"REPERES"
COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB,Département "Didactiquesdes
disciplines",
INRPMichel
DABENE,Université
deGrenobleIII
SuzanneDJEBBOUR,
IUFM
deCréteil, CentredeMelun
Gilbert DUCANCEL, IUFM d'Amiens
JocelyneFOUQUET,
Circonscription
deParisXVIèmeMarie-Madeleine
deGAULMYN, Université
deLyon
II
Rosine
LARTIGUE,
IUFM
deCréteil, CentredeMelun
Maurice
MAS,IUFM
deGrenoble, CentredePrivasMaryvonne
MASSELOT,Université
de BesançonAlain
NICAISE,
Circonscription
deDoullens Colette FINET,IUFM
dAmiens
Hélène
ROMIAN,
Département "Didactiquesdesdisciplines",
INRP
(rédactriceenchef)
Catherine
TAUVERON,
IUFM
deClermont-Ferrand
COMITE
DE
LECTURE
Suzanne
ALLAIRE, Université
de RennesAlain
BOUCHEZ,Inspection Généralede laFormation
desMaîtresJean-PaulBRONCKART,
Université
deGenève, SuisseJean-LouisCHISS, ENS deSaint-Cloud, CREDIF
Jacques
DAVID, IUFM
deVersailles, CentredeCergy-Pontoise FrancetteDELAGE,IEN,
NantesSimoneDELESALLE,
Université
ParisVIII
Claudine
FABRE,Université
dePoitiersFrédéricFRANÇOIS,
Université
ParisVClaudine
GARCIA-DEBANC,
IUFM
deToulouse,CentredeRodezClaudine
GRUWEZ,MAFPEN
deLille
Jean-PierreJAFFRÉ,CNRS
Claude LELIÈVRE,
Université
ParisVJean-BaptisteMARCELLESI,
Université
deRouen Marie-LouiseMOREAU,
Université
deMons, BelgiqueYvesREUTER,
Université
deLille
III
Bernard
SCHNEUWLY,
Université
deGenève, Suisse JacquesWEISS,IRDPdeNeuchâtel,SuisseDirecteur
depublication
:FrancineDUGAST,directeur
del'INRP.Lesarticles envoyésàla revue
doivent
êtredactylographiésetcomporter
10 à"REPERES"
COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB,Département "Didactiquesdes
disciplines",
INRPMichel
DABENE,Université
deGrenobleIII
SuzanneDJEBBOUR,
IUFM
deCréteil, CentredeMelun
Gilbert DUCANCEL, IUFM d'Amiens
JocelyneFOUQUET,
Circonscription
deParisXVIèmeMarie-Madeleine
deGAULMYN, Université
deLyon
II
Rosine
LARTIGUE,
IUFM
deCréteil, CentredeMelun
Maurice
MAS,IUFM
deGrenoble, CentredePrivasMaryvonne
MASSELOT,Université
de BesançonAlain
NICAISE,
Circonscription
deDoullens Colette FINET,IUFM
dAmiens
Hélène
ROMIAN,
Département "Didactiquesdesdisciplines",
INRP
(rédactriceenchef)
Catherine
TAUVERON,
IUFM
deClermont-Ferrand
COMITE
DE
LECTURE
Suzanne
ALLAIRE, Université
de RennesAlain
BOUCHEZ,Inspection Généralede laFormation
desMaîtresJean-PaulBRONCKART,
Université
deGenève, SuisseJean-LouisCHISS, ENS deSaint-Cloud, CREDIF
Jacques
DAVID, IUFM
deVersailles, CentredeCergy-Pontoise FrancetteDELAGE,IEN,
NantesSimoneDELESALLE,
Université
ParisVIII
Claudine
FABRE,Université
dePoitiersFrédéricFRANÇOIS,
Université
ParisVClaudine
GARCIA-DEBANC,
IUFM
deToulouse,CentredeRodezClaudine
GRUWEZ,MAFPEN
deLille
Jean-PierreJAFFRÉ,CNRS
Claude LELIÈVRE,
Université
ParisVJean-BaptisteMARCELLESI,
Université
deRouen Marie-LouiseMOREAU,
Université
deMons, BelgiqueYvesREUTER,
Université
deLille
III
Bernard
SCHNEUWLY,
Université
deGenève, Suisse JacquesWEISS,IRDPdeNeuchâtel,SuisseDirecteur
depublication
:FrancineDUGAST,directeur
del'INRP.REPERES N° 5
-1992
PROBLÉMATIQUE
DES
CYCLES
ET
RECHERCHE
Sommaire
Despistes
et
desoutilsconceptuelspour
lescyclespar Hélène ROMIAN 3
LESCOMPÉTENCESLANGAGIÈRES ENQUESTION
De lacompétence linguistiqueauxcompétenceslangagières
parJean VIVIER 9
Compétencelangagièreorale
par Catherine LECUNFF 27
Laquadratureducycle?Desmodules
pour
laproduction d'écritsàl'écoleparMaurice MAS 43
Compétencesdelecture:quelquesaspectsdesdébats
enpsychologiecognitive
parRoland GOIGOUX 63
DESCONCEPT-CLÉSPOURL'APPRENTISSAGE/ENSEIGNEMENT Traitementdeserreursenmathématiques
et
stratégiesdedifférenciationparRolandCHARNAY 87
Apprendre
par
franchissement d'obstacles ?par Jean-PierreASTOLFI 103
Résolutions de problèmes de Français. Apports pédagogiques
et
didactiquesàl'enseignementpar
cyclesparGilbertDUCANCEL 117
Interactionsengroupeetconstructiondessavoirs:
le cas de lalangueécrite en grande section dematernelle
par Françoise PLATONE et MarianneHARDY 139
VERS UNE MISE EN COHÉRENCE DE L'ENSEIGNEMENT/APPRENTIS¬
SAGEDU FRANÇAIS
Maîtrise de la langue
et
cohérence pédagogique, didactique. Apprentissagesdelalecture/écritureau cycle IIparHélène ROMIAN 149
Versuneconstructioncontinuedelanotion de variationlangagière ducycleI aucycle III
parEvelineCHARMEUX 167
Programmation des apprentissages de la production d'écrits :
duprojetd'écoleauxprojetsdecycles
par André SÉGUY 185
Danslecourrierde Repères,par Hélène ROMIAN 203
Notes de
lecture,
parHélène ROMIAN 205Numérocoordonnépar Hélène ROMIAN
REPERES N° 5
-1992
PROBLÉMATIQUE
DES
CYCLES
ET
RECHERCHE
Sommaire
Despistes
et
desoutilsconceptuelspour
lescyclespar Hélène ROMIAN 3
LESCOMPÉTENCESLANGAGIÈRES ENQUESTION
De lacompétence linguistiqueauxcompétenceslangagières
parJean VIVIER 9
Compétencelangagièreorale
par Catherine LECUNFF 27
Laquadratureducycle?Desmodules
pour
laproduction d'écritsàl'écoleparMaurice MAS 43
Compétencesdelecture:quelquesaspectsdesdébats
enpsychologiecognitive
parRoland GOIGOUX 63
DESCONCEPT-CLÉSPOURL'APPRENTISSAGE/ENSEIGNEMENT Traitementdeserreursenmathématiques
et
stratégiesdedifférenciationparRolandCHARNAY 87
Apprendre
par
franchissement d'obstacles ?par Jean-PierreASTOLFI 103
Résolutions de problèmes de Français. Apports pédagogiques
et
didactiquesàl'enseignementpar
cyclesparGilbertDUCANCEL 117
Interactionsengroupeetconstructiondessavoirs:
le cas de lalangueécrite en grande section dematernelle
par Françoise PLATONE et MarianneHARDY 139
VERS UNE MISE EN COHÉRENCE DE L'ENSEIGNEMENT/APPRENTIS¬
SAGEDU FRANÇAIS
Maîtrise de la langue
et
cohérence pédagogique, didactique. Apprentissagesdelalecture/écritureau cycle IIparHélène ROMIAN 149
Versuneconstructioncontinuedelanotion de variationlangagière ducycleI aucycle III
parEvelineCHARMEUX 167
Programmation des apprentissages de la production d'écrits :
duprojetd'écoleauxprojetsdecycles
par André SÉGUY 185
Danslecourrierde Repères,par Hélène ROMIAN 203
Notes de
lecture,
parHélène ROMIAN 205R
eperes
Recherches
en
didactique
du
français
langue
maternelle
"Repères"
nouvelle série
La
revue
améliore
sa présentation,
adopte
unformat
plus
lisible,
publie
désormais
2fois par
andes
dossiers
plus
importants,
(160
pages environ),
s'ouvre
à
tous
les
chercheurs concernés
par
la
didactique
du
français
langue
maternelle
à
l'école primaire.
"Repères"
Un
espace
d'échange,
de
débat
scientifique
pour tous
ceux
qui
interrogent
le
rôle
fondamental
du
langage
oral,
écrit
dans
les
apprentissages,
l'échec ou
la
réussite
scolaires,
ledevenir des élèves.
"Repères"
Un
outil
de
travail pour
les
formateurs,
les
chercheurs
en
didactique
du
français
langue
maternelle
:-
la
didactique
du Français,
discipline
d'enseignement
et
composante des
autres
enseignements,
-des
recherches
menées à l'école et
pour l'école,
pour la formation des
maîtres,
-
des
problématiques
de
recherches
en
cours,
des dossiers prospectifs.
Institut
National
de
Recherche
Pédagogique
R
eperes
Recherches
en
didactique
du
français
langue
maternelle
"Repères"
nouvelle série
La
revue
améliore
sa présentation,
adopte
unformat
plus
lisible,
publie
désormais
2fois par
andes
dossiers
plus
importants,
(160
pages environ),
s'ouvre
à
tous
les
chercheurs concernés
par
la
didactique
du
français
langue
maternelle
à
l'école primaire.
"Repères"
Un
espace
d'échange,
de
débat
scientifique
pour tous
ceux
qui
interrogent
le
rôle
fondamental
du
langage
oral,
écrit
dans
les
apprentissages,
l'échec ou
la
réussite
scolaires,
ledevenir des élèves.
"Repères"
Un
outil
de
travail pour
les
formateurs,
les
chercheurs
en
didactique
du
français
langue
maternelle
:-
la
didactique
du Français,
discipline
d'enseignement
et
composante des
autres
enseignements,
-des
recherches
menées à l'école et
pour l'école,
pour la formation des
maîtres,
-
des
problématiques
de
recherches
en
cours,
des dossiers prospectifs.
DES
PISTES ET DES
OUTILS
CONCEPTUELS
POUR
LES
CYCLES
HélèneROMIAN
Ce numéro 5 de Repères répond à une question d'actualité : en quoi des
recherches,qui n'ontpas, sauf exception, étéconçues danslecadre des cycles, peuvent-ellescependant être potentiellement utilisables pour leurmise enplace?
C'est poser là un problème de fond. On ne saurait en effet attendre de
recherches,antérieuresà uneprisededécisionenmatièredepolitique éducative, qu'ellesfournissent des réponsesà sensunique, enprêt-à-appliquer, auxproblèmes quiseposent.À supposer mêmeque certaines recherches aient anticipé de manière prospective sur les cycles- ce qui est le cas, par exemple, des recherches sur renseignement/apprentissage de la lecture/écritureen S.G. -
CP.
-CE, menées danslesannées1970autourduPlan deRénovationINRP-ellesont buté de manièreredhibitoiresurlescloisonnements institutionnels. Organiser desapprentissagesen
continuité,neserait-cequesur troisans,n'étaitguère réalisableavant1991.Toutau
pluspouvait-onenconcevoirlesprincipes.
Ceci étant,ilaparuutile auComité deRédactiondeRepèresdeconstituerun
dossier,enrelationaveclaproblématiquedescycles,autourdetrois interrogations:
quelpeut être le statut de la notionde compétences langagières, s'agissant de «maîtrisede lalangue» ?Quels concepts sont opératoires pourgérer desappren¬
tissagestenant compteà lafois delalogiquedes apprenantsetdelalogiquedes savoir-faire,des savoirs àenseigner?Selonquels principes mettre en
uvre
etconcevoir desenseignements/apprentissagescohérents?
Lapremièreinterrogationporte, commeilse doit,surlanotion môme de
«compétence(s) langagière(s)», dans la mesure où le document de base Les cyclesàl'écoleprimaire (désormaisCEP)estciblé surles«compétencesàacquérir
aucoursdechaque cycle»,manifestantainsiunobjectif central:«mieuxprendreen
compteledéveloppementde l'enfant» (CEP p.4) de manièreà «conduirequatre élèvessurcinq auniveaudubaccalauréat» (CEP, p.1 1).Celanesignifie pas pour
autantunreculsurlescontenus:CEP invite à«recentrer»l'actiondu maître «tout
autantsurceluiquiapprendquesurcequ'ildoit apprendre».Entémoignelaplace centralede lamaîtrisede lalangue qui constitue désormaisl'undestrois domaines de compétencesàformer, intégrantàlafois des «compétencesd'ordredisciplinaire»
etdes«compétencestransversales»àtousleschampsdisciplinaires (CEP,pp.
23-26).
Repèresadéjàconsacréundossierà la(aux)compétence(s)enjeudans la
productiond'écrits (JaffréJ.-P. &Romian H.dir, 1991). Nousnouspermettonsd'y renvoyerlelecteur.Nousy interrogionsdesrecherchesensciencesdulangage,en
psychologie cognitive,en didactique.Est-onfondéàconsidérerunecompétence scripturaleglobaleauxcomposantes différenciées,àsavoirunensemblede savoir-faire, de représentations et de savoirs d'ordre procédural (opératoire), d'ordre
DES
PISTES ET DES
OUTILS
CONCEPTUELS
POUR
LES
CYCLES
HélèneROMIAN
Ce numéro 5 de Repères répond à une question d'actualité : en quoi des
recherches,qui n'ontpas, sauf exception, étéconçues danslecadre des cycles, peuvent-ellescependant être potentiellement utilisables pour leurmise enplace?
C'est poser là un problème de fond. On ne saurait en effet attendre de
recherches,antérieuresà uneprisededécisionenmatièredepolitique éducative, qu'ellesfournissent des réponsesà sensunique, enprêt-à-appliquer, auxproblèmes quiseposent.À supposer mêmeque certaines recherches aient anticipé de manière prospective sur les cycles- ce qui est le cas, par exemple, des recherches sur renseignement/apprentissage de la lecture/écritureen S.G. -
CP.
-CE, menées danslesannées1970autourduPlan deRénovationINRP-ellesont buté de manièreredhibitoiresurlescloisonnements institutionnels. Organiser desapprentissagesen
continuité,neserait-cequesur troisans,n'étaitguère réalisableavant1991.Toutau
pluspouvait-onenconcevoirlesprincipes.
Ceci étant,ilaparuutile auComité deRédactiondeRepèresdeconstituerun
dossier,enrelationaveclaproblématiquedescycles,autourdetrois interrogations:
quelpeut être le statut de la notionde compétences langagières, s'agissant de «maîtrisede lalangue» ?Quels concepts sont opératoires pourgérer desappren¬
tissagestenant compteà lafois delalogiquedes apprenantsetdelalogiquedes savoir-faire,des savoirs àenseigner?Selonquels principes mettre en
uvre
etconcevoir desenseignements/apprentissagescohérents?
Lapremièreinterrogationporte, commeilse doit,surlanotion môme de
«compétence(s) langagière(s)», dans la mesure où le document de base Les cyclesàl'écoleprimaire (désormaisCEP)estciblé surles«compétencesàacquérir
aucoursdechaque cycle»,manifestantainsiunobjectif central:«mieuxprendreen
compteledéveloppementde l'enfant» (CEP p.4) de manièreà «conduirequatre élèvessurcinq auniveaudubaccalauréat» (CEP, p.1 1).Celanesignifie pas pour
autantunreculsurlescontenus:CEP invite à«recentrer»l'actiondu maître «tout
autantsurceluiquiapprendquesurcequ'ildoit apprendre».Entémoignelaplace centralede lamaîtrisede lalangue qui constitue désormaisl'undestrois domaines de compétencesàformer, intégrantàlafois des «compétencesd'ordredisciplinaire»
etdes«compétencestransversales»àtousleschampsdisciplinaires (CEP,pp.
23-26).
Repèresadéjàconsacréundossierà la(aux)compétence(s)enjeudans la
productiond'écrits (JaffréJ.-P. &Romian H.dir, 1991). Nousnouspermettonsd'y renvoyerlelecteur.Nousy interrogionsdesrecherchesensciencesdulangage,en
psychologie cognitive,en didactique.Est-onfondéàconsidérerunecompétence scripturaleglobaleauxcomposantes différenciées,àsavoirunensemblede savoir-faire, de représentations et de savoirs d'ordre procédural (opératoire), d'ordre
REPÈRESN"5/1992 H.ROMIAN
conceptuelquipermettent l'exerciced'uneactivitédonnée et/oudescompétences différenciées actualisées en opérations différenciées, selon lestypes d'écrits, et
donnantlieuàdesapprentissages spécifiques?Ledébatestloind'êtretranché. Ceci étant, en l'état des connaissances, telle description, tel modèle d'analyse peut s'avérer particulièrement heuristiqueendidactique.
Lescontributions des psychologues, des didacticiens quenous avons rassem¬
bléesdansce n° 5 deflepèresvontdans lemême sens,etmontrentàlafois l'intérêt heuristique et le caractère problématique de la notion de «compétence(s)» langagière(s). AinsiJean Vivierrendcomptedes évolutions quise sontproduites depuislathéorieinitiale,algorithmiquedeChomsky, marquéeparlasyntaxe.Onse trouve actuellement devantunchampélargimaiséclaté où secôtoient desmodèles plusoumoinslocaux,plusou moinscompatibles intégrant aussidespointsde vue sémantiques, pragmatiques. Onest loind'une théorie générale qui rendraitcompte
du rapport entrecompétenceet performance, entre l'ordreduvirtuel etl'ordredu factuel.Lanotiondecompétences langagièresquirassembledesmodèlesplusou
moins locauxn'en estpasmoinsutile auxdidacticiensàconditionde nepasperdre de vuesoncaractèrecomposite.
C'est bien dans cette perspective que se situent MauriceMas etCatherineLe
Cunff. Traitant de la compétence langagière orale, C. Le Cunff est résolument prospective dans lamesureoù ladidactique de l'oral où pourrait intervenircette notionestplusuneperspective qu'uneréalité (LeCunff&Romian,1991).Elle rend
compte des premiers essais de mise en place de situations d'oral diversifiées impliquant des tâches discursives-problèmeset induisantun métalangageopéra¬
toire dèslecycle 1 etaucycle2.QuantàM.Mas,ilprésenteunmodèled'analyse
didactique des composantes de lacompétence scripturaleissu derecherchessur l'évaluationdes écritsportant principalementsurlecycle3.Ce modèleluiapermis d'élaborerdesoutilsdidactiques permettant d'induiredes «cycles»d'apprentissage :
une mise enrelationhiérarchiséed'«objectifsdecompétences» avecdescontenus d'enseignement ; une exploration contrastive de deux types de textes (narratif/
explicatif) ;un «moduled'enseignement» d'untypedetexte prescriptif.
S'agissant de lecture, Roland Goigoux rejointJean Vivier pour inciter à la
prudence.Lesdébats,dans lechampde lapsychologie cognitive, demeurentvifs, etsont loin d'être tranchés. On peuts'interrogersur lavalidité «écologique» des modèles récents quiaccordentuneplaceprépondéranteauxprocessusd'apprentis¬
sage grapho-phoniques mais ignorent l'influence de la variation des conditions didactiques sur ces processus. On peut également interroger le clivage entre «identificationde mots» et«compréhensionde textes» danslamesure oùilsetrouve refléter des clivagesentreparadigmesexpérimentaux. Écartant l'applicationincon¬
ditionnelle de teloutelcourant,R.Goigouxconclut surlanécessitéderecherches coopératives associant didactique, sciences du langageetpsychologiecognitive.
Ensom mel'apportprincipaldesrecherches quantàlanotiondecompétence(s) langagière(s)tientàlafoisàdesmodélisationsdidactiques opérantes danscertains domaineset unerelativisationprudente,compte tenu des débats scientifiques. Sans doute desrecherchescoopératives interdisciplinaires devraient permettred'avan¬ cer,au-delà des passionsque soulèvelalecture,etdu «trou noir» de l'oral.
REPÈRESN"5/1992 H.ROMIAN
conceptuelquipermettent l'exerciced'uneactivitédonnée et/oudescompétences différenciées actualisées en opérations différenciées, selon lestypes d'écrits, et
donnantlieuàdesapprentissages spécifiques?Ledébatestloind'êtretranché. Ceci étant, en l'état des connaissances, telle description, tel modèle d'analyse peut s'avérer particulièrement heuristiqueendidactique.
Lescontributions des psychologues, des didacticiens quenous avons rassem¬
bléesdansce n° 5 deflepèresvontdans lemême sens,etmontrentàlafois l'intérêt heuristique et le caractère problématique de la notion de «compétence(s)» langagière(s). AinsiJean Vivierrendcomptedes évolutions quise sontproduites depuislathéorieinitiale,algorithmiquedeChomsky, marquéeparlasyntaxe.Onse trouve actuellement devantunchampélargimaiséclaté où secôtoient desmodèles plusoumoinslocaux,plusou moinscompatibles intégrant aussidespointsde vue sémantiques, pragmatiques. Onest loind'une théorie générale qui rendraitcompte
du rapport entrecompétenceet performance, entre l'ordreduvirtuel etl'ordredu factuel.Lanotiondecompétences langagièresquirassembledesmodèlesplusou
moins locauxn'en estpasmoinsutile auxdidacticiensàconditionde nepasperdre de vuesoncaractèrecomposite.
C'est bien dans cette perspective que se situent MauriceMas etCatherineLe
Cunff. Traitant de la compétence langagière orale, C. Le Cunff est résolument prospective dans lamesureoù ladidactique de l'oral où pourrait intervenircette notionestplusuneperspective qu'uneréalité (LeCunff&Romian,1991).Elle rend
compte des premiers essais de mise en place de situations d'oral diversifiées impliquant des tâches discursives-problèmeset induisantun métalangageopéra¬
toire dèslecycle 1 etaucycle2.QuantàM.Mas,ilprésenteunmodèled'analyse
didactique des composantes de lacompétence scripturaleissu derecherchessur l'évaluationdes écritsportant principalementsurlecycle3.Ce modèleluiapermis d'élaborerdesoutilsdidactiques permettant d'induiredes «cycles»d'apprentissage :
une mise enrelationhiérarchiséed'«objectifsdecompétences» avecdescontenus d'enseignement ; une exploration contrastive de deux types de textes (narratif/
explicatif) ;un «moduled'enseignement» d'untypedetexte prescriptif.
S'agissant de lecture, Roland Goigoux rejointJean Vivier pour inciter à la
prudence.Lesdébats,dans lechampde lapsychologie cognitive, demeurentvifs, etsont loin d'être tranchés. On peuts'interrogersur lavalidité «écologique» des modèles récents quiaccordentuneplaceprépondéranteauxprocessusd'apprentis¬
sage grapho-phoniques mais ignorent l'influence de la variation des conditions didactiques sur ces processus. On peut également interroger le clivage entre «identificationde mots» et«compréhensionde textes» danslamesure oùilsetrouve refléter des clivagesentreparadigmesexpérimentaux. Écartant l'applicationincon¬
ditionnelle de teloutelcourant,R.Goigouxconclut surlanécessitéderecherches coopératives associant didactique, sciences du langageetpsychologiecognitive.
Ensom mel'apportprincipaldesrecherches quantàlanotiondecompétence(s) langagière(s)tientàlafoisàdesmodélisationsdidactiques opérantes danscertains domaineset unerelativisationprudente,compte tenu des débats scientifiques. Sans doute desrecherchescoopératives interdisciplinaires devraient permettred'avan¬ cer,au-delà des passionsque soulèvelalecture,etdu «trou noir» de l'oral.
Despistesetdesoutilsconceptuelspourlescycles
Laseconde interrogationportesur lesconceptssusceptibles deconstituer des pistesheuristiquespourgérerlesapprentissages des élèvesdanslecadra descyclesenpartantde leur logique, compte tenudelalogique des
savoir-faire,des
savoirs
àenseigner.De cepointde vue CEP(p.13)présente«leserreurs quepeut faire l'élève»
comme«unindicateur privilégiédesesdémarcheset desesacquis»quelemaître peut utiliser «positivementpour mettreenplace uneaidepersonnalisée et efficace».
Mais il faut convenir que la notion d'erreur - si heuristique soit-elle - n'a qu'une pertinence restreinte,notammentenFrançaisoùl'onraisonneraremententermes de Vrai/Faux. Quantà la notion d'«aide», elle se discute, tout comme la notion répanduede«diagnostic/remédiation» questionnéeplus loinpar André Séguy.
Pourtraiter cette question, nousavonsfait appeltoutd'abord auxdidactiques desmathématiques,dessciences, dontlestravauxconstituent unepièceimportante
dudossier. Pour RolandCharnay, l'analyseetlapriseencompte des erreurs des élèvesenmathématiquesneprennent tout leur sens querapportées à laquestion de leurrelatbnaux objets desavoir.C'estainsiquelecontratdidactique quidéfinit implicitementlesattentesdesélèves,desmaîtrespeutjouerunrôleplusimportant que les connaissances. Une programmation continue des apprentissages, au cycle2par exemple, doitintégrerl'analysedes conceptionserronées des élèves, d'origine didactiqueouépistémologique, qui peuvent faireobstacle etles«champs conceptuels» par lesquels les contenus font sens et les traduire en «phases d'apprentissage»faisant appel à des stratégies diversesdedifférenciation.
Jean-Pierre Astolfi, en didactique des sciences, rejoint et dépasse cette problématique de l'erreur.C'estla notiond'«objectifs-obstacles»quiest centrale,en
tant qu'elle permetdeconstruire de véritables progressions «spiralaires»associant auxobjectifsprogrammatiques définisentermes decontenusd'enseignement des objectifsd'apprentissagedéfinisentermesd'obstaclesfranchissables, etpermettant decibler dans ladurée desreprises d'apprentissage mieux raisonnées selon une succession d'obstacles cernés. Nos lecteurs ne manqueront pas d'établir des interférences entre cette actualisation de lapédagogie par objectifs et celle que présenteM.Mas,comme entreles notionsd'obstaclesfranchissables et deproblè¬ mes defrançaisàformuleretà résoudre.
GilbertDucanceletSuzanneDjebbour,qui présententdesapprentissagespar résolutionsdeproblèmes,enFrançais,danslaperspectivedes cycles,jettentpar là-même une passerelle entre enseignement du Français et enseignements dits scientifiques. Selon CEP (p.52), à proposedesmathématiques,c'estune compé¬
tenceàmettreenoeuvredanstouteactivitéscientifique. Pourquoi pas enFrançais?
C'estentous casfaisable,comme l'amontrélarechercheenarticulant une centration sur les élèves - la diversité de leurs savoirs, de leurs difficultés - à des projets d'enseignementsusceptiblesd'assurerlaprogressivitéet lacontinuité desappren¬
tissages, par exempleenmatière de production d'écrits. Celasuppose notamment queles maîtrespartent de ce qui «faitproblème» pourlesélèves,c'est-à-dire de l'extra-langagier (les situations,leréfèrent)etdulangagier (l'activitédiscursive et son ancrage énonciatif, les questbnsde langue) pour assurerla régulatbn de leurs projetsd'enseignement.
Despistesetdesoutilsconceptuelspourlescycles
Laseconde interrogationportesur lesconceptssusceptibles deconstituer des pistesheuristiquespourgérerlesapprentissages des élèvesdanslecadra descyclesenpartantde leur logique, compte tenudelalogique des
savoir-faire,des
savoirs
àenseigner.De cepointde vue CEP(p.13)présente«leserreurs quepeut faire l'élève»
comme«unindicateur privilégiédesesdémarcheset desesacquis»quelemaître peut utiliser «positivementpour mettreenplace uneaidepersonnalisée et efficace».
Mais il faut convenir que la notion d'erreur - si heuristique soit-elle - n'a qu'une pertinence restreinte,notammentenFrançaisoùl'onraisonneraremententermes de Vrai/Faux. Quantà la notion d'«aide», elle se discute, tout comme la notion répanduede«diagnostic/remédiation» questionnéeplus loinpar André Séguy.
Pourtraiter cette question, nousavonsfait appeltoutd'abord auxdidactiques desmathématiques,dessciences, dontlestravauxconstituent unepièceimportante
dudossier. Pour RolandCharnay, l'analyseetlapriseencompte des erreurs des élèvesenmathématiquesneprennent tout leur sens querapportées à laquestion de leurrelatbnaux objets desavoir.C'estainsiquelecontratdidactique quidéfinit implicitementlesattentesdesélèves,desmaîtrespeutjouerunrôleplusimportant que les connaissances. Une programmation continue des apprentissages, au cycle2par exemple, doitintégrerl'analysedes conceptionserronées des élèves, d'origine didactiqueouépistémologique, qui peuvent faireobstacle etles«champs conceptuels» par lesquels les contenus font sens et les traduire en «phases d'apprentissage»faisant appel à des stratégies diversesdedifférenciation.
Jean-Pierre Astolfi, en didactique des sciences, rejoint et dépasse cette problématique de l'erreur.C'estla notiond'«objectifs-obstacles»quiest centrale,en
tant qu'elle permetdeconstruire de véritables progressions «spiralaires»associant auxobjectifsprogrammatiques définisentermes decontenusd'enseignement des objectifsd'apprentissagedéfinisentermesd'obstaclesfranchissables, etpermettant decibler dans ladurée desreprises d'apprentissage mieux raisonnées selon une succession d'obstacles cernés. Nos lecteurs ne manqueront pas d'établir des interférences entre cette actualisation de lapédagogie par objectifs et celle que présenteM.Mas,comme entreles notionsd'obstaclesfranchissables et deproblè¬ mes defrançaisàformuleretà résoudre.
GilbertDucanceletSuzanneDjebbour,qui présententdesapprentissagespar résolutionsdeproblèmes,enFrançais,danslaperspectivedes cycles,jettentpar là-même une passerelle entre enseignement du Français et enseignements dits scientifiques. Selon CEP (p.52), à proposedesmathématiques,c'estune compé¬
tenceàmettreenoeuvredanstouteactivitéscientifique. Pourquoi pas enFrançais?
C'estentous casfaisable,comme l'amontrélarechercheenarticulant une centration sur les élèves - la diversité de leurs savoirs, de leurs difficultés - à des projets d'enseignementsusceptiblesd'assurerlaprogressivitéet lacontinuité desappren¬
tissages, par exempleenmatière de production d'écrits. Celasuppose notamment queles maîtrespartent de ce qui «faitproblème» pourlesélèves,c'est-à-dire de l'extra-langagier (les situations,leréfèrent)etdulangagier (l'activitédiscursive et son ancrage énonciatif, les questbnsde langue) pour assurerla régulatbn de leurs projetsd'enseignement.
REPÈRES N°5/1992 H.ROMIAN
Lamiseenperspective pédagogique deFrançoise PlatoneetMarianneHardy,
qui ont mis en uvre et défini une «pédagogie interactive» dès le cycle 1 est
certainementundénominateurcommun àl'ensemble des recherches interrogées.
En témoignent les exemples d'interactions entre enfants, dans des groupes hétérogènes attachésàdes explorationsoùlestrouvailles desunsfont progresser
lesautres,chacun cheminantdesapropredémarche.Onestlàtoutàfait dans l'esprit des cycles:ainsi CEP(p.17)incitefortement les maîtresàrenonceraux«groupes de niveaux» pour mettre en place desgroupes de ce type permettant au maître «d'observeret decomprendrece qui sepasse danslesactivités d'apprentissage».
Les recherches versent donc au dossier de laproblématique des cyclesun
ensemble de concepts dont le caractère heuristiques a été mis àl'épreuve des classes etdela réflexionthéorique. Cesconcepts indiquent des pistesdetravail didactique, pédagogique, importantes, à lacroisée des chemins entre itinéraires d'apprentissage etprojets d'enseignement.Analyseurs des situationsd'apprentis¬
sage/enseignement,ilsinduisentunregardnouveausurcequi sepasseenclasse, attentif aux dérapages des élèves,comme àleurs réussites,nonpourlessanctionner oulesrécompensermaisinfléchirlesprojetsd'enseignementenconséquence. C'est aussi le propre de l'évaluation formative critériée dontlesapports sont présentés danslatroisième partiedecenuméro de Repères.
Notretroisième interrogationinverselaperspectiveenpartantnonplusdes questions d'apprentissage, maisdesquestionsd'enseignementdupointdevuede
lamiseencohérence descontenus,deladémarche d'enseignement/appren¬ tissage. Comment assurer «une organisation plus cohérente des progressions grâce à une perspective étendue?(CEP,p.12). L'unedesconditions delacontinuité
desapprentissages-principe-clédescycles-est eneffetleur progressivité référée
àdesprincipesdecohérence.L'un desapports des recherchesINRP endidactique résidelà,dans des propositionsquitendentà unemise encohérenceconceptuelle dessavoir-faire, des savoirsàenseigneretdeladémarchequiarticulel'espacedes activités et en induit l'appropriation dans la durée. Plusieurs articles déjà cités abordentcette question (M.Mas,R.Charnay,J.-P.Astorfinotamment).Nous nous
proposonsicidemontrer troismodalités decette miseenperspectiveconceptuelle descontenus,de ladémarched'enseignement/apprentissagede la«maîtrisedela
langue»,quiestl'une desraisonsd'êtredeladidactiqueduFrançais.
Présentant des recherchesINRPmenées entre1970-1980sur l'enseignement/
apprentissage delalecture/écritureexplicitementcadrées dansuncycledetrois ans (l'actuelcycle3),HélèneRomianmontreleur évolutionenfonction d'une exigence, poséecomme fondamentale,decohérence.Tout comme dansCEP, lacohérence estd'abordconçuedansuneperspectivepédagogiquedecontinuité.deprogressivité, dans le cadre d'une démarche articulant des activités de communbation et de structuration de la langue. Puis la cohérence va se conceptualiser en termes d'objectifs pédagogiques didactiquesquimettent l'accentsurlamaîtriseconjointe des usages sociaux etindividuels de l'écrit, de l'oral etde l'image qu'il s'agit de
pratiquerencommunicationetd'observeràdistance dansunedémarched'«éveilà
l'objet-langue».Ceretourauxsources n'apas seulementunintérêthistorique.
REPÈRES N°5/1992 H.ROMIAN
Lamiseenperspective pédagogique deFrançoise PlatoneetMarianneHardy,
qui ont mis en uvre et défini une «pédagogie interactive» dès le cycle 1 est
certainementundénominateurcommun àl'ensemble des recherches interrogées.
En témoignent les exemples d'interactions entre enfants, dans des groupes hétérogènes attachésàdes explorationsoùlestrouvailles desunsfont progresser
lesautres,chacun cheminantdesapropredémarche.Onestlàtoutàfait dans l'esprit des cycles:ainsi CEP(p.17)incitefortement les maîtresàrenonceraux«groupes de niveaux» pour mettre en place desgroupes de ce type permettant au maître «d'observeret decomprendrece qui sepasse danslesactivités d'apprentissage».
Les recherches versent donc au dossier de laproblématique des cyclesun
ensemble de concepts dont le caractère heuristiques a été mis àl'épreuve des classes etdela réflexionthéorique. Cesconcepts indiquent des pistesdetravail didactique, pédagogique, importantes, à lacroisée des chemins entre itinéraires d'apprentissage etprojets d'enseignement.Analyseurs des situationsd'apprentis¬
sage/enseignement,ilsinduisentunregardnouveausurcequi sepasseenclasse, attentif aux dérapages des élèves,comme àleurs réussites,nonpourlessanctionner oulesrécompensermaisinfléchirlesprojetsd'enseignementenconséquence. C'est aussi le propre de l'évaluation formative critériée dontlesapports sont présentés danslatroisième partiedecenuméro de Repères.
Notretroisième interrogationinverselaperspectiveenpartantnonplusdes questions d'apprentissage, maisdesquestionsd'enseignementdupointdevuede
lamiseencohérence descontenus,deladémarche d'enseignement/appren¬ tissage. Comment assurer «une organisation plus cohérente des progressions grâce à une perspective étendue?(CEP,p.12). L'unedesconditions delacontinuité
desapprentissages-principe-clédescycles-est eneffetleur progressivité référée
àdesprincipesdecohérence.L'un desapports des recherchesINRP endidactique résidelà,dans des propositionsquitendentà unemise encohérenceconceptuelle dessavoir-faire, des savoirsàenseigneretdeladémarchequiarticulel'espacedes activités et en induit l'appropriation dans la durée. Plusieurs articles déjà cités abordentcette question (M.Mas,R.Charnay,J.-P.Astorfinotamment).Nous nous
proposonsicidemontrer troismodalités decette miseenperspectiveconceptuelle descontenus,de ladémarched'enseignement/apprentissagede la«maîtrisedela
langue»,quiestl'une desraisonsd'êtredeladidactiqueduFrançais.
Présentant des recherchesINRPmenées entre1970-1980sur l'enseignement/
apprentissage delalecture/écritureexplicitementcadrées dansuncycledetrois ans (l'actuelcycle3),HélèneRomianmontreleur évolutionenfonction d'une exigence, poséecomme fondamentale,decohérence.Tout comme dansCEP, lacohérence estd'abordconçuedansuneperspectivepédagogiquedecontinuité.deprogressivité, dans le cadre d'une démarche articulant des activités de communbation et de structuration de la langue. Puis la cohérence va se conceptualiser en termes d'objectifs pédagogiques didactiquesquimettent l'accentsurlamaîtriseconjointe des usages sociaux etindividuels de l'écrit, de l'oral etde l'image qu'il s'agit de
pratiquerencommunicationetd'observeràdistance dansunedémarched'«éveilà
Despistesetdesoutilsconceptuelspourlescycles Laproblématique, quiinscritlescompétencesconstitutives delamaîtrise dela
languedansunemiseenperspective cohérenteconcernantl'ensemble des activités scolaires,rejointetdépasselanotionde«compétencestransversales» deCEP. Elle
induitdesrelationsinterdisciplinaires,àconstruire, entredesquestions dispersées dansCEP:lerôle dulangagedanslaconstructiondesconcepts d'espaceAemps(p.
33), lesméthodesdetravail (CEPp.35),letrartement del'information(pp.36-37), l'utilisationd'outils detravaildiversifiés(p.64),l'éducation artistique(pp.69-70)...
LesrecherchesINRP desannées1980 etleursprolongements actuelsprésen¬
téspar ÉvelineCharmeuxsesituentdans ledroit fil decettemiseencohérence,en
posant lavariation langagière,d'ordre sociolinguistique,comme une composante fondamentale de lamaîtrise delalangue. Elleesquisselesgrandes lignes d'une construction «spiralaire»decettenotion, ducycle1 àlafinducycle3. Laspirale
-conceptionqu'elle partage avec J.-P.Astolfi -s'organise selon la progressiondu
degré d'explicitation métalinguistique des notions sous-jacentes à la variation (destinataires,fonctions des messages...) autour de troisquestions:repérercequi
varie,commentetpourquoi.
Desoncôté,André Séguy montre commentlesrecherches INRP surl'évalua¬
tiondesécritsdesannées1980 peuventinduiredesréponses cohérentesàdeux
questions-clésde lamise enplace descycles:la«programmation» desapprentis¬
sagesde laproduction d'écritsaulong destroiscycles,etàl'intérieur de chaque cycle (questionsabordées aussi parR.Charnay,quiutiliselemêmeterme).IInes'agrtpas
de progression notionnelle pré-établie, mais d'une organisation collective des enseignementspar l'équipe des maîtres, ciblantlespointsforts de la construction des compétences, et ouvrant des itinéraires diversifiés. Les outils conceptuels, les
modèlesd'analyseconstruitsparlesrecherches(voirici-mêmeM.Mas)ont servià analyser/opérationnaliserlespropositionsdeCEP,et àlestraduire dansun «projet d'école» fondé sur les notions detypes d'écrits, types de textes et des «unités didactiquesmodulaires» decycle, qui proposentunensemblecohérent d'activités articulant des approches diversifiées des écrits à partir de projets d'écriture et permettantdeconstruire/Utiliserdescritèresd'évaluationspécifiés progressivement. Commentant ces utilisations de la recherche, A. Séguy propose une série de réflexions pédagogiques, didactiques sur la continuité, la mise en perspective, l'individualisation, ladifférenciation,ladéglobalisationdes apprentissages.
Le dossier que Repères consacresignificativement à la problématique des cycles seclôt sur des réflexions, issues du travail didactique. Leur convergence pédagogique avec cette problématique est manifeste, encore que, sur tel ou tel aspectdescontenusd'enseignementetdelaconception desapprentissages, les
recherchessoient nettement plus prospectives que CEP.
De cefait l'appel potentiel des recherches en didactique à la problématique des cyclesestdenature heuristique.D'une part,sur plus d'un point,lamiseenplace, la
théorisationdepratiques innovantesamontré la «faisabilité» despropositions de
CEP, et fondent une réflexion argumentée sur les choix pédagogiques qu'elles présupposent. D'autre part, elles mettent à la disposition des formateurs, des enseignants desoutils conceptuels,desmodèlesd'analysedidactique, desconte¬ nus(«savoir écrire»,«variation»...),de ladémarched'enseignement/apprentissage
Despistesetdesoutilsconceptuelspourlescycles Laproblématique, quiinscritlescompétencesconstitutives delamaîtrise dela
languedansunemiseenperspective cohérenteconcernantl'ensemble des activités scolaires,rejointetdépasselanotionde«compétencestransversales» deCEP. Elle
induitdesrelationsinterdisciplinaires,àconstruire, entredesquestions dispersées dansCEP:lerôle dulangagedanslaconstructiondesconcepts d'espaceAemps(p.
33), lesméthodesdetravail (CEPp.35),letrartement del'information(pp.36-37), l'utilisationd'outils detravaildiversifiés(p.64),l'éducation artistique(pp.69-70)...
LesrecherchesINRP desannées1980 etleursprolongements actuelsprésen¬
téspar ÉvelineCharmeuxsesituentdans ledroit fil decettemiseencohérence,en
posant lavariation langagière,d'ordre sociolinguistique,comme une composante fondamentale de lamaîtrise delalangue. Elleesquisselesgrandes lignes d'une construction «spiralaire»decettenotion, ducycle1 àlafinducycle3. Laspirale
-conceptionqu'elle partage avec J.-P.Astolfi -s'organise selon la progressiondu
degré d'explicitation métalinguistique des notions sous-jacentes à la variation (destinataires,fonctions des messages...) autour de troisquestions:repérercequi
varie,commentetpourquoi.
Desoncôté,André Séguy montre commentlesrecherches INRP surl'évalua¬
tiondesécritsdesannées1980 peuventinduiredesréponses cohérentesàdeux
questions-clésde lamise enplace descycles:la«programmation» desapprentis¬
sagesde laproduction d'écritsaulong destroiscycles,etàl'intérieur de chaque cycle (questionsabordées aussi parR.Charnay,quiutiliselemêmeterme).IInes'agrtpas
de progression notionnelle pré-établie, mais d'une organisation collective des enseignementspar l'équipe des maîtres, ciblantlespointsforts de la construction des compétences, et ouvrant des itinéraires diversifiés. Les outils conceptuels, les
modèlesd'analyseconstruitsparlesrecherches(voirici-mêmeM.Mas)ont servià analyser/opérationnaliserlespropositionsdeCEP,et àlestraduire dansun «projet d'école» fondé sur les notions detypes d'écrits, types de textes et des «unités didactiquesmodulaires» decycle, qui proposentunensemblecohérent d'activités articulant des approches diversifiées des écrits à partir de projets d'écriture et permettantdeconstruire/Utiliserdescritèresd'évaluationspécifiés progressivement. Commentant ces utilisations de la recherche, A. Séguy propose une série de réflexions pédagogiques, didactiques sur la continuité, la mise en perspective, l'individualisation, ladifférenciation,ladéglobalisationdes apprentissages.
Le dossier que Repères consacresignificativement à la problématique des cycles seclôt sur des réflexions, issues du travail didactique. Leur convergence pédagogique avec cette problématique est manifeste, encore que, sur tel ou tel aspectdescontenusd'enseignementetdelaconception desapprentissages, les
recherchessoient nettement plus prospectives que CEP.
De cefait l'appel potentiel des recherches en didactique à la problématique des cyclesestdenature heuristique.D'une part,sur plus d'un point,lamiseenplace, la
théorisationdepratiques innovantesamontré la «faisabilité» despropositions de
CEP, et fondent une réflexion argumentée sur les choix pédagogiques qu'elles présupposent. D'autre part, elles mettent à la disposition des formateurs, des enseignants desoutils conceptuels,desmodèlesd'analysedidactique, desconte¬ nus(«savoir écrire»,«variation»...),de ladémarched'enseignement/apprentissage
REPÈRES N°5/1992 H.ROMIAN
dans tel ou tel domaine (erreurs, objectifs-obstacles, problèmes de Français, pédagogieinteractive...)etqui peuventconstituerdesindicateurs/analyseursd'ap¬
prentissages mieux ancréssurlessavoirsdes élèvesetplus cohérents,donc plus efficients,entous cas mieux évaluables dans une perspective formative.Lesnotions de«programmation»,de«projets d'école»,de «projets de cycle»,de«modules» ou d'«un*rtésdidactiques modulaires»sontautantdepistespédagogiques pourcons¬
truirelescycles. Dans cette perspective,lesrecherchesensciences du langage,en
psychologie,contribuentàouvrirdesvoiesnouvellestoutenmarquantleslimites de
l'étatactueldesconnaissances commelesouligneJ.Vivier,etparlàmêmepeuvent aiderà nepastomber dans l'écueildudogmatisme,delanormativitéqui estsans doutel'obstacle leplus redhibitoireauchangement effectif préconisépar CEP.
IIsepourrait aussi, qu'inversement,lamiseenplacedes cyclesartdeseffets
tout aussi heuristiquessurlaformation des maîtres, lesrecherchesendidactique.
G. Ducancel et S. Djebbour posent la question : et si l'on transposait la logique
d'appropriation continue, progressive, cohérentedessavoirsquiest celledeCEP à laformation des maîtres?Lamiseenplacedes cyclespourrait parallèlement,eten
articulation avec laformation des maîtres, induire une avancée significative des recherches,notamment surlesquestionsactuellementcontroverséesoules«trous
noirs»touchant auxcompétences langagières.Decepoint de vue,onnepeutque souscrireau
vuu
de R.Goigoux tendantàdévelopper des recherches coopératives interdisciplinairesassociantdidactique,sciencesdu langage, psychologie cognitive...Avril1992
Éléments
bibliographiques
Ministèrede l'Éducation Nationale-Directiondes Écoles(1991 ),Lescyclesàl'école primaire, CNDP-HachetteÉcoles.
JAFFRE J.-P. & ROMIAN H. (1991), «Savoirécrire, évaluer, réécrire enclasse», Repèresn°4, nouvellesérie, INRP.
LECUNFFC. &ROMIANH.(1991 ),«Regardsrétrospectifssuruneproblématique», Repèresn°3, nouvelle série:«Articulationoral/écrit», INRP.
REPÈRES N°5/1992 H.ROMIAN
dans tel ou tel domaine (erreurs, objectifs-obstacles, problèmes de Français, pédagogieinteractive...)etqui peuventconstituerdesindicateurs/analyseursd'ap¬
prentissages mieux ancréssurlessavoirsdes élèvesetplus cohérents,donc plus efficients,entous cas mieux évaluables dans une perspective formative.Lesnotions de«programmation»,de«projets d'école»,de «projets de cycle»,de«modules» ou d'«un*rtésdidactiques modulaires»sontautantdepistespédagogiques pourcons¬
truirelescycles. Dans cette perspective,lesrecherchesensciences du langage,en
psychologie,contribuentàouvrirdesvoiesnouvellestoutenmarquantleslimites de
l'étatactueldesconnaissances commelesouligneJ.Vivier,etparlàmêmepeuvent aiderà nepastomber dans l'écueildudogmatisme,delanormativitéqui estsans doutel'obstacle leplus redhibitoireauchangement effectif préconisépar CEP.
IIsepourrait aussi, qu'inversement,lamiseenplacedes cyclesartdeseffets
tout aussi heuristiquessurlaformation des maîtres, lesrecherchesendidactique.
G. Ducancel et S. Djebbour posent la question : et si l'on transposait la logique
d'appropriation continue, progressive, cohérentedessavoirsquiest celledeCEP à laformation des maîtres?Lamiseenplacedes cyclespourrait parallèlement,eten
articulation avec laformation des maîtres, induire une avancée significative des recherches,notamment surlesquestionsactuellementcontroverséesoules«trous
noirs»touchant auxcompétences langagières.Decepoint de vue,onnepeutque souscrireau
vuu
de R.Goigoux tendantàdévelopper des recherches coopératives interdisciplinairesassociantdidactique,sciencesdu langage, psychologie cognitive...Avril1992
Éléments
bibliographiques
Ministèrede l'Éducation Nationale-Directiondes Écoles(1991 ),Lescyclesàl'école primaire, CNDP-HachetteÉcoles.
JAFFRE J.-P. & ROMIAN H. (1991), «Savoirécrire, évaluer, réécrire enclasse», Repèresn°4, nouvellesérie, INRP.
LECUNFFC. &ROMIANH.(1991 ),«Regardsrétrospectifssuruneproblématique», Repèresn°3, nouvelle série:«Articulationoral/écrit», INRP.
DE
LA
COMPETENCE
LINGUISTIQUE
AUX
COMPÉTENCES
LANGAGIÈRES
JeanVIVIER,
Laboratoire
de
psychologie cognitiveetpathologique,
Université de Caen Études linguistiques dela significationàtravers
l'ambiguïtéetlaparaphrase, URA 1234CNRS Caen
Résumé:Dansquellemesurelacompétencelinguistiquedépend-elledel'héritage
propreàl'espècehumaine etquelestl'apportdel'expérience?Unapprentissagepar imprégnation
suffit-il
pour l'expliquer ? Faut-il admettre une programmationuniverselle propre à l'espèce? Faut-il analyser ce savoir comme résultante
d'interactionsfonctionnelles?Répondreàcesquestionsestd'autantmoinsaiséque cettecompétencen'estpasdirectement observable.Ellenepeut êtrequ'unmodèle abstrait.Celui queCHOMSKYaproposé dans les années1960/70aséduitbiendes
chercheurset beaucoup d'enseignants.Despsychologuessesont,eneffet, donné
pour but de vérifier la réalité psychologique de ce modèle. On croyait que la grammairedevait représenter effectivementlesprocessuscognitifsmisenoeuvre
dansla reconnaissancedes phrases.Maislapsycholinguistiqueasubitrèstôtdes
transformations, venantdel'évolutiondelalinguistiquecomme delapsychologie.
Et cestransformations ontbousculélabelleassurance des années70. Quefaire aujourd'huide cetermedecompétence?
Il
varie selonlescontextes:il
semblaitfortement lié à la syntaxe or
il
reçoitdésormais de multiples adjectifs tels que discursive,communicative, sociolinguistique, scripturale..., ceux quenous propo¬ sonsderegroupersousl'adjectif
«langagier».Toutefoissi ceregroupementprésenteuneutilité pourla théorisation didactique, riennepermetdelefondersurunethéorie généraledulangage. Celan'empêchepascependantlesdidacticiensdes'inspirerdu débat
lié
àlanotiondecompétencepourdéfinirdesorientationspratiques.L'usage de l'expression «compétence linguistique»dansleséchanges entre psycholinguistesetdidacticiens deslangues,n'estpassansmalentendu. L'une des sourcesd'ambiguïté tient au statut paradoxal que l'on prête à cette notion. Elle
désigneraitàlafois unecondition et unefinalitéde l'enseignement des langues. Parceque lesindividusdel'espècehumainesont capables dejugementsgramma¬
ticaux,ilsseraient dotésdecompétence (condition);maiscette mêmecompétence
est aussi considérée comme une«langue interne» à un individu, laquelle le rend
capable de produire et de comprendre des phrases correctes dans une langue donnée.Or n'est-cepasprécisémentceque lesenseignants visentàréaliserchez
les individus en apprentissage ? (finalité). En tout état de cause, le problèmedu
psychologue est de connaîtrela nature decettecompétence. Dans quelle mesure dépend-ellede l'héritage propreàl'espèce humaineetquelest l'apportde l'expé¬
rience ? Un apprentissage par imprégnation suffit-il pour l'expliquer ? Faut-il
DE
LA
COMPETENCE
LINGUISTIQUE
AUX
COMPÉTENCES
LANGAGIÈRES
JeanVIVIER,
Laboratoire
de
psychologie cognitiveetpathologique,
Université de Caen Études linguistiques dela significationàtravers
l'ambiguïtéetlaparaphrase, URA 1234CNRS Caen
Résumé:Dansquellemesurelacompétencelinguistiquedépend-elledel'héritage
propreàl'espècehumaine etquelestl'apportdel'expérience?Unapprentissagepar imprégnation
suffit-il
pour l'expliquer ? Faut-il admettre une programmationuniverselle propre à l'espèce? Faut-il analyser ce savoir comme résultante
d'interactionsfonctionnelles?Répondreàcesquestionsestd'autantmoinsaiséque cettecompétencen'estpasdirectement observable.Ellenepeut êtrequ'unmodèle abstrait.Celui queCHOMSKYaproposé dans les années1960/70aséduitbiendes
chercheurset beaucoup d'enseignants.Despsychologuessesont,eneffet, donné
pour but de vérifier la réalité psychologique de ce modèle. On croyait que la grammairedevait représenter effectivementlesprocessuscognitifsmisenoeuvre
dansla reconnaissancedes phrases.Maislapsycholinguistiqueasubitrèstôtdes
transformations, venantdel'évolutiondelalinguistiquecomme delapsychologie.
Et cestransformations ontbousculélabelleassurance des années70. Quefaire aujourd'huide cetermedecompétence?
Il
varie selonlescontextes:il
semblaitfortement lié à la syntaxe or
il
reçoitdésormais de multiples adjectifs tels que discursive,communicative, sociolinguistique, scripturale..., ceux quenous propo¬ sonsderegroupersousl'adjectif
«langagier».Toutefoissi ceregroupementprésenteuneutilité pourla théorisation didactique, riennepermetdelefondersurunethéorie généraledulangage. Celan'empêchepascependantlesdidacticiensdes'inspirerdu débat
lié
àlanotiondecompétencepourdéfinirdesorientationspratiques.L'usage de l'expression «compétence linguistique»dansleséchanges entre psycholinguistesetdidacticiens deslangues,n'estpassansmalentendu. L'une des sourcesd'ambiguïté tient au statut paradoxal que l'on prête à cette notion. Elle
désigneraitàlafois unecondition et unefinalitéde l'enseignement des langues. Parceque lesindividusdel'espècehumainesont capables dejugementsgramma¬
ticaux,ilsseraient dotésdecompétence (condition);maiscette mêmecompétence
est aussi considérée comme une«langue interne» à un individu, laquelle le rend
capable de produire et de comprendre des phrases correctes dans une langue donnée.Or n'est-cepasprécisémentceque lesenseignants visentàréaliserchez
les individus en apprentissage ? (finalité). En tout état de cause, le problèmedu
psychologue est de connaîtrela nature decettecompétence. Dans quelle mesure dépend-ellede l'héritage propreàl'espèce humaineetquelest l'apportde l'expé¬
REPÈRESN"5/1992 J.VIVIER
admettre une programmation universellepropre à l'espèce ? Faut-il analyserce
savoir comme résultante d'interactions fonctionnelles?Répondreàcesquestbns
estd'autant moins aisé que cette compétence n'est pas directement observable.Elle nepeut êtrequ'un modèle abstrait.CeluiqueCHOMSKYaproposé danslesannées 1960/70aséduit bien des chercheursetbeaucoup d'enseignants. Despsycholo¬
gues se sont en effet, donné pour butde vérifierla réalité psychologique de ce
modèle.Oncroyait quelagrammaire devaitreprésentereffectivementlesprocessus cognitifs misenoeuvre danslareconnaissancedes phrases.Mais la psycholinguis¬
tique asubi très tôt des transformatbns, venant de l'évolution de la linguistique comme delapsychologie.Etcestransformations ontbousculélabelleassurance desannées70.Quefaire aujourd'huidecetermede «compétence»?IIvarieselon lescontextes:ilsemblait fortementliéàlasyntaxe orilreçoitdésormais de multiples adjectifstels que discursive, communicative, sociolinguistique, scripturale..., ceux quenousproposons de regroupersousl'adjectif «langagier».Toutsepasse comme
sil'onvoulait prendreencompte toutelacomplexitédulangagemaiscela n'estpas
sanscontre-partie. Comment articuler toutes ces composanteset auseindecette complexité,lanotiondecompétencea-t-elleencoreunepertinence?IIfallait
peut-être àCHOMSKY l'indépendanceetlaprédominancede lasyntaxepour concevoir
une compétence linguistique. Or lefait d'articuler système syntaxique, système phonologiqueetsystèmelexical,lefaitd'introduirelepragmatique comme condition delaconstruction delasignification posentbeaucoupdeproblèmes.
Partant deladéfinition chomskiennederéférence, nousproposons desouligner
lestraits qui ontfait l'objetdetransformations,decritiques, decontroverseset de
retenircequicontinue aujourd'huiàdonnersensdanssesusageslesplus divers,
àlanotion decompétence, cecidansle butdecontribuer à unethéorisation des
pratiquesd'enseignementetdescontenus enjeu.
1.
LA THÉORIE INITIALE
CHOMSKY (1957)adéfinilacompétence d'unepart, comme une possibilité illimitéedeconstruireoude comprendreunnombreinfinidephrases (par opposition aux actesquiconstituentlaperformance)etd'autrepart, comme lapossibilitéde
porterunjugementdegrammaticalitésur une phrase,decomparer des degrésde
grammaticalité ou de déceler des ambiguïtés. II s'agit d'une structure de savoir linguistiquequ'un individu maîtriseetconnaît,savoir quilerendcapable deparler, decomprendreetdéjugerdel'acceptabilitéd'unephrase.L'explicitationdece savoir pour une langue particulière est une grammaire generative. Pour réaliser cette
explbitatbn, l'étude de corpus n'est pas indispensable. CHOMSKY postule une
intuitiondegrammaticalitéet l'un desbutsdelagrammairegenerativeest en effet,
de simuler au moyen d'un système formel, le sentiment d'appartenance à une
langue:partir d'un nombrefinide règles etengendrerunnombre infini de phrases jugéesgrammaticales. La méthodeestéconomiquepuisqu'avec quelques phrases grammaticales onpeut ainsi élaborerunesimulationformelle.Lacompétence est
l'objet mêmedecette simulation.
Soulignons que lemodèleestexclusivementsyntaxique (dumoinsdanssa
premièreélaboration).Lacompétenceseréduitàunelisted'unités définies parleurs
REPÈRESN"5/1992 J.VIVIER
admettre une programmation universellepropre à l'espèce ? Faut-il analyserce
savoir comme résultante d'interactions fonctionnelles?Répondreàcesquestbns
estd'autant moins aisé que cette compétence n'est pas directement observable.Elle nepeut êtrequ'un modèle abstrait.CeluiqueCHOMSKYaproposé danslesannées 1960/70aséduit bien des chercheursetbeaucoup d'enseignants. Despsycholo¬
gues se sont en effet, donné pour butde vérifierla réalité psychologique de ce
modèle.Oncroyait quelagrammaire devaitreprésentereffectivementlesprocessus cognitifs misenoeuvre danslareconnaissancedes phrases.Mais la psycholinguis¬
tique asubi très tôt des transformatbns, venant de l'évolution de la linguistique comme delapsychologie.Etcestransformations ontbousculélabelleassurance desannées70.Quefaire aujourd'huidecetermede «compétence»?IIvarieselon lescontextes:ilsemblait fortementliéàlasyntaxe orilreçoitdésormais de multiples adjectifstels que discursive, communicative, sociolinguistique, scripturale..., ceux quenousproposons de regroupersousl'adjectif «langagier».Toutsepasse comme
sil'onvoulait prendreencompte toutelacomplexitédulangagemaiscela n'estpas
sanscontre-partie. Comment articuler toutes ces composanteset auseindecette complexité,lanotiondecompétencea-t-elleencoreunepertinence?IIfallait
peut-être àCHOMSKY l'indépendanceetlaprédominancede lasyntaxepour concevoir
une compétence linguistique. Or lefait d'articuler système syntaxique, système phonologiqueetsystèmelexical,lefaitd'introduirelepragmatique comme condition delaconstruction delasignification posentbeaucoupdeproblèmes.
Partant deladéfinition chomskiennederéférence, nousproposons desouligner
lestraits qui ontfait l'objetdetransformations,decritiques, decontroverseset de
retenircequicontinue aujourd'huiàdonnersensdanssesusageslesplus divers,
àlanotion decompétence, cecidansle butdecontribuer à unethéorisation des
pratiquesd'enseignementetdescontenus enjeu.
1.
LA THÉORIE INITIALE
CHOMSKY (1957)adéfinilacompétence d'unepart, comme une possibilité illimitéedeconstruireoude comprendreunnombreinfinidephrases (par opposition aux actesquiconstituentlaperformance)etd'autrepart, comme lapossibilitéde
porterunjugementdegrammaticalitésur une phrase,decomparer des degrésde
grammaticalité ou de déceler des ambiguïtés. II s'agit d'une structure de savoir linguistiquequ'un individu maîtriseetconnaît,savoir quilerendcapable deparler, decomprendreetdéjugerdel'acceptabilitéd'unephrase.L'explicitationdece savoir pour une langue particulière est une grammaire generative. Pour réaliser cette
explbitatbn, l'étude de corpus n'est pas indispensable. CHOMSKY postule une
intuitiondegrammaticalitéet l'un desbutsdelagrammairegenerativeest en effet,
de simuler au moyen d'un système formel, le sentiment d'appartenance à une
langue:partir d'un nombrefinide règles etengendrerunnombre infini de phrases jugéesgrammaticales. La méthodeestéconomiquepuisqu'avec quelques phrases grammaticales onpeut ainsi élaborerunesimulationformelle.Lacompétence est
l'objet mêmedecette simulation.
Soulignons que lemodèleestexclusivementsyntaxique (dumoinsdanssa
Delacompétencelinguistiqueauxcompétenceslangagières
caractéristiques formelles (article, nom, verbe, groupe nominal...)et une suite de règles pour décrire lesphrases à l'aidedeces unités. Lebutestde parvenirpar réécriture,à unminimumderègles explicativessuffisantes pourgénérerunensem¬
bledestructures sous-jacentes.IIsuffirad'ajouter l'insertion lexicaleetdestransfor¬
matbnsobligatoires pour que lecanevasobtenu setransforme en phrase réelle véhiculantunesignifbatbnconcrète.
Mais lebut de cetteformalisatbnnese réduitpas aux limitesd'une langue. L'enjeude CHOMSKYestuniversaliste :suivant latrace des maîtres de
PORT-ROYAL1,ilveut rendre compte des capacitésdonttémoignent touslesêtreshumains dans leur activité langagièreetnotammentlacréativité.Chacune desgrammaires génératives qui explicitent les compétences d'unfrancophone, d'un anglophone, d'un chinois... est conçue comme une réalisation particulière de la Grammaire Universelle.IIs'agitdemontrerd'unepart,des invariants (universaux)etd'autrepart,
des groupesdefaits susceptiblesdevariation.IIfaut reconnaître qu'il est difficile de
se passer des universaux si l'on veut expliquer la possibilité des traductions (BRESSON, 1984).
Cet universalisme estcomplétéparun Innélsme :lagrammaire est inscrite
danslepotentielgénétiquedes êtres humains. Unenvironnementdéclencheur(le
faitdeparlerautourdel'enfant)suffità lafairefonctionner.Lacompétence estcette aptitude supposée de l'enfantàcomprendrelesrèglesdelaformation delaphrase et desatransformatbnbrsqu'ilestexposéàdesélémentsentièrement linguistiques, même si ceux-ci ne sont pas suffisants pour y parvenir ou si ces éléments linguistiques sont dégénérés ou semi grammatbaux2. L'undes argumentslepluscité
àl'appuidecettethèse,estlarapiditéd'acquisition,laquellenepourraits'expliquer par simple imprégnationniaucune
bi
deconditionnement. CHOMSKY supposeunmodèled'acquisition dans lequel l'étatinitialestunsystème déterministed'entréeet
desortie quitransformelesfaits d'unelangueentendue (entrée)enproduitcognitif,
lagrammaire de lalangue interne(sortie). L'état initial sedévebppe et selon la
langue d'entrée,lesystèmeaboutità desétatsvariables de stabilisation.
S'imposant danslesannées60-70,cettethéorie généraledu langage,renou¬
velle lapsychologie du langage qui étaitrestéesous l'emprisedu behaviorisme. L'hypothèsesebnlaquelleiln'existerait pas dedifférences entreleslois d'appren¬
tissagedufonctbnnementcognitif généraletcelles del'acquisitbndulangage,est
réfutée parles thèsesde CHOMSKY(1966). Mais il restaità prouver l'existence psychologique de la compétence. Dès la fin des années 50, des études sont entreprisessur la mémorisationetlacompréhensbn des phrases. L'idée de départ étaitunisomorphismeentre lesprocéduresdecabulsyntaxique utilisées parunsujet qui comprenddes phrasesetl'engendrement decelles-ci.Lesrésultatsn'ont pasété
probants.En principe unephrase passivedevrait être plus longueàcomprendre qu'une active puisqu'elle supposeraitplusde transformation surlaphrase-noyau (MILLER, 1962);or destravaux telsqueceuxde SLOBIN(1966)montrentque ce résultat verifiable pour des passifs réversibles (où les termes, agent etpatient, peuvent être intervertis), ne l'est paspour les passifs irréversibles (où les rôles d'agentetdepatient dépendraientdusensdes mots). Latentativedevérification psychologique de lacompétence n'apasdonnélesrésultats attendus.En
consé-Delacompétencelinguistiqueauxcompétenceslangagières
caractéristiques formelles (article, nom, verbe, groupe nominal...)et une suite de règles pour décrire lesphrases à l'aidedeces unités. Lebutestde parvenirpar réécriture,à unminimumderègles explicativessuffisantes pourgénérerunensem¬
bledestructures sous-jacentes.IIsuffirad'ajouter l'insertion lexicaleetdestransfor¬
matbnsobligatoires pour que lecanevasobtenu setransforme en phrase réelle véhiculantunesignifbatbnconcrète.
Mais lebut de cetteformalisatbnnese réduitpas aux limitesd'une langue. L'enjeude CHOMSKYestuniversaliste :suivant latrace des maîtres de
PORT-ROYAL1,ilveut rendre compte des capacitésdonttémoignent touslesêtreshumains dans leur activité langagièreetnotammentlacréativité.Chacune desgrammaires génératives qui explicitent les compétences d'unfrancophone, d'un anglophone, d'un chinois... est conçue comme une réalisation particulière de la Grammaire Universelle.IIs'agitdemontrerd'unepart,des invariants (universaux)etd'autrepart,
des groupesdefaits susceptiblesdevariation.IIfaut reconnaître qu'il est difficile de
se passer des universaux si l'on veut expliquer la possibilité des traductions (BRESSON, 1984).
Cet universalisme estcomplétéparun Innélsme :lagrammaire est inscrite
danslepotentielgénétiquedes êtres humains. Unenvironnementdéclencheur(le
faitdeparlerautourdel'enfant)suffità lafairefonctionner.Lacompétence estcette aptitude supposée de l'enfantàcomprendrelesrèglesdelaformation delaphrase et desatransformatbnbrsqu'ilestexposéàdesélémentsentièrement linguistiques, même si ceux-ci ne sont pas suffisants pour y parvenir ou si ces éléments linguistiques sont dégénérés ou semi grammatbaux2. L'undes argumentslepluscité
àl'appuidecettethèse,estlarapiditéd'acquisition,laquellenepourraits'expliquer par simple imprégnationniaucune
bi
deconditionnement. CHOMSKY supposeunmodèled'acquisition dans lequel l'étatinitialestunsystème déterministed'entréeet
desortie quitransformelesfaits d'unelangueentendue (entrée)enproduitcognitif,
lagrammaire de lalangue interne(sortie). L'état initial sedévebppe et selon la
langue d'entrée,lesystèmeaboutità desétatsvariables de stabilisation.
S'imposant danslesannées60-70,cettethéorie généraledu langage,renou¬
velle lapsychologie du langage qui étaitrestéesous l'emprisedu behaviorisme. L'hypothèsesebnlaquelleiln'existerait pas dedifférences entreleslois d'appren¬
tissagedufonctbnnementcognitif généraletcelles del'acquisitbndulangage,est
réfutée parles thèsesde CHOMSKY(1966). Mais il restaità prouver l'existence psychologique de la compétence. Dès la fin des années 50, des études sont entreprisessur la mémorisationetlacompréhensbn des phrases. L'idée de départ étaitunisomorphismeentre lesprocéduresdecabulsyntaxique utilisées parunsujet qui comprenddes phrasesetl'engendrement decelles-ci.Lesrésultatsn'ont pasété
probants.En principe unephrase passivedevrait être plus longueàcomprendre qu'une active puisqu'elle supposeraitplusde transformation surlaphrase-noyau (MILLER, 1962);or destravaux telsqueceuxde SLOBIN(1966)montrentque ce résultat verifiable pour des passifs réversibles (où les termes, agent etpatient, peuvent être intervertis), ne l'est paspour les passifs irréversibles (où les rôles d'agentetdepatient dépendraientdusensdes mots). Latentativedevérification psychologique de lacompétence n'apasdonnélesrésultats attendus.En