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Les devoirs à la maison

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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UNIVERSITÉ D’ORLÉANS

ET DE TOURS

ESPE Centre Val de Loire

MÉMOIRE de recherche

proposé par

Laura MORANDEAU

soutenu le 02/07/18

pour obtenir le diplôme du

Master « Métiers de l’Éducation, de l’Enseignement, et de la Formation »

Discipline : Sociologie

Les devoirs à la maison

Mémoire dirigé par :

Daniel FORT Directeur du Centre de formation de Fondettes

Jury :

Daniel FORT Directeur du Centre de formation de Fondettes Sandra JHEAN-LAROSE Professeur de sociologie, Centre de formation

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Remerciements

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce à la collaboration de plusieurs personnes à qui je souhaiterais témoigner ma reconnaissance.

Tout d’abord, je remercie mon directeur de mémoire Daniel Fort pour sa patience, ses conseils, ainsi que sa disponibilité qui m’ont permis de faire évoluer mes réflexions. J’aimerais aussi remercier les directeurs d’écoles ainsi que les enseignants qui m’ont accueillie et permis d’aller dans leurs classes afin d’effectuer mon travail de recueil de données. Ma gratitude revient également à tous les parents d’élèves qui j’ai sollicités pour leur soumettre ma démarche méthodologique, et qui ont accepté de me donner de leur temps. Sans oublier les nombreux élèves ayant accepté de m’aider à mieux comprendre leur point de vue.

Pour finir, merci à mon entourage qui m’a apporté son soutien tout au long de ma démarche, et qui a bien voulu relire mon travail.

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Avertissement

Cette recherche a fait appel à des lectures, enquêtes et interviews. Tout emprunt à des contenus d’interviews, des écrits autres que strictement personnel, toute reproduction et citation, font systématiquement l’objet d’un référencement.

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Sommaire

Introduction ... 5

I – Cadre théorique... 7

1. Définition des devoirs ... 7

2. Les devoirs à la maison : un sujet de débat ... 9

3. Les arguments favorable aux devoirs à la maison ………..………10

4. Les arguments contre les devoirs à la maison ……….12

5. Qu'entend-on concrètement par devoirs à la maison ? ……….13

6. Le rôle des parents face aux devoirs à la maison ……….………15

7. Les devoirs : marqueurs d'inégalités sociales dans les familles ...……….17

8. Les différents dispositifs d'aide aux devoirs ………18

II – Problématique………..21

III – Protocole expérimental mis en place ... 23

1. Les outils mis en place pour répondre à la problématique ... 23

2. Recherche du public visé………..24

IV – Analyse des résultats ... 26

1. Résultats obtenus en lien avec la problématique ... 26

A) Le point de vue des enseignants……….26

B) Le point de vue des élèves………29

C) Le point de vue des parents d'élèves………31

2. Analyse des données recueillies ………..33

3. Limites de la recherche………34

V – Le “devoir idéal”……….…36

VI – Ouverture sur les devoirs à la maison dans d’autre pays……….……… 38

Conclusion.. ... 41

Bibliographie ... 43

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Introduction

Le mémoire suivant s’inscrit dans le cadre du master Métiers de

l’Education de l’Enseignement et de la Formation et porte sur le thème des

devoirs à la maison. Lors de notre arrivée en master, nous avons eu l’occasion de penser à ce mémoire de recherche dès la première année grâce à un module d’initiation à la recherche. Ainsi, c’est après une année de formation enrichissante à l’ESPE qui nous a permis de découvrir les subtilités de ce domaine, que le thème des devoirs à la maison s’est profilé.

La raison de cet intérêt réside dans le fait que c’est un sujet auquel j’ai toujours accordé de l’importance, et qui m’a amenée vers beaucoup de questions non élucidées. C’est également une notion qui reste au cœur de l’actualité de la société, notamment par le biais de la polémique toujours présente quant à l’intérêt de donner ou non des devoirs à la maison. Le débat au sujet de leur suppression suscite encore aujourd’hui divers avis du côté de l’opinion publique et du corps éducatif.

Durant mes différentes expériences en école, j’ai pu constater que les devoirs étaient un point de discussion central entre les enseignants et les élèves, mais aussi entre les enseignants et les parents. Ils possèdent donc plus ou moins de l’influence dans la relation entre tous ces membres actifs de la classe.

Voilà pourquoi, en tant que future professeure des écoles, il est plus qu’intéressant –voire primordial- de connaître ce qui est dit au sujet du travail en dehors de la classe dans les textes officiels afin de pouvoir comparer avec ce qui se passe réellement. Mais aussi de pouvoir agir de la meilleure façon qui soit et en connaissance de cause lorsque viendra le moment de donner des devoirs à ses propres élèves.

Ce sont de nombreuses recherches d’articles, d’ouvrages de référence, de textes officiels dans le but d’acquérir des connaissances sur le sujet et de mettre en place un panel d’apports théoriques qui ont permis l’élaboration et le guidage de ce projet.

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Le but de l’étude de ce sujet sur la dernière année de master est donc de mener un projet à étapes répondant aux questions initiales ainsi qu’à celles qui ont émergé grâce à la phase de documentation et aux différents échanges entre pairs. Ce sont des interrogations usuelles sur l’intérêt des devoirs et ce qu’il nous est permis de faire que tout enseignant ou étudiant dans ce domaine a déjà dû se poser à un moment donné. C’est pourquoi ce sujet est passionnant et rend cette recherche utile à un public désireux de se documenter sur le sujet.

Cet écrit de mémoire fera donc le point, à travers l’élaboration d’un cadre théorique sur des lectures documentaires au sujet des devoirs à la maison ; puis il présentera le questionnement relevant de celles-ci ; il se poursuivra par la mise en place d’un protocole méthodologique dans le but de trouver des réponses aux interrogations de départ ; il proposera une analyse des résultats recueillis ; il permettra de réfléchir à l’élaboration d’un « devoir idéal » ; et finira par une ouverture sur la pratique des devoirs à la maison dans d’autres pays.

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I – CADRE THEORIQUE

1. Définition des devoirs

Les devoirs à la maison ont une définition évolutive et relativement floue. La circulaire fondatrice de 19561 explique que « le mot devoir doit être entendu

dans sa définition courante. Le « devoir » se distingue de « l’exercice » en ce que, tandis que celui-ci permet de s’assurer sur le champ si une leçon a été comprise, celui-là permet, en outre de mesurer l’acquis de l’élève et de contrôler ses qualités de réflexion, d’imagination et de jugement. Il exige de l’enfant un effort personnel et soutenu, une mise en forme et « au propre » utiles à sa formation – à celle de son esprit comme à celle de son caractère. » Voilà

pourquoi le terme « devoir » se confond bien souvent rapidement avec le terme « travail écrit », notamment à cause des différentes appellations selon les circulaires : « devoirs écrits » (circulaire du 28 janvier 1971, et du 6 septembre 1994), qui porte bien évidement à croire qu’il puisse exister des « devoirs non écrits ». En ce sens, l’interdiction de travail à la maison n’est pas complète, il y a toujours des apprentissages auxquels s’adonner. En 1912, un inspecteur d’académie lui-même suggère de donner « avec une leçon à apprendre, tantôt

la préparation de la lecture du lendemain, tantôt un petit dessin d’imagination, tantôt un travail manuel » ; la circulaire même de 1956 écrit : « libérés de leurs devoirs du soir, les enfants de 7 à 11 ans pourront consacrer plus aisément le temps nécessaire à l’étude des leçons » (mémorisation de courts résumés,

lecture).

D’après Philippe Meirieu2 « l’essentiel se fait en classe… ou devrait se faire

en classe ! ». C’est ce qu’il expose d’entrée de jeu dans son ouvrage concernant

les devoirs à la maison. Son point de vue consiste donc à dire que l’enfant doit avoir peu de travail à la maison car celui-ci doit être un moment agréable entre les parents et l’enfant, même si l’élève doit être autonome dans son apprentissage.

1 BOUSSYE V., SAINT-MARC C., RICHON H.G., CLAUS P., 2008, Le travail des élèves en dehors de la

classe : Etat des lieux et conditions d’efficacité, Rapport à monsieur le ministre de l’Education nationale

http://media.education.gouv.fr/file/2008/46/6/2008-086-IGEN_216466.pdf page 8 2 MEIRIEU P., 2000, Les devoirs à la maison, Paris, Edition Syros la Découverte

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Dans les textes officiels, le ministère de l’éducation nationale met en place une circulaire qui vise à interdire formellement les devoirs à la maison pour l’école primaire une bonne fois pour toutes. C’est ainsi que le 29 décembre 1956 l’obligation « aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif ne sera demandé

aux élèves hors de la classe »3 est imposée à tout le corps enseignant. L’objectif principal de cette loi est d’éviter les inégalités de réussite à l’école, chaque enfant ne disposant pas forcément d’un entourage proche en capacité de l’aider face à de quelconques difficultés.

De nombreux autres textes officiels rappellent cette interdiction première : la circulaire du 28 janvier 1958, celle du 14 mai 1962, celle du 17 décembre 1964, celle du 28 janvier 1971, celle du 25 février 1986, et enfin celle du 7 juin 1990. De plus, en 1996, François Bayrou, en sa qualité de ministre, rappellera la loi en vigueur concernant cette interdiction de travail à la maison. Rappel plus que nécessaire car « près de 70% des enseignants déclarent donner tous les jours

du travail à leurs élèves. »4

Les devoirs écrits à la maison sont donc, d’après la loi, strictement proscrits malgré le fait qu’ils continuent d’être donnés dans la majorité des cas. Cette interdiction ne fait cependant pas totalement disparaitre les devoirs à la maison à proprement parler. En effet, l’entraînement s’avère nécessaire afin d’apprendre. C’est pourquoi les devoirs sont maintenus sur le temps scolaire exclusivement. Cela prend la forme d’études dirigées d’une durée quotidienne de trente minutes, comme le précise la circulaire du 6 septembre 19945, dont le but premier est de « renforcer les activités d’enseignement, de favoriser

l’apprentissage du travail personnel et de contribuer à apporter à chaque élève l’aide personnalisée dont il a besoin, permettant ainsi de prévenir les risques d’échecs et de réduire les difficultés provenant des inégalités des situations familiales. » Les enseignants sont donc disponibles pour « aider les élèves à intégrer diverses méthodes et à les utiliser à bon escient » ; les étayer dans la

3 CALIN D., 2014, reprise de la Circulaire du 29 décembre 1956

http://dcalin.fr/textoff/devoirs_1956.html Voir annexe I page 48

4

https://www.cap-concours.fr/enseignement/preparer-les-concours/les-epreuves-du-crpe/lecons-et-devoirs-agir_cas10

5 2002, Circulaire n°94-226 du 6 septembre 1994, Education nationale

http://www2.cndp.fr/doc_administrative/dispositifs/accosout/94-226.htm Voir annexe II page 52

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lecture et leurs travaux manuels. Néanmoins, cette circulaire, comme celles précédemment citées, reprécise nettement que « dans ces conditions, les

élèves n’ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire ». Le travail

donné après la classe ne peut donc consister qu’en un travail oral ou des leçons à apprendre.

2. Les devoirs à la maison : un sujet de débat

Les devoirs à la maison ont toujours constitué, de près ou de loin, un sujet de débat tant du côté de l’éducation nationale que du côté des parents d’élèves car ils font partie de ce qui est appelé la « forme scolaire ». En effet, de nombreuses personnes se demandent si « les devoirs à la maison sont vraiment

interdits ? » ou encore « comment les rendre utiles ? »6.

L’interdiction des devoirs à la maison à l’école primaire est considérée comme problématique car c’est une proscription qui ne cesse d’être renouvelée. La circulaire de septembre 1994 n’a maintenu l’interdiction des devoirs à la maison que sur le motif de l’existence de temps réservés aux devoirs et études dirigées sur le temps scolaire.

D’après Harris Cooper7, qui a un regard positif sur les devoirs à la maison, ceux-ci sont « des tâches assignées par les enseignants à accomplir

en dehors de la classe » qui ont un impact positif sur les résultats scolaires.

Alain Simonato8, n’étant quant à lui pas favorable aux devoirs à la maison, expose que peu d’enfants paraissent heureux d’avoir des devoirs à faire à la maison, ces derniers étant « une corvée obligatoire » à laquelle il faut se soumettre régulièrement. MJ Palardy9 exprime que « les devoirs contribuent au

développement de l’autonomie et aux sens des responsabilités », mais aussi

qu’une majorité de personnes pensent que plus les élèves ont de devoirs mieux

6

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/06/12062012Article634750759882820126.aspx 7 GOUPIL G., 1997, Communications et relations entre l’école et la famille, Montréal, Edition de la Chenelière

8 SIMONATO A., 2007, Rendre les élèves autonomes dans leurs apprentissages, en finir avec « les

devoirs à la maison », Edition la Chronique Sociale 9 PALARDY M.J., 1995, Un autre regard sur les devoirs

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ils réussissent. C’est pourquoi certains pensent que les bons professeurs sont ceux qui demandent beaucoup de travail à la maison.

En octobre 201210 dans le cadre de la refondation de l’école, le nouveau gouvernement annonce la suppression des devoirs à la maison. Il est donc dès lors question « d’intégrer l’aide personnalisée dans le temps scolaire et

d’organiser l’accompagnement du travail personnel à l’école même, dans le cadre d’une réforme des rythmes ». Les devoirs écrits sont cependant déjà

proscrits depuis 1956, mais cette loi n’étant que très peu appliquée la décision précédemment énoncée fait ainsi l’objet d’une véritable petite révolution en 2012. L’objectif de cette réforme est de réduire les inégalités sociales entre élèves car tous ne bénéficient pas de la même aide de la part de leur entourage. La fin des devoirs à la maison relèverait de « l’équité entre les élèves des

différentes classes sociales, et de l’efficacité relative de ce type de travail »

selon Patrick Rayon, enseignant-chercheur en Sciences de l’Education.

3. Les arguments favorables aux devoirs à la maison

Les devoirs à la maison sont un moyen de faire du lien entre l’école et la famille. En effet, en 1979 lorsque les parents sont autorisés à exprimer leur rapport à l’école, ce sont souvent les parents « les moins instruits » qui réclament des devoirs à faire à la maison. En 2002, une enquête menée par Begoc11 (auteur du site http://florent.begoc.pagesperso-orange.fr/index.htm consacré au travail scolaire à la maison) montre que 82% des enseignants sont d’avis que « l’intérêt du travail à la maison est de favoriser le lien école famille » - même si cet argument n’est pas partagé par la majorité des parents (35%).

Ce lien dont on parle se crée notamment par la demande de signature de travaux terminés et se base sur un travail réel des enfants. Certains parents sont demandeurs de travail à la maison afin de « suivre l’acquisition des

connaissances ».

10 CUNEO L., 2012, Les devoirs à la maison, point final, Le Point.fr

http://www.lepoint.fr/societe/les-devoirs-a-la-maison-point-final-18-10-2012-1518451_23.php

11 JECKER D., Dans quelle mesure la réalisation des devoirs à la maison constitue-t-elle une source de

stress et de tracas quotidiens pour les parents d’élèves à l’école élémentaire ?

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Comme Cooper le dit, pour que les devoirs soient efficaces il est nécessaire de « respecter certaines modalités et conditions ». La forme, le sens, l’encadrement des devoirs sont pensés dans une démarche d’apprentissage pédagogique.

Il existe plusieurs types de devoirs jugés efficaces12 :

- Les devoirs de préparation (sous forme de lectures), qui ont pour but de donner à l’élève quelques connaissances minimales sur un sujet avant qu’il ne soit traité en classe.

- Les devoirs de prolongement, qui ont pour but d’étendre les connaissances de l’élève à de nouveaux concepts. Ce type de travail est source de motivation, notamment pour les élèves curieux.

- Les devoirs créatifs, qui ont pour but de mettre à contribution des concepts dans un contexte nouveau. Comme l’explique Cooper, ce type d’activité est stimulant pour les élèves.

Le point commun important à ces types de devoirs est qu’ils soient corrigés régulièrement pour « permettre aux élèves de mieux comprendre le sens des

apprentissages, de ce qui est attendu d’eux ». C’est pourquoi pour beaucoup

d’auteurs les devoirs semblent ainsi plus efficaces. Les élèves qui font des devoirs à la maison « réussissent nettement mieux que ceux qui n’en font pas

à condition qu’ils soient corrigés rapidement ».

En 2001, H. Cooper13 a synthétisé les effets positifs des devoirs comme suit :

Effets académiques immédiats Meilleure compréhension Acquisition de mécanismes Travail de la mémoire Effets académiques à long terme Attitude positive

Habitude de travail Effets non académiques Discipline

Curiosité Responsabilité Effets liés à l’investissement

parental (d’une manière générale)

12 AMSTUTZ D., 2016, Devoirs à domicile différenciés : comment les instaurer et quelle en est la

perception d’enseignants jurassiens ?

https://core.ac.uk/download/pdf/83636371.pdf page 17

13 SILBERBERG V., BAZANTAY A., 2011, Les écoles de devoirs : au-delà du soutien scolaire

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Ainsi, les devoirs à la maison sont perçus comme un outil de partenariat éducatif qui permet aux enfants d’apprendre à gérer leur temps en autonomie.

4. Les arguments contre les devoirs à la maison

« Les devoirs écrits sont pédagogiquement inutiles et nocifs car ils n’ont en

général aucune utilité sinon aggraver l’état d’échec de certains enfants, ils augmentent la charge de travail à faire en classe, créent l’instabilité et participent à la ségrégation sociale » clame Michel Barrios en 2001, professeur

des écoles auteur de Des devoirs à la maison ?14

« Ils alourdissent la journée des enfants, sans pour autant leur apporter de

plus-value éducative », dénonce la FCPE (Fédération de Parents d’Elèves).15

De plus, en 2006 l’académie du Nord diffuse auprès de ses inspecteurs un document intitulé Devoirs à la maison : 50 ans de travail au noir16 dans lequel

figure 7 types d’arguments contre les devoirs à la maison. Voici ces arguments : - Un argument légal : tout fonctionnaire d’un service public doit appliquer à

la lettre la législation, en l’occurrence, ici l’interdiction des devoirs à la maison.

- Un argument démocratique : le Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole affirme que « laisser les élèves et leur familles seuls face aux devoirs et

leçons est source d’iniquité ».

- Un argument sanitaire : la circulaire de 1956 affirmait que « le

développement normal physiologique et intellectuel d’un enfant de moins de onze ans s’accommode mal d’une journée de travail trop longue ». Or,

certains enfants qui cumulent garderie, cantine et étude ont des journées plus longues que celles des adultes.

14 BARROIS M., 2001, Des devoirs à la maison ?, Coopération Pédagogique n°114,1-1

15 2017, Les devoirs à la maison, facteurs d’inégalités en primaire ?, journaldesfemmes.com

http://www.journaldesfemmes.com/maman/enfant/1834610-devoirs-a-la-maison-facteurs-d-inegalites-en-primaire/

16 Inspection Académique du nord, 2006, Devoirs à la maison : 50 ans de travail au noir

http://www.ac-grenoble.fr/ien.bourgoin3/IMG/pdf_Devoirs_a_la_maison_50_ans_de_travail_au_noir.pdf

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- Un argument social : pendant que les enfants font leurs devoirs, ils ne se reposent pas et ne se divertissent pas.

- Un argument psychologique : l’enfant subit un chantage affectif chez lui de la part des siens en ce qui concerne les devoirs (s’il fait bien ses devoirs, il mérite l’amour de ses proches).

- Un argument moral : le Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole remarque que le fait de donner des leçons et devoirs peut être « guidé par des

considérations d’images aux yeux des parents, voire des collègues ». Pour

les parents, l’image du « bon » professeur reste celui qui donne des devoirs à la maison.

- Un argument pédagogique : certains exercices sont mal expliqués ou ont des consignes ambigües, ce qui complique la tâche aux élèves. De plus, on constate parfois des interventions trop appuyées où c’est l’adulte qui fait l’essentiel du devoir, lequel perd alors tout intérêt. Des oppositions de méthodes entre les parents et celles de l’enseignant peuvent aussi se faire sentir. Enfin, la correction des devoirs, souvent fastidieuse, empiète sur le temps d’apprentissage des élèves.

Ainsi, après l’école, il est attendu que soit assuré un certain « équilibre

affectif et corporel », « qu’il soit montré à l’enfant que l’école est importante de manière implicite en faisant réciter la leçon, en écoutant la lecture, en dialoguant », plus qu’une pression de travail en quantité.

5.

Qu’entend-on concrètement par « devoirs à la

maison » ?

Le devoir à la maison est donc a priori un travail à effectuer en dehors du temps scolaire. Cependant, comme vu plus tôt, l’arrêté du 23 novembre 1956 fait en sorte que les devoirs soient réalisés pendant le temps scolaire. La législation interdit les devoirs à la maison, mais au regard de nombreuses études, 90% des enseignants ne suivent pas les textes officiels et les devoirs sont très présents dans le premier degré.

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De ce fait, même si cela reste subjectif car de nombreuses variables telles que le comportement des élèves et les exigences des professeurs des écoles entrent en jeu, le temps passé par jour sur les devoirs maisons est évaluable comme suit :17

CP CE2 CM2

Elèves lents 27 minutes 37 minutes 45 minutes

Elèves moyens 18 minutes 25 minutes 31 minutes

Elèves rapides 12 minutes 16 minutes 22 minutes

Ainsi, les devoirs demandent d’y consacrer un certain temps à la maison ; mais aussi à l’école car il faut les corriger/vérifier, en plus de les préparer.

Le contenu des devoirs donnés par les enseignants peut prendre différentes formes. D’une manière générale, c’est l’apprentissage de leçons qui occupe la plus grande place. De l’écrit et de l’oral peuvent également être demandés. Au CP, c’est bien évidemment l’activité de lecture qui représente le principal devoir à la maison. Dès le CE1 s’y ajoutent des travaux à l’écrit. Mais c’est au CE2 que des devoirs écrits sont encore plus demandés, dû au fait que l’écrit est déjà suffisamment solide pour demander aux élèves d’effectuer des opérations ou des exercices de français. Dans le but de préparer la 6ème, des travaux de rédaction sont davantage demandés au CM2.

Il existe une classification des devoirs proposée par Lee et Pruitt18, deux chercheurs. Ils mettent en évidence quatre types de devoirs, dont certains ont déjà été abordés précédemment.

- Les devoirs de pratique : pour renforcer les acquisitions. C’est un travail classique d’un enfant qui vient d’apprendre à faire quelque chose qu’il pourra refaire à la maison afin de s’entraîner et de consolider la notion. - Les devoirs de préparation : donner aux élèves le sujet qui sera

prochainement étudié en classe pour qu’ils opèrent une petite préparation en amont.

17 GLASMAN D., 2004, Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’école

http://www.cndp.fr/bienlire/04-media/documents/glasman01.pdf page 3

18 GOUPIL G., 1997, Communications et relations entre l’école et la famille, Montréal, Edition de la Chenelière

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- Les devoirs de poursuite : faire utiliser des concepts dans diverses situations afin de déterminer si l’élève peut appliquer un apprentissage à de nouvelles situations.

-

Les devoirs de créativité : qui sont plus de l’ordre réflexifs ou sous forme de projets de recherche.

6. Le rôle des parents face aux devoirs à la maison

Les parents suivent la scolarité de leurs enfants notamment par le biais des devoirs à la maison, ainsi que par les rencontres avec l’enseignant. Cependant, il ne faut pas oublier que « l’essentiel devrait se faire en classe »19, comme le rappelle Meirieu. Cela ne l’empêche pas de préciser que le rôle des parents est tout de même de suivre les devoirs de leurs enfants. Philippe Meirieu ajoute que les figures parentales sont là pour aider les enfants à s’organiser et à trouver une méthode de travail qui leur soit efficace ; ainsi qu’à planifier leurs apprentissages grâce à des horaires dédié au travail scolaire. C’est en valorisant les efforts scolaires de leurs enfants que les parents vont permettre à ces derniers d’avoir un rapport positif aux devoirs à la maison. L’enjeu étant donc de trouver le juste milieu entre étayage et liberté afin de contribuer à la prise d’autonomie du jeune élève dans son travail scolaire.

Les devoirs à la maison sont un lien très important entre école et famille, comme l’affirment de nombreux auteurs, car ils permettent un transfert d’informations concernant les apprentissages et activités réalisée à l’école ; mais aussi de montrer aux parents l’implication de leurs enfants dans les apprentissages scolaires. C’est pourquoi ce moment après l’école est considéré comme un moment privilégié de communication. L’obstacle principal à ce moment de partage est le facteur temps. En effet, les familles sont parfois nombreuses et il y a plusieurs enfants dont il faut s’occuper. De plus, la majorité des couples travaillent, et parfois tard, c’est pourquoi le temps passé avec leurs enfants est parfois restreint. Il arrive parfois également que certaines familles n’aient pas les capacités pour aider leurs enfants.

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Le rôle des parents face aux devoirs à la maison apparaît donc essentiel car ils contribuent au développement et à l’investissement de ces derniers dans leur « métier » d’élève. De plus, cela permet de valoriser l’école et de montrer aux enfants que ce qu’ils y font a de l’importance. Néanmoins, il ne faut pas ignorer les disparités entre les familles. Certaines prennent du plaisir et considèrent comme primordial de s’impliquer dans la scolarité de leurs enfants, d’autres quant à elles courent après le temps constamment, d’autres enfin ne se sentent pas en capacité d’accompagner ou d’aider leur enfant.

En 2004, J.P Caille établit une typologie des différentes formes d’engagement parental comme suit20 :

- Parents absents  ils n’apportent aucune aide aux devoirs - Parents effacés  ils proposent une aide irrégulière aux enfants - Parents appliqués  ils soutiennent de manière intense leurs enfants - Parents mobilisés  ils accordent du temps pour l’aide au travail scolaire

et pour les relations avec l’enseignant

- Parents attentifs  ils n’interviennent pas directement auprès de l’enfant mais montrent de l’intérêt pour le suivi de la scolarité

De plus ce sont bien souvent « les mères qui s’investissent deux fois plus que

les pères dans les devoirs des enfants » selon une enquête de l’INSEE21, l’engagement parental reste donc relatif.

Les devoirs à la maison sont considérés comme représentatifs de l’image de sérieux que renvoie l’enseignant à son « public ». Du côté des parents, en général un « bon enseignant » donne des devoirs ; ainsi il a été prouvé qu’en France les professeurs donnent des devoirs pour répondre aux attentes des familles plus que pour leur réelle utilité. Pour M. Do Cunha22, sociologue, l’attente principale des parents est de voir une amélioration rapide des résultats scolaires. Les parents précisent eux-mêmes que les devoirs sont leur seul

20 GLASMAN D., 2004, Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’école, décembre, n°15

http://www.ladocumentationfrançaise.fr/var/storage/rapports-publics /054000358/000 21 Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

22 DO CEU CUNHA M., 1998, Les parents et l’accompagnement scolaire : une si grande attente…, Ville-Ecole-Intégration, n°114, 1-21

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moyen de contrôle de l’évolution scolaire de leur enfant et que, sans travail à la maison, ils ne peuvent pas voir les progrès ou difficultés de leurs enfants.

Cela amène certains parents vers de grandes craintes quant à la disparition totale des devoirs à la maison.

7. Les devoirs : marqueurs d’inégalités sociales

Certains enfants ont donc la chance d’avoir accès à de l’aide, ou encore du matériel pédagogique tels que des ordinateurs, des dictionnaires, des cahiers, des livres… mais d’autres, a contrario, n’ont pas accès à ces outils parfois nécessaires, ni même à la présence d’un adulte disponible chez eux. D plus, l’accès aux sources d’information est extrêmement varié, et les inscriptions aux bibliothèques communales encore minimes.

Concernant l’accompagnement d’un adulte, il n’est pas toujours possible dans la mesure où il arrive que certains parents, malgré leur volonté, ne peuvent pas suivre leurs enfants à cause d’un manque de maîtrise de la langue, ou de lacunes scolaires. Il arrive aussi que les parents ne puissent pas suivre leurs enfants par manque de temps, ou même en raison de handicaps. D’un autre côté, il y a une catégorie de parents qui accordent une grande importance à l’école et maîtrisent parfaitement les savoirs, ce qui induit parfois une pression sur les enfants. Il arrive même que certains parents fassent les devoirs à la place de leur enfant.

Il est prouvé que les devoirs à la maison peuvent parfois être de réels facteurs de disparité entre les élèves. En effet, le reproche majeur fait aux devoirs est cet aspect générateur d’inégalités. L’OCDE23 l’exprime ainsi : « les

devoirs représentent une possibilité supplémentaire d’apprentissage ; toutefois, ils sont susceptibles de creuser les inégalités socio-économiques dans les résultats des élèves ». L’exemple est donné de certains élèves qui n’ont pas

d’espace calme dans lequel travailler, ou encore qui n’ont pas de parents en capacité de les aider. Ces derniers sont ainsi désavantagés, et cette situation est génératrice d’inégalités face aux savoirs et à la culture scolaire.

23 OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), 2014, Pisa à la loupe

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Ainsi pour A. Simonato24 « la qualité de l’environnement familial est

déterminante dans la réussite ou non des devoirs ».

Selon le conseil scientifique de la FCPE, les devoirs à la maison à l’école primaire « pénalisent les plus faibles, accentuent la compétition et contribuent

au renforcement des inégalités scolaires »25.

L’Institut National de Recherche Pédagogique a établit un rapport en 198526 qui relate que le travail scolaire constitue un facteur de sélection sociale. Les parents des classes considérées comme défavorisées ne sont pas en mesure d’apporter l’aide que les parents considérés comme instruits apportent. En 1992, un autre rapport de l’Institut National de la Recherche Pédagogique27 dirigé par P. Meirieu confirme que le travail personnel à la maison pénalise majoritairement les élèves des catégories jugées comme défavorisées. Ces mêmes élèves obtiennent cependant des résultats très proches de ceux dits favorisés quand le travail se fait en classe. Même si certaines familles appelées modestes dispensent une aide efficace à leurs enfants, « on n’insistera jamais

assez sur le fait que tout renvoi systématique du travail scolaire à la maison est, en réalité un renvoi automatique aux inégalités ».

8. Les différents dispositifs d’aide aux devoirs

De nos jours, il existe de plus en plus de dispositifs mis en place pour aider les élèves en ayant besoin à faire leurs devoirs, des créneaux d’aide aux devoirs sont même proposés lorsque les élèves n’ont pas le temps de les faire. Ces différentes aides proposées aux familles contribuent à réduire considérablement les inégalités d’accompagnement des élèves.

24 SIMONATO A., 2007, Rendre les élèves autonomes dans leurs apprentissages, en finir avec « les

devoirs à la maison », Edition la Chronique Sociale

25 2017, Les devoirs à la maison : facteurs d’inégalité en primaire ?, journaldesfemmes.com

http://www.journaldesfemmes.com/maman/enfant/1834610-devoirs-a-la-maison-facteurs-d-inegalites-en-primaire/

26 Inspection Académique du nord, 2006, Devoirs à la maison : 50 ans de travail au noir

http://www.ac-grenoble.fr/ien.bourgoin3/IMG/pdf_Devoirs_a_la_maison_50_ans_de_travail_au_noir.pdf 27 Inspection Académique du nord, 2006, Devoirs à la maison : 50 ans de travail au noir

(19)

Dans les quartiers populaires à forteS inégalités a été mise en place en 1992 par l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville)28 une action d’accompagnement. Cette action se fait sous la forme d’un tutorat de la part d’un étudiant bénévole, deux heures par semaine, tout au long de l’année scolaire. L’étudiant accompagne un enfant en difficulté scolaire ayant entre 5 et 18 ans. Le dispositif cité précédemment est bien évidemment un exemple parmi d’autres car chaque commune opère des choix différents en matière d’accompagnement du travail scolaire à la maison. D’autres structures gratuites, souvent associatives, existent telles que l’Entraide Scolaire Amicale, ZUP DE CO…

Il existe également des études surveillées29 accueillant les enfants de classes élémentaires tous les jours après l’école. C’est un service gratuit proposé par la municipalité. Les parents prennent la décision de faire participer leur enfant à l’étude surveillée soit parce qu’ils travaillent après 17h, soit parce que leur enfant ne sait pas travailler en autonomie ou a des difficultés d’organisation. Ces études sont encadrées par des enseignants et assistants pédagogiques, ou parfois par des animateurs.

Les temps d’accompagnements scolaires sont proposés par les écoles et mis en place dans le cadre de contrats locaux. Seulement les caractéristiques pour en bénéficier se fondent davantage sur des critères sociaux que scolaires : les familles d’origine étrangère, les familles nombreuses, les familles défavorisées sont prioritaires.

Les parents ont de fortes attentes lors de l’inscription de leur enfant à l’étude du soir. Ils souhaitent un soutien personnalisé et non une « garderie ».

Certains enseignants prennent également l’initiative d’organiser du soutien scolaire pour leurs élèves dont ils estiment que le dispositif peut répondre à leurs besoins. Cette démarche constitue un étayage inestimable et non obligatoire qui est bien souvent positif et bénéfique pour les enfants.

28 AFEV, 2009, Association de la fondation étudiante pour la ville

www.afev.fr

29 Inspection Académique des Pyrénées-Atlantiques, Les devoirs à la maison

(20)

Dès 2008, différents types de dispositifs d’aide personnalisée ont ainsi été généralisés dans les écoles, collèges et lycées et proposés automatiquement à chaque élève afin de favoriser la réussite scolaire.

Concernant l’école primaire, les deux heures d’aides par semaine pour les élèves en difficulté sont maintenues et dispensées par les enseignants à l’école et en groupe à effectif réduit.

Il existe également des stages de remise à niveau destinés aux élèves de CM1 et CM2 rencontrant encore des difficultés dans leurs apprentissages. Proposés par l’enseignant, et avec l’accord des parents, ces stages de maximum six élèves se déroulent sur cinq jours avec trois heures de soutien en français et mathématiques. Ceux-ci prennent place pendant les vacances scolaires et permettent de mieux appréhender les apprentissages à la fois pour les élèves et pour les parents.

Un système appelé accompagnement éducatif est aussi mis à disposition des familles. L’accompagnement éducatif, c’est accueillir les élèves après l’école pour une aide aux devoirs, un renforcement en LVE, ou des activités culturelles, artistiques, ou sportives.

De plus, le ministre de l’éducation nationale30 ayant engagé le dispositif « devoirs faits » au collège le 6 novembre 2017 souhaite étendre ce principe d’heures de soutien scolaire en petits groupes encadrés à l’école élémentaire dès la rentrée 2018.

Bien évidemment aucun de ces dispositifs n’est obligatoire, et ils sont proposés gratuitement. Ainsi les familles les moins à même d’apporter une aide scolaire à leurs enfants peuvent profiter de ces dispositifs efficaces pour le faire.

30 20 minutes, 2017, Avec la mesure des « devoirs faits » nous offrons un soutien scolaire gratuit à tous

https://www.20minutes.fr/societe/2161679-20171105-mesure-devoirs-faits-offrons-soutien-scolaire-gratuit-tous-collegiens-lundi

(21)

II – PROBLEMATIQUE

Les devoirs à la maison étant un sujet qui m’intéresse beaucoup car il me pose question, je me suis ainsi demandé quel était l’intérêt des devoirs à la maison.

C’est pourquoi je me suis rapidement questionnée sur l’utilité ou non des devoirs à la maison. Cette dernière interrogation, discutée puis validée par mon directeur de mémoire, constitue donc ma problématique générale sur laquelle j’ai basé mon travail ainsi que toutes mes recherches. Par la suite, j’ai ainsi décidé de comparer le pour et le contre. C’est-à-dire, après définition claire et précise du sujet grâce aux diverses circulaires en vigueur, étudier les arguments allant dans le sens des devoirs ; et ceux allant à l’encontre de la pratique de donner des devoirs.

En lien avec le problème posé par mon sujet, plusieurs hypothèses sont apparues. Elles se sont naturellement organisées comme suit :

POUR LES DEVOIRS A LA MAISON

ENSEIGNANTS

Les devoirs à la maison permettent de créer une continuité entre l’école et la maison et de développer des compétences transposables à différentes situations telles que l’organisation, la rigueur, le goût du travail.

PARENTS

Les devoirs à la maison permettent de mieux comprendre les attentes de l’école et de partager des moments de suivi scolaire avec ses enfants.

Les devoirs à la maison permettent d’acquérir une habitude autonome de temps de travail pour consolider et s’approprier les apprentissages en cours.

CONTRE LES DEVOIRS A LA MAISON

ENSEIGNANTS

Les devoirs à la maison peuvent démotiver l’enfant et être source d’inégalités.

PARENTS

Les devoirs à la maison peuvent être source de conflits et de frustration au sein des familles.

Les devoirs à la maison peuvent vite devenir une corvée, ils installment une pression et sont source de stress car les élèves ont peur d’échouer.

ELEVES

(22)

En plus des hypothèses précédentes, des questions intermédiaires ont vue le jour telles que : les circulaires prévues au sujet des devoirs à la maison sont-elles réellement appliquées ? Les enseignants sont-ils eux-mêmes pour ou contre les devoirs à la maison ?

Par le biais de mes recherches et de mes lectures, j’ai pu établir un cadre théorique apportant quelques éclaircissements et précisant de plus en plus le chemin à suivre pour trouver une réponse au problème de départ. Grâce aux ressources, nous avons appris que la circulaire de 1956 interdit les devoirs écrits à la maison pour l’école primaire ; mais il apparaît que cette loi est rarement respectée car donner des devoirs est partie intégrante du système français. A priori les devoirs seraient plutôt donnés par des enseignants d’écoles situées dans les quartiers aisés dans lesquelles les apprentissages sont plus approfondis. Les parents seraient demandeurs de travail à la maison. Dans les écoles de milieu plutôt populaire, les devoirs sont moins mis en avant car ils renvoient aux inégalités. Les conditions de réalisation des devoirs à la maison sont par conséquent très variables selon les familles, et il semblerait que la réponse à la question de départ implique sans aucun doute les différences de milieux sociaux.

A l’aide de mes lecture et de mon ressenti personnel lié à diverses expériences, il me semble qu’il y aurait plus d’avantages que d’inconvénients à proposer des devoirs à la maison, en relativisant cependant ce que l’on met derrière « devoirs à la maison ». Nous pouvons alors conclure préalablement qu’il semblerait se profiler plus de bénéfices que de désavantages quant à l’utilité de proposer des devoirs à la maison. Les hypothèses étant insuffisantes et incertaines, il est nécessaire d’établir un protocole précis.

(23)

III – PROTOCOLE EXPERIMENTAL

Le travail préliminaire pour la réalisation du mémoire a été élaboré durant la première année de master. En effet, nous avons dû commencer les recherches quant à la problématique et aux hypothèses grâce à des lectures permettant d’élaborer des fiches synthétiques.

1. Outils mis en place pour répondre à la problématique

Pour répondre à la problématique et formuler des hypothèses, je me suis appuyée sur mes lectures, collectes d’informations, et expériences dans les écoles dans lesquelles j’ai pu interagir.

De ce fait, j’ai décidé de réaliser plusieurs enquêtes par questionnaire auprès d’échantillons de population différents. C’est-à-dire que j’ai réalisé un questionnaire destiné aux enseignants, un adressé aux élèves, et enfin un prévu pour les parents d’élèves. Ces enquêtes sous forme de questionnaires ont permis d’explorer les idées de départ en les confirmant ou infirmant.

Pour trouver les questions adéquates, il a fallu réfléchir à la tournure de ces dernières (ouvertes, fermées, à choix multiples). Les termes utilisés devant être directs et adaptés au public visé, celui-ci étant d’âge varié. La création des questions s’est appuyée sur toutes les hypothèses dressées pour chaque public ; celles-ci ont été des indicateurs indispensables.

Afin de compléter les informations récoltées par les questionnaires31, l’idée m’est

venue de proposer des entretiens. Chacun des questionnaires se compose de 9 questions, mise à part celui destiné aux élèves qui n’en comporte que 8 – la question demandant les coordonnées n’étant pas nécessaire. Les interrogations proposées sont plus ou moins du même type, seule la formulation diffère. De ce fait, il y a six questions fermées, dont certaines avec plusieurs réponses possibles, et une question ouverte.

31 Voir annexe III page 55

(24)

2. Recherche du public visé

Le thème de ce mémoire de recherche étant « les devoirs à la maison », posant comme problème « les devoirs à la maison sont-ils utiles ? », et comme hypothèse générale « il y a plus d’avantages que d’inconvénients à donner des devoirs à la maison », le public visé choisi ne concernera pas le cycle 1, ni le cycle 4 (car nous restons centrés sur l’école élémentaire). C’est pourquoi j’avais décidé de me concentrer sur une classe de cycle 2, et une classe de cycle 3 dans des milieux sociaux différents. Une classe de CE1-CE2 de campagne en milieu social classique ; puis une classe de CM1-CM2 plutôt en ville et de milieu social plus difficile. Il m’a donc fallu téléphoner et me déplacer dans les écoles à plusieurs reprises pour distribuer mes questionnaires, puis les récolter.

La recherche des écoles n’a pas été des plus simples et mes classes de test ne sont donc pas forcément celles attendues. Cependant, j’ai utilisé mes contacts créés lors des stages pour trouver la classe de CE1-CE2 de milieu social classique. La maîtresse de cette classe étant intéressée par mon projet de mémoire, elle a volontiers accepté de m’aider, de même pour les élèves - avec lesquels j’avais mené un projet auparavant. La recherche d’une classe de CM1-CM2 en milieu social différent a été plus compliquée car il m’a fallu contacter directement les écoles et leur exposer mon travail afin de leur demander de prendre un peu de temps pour me permettre de répondre à ma problématique de départ. Pour juger du « niveau » d’un milieu social, j’ai utilisé mes connaissances géographiques de mon lieu de vie, et mes observations ainsi que mes informations recueillies auprès des différents interlocuteurs des écoles concernées.

Ainsi, l’école de la Vallée du Lac de Château-la-Vallière a accepté de me laisser distribuer mes questionnaires à la classe de CE1-CE2 car l’équipe des enseignants me connaissait déjà. La classe de CE2 a également souhaité participé à mon travail de fin d’études. Tout s’est déroulé pour le mieux et assez rapidement. Pour la seconde école, elle a été difficile à trouver car je me suis heurtée à beaucoup de non réponses. C’est pourquoi je n’ai pas trouvé la classe espérée pour mon analyse. Le seul cours moyen acceptant de m’aider ne souhaitait pas impliquer les parents d’élèves. L’école Hélène Boucher de Ballan-Miré, dans laquelle une de mes amies enseigne en CM2, a donc simplement pu transmettre mes questions aux élèves.

(25)

Pour pouvoir avoir un panel de réponses suffisant à exploiter pour en tirer des conclusions, il a vite fallu considérer les écarts de nombre entre les populations. En effet, le public des parents d’élèves et des élèves étant plus nombreux que le public des enseignants si je restais centrée sur mes classes échantillon, il m’a rapidement fallu considérer l’idée de transmettre mon questionnaire à un nombre d’enseignants plus important pour pouvoir dresser un bilan plus efficace. Pour ces raisons, j’ai diffusé mon document à divers enseignants, de diverses écoles et divers niveaux. C’est en faisant jouer mon réseau de connaissances et d’expériences acquis grâce à l’ESPE et grâce à mon entourage que j’ai sollicité un public plus large en me déplaçant directement dans les écoles et en rédigeant mes questionnaires en ligne grâce à google forms32. En utilisant cette fonctionnalité, j’ai pu également élargir mon public. Il m’a cependant fallu trier, car les réponses à mes questionnaires mis en ligne provenaient parfois d’enseignants de collèges, de lycées, ou même de CAP. Or, même si leur opinion était très intéressante, elle n’était pas pertinente pour cette étude car les modalités de devoirs à la maison sont différentes dans le secondaire et en études supérieures.

32 Outils fonctionnel proposé par google afin de créer des questionnaires/sondages/quiz

https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSe4dImGiE_tdSCo0pgPbDbFztkqIGP50D1zB7Si3OYn3ym GbQ/viewform

https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScqzxTIMRRwY4rh325lii3MHKljWJ_kkwHIdTRXv7PtJYIub A/viewform

(26)

Enseignants de CP Enseignants de CE1 Enseignants de CE2 Enseignants de CM1 Enseignants de CM2 13 13 8 8 9

IV – ANALYSE DES RESULTATS

Chacune des enquêtes que j’ai menées est restée anonyme afin de permettre aux interlocuteurs de répondre le plus sincèrement possible. Grâce aux questionnaires mis en ligne, j’ai réuni une diversité d’enseignants de toutes académies, et de tous niveaux, ainsi que des parents d’élèves de tous niveaux également.

Cela m’a permis de réceptionner 40 réponses d’enseignants, 63 réponses d’élèves, et 58 réponses de parents d’élèves ; dont trois ‘’classes test’’ pour lesquelles j’ai obtenu : pour les CE1-CE2 et CE2 les réponses des enseignants respectifs, des élèves, et des parents de ces mêmes élèves ; et pour les CM2 des élèves ainsi que de l’enseignante.

1. Résultats obtenus en lien avec la problématique

J’ai majoritairement récupéré la totalité des questionnaires distribués dans les écoles lorsque ces dernières étaient d’accord pour participer. Je craignais que les parents d’élèves ne veuillent pas participer. En réalité, la plupart ont joué le jeu et ont détaillé leurs réponses. Cependant, contrairement à ce que j’avais anticipé, peu de professeurs des écoles ont pris le temps de s’intéresser à mon travail lorsqu’ils étaient sollicités.

A) Le point de vue des enseignants

33

Les enseignants interrogés proviennent de milieux et de villes différentes. En effet, il y a ceux de mon entourage, ceux que j’ai sollicités via internet, et ceux que j’ai rencontrés lors de mes visites dans les écoles. En voici la répartition :

C’est par le biais de leur participation que l’on peut prétendre analyser leur opinion concernant les devoirs à la maison au regard des hypothèses établies précédemment. Au vu des réponses, on peut immédiatement constater que tous donnent des travaux à faire après la journée d’école, la variable dominante étant la fréquence de ceux-ci :

(27)

En théorie, la circulaire du 29 décembre 1956 devrait obligatoirement être appliquée par tous et les professeurs des écoles ne devraient prétendre donner que des « leçons » et non pas des « devoirs ». Même si cela est respecté par 29 sondés sur 40, 9 enseignants déclarent encore donner à la fois des exercices et des choses à apprendre/revoir. Les justifications qui reviennent majoritairement sont : il est nécessaire pour les CM2 de les préparer à la 6ème, et il y a beaucoup de devoirs écrits

au collège ; le cycle 3 inclut maintenant la première année de collège, il faut donc créer une cohérence et une continuité ; les élèves doivent s’entraîner quotidiennement pour progresser ; cela permet à l’enfant de se rendre compte s’il sait refaire seul ce qui a été fait à plusieurs et d’acquérir une certaine méthodologie.

Pour 42.5% des enseignants, leurs élèves ne devraient pas y consacrer plus de 20 minutes par soir. 40% jugent que 10 minutes sont suffisantes pour tout faire, tandis que 15% d’entre eux donnent un maximum de 30 minutes.

Dans le but de tendre vers une réduction de plus en plus forte des inégalités à l’école, voici les conditions de réalisations des devoirs à la maison qui sont donnés :

(28)

Les élèves ayant besoin d’une aide à chaque fois sont majoritairement des CP qui apprennent à lire et écrire sans modèle, et ceux ayant parfois besoin de l’adulte sont les enfants en difficulté qui nécessitent parfois un étayage complémentaire.

Ainsi, 87.5% de professeurs pensent que les devoirs permettent de créer une continuité entre l’école et la maison, 57.5% que les devoirs à la maison sont créateurs d’inégalités, 45% que les devoirs permettent de développer certaines compétences telles que le goût du travail, la rigueur, l’organisation, 25% que les devoirs à la maison peuvent démotiver l’enfant.

Selon la plupart des professeurs interrogés, les devoirs gardent un statut important. Ainsi, d’après eux ils permettent de :

- S’investir personnellement dans les apprentissages, ce qui sera utile pour la suite des études

- S’entraîner pour se souvenir tout de suite des notions lorsque certaines connaissances et compétences sont reprises en classe

- Revoir ce qui a été fait pour ancrer et consolider les apprentissages

- Apprendre et mémoriser au calme les leçons car tout ne peut pas se faire en classe - Développer le goût de la lecture et de l’autonomie

- Vérifier si les leçons sont comprises

- Faire émerger un questionnement que les élèves ne s’autorisent pas forcément en classe

- Permettre d’impliquer les parents sur ce qui est fait en classe et aider les élèves à prendre l’habitude de travailler

- Rassurer certains parents qui sont attachés au travail à la maison

Malgré tout, 5 personnes ne trouvent pas d’importance dans le travail scolaire à la maison car il est jugé comme vecteur d’inégalités. Il est donc important de travailler les devoirs en classe (comme les mots de dictée, les poésies par exemple) pour réduire ces disparités. Il apparait quand même que certaines notions doivent nécessairement être reprises à la maison, en particulier la lecture pour les élèves de CP car les enseignants ont trop peu de temps à accorder à chaque élève individuellement en classe, ou encore les tables de multiplication qui nécessitent une répétition considérable. C’est la raison pour laquelle sont sollicités les parents pour veiller à ce que leurs enfants pratiquent.

(29)

CE1 CE2 CM2

10 30 23

B) Le point de vue des élèves

34

Les élèves interrogés proviennent d’écoles, de milieux, et de localisations différentes. Il y a donc les CM2 de Ballan-Miré, et les CE1-CE2 et CE2 de Château-la-Vallière. L’effectif est le suivant : . Leur coopération enthousiaste permet une étude intéressante de leur vision des devoirs à la maison en rapport avec les hypothèses de départ. Ils déclarent à 95.2% en avoir chaque jour, mais restent globalement mitigés quant à la quantité de ceux-ci avec une réponse souvent de l’ordre de « ça dépend des fois ». Concernant le type de travail qui leur est demandé, les élèves sont unanimes comme le démontre le diagramme suivant :

Ainsi, malgré les lois et diverses circulaires, les enfants eux-mêmes expriment avoir des leçons à apprendre, des révisions, ainsi que des exercices ou entraînements à faire.

Même si près de 10% des élèves mettent 1 heure pour réaliser leurs devoirs du soir, ils prennent majoritairement une vingtaine de minutes comme le préconisent les enseignants. 10 minutes apparaissent comme trop justes. Cependant, selon la quantité de travail et l’aisance de l’enfant, cela peut prendre jusqu’à 30 minutes pour 26% d’entre eux.

(30)

Bien souvent, les devoirs sont faits seul ou avec l’aide des parents en tant que « vérificateurs », la maman apparaissant bien plus souvent que le papa. L’aide des frères et sœurs semble également être présente. La catégorie « autre personne » fait apparaître que certains élèves effectuent leurs leçons avec leurs grands-parents ou parfois avec leur nourrice pour ceux dont les parents ont un planning professionnel plus chargé.

Au regard des réponses, à 33.3% les CM2 disent ne pas toujours avoir le temps de faire leurs devoirs ; alors que 65% de la cohorte des CE1 et CE2 exprime avoir toujours le temps de les faire. Nous pouvons supposer qu’un élève de CM2 a donc beaucoup plus de travail, car cette classe est la seule à ne pas pouvoir terminer son travail à chaque fois. Sur 63 interrogés, 55 reconnaissent l’importance des devoirs à la maison ; tandis que 8 – que des CM2 - n’y trouvent aucun intérêt parce que cela rajoute du travail et que l’on apprend déjà tout en classe. Les enfants précisent bien que cela ne veut pas dire qu’ils aiment faire leurs devoirs, simplement qu’ils savent que c’est essentiel pour apprendre, mieux comprendre, être plus « intelligent », s’entraîner, retenir quelque chose et avoir plus d’aisance en classe, et que cela aide pour progresser et avancer à l’école. Ils sont conscients que cela leur servira pour leur avenir, « pour le

bac et le métier à choisir » comme l’écrit un élève. Les questions « d’avoir de bonnes

notes » et de « ne pas se faire gronder » reviennent à plusieurs reprises dans la bouche

des élèves et mettent en avant le système français basé sur les notes. C’est ce qui contribue à engendrer de la concurrence entre les élèves, et par ce biais des inégalités. Les devoirs, bien qu’utiles, sont de ce fait considérés comme des corvées obligatoires.

(31)

C) Le point de vue des parents d’élèves

35

Les parents interrogés proviennent de milieux et de villes différentes. Il y a ceux des classes de CE1-CE2 et CE2 de milieu rural, puis ceux de mon entourage, et enfin ceux qui ont souhaité donner leur opinion à travers le sondage en ligne. Grâce à leurs réponses, il est possible d’analyser leur perception des devoirs à la maison en lien avec les hypothèses de ma recherche. Les parents d’élèves de tous niveaux ont semblé contents de participer à cette enquête. Il est ainsi d’ores et déjà possible d’en déduire que les parents d’élèves s’intéressent au travail à la maison de leurs enfants.

Les résultats sont sans appel : presque tous les parents déclarent que leurs enfants ont des devoirs à faire chaque soir, comme le démontre le diagramme.

Cela montre bien l’importante place donnée à ces derniers, qui reviennent de manière récurrente. Malgré la loi interdisant les travaux écrits, les parents d’élèves confirment le non-respect de celle-ci en exprimant à 87.9% que leurs enfants ont des exercices à faire, et à 96.6% qu’ils ont des leçons à apprendre ou revoir, une majorité ayant les deux types de travaux à faire à la maison. Comme le prouve le diagramme suivant :

(32)

Parents de CP Parents de CE1 Parents de CE2 Parents de CM1 Parents de CM2 6 10 35 5 2

Ces devoirs prendraient généralement entre 20 et 30 minutes après la classe. L’enquête révèle également que ce sont bien souvent les parents qui aident leurs enfants à faire leurs devoirs. Ils expliquent que leur enfant les fait parfois seul, puis qu’ils en font la vérification avec lui. 84.5% de parents pensent que les devoirs permettent de voir où en est son enfant scolairement, 37.9% que les devoirs sont l’occasion de partager du temps avec ses enfants, 25.9% que les devoirs permettent de mieux comprendre les attentes de l’école, puis 29.3% que les devoirs sont générateurs de conflits et d’inégalités. De ce fait, la cohorte des parents d’élèves est partagée sur la question de l’intensité des devoirs, car cela dépend des jours.

Tableau de provenance des réponses :

Ainsi, selon les parents, tous les enfants ont des devoirs à faire à la maison. La circulaire paraît cependant être peu appliquée dans ceux-ci car le travail donné consiste bien souvent en leçons et exercices confondus. Celle-ci semble peu connue des parents, très demandeurs de devoirs et de pratique. Certains d’entre eux jugent même qu’il n’y a pas suffisamment de devoirs et d’entraînement. D’après les parents interrogés :

- Il faut des devoirs à la maison, c’est important mais ils ne doivent pas surcharger l’enfant et être trop abondants pour lui laisse le temps de se détendre

- Il est nécessaire d’insister sur l’apprentissage des tables de multiplication, des poésies, des mots de dictée ; de la pratique de la lecture et du calcul

- Quelques exercices et une révision de ce qui a été vu dans la journée sont suffisants pour permettre à l’enfant de voir s’il a compris

- Les devoirs sont importants pour le suivi de son enfants, et pour que nous les aidions à surmonter les difficultés

- Les enfants ont besoin de revoir leurs leçons dans un cadre différent pour mieux apprendre, mais cela doit rester du ‘plaisir’

- Il faut des devoirs pour se préparer au second degré et gagner en autonomie - Cela permet de faire comprendre aux enfants que l’apprentissage ne s’arrête pas

aux portes de l’école, et qu’il faut travailler pour progresser

- Les enfants n’ont pas toujours envie de reprendre leurs leçons après une journée de classe, il faut donc des devoirs simples car ils sont fatigués et peu concentrés - Le mieux serait que tout soit fait à l’école car les élèves en difficulté sont pénalisés

(33)

- L’enfant travail de trop et n’a pas besoin de devoirs en plus, il y a trop de devoirs en début de primaire

- Les devoirs sont un frein à la bonne communication avec son enfant quand les parents n’ont pas les connaissances nécessaires ou travaillent beaucoup

- Trop de devoirs deviennent difficiles à gérer lorsqu’il y a plusieurs enfants

- Il est parfois difficile d’aider son enfant car les méthodes utilisées à la maison et à l’école ne sont pas toujours similaires

- Il faudrait être formé pour aider au mieux son enfant

Force est de constater que les parents ont un avis partagé. Certains souhaitent plus de travail à la maison pour pouvoir suivre l’évolution de leur enfant et lui permettre de s’exercer ; d’autres, à l’inverse, ne trouvent pas nécessaire de prolonger la journée en ajoutant des devoirs à faire après la classe. De ce fait deux « partis » apparaissent : les parents qui sont favorables aux devoirs à la maison, et les parents qui y sont défavorables. Néanmoins les résultats montrent une majorité de personnes favorable aux devoirs.

Ainsi, le fait d’avoir du travail le soir permet aux familles de s’intéresser à l’évolution de l’enfant, certaines prennent plaisir à aider leurs enfants et créer un certain suivi scolaire. Aussi surprenant que cela puisse paraître, à la question ouverte « quel est votre avis

sur les devoirs à la maison ? -> Sont-ils importants ? En faut-il ? Un « devoir idéal » ? »

aucun parent n’a mentionné la recherche de la performance en vue de l’obtention de meilleures notes.

2. Analyse des données recueillies

Les données recueillies et exposées plus haut participent par conséquent à la vérification des hypothèses de recherche. Ces dernières avaient été établies comme telles : les enseignants, les parents, et les élèves « pour » les devoirs à la maison ; et les enseignants, les parents, et les élèves « contre » les devoirs à la maison.

Les enseignants confirment en grande majorité la conjecture selon laquelle les devoirs à la maison permettraient de créer une continuité entre l’école et la maison (87.5%). Mais seulement 45% sont d’accord avec l’idée que les devoirs développeraient des compétences organisationnelles dans le travail. C’est donc l’argument « pour » les

(34)

devoirs qui prime sur celui « contre ». Les professeurs des écoles rajoutent fréquemment dans leurs réponses qu’il ne faut pas oublier que les devoirs servent à favoriser la mémorisation chez les élèves.

Du côté des parents d’élèves, ils confirment l’argument « pour » selon lequel les devoirs permettraient un suivi scolaire de leurs enfants à 84.5%. Cependant, ils ne sont pas vraiment d’accord quant au fait qu’ils serviraient à mieux comprendre les attentes de l’école (25.9%). Ainsi, ils écartent à 29.3% l’argument des devoirs comme source de conflits. Les parents d’élèves réceptifs ont explicité que les devoirs à la maison sont importantS dans la limite du raisonnable, car les enfants sont fatigués de leur journée et s’endorment parfois avant d’avoir fini. Il se dégage également une demande commune d’exercices d’entrainement.

Concernant les élèves, 87% déclarent qu’ils sont « pour » même si cela reste une « corvée » de les faire. Effectivement, d’après eux, ils servent à s’approprier les apprentissages, à progresser, à acquérir une habitude de travail pour leur avenir. Les 13% restant sont contre (dans le groupe CM2) car ils n’en voient pas les bienfaits et les voient comme une obligation pesante. Il est intéressant de noter à quel point les enfants sont lucides vis-à-vis de l’école et de leur « métier » d’élève. Ils comprennent très bien les raisons pour lesquelles ils doivent prendre le temps de faire ces travaux et sont conscients que ce n’est pas pour les dévaloriser, mais à l’inverse pour leur apporter la meilleure insertion possible à l’avenir.

Notons de ce fait que chacune des « populations » interrogées semble en faveur des devoirs à la maison et y trouvent plus de positif que de négatif.

3.

Limites de cette étude

La limite principale de cette recherche est l’échantillon. En effet, celui-ci est bien trop petit et concentré géographiquement pour proposer une analyse suffisamment représentative de ce sujet. Une étude plus poussée des populations aurait été indispensable pour un véritable travail de recherche. Or le module d’initiation à la recherche propose justement une initiation à un certain modèle de recherche.

(35)

Les questionnaires que j’ai proposés possèdent également leurs limites. Le questionnaire destiné aux parents d’élèves ne pose pas la question « êtes-vous pour

ou contre les devoirs à la maison » clairement, cela se fait davantage sous la forme

d’une question ouverte. Cependant un sondage précis à ce sujet aurait été intéressant à exploiter en termes de valeurs numériques. Voilà pourquoi les données récoltées sont parfois superflues par manque de justesse dans les questions.

De plus, les questionnaires à destination des adultes demandent de laisser ses coordonnées si les interlocuteurs sont d’accord pour être contacté pour un éventuel approfondissement des réponses. Ceci aurait dû déboucher sur des entretiens stratégiques dans le but de rencontrer un échantillon de chaque public visé. Cependant, n’ayant réceptionné non sans mal et que tardivement les questionnaires remplis des réponses, je n’ai pu programmer d’entretiens exploitables faute de temps.

Voilà pourquoi cette recherche se contente d’une enquête par questionnaires, ainsi que des différentes conversations que j’ai pu entretenir avec des enseignants durant l’année au sujet des devoirs à la maison.

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