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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Lectures de sciences, regards croisés entre sciences et littérature

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Academic year: 2021

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LECTURES DE SCIENCES, REGARDS CROISÉS ENTRE

SCIENCES ET LITTÉRATURE

Sylvie REGHEZZA

Service communication, Université Joseph Fourier

MOTS-CLÉS : LECTURE-SPECTACLE – INTERVENTION SCIENTIFIQUE – CROISEMENTS ENTRE SCIENCES ET LITTÉRATURE

RÉSUMÉ : Cet article est un témoignage sur une expérience de croisement entre sciences et littérature à travers cette opération des « Lectures de sciences ». Ces lectures proposent une autre façon d’aborder les sciences en offrant eu public une mise en perspective avec la littérature.

ABSTRACT : This paper is a tribute to a crossover experience between science and literature through this “Reading of science” action. These readings propose an other way to talk about science and to offer to the public an concomitant view from the literature.

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INTRODUCTION

Cet article est le témoignage sur une opération que je mène depuis 5 ans, comme chargée de culture scientifique au sein du service communication de l’université Joseph Fourier – Grenoble 1 : les « Lectures de sciences », Cette animation culturelle propose d'aborder les sciences différemment en offrant au public un regard croisé avec la littérature. Elle pose la question suivante : Comment mettre en lumière les correspondances et les croisements entre les interrogations des scientifiques, et celles des écrivains et des philosophes ?

Le contexte a son importance dans ce dispositif, nous le rappelons ci-dessous.

Ces « Lectures de sciences » sont « nées » de la conjonction de dates entre « Lire en Fête » et la Fête de la science 2004. Signalons que cette dernière opération est une manifestation particulièrement importante sur le site grenoblois qui existe depuis de nombreuses années (2009 verra sa 18e édition). Elle réunit de nombreux partenaires universitaires, ou issus des différentes structures de recherches du site.

Dès lors, il nous a semblé intéressant, avec une collègue de l’INP Grenoble (Colette Lartigue) comme moi en charge de la coordination de la Fête de la Science, de proposer au public une manière différente d’aborder les sciences, à travers la lecture de textes littéraires et scientifiques qui parlaient de science.

1. LES LECTURES DE SCIENCES : PRINCIPES ET OBJECTIFS

Beaucoup d’auteurs ont mis en lumière une interrogation par rapport à un phénomène scientifique ou des avancées de la recherche ou de la technologie. Leurs textes, par l’émotion qu’ils suscitent, la poésie, ou encore l’humour, permettrait de désacraliser la science et d’aborder un public plus large. L’idée de mettre en place des lectures de sciences est née de ce constat.

Sur un thème qui diffère chaque année, ces lectures donnent à entendre un choix de textes courts – poétiques, divertissants, historiques, scientifiques, humoristiques – issus de la littérature classique ou contemporaine. Ils sont lus à voix haute par des comédiens professionnels afin de privilégier le spectacle vivant, interactif et direct. La lecture est suivie de l’intervention de scientifiques, dont le domaine de recherche est en lien avec la thématique choisie. L’objectif de leur intervention n’est pas pédagogique, mais en résonance avec les textes lus : pour rencontrer le public, « chatouiller » son imaginaire sur les dernières avancées de la recherche et de la technologie, susciter ses réactions, ses questions sur des points de société en lien avec l’actualité. Notre souhait est que ces lectures de

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sciences soient des moments de divertissement, et de rencontres : l’objectif n’est pas pédagogique, mais une invitation à susciter les imaginaires, l’étonnement, la réflexion.

2. LES CHOIX ARTISTIQUES

Un certain nombre de choix artistiques dans la mise en place, nous ont semblé importants pour poursuivre cet objectif.

2.1 Les comédiens – lecteurs

Nous avons toujours fait le choix de travailler avec des comédiens professionnels et ce point est important. La qualité de la lecture et de sa mise en espace donne tout le retentissement nécessaire des textes auprès du public. Pour les deux premières éditions (en 2004 et 2005), nous avons travaillé avec deux comédiens d'une compagnie grenobloise, le « Théâtre de la Transparence ». Depuis 2006, nous avons changé de partenaires. Notre collaboration s'est faite avec une association spécialisée dans la lecture, organisatrice d'un festival de lectures au moment de Lire en Fête « Lieux-Dits », la particularité de ce festival étant de donner des lectures de textes contemporains dans des lieux inattendus de la région grenobloise. L'équipe de comédiens est toujours professionnelle.

2.2 Le corpus de textes

Le choix des textes est un autre point clé de ces lectures.

Lors de la première édition, la responsable de la compagnie, Clotilde Aubrier, d'une grande culture littéraire, a été initiatrice de ce choix.

À partir de la deuxième édition, nous avons aussi choisi de monter l'opération en collaboration avec l'université littéraire du site, l'université Stendhal. Le choix a été fait par un comité de sélection réunissant tous les acteurs de cette manifestation en fonction de deux critères : la diversité dans la forme, la diversité dans le contenu.

– La forme : les textes doivent être courts, ou dans leur intégralité (des nouvelles) pour montrer dans la durée des lectures (45 minutes à une heure) toute la diversité des auteurs importants ayant écrit sur le thème choisi. La « nécessité » de proposer au moins une nouvelle parmi cette diversité est apparue au fil des éditions : la lecture d'un texte dans son intégralité permet tout un jeu de mise en scène entre les comédiens et retient plus souvent l'attention du public.

– Le contenu : les textes, le plus souvent issus de la littérature peuvent être humoristiques, poétiques, philosophiques…

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La qualité des textes est bien entendu un point important parmi les objectifs des lectures, moments pour découvrir ou faire redécouvrir au public des textes et des auteurs. Enfin, il nous a semblé important de montrer que les interrogations des écrivains ou des philosophes devant un phénomène scientifique existaient depuis toujours. De fait les textes sont lus en respectant une certaine chronologie, du plus ancien au plus contemporain.

2.3 La thématique

La première édition n’avait pas de thème particulier.

À partir de la deuxième, nous avons fait le choix d’un thème, en lien avec les questionnements de l’actualité scientifique, ou de domaines de recherches plus particulièrement représentés sur le site grenoblois ou à l’université Joseph Fourier. De manière plus marginale, la mise en avant du thème choisi est une autre forme de valorisation de la recherche qui est faite dans les laboratoires de l’université.

Pour exemple, nous avons traité du thème de « L’infiniment grand, l’infiniment petit » en lien avec le laboratoire de physique subatomique et de cosmologie (LPSC), des « Enquêtes et conquêtes polaires » avec l’aide du laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement (LGGE) à l’occasion de l’Année Polaire Internationale, et enfin de la thématique « Saveurs mortelles » en rapport avec la chimie des empoisonnements pour laquelle nous avons sollicité l’intervention de Pierre Aldebert chercheur en chimie au CNRS.

3. L’INTERVENTION DU SCIENTIFIQUE

Dans la suite logique du choix du thème, il nous a semblé important de faire suivre la lecture par l’intervention d’un scientifique, dont le domaine de recherche est en lien avec le thème.

Il va à la rencontre du public : après une brève présentation de son « Curriculum Vitae », il prend appui sur les textes pour proposer une mise en perspective avec son domaine de recherche, puis il répond aux questions du public.

Nous souhaitions que cette intervention joue à plusieurs niveaux :

– Qu’elle apporte une expertise scientifique : même si l’intervention du scientifique ne prend pas la forme d’une conférence, elle est en résonance avec les textes pour valider ou invalider des questions que peut se poser le public. Pour donner un exemple, à l’issue de la lecture « Enquêtes et conquêtes polaires », le chercheur qui était présent ce jour-là lors de la lecture publique, le glaciologue Emmanuel Le Meur, a longuement parlé et répondu aux questions sur ses recherches en Antartique, et sur le dérèglement climatique.

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– Qu'elle change l’image du scientifique : faire intervenir un scientifique à la suite d’un moment divertissant, ou poétique est une forme de désacralisation de son image « dans sa bulle », ou « dans son laboratoire ». Il est là pour rencontrer le public, il devient accessible.

4. LE PUBLIC

Ces lectures s’adressent au grand public, mais dès la 2e édition, il nous a semblé important de proposer les lectures de sciences à un public lycéen et ce pour plusieurs raisons.

C’est un public prioritaire pour l’université qui voit ses effectifs étudiants baisser dans certains domaines. Des actions de culture scientifique comme les « lectures de sciences » sont autant de moments de diffusion des connaissances, que de valorisation des recherches qui sont menées dans les laboratoires de l’université.

Les regards croisés qu’apportent cette opération me semblent particulièrement appropriés à ce public lycéen :

– Une approche différente, plus ludique, et plus facile des thèmes scientifiques qui sont abordés, – Un moment de rencontre avec les chercheurs, pendant lequel ils sont plus accessibles, et où ils

peuvent aborder leur métier, leur environnement de recherche, et l’état de l’art de leurs travaux. Néanmoins, l’attention et la réactivité de ce public « captif » sont nous semble-t-il conditionnés à la préparation réalisée en amont. Car, même si ces lectures sont une parenthèse dans l’agenda des lycéens, elles ont malgré tout un caractère informatif et pédagogique qui nécessite une coordination plus importante, à la fois avec les enseignants encadrants (de sciences, et de français) et avec l’intervenant scientifique. L’idéal en fait est que les enseignants aient pu aborder le sujet auparavant avec leurs élèves, en préparant avec eux des questions pour le scientifique, et sans forcément dévoiler les textes qui seront lus, pour que reste la magie de la lecture.

5 – PREMIER BILAN

À l’issue de ces cinq éditions des lectures de sciences, nous pouvons dresser un constat intéressant et positif de cette opération, mais avec un certain nombre de points à améliorer pour les perspectives à venir.

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5.1 Les points positifs

Au-delà des chiffres de fréquentation, il est difficile d’évaluer véritablement l’impact de ces lectures auprès du public, car nous n’avons pas réalisé d’enquête de satisfaction. De plus, à travers cette lecture – spectacle de sciences, on touche au sensible, à l’émotion. De même que l’intervention scientifique suscite la réflexion, et les questions au-delà de ce moment.

Toute chose difficilement quantifiable.

Cependant, et pour avoir assisté à toutes les représentations, il me semble que le bilan est largement positif du point de vue du public. Chacune, même avec une fréquentation moindre (les premières lectures ont accueilli seulement une vingtaine de spectateurs), a été riche de rencontres, de questionnements.

Auprès du public lycéen, les retours n’ont pas non plus été quantifiés par une enquête des enseignants auprès de leurs élèves. Mais c’est un moment qui, quand il réunit tous les ingrédients – comédiens en scène, intervenant scientifique passionnant, et réactivité de la part des élèves – trouve toute sa signification, comme la « lecture de science » en 2006, sur le thème de « L’Homme réparé » au lycée Marie Curie d’Echirolles.

Le sujet touchait à des préoccupations importantes pour tout un chacun (comment sera réparé notre cerveau ?) ; le montage des textes avait fait l’objet d’une « bonne » préparation en amont, et réunissait des extraits en cohérence avec le sujet, dont une nouvelle d’Edgar Poe « L’homme qui était refait » ; la mise en scène de la lecture entre les deux comédiens était réussie ; et l’intervenant scientifique était un neurologue, travaillant dans le domaine de l’épilepsie, mais ayant aussi fait des études d’ethnologie !

Son intervention passionnante (qui avait duré plus d’une heure) sur les recherches récentes en neurosciences avait suscité de nombreuses questions de la part des lycéens présents (trois classes de secondes et de premières scientifiques et littéraires). Les enseignants qui les accompagnaient, et avec qui j’organise toujours ces lectures, citent encore ce moment en référence.

5.2. Des objectifs difficiles à atteindre

Au croisement du spectacle vivant et de la science, les lectures de sciences nécessitent une construction particulière et plus difficile, qui demande un temps de préparation important, et que l’on a trop souvent négligé au fil des éditions.

Un certain nombre de points seraient à accentuer :

– Dans la médiation avec les comédiens, et le scientifique

• Pour que les textes soient en résonance avec le scientifique dans le dialogue qui suit la lecture ;

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• Pour qu’existe une véritable interaction entre les chercheurs et les comédiens. - Dans le choix des textes

• Dans la forme : les textes doivent être courts, mais avoir du sens. La forme des nouvelles fonctionne bien, car l’histoire est donnée dans son intégralité (exemple du texte de Poe qui a bien fonctionné auprès du public, de même que les nouvelles policières de cette dernière lecture en 2008) ;

• Pour qu’il y ait une véritable résonance des textes avec le thème choisi : le partenariat avec l’université Stendhal trouve là tout son intérêt. Dans cet objectif, les prochaines lectures se préparent en étroite collaboration avec un enseignant-chercheur de cette université, qui assure la scénographie, ainsi que le choix et montage des textes.

5.3. Perspectives

Au regard du bilan dressé depuis quelques années, nous souhaitons aujourd’hui apporter une nouvelle impulsion à ces lectures, tout en conservant le partenariat entre nos deux universités scientifiques et littéraires : proposer une nouvelle formule avec une nouvelle mise en espace, cibler mieux le public, offrir à l’intervention scientifique une autre place : un parcours mêlant textes littéraires et intervention scientifique.

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