HAL Id: hal-02292482
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et des pratiques en Europe
Philippe Ruffio, . Societe Francaise d’Economie Rurale
To cite this version:
Philippe Ruffio, . Societe Francaise d’Economie Rurale. L’intensification de la production laitière : des logiques et des pratiques en Europe. Colloque SFER : La competitivite dans l’agro-alimentaire eu-ropeen, Société Française d’Economie Rurale (SFER). FRA., Apr 1989, Paris, France. �hal-02292482�
I
SFER Session de Printemps 1
L'INTENSIFICATION DE
I-A
PRODUCTION LAITIERE :DES I-OGIQUES ET DES PRATIQUES EN EUROPE
Ph. RUFFIO
Départernent des Sciences Economiques
et
Sociales-
ENSA de Rennes Enseignant-Chercheur associéà
IINRA
RESUME
Cette
communicationa
pourobjet
de
montrer
que ltanalyse des systèmesde production au niveau international
ne
passe pas seulementpar
la
comparaisondes structures
de
production, des déterminants économiques(prix,
cotts...),
maisaussi
par
celle
du
contexte
économico-culturel;
celui-ci
se
traduit par
unconsensus
social sur
le
rôle
et la
logiquede
fonctionnementde
ltexploitation agricoledifférent
d'un paysà
lfautre.Les cas néerlandais
et
français montrent queles
démarchesde
gestion delrexploitation, développées
par
ltappareil dtencadiement, stopposent:
en
France,ctest
une
approche agronomique dans sonprincipe,
qui
consisteà
vaioriser
les productions fourragèresde
lfexploitation considérées commele
facteur
limitantdes productions animales.
Aux
Pays-Bas,la
valorisationdu
travail familial
est
lrobjectif à
atteindre.La
combinaisondes
facteurs
de
production
(cheptel, aliments produits
surItexploitation
et achetés...)
dépend dela
recherche dlun optimum économique. Laproduction hors-sol
est
alors envisageable comme unevoie
complémentaireà
uneintensification des surfaces fourragères dont
la
limite
est rapidement atteinte.Le
bien
fondé
de
cette
hypothèseest
illustré
par quelques
exemplesrelatifs
aux
comportementset
aux
pratiques
de
ltappareil
de formacion,
-
de développementet
de recherche en agriculture.Ils
sont ltoccasion dtintroduire uneréflexion
sur
les notions drintensificationpar
rapportà
la
terre
et
de productionhors-sol.
l6
JAN is90 E }IUHÂ\LIi [.ru.n.A. . aItktuE$SFER Session de Printemps 1989
LIINTENSIFICATION DE
LA
PRODUCTION LAITIERE :DES LOGIQUES ET DES PRATIQUES
EN
EUROPEPh. RUFFIO
Département des Sciences Economiques
et
Sociales-
ENSA de Rennes Enseignant-Chercheur associéà
ITINRALe
développementdtune situation
excédentaire
et
lrextension
de
la compétition internationalea
suscité
de
nombreuses étudesde
comparaison des performances des exploitations laitières dans les pays européens.Elles
mettent
en valeur les performances technico-économiques britanniquesou
néerlandaiseset
soulignentla
faiblesse desrésultats
dans des pays commelrAllemagne ou
la
France.Ces
situations
contrastées donnentlieu
à
trois
hypothèses explicativesessentielles.
Les
sfructures foncières constituent unecontrainte
déterminantedu
choixdes
systèmes
de
production.
Toutefois,
Itavantage
de la
Grande-Bretagne(exploitations
de
grandes surfaces)est
relatif
dansla
mesureoù
aux Pays Bas(exploitations
de
petites
surfaces)les
éleveurs dêgagent des revenus supérieursgrâce
à
une adaptation deleur
système de production.Les déterminants économiques, notamment les
prix relatifs
des facteurs deproduction,
permettent
de
justifier
ltexistencedfoptima
économiques différents. Ces approches soulignentle
handicap dfun pays commela
France dontle
prix
dulait
payé
au
producteur
est
plus faible
que dans
drautres
pays
(Pays-Bas,Danemark, Allemagne)
alors
que les
facteursde
production directementliés
àlfintensification (énergie, aliments du bétailo engrais...) sont plus coûteux.
Enfin,
Ie
retard de la
modernisation deltagriculture,
dansun
pays commela
France, comparé aux paysdu
nordde
lfEurope,met
ltaccentsur les
niveaux de technicitéet
de formation de base des agriculteurs.Cependant,
ces
analysessont
insuffisantespour
rendre compte
à
ellesseules,
de
ltexistencede
différents systèmes de production en Europe.Ltobjet
decette
communicationest
de montrer
qutil
existe une quatrième hypothèse, celledu
consensussocial
surle rôle
et
la
logique de fonctionnement dtune exploitationagricole. Ces différences
de
conception,résultat de lthistoire
agricolede
chaquepays
au
même
titre
que
les
niveaux
de
formation
ec de
compétence desagriculteurs,
sont essentielles
car
elles
ont
eté, récernment véhiculées parlrappareil drencadrernent de ltagriculture (formation, recherche, développement) au cours de
la
période récente dfintense modernisation.Nous
appuieronsla
démonstrationsur
lrexempledes
Pays-Baset
de la
France
qui
paraissentà
bien
des
égardsla
caricature
de
deux
approches2
Lt
intensification
e-stle cadre dans
lequel srestinscrit
la
modernisation dela
productionlaitière
en
Europe.Cette
notion serala
référencesur
laquelle se fonderala
réflexion
engagéeici.
Crestla
raison pour laquelle, dansun
premiertemps,
il
sragirade
rappelerla
signification
économiquede ce
processuset
demontrer
lrexistencede
voies
alternativesselon
les
conditionsstructurelles
de production.En effet, les
approches techniciennes de ltintensification (amélioration des conditionsde
production,du
potentiel
laitier
du
cheptel,du
rendement des surfaces fourragères...), fréquentes dansle
monde professionnel, négligent ltenjeu économiqueessentiel
de
celle-ci
qui
consiste
en
Itaccroissement,de
la productivité dutravail
familial.Crest
sur cette
base que nous pourrons opposerles
démarchesde
gestiontechnico-économique néerlandaises
et
françaises
et
montrer
llexistence
de conceptions différentes du fonctionnement de ltexploitation agricole.Enfin,
le
bien
fondé decette
hypothèse seraillustré
à
partir
de
quelques exemplesrelatifs
aux comportementset
pratiquesde
lrappareilde
formation, de développementet
de recherche en agriculture. Ce sera lf occasion. df introduire uneréflexion
sur
les notions drintensificationpar
rapportà la
terre
et de
production hors-sol.I-
LES VOIES DE LIINTENSIFICATION DEI-A
PRODUCTION LAITIERE ENEUROPE :
l-1.
Intensificationet
productivité du travailLes
différents travaux
réalisés
aux niveaux
français
ou
européen quianalysent
les
déterminantsde
la
formation
du revenu des exploitations laitières,pris
commeindicateur
de
performance, convergentpour
mettre en
évidence lerôle
essentielde
la
dimension économiquede
I'exploitation
(OUtAUtf,
1986 BUTAULTer
al
1988-
RUFFIO, 1987-
RUFFIO, lggg...).Ce ntest pas lraccroissement, en
tant
quetel,
dela
taille
de
ltexploitationqui est
enjeu
maisplutôt
le
fait
quela
concentration dela
production dans des établesde
grandes dimensions perrnet dfaccroîtrela
productivité dutravail
et
de diminuerle
sous-emploi dece
facreur (RUFFIO, lg8g).En
effet, dans
les
régions dtEuropede
ltOuest,la
productionlaitière
estlocalisée dans des zones de petites structures foncières, dans des unités
à
maind'oeuvre
familiale,
à
ltexception notabledu
Royaume-Uni (exploitationsde
plusde 50 ha avec une main dtoeuvre salariée).
Le travail
est
un
facteurrigide en
nombre de travailleurset
en
temps detravail. Les
études réalisées dansce
domainemontrent que
la
durée
annuellenraugmente
pas avec
la
taille de
Itexploitation,
voire cànnait
le
mouvement inverse (JEGOUZOer
al,
1gg0-
RUFFIO; lggT-
BRANGEONet
al,
lggg).Par
ailleurs, des
estimationsdu coût
du travail (familial
et
salarié)(l)
montrentqutil
stagit du postele
plus élevé ducott de production
dulait
tout
enétant
drimportancevariable
:
quandla dimension
de liexploitation
augmente, lapart
relative
dutravail
varie de 50à
25 o/o environ ducott
de production total.A
lféchelle
européenne,la
productivité
du
travail
dansles
exploitationst{l!è.res peut varier
du
simple au
double (BUTAULTer
â1,
1988-
RUFFIO, t-989);les
Pays-Baset le
Royaume-Unise
situent
en téte, la
France ei
lfAllemagne,
en dernier.l-
calculs rêalisés sur une population dtexploitations laitières hollandaises sur la.t
Le
seuil
de
plein
emploi
du
travail
familial varie d'un
pays
à
lfautre(BUTAULT, 1989).
Il
est
atteint
aux
Pays-Basaux
environde
4
000
q
de
lait
produits
par an
(ou
60-70
vacheslaitières)
dansles
exploitations spécialisées(RUFFIO, 1987).
Le
franchissement decette limite
est
à
I'origine de I'importancedu
travail
salarié dans les exploitations anglaises dontla
dimension nécessite unemain dtoeuvre complémentaire.
Les
réflexions
sur
Itintensification
de la
production
laitière
iet
desproductions animales
en
général)doivent
se situer
dansce cadre.
Le
discourstechniciste dominant dans
le
monde professionnel françaisa
longtemps préféré sefocaliser
sur
dfautres aspectsen
évitant de
poserla question des
structures de production.Actuellement, compte
tenu
de la
multiplication des
études
tentant
dedéterminer
les
atouts
et
les
handicapsde
nos productions dansla
concurrence internationale,il
est
nécessaire de rappeler quela
productivitédu
travail
est
lefacteur
déterminant des performances économiques des systèmeslaitiers. Le
sousemploi chronique de
la
main dtoeuvrefamiliale,
en France, en Allemagne... est le principal handicap dela
productionlaitière
de ces pays.1-2. Les stratéeies dfaccroissement de
la
productivité du travailCette
analyse économiquede
lfintensificationpermet une
rêinterprétation des approches techniques de ce phénomène.Lrétude
des
systèmeslaitiers
européensmontre
qutil
existe
différentesstratégies dfamélioration
de
la
productivité
du
travail
(RUFFIO, 1989)er
que coéxistent en Europe des systèmes performants sur des bases variables.Le
graphiqueci-joint
met en
évidence, qutenfonction
de
la
contraintestructurelle,
il
existe
deux stratégies fondamentaleset
opposéesentre
lesquellesse situent tous les pays.
Dtune
part,
aux Pays-Bas,la
surface des exploitations (25-30 ha) nécessiteun
niveautrès
élevéde
productivitéà
lthectare, dtautrepart,
au
Royaume-Uni,les
surfaces
importantes
(00 ha en
moyenne)permettent
de
tolérer
des performancesà
lthectare moyennes.Le
système danoisest
intermédiaire, compte tenu de ses structures foncières (30-35 ha).Le
handicap des exploitations françaiseset
allemandesest
la
conséquencede
la combinaison
de
structures comparablesà
cellesde
la
Hollande mais avecun niveau dtintensification
à
lfhectare identiqueà
celui dela
Grande-Bretagne.Dans
le
contexte
économique contemporain,Itintensification
demeuredtactualité dans de
nombreuxcas
:
lrintensifi,cationde
ltutilisation
du
travailreste
la
seule Derspectiveà
moyen terrne dans nos régions. Seules,les
modalitéspeuvent
faire
lfobjet
dtuneredéfinition
;
ctest
au niveau des stratégiesà
mettre en place que des débats comme ceux de lrextensification oude la
diversification,par
exemple,ont
un
sens:
le
rrmodèle hollandaistr, référence obligatoire pendant30
ans,ntest
sans douteplus
la
norme dans des zones agricolesoù
la
pressionI
Graphique
:
Les voies dtintensification en fonction dela
surface des exploitations en EuropeProduit
lait/ha
SPP (Ecus )4
0003
0002
000 1 000 10 x SAU SFP * Pays-Bas nemark Bretaggç'J
lAllemagne
X1
aGrandOuest
(F) Normandie 1r1 Pays deLoire
France
x20 30 40 50 60 70
aume-Unit
SAU (ha)
Sources
:
Exploitations laitières spécialisées (OTEX 4ll-412)d'après
RICA
1986.:
estimationde
la
position françaiseet
allemande:
SurfaceAgricole
Utilisée: Surface Fourragère Principale
:
Angleterre-
Pays de Galles.2- l-A
GESTION DE L'EXFLOITATION D'EI EVAGE:
VALORISER LAPRODUCTION FOURRAGERE EN FRANCE, RENTABILISER
LE
TRAVAIL AUX PAYS-BAS :Cette
analysede
lfintensificationet
lraccentmis sur
le
travail peut
nousservir
de base pour opposer les démarches de gestion de lrexploitation de certainspays.
Lfanalyse des systèmes
de
productionlaitiers
en
Europeet
des pratiquesdes
éleveurset
du
secteur para-agricole (recherche,formation,
dêveloppement)fait
apparaltre
que certains choix
stratégiquesdoivent
aussi
sfanaiyser parréférence
à
une
conception
différente
du
fonctionnementde
lrexploitation agricole.Les
exemples néerlandaiset
français paraissentles
plus
intéressants àétudier
à
cause des différencesde
résultats économiques obtenus, endépit
dfunesimilitude
des structures(travail
et
foncier)et
de
la
façondont
ltimpératif
devalorisation
du
travail
est pris
en
comptedans
les
objectifs
de
gestion
de lf exploitation.Les
performancesde la
productionlaitière
néerlandaisesont liées
au niveau élevéde
productivitédu
travail
grâceà
une trutilisation intensivedu
soltl(l)'
les deux
caractéristiquesqui
font
défaut
à la
moyennedes
exploitations françaises. Dansnotre
paysren
effet, la
gestionde
lrexploitation reposesur
des fondements rragronomiquesttpar
opposition aux Pays-Basqui utilisent
les bases defrlréconomie dtentrepriserf
: en
France,
la
gestion
technico-économique delrexploitation drélevage repose
sur
le
principe,
hérité
des
agronomes,euê
nous rêsumerons dela
façon suivante :-
rrlecheptel
doit valoriser
les
fourragesproduits
sur
ltexploitationtf (le principe de lfexploitation autonome).et
son corollaire :-
ttle fourrage est,le
facteur
limitant
des productions animales herbivoresft(le
principe ttagrarientr)Cette
démarchede
gestion,
résuméesur
le
schématr"I,
correspond àlrapproche technique
dite
des I'bilans fourragerstr.Le
potentiel fouÉager disponiblesur
lrexploitation déterminela
dimensiondu
troupeau.Le
revenudu
travàil
estule
conséquence rraccessoirett dtune successionde
choix dont
il
nfest
pas
uno-bjectif exp,licite
:
la
productivité
du travail familial
est déterminéeex
pasc enfonction
.dtimpêratifs
agronomiques.Les
paramètres
êconomiques(prix
desfacteurs...) interviennent comme
âutant de
ôontraintespour
justiiier
la
quantitéutilisée
de
chaquefacteur
(engrais, concentrés...) dansia
fonction
technique quileur est
assignée dansle
processus de production.l-
en première approximation. Dansla
troisièmepartie,
nous rediscuterons cette notionqui
recouvre enfait
deux réalités différentes.Scbérna n"l : Les fondements de la gestion technlco-économique des exploitations drélevage en France
Système fourrager Système drélevage
*;tréma n"2 : Les fondements de la gestion tectrnico-économique des expioitttlbrrs' drélevage aux Pays.Bas
FAMILLE Producrivité du travail (norme reconnue de productivité) Surface Fourragère disponible Maih drOeuvre disponible Revenu souhaité Dimension économique de Itexploitation Taille du troupeau Achats de facteurs de production : concentrés, fourrages gpossiers,..
t
-rtt-I I I I I I Iv
Productlon Fourragère Disponible Besoins Nutritionnels de ltanimal Potentiel Pédo-climatique Achaæ de Facteurs de productlon Système founager Surface Fourragère disponible Icinérâire technique (UF)--.+
Potentiel Pédo-climatique Système dtélevage I I I I I Iù
I I I I I I*
Main d'oeuvre disponitrle (famille)\
ç-Productivité du travail Revenu du travail I\'
Itlnéralre technlque (UF) Potentiel de production du cheptel Dimension du troupeau (dimension économique de llexploitation) Production Fourragère Disponible Potentiels de Production du cheptel Besoins Nutrltionnels de lranimal Système dtalimentationCe
raisonnement méconnaitla
signification économiquede
ltintensificationdont ltobjectif,
rappelonsle,
est
la
valorisationdu travail familial
: il
confond les moyens (le système fourrager,le
système dtélevage) avecla
fin.Aux
Pays-Bas (schéma rro2),la
démarcheest
construitesur une
logiqueinversée dont les bases sont économiques
et
oùle travail
retrouve sa juste place.Le
raisonnement srappuiesur
une norme
reconnue(voir pius ioin)
deproductivité
du
travail.
Tout se
passe commesi la
dimensiondu
cheptel
àatteindre
était
lfélément
statégique essentielperrnettant
de
valoriser
la
maindtoeuvre disponible.
Lradéquation
entre les
besoins des animauxet
les
fourrages produits surItexploitation est réalisée
par
ltintermédiaire du système dtalimentation grâce àlrachat dtaliments complémentaires dans des proportions pouvant
être
importantes (concentrés, sous produits industriels, fourrages grossiers...).Les démarches françaises
et
néerlandaises sropposent donc essentiellementsur
trois
points :-
la
rémunération dutravail
familial est
unobjectif a priori
aux Pays-Bas,ctest un résultat en France,
-
en
France,les
productions fourragèressont le
principalfacteur
limitantde
la
productionlaitière. Aux
Pays-Bas, comptetenu
de
la
concentrationde
laproduction dans
de
grands troupeaux,le
plein emploi
du travail
tend
à
êtreatteint
; la
main
dtoeuvrefamiliale
devientdonc
le
facteur
limitant
dans de nombreuses exploitations.-
les
achats draliments(les
concentrés)en
France,visent
à
équilibrerqualitativement
la
ration
des animauxet
à
compléterla
ration de
base comptetenu
drune capacité dtingestion
limitée.
Ce
sont
les
principes
zootechniquesdralimentation
ad
libitum
et
de
complémentationen
concàntrésdits
"d'équili-brenet de
t'productiontt.Aux
Pays-Bas aucontraire,
la
ration
de base fourniepar
ltexploitation estlimitée
quantitativementpar des
niveauxde
chargementtrès
élevés;
Itachat dtaliments répond alorsà
trois
objectifs:
équilibrelt
complémentde
production commeen
France, maissurtout,
complémentationde
la
ration de
base produicepar lrexploitation.
Ctest
la
raison
pour
laquelle on
observe dansce
pays
unecorrélation
entre
chargementet
consommationde
concentrés,alors que
larelation
classiqueen
France
est
établie entre
concentréset
produit-lait
parvache.
3-
PRATIQI.JES DIINTENSIFICATIONEf,
PERFORIVANCES DES SYSTEMES DEPRODUCTION :
-
Lradoption des principes énoncés ci-dessusse traduit
dansla
pratique par d-es comportementsdifférents
de
la
part des
producteurset
de
ltènsemble-delfappareil
drencadrementde
ltagriculiure.
Noui
pouvonsy
déceler
autant
defacteurs
explicatifs
des
performancesdes
systèmesde
production néerlandais. Quelques exemplesillustrent
bien,à
notreavis,
cette
situâtion.3.1 Normes de productivité
et
concentration dela
productionLa
notion deseuil
de
dimensionau
deiàde
laquelleles
exploitations sont6
actuelle
de la
politique agricole
aux
Pays-Bassur
lesquelles srappuient lesencouragements
à la
concentrationde
la
production.Le
LEI
estimait
il y
a quelques années quele
seuil deviabilité
avait
évoluéde
la façon suivante,
pour les exploitations laitièreset
céréalières:
120 sfu/exploitation(l)
en
1970, 150 en1975, 180
en
1980(VnN
RIEMSDIJK, 1983).Cette
norrnede
producriviré, quinten porte pas
le
nom, seréfère
autravail
comme priorité.Ctest
la
raisonpour
laquelle,la
prise
en
comptede ce
facteur
dans lescalculs
de
coûts
de
productionen
Hollande(mais
aussi dansles
pays
anglo-saxons) est systématique, tandis qurelle est exceptionnelle en France.Dans
notre
pâys,il
est
admisque
le lait
coûte
moinscher
à
produirequtaux Pays-Bas.
Ce
nrest
vrai
quesi
lton exclut
le cott
de
la
main
droeuvrefamiliale
(BUTAULT, 1988-
RUFFIo,
1987-
1989).En
fair,
en
Allemagne, en France,le lait
coûte en
moyenne pluscher
à
produirecar
il
nécessiteplus
detravail.
Cette
mise
au
point
est
essentiellepour
lfinterprétation
des
débats européenset
français de politique agricole actuels. Eneffet,
lesprix
des produitsdoivent
couvrir
à la
fois
les
coûtsde
production(hors
travail)
et
assurer une rémunérationdu travail.
Dansles
conditions actuelles,les
exploitationsles
plusgrandes (Pays-Bas, Royaume-Uni) peuvent accepter des
prix
plus faiblespour
une rémunérationdu
travail familial
identiqueà
celle de
leurs homologuesen
Franceet
en Allemagne.Enfin,
la
râtionalisation
des
tâchesdans les
exploitationsest
aussi
unmoyen draméliorer
la
productivitê
du travail.
En
élevagelaitier, les
néerlandaisestiment qufelle
a
été
multipliée
par
cinq en trente
ans,
les
besoins annuelspassant
de
314 h/vacheen
1950à
6l
h/vacheen
1980 (HAMMINGet
al.,
1984).La
productivité dutravail
aurait
doublé pendant les années 70.Cfest un
axede
recherche important, desinstituts
techniques néerlandais.Les
étables entravées représentent encoreplus
de 50
o/o des bâtiments utilisésdans
le
pays.Ctest
pourquoile
Centre
de
Recherchesur
lrélevagebovin
deLelystadt,
par
exemple, expérimente toujours sur les conditions detravail
dans cetype
de bâtiment.Pour
ces
raisons
également,
le
développementagricole
néerlandaisencourage
le
recoursaux
entreprisesde
travaux agricolesplutôt
qutaux fonnesassociatives
de
détention
du
matériel
agricole.
Il stagit
dtune
logiquedtexternalisation des opérations non rentables en
travail,
pêu comptatible aveè ies principesde
lrentralde
et
de
la
réciprocité
en vigueur
dansles
coopératives drutilisation dumatériel
agricole.3.2 Intensification
et
oroduction horssol
:'
Ltaccroissementde
la
productivité des surfaces fourragèresest
la
stratégiedtintensification
qui
stimpose dans les exploitations de petites surfaces.Dans nos régions françaises, les chargemenis
à
lfhectarene
dépassent pas2,5
-
3
UGB/ha alors que des densités de4, 5
ou plus, sont fréquentes auxPays-Bas (1).
Le
chargementest en fait un
indicateur
économiquepermettant
decaractériser
la
stratégie dfaméliorationde la
productivitédu
travail. Elle
relèveen
fait
dtun processus complexe entrois
étapes :1-
la
miseen
oeuvre
ndtitinêraires techniquestr permettant dfobtenir uneproduction fourragère
à
lthectare optimaleen
appliquant des progrès techniquesimpliquant
généralementplus
de
capital
(engrais)
ou de travail
(pâturagerationné).
2- le
choix
dlun
système dtalimentationintensif
perrnettant dfobtenir unproduit
animalà
lfhectareoptimal
en valorisantà
la
fois
le potentiel
fourrageret
animal disponible:
équilibreet complémentation
de la ration
de base grâce àdes aliments de compléments, les concentrés.
Les
néerlandaisont
fait
ce
choix avant
les
françaismais
depuis25
ans nombreux sont ceux, parmi ces derniers, quiont
combléleur
retard.Ces
deux phases caractérisentun
processus dtintensification agronomiquedont
la
limite
correspond (RUFFIO, 1987-
1989)en
France, commeaux
Pays-Bas,
à
des chargements de lrordre de 2r5-
3
UGB/ha.Quand
ce
seuil
est
atteint alors
quril ne
permet pas
dtassurerle
pleinemploi
du travail familial
et
un
revenusuffisant,
une dernière alternative peutintervenir
:3-
une intensification
économiqueà
partir
dfachats dfaliments (fourragesgrossiers
ou
concentrés), autrementdit
de
capital. Cette
intensification
hors-salqta plus
comme
finalité la
valorisation
de la
production fourragère
delrexploitation mais |accroissement de
la
productivité du travail.Tandis que les deux premières étapes dépendent en
priorité
de la
maîtrisepar
lféleveur dtun
processus technique(avec
des
impératifs
de
compétencetechnique),
la
dernière dépend exclusivement drun raisonnement économiquôoù
lecott
marginal de I|UGB supplémentaire élevée en hors-solest
déterminant.Ctest
cette
dernièrevoie
que
les
néerlandaisont
massivement adoptée,depuis
la fin
des années60. Elle se traduit
bien
str
par un
accroissement ducoût
de
production (horstravail) du
lait
mais
il
est justifié par les
économiesréalisées sur
le
travail.Les
conceptions françaiseset
néerlandaises sropposentà
ce
niveau. Aux Pays-Bas,les
achatsstructurels
(à la
différence
des
achats
conjoncturels en France) de fourrages grossiers (ensilage de malspar
exempie) sont courants. Pourlréleveur néerlandais, Itopportunité
de cet
achaCntest
pa!
raisonnée, comme enFrance,
par
rapport
au coût du
même fourrageproduit
sur
lfexploitation
mais analysée.-comme un substitut possibleà
dtautres aliments achetés (concentrés parexemple)'en fonction de leurs
prix
relatifs.l-
en
1980' 68 o/o des exploitations laitières spécialiséesdu RICA aux Pays-Bas
avaient un chargement supérieur
à
2,7 UGB/ha,limite
que ne dêpassait aucuneexploitation bretonne du réseau RICA.
4l
o/o des exploitations néèrlantlaises avaient un chargement supérieurà 3
UGB/haet
9
o/o supérieurà 4
UGB/ha.I
Autrement
dit, le
niveau
dtintensification
inférieur
en
France
est égalementlié
au
fait
que
le
producteurfrançais
(et
son
encadrement) estprisonnier
des
valeurs
de
référence
de
ltagronome
autour
dfun concept
dfexploitation
ffautonomeet
économetr,pour
reprendre
les
termes
du célèbre
slogan
des
années80.
Le
directeur
généralde
I'I.N.R.A.
analysait
alors
la situation macroéconomique de lragriculture française.Ltéleveur hollandais se place dans une perspective
différente
:
une logique dtentreprisequant aux
moyensà
mobiliser,
pour
la
recherchedfun
optimum économique. Dès 1974, ltautonomie fourragère de lrexploitation nfest déjà plus unimpératif
aux Pays-Bas:
voir
par
exemplele
titre
de
lfétude de DE VEERet al
(1974).Cette
présentation des principesde
gestion françaiset
hollandaisest
sans doutesimplificatrice.
Elle
a
pourobjectif
de montrer que lranalyse des systèmesde production ne
doit
pas seulementêtre
interne maisdoit
passer également parcelle
du contexte économico-culturel.La
démarche françaisea
ses propresjustifications,
probablementde
troisordres
-
Ie
retard
de
Ia
modernisationde
l'agriculture
en
France,
a
rendunécessaire dans
un
premier
temps
une
démarche techniquede
résolution
des problèmesde
la
part
des agentsde
la
filière de
développement.La
rentabilitêéconomique des solutions hollandaises passe
en
effet
par
une maîtrise préalableet
totale
des techniques:
lfintensification
hors-solne peut se justifier
que
siItexploitation des ressources fourragères est optimale.
-
le
contexte socio-êconomique françaisest différent,
longtemps imprégnéde
l?idéologie agrariennedu XIXè
siècle.En
Hollande, Itanalysete
liexploitatlonest
la
traduction
micro-économiquede ce
ttconsensussociai
autour du
modèleproductivisterr auquel se
réfèrent
les auteurs(HelRy
et al,
lg77).- -
enfin, cette
confrontation reposela
question dela
rationalité
économique de ltexploitationet
des hypothèses detravail
des économistesrurau(
français.be
débat ancien (GROSSMAN, 1980
-
VIALLON, 1981) sembleavoir
été évité
dansles pays anglo-saxons ou au moins relégué au second
plan,
auprofit
dtune logiqueéconomico-commerciale que dtaucuns regrettent de ne pas rencontrer plus souvent
dans notre pays.
* *
CONCLUSION :
Lfintensification
de
la
productionlaitière
consisteâ
mettre
en
oeuvre lesstratégies permettant draméliorer
la
productivité
du'travail
familial
et
parconséquent son revenu.
En
Europe,les
systèmesde
productionles
plus
performants (Pays-Basu Grande-Bretagne)ont
une
productivité
du travail
en
moyennedeux
fois
plusélevée comparés aux situations françaises ou allemandes.
Par rapport aux
analyses courantes(en
termes de
retard
historique, deprix,
decotts...)
nous pensonsavoir
montré que ces différences sontdtes
aussi àdes
approches diversesde
lfexploitation agricole traduisant
Itexistence
dtunconsensus social sur son
rôle
et
son fonctionnement, variable dfun paysà
lfautre.Les cas néerlandais
et
français montrent queles
démarches de gestion delrexploitation, développées
par
ltappareil dfencadrement, stopposent:
en
France,crest une
approche agronomique dans son principe,qui
consisteà
valoriser
lesproductions fourragères
de
lrexploitation considérées commele
facteur
limitantdes productions animales.
Aux
Pays-Bas,la
valorisationdu
travail familial est lfobjectif
à
atteindre.La
combinaisondes facteurs
de
production
(cheptel,
aliments produiæ
surItexploitation
et achetés...) dépend
de
la
recherche dtun optimum économique. Laproduction hors-sol est, alors envisageable comme une
voie
complémentaireà
uneintensification des surfaces fourragères dont
la limite
est rapidement atteinte.Cette
oppositiondes
logiques françaiseset
néerlandaises dépasse sansdoute
ce
cadre bilatéral.
Faut-il
voir au nord de
I'Europe
un
modèle dfexploitation anglo-saxondifférent
?
Paradoxalement,celui-ci
consisteraità
nepas
reconnaitreà
lfexploitation agricole
de
spécificité
par rapport
aux
autres formes dtunités de production.)
)
10
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