30 % dans la province du Séno locali.ia au nord du pays en zone rurale. Ce phénomène, ajouté A la disparité entre les sexe., conduit i un taux de scolari.ation de. fille. de .eule.ent 5 i. , " dans plu.ieurs province. rurales. D'autre part, la .oyenne nationale du ratio él.ves,enseignant dissimule un ratio qui atteint facile.ent 120 dans l.s provinces du Itadiogo, du Houet

(27)

1

Langue 4' .nseiqne.ent 9 et du Ifabouri par manque d'infrastructure.. Elle est par contre contrebalancé par une moyenne de tO dans eertaines zones rurales tels la Gna9na, le Poni et la Tapoa.3

1.3 Définitions

Avant de poursuivre, et afin de saisir les différents concepts énoncés dan. le. sections suivantes, il importe d'énoncer quelques définitions qui faciliteront la compréhension du texte. Ell •• éviteront certaines am))iquïtés pouvant être cau.ée. par la terminOlogie employ'e.

Dialecte: Variante régionale d'une lanque. Par exemple, la lanque moore au Burkina Faso possède cinq dialectes correspondant à cinq réqions qéoqraphiques distinctes.

Éducation bilinque: sy.tème d'éducation scolaire dans lequel, l un ao.ent donné 4ans 1. temp. et d. faç:on plu. ou aoin. intense, simultané •• nt ou de faç:on consécutive, l'en.eigne.ent e.t planif ié et dispensé dans un minimum de deux lanques

(Traduit de Hallers , Blanc, 1989: 189).

Lanque 4 • enseigne.ent: Lanque utilisée pour en.eiqner un éventail de matiires inscrites au proqramme .colaire. Ille n'est pa. considérée cOlIIIe lanque 4'en.eiqnellent lorsqu'elle

3L'annexe I contient une carte représentant la situation

géoqraphique et le taux de .colarisation de certaine. province. du Burkina Paso.

(28)

..

Lanque d' en.eiqn_ent 10 est en.eiqnie en tant que discipline (Poth, 1990). Au Burkina raso, le français est la lanque d 'en.eigne.ent.

Lanque lIlaterne1le (LI): Lanque qU'une persoDne apprend en premier, connaît le mieux, utilise le plus, et par laquelle l'individu .' i4entifie et e.t identifié en sociité (Skutnabb-Itanqa., 1989'. Le terme 1anque llaterne11e .era re.placi dan. ce texte par 1anque pre.ière.

Lanque nationa1e: Lanque utilisée par une partie de la population d'oriqine d'une nation. LI Burkina Faso possède uni soixantaine de lanques nationales.

Lanqui orficie1ll: Lanque reconnue It encouragée aux fins 4e son utilisation dans les eSomaines of~iciels tels que le. tribunaux, les discours de. responsables nationaux, le. documents pub1ics. Elle constitue souvent la langue d'en.eiqnement (Poth, 1990). Le français e.t la langUI ofriciell_ent reconnue au Burkina Faso.

Lanque seconde (L2,: Lanque étranqère qu' une personne apprend, dirrirente de sa lanque pre.ière. Par exemple, le franç:ais est une lanque .eeonde pour la major i té de. burkinabès.

Lanque véhiculaire: lanque co_une utilisée cOlIIIe moyen de co_unieation au .ein de qroupe. de qen. dont le. lanque.

(29)

{

Langue Cl 'en.eiqnl.ent 11 .at.rnelll. sont différeDtes (Poth, 1990). L. jul. est la liDqua franca d. 1'ou.st dv. Burkina Faso. Très p.u cl. qlDS posaècle 1. jula COIlUll. langue première, .ais alll est large.eDt

(30)

Lanque d'enseiqn . . ent 12 2 • Cadre de recherche

2.1 Problématique

Au Burkina Faso, le français est la lanque d' enseiqne.ent A tous les niveaux du système d'éducation et la seule lanque officielle. Elle représente par contre la lanque pre.ière d'une très fai»le minorité de la population. Les enfants reçoivent donc leur éducation primaire uniquement en lanque seconde.

Les pays africains, et particulièrement les ancienne colonies franqai.es, ont hérité de cette situation suite à la colonisation. L'accession i l'indépendance dans le. annies cinquante et soixante, en 1957 pour le Burkina Faso, Il conduit

le. africains i remettre en question cette ~~atique.

Malqré de nombreux dé»ats et une tentative d'enseiqnement en lanques africaines de 1978 i 1984 (Ministère de l'éducation

nationale et de la culture, 1976), le Burkina Faso poursuit l'enseignement en rranqais. Pour cette nation qui possède un taux 4e scolarisation 4e 28% et où l'analphabétisme est larqe.ent répandu (84% de la population), llenseiqne.ent en lanque seconde ajoute un difi 4e taille.

L' o»jectif principal de cette étude est d'analyser la formulation et li implantation de poli tiques 48 lanque d'enseignement dans le système éducatif au Burkina Faso. Le. queRtions suivantes seront abordée.: En quoi a consisté le débat sur le sujet? Quelles sont les »'néfices politique., sociaux et économiques de la présente politique? Que

(31)

(

Langue d'enseiqn . . ent 13 représentent les coQts pédagoqiques, financiers, économiques et culturels? Quelles sont les options de politiques possibles

et leurs conséquences à l'échelle nationale?

Ce projet de recherche ne prétend pas pouvoir trouver

toutes les réponses à ces questions. Les aspects les plus

significatifs de la problématique seront traités.

Essentiellement, cette recherche analyse donc certaines options en matière de politique de langue d'enseiqnement au

niveau primaire, et leurs conséquences à l'échelle nationale.

~.2 Méthodologie

2.2.1 Milieu de travail

L'Institut Pédaqogique du Burkina (I.P.B.) a collaboré'

cette reche~=he en facilitant le travail sur le terrain. Cet

Institut est situé dans la capitale du Burkina raso,

ouagadougou. Il est affilié au Ministère de l'éducation de base et de l'alphabétisation de masse (M.E.B.A.M.), possède une bibliothèque, répond aux demandes d. chercheurs et r.90it chaque année des visiteurs étrangers. Le travail sur 1. terrain consistait en une collecte de données effectuée dans le pays d'accueil du 01 mai au 15 aoQt 1"1.

2.2.2 Cadre méthodologique

Le système d'éducation est un système social dans lequel une multitude de variables influencent le processus de formulation de poli tiques. Le système social en éducation

(32)

..

Lanque d'ens.iqnem.nt 14

affecte donc les autres systèmes sociaux, et réciproque.ent ces systèmes affectent le système d'éducation. Le processult de

rormulation de politiques est donc très complexe et

multidimensionnel. Leur réalisation est dépendante d.s

qualités intrinsèques du milieu dans lequel elles agiront. La tendance de la dernière décennie pour l'étude de politiques favorise l'utilisation de métbodes qualitatives, afin de saisir le processus de création qu'il implique. Cette catégorie de recherche implique de l'évaluation et de

l'analyse de choix, suivant une approche critique

d'interprétation. La recherche qualitative possède ainsi

d'excellents moyens pour comprendre l'être humain et

l'environnement social qu'il a créé, et dans lequel il observe, parle, écoute et participe.

Dans le domaine des politiques, le procédé est souvent plus important que le résultat obtenu. En erret, il arrive

rrique . . ent que des politiques échouent suite à leur

implantation. Lorsqu'il s'agit d'étudier une politique, 1.

chercheur se doit donc d'analyser non seulement le résultat mais éqalement le processus par lequel une poli tique est

rormulée, adoptée et implantée.

Cette recherche ne consiste donc pas à trouver d.s

réponses définitives i des questions, mais plutôt i décrire et

interpréter la réalité telle qU'elle se présente sur le terrain . t surtout telle que perçue. Il n' y tr. pas d'unique

(33)

( ...

{

Langue d'en.eiqn . . ent 15

façonné. et influencés par l'itre hWlUlin; et Cl est l'itre huaain qui donne l' interpritation aux 'v6ne.ents de

11 histoire. Afin de percevoir et comprendre le .ilieu exploré, la confiance accordie par le. informateur. burkinab's et

11 intiqration dans la co_unauté ont ité d'une i.portance primordiale.

La .éthodoloqie pluraliste, qualifiée de processus eD. spirale (Sara.n, 1985) convient à cette recherche. Cette méthode qualitative, qui comprend des entrevues et l'analyse de documents, Si effectue en trois étape.:

d'informations, déduction, comparaison.

priae d'information déduction

/

Faits non-ordonnés - Comparaison

---~

Faits ordonnés prise

Piqure 1 Métbodoloqie pluraliste suivant un processus en spirale. Source: Saran (1985)

Ce procédé iaplique l'utilisation de ces méthode. de façon non-ordonnée et parfois .imultanie. Ce. étape. de la méthodologie ont la particularit.é d'être toujours en 'vclutioD et de .'adapter à ce qui est découvert sur le terrain. Ainsi, le chercheur .e laisse imprégner dan. le nouveau aili8u et

(34)

1

Langu. 4'ena.ign . . . nt 16 d_eure ouvert

a

4e nouvelle. donnée. pouvant comp16ter le tableau. L'analyse se réalise i toute. le. étape. 4u proces.us.

2.2.3 Instrumenta de meaure

Le. document. et le. entrevue. ont été les instruaenta de me.ure choisis pour recueillir le. dODnées. Pre.ièrement, lea document. analy.é. sont 4e différente. .ouX'ce.. pui.qu' il exi.te un proce.sus 4' interaction entre le. .ources d'information et le chercheur influen9ant l'interprétation et le sen. de. document., ce. sources ont été comparée. afin d'offrir un éventail d'élé.ents propres à ali.enter l'interprétation de la prol:»lématique. Elles sont énumérées ci-dessous:

a) documents gouvernementaux (étudea, rapports) ~) .tatistique. scolaire.

c) document. de la réforme de 1978

a

1984 d) journaux

e) article. de revue. f) livres scolaire.

Deuxième.ent, en ce qui a trait aux entrevue., elle. ont 6t6 de type non-directif tel que préconi.é par Whyte (1982),

tta.ie. davantage sur la conversation. Dan. ce qenre d'entrevue, l'interviewer ne suit pas une foraulatioD atandard

(35)

1

Langue dlenseiqnement 17

de questions. En effet, les questions préparées à li avance

lors d'un entretien sont trop restrictives et limitent la perspective du chercheur. Le développement d'une relation de confiance avec l'informateur a plutôt été recherché, combiné

à une direction de l'entrevue co.prenant des clarifications et

des paraphrases, afin d'obtenir le type dl information désiré. Malgré la flexibilité de l'entrevue non-structurée, elle

implique la préparation d'un cadre de travail et un certain contrôle lors de l'entrevue, pour faciliter l'obtention d'informations pertinentes.

L'accès à l'informa tion constitue une pre.ière étape

essentielle à l'obtention des données, et est dépendante cS. la

relation établie entre l'interviewer et l'informateur. En ce sens, la relation de confiance ayant pu être établie avec les qen. sur le terrain était importante. L'utilisation du .aqnétophon. a été écartée dans plusieurs cas afin de ne pas qêner l'informateur et créer une barrière lors des entretiens. Les commentaires recueillis ont plutôt été retranscrits une fois l'entrevue terminéa.

Les personnes interviewées ont été les suivantes: a) chercheurs

b) fonctionnaire. au H.E.B.A.H. c) universitaires

d) ense1qnant.

(36)

Langue d'enseign . . ent 18 compréhension de la réalité décrite dans les docUllents. Peu de données ont été prises à ce moment. Il s'agissait plutôt d'être à l'affOt de ce qui se passait dans les salles de classe. Les enseignants ont également accepté de partager leur expérience lors de ces visites.

2.2.4 Analyse des données

L'analyse préliminaire des données compranai t la transcription des données enregistrées sur magnétophone et la classification de différents éléments: données générales sur

1. pays, événements historiques en éducation, priorités gouvernementales actuelles, situation de l'enseignement primaire en 1991, théories d'enseignement en langue première et arguments de spécialistes burkinabès.

La théorie de la contingence, telle que décrite par Rondinelli, Middelton et Verspoor (1990), a été utilisée afin

4' analyser les exigences d'un proj et de réforme comprenant l'enseignement en langues nationales ~u primaire. Cette théorie considère principalement le degré d'innovation du projet ainsi que le degré d'incertitude environnementale, afin

4. déterminer une stratégie administrative adéquate visant éventuellement l ' illplantation du projet. Essentiellement, elle compare les pré-requis administratifs du projet avec la capacité administrative de l'organisme chargé de l'implantation (le M.E.B.A.M. dans ce cas-ci) et propose des ajustements afin d'en permettre la faisabilité.

(37)

1

r

Langue d'enseignement 19 Une élaboration plus détaillée de cette théorie se retrouve à la section 5.1 de cette étude. Notons toutefois que cette recberche se concentre sur l'analyse des pré-requis administratifs de l'enseignement en langues nationales au primaire. Par ailleurs, des hypotbèses sont avancées quant i

la capacité administrative du Il.E.B.A.M., et des options d'ajustement au niveau de l'orqanisme et du projet sont explorées.

2.3 Limites

La recherche entreprise à l'étranger est soumise i

certaines incertitudes dues principalement à la distance entre le lieu de collecte de données (Burkina Faso) et la poursuite de la recherche (Canada), ainsi qu'à la différence de culture entre le chercheur et la population du Burkina Faso. Cette recberche a été soumise à ces contraintes. Par contre, une intégration relativement aisée dans le milieu et des contacts établis rapidement ont facilité la compréhension des valeurs et attitudes du peuple burkinabè.

Des contacts aux différents établissements avant le départ ont été établis afin d'être en mesure d'obtenir des données supplémentaires en cas de besoin, sans nécessiter un retour sur le terrain.

Il semble important de souligner qUtt les informations journalistiques sont soumises à la censure au Burkina Faso. Malgré un vent de démocratisation présent en 1991, cette

(38)

Langu6 d'enseignement 20 situation était toujours présente et a pu itffecter la validité de l'inrormation recueillie. Par contre, l'utilisation restreinte du magnétopbone a probablement contribué à une plus grande ouverture des gens. Également, certains contacts établis se sont avérés d' appréciables ressources. Ils ont permis d'être référée à d'autres informateurs, et d'obtenir plus facilement leur confiance et leur dévouement.

En dernier lieu, il semble important de préciser que la recharcha qualitative ne cherche pas à généraliser les résul tats obtenus. Les conclusions de cette étude seront possiblement généralisables à d'autres pays dans la mesure où ces pays présentent des éléments en commun. Il sera alors possible d'appliquer certains résultats de cette recherche, tout en admettant que chaque milieu social est différent, et en constante évolution. Cette opération doit donc s'accomplir avec réserve.

(39)

",

L.ngue 4'enseiqnament 21 3. Fon4ement. de la problématique

Considérant le. f.ible. taux 4e scol.ri.ation et d'alphabétisation d.ns les pays en voie de développement, l'objectif principal 4e. .utori té. qouverne.antale. 4e ce. p.y. est d'offrir une éduc.tion 4e base universelle, dan. le but d'éliminer l·.nalph.béti ••••

Le. opinion. sont toutefois p.rtaqés qu.nt à la l.ngue 1

utiliser pour p.rvenir à .cquérir l~8 h.biletés littéraire ••

D.puis la proclaaation 4. l'UNESCO an 1953 (UNESCO, 1953), cet orqanisme internation.l a soutenu ses encour.qe.ent. aux p.ys afric.ins afin qu'ils tiennent compte 4e la l.nque pre.iire et qU'ils offrent, du moin • • n p.rtie, l'enseiqne.ent dans cette

l.ngu ••

Pour cert.ins, 1. l.nque pre.ièr. est préférable et constitue même un 4roit fon4am.ntal; pour d'autres, une l.nque d'enverqure internation.l., qui po.sède une littér.ture et un pouvoir économiqu., prés.nte plu. 4' avant.qes. Le 4il_e s'articule en f.it autour 4e 1. priae en consi4ér.tion ou de l'ignorance, en totalité ou en p.rtie, 4e la l.nque pre.iire d.n. le système éducatif. La prise en considér.tion 4e deux

l.ngue. dans le systè.. é4uc.tif conduit 1 un systime

d'éducation bilinque.

Il na f.it .ucun douta que le franç:ai., en t.nt que l.ngue internationale, représ.nte pour le Burkin. F.so une ouverture sur le mon4. .xtérieur per.ettant 4' évoluer au diap.son de 1. communauté intern.tion.le. En f.it, une lanque

(40)

Langue d'en.eign . . ent 22 internationale est essentielle au développ,ment du pays et elle doit faire partie du système éducatif. La question est plutôt de savoir si l'on doit tenir compte des langue.

nationales. ceci nous amène i parler d'éducation bilingue,

incluant le fran9ais et les langues nationale. comme langue.

d'enseignement A certains niveaux du système éducatif.

Les opposants et les partisans de l'enseigne.ent en langues nationales ont des préoccupations co_unes. Pour certains, ces problème. sont tels que les coOts occasionnés sont supérieurs aux bénéfices possibles. Pour d'autres, ces problè.e. représentent des défis pour lesquels des solutions

acceptables existent, qui valent les coQts engendrés~ et qui

favoriseraient un accès universel i l'éducation.

La recherche en éducation bilingue est abondante

concernant l'i.pact de cette pratique sur l'individu. Il faut toutefois noter que l'éducation fonctionne dans un contexte social, et inclut des dimensions et ra.ifications aux niveaux de la communauté, de la région, de la nation, et i l'échelle

internationale (Fishaan, 1972). L'éducation aide i créer les

co_unaut's, et à répondre aux besoins de ces dernières.

Ainsi, considérer unique.ent l'impact d'un certain type d'.ducation sur l'individu serait certaine.ent ignorer une

partie importante de la problématique. Les décideur.

politiques doivent donc prendre en considération différents a.pects de la problématique pour l'élaboration de politique. éducative •• Ces aspects se situent au niveau de l'individu, de

(41)

r

Langue d'enseiqne.ent 23 la société.

Le. sections qui suivent élaborent donc ces diffirent •• facettes de la problématique. Les aspects linguistique, politique, financier et économique y sont abordés.

3.1 Aspect linguistique

Troi. éléments importants retiennent d'abord l'attention. premièrement, la langue d' eDseignement occupe UD rale d.

premier plan quant i SOD impact sur les individus étant dODné

qu'elle représente 1. véhicule des cODnaissances et

particulièrement de. habiletés littéraire.. Chomsky (1970) croit d'ailleurs que la langue est l'instrument priviliqié pour forger la pensée et façonner l'asprit, et qu'.ll. constitua la base 4es acquisitions ultérieures. Il est

éqalement qénéralement adais que l'alphabétisation est

transférable d'une langue à l'autre et que ces habil.ti.

s'acquièrent plus facilement lorsque l'apprenant pos.èd. une base solide dans sa laDgue première.

Deuxièmement, il est aujourd'hui techniquement possible d'alphabétiser dan. quelque langue que ce .oit puisque toute

langue peut être transcrite, et propre i l'alphabétisation. Le

fait qu'une langue ne possède pas da littérature ne constitua donc pas une barrière en soit. Le. problème. pratique. d'une tell. procédure seront élaborés ultérieure.ent.

Troisième.ent, le Burkina Paso est una .ociété prés.ntant une hétérogénéité linguistique, con.tituée de .inorité.

(42)

1

l

parlant une soixantaine de langues. Le fran9ai. e.t la langue Langue 4'enseigne •• nt 24

première d'un très faible pourcentage de burkinab6.; cette langue jouit par contre 4'un prestige considérable aupr6s 4e la population.

3.1.1 Langue et culture

Suite à l'indépendance des pays de l'Afrique de l'Ouest, plusieurs pays ont 4ésiré adapter leur système d'éducation aux réalité. 4e leur pays, afin de transmettre de. connaissances en relation avec l'environne.ent .ocial 4e l'enfant. Cette adaptation devait inévitablement inclure la révision du rôle 4. la langue du pays colonisateur dans l'enseigne.ent.

Selon Hoffmann (1991: 202), la langue et la cultur.e sont étroite.ent liées. La langue procure un lien entre les indi vi4us et contribue à aaintenir un senti.ent 4' appartenance

à un groupe ethnique, un sentiment cS'identité nationale et 4. soli4ari'l;é. Elle per.et égale.ent à l'observateur extérieur 4e distinquer un groupe cS'un autre.

Bien .nr, la lanque n'est qu'un facteur parmi plusieurs, dont entre autres la couleur 4e la peau, la religion ou la situation géographique. Il semble pourtant que la langue est constitutive 4e la personnalité, et que le développement du langage d. l'enfant dépend du processus de socialisation de s.s premières années (Hamers i Blanc, 1'82), et contribue à

développer son identité culturelle, sociale et ethnique. Ainai, l'enfant avec sa lanque se percevra 4e plus ou moins

(43)

l

r

Lanque d'enseignement 25 grande valeur suivant la valorisation du groupe auquel il

appartient. La valeur que la société accorde à une ethnie et

sa lanque ont donc des répercussions sur le développement 4e la personnalité 4e l'enfant.

3 • 1. 2 Rela t ion entre langue première «L 1 ) et langue seconde «L2

1-Lambert (1977) divise le bilinguisme en deux catégories

suivant le contexte socio-culturel dans lequel il intervient:

le bilinguisme positif et le bilinguisme négatif. Le

bilinguisme positif résulte du développement d'habil.tés cognitives dans une langue seconde, au sein d'un environne.ent social favorable qui revalorise Ll. Le bilinquisme négatif survient lorsque Ll jouit d'un statut social inféri.ur.

L'une des principales implications pédagogiques de ces résultats de rech.rche est la suivante: si l'objectif souhaité est le développement opti.al du potentiel académique et cognitif de l'enfant de minorité linguistiqu., 1. progr . . . .

scolaire doit contribuer i développer un. forme additive de

bilinguisme (C\UIUIlins, 1979). Ainsi, dans un contexte où Ll est

valorisée, le bilinguisme peut être encouragé à un tr6s j.une

&qe, et se développer de fa90n bénéfique pour l'enfant. C'est par exemple le cas, au Canada, de. classa. d'i_.rsion française pour jeunes anqlophones. D'autre part, il est

souhaitable pour l'enfant dont Ll est dénigrée de la

(44)

cette lanque.

Le milieu

importance. En

Lanque d'enseign . . ent 26

socio-économique revêt également une

effet, l'apprentissage en Li facilite

l'acquisition et la maitrise de L2 pour les étudiants de

milieux à faibles revenus et ayant été peu exposés i un

environnement littéraire (cummins , Svain, 1986'. Pour ces

enfants, il est donc important de consacrer du temps durant un

certain nombre d'années à l'alphabétisation en Li' afin de

b'tir une solide base littéraire. Le développement de ce.

dispositions et habiletés socio-cognitives reliées i la

littérature servent éventuellement de fondation i une L2 et en

facilite l'apprentissage. Le moment optimal du transfert de Li

i L2 est discutable, et doit considérer les caractéristique.

linguistiques et socio-économiques de l'apprenant et de son environne.ent (Svain, 1978).

3.1.3 Survie de la langue

Selon Hoffmann (1991), la migration, l'industrialisation,

l'urbanisation, le pre.tige d'une langue et la langue

d'enseignement sont autant de facteurs qui influencent la survie d'une lanque. Par ailleurs, l'auteur note que le. ca. d'extinction de lanques sont principalement observés dans le. communautés dont la langue bénéficie d'un faible statut, et où la lanque d'enseigne.ent est la langue d'un groupe qui bénéficie d'un statut social plus élevi. A moins d'une éducation bilingue de qualité permettant aux enfant. de lire

(45)

Langue 4'enseiqnement 27 et icrire la langue de leurs ancêtres, la survie de la langue d'oriqine est menacée. Par ailleurs, l'admiration pour le qroupe dominant et l'adoption de leurs valeurs, lié i un deqré

de praqmatisme, peut accéléré le chanq . . ent de langue.

(Hoffmann, 1991: 191)

s'il semble certain que la lanque d'enseiqnement est un facteur qui contribue au rayonnement d'une langue, il n'est toutefois pas certain que les individus qui parlent cette lanque désire la conserver. Supposer que tous les individus souhaitent retrouver la langue et la culture de leurs ancêtres est un affront aux libertés culturelles comparable i celui de

prendre pour acquis que tous désirent j oindre le creuset

mUlti-ethnique d'une quelconque superpuissance (Mackey, 1984).

3.1.4 Conclusion linquistigue

Du strict point de vue linquistique, l'enseiqnement en LI

pour les minorités apporte des bénéfices considirable. à

l'individu, du moins pour les premières anDées de

scolarisation. Selon Hamers et Blanc (1986), les bénéfices de

l'éducation en LI pour le. enfants issus 4e minorités sont trop souvent iqnorés, soit daDS le but d'assimiler les enfants

à la culture dominante; ou encore parce que les moyens sont

inaccessibles ou économiquement trop coQteux; ou parce que les décideurs politiques sont iqnorants des résultats des plus récentes recherches, et continuent de croire que l'immersion précoce en L2 assure une meilleure performance académique. Les

(46)

f

1

Langue d'enseigne.ent 2.

rechercbe. démontrent plutôt que le temps consAcr' ,

perfectionner LI ne ralentit pas la co.pétence en L2' et tend

à accroitre les babiletés en LI.

Le. doutes qui subsistent quant aux bienfaits de

l'enseigne.ent en LI concernent l'acqu~sition de L2' et des

question. d'ordre technique plutôt que le développe.ent intellectuel et é.otionnel de l'enfant.

3.2 Aspect financier

L'analyse financière, comparativement à l'analy ••

'conomique, ne comprend que les coOte comptables. Tel que

.entionn' pricéde . . ent, l'alphabétisation est possible dan.

quelque langue que ce soit, .ai. i quel coOt? L'éducation

bilingue engendre des coOts difficile.. à chiffrer, et le.

études sont imprécise. à cet égard.

La Banque Mondiale (1988) note que le cboix de la langue d'en.eigne.ent dépend du nombre de locuteurs d' une langue dan. une nation. Un examen des politique. de langue. dan. le. pays d'Afrique révèle que le facteur nombre a une influence sur le.

décideur. politique.. Dan. 21 pays qui utilisent les langues

nationale. co . . e langue. d'enseigne.ent, la langue la plu.

répandue dan. cbaqu8 pays est la langue pre.ière ou seconde de

plu. de 5 .illions d'babitant. dans le ca. médian. Dan. l '

pays qui utilisent une langue européenne co . . e langue

d'enseignement, le nombre de locuteur. de la langue la plu. répandue n'atteint qu'environ 2,5 .illions. Il semble donc

(47)

t

!

qu' un problème de

différences.

Langue d'enseiqnement

2'

faisabilité puisse expliquer ces

Le coOt de la production de matiriel en lanques

nationales est un élément de préoccupation, puisqu'il

occasionne un coOt , l'unité plus élevé lorsque le nombre de

locuteurs dans une langue est peu nombreux. Il semble

toutefois intéressant de citer le projet Rivers atate au

Niqéria, qui a démontré qu' il est possible de produire du

matériel pour un nombre important de minorités (environ une

vinqtaine dans ce cas-ci) à un coOt raisonnable, en utilisant

des formats et illustrations uniformes, et des méthodes économiques de production de matériel (Bamqbose, 1984).

Malqré des coOts passable.ent élevés, et en admettant que l'iducation bilingue est plus coOteuse que l'éducation dans une seule lanque, plusieurs élé.ents rendent l'éducation unilinque tout de mime coOteuse dans les pays africains. Pre.ièrement, la formation des enseiqnants est préoccupante puisque plusieurs professeurs maîtrisent la lanque officielle de façon inadéquate. Leur formation doit donc leur apprendre, ou perfectionner, la lanque dans laquelle ils ens.iqnent. Deuxièmement, plusieurs auteurs, dont Botti, Carelli , aaliba

(1977), pritendent qu' un systime d'éducation en langue seconde

allonqe l'éducation primaire et occasionne des coOts plus élevés.

Plusieurs questions surqissent alors: ces coOts seraient-ils récupérés ai l'éducation devait ae faire en langues

(48)

..

"

Langue d'enseigne.ent '0

nationales, considérant les investissements requis? Les

situations varient d'un pays à l'autre. Au Burkina l'aso,

aucune étude n'a été faite en ce sens.

Il de.eure toutefois probable que les coots occasionnés par l'éducation bilingue sont majeurs, et on peut facile.ent supposer un coat de transition extrêmement élevé. Est-ce un luxe que peuvent se peraettre les pays du Tiers-Monde?

(Mackey, 19a4'. Les aspect. économiques de la question

semblent fournir plus d'éléaents à cette question en

considérant l'impact d'un tel investissement à une plus grande

échelle.

3.3 Aspect économique

L'analyse économique considère la productivité des choix. En d'autres termes, si l'arqent était placé ailleurs, les

bénéfice. enqendré • • eraient-il. supérieurs?

L'enseignement en LI constitue pour plusieurs un droit fondamental. De telles affirmations favorisent l'individu au détri.ent de la société, et iqnorent d'importants enjeux. Bien sOr, l'enseignement en LI pour tous les individus peut constituer un idéal souhaitable. Par contre, les politiques

éducatives à l'échelle nationale reposent sur les res.ources

de III société, et représentent un coat. La société est en droit de .e demander si les bénéfices engendrés sont supérieurs aux coQts. Il faut surtout comprendre que ce qui est optimal pour un individU ne l'.st pas nécessairement pour

(49)

Langue d'enseignement 31

la société et son développe.ent. Les politiques nationales

doivent réussir à procurer un équilibre qui représentera le

.eilleur investissement possible en terme de choix de société.

Au sein des sociétés modernes, le développement de

l'babileté de savoir lire et écrire, ou de l'alphabétisation,

représente un moyen de changer les perceptions et

organisations cognitives des individus. Par le biais de l'alphabétisation, le. individus des sociétés littéraires,

confrontés à un environnement en constante évolution,

parviennent à fonctionner de fa90n plus efficace (Srivastava,

1984). Aujourd'hui, il est admis que l'éducation universelle permettrait aux nations de bénéficier de retombées économiques importantes en auqmentant la prOductivité de leur population

(Psacharopoulos, 1982).

Par ailleurs, il est également admis que

l'alphabétisation en L2 soumet l'apprenant i la pression

d'apprendre deux habiletés en mime temps, soit lire et écrire,

et maîtriser L2' ce qui tend i affecter la performance. Dès

1953, l'UNESCO a dénoncé l'enseignement uniquement en L2'

responsable, à son avis, d'un qrand nombre d'échecs. Depuis

lors, plusieurs auteurs ont réprouvé cette pratique.

Srivastava (1988) soutient que ce choix en retient plusieurs

au niveau de semi-illettré. Poth (1990) poursuit dans le mi.e

sens en affirmant que les enfants prennent dl: retard, et

écbouent davantage. Botti, Carelli et Saliba (1977) ~rftendent

(50)

r

l'éducation primaire et occasionne des coQts plus élevés. Langue d'enseignement 32

si effectivement les jeunes abandonnent ou redoublent étant donné la langue d'enseignement, un investisse.ent en langue nationales ne serait-il pas plus rentable? L'état actuel des recherches au Burkina Faso ne permet pas de

conclure à ce sujet.

3.4 Aspect politique

La langue joue un rôle très important de relation de

les états multi-ethniques. Les

pouvoir dans

politiques optent fréquemment pour une

af in de préserver l'uni té

centralisatrice,

autorités politique nationale. Fréquemment, en terme de langue officielle, la devise "une langue, une nation" prime. L'histoire est d'ailleurs farcie d'.xemples à cet égard. Par exemple, la France a opté pour le fran9ais comme seule langue officielle, alors que les Bretons et les Basques, pour ne nommer que ceux là, possédaient et possèdent encore auj ourd 'hui leur propre langue et culture. La l'rance a opté pour une centralisation des pouvoirs. En fait, peu de nations en Europe peuvent se vanter d'avoir respecté

l.s droits linguistiques de leurs minorités.

Quelle langue veut le peuple? Tel que l'on sait, les politiques éducatives doivent correspondre aux ambitions de la population. Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays de l'Afrique francophone, le désir d'alphabétisation est souvent confondu avec le désir d'apprendre le fran9ais. La langue

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Langue d'enseignement 33 officielle est celle utilisée dans les grandes villes, elle est synonyme de grand prestige et elle représente la voie de la réussite sur le marché du travail. Il faut admettre que lorsque l'enseignement est donné dans une langue nationale différente de celle parlée à la maison, l'apprentissage peut s'avérer tout aussi difficile et vraiseBlablement moins utile.

Sanou (1990) apporte des considérations intéressantes quant à la vision du peuple africain sur l'utilisation des langues nationales dans l'enseignement. Selon l'auteur, la résistance aux langues nationales est passive et supplantée par la ténacité des partisans de l'enseignement en langues nationales. En effet, il affirme que l'interprétation de la domination coloniale et de l'imposition du fran9ais cOllUDe langue d'enseignement est sujette à l'interprétation que l'on fait de l'histoire. Ainsi, Sanou prétend que les Africains exigeaient une éducation comparable à celles des pran9ais et dispenser en fran9ais, dans le but 4e mieux assimiler la culture occidentale et mieux rivaliser avec le. colons sur leur propre terrain. A titre d'exemple récent, il rapporte qu'en 1976, l'ethnie bantou d'Afrique 4u Sud s'était opposé à

un projet d'éducation leur affirmant que l'on désirait rabais. L'ethnie bantou a l'enseignement en anglais.

imposant leur propre langue, leur. offrir une éducation à

réclamé la poursuite 4e

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,

.i

Langue d'enseignement 34 problèllle culturel, et la culture est indissociable de la politique affirllle Sanou (1990). Les considérations éducatives ne peuvent donc pas ignorer les relations de pouvoir en jeu, ainsi que les aspirations d'un peuple de conserver un certain pouvoir.

3.5 conclusion

Les avantages pédagogiques de l'enseignelllent en langue prelllière pour les minorités linguistiques sont indéniables à

la lueur des plus récentes recherches en linguistique. Toutefois, l'analyse d'une politique éducative au niveau national doit considérer les avantages et désavantages f!es choix possibles pour la société. Il faut en effet considérer le contexte dans lequel elle s'appliquerait afin de s'assurer que ces cbangelllents représenteraient un choix, de société plus profitable que les mesures actuellement en vigueur.

La question est essentiellelllent politique. Les politiciens doivent prendre en considération la faisabilité d'un tel projet en examinant la situation linguistique au pays, les coQts et bénéfices tant financiers qu'éconollliques, la volonté de la population à vouloir ces changements, les pré-requis administratifs de la réforllle et la capaciti administrative de l'agence d'exécution. La décision finale d'adoption de politique relève certainement d'une volonté politique et d'un engagement soutenu à l'égard du projet de réforme.

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,. ,

Lanque 4'.n.eign . . ent 35 La .ection quatre ci-après aborde certain. ili.ent. e •• entiels à l'analyse 4e tels choix. Elle présente entre autre. le. opinions 4' un cercle 4' intellectuel. burkinabè. intiressës à cette question, ainsi que le. résultats de recherches •• Dies auprès 4e la population 4u pays.

Figure

Tableau  X  :  c.rtain ••  raisons  possible.  de  l'abandon
Tableau  l  Indicateurs  de  base  du  Burkina  Paso
Tableau  II  structure  du  système  d'éducation  4u  Durkina  Faso
Tableau  IV  statistiqu.s  scolair.s  de  l'.ns.ign ••• nt  d.  bas.
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