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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Aides didactiques en Astronomie

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Academic year: 2021

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AIDES DIDACTIQUES EN ASTRONOMIE

Nicoletta LANCIANO DipartimentodiMatematica Università"LaSvienza" - Roma

MOTS-CLES: OBSERVATION DIRECfE DE LA LUNE - ECOUTE DE LA PENSEE INFANTILE ESPACEEDUCATlF - DISCUSSIONS EN GROUPE - CONCEPTIONS.

RESUME: Des aides multiples sont envisagées pour les élèves, comme autant de cadeaux pour les aider sur le chemin de la connaissance: le dessin pour aideràla perception etàl'attention et développer la mémoire visuelle de la lune, un long temps d'observation ou bien des rendez-vous fréquents avec la lune pour établir des liens d'intimité et de connaissance; la discussion en groupe pour s'aider mutuellement à penser et construire ensemble une culture de groupe. Une aide fondamentale pour l'enseignant est l'écoute de ses élèves qui permet d'élaborer la connaissance sans la disperser.

SUMMARY : Different helps have been considerated for pupils like presents to lead them to knowledge : drawing to help perception and attention and develop visual memory of the Moon, long moments of observation or frequent appointments with the Moon to connect links; discussion in a group can help each other to think and build together a group's culture. It is fundamental for the teacher to listen the pupils to elabore the knowledge without scattering it.

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1. UNE HYPOTHESE : RENCONTRER POUR CONNAITRE

J'émets l'hypothèse, particulièrement en ce qui concerne l'astronomie, que le fait d'avoir observé, au moins une fois, un objet pennet d'établir des liens qui ne sont pas seulement de curiosité et de connaissance mais aussi d'amitié.

Le ciel qui est beau, qui existe partout et est gratuit, est un supportàexploiter. Il constitue une aide pour la connaissance scientifique du monde. TI faut donner cette chance aux enfants. Regarder en haut, au dessus de notre tête, et non seulement sur un mur ou un tableau noir ou encore vers le bas, sur un cahier et la table, est une attitude importanteàéduquer chez les élèves de tous âges.

Dans la situation que nous analyserons, je crois que l'aide didactique est d'inventer avec fantaisie, et courage parfois, des cadeauxàfaire pour aider chaque personne à entrer en communication avec les objets choisis pour l'étude.

Entrer en relation avec quelque chose signifie qu'il n'est pas question d'aborder de nombreux sujets mais plutôt de donner à chacun tout le temps nécessaire pour établir cette relation avec peu de choses, bien choisies.

TI convient de préciser quelques éléments concernant l'organisation de l'école élémentaire italienne que je considère personnellement comme efficaces:

-- un seul enseignant (parfois deux dans certains contextes) reste avec le même groupe-classe pendant 6 années.

-- le programme ministériel n'est pas impératif,ildonne des suggestions de thèmes laissant la liberté de les ordonner au long de la scolarité.

2. OBSERVATION DE LA LUNE 2.1. Le portrait de la Lune

Dans cette orientation, je vais exposer quelques expériences proposéesàdes enfants italiens de 6/11 ans et quelques unes de leurs conceptions sur la lune, cette même Lune qui,àChamonix, se lève derrière le Mont Blanc et se couche derrière le Brévent. Ce que je propose pour la connaître, c'est d'établir avec elle une sorte de rendez-vous personnel.

Pour connaître et reconnaître la Lune, on peut faire son portrait: pas un dessin selon la fantaisie ou le souvenir mais plutôt un dessin du"vrai",au moment où elle se trouve dans notre ciel.

Sur un carton blanc de 25 cm de diamètre environ, on dessine chaque jour la partie visible de la Lune. De jour en jour, on y ajoute les nouveaux détails que l'on peut voir. Le rond entier est la surface de la pleine Lune. Si on commence l'observation avec le petit croissant de Lune, visible àl'Est au coucher du Soleil, juste après la nouvelle Lune, on peut ajouter chaque soir un morceau de surface avec la nouvelle courbe du "tenninatore"(l) et les nouvelles taches lunaires visibles. Le dessin est faità la main, au crayon noir. On observe la Lune à l'oeil nu. A la fin du mois, donc de la lunaison, quand on aura apprisàreconnaître chaque détail de l'astre on le regardera avec une curiosité nouvelle au travers de

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la lunette astronomique.Lalunette "rapproche" mais il faut déjà être "proches".

Ainsi dessine-t-on toutes les phases de la Lune même les moins habituellement représentées comme la phase entre le premier quartier et la pleine Lune.

Chaque soir, l'heure du rendez-vous avec la Lune, d'une fenêtre ou d'un balcon de la maison sera liée à l'heure de son lever.

Même la direction de l'espace dans laquelleilfaudra regarder pour voir la Lune pourra varier pendant le mois. A un moment, on risque de croire l'avoir perdue: c'est la Lune décroissante qui ne se montre qu'au matin, surprise d'être dans le ciel bleu en même temps que le Soleil.

Si le dessin est fait avec attention, on s'aperçoit que le "terminatore" passe toujours par deux points diamétralement opposés du disque: c'est là une propriété géométrique de la sphère illuminée qui peut être découverte maisil faudrait pour cela être convaincu que la Lune a la forme d'une sphère.

2.2. La Lune en trois dimensions

Pour connai'tre les idées des enfants sur la forme de la Lune, j'utilise souvent lJm:ik et je leur demande de construire la Lune. Dans une classe d'enfants de

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ans (il s'agit de la classe de F. Lorenzoni enseignant à Giove - Terni), presque tous avait fait un disque ou un croissant. Seule une fillette avait fait une boule. Quand elle s'est aperçue que son travail était différent de tous les autres elle a dit : "Je me suis trompée" et aécrasésa boule pour en faire un disque.

Comme dans les discussions, l'émulation des autres intervient aussi dans les travaux manuels; chacun regarde les productions de ceux qui l'entourent.

Dans ce cas, la mIette nous a fait sourire par sa réaction, mais elle a aussi montré la faiblesse de son idée. Pourtant, l'imitation peut être un instrument d'apprentissage formidable mais, trop souvent, l'école le rejette le considérant comme coupable. Pourquoi l'imitation, aide didactique privilégiée du théâtre, de toutart et de tout artisanat, utilisée par les tout-petits pour apprendre des choses importantes telles que manger, marcher, parler... doit-elle être abandonnée par l'école? Les réponsesàcette question sont peut-être à chercher plutôt du côtéde la morale que celui de la pédagogie.

2.3. Activités individuelles et activités collectives

Ces deux types d'activité sont proposés aux enfants de 7/8 ans pour leur première rencontre avec la Lune.

Dans un premier temps, on leur demande de faire chaque soir, chez eux, un dessin de la Lune telle qu'on la voit. Jour après jour, on les aideàobserver plus de détails: la couleur de la Lune, la couleur du ciel autour d'elle, sa forme et sa position par rapport à l'horizon, les taches sur sa surface, l'heure de l'observation et son déplacement dans le ciel.

Au moins une fois au cours du cycle, la classe tout entière voit de l'école, la matin un Lune décroissante ou le soir un premier quartier. La rencontre avec la Lune est alors collective.

Le moment du conte, du mythe et celui de la discussion en groupe sont encore des activités collectives. De nombreuses attitudes peuvent aider quelqu'unàintervenir dans la discussion: le regarder,

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lui faire comprendre qu'on attend quelque chose de lui. C'est surtout utile pour les filles qui risquent souvent de ne pas réussiràentrer dans un dialogue monopolisé par les garçons.

3. LES CONCEPTIONS DES ENFANTS SUR LA LUNE

Les observations directes de l'enfant se mélangent toujours avec ses idées géométriques, sa capacitéà voir dans l'espace, ses idées de l'imaginaire qui mettent en jeu ce qu'il ya de plus profond et les connaissances qu'il peut réutiliser.

11 est possible de réaliser quelques schémas pour illustrer la richesse des idées et des concepts qui émergent des groupes d'enfants de 7/11 ans qui ont observé la Lune.

Les enfants observent qu'ilya des taches sur la Lune et parlent de quelques choses qui se trouve autour de la Lune, une fumée. Les interprétations font souvent référenceàce qu'ils connaissent sur la Terre avec ses nuages.

- "TI Ya de la fumée autour de la Lune qui change de forme mais qui l'enveloppe toujours".

- " Le Soleil doit avoir plus de lumière et doit illuminer plus, il n'a pas de taches, par contre la Lune doit illuminer moins et elle a des taches".

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Certains pensentàdes volcans mais d'autres pensent que la Lune est chaude car elle émet de la lumière: il y a du feu ou bien elle est complètement faite de feu. Dans ce cas, s'il y a des volcans en activité ou du feu, elle est perçue comme un objet vivant. Ce n'est pas visible mais c'est une construction de l'imaginaire sur laquelle on peut s'appuyer.

Pour un groupe d'enfants de 8/9 ans, il n'y a pas toujours plus d'éléments. Avec l'âge, certaines choses s'éclaircissent puis retournent dans l'ombre. Ni les groupes ni les enfants ne progressent de façon linéaire. Ainsi, alors que l'on pense qu'ils ont compris la relation entre la lumière et l'ombre l'un s'exclame : "Il y a des cratères et les bords font de l'ombre"; un autre réplique "Comme la Lune est dans l'espace et que le noir cogne sur elle, ça donne l'impression de taches".

Des enfants de 9 ans discutent sur la matière de la Lune:

- " Il me semble que c'est du feu. Quand c'est la pleine Lune, il ya plus de maléfices dans le monde". - " Il y a de l'eau sur la Lune mais elle se trouve au -dessus; si elle était au-dessous, elle tomberait". - " Non, si la Lune est chaude, c'est qu'il y a du feu, s'ilyavait de l'eau, l'eau éteindrait le feu et la Lune deviendrait froide".

Dans les groupes de 9/11 ans, les enfants essaient de s'expliquer par des comparaisons: "C'est comme .... "

- "On voit des taches sur la Lune car les cratères sont profonds et le Soleil n'arrive pasàles illumiher; c'est comme un arbre qui fait de l'ombre".

- " Les taches, ce sont les parties sombres, par exemple avec l'argile, quand c'est mouillé c'est mou et c'est plus clair, en séchant cela devient plus sombre".

Des souvenirs d'autres expériences sont utilisés par les enfants pour expliquer leur pensée et répondre aux questions des autres. Les idées utilisées sont souvent tirées du sens commun: les discours sur la Lune renvoient au Dialogue de Galilée. Un enfant de Il ans dit : "Ilya des terrainsdifférent~ apparaît plus clair ce qui est plus lisse".

Chez les plus grands, des mots qu'ils ont entendus entrent dans leur vocabulaire. Ils parlent par exemple de météorites, de plasma, du Big Bang. Ces mots difficiles dont ils ne connaissent pas bien la signification montrent qu'ils ont envie de savoir ce que les adultes et la science disent et pensent. Ils ne se contentent plus de s'exprimer.

- "Je l'ai lu. Quand la Lune était encore molle, de plasma, des météorites se sont collés sur elle, plus dans certaines parties qui sont devenues sombres".

Les plus petits, même s'ils disent des choses tout à fait différentes, discutent entre eux: ils s'appuient sur ce que disent les autres et peuvent discuter une heure ou deux. Ils sont très intéressants mais n'ont aucune envie de savoir si ce qu'ils pensent est juste ou non. Mais, il est important de faire une discussion pour poser les problèmes.

Il arrive, plus tard, vers 9/10 ans, un moment où s'ils sont poussésàpenser etàréfléchir sur certains points, ils s'intéressentàce que pensent les autres. Ils n'ont plus seulement l'envie de questionner les autres pour mieux comprendre leur pensée mais aussi pour la comparer àla leur, et éventuellement exprimer leur désaccord. Avant, des explications multiples pouvaient coexister et être acceptées. Ce que dit quelqu'un n'est pas seulement utileàl'enseignant pour aborder un sujet nouveau, mais aussi à quelqu'un d'autre pour développer sa pensée.

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4. CONCLUSION

L'observation est une façon "d'apprivoiser" un objet. Elle constitue un matériau qui vient s'ajouter aux idées préexistantes, liéesàl'imaginaire et au sens commun, pour les enrichir, et peut-être les bouleverser.Leva et vient entre le regard et la parole, développe une connaissance où les sens et la Qensée interagissent. Autour de cette observation, la discussion en groupe peut être une aide si elle est utilisée comme une ouverture, mais elle peut aussi casser la possibilité de penser si des réponses et des jugements sont apportés trop rapidement. Pour éduquer la pensée, il est utile de discuter sans nécessairement arriverà chaque foisàune conclusion.

5. BIBLIOGRAPHIE

SPADARO (M.), 1987. - La Luna. Come introduITe bambini di 6 e 7 anni all'osservazione deI cielo. Giornale di Astronomia, 3.

RAVÀ(A.), 1987. - La Luna in realtà nonèuna sola.Lavita scolastica, 2.

LANCIANO(N.),1988. - Tanti modi per avvicinarsi alla Luna. Schema didattica par la V elementare.La vita scolastica, 12.

LANCIANO (N.), 1988. - Mémoire -l'Jwrizon : un outil pour l'initiationàL'astronomie - Genève. LORENZONI (p.), 1988. - Apprendreàregarder le ciel en dessinant. in Actes des lOèmes Journées Internationales sur l'Education des Sciences" Communication, Education et Culture scientifiques et techniques "Innovations et recherches, Chamonix. U.F. Didactique des Disciplines, Université Paris 7.

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