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Accidents de parcours. Assimilation de termes culturels empruntés à des langues étrangères

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Submitted on 14 Jan 2010

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Accidents de parcours. Assimilation de termes culturels

empruntés à des langues étrangères

Marie Treps

To cite this version:

Marie Treps. Accidents de parcours. Assimilation de termes culturels empruntés à des langues étrangères. Communications, Editions du Seuil, 2005, pp.211-233. �halshs-00009050�

(2)

Marie

Treps

Accidents

de

parcours

L'assimilation des termes culturels

emprunté

Ã

des langues étrangkre

Le frttriqais se trouve riche aujourd'hui de quelque trois mille mots étrangers Ils sont la trace des contacts cpe nous avons eus, a n cours cles siècles avec cl'autres cultures. Ces mots niipants, auxquels notre laiig~ie a toujours réserv le meilleur accueil, emprunté à cles langues smurs, cousines ou encore parfaitement étrangère sont arrivé par vagues siic- cessives, de chez 1105 voisins européen ou de l'autre bout du monde. Colporté par les marchands ou les marins, les voyageurs ou les savants, les princes on les soldats, les conquérant ou les immigrants. Pour recncil- lir, au cours des siècles. ces milliers de mots, nous avons profità de cir- constances politiques, économique ou culturelles favorables. Ces mots voyageurs ont parfois l'air de bons vieux mots françai : pour les assimiler, nous avons en effet développ de subtiles stratégie

'.

Les flux de mots empruntent tout naturellement les voies pacifi(pes du commerce ; ils arrivent aussi clans le sillage des années Les mots échangà au cours de relations pacifiques et ceux qui ont ét recueillis dans un contexte de concru?te ou de colonisation ne subissent pas le mCme destin. Dans une perspective linguistique et arithropologiique, c'est 2 I9assirnilation de ces derniers que nous allons porter attention. Qu'ils dksignent des réalit concrhes (objets, denrée ...) ou des rkalité cultu- relles (croyances, coiitinnes

...)

n'est pas, non plus, sans conséquenc sur leur avenir clans la langue d'accueil, le fraiiqais.

Parmi les emprunts qui nous intéressen ici, un grand nombre nous ont ét transmis par l'espagnol. le portugais ou l'anglais, langues respedives de trois grandes puissances coloniales. La France, aprè la conquêt de l'Afriq~ic (lu Nord, se passant d'intermCcliaire, prélè directement du vocabulaire dans les langues du Maghreb. Une telle disparità de situations

a pu influencer les niodi.ilité cl'assiniilation.

.

Examinons, d'abord, le cas des mots cl6posé dans notre langue par une Espagne et un Portugal conquérants Nous évoquerons à titre de

(3)

comparaison, le cas de quelques mots échangé entre voisins, hors des contextes ouvertement belliqueux. Enfin, nous aborderons la question des mots issus de la récent colonisation française

LES MOTS DE LA C O N Q U ~ ~ T E OU DE LA COLONISATION

Ces grands explorateurs qu'étaien les Espagnols ont imaginà au XVI* siècl une contré fabuleuse en Amériqu du Sud. Sur la foi de témoignage cl'aventureux voyageurs et de cartographes, on la situait préciséme (entre l'Orénoqu et l'Amazone) et on la disait regorger cl'or et de pierres précieuses Avant de partir à sa découverte on a donnà à cette contré le nom d'Eldorado, raccourci de l'expression el (pais) dorado, à le (pays) dorà È la promouvant ainsi, par avance, au rang de réalità Pour donner au rêv de la matérialità lui appliquer des mots est une stratégi éprouvé Quand ceux que l'on baptisera Conquistadores ont débarqu sur des terres inconnues et se sont trouvé confronté à des rbalité nouvelles dont jamais ils n'avaient soupçonn Inexistence, des choses étrange qu'ils avaient fort envie de s'approprier

-

au bénéfi du commerce ou de la connaissance -, ils ont encore eu recours au langage. Faisant main basse sur les mots qui, dans les lanuues amérindiennes

B

désignaien ces choses nouvelles, ils les ont adapté a leurs gosiers avant de les transmettre à leurs voisins européens ou alors

-

cette seconde stratégi est plus rare

-

ils ont cré de nouveaux mots en tirant profit cles ressources de leur langue maternelle, seul bagage dont mêm le plus démun des voyageurs est nécessairemen pourvu.

D e la neutralilà (quand il

s'agit

de réalità matiirielles)

...

Dè le XVI' siècle les écrivain voyageurs, les missionnaires, en contact avec des populations indigènes enregistrent des mots en usage dans les terres étrangèr : des mots désignan des objets, bien sûr mais aussi des

mots appliqué à des coutumes, des croyances. Ils se révèle ainsi de fins observateurs, bien avant l'avènement au XVIII' siècle de l'ethnologie. Les même ambassadeurs de cultures exotiques ont parfois trouvà plus oppor- tun de renommer les réalità concrète ou abstraites clécouverte au-delà des mers.

Pour illustrer ces pratiques, commençon avec des termes appliqué à cles réalità matérielle (vêtements objets usuels, habitations) que le fran- çai a reçu de l'espagnol ou du portugais et qu'il a adapté ensuite.

212

(4)

f l L L L U C I L L A U t ; p u 1 W U 1 S

Ainsi, peigne et poncho. Paiïo à pan de tissu È a ét choisi clans le

lexique espagnol pour disigner un vêtemen rudimentaire coiistituà c1'étof" ou de feuilles qu'on ajuste autour de la taille.

P q i i e

iious arrive cn 1637, grâc aux relations de voyage. Dans un premier temps, on adopte le mot mais point la chose - question de climat ; a n X X siècle,pagn tbiitrc clans le vocabulaire cle la mode, que Iexotisrne inspire. En franqais d'Afrique, le p q r i e s0 porte long et il est fait de cotoiii~ade imprimé ...

Poncho. qui apparaî eu 1710 clans une relation de voyage au Cliili et au Pérou est issu (le l'espagnol cl"Ani6riqiie. Ce 110111 donnà par les Espagnols au vêtemen porte par les Indiens existait d6jà ci1 castillan pour désigne soit une petite couverture posé sur la croupe du cheval, soit une chcinise de nuit épaisse

La matikre ou la forme d'un objet préexistari peut inspirer le transfert de son nom sur un nouvel objet. Voilà pour le si-nifiant. Si le besoin s'en

0

fait sentir. le mot recueilli peut développe ulterieurernent une certaine polyséniie Voilà pour le signifié

Les voyageurs n'ont pas manquà de décrir des objets usuels, connue le hamac, la machette ou la sarbacane, que nous avons fini par importer, en les modifiant, histoire de les adapter à nos besoins. D'autres sont restis exotiques, comme le palanquin.

Hamac nous est connu par les traductions des récit de voyage, dè le débu du X V I , sikcle. Les Espagnols ont emprunt6 h a ~ t ~ a c a à la langue des Incliens d'Haït et se sont contenté de l'ajuster à leur systèm phuné tique

...

Autre procédure moins paresseuse : l'espagiiol ii~ctch(~tt1 a (tà fabriquà à partir de l'espagnol macho, à rriassue È et nommait le coutelas

utilisà comme arme et comme outil clans lcs région tropicales pour abattre les cochons sauvages, ouvrir des passages en forêt couper la canne à sucre.

Le

francais en a fait machette en 1704

...

Nous avons parfaitemei~t acclimatà la sarbacane, tube creux servant à lancer de petits projediles par la force du souffle. Tous les galopins connaissent la sarbacane, une arme assez légè et cle conception assez minimale pour avoir beaucoup voyagé Jugez plutô : cl'origirie malaise, scinpitm a &tà transmis par l'arabe zurbutaiia Ã

l'espagnol

zebratana, auquel le franqais l'a eiiipriu'itk en 1539, en hésitan quelque peu sur l~orthographe. On a notà sulba- q1101ze, sarbatuii~e, sarbateniie ; sarbacane, plus simple, a mis tout le inonde cl'accorcl. (La graphie la pins simple finit toujours par s7imposer, selon une loi universelle, celle du moindre effort ...) Palanquin a ét empruntà en 1610 au portugais pdaniquilii, lui-mêm issu de l'hindous- tani plilukî Cette litikre portie ll bras d'hommes dans les pays orientaux n'a pas ét importé en Europe, mais nous avons conservà son nom., un

(5)

lI'I(L1 lt' 1 I

t'us

des nombreux termes culturels dont le destin est de rester à l'abri et au chaud dans les pages des dictionnaires.

Pour les quatre mots que nous venons d'évoquer on observe une simple adaptation

du

signifiant. Le signifià reste inchangé m6me clans les cas o i ~ ces objets exotiques ont ét réellemen adoptés

C7est encore par l'entremise cles voyageurs que nous avons import6 des noms cl'habitations, de bâtin~ents Les Portugais ont utilisà le mot qui dans leur langue désign la maison, casa, pour nommer les habitations africaines ; case est adoptà en françai en

1637

...

Nous devons aux même palhota, à hutte de paille È c17abord utilisà au Mozambique, colonie por-

tugaise ; paillote arrive en France au X V I P siècl

... L'histoire de pagode,

iioni

CI'LII~

temple clans les religions cl'Extr6me-Orient, est plus complexe. Il nous arrive aussi du portugais, en

1545,

mais derrièr pagoda, qui signifie à idole à en portugais, on trouve le tamoul pagavacliin, à divi-

nità È et au-delà le sanskrit bhagarat, à divin à ˆ Le tourisme et l'hôtel lerie ont réquisitionn ces inots exotiques, propices au rêv ... Ce n'est pas le cas de /&da, empruntà au portugais du Brési au

xx

siècle qui d6signe là -ba ce que nous appelons ici bidonville - j ~ ~ v e l a est dériv de jdila,

fèv È et les fève sont la nourriture des pauvres.

Ce qu'il peut arriver de pire à ces mots clésignair des r6alité exotiqiies concrètes c'est d'êtr cl6connecté de leur ancrage culturel.

.

à la stigmatisation (quand il s'agit de croyances ou de coutumes).

Lorsqu'il a ét question d'adopter des mots associé

2

des réalità cultu- relles subtiles, les Européen ont, au mieux, révkl leur méconnaissanc des cultures rencontrkes. Au pire, ils ont projetà sur les cultures indigène leurs conceptions ellmocentristes. Les récit des voyageurs ou les lettres des jbsuites émissaire de la religion catholique avaient décri des coutu- mes si Gtranges qu'elles sernbl6rent évidemmen abominables aux Euro- péens Certains termes culturels indigène sont ainsi devenus en Europe des dénomination stigmatisantes.

Le l~ortugaisf~iliç signifie à artificiel È et aussi à sortilège amulette )).

C'est ce mot que les Blancs ont utilisà pour désigne les objets de culte et qualifier les pratiques religieuses des peuples d'Afrique-Occiclentale et cle Guinée Par la suite, il va s'appliquer à ces même réalità dè lors qi~'elles appartiennent

2

des peuples, des civilisations considérà comme à sau-

vages à ou à primitifs à ˆ Fétiche importà en France au débu du XVII' siè cle, est aujourd'hui clairement liÃ

i~

la notion de superstition : il porte

(6)

Accidents a e parcours l'empreinte de la colonisation, dont l ' m e des motivations a 6tà la conver-

-

sion des populations indigène au catholicisme.

En 1604, le françai emprunte à Yebpagnolpalabras, qui désign outre- Pyréné de simples paroles, pour en faire des paroles grandiloq~~entes'. Premièr évolutio sémantique An cours du X V I I I ' siècle le commerce entre Africains et Franqais succèd aux relations commerciales espagiio- les, et clans ce contexte palabre est utilisà pour désigne le discours 13'1111 Africain ... long et ennuyeux aux yeux des Européens Palabre, en cleve- nant un ternie de relations, se f&ninise et s'emploie au pluriel. On sait par le dictionnaire de Trévou qu'en 1752 palabres d6signe les petits présent que les commerqants europgens foui aux rois noirs pour obtenir cles avantages beaucoup plus considGrables, puis la cérémon a u cours de laquelle on offre ces cadeaux de peu. Aujourd'hui, en françai c17Afri- que. palabres désign un échang de propos entre hommes assemblGs, sans la moindre nuance péjorative Ainsi, les Africains ont su redonner à ce ternie sa neutralité en le débarrassan de ses connotations péjora tives et en forgeant de nouvelles expressions : arbre à palabres, case à palabres.

Nommer le conquis, le colonisé

Que se passe-t-il quand on emprunte des ternies désignan des per- sonnes ?

Créole issu du portugais par l'espa~nol, à la fin du X V I , siècle dbsigne une personne de race blanche né aux Iles - sauf à l'îl Maurice, oh c~.(;ole s'applique à une personne de couleur. Cr(;ole porte le souvenir de l'escla- vage puisque son ancêtr portugais crioulo désign un serviteur élev clans la maison du maître

..

M1~16tre, empruntà en 1544, désigne comme le por- tugais inulato, un méti nà d'un Noir et d'une Blanche, ou d'une Noire et d'un Blanc. Muluto., d'origine castillane, est dériv de muIo, à animal

hybride à ˆ On voii ici le nom d'un animal appliquà des personnes. Ainsi, certains mots issus de l'expansion coloniale trahissent les classifications raciales fabriclliée par les Européen et véhiculen des idée racistes.

Paria., importà en françai en 1607, désign en portugais un Indien hors caste, un intouchable, alors que ce mot est empruntà a u tamoul par(~.yan.. qui signifie à joueur de tambour È Ce glissement de sens serait

clfi an fait que les Europbens ont confondu p a r a y a n et un autre mot tamoul, p i l l i y a r : voilà ce que disent les linguistes. Il est plus raisonnable

de

considérer comme l'ont fait remarquer les ethnologues, que le joueur

, de tambour étai devenu impur parce qu'il accompagnait les niorts dans

(7)

accaparent paria pour l'appliquer à ceux qui sont mis au ban de la sociét : dénominatio évidem~nen stigmatisante reposant, an mieux, sur

-

une méconnaissance au pire, sur un clén de la culture

A

laquelle ce terme appartient.

Nous avons rkservà un sort semblable à caste. L'origine du mot est roiitroversée L'hypothès la plus plausible est celle d'une substantivation de l'adjectif portugais casta, à pure à ˆ Quand nous empruntons casta au portugais en 1615, il signifie à race à ˆ Les Portugais ont d'abord appliquà ce terme aux animaux avant de l'utiliser, de manièr neutre, à propos des classes de la sociét indienne. C'est ce dernier emploi que nous retenons, mais il ne reste pas neutre longtemps. En 1789, Siéyà l'applique à la sociét francaise au sens de à classe È et bientô un sens péjorati se fait jour : à classe élevà caractérisà par son esprit d'exclusion Ã

.

L'expression

esprit de caste est créÃ

-

elle ne voudrait rien dire en Inde.

Nous avons parfaitement acclimatà l a s c q en le transformant pour des motifs peu avouables. Un premier lascar se pointe en 1610 : il s'agit d'un matelot hindou, importk par les Portugais, qui rappelaient laskarim (mot d'ailleurs empruntà au persan par l'intermédiair de Thiiicloustaiii). Ce premier arrivà ne s'attarde pas, tandis que le second lascar^ débarqu en 1769, va s'installer pour de bon. Ce sont les Anglais qui concluisent celui-ci jusqu'à nous

-

est-ce bien utile de le précise : les Anglais l'ont eux aussi empruntà aux Portugais. Notre lascar s'installe, mais on slinté resse assez peu aux matelots hindous naviguant dans l'océa Indien (c'est le second sens de lascar). Alors, sans se gêner au X V I I I ~ siècle inspirà par des pensée quelque peu xénophobes on recycle le mot : les soldats, dans leur argot, font du lascar un vaurien. En 1830, l'argot est plus positif: il transforme lascar en gaillard hardi et malin ( à un sacrà lascar

È)

On peut même désormais faire de lascar un usage affectueux : à Alors, mes

lascars ! ))

Avant de trouver droit de cità en français cannibale est passà par des textes italiens et latins. La source des uns et des autres se trouve dans une relation de voyage de Christophe Colomb, en date de

1492.

Or le navigateur ne faisait que rapporter un mot arawak, cariba, désignan les Indiens Caraïbe des Antilles ; ce qu'il ne précisai pas, c'étai que cariba ne signifiait nullement à anthropophage È mais à sage, brave, fort D .

En

1617, une mépris fait d'un nom tupi, celui d'une tribu indienne ,

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Acciaencs ae parcours XVI' sikcle

...

celui d'une plante à tubercule comestible importé #Anléri

-

que du Nord. Cette confusion est probablement due, disent les pliilo-

logues, à mie coïncidenc entre l'introduction du topinambour en France et la présenc au mêm moment d'Indiens du Brési ii Rouen aux f&s donnée pour l'entré

du

roi Henri

II.

Jusqu'au XIX' siècle ce mot, par ailleurs diversement transcrit, a aussi désign à un sauvage du Brési )),

puis à une personne grossièr et inculte Ã

-

pour ce dernier sens, notons

une évolutio sémantiqu similaire à celle cle patate.

Avec onuig-oi~taltg, se confirme l'iclé que l'erreur philologique peut coincider avec' une mépris culturelle fondGe sur des a priori ethuocen- tristes plus ou moins xénophobes Orang-outang., emprunt; au inalaib en 1758, a ét appliquà par erreur à un grand singe anthropoïd : orang

Imtan., littéralemen à homme des bois È &ait le terme utilisà par les

Malai5 pour désigne des montagnards.

Esiste-t-il des emprunteurs respectueux ?

Les mots ramassé clans des contextes de conquêt ou de colonisation sont-ils von& à clevenir des ternies stigmatisant les cultures dont ils sont issus ? Allons en Afrique

-

oà la colonisation a ét tardive, ce qui n'est pas sans conshquence sur la destiné des mots emprunté - et voyons ce qui s'est produit avec des termes culturels concrets et abstraits : noms cl'iristruments de musique et noms de personnes.

Bamboula, introduit par les relations Je voyage (en Guinke, La Courbe,

1685)

pour désigne un tambour africain, est Inadaptation de ka-niom- bi~lou, mot des langues sarar et bola (parlée en Guiné portugaise). Au XIX- siècle clans un contexte colonial et par un procéd métonymiqu courant, bamboula en vient à désigne non plus le tambour mais toute danse de caractèr violent et primitif : le glissement de sens s'accompagne d'une connotation péjorative Par l'intermédiair des tirailleurs algériens le mot devient entre 1914 et

1918

un synonyme argotique de fite :faire

la

bamboula. Pire, bamboulas finit par désigner avec une forte conno-

tation raciste, les Africains. Dévoiement lià à la colonisation, d'un terme culturel concret d'abord pieusenient recueilli.

Outre les voyageurs, il s'est trouvà cl'autres personnalités notamment des écrivains pour contribuer à l'enrichissement de notre vocabulaire exotique.

.

Balafon est empruntà à une langue nigéro-sénégala dans laquelle balajo, qui associe 6ala, à instrument de musique È et fo, à parler, jouer )>,

(9)

désign le joueur de bala. Relevà au XVII' siècl comme terme exotique, puis employà par Victor Hugo, balafon s'est répand au XX' siècl gr5ce aux écrivain de la négritud et aux musicologues pour désigne un iiis- tniinent à percussion formà de calebasses garnies de lames. Comme avec bamboula., la métonymi a permis un glissement sémantiqu (ici, du joueur à l'instrument) mais sans dériv : les termes colporté par les écrivain (notamnlent les orientalistes) sont en génér respectés ce qui ne les met pas à l'abri cl'outrages ultérieurs on va le voir à l'instant.

Tain-tain est un mot de formation onomatopéiqu empruntà au créol françai de l'océa Indien par Bernardin de Saint-Pierre en 1773. Aprè avoir désign un tambour indien, puis un tambour africain, puis un gong, tam-tam passe, an XIX, siècle clans la langue familièr pour désigne un bruit assourdissant, un scandale, peut-êtr par référen à ramdam. Pas de connotation raciste ici, mais une certaine propension à la dérisio accoinpagnr le passage de tam-tam dans la langue française alors que son ambassadeur s'étai montrà respectueux ou, du moins, neutre.

Passons aux mots cl6sigiiant des individus.

On s'interroge ainsi sur l'origine de griot. Seule certitude. o-riot pénèt

a,

en françai en 1688, sous l'iinpulsio~i des voyageurs et des specialistes de l'Afrique, pour désigne les iniisiciens ambulants du Sénéga Ce sont les romantiques qui ont diffusà le terme, mais en transformant quelque peu la réalit : ils ont fait du griot un sorcier. Au X X * siècle on lui rend hoil vrai visage. celui d'un poète-musicie professionnel. Quant à l'origine du mot, elle est incertaine : peut-êtr le portugais criado, à domestique È le

griot, po6te musicien, ayant ét au service de souverains ou de chefs. En 1529, pour nommer les Africains, on emprunte n+e à l'espagnol negro7 lui-mêni issu du latin niger, qui a aussi géné le françai noir. Dè le débu du XVII' siècle nègre à homme de race noire È prend le sens

cl'<<

esclave noir È comme l'attestent les expressions traiter quelqu'un comme ~ 1 1 2 nègre apparue vers 1750, et travailler comme un 116gt.e, appa- rue en 1812. Mais 1z6g1.e va devenir véritablemen péjorati à la suite de la colonisation de l'Afrique. L'expression nrt n6gre (premièr attestation cllez Marcel Proust en 1922) fait figure d'heureuse exception : ailleurs, nègr est nécessairemen chargà de connotation péjorativ et raciste quand il est employà par les Blancs, qui remplacent le mot par noir quand ils ont le souci de l'évite

". Or., quand ~z>gre

est employà par les Noirs eux-mêmes cette valeur disparaî ; cela à partir de 1930, quand coin- inence la décolonisatio et depuis la revendication de la négritud (ternie répand par L.S. Senghor), spécificit culturelle noire. Dans le discours des Blancs, toutefois, les dérivà de 11ègr gardent une connotation raciste :

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retour des choses, l'expression petit rGgr-5 tristement imaginé en

1877

pour désigne le à charabia françai à parlà par les Noirs dans les colonies d'Afrique, a ét remplacé en Afrique par petit frarqais !

MOTS RECUl'ILLIS AU COURS

DE CONTACTS PACIFIQUES AVEC DES VOISINS

Afin d'amorcer une comparaison, on prendra ici encore des exemples dans le lot cles mots que le françai a ernpruntks à Pespagnol.

Des relations s'{tant développée au X V I I ' siècle entre la France et l'Espagne

i

la faveur des mariages royaux, la bonne sociét francaise adopte de nouvelles attitudes, prend cl'agr&ables habitudes, suivant l'exemple de ses voisins espagnols, qu'elle ne manque pas de dkpr6cier clam le mêm temps, comme on verra. Aussi apprend-on à faire compli- ment., à se montrer désinvolte On se montre aussi hâbleur on fait le fanfaron on le matamore.

D'accord, compliment a ét pris aux Italiens, en

1604.

Mais ceux-là l'avaient eux-&mes emprunt6 aux Espagnols : l'expression c i ~ ~ ~ ~ p l i r cou alguien., littéralemen K accomplir (les politesses requises) envers qnel-

qu'un È a fourni l'italien cuinpli~niento.

A

l'épocp classique, on fait grand usage du c o ~ ~ t p l i ~ ~ i e n t , qui cl6signe une visite courtoise faite 2 un haut personnage on alors des paroles élogieuses Cette habitude se pro- longe jusqu'au XIX' siècle mais de nos jours, les codes de la politesse ayant

considérablemen évoluà on ne peut que percevoir une nuance ironique derrièr l'exprebsion d6biter son cornpZi~nent. Le choix du verbe c/GOiter a suffi à colorer péjorativemen l'expression : choix inconscient, mais efficace.

Mme cle Sovign6 en 1677 : Ã Les Espagnols appellent cela desernh7~cU0,

ce mot nie plaît à Despinbuelto ? Littéralemen : à désenvelopp à ˆ Dc;sin- volte qualifie ainsi une personne dégagà dans ses manière ; mais bienth, aussi. celui ou celle qui manifeste une libertà inconvenante - une valeur péjorativ est donc trè vite apparue. Le mot, importà dans la premi$re moitià du XVIII, siècl et alors enregistrà par un autre de nos kcrivains, Saint-Simon, a ét pris à l'italien clesinvolto, lequel l'avait emprunt; a

l'esljagiiol. Mêm trajet pour le substantif correspondant, d à © s i ~ ~ v o l t ~ ~ ~ ~ e venu en

1794

de l'italien d e s i ~ ~ o o l t u ~ empruntà à l'espagnol clesenvol-

t1~1.a. Rousseau et Stendhal ont l'un et l'autre utilisà la forme italienne, ce qui inciterait à penser que la désinvoltur n'étai pas ressentie comme

(11)

un trait culturel français Et aussi que le prestige de l'italien étai supé rieur à celui de l'esl>agnol.

Ce phénomè de dépréciati sénlantiqu évoqu à propos de com- pliment et de d&sinvolte s'est produit avec trois mots espagnols en relation avec la parole. On a pris le verbe espagnol hablar, qui signifie tout simplement K parler È pour produire lz6bleur, qui signifie à vantard à (en

1555).

.

. Le m6me liablar serait égalemen

à l'origine de notre bla- bla.

..

Nous n'avons pas manquà d'einprnnterfa~!/arron, le à bavard à espagnol (lui-mêm issu de l'arabe fur/&, d'origine onomatopéique pour en faire fanfaron, à celui qui se vante de sa bravoure, réell ou supposé à (en

l b 0 9 ) . Belle carrièr pour les clérivés,fanfaronna et fanfaronner

...

L'emprunt de ces mots trahit les projections des Françai sur leurs voisins espagnols, avec lesquels ils se sont trouvé dans des relations de fascination (au XVII, siècl l'emprise littérair et politique de l'Espagne sur les milieux françai est forte) ; en retour, cette fascination n'a pas manquà de susciter un certain mépris qui s'est nlanifestà par cette dériv s4mantique traduisant un fait observà : les Espagnols à ont de coutume

cl'agranclir les petites choses avec des paroles si avantageuses )).

Dans le mêm registre, nous avons retenu le Matamoros, le à tueur de

Maures È un personnage de comédie un faux brave qui vante ses pr4-

tendus exploits contre les Maures. Corneille, Scarron, Rotrou, Cyrano et Tristan l'ont rendu célèbr Matamore a quittÃ

la

scèn pour représenter à la ville, le type du vantard, du faux brave.

Cette propension au verbe liant peul conduire à l'algarade. C'est 17espa- enol algarada, à incursion d'une bande armé à et à brouhaha È lui- mêm issu de l'arabe al-gl~tira, à attaque à main armé È que nous empruntons en 1502. Nous l'édulcoron sans manière : en français alga- rocle, aprè avoir clésign une joute, un combat simulé ne désign plus bientô qu'une querelle verbale, une sortie inattendue. Avoir une algarade avec quelqu'un n'a plus rien de tragique : beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Edulcorer est aussi une manièr de trahir.

UN CAS PARTICULIER : LES RAPPORTS AVEC LE MOYEN-ORIENT ET L E MAGHREB

Du Moyen Âg an XX' s i k h , le francais a puisà dans l'arabe, dans le turc et, plus récemment clans les langues parlée au Maghreb des mots qui attestent la place qu'occupent dans notre imaginaire ces cultures

-

orientales ou moyen-orientales avec lesquelles nous nous sommes trouvé

(12)

en contact. La diversità des relations nourries avec les unes et les autres,

-

les circonstances clans lesquelles les mots ont ét importé en françai

influent sur leur destin futur. Ces mots-là révèle une certaine fascination et entretiennent l'image d'un Orient de pacotille. Ou alors ils trahissent des projections plus ou moins nourries de xénophobi sur le monde arabo-musulman.

D~;tourmrnent.~

de

titres.

Du

XI' au XVII' siècle au rythme des contacts entre l'Orient et l'Occiclent, le françai enregistre cles titres arabes ou turcs., désignan des souverains, des chefs religieux ou militaires

... Que les voyageurs, puis les ambassa-

deurs nous rapportent, au bénéfi de la connaissance, ces titres en usage chez les Orientaux, voilà qui peut sembler normal. Que certains aient ét détournà a n profit de sujets français voilà qui est plus surprenant : sans doute peut-on mettre cela au compte d'une certaine fascination. Que, n&anmoins. cles connotations péjorative n'aient pas manqu6 d'apparaîtr peut sembler paradoxal.

Certains mots sont des souvenirs de guerre ou cl'occupation

...

Un amiral surgit en

1080

dans L a C/ianson de Roland : c'est le génér en chef des

Sarrasins que l'on nomme ainsi. Il faudra laisser passer deux siècle et se déplace à la cour cles Normands de Sicile pour voir cet amiral requis par les Occidentaux comme un trophé de guerre et bombardà à chef de la

flotte È ce qu'il restera en francais et clans plusieurs autres langues.

En

arabe, ce mot, composà de a n ~ à ¯ r à chef È et de

a!

'alï à trè grand È ne pouvait que désigne un personnage important. Les Occidentaux, ayant repris l'avantage, se sont attribuà un titre prélev chez les anciens vain- queurs.

C'est clans le réci de voyage d'un ambassadeur de France à Constan- tinople qu'apparaît au XVI' siècle le premier spahi. Ce cavalier est turc et il est an service du sultan ; le mot, lui, est persan et signifie à soldat D.

Bien. Le françai oublie ce lointain

spahi

jusqu'au XIX' siècl O;I il baptise ainsi - par simple coquetterie, serais-je tenté de dire

-

u n soldat des corps de cavalerie maghrébin créà par l'armé français en Afrique du Nord.

A

la mêm périod arrive zouave, de l'arabe z z ~ x à ® ~ i ~ a nom d'une tribu k a b ~ l e , réquisitionn par les militaires françai lors de la colonisation de l'Algéri pour désigne un soldat algérie d'un corps d'infanterie indigène

.

Instru~nentalisation cl'un nom ethnique, sous le simple prétext (proba- blement inconscient) que ce nom apporte une touche de couleur locale.

(13)

Et l'histoire ne s'arrêt pas là Faire le zouave, autrement dit à faire le

guignol È apparaî en

1888.

A

cause de l'uniforme rouge de ces soldats ?

-

Parce que ceux-là étaien aussi musiciens ? Ces hypothèse expliquent le glissement de sens, mais ne justifient aucunement la connotation péjora tive désormai attaché à ce mot.

Deux titres ont ét parfaitement intégrà à notre argot. Il s'agit depacha et de c d . Mon premier est turc et pénèt en françai à l'occasion (Tune bataille, celle de

P

et les Français

0

gréable Mais, au peur à personne ? man et lui fait joi puissant vivant d. vie de pacha., dit retrouve notre pal

le commanclant cl' 1111 i l c i v i l c i-ic gncu c..

.

i YULLà c i v u u s L ~ G L U L L ~ G ~ 1 ILIUM ÈCLUM

en 1310. Dans les pays musulmans, le caïc cumule alors trois fonctions :

il est juge, administrateur et chef de la police. Au XX* siècle le fran- p i s populaire se l'approprie et en fait

... u n

à chef de bande È u n à dur

de dur È Dans les cleux cas, la désactivatio de la référen culturelle s'accompagne d'une coloration péjorative

Toubib, mécleci militaire apparu clans l'armé coloniale d'Algérie est passà dans le civil, et clans l'argot, avec une couleur légèreme péjorative En arabe c17Algérie ce n'est pas le cas : le mot désign un médeci habile ou un savant, et les autochtones appelaient toubib ou toubab non seule- ment le mécleci blanc, mais tout homme européen Toubab ou bubtou (verlan oblige) a resurgi dans l'argot des banlieues, pour désigne iro- niquement u n Françai de souche. Réappropriatio identitaire par les enfants issus de l'immigration maghrébine

Jikopol (1396), oh les Turcs l'emportent sur les Hongrois ln oublie alors ce terme culturel lià à un souvenir clésa

XIX' siècl (quand la puissance ottomane ne fait plus ), le françai populaire réquisitionn ce à génér à otto-

Lier un nouveau rôl : un p a c h a devient un personnage ans le luxe, entourà de nombreux serviteurs (mener une -on à partir cle 1846). Un peu plus tard, en

1865,

on &a dans la marine, o<i il désigne de manièr argotique,

..ããÃ

:--

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NT-..,. -1;

,.-,-.,,-.

^--- Ã £ Ã £ Ã _!

Poursuivons avec cl'autres titres arabes ou turcs. Certains sont resté des emprunts livresques. Cheik, connu en françai en 1309, signifie à vieillard È Le cheik est cl'aborcl un homme de grand âg respectà pour son savoir, avant de devenir un chef de tribu..

.

Emir (qui signifie à prince )> en arabe, connu dè le XIII' siècle

...

Bey (signifie à gouverneur à en turc, connu en françai au XVi' siècle) Le françai adopte ceux-là sans modifier ni leur sens ni leur destination initiale : ils restent appliqué à des Orien-

taux et figurent dans les dictionnaires comme termes culturels. Ce qui est aussi le cas des titres religieux comme mufti (mot arabe introduit en 1546, il désign un jurisconsulte musulman qui donne des avis sur les questions juricliques et religieuses), imam, (introduit en

1559

de l'arabe, littérale ment à celui qui se tient devant à ; ministre de la religion musulmane,

(14)

l'imam présid à la prièr clans une mosquée et muezzin (mot turc repris & l'arabe, introduit en '16.58, désignan un fonctionnaire musulman chargà cl'appeler à la prière cinq fois par jour, du haut clu minaret d'une mosquée)

Marabout a subi un autre sort. Ce terme a ét introduit en 1560 par 1'intermécliair du portugais inaraboto, lui-mêm issu de l'arabe m~irûbi qui a cl'aborcl désign un ermite vivant clans un couvent fortifià aux frontière de l'empire et chargà de défendr celui-là contre les infidèles C'est a~~jourcl'hui un homme pieux qui maîtris la lettre, l'écriture clans tous ses aspects, ce qui l'autorise à interpréte le Coran et à pratiquer la divination. Le français ignorant la complexità de la réalità a fait du marabout un sorcier ; d'o?i le dériv marabouter. Ici, on observe une réductio sémantiqu accompagné de projections ethnocentristes.

Le cas cl'a.~*atollah est intéressant Ayatollah s'est récemmen répanrh en françai clans un contexte politique particulier, au moment O?I l'aya- tollah Klionlevni, dignitaire chiite de retour en Iran, a déclench la révo lution qui a mis fin au règn du shah. Il a fallu trè peu de temps pour q ~ ~ a y a t o l l c ~ l ~ soit captà par le françai familier, qui désign ainsi figuré ment les intégriste de tout poil.

D'autres titres orientaux encore, détournà de leurs destinataires ini- tiaux. ont ét appliqué à des Occidentaux, moyennant quelques ajuste- 111ents. Ces titres ont ét choisis en raison de leur fort pouvoir évocateu :

clans Finiaginaire français ils faisaient référen au pouvoir absolu des souverains arabes ou turcs, ou alors ils faisaient allusion aux mœur orientales.

Ccilfe, littéralemen à successeur à (de Mahomet) en arabe, est le nom

d'un souverain musulman réunissan les pouvoirs temporel et spirituel, et nous est connu depuis le XIII' siècle On a désign ainsi de manièr péjorative en France., une personne exerçan un certain pouvoir

...

Par sul- tan, à souverain à en arabe, importà en 1540, on entendait, au XVIIP siècl

et au débu clu XIX,, soit un homme clespotique, soit u n homme qui entre- tient plusieurs maîtresse à la fois

...

Fizir, littéralemen à portier à en

arabe, est le nom d'un ministre dans l'Empire ottoman, importà en 1433. Saint-Simon désign ainsi u n homme en place agissant de manièr despotique.

Autre personnage important, apparu cle bonne heure

-

au moment des croisades

-, le truchement.

A

la fin du XII' siècle le voici sous la forme c/~-i~ge~~ient., fraîchemen issu de l'arabe turdjuman à interprèt à ˆ E t tru-

che~tzent a longtemps désign un interprèt clans un pays du Levant. Chassà par interprète il est tombà dans les oubliettes de notre langue. Enfin.; pas tout à fait : il est toujours présent au XXI' siècle avec le sens

(15)

Marie lreps

cl7(< entremise, intermédiair È dans l'expression p a r le truchement de

qiielqii 'un ou de quelque chose. Filiation sémantiqu exemplaire : pas de =

glissement, pas de dommages

...

L'adoption et le détournemen de titres orientaux sont le reflet d'une véritabl fascination pour l'Orient, qui se manifeste notamment à l'occa- sion de la venue à Paris, en 1669, de Soliman Aga, ambassadeur du à Grand Turc à Mehmed IV auprè de Louis

XIV.

Phénomè lià à des

modes et conduisant à des ridicules. Ils n'ont pas échapp à Molière qui, clans

Le

Bourgeois gentilhomme, imagine une extravagante mascarade turque O ~ I le l~ourgeois se verra décerne le titre imaginaire cle à grand

mamamouchi Ã

.

On observe une résurgence au X X ~ siècle de cette pratique consistant à détourne des titres. C'est au monde éthiopie que l'on emprunte c,ette fois. Rasta7 arrivà de la Jamaïqu en 1979, est le raccourci de rastafari, lui-mêm tirà du nom de ras

Tafari

Makkonen, devenu empereur c1'Étliio pie sous le nom c17Hailà Sélassi et considér comme le Messie noir. E n arabe, r a w à têt à puis à chef È est un titre élevà Rasta, aprè avoir désign un membre d'une secte messianique, désiun aujourd'hui.; à la

^.

Jamaïqu notamment, un adepte du retour culturel a l'Afrique. De nom- breux musiciens de reggae sont devenus rastas, si bien que le mot évoqu aussi désormai cette musique et la coiffure en multiples petites nattes de ces musiciens.

Les mots issus des langues parlée au Maghreb ont ét rapportés dans la seconde moitià du XIY siècl et au XX", par les soldats de la colonisation. Les arrivages les plus récent sont lié à des mouvements de population, notamment celle des immigré algérien et marocains installé en France aprè la décolonisation

Ce sont, dans un premier temps, les soldats françai qui ont appris quelques mots au contact des populations indigènes surtout des soldats, zouaves ou spahis, recruté parmi les Maghrébins Ces mots recueillis non par des savants s'ouvrant à la science orientale, non par des négociant curieux des us et coutumes du Levant, non par des ambassadeurs que le raffinement des cours persanes ou arabes fascine, non par des voyageurs

(16)

bon nombre de ces mots importé cl7Afrique du Nord dans cles circons- tances particulières celles de la colonisation de 17Algérie ont servi de pivots à des expressions française qui appartiennent clésormai au fran- çai familier, voire à l'argot, et sont utilisée par dérisio vis-à -vi de soi-mêm ou, ce qui est bien plus fréquent vis-à -vi de l'étranger par essence autre.

Le cas de sicli est, à cet égard instructif. Sicli est d'abord un terme de relation.

Il

apparaî dans les textes des voyageurs, notamment dans le l o y q e en Orient de Gérar de Nerval, qui paraî en

1851,

O?I on le trouve avec la valeur noble du mot arabe sidi, qui signifie à mon seigneur È équivalen du franqais monsieur. Comme souvent, les écrivains bon phi- lologues, se montrent respectueux envers les mots étrangers Mais, au XX, siècle il se un véritabl retournement sicii est empruntà à l'arabe cl'Algéri par les soldats et les colons françai pour désigne un simple soldat ou un manœuvr maghrébins Cette évolutio vers le p4jo- ratif qui touche les appellatifs désignan des personnes étrangèr n'est pas exceptionnelle (elle s'est aussi produite, par exemple, avec l'allcinancl H~17-'), mais elle s'est poursuivie ici jusqu'à faire de sidi un terme mépri sant ?i connotation raciste. Sicii a fini par êtr concurrencà par le tout

aussi déplaisan bongnon/, empruntà en 1890 à une langue du Sénég (ouolof)

06

boit-gnoid signifie à noir 3 . Ce mot a ét colportà par l'argot de la marine et de l'infanterie coloniale, qui en a fait un terme de mépri raciste.

Bicot, injure raciste éminemmen méprisant imaginé pendant la guerre d'Algérie est l'altération peut-Gtre sous l'influence de bique-, de arbico, fabriquà à partir de l'arabe arbi, cpi signifie à arabe >>.

Quand

il

s'agit

de réalità matérielles

Ramenà c17Algéri en

1848,

barda'a désigne en arabe, un bâ rem- bourr6 placà sur le clos des mules ou des ânes Les soldats franqais lui ont donnà un autre sens : dans l'argot militaire, barda désign l'équipe ment que doit transporter le soldat sur son clos ! Une fois n'est pas cou- tume, nous assistons ici à un phénomè autodér dérisi

... L a tente qui

fait partie du barda va devenir la guitoune. L'arabe maghrébi gitun,

à tente È introduit clans l'argot des troupes d'Algéri vers 1860-1870., est

issu, par l'arabe classique, du grec koitôn à chambre È

Dans leur paquetage, cles pioupious un tantinet dyslexiques rapportent

.

clebs, en 1863 : en arabe maghrébin à chien à se dit kelbs. Assez fier de

(17)

Deux autres mots implanté aprè la conquêt de l'Algérie mais déj connus du françai au milieu du XVIW siècle ont subi ce glissement vers la dérision Qusbah, littéralemen à forteresse È désign en arabe nlaghré

bin le palais, la citadelle du souverain ou les parties hautes, fortifiées cl'une ville d'Afrique du Nord. Introduit en françai en

1735

au titre cl mots indispensables à la description de la ville arabe,

casbah

est pli la in

12

Ill tarcl détourn par le langage populaire, qui sans sourciller fait du pa une à baraque È. en 1879. C'est avec ce sens dévoy que le mot s'iinplz

réellemen en France..

.

Gurbir

apparaî en 1743, clans un réci de v o ~ ; En arabe d'Algérie

gurbi

désign une maison de terre ; un siècl 1

tarcl, clans l'argot des soldats, un

gourbi

est un abri de tranchées.

1

une habitation misérabl et sale. Ce dernier sens est le seul que n ayons conservé

fi 7 1 1 1 .

Liontrairement a ce qui se passe avec les mots issus ae la co~omsatic espagnole ou portugaise, les mots d'origine maghrébin désignan cl objets, des habitations

...

peuvent êtr dévoyé Intégrà par l'argot frai $ais, ils prennent de ce fait une couleur familière voire, dans le pire des cas, une connotation péjorative Citons tout de mêm un contre-exemple. celui de ~r~échoui Arrivà récemment

méchou

a gardà sa saveur m a & + i - bine : introduit en 1912, le

machu'i,

à rôt grillÃ

-

È s'est répand clans toute l'Europe occidentale, oà il désign aussi une réunio oà l'on niange un mouton rôt à la broche.

Et les termes culturels ?

L a familiarità va aussi s'emparer de termes culturels, ceux que les soldats ont prélevé ceux qu'avant eux les voyageurs ou les écrivain avaient relevés

A

partir de ces mots-là dans le contexte de la colonisation du Maghreb, le françai s'est ingéni à bricoler des expressions qui appar- tiennent désormai au registre familier.

nants ...

Des expressions qui stigmatisent certains comportements cl61 '

Mahbû

est l'un de ces mots rapporté par les soldats d'Algérie Dans ce pays, il signifie à idiot È

Maboul

vient, en 1830, grossir notre argot,

avide de termes désignan la folie et les fous, ce qui n'est pas surprenant. Dans notre culture, en effet, là O<I il

y

a un tabou - la mort, le sexe, la folie -, l'argot s'évertu à sécrét une foule de termes, utiles pour parler cette réalit de manièr allusive, sans la nommer vraiment. à II est com-

plètemen maboul ! ))

Apparu tardivement (vers 1950), et franchement péjoratif

béni-oui

oui

est un hybride bricolà avec l'arabe maghrébi beni, qui signifie à fils

(18)

de È auquel on a ajoutà le françai oui, redoublà pour plus d'expressivité

.

Ce mot a cl'al~ord ét employà dans un contexte politique, à propos des Algérien tenants de l'Algéri française Aujourd'hui, il est appliquà à qui approuve sans restriction les initiatives de l'autorità établi : à C'est un

béni-oui-ou ! Ã

C'est mesquin. à Par l'italien, ou peut-êtr par l'espagnol, l'arabe i~?isIïirz à pauvre, orphelin È est arrivà en ancien français o ? ~ meschin

désignai un serviteur. C'étai au XII' siècle Ensuite, ce mot-là et son fémini ~neschine se sont perdus. Mais voici qu'en 1604 le mêm mot reparaît sous la forme inesquin(e)., pour qualifier ce qui est trop petit :

une chose qui manque de grandeur ou une personne qui manque de générosit Ce sens-là a toujours cours. Mais voilà qu'est apparu récem ment, dans les milieux beurs, un nouveau sens, plus radical : toujours

appliquà aux choses ou aux personnes, rnesquin(e) signifie désormai minable, nul(1e) È On note enfin l'apparition d'un emploi substantif :

u n mesquin, c'est un pauvre type. Filiation sémantiqu sans accident notoire. Ce qui l'est : la reprise en main par les descendants des immigré arriv6s en France aprè l'inclépenclanc de l'Algérie

Des expressions qui se réfèren de faço plus ou moins fidèle aux usages orientaux..

.

On retrouve ici les mots transporté dans le paquetage cles soldats. Ainsi, mentionnà en 1725, l'arabe g/z6zzi~a, à incursion militaire È est adoptà vers 1840, sous la forme razzia? clans le cadre historique de la conqu6te cle l'Algéri : on désign alors une attaque lancé par des noma- des pour enlever du bétail des récoltes Dans le m6me temps, razzia passe clans la langue familièr et prend le sens de à rafle È Aujourd'hui, razzia

est toirjours là encore familier. Sorti du contexte guerrier, il ne concerne plus les personnes, seulenient les choses, en particulier celles qui se man- gent : à faire une razzia sur le buffet È Eclulcorer les mots qui se réfère à des actes violents est aussi une manièr cle les dévoyer

Depuis 1898, clans le françai familier, on dit faire la nouba, ce qui signifie - à faire

la

fgte à ˆ L'expression lions est venue par l'armé coloniale cl'Algérie ce qui semble surprenant. Ce qui l'est encore davantage est que

nouba

vient de l'arabe parlà au Maghreb et signifie à tour de rôl È ou encore à corps de soldats faisant à tour de rôl son service È OG est la relation avec la fêt ? Il est des services plus festifs que cl'autres, notam- ment celui qui consiste à jouer de la musique devant la maison d'un dignitaire : nouba désignai aussi cette prestation et, par métonymie une

fanfare, un orchestre. Nous y sommes.

On l'aura compris, les emprunts à l'arabe maghrébi s'accompagnent bien souvent d'un glissement de sens. Ramdam n'est autre que le mot

(19)

ramadan, importà d'Algéri en

1890,

avec sa prononciation dialectale. Or rarnadan est le nom du neuvièm mois du calendrier musulman, pendant lequel les croyants doivent s'astreindre au jefine entre le lever et le coucher du soleil, ce qui implique une vie nocturne bruyante. De

(20)

orientalisants comme Théophil Gautier respecteront le sens initial du mot : pour ceux-là . le bakchich désign un pourboire et reste une pratique orientale. Mais, au

x x

siècle on s'imagine que bakchich désign u n pot- de-vin et on en fait une pratique peu honorable : à donner un bakchich )).

En 1912, on bricole avoir la baraka, pour dire de manièr familièr qu'on a beaucoup de chance. L'arabe baraka^ qui pourrait êtr traduit par à bénédicti È à faveur du ciel È nous l'avons banalisé

Les

interjections sont accueillies avec un certain respect.

Avec les mots vides et les interjections, on s'amuse. Ces mots-là sont utilisé en franqais de manièr ludique.

En arabe cl7Alg6rie, h~zû veut dire à beaucoup à ˆ Les Françai en font béz<f en 1861, et l'emploient toujours à la forme négativ : à Ç fait pas

béze ! ))

En arabe 1naghr4bin,

thuya

s i p i f i e à un peu Ã

. Chiiya a ét

introduit

en 1866 pour fabriquer chouia-chouici, à doucement à ˆ L'expression s'est mais elle est assez jolie pour êtr récupér

-

avis aux amateurs. Et puis on a imaginà un chorna, manièr familièr de dire à un peu )) :

un chouia trop cher à ˆ On entend aussi parfois un petit clzouia, ce qui constitue u n joli pléonasme

Au Maghreb, irzacaclte ! est une interjection signifiant à il n'y a pas )>.

Passà clans l'argot des soldats en 1861, macache ! a

ét

maintenu comme expression marquant le refus, tout en prenant une couleur argotique. Quelquefois renforcà de &zef ou, par le biais du sabir, agrément d'un mot italien, bono, macache a géné deux locutions plaisantes : Macaclie b&ef!, à Pas du tout ! Pas question ! È et Macache bon0 !, à Pas bon du

tout ! ))

En arabe, oualou signifie à rien à ˆ Récemmen implanté il s'est répand à partir des banlieues et constitue une autre manièr de traduire le refus.

K"f-&f^

mot maghrébin litt6ralement à comme-comme È est arrivà par l'argot de l'armé français d'Algérie Voici donc, en 1867, l'expression

C'est kif-kif!, à C'est pareil È puis, en 1883, la locution kifkifbourricot,

adaptation de la comparaison propre à la rhétoriqu arabe : à pareil Ã

l'ân à - celle-là a vieilli.

Labè !, à Ç va ! È s'est largement propagà hors de la communautÃ

maghrébin dont il est issu

...

Clzo~f!, à Regarde ! È cl'origine beur et banlieusarde, a l'air de suivre le mêm chemin

...

Récemmen rejoint par

M - u w s h ! : Ã Quoi, quoi ! Qu'est-ce qui se passe ? ))

(21)
(22)

Le destin clans la langue français des termes culturels emprunté nous renseigne sur l'attitude de nos compatriotes vis-à -vi de l'emprunt à des cultures non européenne avec lesquelles nous, Français avons eu de réel contacts. Cette attitude s'est révél particulièremen frileuse au cours de l'épopà coloniale française On l'a vu, tout un vocabulaire

-

moins fran- çai qi~~europée

-

sorti de la découvert du inonde, des voyages et de la colonisation a ét introduit en Europe par l'intermédiair de grandes puissances coloniales, l'Espagne et le Portugal (et aussi l'Angleterre, dont nous n'avons pas parlà ici). Mais, si les Françai se sont montré fort friands de ces mots venus de loin et se sont empressé de les accepter, paradoxa- lement, ils ne sont pas allé les chercher eux-mêmes bien qu'ils en aient eu de multiples occasions.

Car enfin, quand il s'agit de mots exotiques., n'est-il pas étonnan de constater l'extrêm pauvretà de la contribution de la France conquérant

ou coloniale à l^enrichissement du françai ? Jadis, du Moyen-Orient. les croisé sont revenus les mains vicies, 011 presque : une poigné de mots, p a r ~ n i lesquels tasse onjarre. Au XIX, siècle. en Afrique du Nord, les sol- dats ont enrichi leur argot en prklevant des termes maghrébins et en les dévoyan le plus souvent. Ce vocabulaire n'a jamais dépass les frontière de la langue populaire. Des Antilles, du Canada., de 171ncle, de l7Inc1oc1~ine, de l'Afrique noire, qu'avons-nous rapportà ? Quasiment rien. L a plupart des termes qui nous viennent de ces pays nous ont ét transmis par les Espagnols, les Portugais ou les Anglais. Sans doute cela tient-il à des raisons historiques. à La colonisation français a ét administrative et

militaire, privé de ces bases commerciales qui sont le véhicul des objets et cles mots È suggèr Pierre Cuirancl". Certainement. Deux mots mal-

- -

gaches, raphia et rabane, introduits en françai respectivement en 1781 et

1877,

avec l'importation d'objets faits avec ces fibres, font figure cl'exception. Je ne suis pas certaine c p o n puisse y ajouter madras., trè vivant en françai cles Antilles : le foulard de madras est la coiffure tra- ditionnelle des Antillaises. Madras., qui apparaî pour la premièr fois en françai en

1797,

est le nom d'une ville de l'Inde oà cette Gtoffe &tait fabriquée N'aurait-il pas ét transmis par les Anglais qui s76taient implanté dans cette régio

-

?

Le rayonnement de la langue et de la culture française à la grande

.

époqu de la colonisation a pu, aussi, constituer u n obstacle à l'intégratio

(23)

iviarze 1 reps

mes culturels s'accompagne souvent territoires colonisé en mêm temps que les structures administratives et les écoles au cœu desquelles les langues et les parlers locaux n'étaien pas admis.

Enfin, là comme dans tous les contextes de conquêt ou de colonisation, a l'assimilation sémantiqu des te1

d'une dépréciatio

Dévoye des termes culturels e: d'imposer sa propre culture et ses 1 crue cette ~ r a t i m i e repose sur ur

3t une manièr d'asseoir son pouvoir, propres valeurs. Il serait naï de penser le simple méconnaissanc des usages

la culture de l'autre.

Marie

TREPS

treps@ivry.cnrs.fr

34 - Laboratoire d'anthropologie urbaine, Ivry

NOTES

1. Pour la qiiestion clc-s emprunts du francais aux autres langues, voir Marie Treps, Les Mots voyageurs. Petite liistoire {lu franpis venu cl'r~illeum. Paris, Seuil, 2004.

2. Voir phis loin le n i h e ph611omèn avec ln'i61enr et 6la-/)ln.

3. No//. a le in6nir sens que ncgrc, niais il ne porte pas la trace de l'esclavage.

t. .Iraii-FiTcléric Schanb, La France espagnole. Les racines hispaniques de l'absolutisme fran- ; a i s , Paris, Seuil, 2003.

5. H&e, attestà cles le XVI" siGcle chez Rabelais, ne s'est maintenu que dans la locution u n

pauilre h;w, < un homme misérabl È p l u t h cl4suGtr cle nos jours. Empruntà à l'allemancl Herr,

qui signifie à Seigneur È à monsieur È et devrait par conséquen imposer le respect, ce terme a

ét utilisà par clGrision dè son introduction en français

6 . Les Mots étrangers Paris, PUF, coll. u Que sais-je ? È 1965, n" 1166.

L'assin~ilation de ternies culturels étranger ne se fait pas toujours sans dommages, surtout cpiancI ceux-li sont recueillis dans des contextes non pacifiques. Leur appropriation par la langue franqaise s'accon~pagne (le processus de dépr6ciation Pour les mettre au jour, ou compare le destin clos enq)ruuts selon qu'ils dkignent des réalità culturelles ou des rbalit4s concrGtes ; on compare égalemen différente situations de conqucte, en s'attachant plus particulièremen aux mots niaglirébin issus de la colonisation de l'Afrique du Norcl.

(24)

-\ssiiriilntins;foreign cultunil terms does not cilu'ii,ys 11(1ppen without damage. vspe(it~lly u'iien t/1~1. are rollertrd in a conf"irtiia1 context. As //1(<1. are uppropriated into the French laiigiinge, thqv lire depreciated. To upilnte theni, thr destiny o f ecic/i borrowecl word is conz~~arrcl for iv/ir//ier

it (le.s/gii(ik.s d i i r a 1 or conrrrte rea1itie.f. D/&rnt situations of conquest are aLso cornpared: i~~ord.sf'roin thr Af(tgI~re6. resulting/'Â¥o the colonisation ofNorth A,frica arefolloiuedparticularly c l o s l ~ l ~

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