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La régénération naturelle des douglasaies a le vent en poupe. Le point sur les itinéraires techniques existants

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Les vieilles douglasaies montrent clairement que les conditions de la forêt wallonne sont favorables à la régénération naturelle du douglas, que ce soit sous couvert léger ou par ensemencement latéral de mises à blanc. Mais la plupart des forestiers hésitent encore quant à son opportunité et à la manière d’en tirer parti. Cet article relate les techniques mises au point par les pionniers de la régénération du douglas.

Au

fur et à mesure que les dougla-saies issues de la vague de plantation de la seconde partie du XXe siècle arrivent à

maturité, un semis naturel s’installe spon-tanément sous le couvert de nombreux peuplements31. L’apport croissant de

lu-mière dans le sous-bois au fur et à me-sure des éclaircies permet à ces semis de se développer. L’apparition de cette régé-nération naturelle interpelle les sylvicul-teurs et suscite beaucoup d’interrogations, d’autant plus que l’expérience européenne en la matière est encore balbutiante, puis-que le douglas, d’introduction récente, n’en est encore souvent qu’à sa première génération.

Certains gestionnaires poursuivent le schéma de « mise à blanc suivi de replan-tation ». D’autres voudraient favoriser le processus de régénération naturelle qui

LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE

DES DOUGLASAIES A LE VENT EN POUPE.

LE POINT SUR LES ITINÉRAIRES

TECHNIQUES EXISTANTS

SÉBASTIEN PETIT – HUGUES CLAESSENS

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est entamé, mais se demandent si les se-mis sont en suffisance et s’ils seront ca-pables de supporter une mise en lumière. Ensuite, comment procéder une fois le se-mis acquis ?

Cet article tente d’apporter quelques élé-ments de réponse à ces questions à partir d’une très large revue de la littérature ap-puyée par des expériences et observations belges. En effet, depuis quelques années, des forestiers mettent au point des scé-narios de régénération naturelle pour le douglas. Ceux-ci pourront constituer des pistes pour ceux qui voudraient régénérer leurs peuplements de douglas de manière naturelle.

LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE : AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS L’avantage le plus évident de la régéné-ration naturelle est avant tout d’ordre économique. En effet, réaliser une plan-tation est sans conteste un des actes les plus coûteux pour un propriétaire fores-tier et le fait de pouvoir renouveler un peuplement sans y avoir recours permet d’économiser des milliers d’euros : entre 3 000 et 5 000 euros pour une plantation de douglas réussie, préparation du sol et dégagements compris, selon les condi-tions (station, densité, taille et type de plants, etc.).

La régénération naturelle offre également l’avantage d’être plus respectueuse des sols en limitant les travaux de girobroyage ou d’andainage8. Elle permet de réduire

l’im-pact paysager par rapport à une exploi-tation par mise à blanc27 qui donne une

perception très « artificielle » de la gestion forestière.

Par sa grande quantité de semis et leur di-versité génétique intégrant déjà l’adapta-tion stal’adapta-tionnelle du peuplement-mère, la régénération naturelle assure aussi un bon niveau d’adaptation des semis aux condi-tions écologiques locales.

Par ailleurs, lorsque les semis sont abon-dants, la sélection naturelle est forte et se fait au profit d’élites nombreux, formés dès le jeune âge en massif fermé4. Cette

phase de formation permet la production de bois de haute qualité (fines branches, faible défilement, proportion de bois ju-vénile réduite). La régénération est par ailleurs moins sensible aux dégâts de gi-bier puisque les semis ne reçoivent pas d’apports nutritifs supplémentaires, qui les rendraient plus appétants18. Le semis

étant généralement dense, les dégâts sont dilués sur un plus grand nombre de plants. Enfin, pour peu que l’on oriente progres-sivement les peuplements en régénération naturelle vers des futaies irrégulières et mélangées, la possibilité d’y introduire le mélange d’essences s’offre au sylviculteur, lui permettant par la même occasion de rendre sa forêt plus résiliente et d’obtenir des revenus plus réguliers6.

La régénération naturelle n’a, bien enten-du, pas uniquement des avantages. On ne peut en effet entièrement la maîtriser : si on peut agir pour la provoquer, sa venue n’est toutefois jamais garantie. Un suivi régulier et d’importantes compétences techniques sont nécessaires pour la mener à bien3, 4. Cette attention peut engendrer

un surcoût, mais il correspond à la valori-sation du savoir-faire du sylviculteur35.

Au rayon des inconvénients, la difficulté d’exploitation des semenciers lorsque la régénération est déjà établie dans le

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peuplement a déjà fait reculer plus d’un gestionnaire. Cependant, des outils dont l’efficacité est de plus en plus avérée exis-tent pour réaliser les exploitations sur se-mis : la se-mise en place de cloisonnements d’exploitation7, 20 et l’imposition des

tech-niques qui y sont associées (direction d’abattage, ébranchage sur le layon, etc.) et qui doivent être consignées dans le ca-hier des charges. Le respect de certaines clauses d’exploitation peut bien entendu occasionner une augmentation du prix d’abattage, mais celui-ci est faible par rap-port aux économies réalisées20, 29, 39.

Enfin, il ne faut pas oublier que l’essence à régénérer doit être en station et que les semenciers doivent être de bonne qualité pour entamer ce processus. Des cercles de consanguinité peuvent s’installer à long

terme au sein des peuplements régéné-rés de manière naturelle26. Cependant,

ce phénomène est plus fréquent chez les espèces dont les graines sont lourdes (par exemple chez le chêne). Il y a donc peu de risques pour le douglas.

CONDITIONS DE LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE DU DOUGLAS Une série de conditions doivent être réu-nies pour qu’un semis naturel se mette en place dans les douglasaies.

En temps normal, la périodicité des bon-nes fructifications des douglas matures (à partir de 40 ans) est de l’ordre de 3 à 7 ans41. La fructification du douglas s’étale

sur deux années et sa réussite dépend

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Bon nombre de forestiers voient apparaître des semis de douglas au fur et à mesure que leurs peuplements arrivent à maturité.

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tement des conditions climatiques durant cette période.

Une fructification prometteuse peut très vite être anéantie. Ce sont les insectes qui causent le plus de dégâts, en particulier ceux dont les larves se développent en se nourrissant de la graine (par exemple Megastigmus spermotrophus23) ou des tissus

des cônes. D’autres agents de dommages comme les écureuils, certains oiseaux et quelques champignons provoquent aussi des dégâts, mais de manière très limitée33.

Par ailleurs, certains d’entre eux parti-cipent également à la dissémination des graines.

Quant à la germination des graines, elle est la meilleure sur le substrat minéral plu-tôt que sur la litière et la mousse40. Elle est

peu influencée par la lumière.

Par contre, une fois le semis en place, l’éclairement devient le facteur déter-minant. Les semis ont seulement besoin d’un éclairement relatif de 15 % pour at-teindre la moitié des accroissements en hauteur qu’ils réaliseraient en pleine lu-mière11. Il existe un point de saturation

au-delà duquel un apport supplémentaire de lumière ne permet pas d’améliorer la croissance. Pour le douglas, ce seuil criti-que se situe vraisemblablement entre 20 et 40 % de la lumière incidente9, 13, 19, 21, 32.

Au delà, l’éclairement est optimal10, 24 et

le développement du semis dépend alors de la fertilité de la station et du régime hydrique10.

Le peuplement semencier conditionne for-tement le microclimat. Par son couvert, il influence l’humidité et les conditions lumineuses du sous-bois. Ces deux

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teurs jouent un rôle primordial sur le dé-veloppement de la régénération. Plusieurs auteurs ont établi la correspondance entre ces besoins en lumière et les paramètres dendrométriques qui permettent aux syl-viculteurs de caractériser grossièrement les conditions lumineuses au sein des peuple-ments15, 17, 22, 27. Ainsi, les conditions

opti-males de développement de la régénération peuvent être atteintes localement dans des peuplements dont la surface terrière est de l’ordre de 24 à 27 m2/ha22, 37, ou encore au

sein de trouées de 15 ares17. Ces données

sont conformes à nos observations en Wal-lonie31, pour autant qu’on considère bien

entendu des peuplements fertiles.

Les excès de lumière sont toutefois à éviter car le douglas supporte mal la concurrence de la flore herbacée et arbustive basse12, 38

et particulièrement celle des fougères et de la ronce28. Il se développe mieux sur sol

nu14 ou avec présence de mousses28.

Enfin, le douglas est très apprécié par le gibier25 qui provoque régulièrement des

dégâts d’abroutissement et de frottures.

QUELQUES SCÉNARIOS DE RÉGÉNÉRATION NATURELLE Dès les années ‘90, quelques pionniers ont expérimenté divers scénarios de régé-nération naturelle des douglasaies. La lit-térature propose ainsi plusieurs itinéraires techniques. On y reconnaît classiquement les grandes méthodes de régénération : la coupe en coulisse, les coupes progressives et l’irrégularisation.

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L’exploitation sur cloisonnement, réalisée en collaboration avec les exploitants, permet de limiter les dégâts à la régénération.

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Une condition préalable : le cloisonnement d’exploitation

Quel que soit le scénario proposé, la plu-part des auteurs identifient une condition préalable à la mise en régénération d’un peuplement : l’ouverture de cloisonne-ments d’exploitation. En effet, ceux-ci permettent de limiter les dégâts à la ré-génération et l’encombrement du sol par des rémanents, ce qui facilitera les opéra-tions sylvicoles ultérieures. En Wallonie, cette opération reste rare, de telle sorte que l’on peut penser qu’elle représente un frein non négligeable à l’adoption d’un scénario de régénération naturelle. L’expérience française et, plus récem-ment, les démonstrations en Wallonie20

prouvent, s’il en était encore besoin, que des itinéraires simples, peu contraignants et non coûteux ont été mis au point pour exploiter sur cloisonnement en

collabo-ration avec les exploitants. Pour les dou-glasaies, on notera de surcroît que l’espa-cement entre ces cloisonnements peut être très important (50 mètres et plus) en raison de la grande hauteur des douglas au moment de leur régénération (entre 35 et 45 mètres).

Méthodes de régénération des peuplement équiennes

La coupe en coulisse

La coupe en coulisse consiste en une mise à blanc d’une bande étroite au sein d’un peuplement. Elle combine l’intérêt de la facilité de la mise en œuvre d’une coupe à blanc, la possibilité d’un ensemence-ment naturel latéral et, si la coulisse est assez étroite, le maintien d’une ambiance forestière qui protège les jeunes semis et limite le développement des herbacées. La méthode est toutefois assez brutale pour

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les lisières, mais, en conditions normales, la qualité de l’enracinement du douglas n’expose pas le peuplement aux chablis. PAPLORAY30 a expérimenté deux largeurs

de bandes : 20 et 40 mètres, soit plus ou moins 0,5 et 1 fois la hauteur du peuple-ment. La plus étroite a donné le meilleur résultat en termes de densité d’ensemen-cement et de limitation de la végétation concurrente. En Belgique, le cantonne-ment de Vielsalm a procédé avec succès à l’ouverture d’une coulisse de 50 mè-tres de large, avec maintien de quelques

semenciers pour s’assurer d’un ensemen-cement complet. L’expérience montre que l’ensemencement ne couvre pas toujours toute la surface de la coulisse en quantité suffisante, mais qu’il se complète généra-lement au cours des années qui suivent. Les coupes progressives

Plusieurs auteurs présentent les résul-tats de coupes progressives expérimenta-les1, 2, 16, 27, 30. Synthétiquement, on peut

re-tenir deux scénarios selon le peuplement de départ.

Pour les peuplements moyennement denses (surface terrière d’environ 30 à 40 m2/ha pour une hauteur de 30 à

35 mètres vers 45 ans), une seule coupe d’ensemencement suffit à installer la ré-génération, laissant sur pied une surface terrière de 15 à 20 m2/ha, soit un

prélève-ment de 40 à 60 % de la surface terrière selon la densité de départ. D’après PAPLO -RAY30, l’ensemencement est le meilleur

avec une densité proche de 20 m2/ha.

ANGELIER et al.1 et JOANNIN et FARINOTTI16

conseillent de laisser plus de matériel sur pied (18 à 20 m2/ha) si le risque de

développement de la strate herbacée est important. En effet, un sol « propre » fa-vorise la germination40.

La coupe définitive doit ensuite être réali-sée en une fois lorsque les semis atteignent de l’ordre de 50 cm de haut, soit, si tout se passe bien, 4 à 5 ans après la coupe d’en-semencement1 ; en tout cas, avant que les

fourrés n’atteignent 1 mètre, car dans ce cas, ils deviennent plus sensibles aux dé-gâts d’exploitation30.

Une profusion de plants n’est pas néces-saire pour considérer que le semis est une réussite et que la coupe définitive peut

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La réalisation d’éclaircies dynamiques, apportant une quantité suffisante de lumière au sous-bois, permet la levée d’un semis parfois abondant.

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être réalisée. Au contraire, des densités raisonnables permettent d’économiser des dépressages qui peuvent être coûteux quand les semis sont trop nombreux. Il faut attendre au moins trois ans, voire quatre, avant de faire un diagnostic de l’état de la régénération2. Ce diagnostic

est primordial avant toute opération : une régénération a priori médiocre peut se révéler bien suffisante une fois qu’on a parcouru la parcelle et retrouvé des semis, encore vigoureux, « camouflés » dans les genêts2. À titre d’indication, les tableaux 1

et 2 reprennent les densités de semis mi-nimales pour considérer qu’une régénéra-tion de douglas est réussie dans le cas de scénarios de régénération équienne.

En résumé, 3 à 4 ans après la coupe d’en-semencement, un seul semis bien installé de 30 à 50 cm de hauteur par 2 à 5 m2

suf-fit déjà à assurer la régénération et déclen-cher la coupe définitive.

Des compléments de régénération peu-vent être faits si il existe des vides anor-maux de régénération, c’est-à-dire si, sur des zones significatives (30 ares et plus), il y a moins de 800 semis par hectare quand la régénération fait environ 50 cm de haut ou moins de 500 semis par hectare si leur hauteur est proche de 3 mètres2.

Dans les peuplements plus denses, avec des surfaces terrières de l’ordre de 50 m2/ha

Tableau 1 – Densité minimale de semis pour une régénération réussie selon ANGELIER2 et suivant le

diagnostic RÉGÉNAT36.

Hauteur des semis Densité (semis/ha)

10 cm 3 000 à 4 000

50 cm 2 000

3 m 1 100*

* 800 semis sont suffisants si ils sont en mélange avec d’autres essences.

Tableau 2 – Densité minimale de semis selon JAY

et al.15.

Hauteur des semis Densité (semis/ha) 0 à 50 cm 5 000 à 10 000 50 cm à 1,5 m 5 000 à 10 000*

1,5 à 3 m 1 000 à 2 000

3 à 5 m 700 à 1 000

Plus de 5 m 700 à 1 000

* Si les plus grands ont une hauteur supérieure à 2 m alors 2 000 à 5 000 semis sont suffisants.

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Régénération naturelle de douglas à l’abri du vieux peuplement (vague de régénération d’une vingtaine d’années sous le peuplement centenaire). Gros Bois de Vielsalm.

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ou plus, la coupe d’ensemencement amè-ne le peuplement à uamè-ne densité de 20 à 30 m2/ha selon la densité originelle1, 27.

Cette densité permet l’installation d’un semis, mais pas toujours son développe-ment optimal.

Dès que le semis atteint 20 à 30 cm (3 à 4 ans), une coupe secondaire réduit la den-sité au niveau de 15 à 20 m2/ha. Comme

dans le cas précédent, la coupe définitive intervient dès que les semis atteignent 50 cm de haut.

Et en Wallonie ?

Ces scénarios semblent cohérents avec l’observation fréquente, en forêt wal-lonne, de semis naturels non provoqués dans des peuplements matures de densité moyenne (20 à 40 m2/ha) avec un

cou-vert relevé31. On peut donc considérer que

ceux-ci indiquent que le forestier peut dé-clencher sa coupe d’ensemencement con-formément aux scénarios présentés. Dégagements et dépressages

Une fois la régénération libérée de l’om-brage du peuplement-mère, le forestier va se retrouver face à une marée de semis qui deviendra vite impénétrable. La gestion de ce fourré nécessite l’ouverture de cloi-sonnements sylvicoles, tant que les semis sont encore petits. Ils permettront : • un accès permanent facilitant le travail

(suivi, surveillance) ;

• une plus grande facilité de progres-sion (diminution des coûts de dégage-ments) ;

• une première réduction de la densité de semis ; © H. C la es se ns

Semis naturel de douglas dépressé trop tôt par analogie à une plantation. Les bénéfices de la densité de la régénération naturelle pour la formation de la tige (limitation de la proportion future de bois juvénile et de la grosseur des branches) ont été perdus.

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• une amélioration de la capacité d’ac-cueil du milieu.

ANGELIER2 conseille d’ouvrir un

cloison-nement de 2 mètres de large tous les 6 à 8 mètres, par broyage mécanique ou à la débroussailleuse. Toutefois, les anciens cloisonnements d’exploitation ou la con-figuration des lieux peuvent moduler cette organisation.

En cas de forte concurrence végétale, des dégagements peuvent être inévitables, mais ils doivent être limités au strict né-cessaire. Étant donné que le douglas a une croissance forte, il se peut qu’il n’y ait rien à faire si les semis dominent la végétation concurrente ou si celle-ci est faible. Tant que la tête des plants dépasse la végéta-tion, il n’y a pas besoin d’intervenir. C’est au contraire l’occasion de favoriser une biodiversité ligneuse dans le peuplement. D’après ANGELIER2, au sein des grandes

plages de gaulis que produisent les mé-thodes de régénération naturelle en fu-taie équienne, le dépressage semble être nécessaire même si la différenciation en-tre dominants, co-dominants par rapport aux dominés se fait bien chez le douglas. Il peut être réalisé jusqu’à 7 mètres de hauteur dominante sans que les semis ne présentent trop de risques d’instabilité ni de casse (à condition de privilégier les plus vigoureux). Les résultats d’une expé-rimentation montrent qu’un dépressage à 2,5 mètres est trop précoce2. Il vaut mieux

le réaliser vers 3,5 mètres pour ramener la densité aux alentours de 2 000 à 2 500 se-mis par hectare dans le cas où elle est im-portante. Si la densité de départ de la ré-génération est déjà proche de celle d’une plantation, un simple nettoiement peut être envisagé.

Cas des peuplements irréguliers

Considérant que les conditions d’éclai-rement nécessaires à la survie des semis de douglas peuvent être atteintes locale-ment au sein de douglasaies relativelocale-ment fermées (24 à 27 m2/ha22, 37) ou au sein de

petites trouées (de l’ordre de 15 ares17),

il est évident que la régénération natu-relle du douglas peut se dérouler au sein même des peuplements-mère5, 34. Selon la

densité du peuplement, elle peut être gé-néralisée comme dans le cas des coupes d’ensemencement, ou prendre une allure hétérogène au sein des peuplements plus fermés, à la faveur de taches de lumière et de trouées. En Wallonie, on observe effectivement que les vieilles douglasaies (âgées de plus de 80 ans) se placent inévi-tablement dans cette dynamique de régé-nération naturelle suite au relevé de leur couvert31, démontrant la facilité de

déve-loppement du semis dans ces structures plus développées.

À partir de l’analyse de quelques peuple-ments expérimentaux suivis de longue date (figure 1), SCHÜTZ et POMMERENING37

ont établi à 27 m2/ha la surface terrière

d’équilibre qui permet un recrutement continu de perches de douglas dans un système de futaie irrégulière (selon la mé-thode du contrôle). Selon ces auteurs, sur base des tables de production suisses, cette valeur de densité correspond à 60 % de celle d’une futaie équienne mature, mais il semble que la productivité du peuplement irrégulier reste du même ordre de gran-deur que celle de la douglasaie équienne au terme d’exploitabilité.

Dans ces douglasaies en régénération, que ce soit de manière diffuse comme dans le système d’exploitation à dimension-cible ou de manière plus localisée par

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l’ouver-ture de petites trouées, le recrutement de deux à cinq petits bois par hectare et par an en moyenne34, parmi lesquels quelques

perches d’avenir seront sélectionnées, suf-fit amplement. Par conséquent, dans ce genre de situation il ne faut pas chercher à avoir un grand nombre de semis ni d’îlots de régénération sur l’ensemble de la par-celle. Au contraire, il y a de l’intérêt à con-server des zones où le couvert est mainte-nu plus dense pour que le renouvellement n’ait pas lieu sur l’entièreté de la parcelle au même moment.

Il va de soi que dans ce système, l’exploi-tation des douglas arrivés à maturité doit être particulièrement contrôlée et être strictement associée à un réseau de cloi-sonnements.

Dégagements et dépressages

En futaie irrégulière, le dosage de la den-sité du peuplement suffit à éviter les dé-gagements. De même, l’irrégularité de la lumière favorise l’émergence des tiges les mieux situées par rapport aux puits de lu-mière. Les dépressages généralisés ne sont donc pas utiles34. Cependant, dans les

zo-nes étendues de forte densité, on peut être amené à présélectionner quelques tiges d’avenir bien placées et à les détourer8.

CONCLUSION

L’expérience montre que la régénération naturelle du douglas est une option tout à fait envisageable. Quelques pionniers ont déjà expérimenté avec succès divers

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Semis naturel hétérogène sous un peuplement de densité moyenne, départ d’une irrégularisation. Domaine Van Zuylen, Arbrefontaine.

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raires sylvicoles. Comme on peut le cons-tater, l’ensemble de ces scénarios sont très dynamiques afin de provoquer un apport de lumière et ainsi déclencher la levée des semis de douglas : quand il ne s’agit pas de coupes en coulisses, les coupes d’ense-mencement prélèvent entre 40 et 60 % de la surface terrière ou du volume des peu-plements, tandis que les futaies irréguliè-res sont maintenues très peu denses pour des résineux.

En Wallonie, notre analyse des dougla-saies qui entrent spontanément en régé-nération au fur et à mesure des éclaircies et de l’ouverture des peuplements31

mon-tre sans équivoque que ces itinéraires sont transposables à nos peuplements. Au vu des avantages et des inconvé-nients qu’une régénération naturelle

en-traîne, de l’état initial des peuplements et de la disposition des parcelles, la pos-sibilité de reproduire les scénarios pro-posés est laissée aux gestionnaires qui y apporteront leur connaissance du terrain et qui pourront les moduler selon leurs convictions.

Ces itinéraires ne peuvent toutefois se concevoir sans bouleverser les habitu-des, notamment en ce qui concerne les modalités d’exploitation des gros bois du peuplement-mère à l’aide des incontour-nables cloisonnements. Mais la voie est déjà ouverte avec la pratique de plus en plus courante de la régénération naturelle de l’épicéa. Celle du douglas est encore plus justifiée, car les risques de chablis liés aux éclaircies fortes ou aux coulisses sont limités grâce à la stabilité du douglas,

Figure 1 – À titre d’exemple : histogramme des tiges de douglas selon les catégories de diamètre dans la parcelle expérimentale de La Joux-Pélichet. On y distingue une régénération étagée (petits diamètres inférieurs à 40 cm) sous le peuplement-mère (diamètres de 40 à 80 cm). Cette allure montre que l’irrégu-larisation est en cours (d’après SCHÜTZ et POMMERENING [2003]37).

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tandis que le vieillissement des arbres, nécessaire à la régénération, n’entraîne pas de risque de dévalorisation et surtout est favorable à l’amélioration de la valeur

technologique des bois. n

L’abondante bibliographie de cet article est disponible en ligne sur la page de ce numéro 126 de la revue Forêt Wallonne à l’adresse www.foretwallonne.be, menu « Anciens som-maires ».

Quelques références peuvent être épinglées comme particulièrement utiles au gestion-naire :

2 ANGELIER A. [2007]. Guide des sylviculteurs :

Douglasaies françaises. Office National des Forêts, Paris, 296 p.

15 JAY D., PAILLASSE E., RIOU-NIVERT P. [1999].

Enquête sur les conditions de régénération naturelle du douglas. Dossier : régénération et croissance du douglas. Forêt-entreprise

127(3) : 30-32.

30 PAPLORAY C. [2010]. La régénération

natu-relle du douglas : une expérience à acquérir en Normandie. Forêt-entreprise 191 : 7-12.

34 RASSE N. [2012]. Le traitement irrégulier

ap-pliqué aux peuplements de douglas ou de pins purs et mélangés en Bourgogne. 36 p. (dispo-nible sur www.foret-de-bourgogne.fr/index/ action/page/id/12).

Cet article est issu du travail de fin d’études de Sébastien Petit (2012) : « Étude de la ré-génération des douglasaies » réalisé à l’ULg, Gembloux Agro-Bio Tech.

SÉBASTIEN PETIT s.petit@foretwallonne.be

Forêt Wallonne asbl Rue Nanon, 98 B-5000 Namur HUGUES CLAESSENS hugues.claessens@ulg.ac.be Unité de Gestion des Ressources Forestières et des Milieux Naturels,

Gembloux Agro-Bio Tech, ULg Passage des Déportés, 2

B-5030 Gembloux SEMIS DE DOUGLAS ET LUMIÈRE

En Auvergne, une expérience a montré que les semis de douglas ne s’étiolent qu’après 12 à 15 ans sous un couvert très dense14. Si

les semis réalisent des pousses terminales de 20 cm et plus, leur développement n’est pas compromis et ils peuvent constituer un futur arbre du peuplement34.

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Figure

Tableau 1 – Densité minimale de semis pour une  régénération réussie selon A NGELIER 2  et suivant le  diagnostic RÉGÉNAT 36 .
Figure 1 – À titre d’exemple : histogramme des tiges de douglas selon les catégories de diamètre dans  la parcelle expérimentale de La Joux-Pélichet

Références

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