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Mécanismes neuropsychologiques transdiagnostiques en présence de troubles psychiatriques dans un contexte de maltraitance

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Academic year: 2021

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(1)

Mécanismes neuropsychologiques transdiagnostiques

en présence de troubles psychiatriques dans un

contexte de maltraitance

Thèse

Alexandra R.-Mercier

Doctorat en psychologie - recherche et intervention (orientation clinique)

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

(2)

Mécanismes neuropsychologiques

transdiagnostiques en présence de troubles

psychiatriques dans un contexte de maltraitance

Thèse

Alexandra R.-Mercier

Sous la direction de :

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Résumé

Les personnes ayant vécu de la maltraitance à l’enfance et à l’adolescence sont susceptibles de présenter des troubles psychiatriques variés. Par ailleurs, la comorbidité entre divers troubles est souvent la règle plutôt que l’exception en contexte de maltraitance. En présence de troubles psychiatriques multiples et comorbides, l’approche transdiagnostique offre un cadre conceptuel intéressant permettant d’explorer les dimensions et les facteurs de risque communs aux troubles psychiatriques. Selon l’approche transdiagnostique, les dimensions et les facteurs de risque partagés entre les troubles psychiatriques peuvent être notamment de nature génétique, neurobiologique, psychologique et neuropsychologique. Actuellement, très peu d’études ont permis d’identifier les mécanismes neuropsychologiques affectés par la maltraitance chez les personnes souffrant de plusieurs troubles psychiatriques. Ainsi, l’objectif général de cette thèse est d’explorer les mécanismes neuropsychologiques associés à la présence de maltraitance chez les personnes atteintes de troubles psychiatriques variés. La première étude de cette thèse, une méta-analyse, a mis en lumière des mécanismes neuropsychologiques transdiagnostiques chez les personnes atteintes de divers troubles psychiatriques. Plus précisément, la maltraitance exerce un impact significatif sur la mémoire de travail, la mémoire épisodique verbale, l’intelligence et la vitesse de traitement de l’information. La deuxième étude, une étude empirique, a exploré le rôle des atteintes neuropsychologiques dans la présence de symptômes psychiatriques chez les adolescents qui ont vécu de la maltraitance et atteints de troubles psychiatriques variés et comorbides. Cette étude a révélé que la récupération en mémoire épisodique visuelle et la planification constituent des prédicteurs de la variance des symptômes extériorisés chez les adolescents. Ainsi, une altération de ces mécanismes exécutifs serait susceptible d’influencer la variance des symptômes extériorisés chez les adolescents souffrant de divers troubles psychiatriques. Les travaux de cette présente thèse s’inscrivent dans une première tentative d’exploration des dimensions neuropsychologiques communes entre des troubles psychiatriques dans une perspective transdiagnostique. En effet, des mécanismes neuropsychologiques affectés par la maltraitance et communs chez des personnes atteintes de divers troubles psychiatriques ont été identifiés. De plus, certains mécanismes neuropsychologiques représentent des prédicteurs des symptômes extériorisés chez les adolescents. En somme, cette thèse permet d’approfondir la relation complexe

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entre la maltraitance, les mécanismes neuropsychologiques et la présence de symptômes psychiatriques selon le cadre conceptuel de l’approche transdiagnostique.

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Abstract

People with a history of childhood maltreatment are more likely to present with several psychiatric disorders. Comorbidity between disorders tends to be the rule rather than the exception in individuals who have experienced childhood maltreatment. Given the presence of multiple comorbid psychiatric disorders in this population, the transdiagnostic approach offers a conceptual frame with which to explore common dimensions and risk factors of psychiatric disorders. According to the transdiagnostic approach, dimensions and risk factors shared between psychiatric disorders could be genetic, neurobiological, psychological and neuropsychological. However, few studies have identified neuropsychological mechanisms associated with maltreatment among people with several psychiatric disorders. The general objective of the current thesis is to explore the transdiagnostic neuropsychological mechanisms associated with childhood maltreatment among people with psychiatric disorders. The first study, a meta-analysis, highlighted transdiagnostic neuropsychological mechanisms among people with several psychiatric disorders. Specifically, childhood maltreatment had a significant impact on working memory, verbal episodic memory, intelligence and processing speed. The second study, an empirical study, explored the role of neuropsychological impairments in the presence of psychiatric symptoms among teenagers with a history of childhood maltreatment and multiple psychiatric disorders. This study showed that retrieval in visual episodic memory and planning are predictors of externalizing symptoms among teenagers. Altered executive mechanisms could explain the variance of externalizing symptoms among teenagers with several psychiatric disorders. The work within this current thesis represents the first attempt to explore the common neuropsychological dimensions between psychiatric disorders in a transdiagnostic approach. Indeed, this thesis identifies neuropsychological mechanisms associated with childhood maltreatment that are common among people with several psychiatric disorders. Moreover, some of these neuropsychological mechanisms are predictors of the variance of externalizing symptoms among teenagers. In short, this thesis improves the current understanding of the complex relation between childhood maltreatment, neuropsychological mechanisms and the presence of psychiatric symptoms, according to the conceptual framework of the transdiagnostic approach.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... v

Table des matières ... vi

Liste des tableaux ... ix

Liste des figures ... x

Liste des abréviations ... xi

Remerciements ... xiii

Avant-propos ... xv

Chapitre 1 : Introduction générale ... 1

Problématique ... 1

Maltraitance : un facteur environnemental ... 2

Maltraitance : un facteur de risque psychiatrique ... 4

L’approche transdiagnostique : une vision dimensionnelle ... 6

Dimensions psychologiques et neuropsychologiques transdiagnostiques. ... 8

Maltraitance et dimensions neuropsychologiques transdiagnostiques. ... 11

Relation entre la maltraitance et la présence de troubles psychiatriques selon l’approche transdiagnostique ... 14

Maltraitance et facteurs neurobiologiques. ... 18

Maltraitance et facteurs neuropsychologiques. ... 23

Principaux constats ... 30

Objectifs de la thèse ... 31

Chapitre 2: Common transdiagnostic cognitive deficits among people with psychiatric disorders exposed to childhood maltreatment: A meta-analysis ... 35

Résumé ... 36

Abstract ... 37

Introduction ... 38

Maltreatment: a cognitive risk factor ... 38

Co-occurring of maltreatment and psychiatric disorders: a cognitive risk factor ... 38

Common transdiagnostic cognitive deficits ... 39

The current study ... 40

Methods ... 40

Literature search ... 40

Inclusion/exclusion criteria ... 41

(7)

Statistical analysis ... 42

Effect size calculation ... 43

Results ... 43

Search ... 43

Demographics... 43

Main meta-analysis ... 44

Publication bias ... 44

Results by cognitive domain ... 44

Results by age... 45

Assessment of maltreatment and age of onset ... 45

Discussion ... 46

Impact of maltreatment on neuropsychological functioning in people with psychiatric disorders ... 46

Moderating impact of age. ... 47

Clinical implications ... 48

Limitations ... 49

Conclusion ... 50

References ... 52

Chapitre 3: Exploration of transdiagnostic cognitive mechanisms in externalizing and internalizing symptoms among teenagers with a history of childhood maltreatment ... 80

Résumé ... 81

Abstract ... 82

Introduction ... 83

Childhood maltreatment: a psychiatric risk factor ... 83

Implication of cognitive mechanisms in psychiatric disorders ... 84

The current study ... 85

Methods ... 85 Participants ... 85 Cognitive assessment ... 86 Intelligence. ... 87 Processing speed. ... 87 Attention. ... 87 Working memory. ... 87 Episodic memory. ... 88 Visuo-spatial functions. ... 88 .Executive functions. ... 88 Psychological assessment ... 89

(8)

Psychiatric symptoms. ... 89 Childhood maltreatment. ... 89 Procedure. ... 89 Statistical analyses... 90 Results ... 91 Demographic characteristics. ... 91

History of CM and age of onset. ... 92

Cognitive profile. ... 92

Multiple regressions. ... 93

Discussion ... 94

Transdiagnostic cognitive mechanisms ... 94

Executive functions as a transdiagnostic predictor of externalizing symptoms... 96

Limitations and future directions. ... 98

Conclusion ... 99

References ... 101

Chapitre 4 : Discussion générale ... 110

Contributions empiriques ... 111

Atteintes neuropsychologiques transdiagnostiques : méta-analyse. ... 112

Prédicteurs neuropsychologiques transdiagnostiques des symptômes psychiatriques : étude empirique ... 115

Contributions théoriques ... 120

Dimensions neuropsychologiques transdiagnostiques. ... 121

Mécanismes neuropsychologiques transdiagnostiques déterminant la présence de symptômes psychiatriques chez les adolescents. ... 124

Contributions cliniques ... 131

La remédiation cognitive chez les adolescents atteints de troubles psychiatriques : vers une perspective transdiagnostique. ... 132

La remédiation cognitive dans une perspective développementale. ... 135

Limites et perspectives futures... 135

Limites inhérentes à l’étude d’une population avec une histoire de maltraitance. ... 136

Limites sur le plan statistique de cette thèse. ... 138

Limites sur le plan méthodologique de cette thèse. ... 141

Limites sur le plan théorique de cette thèse. ... 144

Conclusion générale ... 147

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Liste des tableaux Chapitre 2

Table 1. Demographic characteristics (k=17)………..….57 Table 2. Meta-analytic results based on cognitive domains ……..………..…58 Table 3. Comparison of effect size based on cognitive domains between the current meta-analysis and Masson’s meta-analyses ……….….59 Table 1 of Supplement. Neuropsychological tests classified by cognitive domains ……...64 Table 2 of Supplement. Characteristics of the 17 studies included in this meta-analysis…69 Table 3 of Supplement. Assessment of maltreatment and age of onset ……….75 Chapitre 3

Table 1. Demographic data per group……….104 Table 2. Means and standard deviations in T score for cognitive variables for each sample and Mann–Whitney U tests’ results………106 Table 3. Means and standard deviations in T score for cognitive variables for each sample and ANCOVAs tests’ results………..…108 Table 1 of Supplement. Cognitive variable used in the statistical analyses…………..….109 Chapitre 4

Tableau 1. Comparaison des tailles d’effet par domaines cognitifs entre cette présente méta-analyse et celles réalisées par Masson et ses collaborateurs (2015;2016)………..122

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Liste des figures Chapitre 1

Figure 1. Modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)……….……..….16

Figure 2. Premier niveau de la traduction du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) selon les facteurs neurobiologiques………... 18

Figure 3. Deuxième niveau de la traduction du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) selon les facteurs neurobiologiques……….. 20

Figure 4. Premier niveau de la traduction du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) selon les facteurs neuropsychologiques………24

Figure 5. Deuxième niveau de la traduction du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) selon les facteurs neuropsychologiques……….26

Figure 6. Objectifs de cette présente thèse selon le modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)………..34

Chapitre 2 Figure 1. Flowdiagram for selection of articles………60

Figure 2. Forest plot of included studies………...61

Figure 3. Funnel plot of standard error by Hedges’g………62

Figure 4. Meta-regression of age………..63

Chapitre 3 Figure 1. Results of the current study according to a transdiagnostic model………...96

Chapitre 4 Figure 1. Résultats de cette méta-analyse selon le modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)………....124

Figure 2. Résultats de cette étude empirique selon le modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)………132

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Liste des abréviations

AD Adjustment Disorder

ADHD/ADD Attention Deficit Disorder with or without Hyperactivity ANCOVA ANalyses of COVAriance

BRIEF Behavior Rating Inventory of Executive Function

C Children’s version

CANTAB CAmbridge Neuropsychological Testing Automated Battery CBCL Child Behavior CheckList

CBT Corsi Block Test

CD Conduct Disorder

CISSS Centre Intégré de Santé et des Services Sociaux

CIUSSS Centre Intégré Universitaire de Santé et des Services Sociaux

CM Childhood Maltreatment

CPT Conners' continuous Performance Test CTQ Childhood Trauma Questionnaire

CS Contrôle Sain

CVLT California Verbal Learning Test

d’ Detectability

D-KEFS Delis-Kaplan Executive Function System DSM Diagnostic and Statistical Manual

FAS Verbal fluency test

FSIQ Full Scale Intelligence Quotient

HC Healthy Control

HPS Hypothalamo-Pituito-Surrénalien IED Intra-Extra Dimensional set shifting IQ Intelligence Quotient

ISI Inter-Stimulus Interval

K-BIT Kaufman Brief Intelligence Test

LD Language Disorders

M Maltreatment

MANOVA Multivariate ANalysis Of VAriance

MD Motor Disorder

MESH MEdical Subject Heading

NAB Neuropsychological Assessment Battery ODD Oppositional Defiant Disorder

PAL Paired Associates Learning PD Psychiatric Disorders

PIQ Performance Intelligence Quotient, PPVT Peabody Picture Vocabulary Test

PRISMA Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses PRM Pattern Recognition Memory

PTSD Post-Traumatic Stress Disorder

RCFT Rey Complexe Figure Test and recognition trial RDoC Research Domain Criteria project

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RT Reaction Time

RTI Reaction Time Task

RVP Rapid Visual information Processing

SD Standard Deviation

SDMT Symbol Digit Modalities

SE Standard Error

SOC Stockings Of Cambridge SRM Spatial Recognition Memory SWM Spatial Working Memory

TDA/H Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité TMT Trail Making Test

TP Troubles Psychiatriques

TSA Trouble du Spectre de l’Autisme VIQ Verbal Intelligence Quotient WAIS Wechsler Adult Intelligence Scale

WASI Wechsler Abbreviated Scales of Intelligence; WCST Wisconsin Card Sorting Test

WISC Wechsler Intelligence Scale for Children WMS Wechsler Memory Scale

(13)

Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier ma directrice de thèse, Caroline Cellard, pour tout son support au cours de ces cinq dernières années. Merci pour ton encadrement exceptionnel. Par ta grande disponibilité, ta rigueur, ton ouverture et ton authenticité, tu as grandement contribué à mon épanouissement personnel et professionnel. Grâce à ta confiance, mon parcours doctoral a été parsemé de riches expériences où tu m’as offert plusieurs opportunités afin de parfaire mes compétences en clinique et en recherche. Tu as su me transmettre cette passion qui t’habite et qui me suivra pour la suite de mon cheminement professionnel. J’ai été choyée d’être l’une de tes premières étudiantes au doctorat et d’avoir la chance d’évoluer sous ta supervision.

Je remercie également les membres de mon comité de thèse, Nancie Rouleau et Sylvie Drapeau, qui grâce à leur expertise et leurs commentaires constructifs, ont permis d’enrichir les travaux de cette thèse. Merci pour votre ouverture et votre disponibilité lors de mes séminaires. J’ai apprécié ma collaboration avec vous.

Un grand merci à mes amis et collègues du laboratoire NCET. Merci pour votre temps, qui est somme toute très précieux au doctorat, merci pour vos conseils, vos encouragements et votre soutien. Je remercie tout spécialement mon amie Caroline East-Richard qui a été ma confidente tout au long du doctorat. Merci pour tous ces moments de rire, de discussion, de complicité, d’entraide et même de découragement que l’on a traversé durant notre parcours.

Un merci particulier à mes amis et ma famille pour qui le doctorat semble avoir duré une éternité. Vous pourrez enfin dire que je commence ma vie de « grande personne ». Merci pour votre soutien, votre écoute et vos encouragements au cours de ces dernières années. Je vous remercie de m’avoir accompagnée dans ce grand projet. Grâce à vous, j’ai eu la chance d’établir un équilibre entre le travail, l’école et ma vie sociale. Je remercie particulièrement mes parents, Jacinthe et Pierre, pour leur support exceptionnel, les valeurs et principes qu’ils m’ont inculqués et pour avoir été d’aussi bons parents. Merci d’avoir fait de moi la personne que je suis aujourd’hui.

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Finalement, je tiens à remercier mon conjoint pour sa compréhension pour toutes ces soirées où j’ai travaillé sur ma thèse ou sur d’autres projets de recherche. Ta patience, ton support et ton écoute m’ont accompagnée durant ces dernières années. Merci pour ton sens de l’humour et ta capacité à dédramatiser mon angoisse, mes craintes et mes incertitudes. Surtout, merci d’avoir participé à ce bel accomplissement qui n’aurait pas été le même sans toi.

(15)

Avant-propos

Ce présent document est une thèse par articles incluant quatre chapitres : une introduction générale (chapitre 1), une méta-analyse (chapitre 2), une étude empirique (chapitre 3) et une discussion générale (chapitre 4). L’introduction et la discussion générales sont rédigées en français alors que les articles sont rédigés en anglais.

La méta-analyse, présentée au chapitre 2 de cette thèse, a été acceptée à la revue

Cognitive Neuropsychiatry le 29 mars 2018 et publiée le 18 avril 2018. Seule la mise en

forme du manuscrit a été modifiée dans le présent document. Les auteurs dans l’ordre sont : Alexandra R.-Mercier (École de psychologie de l’Université Laval et Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles), Marjolaine Masson (École de psychologie de l’Université Laval), Eve-Line Bussières (Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières) et Caroline Cellard (École de psychologie de l’Université Laval et Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles). En tant que première auteure, j’ai effectué la mise à jour de la revue de littérature, la collecte de données, les analyses et la rédaction du manuscrit. Ce manuscrit découle de deux autres méta-analyses réalisées par Marjolaine Masson. Elle avait identifié des articles, inclus dans le manuscrit, lors de sa revue de littérature. Eve-Line Bussières a contribué aux aspects statistiques du manuscrit. Finalement, Caroline Cellard a supervisé la réalisation et la rédaction de ce manuscrit. Tous les auteurs ont fourni des rétroactions constructives afin d’enrichir cette étude.

L’étude empirique, présentée au chapitre 3, a été soumise à la revue Archives of

clinical neuropsychology le 17 janvier 2019. La mise en forme a été modifiée pour l’inclure

dans cette thèse. L’ordre des auteurs est le suivant : Alexandra R.-Mercier (École de psychologie de l’Université Laval et Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles), Caroline East-Richard (École de psychologie de l’Université Laval et Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles), Karianne Guay (École de psychologie de l’Université Laval et Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles), Danielle Nadeau (Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles) et Caroline Cellard (École de psychologie de l’Université Laval et Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles). Étant première auteure, mon rôle a été de

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participer à la collecte des données, d’analyser les données obtenues selon mon objectif de recherche et de rédiger le manuscrit. Caroline East-Richard et Karianne Guay ont contribué à la collecte des données alors que Danielle Nadeau a contribué à l’implantation du projet. Caroline Cellard a supervisé la planification et la réalisation de cette étude. Elle a aussi contribué à la supervision scientifique de l’ensemble de ce manuscrit.

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Chapitre 1 : Introduction générale Problématique

L’adversité vécue à l’enfance caractérise toutes situations potentiellement traumatiques allant de la maltraitance et de la négligence à des évènements considérés comme cliniquement non traumatiques tels que de l’intimidation, un problème de santé mentale chez un parent ou encore un divorce des parents (Comijs et al., 2007). La maltraitance représente une forme extrême d’adversité et regroupe toutes situations d’abus physique, émotionnel, sexuel ou de négligence (Middlebrooks & Audage, 2008). L’exposition à la maltraitance serait un facteur environnemental associé au développement de multiples troubles psychiatriques et souvent présents en comorbidité (Greger, Myhre, Lydersen, & Jozefiak, 2015; McLaughlin et al., 2012; Mills et al., 2013). Puisque l’exposition à la maltraitance amènerait un stress important et qualifié de toxique (Glaser, 2014), elle exercerait un effet néfaste sur plusieurs autres sphères du fonctionnement. En effet, elle pourrait contribuer à l’altération du fonctionnement neurobiologique (Teicher, Samson, Anderson, & Ohashi, 2016) et neuropsychologique (Masson, Bussières, East-Richard, R-Mercier, & Cellard, 2015). Il est possible que les personnes présentant des troubles psychiatriques multiples et comorbides partagent des atteintes neuropsychologiques en contexte de maltraitance. Aucune étude n’a encore réalisé un examen détaillé des mécanismes neuropsychologiques affectés par la maltraitance et communs chez des personnes atteintes de troubles psychiatriques variés. Par ailleurs, l’implication des atteintes neuropsychologiques dans la présence de symptômes psychiatriques chez les adolescents qui ont vécu de la maltraitance n’a pas encore été explorée. L’étude de la relation entre la maltraitance et le développement de troubles psychiatriques chez les adolescents s’avère complexe puisqu’elle peut être influencée par de nombreux facteurs neurobiologiques (Teicher, Samson, Anderson, & Ohashi, 2016), neuropsychologiques (Huang-Pollock, Shapiro, Galloway-Long, & Weigard, 2016) et psychologiques (Romano, Babchishin, Marquis, & Fréchette, 2015). Il est donc important d’examiner le rôle déterminant des mécanismes neuropsychologiques dans la présence de symptômes psychiatriques afin d’offrir une nouvelle conceptualisation et compréhension de la psychopathologie chez les adolescents ayant vécu de la maltraitance.

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Maltraitance : un facteur environnemental

L’exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence serait un facteur environnemental non négligeable et susceptible de contribuer à l’altération de plusieurs sphères du fonctionnement des enfants et des adolescents (Greger et al., 2015; Romano et al., 2015; Teicher et al., 2016). La maltraitance à l’endroit des enfants et des adolescents inclut toute forme de négligence ou d’abus pouvant avoir des conséquences sur leur sécurité, leur développement ou leur intégrité physique ou psychologique. Elle peut désigner autant l’absence de réponse à leurs besoins que d’actes dirigés contre eux. Au Québec, les situations de maltraitance visées par l’article 38 de la Loi sur la protection de la jeunesse (P-34.1) englobent l’abandon, la négligence, les mauvais traitements psychologiques, les abus sexuels et les abus physiques. Selon le 14e Bilan annuel des directrices et des directeurs de la protection de la jeunesse du Québec de 2016-2017, le nombre de signalements traités s’élèverait à 14402. De ce nombre, 39.5% des signalements auraient été retenus. Toujours selon le 14e Bilan annuel des directrices et des directeurs de la protection de la jeunesse du Québec de 2016-2017, il est estimé que 0.1% des signalements retenus concernait une situation d’abandon, 14.6% une situation de négligence, 19.6% une situation de mauvais traitements psychologiques, 6.8% pour abus sexuels et finalement 23.8% pour abus physiques. Du nombre de signalements retenus, 33.4% étaient auprès d’enfants âgés entre 0 et 5 ans, 42.8% auprès des enfants âgés entre 6 et 12 ans, 16.9% auprès des adolescents âgés entre 13 et 15 ans et finalement 6.9% chez les adolescents âgés de 16 et 17 ans.

Les enfants et les adolescents ayant été exposés à une situation de maltraitance sont susceptibles de graviter dans un environnement familial et social complexe. Il s’avère donc important d’examiner la maltraitance selon une perspective multifactorielle. En effet, plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque d’exposition à une situation de maltraitance. Une recension des écrits réalisée par Stith et ses collaborateurs (2009) et incluant 155 études a montré que l’abus physique était associé à des conflits familiaux, un manque de cohésion familiale, de la colère chez les parents ainsi qu’à une vision négative de leur enfant. La négligence était plutôt associée à de faibles compétences sociales chez l’enfant, à des difficultés relationnelles entre les parents et l’enfant, à un haut niveau de stress et de colère

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chez les parents, à une faible estime des parents ainsi qu’à l’entretien d’une vision négative de leur enfant (Stith et al., 2009). Par ailleurs, la présence de problèmes de comportements extériorisés et intériorisés chez les enfants et les adolescents était associée au risque d’abus physique et de négligence (Stith et al., 2009). En effet, des troubles de comportement chez un enfant pourraient également représenter un risque d’exposition à une situation de maltraitance (Slack et al., 2011). Une étude longitudinale indique que le statut socio-économique représente un facteur de risque important à l’exposition à la maltraitance (Slack et al., 2011). Ainsi, une situation économique précaire serait associée à un plus haut risque chez l’enfant et l’adolescent de vivre une situation de maltraitance. Dans cette étude, la précarité économique fait référence à l’utilisation d’allocations familiales, à une difficulté à payer le loyer et autres biens, au besoin de support social et à l’utilisation de services des organismes communautaires. D’autres facteurs tels une dépression, la présence d’anxiété, un problème d’abus de substance ou une mauvaise santé physique chez un parent augmenteraient le risque de maltraitance (Slack et al., 2011).

En somme, plusieurs mauvaises conditions familiales et sociales peuvent coexister chez un enfant et un adolescent ayant été exposés à une histoire de maltraitance. La maltraitance est souvent associée à des difficultés sociales et psychologiques chez les jeunes. En effet, une revue systématique regroupant 16 études a montré une association entre l’exposition à la maltraitance et certaines variables académiques telles qu’une faible scolarisation, des reprises d’années scolaires, un retard sur le plan cognitif et langagier, des accomplissements en dessous des capacités intellectuelles et un nombre plus élevé d’interventions éducatives spécialisées (Romano et al., 2015). Cette même étude a révélé que les enfants et les adolescents ayant été exposés à des situations de maltraitance seraient susceptibles de présenter des difficultés émotionnelles (Romano et al., 2015). La maltraitance serait associée à des difficultés quant aux relations interpersonnelles expliquées, entre autres, par une faible capacité de régulation émotionnelle chez les enfants et les adolescents (Alink, Cicchetti, Kim, & Rogosch, 2012; Kim & Cicchetti, 2010). De plus, les enfants et les adolescents seraient susceptibles de présenter une plus grande irritabilité et une plus grande labilité émotionnelle (Cicchetti & Curtis, 2005; Cook et al., 2017). De plus, ils éprouveraient plus de difficultés à comprendre et contrôler leurs émotions, ils adopteraient des

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comportements impulsifs et utiliseraient des stratégies de régulation émotionnelle inadéquates (Schierholz, Krüger, Barenbrügge, & Ehring, 2016). Des problèmes d’attachement ont également été associés à l’exposition à la maltraitance chez les enfants et les adolescents (Cicchetti & Curtis, 2005; Cook et al., 2017). L’exposition à un contexte de maltraitance durant l’enfance pourrait amener les enfants et les adolescents à adopter des stratégies d’adaptation inefficaces. Par exemple, ils pourraient présenter de l’hypervigilance ou de l’évitement envers des situations potentiellement dangereuses (Shechner et al., 2012; Wald et al., 2013). Les adolescents ayant une histoire de maltraitance seraient plus à risque de présenter des problèmes de comportement tels que de l’abus de substance, des idéations suicidaires, des problèmes alimentaires et des comportements antisociaux (Arslan & Balkıs, 2014).

La maltraitance pourrait donc émerger d’une interaction complexe entre plusieurs facteurs de risque familiaux et sociaux. De plus, elle pourrait contribuer à des difficultés sociales et psychologiques chez les enfants et les adolescents. Par ailleurs, de nombreuses études ont montré un lien entre l’exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence et le développement de troubles psychiatriques (Jozefiak et al., 2016; Greger et al., 2015). Maltraitance : un facteur de risque psychiatrique

Les enfants et les adolescents ayant vécu une histoire de maltraitance présenteraient un plus haut risque de développer des troubles psychiatriques. En effet, l’étude longitudinale réalisée par Jozefiak et ses collaborateurs (2016) auprès d’un échantillon de 541 adolescents a montré que l’exposition à la maltraitance augmentait le risque de développer un trouble dépressif, un trouble anxieux, un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), le syndrome d’Asperger, un trouble des conduites et un trouble d’attachement. De plus, 60% des adolescents présentant un trouble affectif avaient également un trouble anxieux (Jozefiak et al., 2016). Parmi les adolescents atteints d’un trouble des conduites ou d’un trouble d’opposition avec provocation, 52% présentaient un trouble affectif et 48% un trouble anxieux (Jozefiak et al., 2016). Une autre étude longitudinale a révélé que les adolescents ayant vécu de la maltraitance seraient plus à risque de présenter un trouble des conduites, un trouble de l’humeur ou un trouble anxieux (p.ex. agoraphobie, anxiété généralisée, phobie

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sociale) que les adolescents n’ayant pas vécu de maltraitance (Greger et al., 2015). De plus, le profil clinique des adolescents avec une histoire de maltraitance était marqué par de la comorbidité entre des troubles psychiatriques provenant de différentes catégories diagnostiques (Greger et al., 2015). Par exemple, les adolescents ayant vécu de la maltraitance présentaient un trouble dépressif en comorbidité avec un trouble d’anxiété généralisée ou un trouble des conduites (Greger et al., 2015). Greger et ses collaborateurs (2015) ont également observé une comorbidité entre le trouble d’anxiété généralisée et le trouble des conduites ainsi qu’entre le syndrome d’Asperger et le trouble d’anxiété généralisée et le trouble dépressif.

Par ailleurs, selon une récente recension des écrits scientifiques, les enfants et les adolescents exposés à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence présenteraient un risque plus élevé de développer des problèmes extériorisés et intériorisés (Jaffee, 2017). Les problèmes extériorisés fréquemment observés seraient un TDA/H, un trouble des conduites, un trouble d’opposition avec provocation, des comportements de délinquance et des comportements antisociaux. De plus, ils étaient susceptibles de présenter un trouble d’abus de substance (Jaffee, 2017). Des difficultés intériorisées seraient également observées chez les enfants et les adolescents ayant été exposés à la maltraitance. Par exemple, ils seraient plus à risque de présenter un trouble dépressif majeur, un trouble anxieux, un état de stress post-traumatique et des symptômes post-traumatiques (Jaffee, 2017). Les problèmes extériorisés et intériorisés rencontrés chez les enfants et les adolescents seraient susceptibles de perdurer à l’âge adulte. En effet, les adultes exposés à un contexte de maltraitance durant l’enfance et l’adolescence seraient à risque de présenter un trouble de personnalité antisociale, un trouble d’abus de substance, un trouble dépressif majeur et un trouble anxieux. Selon Li et ses collaborateurs (2016), 59% des troubles dépressifs et anxieux dans la population psychiatrique seraient expliqués par une exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence.

Une étude transversale a investigué l’influence de l’exposition à des conditions adverses durant l’enfance sur la présence d’un trouble psychiatrique auprès d’un échantillon de 5692 participants (Green et al., 2010). Cette étude a révélé que l’exposition à des situations de vie adverses telles que la maltraitance pourrait expliquer approximativement 32% de tous les troubles psychiatriques (Green et al., 2010). Plus précisément, 26% des troubles affectifs,

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32% des troubles anxieux, 41% des troubles de comportement et 21% des troubles liés à une substance seraient expliqués par un contexte de maltraitance à l’enfance (Green et al., 2010). Dans cette étude, l’exposition à la maltraitance durant l’enfance expliquait 45% des troubles psychiatriques chez les enfants et 32% de ceux chez les adolescents (Green et al., 2010). L’exposition à la maltraitance pourrait également prédisposer au développement de troubles psychotiques. En effet, une prévalence élevée de maltraitance (entre 28% et 73%) chez les personnes présentant un trouble psychotique a été observée (Bendall, Jackson, Hulbert, & McGorry, 2008).

Il est possible de constater que l’exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence pourrait représenter un facteur de risque environnemental pour le développement de divers troubles psychiatriques. En effet, selon plusieurs études, la maltraitance pourrait être un facteur de risque transdiagnostique puisqu’elle n’est pas spécifique au développement d’un seul trouble (Greger et al., 2015; Jaffee, 2017; Keyes et al., 2012). De plus, il serait fréquent d’observer de la comorbidité psychiatrique chez les personnes avec une histoire de maltraitance (Greger et al., 2015). Par conséquent, le cadre conceptuel de l’approche transdiagnostique s’avère intéressant pour explorer les dimensions communes aux troubles chez les personnes ayant vécu de la maltraitance durant l’enfance ou l’adolescence, mais également pour étudier la relation complexe entre ce facteur environnemental et la présence de psychopathologie.

L’approche transdiagnostique : une vision dimensionnelle

L’approche transdiagnostique propose une nouvelle conceptualisation des troubles psychiatriques qui se distingue de celle priorisée par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Ce manuel repose actuellement sur une approche catégorielle qui présente de nombreux avantages. En effet, cette approche vise à offrir un cadre clair et rigoureux ainsi qu’un vocabulaire commun qui facilitent la communication entre les cliniciens (APA, 2013). Elle constitue un guide susceptible de favoriser la prise en charge médicamenteuse ou thérapeutique des individus. Par ailleurs, le cadre catégoriel fournit des critères diagnostiques précis, univoques et descriptifs qui sont validés empiriquement (APA, 2013). En revanche, l’approche catégorielle présente des limites conceptuelles et méthodologiques. Premièrement,

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les troubles psychiatriques sont regroupés de façon catégorielle et polythétique. Un diagnostic est posé lorsqu’un individu présente une combinaison et un nombre de symptômes définis. Dans le même ordre d’idées, un diagnostic est absent lorsqu’il ne présente pas la combinaison ou le nombre de symptômes attendus (Billieux, 2012). Le terme polythétique renvoie au fait qu’un individu peut recevoir un diagnostic précis sans posséder tous les symptômes d’une catégorie diagnostique. Deuxièmement, selon des écrits scientifiques (Kendler, Zachar, & Craver, 2011; Krueger & Eaton, 2015; Watkins, 2015), une approche catégorielle serait confrontée à un problème majeur: la comorbidité ou la présence concomitante de plusieurs troubles psychiatriques chez un individu. De nombreuses études ont montré que la comorbidité est souvent la règle plutôt que l’exception, et ce, surtout en contexte de maltraitance (Greger et al., 2015; Keyes et al., 2012). Il apparaît que de nombreux diagnostics considérés comme distincts sont sous-tendus par des dimensions communes. Une revue systématique réalisée par Haslam et ses collaborateurs (2012) portant sur 117 études appuierait cette conceptualisation des troubles psychiatriques. Cette étude a révélé que plusieurs troubles reposeraient sur des variables latentes dimensionnelles plutôt que catégorielles. Par exemple, les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, les troubles extériorisés et les troubles de la personnalité seraient de nature dimensionnelle avec des degrés de sévérité qui varieraient selon un continuum (Haslam et al., 2012). Troisièmement, une autre limite de l’approche catégorielle repose sur la multitude de troubles psychiatriques qui peuvent être attribués à un individu. En effet, un individu qui présentera des symptômes s’apparentant à différentes catégories diagnostiques, pourra recevoir plusieurs étiquettes diagnostiques (Van der Linden & Grazia Ceschi, 2008). Le profil psychiatrique est alors perçu selon l’hétérogénéité des troubles plutôt que sur la base de dimensions communes (Van der Linden, 2016). Quatrièmement, l’utilisation d’un système catégoriel ne considèrerait pas la variabilité au sein d’une même catégorie diagnostique (Krueger & Eaton, 2015). Des individus atteints du même trouble psychiatrique ne présenteront pas nécessairement les mêmes symptômes et la même intensité symptomatique. Une approche catégorielle ne permet pas de capter cette hétérogénéité intracatégorie. Finalement, la question du seuil clinique pose également un problème dans un système catégoriel. Un diagnostic ne peut être émis si une liste de critères n’est pas respectée, et ce, malgré la présence d’une souffrance psychologique (Billieux, 2012).

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L’approche transdiagnostique tente d’offrir un nouveau cadre nosologique et conceptuel se distinguant du système catégoriel traditionnel. Elle se différencie principalement d’un système de classification catégoriel en mettant à l’avant un système dimensionnel, basé sur des dimensions communes, plutôt que sur des différences selon des critères bien définis (Van der Linden & Grazia Ceschi, 2008). Elle aspire à s’affranchir du système de classification traditionnel en privilégiant l’exploration des symptômes plutôt que des syndromes (Van der Linden & Grazia Ceschi, 2008). L’approche transdiagnostique vise donc à identifier les dimensions communes aux troubles psychiatriques variant sur un continuum de sévérité (Watkins, 2015).

Dimensions psychologiques et neuropsychologiques transdiagnostiques.

Actuellement, les études s’inscrivant dans le courant de l’approche transdiagnostique se sont majoritairement concentrées sur l’identification de dimensions psychologiques communes parmi les troubles psychiatriques. Par exemple, une revue de la littérature réalisée par Ehring et Watkinks (2008) a montré que les ruminations représenteraient un processus psychologique présent dans 13 troubles psychiatriques (p.ex. dépression, phobie sociale, troubles alimentaires, troubles psychotiques, troubles bipolaires, etc.). Une difficulté de régulation émotionnelle ainsi que l’insomnie seraient également des processus transdiagnostiques qui varieraient en intensité parmi un ensemble de troubles psychiatriques (Fairholme et al., 2013; Lukas, Ebert, Fuentes, Caspar, & Berking, 2017). D’autres études tentent de créer une nouvelle nosologie des troubles psychiatriques selon une structure transdiagnostique (Kotov et al., 2017; Krueger & Eaton, 2015). Cette structure reposerait sur un modèle dimensionnel axé sur la présence de symptômes extériorisés et intériorisés. Les symptômes extériorisés représenteraient une dimension commune au trouble d’abus de substance, aux comportements antisociaux, aux troubles liés à l’impulsivité, au trouble des conduites, au trouble d’opposition avec provocation et au TDA/H (Kotov et al., 2017; Krueger & Eaton, 2015). Les symptômes intériorisés seraient une dimension partagée entre le trouble dépressif majeur, le trouble d’anxiété généralisée, le trouble dysthymique, le trouble panique, les phobies spécifiques et la phobie sociale, le trouble du stress post-traumatique, les troubles alimentaires et le trouble obsessionnel-compulsif (Kotov et al., 2017; Krueger & Eaton, 2015). Ainsi, les troubles psychiatriques ne seraient plus considérés comme des catégories bien

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définies, mais plutôt comme la présence de symptômes et de dimensions communes variant sur un continuum de sévérité (Krueger & Eaton, 2015).

Puisque la conceptualisation des troubles psychiatriques selon une vision transdiagnostique est récente, cette approche laisse place à plusieurs autres perspectives de recherche novatrices afin de soutenir et renforcer un système dimensionnel de classification des troubles. Bien que la majorité des études portent actuellement sur des processus psychologiques transdiagnostiques, il n’en demeure pas moins que cette approche s’avère pertinente selon une perspective neuropsychologique. En effet, il serait possible, par un examen détaillé de méta-analyses, d’identifier des atteintes neuropsychologiques partagées parmi divers troubles psychiatriques et variant sur un continuum de sévérité.

Par exemple, une méta-analyse regroupant 17 études a montré que les enfants et les adolescents souffrant de trouble dépressif présentaient, avec une forte taille d’effet1, des atteintes quant à l’inhibition et à la fluence verbale lorsque comparés à un groupe d’enfants et d’adolescents sains (Wagner, Müller, Helmreich, Huss, & Tadić, 2015). L’attention soutenue, la mémoire épisodique verbale et la planification étaient également affectées avec une taille d’effet modérée (Wagner et al., 2015). Une récente méta-analyse réalisée par Elias et ses collaborateurs (2017) regroupant 24 études, a caractérisé le profil neuropsychologique des enfants et des adolescents présentant un trouble bipolaire en le comparant à celui d’un groupe contrôle sain. Une altération significative de la mémoire épisodique verbale, de la mémoire épisodique visuelle et de la mémoire de travail était observée avec des tailles d’effet fortes et modérées. Une autre méta-analyse intégrant dix études a comparé le fonctionnement neuropsychologique d’enfants et d’adolescents atteints d’un trouble bipolaire à celui d’un groupe contrôle sain (Joseph, Frazier, Youngstrom, & Soares, 2008). Le groupe présentant un trouble bipolaire montrait une altération de la mémoire épisodique verbale avec une forte taille d’effet. Ce trouble était aussi associé à des atteintes, avec une taille d’effet modérée, affectant l’attention, les fonctions exécutives, la mémoire de travail, la mémoire épisodique visuelle, le raisonnement perceptif ainsi que la fluence verbale (Joseph et al., 2008). Une autre méta-analyse, réalisée par Nieto et Catellanos (2011) et reposant sur 12 études, a montré que les

1 L’interprétation des tailles d’effet des méta-analyses repose souvent sur la nomenclature de Cohen

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enfants et les adolescents présentant un début précoce de schizophrénie avaient des atteintes neuropsychologiques en comparant leur performance cognitive à celle d’un groupe contrôle. Plus précisément, ils présentaient des déficits, avec une forte taille d’effet, quant à la vitesse de traitement de l’information, l’attention, la mémoire de travail, les habiletés visuospatiales, les fonctions exécutives et la mémoire épisodique visuelle (Nieto & Castellanos, 2011). Une récente méta-analyse intégrant 34 études a montré que les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ayant un TDA/H avaient une moins bonne performance aux tâches mesurant la variabilité du temps de réaction, la mémoire de travail, l’inhibition, l’intelligence et la planification avec une taille d’effet modérée (Pievsky & McGrath, 2018). Par ailleurs, une différence significative, avec une faible taille d’effet, entre le groupe ayant un TDA/H et le groupe contrôle sain était observée pour la flexibilité (Pievsky & McGrath, 2018). Une autre méta-analyse a montré que les enfants et les adolescents présentant un TDA/H avaient de moins bons résultats aux épreuves mesurant les fonctions exécutives avec une taille d’effet modérée (Khoury & Milligan, 2016). Les enfants et les adolescents ayant un diagnostic de TDA/H performeraient également moins bien à différentes épreuves neuropsychologiques qu’un groupe contrôle sain. En effet, une méta-analyse incluant 68 études et réalisée auprès d’enfants et d’adolescents ayant un diagnostic de TDA/H a montré qu’ils obtenaient une plus faible performance aux tâches d’inhibition, de mémoire de travail, et de fluence verbale avec une taille d’effet modéré et aux tâches de planification avec une faible taille d’effet, lorsque comparés à un groupe contrôle sain (Walshaw, Alloy, & Sabb, 2010). Aucune différence significative n’était toutefois observée aux épreuves de flexibilité (Walshaw et al., 2010). Selon une méta-analyse réalisée par Lipsyc et Schachar (2010) les enfants et les adolescents atteints d’un trouble obsessionnel-compulsif auraient une capacité d’inhibition inférieure à un groupe contrôle sain, avec une forte taille d’effet. L’étude de Lewin et ses collaborateurs (2014) a rapporté des atteintes touchant les fonctions exécutives et la mémoire de travail visuospatiale (Lewin et al., 2014).

À la lumière de ces études, il est possible de constater que la présence d’un trouble dépressif, d’un trouble bipolaire, d’un trouble psychotique, d’un trouble anxieux et d’un TDA/H est associée à une altération du profil neuropsychologique des enfants et des adolescents. De plus, ces troubles psychiatriques seraient associés à des atteintes cognitives

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communes, avec des tailles d’effet variables, ce qui pourrait s’inscrire dans la vision dimensionnelle de l’approche transdiagnostique. En revanche, il est essentiel de réaliser des études, notamment des méta-analyses, sur la base d’un critère transdiagnostique afin d’explorer les applications de l’approche transdiagnostique en neuropsychologie. En effet, la majorité des études ont caractérisé les déficits cognitifs spécifiques à une catégorie de troubles psychiatriques tels qu’un trouble de l’humeur, un trouble psychotique ou un TDA/H plutôt que de déterminer les atteintes neuropsychologiques communes parmi ces troubles. Cette nouvelle perspective de recherche permettrait d’identifier des dimensions neuropsychologiques communes à des troubles psychiatriques variés et offrirait de nouvelles cibles d’intervention selon des candidats transdiagnostiques.

Maltraitance et dimensions neuropsychologiques transdiagnostiques.

Puisque l’approche transdiagnostique vise à déterminer les dimensions communes à un ensemble de troubles psychiatriques, il s’avère pertinent d’explorer les atteintes neuropsychologiques transdiagnostiques associées à la maltraitance chez des personnes présentant divers troubles psychiatriques. Plusieurs études ont investigué l’effet délétère de l’exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence sur le fonctionnement neuropsychologique de personnes présentant un trouble psychiatrique en comparant leur performance neuropsychologique à celle d’un groupe également atteint de troubles psychiatriques. En revanche, aucune de ces études n'a identifié de mécanismes neuropsychologiques communs à un ensemble de troubles. Elles s’attardent plutôt à l’effet de la maltraitance chez les personnes atteintes d’un trouble psychiatrique spécifique.

Par exemple, des études ont montré que la maltraitance était associée à une altération du fonctionnement neuropsychologique des personnes ayant un trouble psychiatrique lorsque leur performance était comparée à celle d’un groupe atteint du même trouble psychiatrique, mais sans histoire antérieure de maltraitance (Bücker et al., 2013; Grassi-Oliveira, Stein, Lopes, Teixeira, & Bauer, 2008; Ito et al., 1993; Lysaker, Meyer, Evans, & Marks, 2001; Sadeh, Hayden, McGuire, Sachs, & Civita, 1994; Shannon et al., 2009; Tarter, Hegedus, Winsten, & Alterman, 1984). Plus précisément, les enfants et les adolescents présentant plusieurs troubles psychiatriques comorbides et ayant été exposés à un contexte de

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maltraitance avaient une plus faible performance aux tâches évaluant l’intelligence (De Bellis & Kuchibhatla, 2006; Rogeness, Amrung, Macedo, Harris, & Fisher, 1986; Sadeh et al., 1994), la mémoire de travail, la vitesse de traitement de l’information (Tarter et al., 1984) et les fonctions visuospatiales (Rogeness et al., 1986). Cependant, dans certaines études, l’exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence n’était pas associée à des atteintes neuropsychologiques chez les personnes souffrant de plusieurs troubles psychiatriques. Par exemple, deux études n’ont pas obtenu de différence significative entre la performance neuropsychologique de deux groupes d’adultes atteints de troubles psychotiques dont un groupe avait une histoire de maltraitance (Lysaker, Beattie, Strasburger, & Davis, 2005; Schenkel, Spaulding, DiLillo, & Silverstein, 2005; Sideli et al., 2014). Plus précisément, le groupe ayant vécu de la maltraitance ne présentait pas de plus faibles résultats aux épreuves mesurant l’intelligence, la mémoire de travail, la mémoire épisodique et les fonctions exécutives (Lysaker et al., 2005; Schenkel et al., 2005; Sideli et al., 2014). Une étude réalisée par Navaez et ses collaborateurs (2012) a montré que l’intelligence et la mémoire de travail ne différaient pas significativement entre un groupe d’adultes exposés à la maltraitance et souffrant d’un trouble d’abus de substance, un trouble dépressif ou un trouble psychotique, lorsque comparés à des adultes ayant les mêmes troubles psychiatriques, mais sans maltraitance. Une autre étude a constaté que les adultes avec une histoire de maltraitance et souffrant d’un trouble dépressif et d’un trouble de stress post-traumatique ne présentaient pas une plus faible performance aux tâches mesurant l’intelligence, l’inhibition et la fluence verbale, lorsque comparés à un groupe souffrant des mêmes troubles (Valentino, Bridgett, Hayden, & Nuttall, 2012). Il s’avère difficile d’expliquer l’absence de différence de la performance neuropsychologique entre les deux groupes dans ces études. Il est toutefois possible que les deux groupes, en raison d’un trouble psychiatrique sévère tel que la schizophrénie, présentent d’importants troubles neuropsychologiques (Schaefer, Giangrande, Weinberger, & Dickinson, 2013). Il peut alors être difficile de capter l’effet de la maltraitance chez des personnes présentant des atteintes neuropsychologiques sévères en raison d’un effet plancher. En effet, les tests pourraient ne pas être suffisamment sensibles pour mesurer l’effet délétère de la maltraitance lorsque les participants présentent un affaissement considérable de leur fonctionnement cognitif.

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À la lumière des résultats de ces études, il est possible de constater que l’exposition à la maltraitance serait possiblement associée à des atteintes neuropsychologiques communes chez les personnes aux prises avec des troubles psychiatriques variés. Toutefois, aucune méta-analyse n’a encore permis de synthétiser les résultats de ces études afin d’identifier les mécanismes neuropsychologiques associés à l’exposition à la maltraitance selon une perspective transdiagnostique. Il existe toutefois une méta-analyse ayant exploré le fonctionnement neuropsychologique des personnes ayant vécu un contexte de maltraitance et présentant des troubles psychiatriques (Masson, East-Richard, & Cellard, 2016). Cette méta-analyse regroupait 12 études ayant comparé la performance cognitive des personnes avec une histoire de maltraitance et présentant un trouble psychiatrique à celle d’un groupe contrôle sain (Masson et al., 2016). La présence concomitante de la maltraitance et de troubles psychiatriques affectait significativement le fonctionnement neuropsychologique (g=-0.56). Plus précisément, les fonctions exécutives représentaient le domaine cognitif le plus affecté, avec une forte taille d’effet (g = -0.90), suivi avec des tailles d’effet modérées, pour la mémoire épisodique verbale (g = -0.71), les fonctions visuospatiales et la résolution de problème (g = -0.66), l’intelligence (g = -0.65) et l’attention (g = -0.61) (Masson et al., 2016). Finalement, la présence concomitante de la maltraitance et de troubles psychiatriques avait un impact, avec une faible taille d’effet, sur la mémoire épisodique visuelle (g = -0.20) et la vitesse de traitement de l’information (g = -0.19) (Masson et al., 2016). De plus, cette perturbation du fonctionnement neuropsychologique était plus marquée chez les enfants et les adolescents (g = -0.67) que chez les adultes (g = -0.50) (Masson et al., 2016).

Dans la méta-analyse de Masson et ses collaborateurs (2016), les atteintes neuropsychologiques pourraient être expliquées tant par l’exposition à la maltraitance durant l’enfance ou l’adolescence que par la présence de troubles psychiatriques. Il est alors difficile de déterminer si la maltraitance contribue, en partie, à l’altération du fonctionnement neuropsychologique ou si la présence de troubles psychiatriques joue un rôle plus important. Il serait alors pertinent d’évaluer, par une méta-analyse, l’effet de la maltraitance sur le fonctionnement neuropsychologique des personnes atteintes de troubles psychiatriques en comparant leur performance neuropsychologique à celle d’un groupe souffrant également de troubles psychiatriques. Il serait donc possible de déterminer si la maltraitance est associée à

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une altération du fonctionnement neuropsychologique chez des personnes aux prises avec des troubles psychiatriques. À ce jour, aucune méta-analyse n’a encore comparé le fonctionnement neuropsychologique de deux groupes de personnes (incluant des enfants, des adolescents et des adultes) présentant des troubles psychiatriques, l’un de ces groupes ayant en plus une histoire de maltraitance. Ce devis permettrait de clarifier et de quantifier l’incidence de la maltraitance sur le fonctionnement neuropsychologique des personnes atteintes de troubles psychiatriques. En s’intéressant à une clientèle souffrant de troubles psychiatriques variés et présents en comorbidité, il serait possible d’identifier des mécanismes neuropsychologiques dysfonctionnels et communs à des troubles actuellement considérés comme distincts et appartenant à une catégorie diagnostique spécifique. Cette méta-analyse permettrait donc de mettre en lumière des atteintes neuropsychologiques transdiagnostiques associées à l’exposition à la maltraitance durant l’enfance et l’adolescence. Une telle perspective pourrait orienter le développement de nouvelles cibles thérapeutiques selon le type d’atteintes neuropsychologiques, et ce, indépendamment de la classification du trouble psychiatrique.

En somme, l’identification de mécanismes communs qui émergent parmi une multitude de troubles psychiatriques représente un des objectifs de l’approche transdiagnotique. Cette approche vise également à développer une nouvelle conceptualisation étiologique du développement des troubles psychiatriques.

Relation entre la maltraitance et la présence de troubles psychiatriques selon l’approche transdiagnostique

L’approche transdiagnostique tend à générer de nouvelles hypothèses quant au développement et au maintien des troubles psychiatriques en identifiant les mécanismes étiologiques communs aux troubles (Monestès & Baeyens, 2016). En effet, elle vise à mettre de l’avant des facteurs de risque partagés parmi différents troubles psychiatriques (Monestès & Baeyens, 2016). En résumé, l’approche transdiagnostique suppose que plusieurs facteurs (environnementaux, génétiques, neurobiologiques, psychologiques et neuropsychologiques) sont communs aux symptômes psychiatriques et qu’ils peuvent, à eux seuls ou par une interaction complexe, contribuer au développement de ceux-ci. Ce modèle est novateur puisqu’il s’appuie sur l’existence de dimensions et de facteurs de risque communs aux

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troubles psychiatriques. Il diffère des autres modèles puisqu’il n’est pas spécifique à un trouble en particulier et vise plutôt une intégration conceptuelle selon une perspective dimensionnelle et transdiagnostique. Par exemple, le modèle de vulnérabilité-stress (Zubin & Spring, 1977) a été élaboré principalement pour le développement de la schizophrénie. Il suggère essentiellement une perspective dynamique des composantes primaires de la vulnérabilité au stress et à la schizophrénie. Il considère qu’un individu présente un degré de sensibilité et de vulnérabilité aux effets prédisposant à la maladie (Kendler & Eaves, 1986). Cette vulnérabilité est influencée par des caractéristiques personnelles, entre autres, de nature génétique, neurobiologique et neuropsychologique (Perry & Braff, 1994). La schizophrénie est alors perçue en termes d’interactions entre cette vulnérabilité et l’environnement (Zubin & Spring, 1977). Bien que ce modèle ait révolutionné la conceptualisation de la psychopathologie, il ne repose pas sur une vision dimensionnelle et transdiagnostique. Un modèle transdiagnostique tel que celui suggéré par Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) s’avère davantage adapté à un contexte de troubles psychiatriques variés et comorbides. En effet, il repose entièrement sur des variables qualifiées de transdiagnostiques afin d’explorer les similarités étiologiques de plusieurs psychopathologies.

Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) proposent un nouveau modèle afin de conceptualiser le développement de troubles psychiatriques selon une perspective transdiagnostique. Selon ces auteurs, le développement d’un trouble psychiatrique résulterait d’une interaction complexe entre des facteurs distaux et des facteurs proximaux. Un facteur distal est défini comme étant une condition globale qui exercerait un effet, immédiat ou à plus long terme, sur différents mécanismes (facteurs proximaux). Ces mécanismes seraient qualifiés de facteurs proximaux puisqu’ils expliqueraient la relation entre un facteur distal et le développement de troubles psychiatriques. Un facteur proximal serait modifiable et malléable selon les expériences vécues et les caractéristiques personnelles (Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) proposent trois types de facteurs proximaux reconnus comme étant transdiagnostiques: les mécanismes neurobiologiques, les mécanismes neuropsychologiques et les mécanismes psychologiques. Les facteurs proximaux seraient donc plus directement liés à l’étiologie des troubles psychiatriques. En d’autres mots, un facteur proximal serait qualifié de médiateur puisqu’il expliquerait la relation entre un facteur distal et

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la présence de troubles psychiatriques (Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). Le modèle proposé par Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) se veut exhaustif en considérant tous les facteurs susceptibles de contribuer au développement d’une psychopathologie. Par conséquent, les auteurs suggèrent que la relation entre un facteur distal et les facteurs proximaux (1er niveau) et celle entre les facteurs proximaux et les troubles psychiatriques (2e niveau) sont influencées par différentes variables médiatrices et modératrices. Les mécanismes médiateurs et modérateurs identifiés par Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) pourraient notamment être de nature congénitale, neurobiologique, psychologique, émotionnelle et comportementale. De nombreux facteurs sont donc susceptibles d’expliquer ou d’influencer la relation entre les facteurs distaux et proximaux et le développement des troubles psychiatriques. Ainsi, ce modèle tente de mettre de l’avant toute la complexité entourant l’étiologie des troubles psychiatriques. Cette présente thèse n’abordera pas de façon détaillée les mécanismes modérateurs et médiateurs de la relation entre les différents facteurs distaux et proximaux et la présence de troubles psychiatriques. Ils seront toutefois considérés et explorés dans l’interprétation des résultats. Pour ces raisons, la traduction du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) répondant aux objectifs de cette thèse sera utilisée (voir Figure 1).

Facteurs de risque distaux

Génétique Maltraitance

Facteurs de risque proximaux

Neurobiologiques Neuropsychologiques

Psychologiques

Mécanismes modérateurs et médiateurs

Mécanismes modérateurs et médiateurs

Figure 1. Modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)

Divers troubles psychiatriques

Deuxième niveau Premier

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Il est important de noter que l’exposition à un facteur de risque distal n’est pas systématiquement associée au développement d’un trouble psychiatrique. Par ailleurs, les flèches du modèle n’indiquent pas de relation causale entre les facteurs distaux, proximaux et le développement de troubles psychiatriques.

Le modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) est qualifié d’heuristique dans la mesure où il a pour objectif d’éclairer et de guider les chercheurs afin de mettre en lumière des processus transdiagnostiques dans différents contextes. Ce modèle s’avère pertinent pour comprendre la relation complexe entre la maltraitance, les mécanismes neuropsychologiques et la présence de symptômes psychiatriques dans une perspective transdiagnostique. En effet, un facteur distal est décrit comme un facteur génétique ou environnemental qui ne mènerait pas systématiquement au développement de symptômes psychiatriques, mais influencerait plutôt différents mécanismes qui seraient plus directement reliés au risque de psychopathologie (Nolen-Hoeksema & Watkins, 2011). Selon les auteurs de ce modèle, des situations de stress intenses et prolongées, telles que l’exposition à la maltraitance, pourraient s’inscrire dans ce modèle puisque celle-ci influencerait différents facteurs proximaux associés à la présence de troubles psychiatriques. Ainsi, au premier niveau, la maltraitance exercerait un impact sur les facteurs neurobiologiques, neuropsychologiques et psychologiques et au deuxième niveau, l’altération de ces facteurs proximaux serait associée à la présence de symptômes psychiatriques variés. Les travaux de cette présente thèse s’inscriront donc dans le modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) en mettant à l’avant-plan les effets de la maltraitance (facteur distal) sur le fonctionnement neurobiologique et neuropsychologique (facteurs proximaux) seront mis de l’avant.

Tout d’abord, il est important de considérer le rôle de la génétique (également un facteur distal) dans la présence de troubles psychiatrique dans un contexte de maltraitance. En effet, des facteurs génétiques, comme la présence de troubles psychiatriques chez les parents, pourraient prédisposer au développement de troubles psychiatriques sans être nécessairement reliés à l’exposition à la maltraitance (Green et al., 2010). L’interaction gène-environnement pourrait également influencer le développement de troubles psychiatriques (Green et al., 2010). Par exemple, certains enfants et adolescents ayant une prédisposition génétique et ayant

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vécu une histoire de maltraitance auront un risque plus élevé de développer une psychopathologie comparativement à d’autres jeunes également exposés à la maltraitance, mais n’ayant pas de prédisposition génétique (McCrory, De Brito, & Viding, 2012). Le rôle de la maltraitance dans le développement de troubles psychiatriques ne peut être isolé des autres facteurs de risque. Autrement dit, la présence de troubles psychiatriques doit être comprise comme le produit de trajectoires développementales influencées par de multiples interactions entre de nombreux facteurs distaux et proximaux. L’investigation de la psychopathologie dans un contexte de maltraitance s’avère donc complexe. Dans le cadre de cette thèse, le modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) sera utilisé afin d’orienter la conceptualisation de la relation entre la maltraitance et le développement de troubles psychiatriques selon une approche neuropsychologique et transdiagnostique.

Maltraitance et facteurs neurobiologiques.

Maltraitance : altération des facteurs neurobiologiques. Le premier niveau du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011) inclut l’effet d’un facteur distal (maltraitance) sur différents facteurs proximaux (neurobiologiques, neuropsychologiques et psychologiques) (voir Figure 2). L’effet de la maltraitance sur le fonctionnement neurobiologique sera d’abord présenté.

Le développement de plusieurs régions du cerveau serait influencé par les expériences vécues à l’enfance (Glaser, 2014). L’exposition à des évènements de vie stressants durant l’enfance et l’adolescence produirait des conséquences importantes sur le développement du cerveau (Lupien, McEwen, Gunnar, & Heim, 2009; Teicher et al., 2016). En effet, étant

Facteurs de risque distaux

Maltraitance

Facteurs de risque proximaux

Neurobiologiques Neuropsychologiques

Mécanismes modérateurs et médiateurs

Premier niveau

Figure 2. Premier niveau de l’adaptation du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)

Figure

Figure 1. Modèle traduit de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)
Figure 2. Premier niveau de l’adaptation du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)  selon les facteurs neurobiologiques
Figure 3. Deuxième niveau de l’adaptation du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)  selon les facteurs neurobiologiques
Figure 4. Premier niveau de l’adaptation du modèle de Nolen-Hoeksema et Watkins (2011)  selon les facteurs neuropsychologiques
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