~ ... '" , -.;< 1-;
.e
..
\
TH~SE DE MAITRISE PR~SENTt::E A LA
FACULTe" 0 1 ~TUDES SUpeRIEURES ET .pE RECHERCHES
SOUS LA DIRECTION DU PROFESSEUR
IVAN A. VLASIC
•
,
,
DROIT INTERNATIONAL,
CONTRÔLE DES AJU.tEMENTS 'ET DE:FENSES ANTI-BALÎSTIQUES
DANS UN NOUyEA1J CON:rEXTE. STRATtGIQUE ~UCLE:AIRE
, ,
t
J~RÔME PAOLINI
INSTITUT DE 'DROIT SPATIAL ET AERIEN
UNIVERSITE McGILL . MONTREAL EXEMPLAIRE N' 1 " SEPTEMBRE 1986 , ,
,..
-, ' '.,
--, - ,
'J
Pe.rmi$sion
--has'
been granted, ,-,to the Nat-ional Libtary of
Canaqa to microfilm .. this,
the$is. and to lend or sell
copies of 'thè film.
~
The author (copyright owner)
has r e s e r v e d ô t h e r
pUblication rights, and
neith-er the the'sis nor':
extensive ëxtract.s, from it
may be printed or otherwise
reproducea without. his-/her
written permission. .,'
..
",
..
" .# .. : ) , L'I autorisation 'à été accordée à· la Bibliothèque nationale du ,Canada, de 'microfilmer cet te thèse et de prêt~r oude vendre Cles exemplaires' du
film'.
L'auteur ('titulaire du droit
dl auteur') se r6serve les
autres droits de pubJication;
ni' la thèse ni de longs
exerai ts de célle-c i n e ' .
doi vent être imprimés ·ou
'autrement reproduits sans son
autorisation écrite:-ISBN 0-3~5':'38204-X' .
..
" A...
....,.-, " o . \ " " / ,:J
1 ... -\"0
...
.,o
i ...
Le surgissement des dêfenses an,ti-balistiques ne relêve
pas d'un êpiphênomêne mais d'une tendance de fond, sous ...
" ,
iacerite ! l'évolution des stratêgies de l'.age nucléaire.
~epuis
.
la fin d~ second conflit mondial. La notion de~'
dissuasion sien trouve transf~rmêe vers un environnement
strat~gique soviêto-amêricain caractér~~a par la mixité de
l'offensive et de dêfenses limitées. La condltlon du passa~e
!" un êquil ibré garantissant' la paix armêe dan~ la stacbll i
t.a
reste cependant le contrale des armements comme donriêe
primordiale de"la confrontation des superpuissances.
i
"'Le co.ntrôle des armements, le droit dé 1 tespac,a.e, comme
le droit international gênêral , ]o~eront un rÔle de .
prèm1er
pl~n dans cette mutation., L'évolution dé la ~tratêgie
nucl~aire a façonné un cadre no~atlf 'antinomique 00
le
contexte multi~atêral fondê sur la' IGg itime d~fense cOtoie un
_.- ordre bilatéral soviêto-amêr'icain domtnê par' l 'e~clusivitê de ~
l
'offensi~e
dans la dissuas ion. 'une;Ro'uvell~ ~onl,le
j uridiqu~
int~n~tionale accompagnera
technolog~que en gestation,
gique ~uclêai~e !" l'hQrizon
*
-nécessairement le bouleverse~ent
dans un nouveau cont~xté stratê~.
du vingt-et-un!ême "siècle. ". t·
....
. " ..
.. ~ - ... -i 1' ... '..
•
..
, , · i i ABST~CT . , ,.: Emérg lng b2l11isfic missile defensea are not a mer.., ••
épip~enomena~-but a profo~nd transformation deeply roo~d in
,the strategie evolution of the nucl.ear age since' the end of
the
second,
world conflict. The concept of deterrence findsi~lt
revised
towaras'a mixed
strategie environment where
l imi ted defense wi'l.l play an increasing role along wi th
·.traditional nuclear offense. Arms con1;.rol as' the primordial
ax.is of superpower con.frontation -will -ramain .the l inchpin of
maineaining peace
throughan atmed
transitionto a
more,stable strategie situation.
A~s control, spaee Law as ~ell as general internatio~al
-
,.
Law should play a privileged r01e4 in this s~ift. T~~
evolution- of nucl~ar-, "strategy has, gen~rat.ed'
an
antinom'ic .
. ,,. normative framework . in which the rnultilatet:al context based
.' . /" .
on
self-defense faces
.. ~ the'Soviet-American bilàteral aiena , ,.. ' ~herè deterre~ee 'has imposed' the unie i ty df offense. A new
internat;ional. legal order will n~cessarilY~ e~èrge
a
long· with,
.
the' ongoi.ng technolog ical upheaval tc.;> form a, n,ew strat.eg ie
nuclear
eontext insight
oftha twenty-first
.
c~ntury.' ' '.' "
"
'"
.~ j ' ,)----~---!
:;-<f
~, ' . ,'\ l, . , 1 ~ . .. • -/',' " ,.'
_ . 1 / , , , ' 1 . '..
, 1 , ,< , , , l "..
.'
,'..
.
o
, 10'
- -, 1 " " ,~ .. ~. _. \. , -, -, , , ,,-1.
-~'age nuclAa'Î-re a c;;ionnA nàissance.depuis une "trentaine
. Çj"'~nn-a~s ! u~ ordrè Juridique três particulier" comp9:sa'nte
para~normati"e du Droit International moderne, qui trouve sdn
origine dans l'arên,e bilatArale et ê-minemment volontariste
des superpuissances.' Fait inter'national majeur, ". ~., ~ ~ l'êvoltition~ ~ ,
d~s modali~6s hypoth~tiques d'emploi de ~tarrne'atomique que·
1 t on nomme s triltêg ies nuclêa ir'es, aura exercê un~ inf l uencè
telle sur la genèse n,?n sèule~ént d.,u contrOle -des armeJllents
• L
soviêto-amêr icains mais êga,lement sur le droi t int,eq,n,at'io('\a l
et le droit des activit6s spatiales, ,qu'une relation êtrolte
-de àêterrninant à dêtermi,t)~ 'lie fondamentalement aUJour'd,t hui
sphères J~.r::idiques et sph~res stratê-giqùes. ~' inte~reiaHon
"
est deveÎÏue si tênue, ta i ts, nuclêa'ire,s et fai
ts
Juriq,iqueS 's,ipênêtrês,' que toute 'analyse' _ 1 J d~ cadre normatif internat.ional ' t>
des,activi~6s,militaireSoâoit dorênavant e~pruflt~r une
appr.:oche mêthodologique compl~,xe, hybride, assoc'ia'nt des '. _
t~êll\~ ~ ~
t,a.
i:
s da risun~,
c';"prl!he ns iç,n globa la. " '" " ,- cel essal prêtend ava'nt.
tou~ sugg~rér
tm6,>' telle approchE\.
-mêthodoloqique en adoptan~ 4ne d~uble analyse par iaquelle le,
l ,
droit, -Objet . , r~el 'de, l'atude, n'est . ,abord~ qùlllne fois. le
ccmtexte' stra~êgique ~O$~
ét
sfjs implications pour 1,1 o~dreJuridique ,d6gagAes., Ainsi 'le droit ni
és~-il
pas.~pprah~~dê
1 • ... ' v
de inaniire indêpendante et au~onome, mais en fo.nction de ,son,
"
indi~ociabilitê
au fait:n~.cl~aire.
Dans leurs domainesde-spéci:alisation respectifs, le Ju'rtste et le stratêge ,'.- ,
, . '
- trouveront ',nombre dt imperfections et d' impr~cisions
,inhê-~ ~ . '
rentes
a
la prêtention de vouloir dégager les interconne'xions" ~ ,
-'de thê~es de recnerch~ dêj~. par eux:-m3mes .trop çOlJlplexes.· .- - _
-~~~s dans un mOr'lde co~mporain"compl~xe _par essence,
,mult~-,
,polaire, 00 ,,la d~limitatio~ "des problêmatiques s 'estompe-;· le "
_ . _ i ' ' . - _
juriste
8oucieu~'d'oeUvrer'a',
la contitluit4'de la 8acurit~internatiQna"le'
d~*ra,lt "t~~
mieux'
s~rvi
'par'une
vis10n 'globa'le, A~arg~e. ' .
Q ,.
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e / / ".'
1 • . , .. ,.
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~" ', ' Cet te fi tude
'repr!sent~
l";-ach~v~ment
d' urie~la~~~e
de" ' ' ' ' • ,"~, .... p
reche'rè!hes consacç4es
a
la ,question de~ utiliS4':tion'sJttili-tairas de ~
l~esPàc"e,
dans un pre'mier tempsa
l':l~~t~t..l!1t
~, deOroi t A6rien et Spatial de
1'-
Univers it6 'McGill,- puis"'" dans le."
\
cadre de
~a col"laboratio~ al'
Insti tut Français 1des Reiations"Iryte~n,ationa
les (Ifin). ' L' essentie 1 de l '~ff~rt
de'r~aac~
ion. \
a ,êtê, entrepris
a
par,i~ et ! Montrêal, 00 ]' ai pu bên~ficierde l~ aide p.r~ciêu~e d' f.!êlË!ne .La]e,:,nesse dans la tache ardue
de j,a frappe ~t de la m lse en p~ge du manuscri t •
, i:: ,
. Ma ,defte inteilectuelle au Professeur Ivan A. Vlasic és't
, . bien entendu cons id6ralJ.1.e. La' qual i ta, <1e son ehsèiym:imen,t,
'.~~ patience et ia g6nêrosit6 dont il ~ bien 'voulu faire
~ preuve dans',ses nontbreux·eonsei·l$, mais surtou't-la confiance
, ' .
·et 'lI encouragement qu'il m' a cons~n·ti lorsque,.,l' â~'proche
m4tl1odolog iquè' de l ~ 6,t~de, lui ,a 'êtê sugg~rêe, auront 'êt~ ,
autant dt81~ments indispensables à. 1" aboutis-sen\ent de mes
travaux. ..
. Au_sein du
"q~oupe
S4euri~.~r
de 1 tInseit~t Fra~çais
des_Relations
In~rnational~s
so.,ua----la direction dePierr~
Lellouche, .J ··ai pu trouver une assi~tanee-pr6cieuse ainsi q,ue
... c· ,
le libre acc~s
a
une 'docume!ltation .quasi-inaccessible dans le...
domaine pub~ ie. J~ dêsirerais exprimer ~ne gratitYde
parti'-. cuii~ré ! Yves Boyer .de l' lFRI qui aura pris le temps dl!'
. ' initier aux redoutables
arcanes~
de' lastratêgié.,nucl~aire
opArationnelle.
•.
A' iD
Mes remerciements ne sé)uraient ~galewent ~pargne;,; mon, ',f
coillg~~: Stephan,Hobe, Gont l'amitili comme la critique ins~
t1ab~e de mes; id.es ,aut'qnt pl~s cont~ibu. a mes travaux quf i l
né
1-'
Adm$tt~ -jàmais. . ~ .-",ft '.1.
.
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, , , - , " h , 1 , ,',Epfin', c~.t<t,e 6tùde' 'nfëturai~ Jamais vu'le Jour sans
la'
CQnf~an~e.'· e~
tesencotir~getnents'
'de .m~s
parent,s,.M,on~'ieur,
et·'. ~ , . .. .. ~
,Madame, J,an-Dom'inique paol,in1.: l,:e!i m(>ts t'le peuve-:tt' exprimt\lr
• t , ' i
J . . . ""
.. 'la recoflnaissance , et l" admi'ratipn' , que Je .leur: pO.I;'te. ,
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J~rOme Paolini ." Montraal -'Septembre 1986 " ; '1.-.
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.. , 'RlsumG . . . ~ •••• -••••••••• "f'" \ Abstract . . . '9 . . . . pr'face ... , ... " ...•... "#1' ... . Remerciem~nts Introduction: Chapitre l Section 1. Section 2., Section' 3. Chapitre I I Section 1. Section--
2. Section 1....
- ,.
. • • • • • • • 1 . . . ~ • •Stratêgie Nuclêaire, Contrôle des
Armements et Oêfenses Anti-Bal'istigues
prolêgomênes de Stratêgie 'NQcl~à~re .,
La D~fènsive comme Renfo~cement de
la dissuasiôn offensive , •••••.•••• -0" .
Systêmes anti-balistiques et contrôle,
des armements •••••••••••••••••••••.••
.
Les Oêfenses Anti-Balistiques dans
le
,cadre
Juridigue Multilatêral-Le rêgime Juridique
dès-
âcti~itês'spatials_8 militaires . 0 _ 0 • • • • • • 0 • • • • • • •
Les dêfenses straeagiques, la Chart~
des Nations Unie!J et le Droi t
International ••••••••••••••••••••••••
Le Traita ASM de 1972 dans le Contexte
SIlatiral Soviêto-Am6ricain
Genase et obJectifs fondame~aux du
.
.
. l' . p. i i p. ili p. iv page l TraitA •••••••••••••••••••••••••••••••• 108Section 2, Interprêtatio~-Systêmatique des
Disposi t
ions du
Tra'i tê ... 0 • • i . • • 121Section 3. L'applJcation du Trait. par les
Parties ••• o • • : . . . -• • • • • • • " 152 concluf\.1.on; •••••••• ~... ... 168 ,
..
. 81~liographie ... ' ••••••••• " . . . • • ••• • • ••• • • • • • • • 170Annexes
• • il • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • j .-. .
, r' 185 f , Jo
o
-:. ',i ~ h' ;""",~" , j ,1' r , !' ~.
'.-
,/ INTRODUCTIO~ .''1 . t:,Le 23 mars 1983, lors d'un discours têlêvisê sur la
Sêèuritê Na~io~ale rest~ cêl~bre, le-prêsident des' etats-unis
proposait la mise en oeuvre d'un vaste programme militaire
~
qui allait devenir l'Initiative de Défense Stratê~iqUé:, pour
la premiêre fois depuis l'avênement de 1'39: nucl~irei l~
vision strat~gique prêcêdait et m~me annonçait les moyens
technologiques de sa mise en oeuv~~. En effet, la
proposi-tion offre la' poss·ibil,itê d'êchappër au dilemme de l'atome en substituant la' dissuasion nuclêaire fondêe sur une permanente
menace de représailles, par le dêveloppement et le déploie~
mertt progressifs de systêmes dêfensifs a,!"ti-ba listiques qui
rendraient inutiles et obsol~tes les annes offensives les
plus destructrices jamais conçues de m~in humaine.
lncon-1
testablement, cette vision futuriste'd'un bouclier protecteur .
~
.
d~sse largemen.~., les po'ssibilitê~ organisationnelles et
tech~ogiques actuelles, et certginement concévables A
·l'avenir: mais un immense dêbat n'en a pas moins vu le jour
. dep.uis trois ans s~r la valeur des strat~gies nuclêaires
offensives, leur aptitude au maintien d'une paix
interna-, .
t ionale armée dans un environnement technolog,ique' sans ,cesse mouvant, comme sur l'évaluation de ,l'expêrience de prês de
deux dêcennies'"d'arms control" soviêto-amêricain et 5ùn rOle
.
\potentiel
a
l'avenir. Enfin et surtout, la maniêre mê~e dontl'Occident perçoit la 'St'rat~gie opêrationnelle soviétique
fait l'objet d'un débat d'une importanc~ capital,e,. L'ampleur
• de l' in~errogat ion actuelle, COmme celle' des progranunes mil
i-taires mis en oeuvre de' part et d' aut're, indiquent les
. , il
premiêres mêtamorphoaes~d'une modification majeure des
données relatives ~u fait nuclêair~ dans les relations
inter-,
·nationales de la fin du vingtiAme si~cle: cependant, du fait
que pour la premi~re fois dans l'~re nucl'aire, la
possibi-lité d'un bouleversement stratégique prêcêde le dêveloppement
-o
<-.,.
ct
" ~ ~ 2 ..d;é:
sa mise en oeuvre, un large dêl~i de réflexion s'offre Ala communautê i'nternationale.
"-Cette étude se propose de se joindre
a
cet-te x;êflexionen pr~~en~nt une analys~ sommaire ,de l'envirdnnernènt-
juri-dique au sein duquel l'êrner~ence des technologies
anti-bal'istiques semble voir le jour.
.
Compte tenu du fait que ledroit international ait dQ la~gement adapter son cadre
normatif au caractêre incontournable du fait nucléaire depuis
la fin du s.econd conflit mondial, le droit multilatêra~ ·
rêglementant le recou~s ! la fotce, le droit du désarmement
et du con~rôle des armements commé le drpit moderne de's
acti-vitAe spatiales ont étê profondêment affectés par le
carac-t~rè exc'lus ivemen,t offensi~ des str~g ies de d issuas ion.
pour tenter un aperçu de l'impact de la mutation·suggê~ée par
1 t irruption. de la défensive aux côtés de l'offensive "dans
un-o un~ers stratégique mixte sur le droi t interna tional général:.
- '" ..
-
~,et le droit dejl'espace en particulier, il c:onvient avant --"';-tout de reconna!tre la caractéristique primordiale de lâ
genê.~e du c~dre normatif qui en la matiêre, sera
a
comme par le passê, fondamentalement interreliê et ,
, .
l ' aVé~ir,
.
.
influe,ncê
par l'êvolution stratêgique r{}Ui semble aUJo-u'rd'" hui se trouver
~x prêmisses d'un bouleversement majeur. Ayant posê les
, ~"
grands tra i,ts ·comme les fêcanismes de la mutation
stratê-gique, l i analy~e doi t tlonc planter l'env ironne'ment gêopol
i-tique du droit, pour dans ~n second temps étudier·le cadre
norma,tif dans lequel cette mutation est amenêe à se réaliser •
.
Alors seulement r quelques conséquences peuvent Utre dégag~es'
1 1 •
sur l~ nouveau contex~e surgissant ~ l'horizon des annêes
1990 00 une nouvelle , di~tribution strat~gique devra nêces-,
sairement accQmpagner et 'réaliser un nouveau cadre normatif international.
,
L'itude se prêsente ,donc sous la forme de trois parties
.
-disti~ctes mais êtroitement articulOes. Une prernit~e partie
tente une analyse de la sphêre stratêgique 00 le surgissem&nt
)
..
.. - _""'_. - _. "" ., .,-, -; .•. :::.~ :...: .'11 .. ; -~i ... >" • ...i.I'" .," . ... _.... ... • i.
,0
1
o
, .-.' " '- 3' .... "'des systêmes dêfènsifè anti-balistiques apparatt non pas
comme un êpiphênom~ne passager, mais comme un ,mouvement de
fond~ probablement irrêmêdiable, 00 le contrOle des armements
~
,
~,dans la sphère Juridique sera amenê
a
jouer un rôle de toutpremier pla Les deux autreOs parties de l' êtude font
~~,/
enti~rement l'objet de la sph~re juridique A proprement ~ 0
parlei. Abo dêe dans un premier tem~ sur le plan
multi-latêral ~ans le dtoit international gênêral'et le droi~ des
activités spatiales, elle l'est dans un second temps dans une
prêsentation du cadre normatif bilatêral des superpuissallces, ,
oqu i revêt' ~ne importance capi table et particul ièrement
-.,
complexe. En~in, un ensemble
ctè
remarques tinales te~tentune intêgratiJn de l'êtude en un tout oa sphêres stratêgique et Juridique doivent permettre de' dêgager dans la ,mesure du
possible les do~nêes essentlelles de la mutation
eh
cours, A~'horizon du vingt-et-u?iême siêcle.
.,
'.
, ,-~
t' -.-'~.
' :o
----.
' ">- ... , 'Y " , " " , - , ,.
, " , ' . 'r,' - 4 CHAPITRE l - "l, STRATeGIE NUCLEAIRE, ,CONTROLE DES ARMEMENTS
DEFENSES ANTI-BALlSTIQUES
,
~,
.
\
Thë ,Past is ~eve r Dead ..
lt
l ~ .·~ot Sv~n Past ..~-, ,
William' Faulkner
.,
Th~ Sound and -'the
Fur,y:
, " ,,' , ' , ,'-,~ -.. , , '
..
, , ' - , " i ' " _ , - - " -J I - .... , L • J . , ~ '1- • ~, ' . \ ,-
, bo
o
:
- 5
-SECTION l: PROLSGOM~NES DE STRAT~GIE NUCL~AIRE
(
Depuis la fin du second conflit mondial l'opposition des
superpuissances rev~t un caractère complexe et protéiforme
oa
la compé~ition est ~ la fois idéologique, politique,
écono-mique et surtout militaire. L'av~nement de l'age nucléaire
et l~ prolifération des armements de destruction de masse de
part et d'autre ont introduit une variable capitable ~ui est
rapidement devenue le point focal des relations
soviéto-américai nes: en derni~re an,alyse, le rlsque permanent
"'\Q !
d'escalade d'un échange nucléaire dévastateur représente le
. .
-déterminant majeur de l'êtat de la confrontation entre
super-puissances. Compte tenu de l'importance du ~dêterminant
nuclêaire" dans le monde comtemporain et de la perturbation imminente d'un êquilibre resté bon gré mal grê d'une remar-.
quable stabilité depuis 1945 que suggêre l'émergence actuelle
,~ ,
de concepts défensifs anti-balistiques, un bref aperçu des
"
-définitions et ~êcanismes dont les développements ont
progress'ivement formé les stratégies de. l'âge nuclêaire
apparaît comme un préalable indispensable à toute analyse du
,
phênornêne. Ces prolêgomênes de stratêgie nucléaire, compte tenu de la compl_exi té formidable du sUJet, ne visen t qu'a présenter ùne synthêse conceptuelle oa le recours aux straté-gies défensives apparaît comme le point culminant d'un
,
pr::;-ocessu,s.d'une remarquable cont,inuité dans un modêl~ chr0r:I0,:". '
logique destiné
a
représenter.l'essence de la ~toblématiquestratêgique. Deux aspects distincts
~ais nêa~m~ins i~time
ment liés pe~ettent Qe caractériser cette problématique:
p'une part, la transformation des modalit~s d'application du
,concept de dissuasion nucléaire et d'autre part l'évolution
pàrall~l~ des stabilités et de l'équilibre dans la rela~ion
d1ssuas ive entre -l~s super~uissa~ces ,en confrontation. Ces
.
prolêgomênes suivront doné successivement cette double
prê's~ntation analytique •
-0
-~ \
6
-Le concep~ de dissuasion puise son fondement dans l'idée
-de nier à un~adversaire potentiel' toute possibili~é
ration-nelle de gagner avantage par le biais d'4ne agression armêe,
quelles que soient les circonstances de celle-ci. A échelle
stratégique, le calcul di$suas~f_ suppose donc que les forces
nuclêaires &n-pr~ence soient spécifiquement structurées- dans_
l'intention de crêer un environnement "perceptuei" dans
lequel l'initiative de
l'agr~ssion
ne permet aucun avantageet éventuellement conduit aux pertes les plus formidables
pour ,celui qui y a recours. Il Y a donc pari sur la
rationa--l-t-tê~espective des adversaires et les fondemeQts ~u calcul
sont implicitement remis en cause si une par~ie peut espêrer,
.
qans quelque circonstance qùe ce soit, acquérir un avantage
,permanent en procêdant ~ l'initiative q'une frappe nucléaire
intercontinentale ou, ce qui revient ·au même,' si l'une
-d' el l,es est en mesure Id' env fsager raisonnablement ,un scénari9
00 elle puisse se maintenir en tant que nation 'à la suite
d,'un éch-ange nuc1êaire. Ce "dialogue" d' interlocuteu'rs'
~
rationnels a été longuement analysê (1); on se contentèra ici-de prêciser les ici-deux moyens essentiêls ici-de mise en oeuvre ici-de la relation dissuasive:
La capacitê de représailles assurées qui permet ~
f'
,~gressê, au moyen de forces nuclêaires offensives,de faire payer ~ l'agresseur un prix tel que son ~
agi~sement ne peut rationnellem.n~ aboutir ~ u~ gain
appréciable. Cette capacitê.de,reprê$ailles doit~donc
menacer- en permanence les atouts de valeur dêtetrni~
, '
nante des soci~tês confrontées.
,
La
capacit~ de contrarier léS ~~yéns mêmes del'ini-tiative !)aquelle pou'I'rait procéder l'ennemi,
clest-a-dire de contrer ses ~s offensiv~,s prêtes ou en {
,: cours dl exécution de 1.1 agression. Cette capac itê de
contrainte relêve de deux approches opérat,ionnelles.
r. '
,
.
•
Il
7
-~es m@-~es instruments offensifs destinês aux
repré-sailles, ce qui ,suppose une capaci tê de contre-attaque'
et'l'exêcution d'une frappe pr~ventive contre-forces
privant l'ennemi de sa capacitê ~'agression. D'autre
part, ~'agres~ê peut amoindrir l'effet de l'agression
.... ~ (. 4'
subie en contrant celle-ci par des moyens dêfensifs
(
passifs comme ~e camouflage, la dispersion ou le
, durcissement des objectifs et des moyens dêfensifs
act~ destinês à intercepter l'offensive avant que
-cellè-ci ne p~isse atteindre ces objectifs.
~
Le dil~mme posê 'par le ch'oix des modalit~s d'application, de la dissuasion nuclêaire depuis ses origines peut se
rêsumer par la difficultê inhêrente à l'alternative entre
capacitês de représailles et capacités de contraintes et les
'èaract~ristiqJes opêrationnelles des- systêmes d,i armes,
~nstrument~ de 'ces déux modes opêrat~ires de la dissuasion.
La raison d'~tre originale de l'arsenal
nucléaire,amêri-cain repose sur la'nêcessitê de dissuader l'Uniort Soviêtique
1 _ '
- de tir'er parti d'une êcrasante supêriori té conventionnelle '
sur le, thê-atre europêen çans l ' immédiat aprê~ ... guerre (2)", 'La
relation stratégique dè~ de.uK grands trouve donc' son origi'ne
"
dans le cadre d'une stratêgie de CO~lition:
Ce
facteurfondamental, souvent sous-estimê par les ~nalystes
amérl-" , .
cains, a dêterminê dans une large mesure' _l' êvolution de,s
concepts de dissuas ion et contribue aUJourd·r hui en~~o;e A
constituer un enjeu cap~tal de la confrontation des
super-puissanc~s. Oês'la constitution de l'Ailiance Atlantique et
la mise en place de l'OTAN, le fait- que les
sociêtê~.occideri-tales n'aient pu consentir
.
aux énormes sacrifices90c1o-'
•
êconomiqués n~cessaires pour contrer -la puis~ançe militaire ._
g~obale ~e l'Uhlon Soviêtique, là développement d'une
stratê
-gie "d~ coali.tion par laquelle 1es etats-Unis ,fourniraient .une'
, "
-dissuasion nucléaire-au thê!tre europÀen
en
reliant implici- ''tement l'êventua-tlitê
d~ ~eut:'
riposte stratGgigùeint~rc~n;:'
.. ' , ...
..
0,
--- ;
8
-tinentale ~ une agression soviétique sur le territoIre de
l'OTAN, d~vient une nêcessitê. Cette stra~êgie~de coalition
- '
et l'intérêt vital que reprêsente ~a dêfense ~e l'Alli~nce
. ~our les Etats-Unis son't' les ~lêments premiers desquels
dépend leur position dans la èompêtition globale avec l'Union Sov iêt ique (3).
"
En rel iant agress ion conv&nt~pnnelle et riposte
,
-nuclêaire st,rat~gique, une chaîne 16gique d'êvênements
'conduit
A
crêer uri environnement gêopolitique dans lequel ies-.... • l
intêr&ts soyi~tiques sont mieux servis par un climat de paix
, arm,ée oil 1 t affron;ement globa~ se_ trouve canal isê ~ un niveau
•
o il- la destruction to.ta le peut 'être êpargnêe. Alors que les
Etats-Unis dêtenaient le ~nopole de l'arme atomique, puis
celui du mode d,e livraison ae cette ',arme- Jusqu' s'n 1957, la '
dissuasion pouvait reposer 'sur une seule capacité de
reprê-, " - \
sailles assurées par le systèmè. stratégique central ~~ri~ai!1
en cas 'd 1 agression conventionnelle en Ëurope. Au fur et,' A
me9u~e que l'Union Soviétique -accêdait à une-êquivalence
nUclêair.e app-roxirnative ",~U ,dêbut ,cte$ ·annêes soixante, ..cette
, -- doct-rine Ide reprêsailles \massi've's- perdai t cependant
progres-, sivement les' atouts de -sa crêdibilitê. Face à une capacitê ,
.'
,, '
de "r,epr6s'aill~s.' ê-galée c~t~ soviêtique, les etats-Unis· se
seraiènt en e ffet ~i:ouvês' "~u to-d is~uadês" en ~as
cl'
a ttaqqueconventionenelle Gaulie 'exprimait
York" (4 ~. ,.Pour
soviêtiq~e en Europe; ce-que -le-Gênêral'de
~ ~ .. • ~~'t""'f-", .. '_
dans son ",o~ ntêchange pas Bonn èontre New,
rê'tablir , la liaison capitë!J.e de ia- stratêgw
--de 'coalition et maintenir' l'extension de la d'issuasion amêr,i ... çaine au thêltre europêen" les forces stratégiques
amfri-oaines devaièn~ dorénavant 3tre\ perçu-es comme structurelle- 1
, ;:tt-,I". r ·
ment aptes
a
infliger un niveau inacceptable ét ma$sif de ~reprtsailles a~ l t ê~~ntuel agresseur,_ ~tnais êgalement capables,
d'assurér la' crêdibili tê de ces reprêsai 11es êventuelles' en
p~_lsentan't
a
l Jagre~seur
dess~onces
àêlect.ives' et clloisiespour cl.montrer fa
volon"ta
d'_exécution du niveau suprême', de la,",-~ , 1- - ) ..
$8).eo---..
1." , 1 1 1ô
,.
" . .....
. "tionner le niveau de~' la r_~.poste' strat6gi,9~e- "ÇlU ~a~av.antage d~ .
l ~ agresseur et le cont'te~e ~ ~'esca~a~e devaien~ remplac::er l-es .'
~eu~es reprasailles ~assives pou~ ~ss~réY l~-continuita du
. " '-! , - - .
car-act~re élarg i au th63.tre: éuropêen dë la d'issuas ian
centrale soviêto-amêricaine.·· ,,1 - ... ~ r
1
.
. '
~. Le co.ncept de rêp,onse flexible, initialement'. in'trodui,t
par l'Administration Kennedy e,t repris en compte par tOutes. "
les Administrations suivantes, consacre cette nêcessit6 de , . ,
mettre &n place des options de reprasailles liinitêes, èn- .
~ - , ... ~ ..
dessous du seuil maximal de destruction mutuel'le: .
Implici-\
, tement, la modalité de mIse en. oeuvre de f~ dissuasion
nuclêaire se dêqoublait: ! la capacitê de repr~saill~s
~'·ajoutait unè capacitê d~ contrainte, avec la 'possibili.tê de'
, ,
frappes limitêes" contre-forces et thêoriquement inférieures
, .
&U suicid~mut~~l ?e l'ach~~gê nuclaaire global. Par la
sui te l'Administrati.on Nixon consolida cette orientatio~ et .!.
la
~in des années soixante-di~~ les Etats-Unis disposaientsous l'Adminisbration Carter d'un arsenal stratêgique (la ~' , ~
"Triade") cap~bl~d'une grande flexibilitè dans le bhoix de
\ , \
-ses objectifs et apte! opêrer "dans ùnè situation de ç:onflit
nucléaire .1 im! té (PO..,.5,9, I f Counte rvailing 'Stra~ê9Y" ). ,Parai ..
", ',lêlemen.t, ~;'adoption de la doctrine de !=,lpo~te' graüu6e'
(MC-14-3, 1961) dans le" cadre de l·OTAN,conf~rmait.' pour l~s,
force.,~ de 4'thêatre éomme stratê.g iqu'es, d.e l ,'Al'liance , un ê'~oi"
, ',gnement progressiif 'de la
~'ëùs~~âsion,
pur,e"basê~ /~u'r
une"' "seule capaci'tê de rep,r~sailles' massivé~ ét a$su,rêes.
, , - , . • . " " 1" . . '
Cependan,::, l'ïntroductlon de '~a-pa~~'tês d~ d)~tralnte
-- , -('
dans les modalités opê~atoires:de ~a dissuasion ,n~, pouvait'
aller jusqu'! l'inclfJ.sion de inoye~s dê.fensifs actifs.
~ .r; , /' ' ~, '
.Techniquelnent irrêa,listes, "les d6fenses stratê-giques
ant~-_ t . . . .. \ , <\.
'balistiques· allai,ent en Qutre
a
1 t enco'nt~e 'des idées gênéra .... . . . - ' , 1
,lement accept~es en Occident qu' un -conflit, ,nuclêa1..re i'nter-,
di~ant to~t espoir 'de victoire, voi.ra-même de sury i'~ des
b~lligêra'rf;>
.sed'~fendre s~gn-ifia!'t, es~Gr~r sÜ~ivre
à·
~~
'"
'-
--o
....
- 10
tel conflit, en complête contradiction avec les fondements
'm@mes' de la dissuasion nüclêaire. Le,S ,sys't!rnes anti-m~s,siles
furent donc ~ juste titre ]ugês futiles et dêstabilisants, ce'
qui fut ~cceptê ouvertement de part et d'autre,lors de
l'adoption du Trai tê ,ABM en 1972 (5).
En Union So~tiqug, l'êvolution des'modalitês
opêra-\ '
tionnelles de la dissu~sion vers une ,sêlecti"vitê açcrue a
", dans un 'premier 'temps suivi les dêveloppements occidentaux en la rnatiêre. Rapidement, les progt~s technologiques dans l~
, prêcision des lanceurs et la miniaturisation des' charges
?ev-aient permettre A te7'me d f .acquêrlr une ëapaci tê de' fr~ppe
~~ti-~orcesf destinêe ! l~ des~kucti~n interconti~entale des
seules forces nucl&air~s offensives de'
.1'
ennemi. 'La tendanceêtait J parf~itement impossible A mattriser dans _ _ \ la m~su~e. 00
~ll~ rêsul~ait de facteurs tr!s divers inhê~ents a~x
dêvelop-pements technologiqueè, des so~iêtês moda~nes 'tels
la
rêvo'lu-, ,
t ion êlectron iq~e et, du faLt qu' elle reprês~ntai tune aroêl
io-ration 9ua1i tat~ve des syst!mes d'l armes, stratégiques qu i
n' avai~nt: pou,r'
'la'
p~emi\t!re' fois 1 étê virtueliement': "g~ü~'s".·, que" ,
sur le pla,n quant.itatif 'par les Accords sovi.êt'o-:am'ricains.
SALT l
en
1972 .. ,Alé>t"'S.'9Uè
ler~,?<?~rs, ~
l âsê1e~ti"itê',§t,ai't
deveh;u indispensable au maint.fe,n ,de' la dissuasion amêrica'ine
êtendue'
a~,
thê!tt'ee~ropêen' le~'
!;OViê-t:igues allaient pousser'~
c'!ttte logique~
sa conclursionnatu~elle
enc'on~titu'a'nt
une'~. "
-capacité de, èontrainte 'menaçant directement ,les seules forées
~t;~)60
iques' amêricaines. Oês le' mil-ieu 'des anriêes' soixante":dix; l'UnJon Soviétique avait effecti·vement
~cqûiS ,u'~~, fo~ce,
'._st~~têgiqu~ interc~ntinent~le-permettant
, , une premi!re frappedêsarmante sur. le teriitoïre ~êricain:
,Yes'
seuis missiles, ~ ~ ~ - - ....
lourds S5-1,,8, ê.quipês de dix ogives:ind~pendamment'~'~idêe~
\ l' - • *=t ~
trts prtciseè',
.
pouvaient-d~s lors dêtruire au sol l~ehsemble .'
d'es 'Minuteman 'américains e1; le dlbat -sur ,lâ -" fen'tre de '
~ulnêrabtlitê· êtait ni aux ttats-Unis • . En 6onjonction,
l'Union Soviêtique procêdait '3. la m~U1ren
p1ace
de programmesde protection civile de~ autoritls politiques ,et militair~~
1 •
"
..
11
de commandement,
.
~ -l'entretien et A la , modernisation de..
dêfenses·anti-aê~iennes ma~sivès et anti-balisti~wes dans les
limitations posées par le Traitê ABM et enfin ~dêployait ses
sous-marins nuclêaires~de plus en elus'pr~ches des cÔtes amêricainQs 00 le temps
.
~ vol rêduit des missiles fav9ri s e l'efficacitê d'une atta9ue anti-forces par effet de surprise.• Q
Interrogations offjcielles et dê~ats publics virulents ont
encor~ lieu aUjourd'hui aux Etats-Unis sur la v~léur
stratê-gique et la faisabilitê d'une attaque prêventive anti~forces; de nombrèuses études'
. '
th~oriques ont par ailleurs tenté de r'
qêmontrer l'impossibilité d'op~rer une frappe nuclêairé "ç:hirurgicale1
' en deça de destructions pratiquement
êq.uiva-, -,
lentes a'une attaque massiv~. En réalité, quelle que soit la faisabilité tech?ique d~une attaque anti-forces soviêtique~
1 \., _ ~ ..
,il n'en reste pas moins què cette capacitê nouvelle 'aura' " profondément mO,~:Hfiê les facteurs. "perceptueis" de la,
'd issuasion'
~ntici~ai
.
re en Occide~t.'
Dorénavant l-avul~érabi-,
.
lité des forces stratêgiques américaines au sol est
devenue-, .
une préoc.cupati~n capitalè entraînant
la.
re,sttucturation~ r - ~ l ~ \ ' ~
'" 'progressive. de, ces forc~s dans le
sens
d! une capacitê anti'- .\ l ' , , ,
for-ces ~ccr~~ çtestinê,e A contrer, les d~ve,loppemeots
soviêti-- - l , ' ~,
-qùes en l~ matiê~e. Depuis le lancement
du programme
de'="'""- , " ' , _ f,
modernisation de l'Administration Reagan, 00 amélioration de
-ta prê'cisiQn' des,
~ecte~rs etr~nforce!llent_
del~ r~s.ista'ncé
..~ " , ~ 1 . ~ _
- ' l ' "des' rêséaux-d~' _con:unandement et de contrOle s'apparentent de'
','plUS en plus .!, la 'cX7êat.i9n'de.capaci,tés 'de
combat;,nucléait:e,-, J, _
.;. -les Etat's-.Uni'S st oriéntent hettement ver~ un ''poter)tiel' .
- ~ ~ ., \ ~ ~
-_ -. stra~ègique 'Capte ,~ ~'exlfcution non plus. de fr~H~pes 11 c~ra,c;"
'" - ' ' , ' .... ,
!
.
', "
, _ .,',' 't~re "limit,ê,' mais- ailt-i-forc.es et dês~rmantes ~''''l1encontre
, "
"<d'Obj~cti\fS
'exclusiven;ent'mi'li~airès
sur,~
tetritoireso'vi~-',
_, ,
, ,~ tiqué ( (; ). '
, . j ,
Ces d~veloppeme1fés cOndui.sent li ~ne' muta'ti~n formidable
~ 1 ~ r
-, de là, prob~êmatique stratégique l mesur.e ,que .les
$uper-" 'j),uissaltces âccêdent !. une capacitê de con,tra.in~~ par, premiêre
frappe anti-~9rces au d'triment de plu~ en P~~s m~rq~1 de
"
"
o
8:
- 12
-,
-leur traditionnelle capacitê de reprêsaill~s~ Aux États·
Unis, la diffiéUl~ê provient dorênavant de la nêcessitê
d'introduir. au ~oint de,vue doctrinal cette capacitê de
première frappe dans le contexte dissuasif sans pour autant
renoncer à une politique dêclarat~lre selon, laquelle l~s
forces, 'stra têg iques COlnmé 1'ensemble du potent ièl mi l i taire
• '<il" 1
.'
amêricain n~ .devraient, être destinê qu' !.un usage, e~ r~ponse",
4 ,
à une agress,ion êventuelle. Quoi 'qu""il en .soit, un, nouve~
en",ironnement stratêg.iqu'e dominê par ·les càpacitês
respec-~ "
-tives de premi~r~ frapp~ dês'armante des superpuissançes
sem~le ~'imposer ~ujou~d'hui, remet~ant en cause les fonde-ments.:.essentiels de la stabl1itê,du dia,loguq disèucl'sif.
. '
, Ce critêre d, stabilitê est ~ertainement le paramêtre le
plus i~po.rtant d~' l'''êquati.on dissuas~ ve g~rant issa,nt l' ~qui
~ibre du rapport des fo.rees: il est le seul 'moyen permettant
de mesurer in fine la cap&citê du dialogue des adversaires à
, ' ,
'~viter le recours
a
l'agtession. Evaluer'l'effipaeitê de- ,
,telle ou telle moqalit~ d'application ~e la dissuasion
revient toujours ~ vêrifier 81 elle engendr,e effèctivement
,
une zone da stabilitê stratégique entre puissances en
, " ~ , 1
'confrontation. Pour analysEJr l'êmergence actQêll'é des moyens
~
_ dêfenaits' anti-balistiques, il convient·donc de complêter le . ...
moqêle',chronologique, des mo~alitês de la dis$ua'sion nuciêa'ire
par une êtude ,des êvolutions parallêleSf- de la stabilîta
~
- stratêg1que.-, L'ensemble doit enfin permettre d-'englober ', - .. Cl
l' essence de
la
problêmatique ac_tuelle en offrantune-: synthêse des motifs sous-jacents
a
la resu,rgence d'un espoir, "
,de recours aux -sY$t~xnes 'dlte,nsifs.
, - '
Comme-nt d,f inir la notion de "stabili tê
stratê-gigue-?
(7) tertes, la. notion apparatt commè ,intimementli~e·
-1
celle de dissuasion; 'aprês tout, le dialogue-dissuasif, f
sov1êto-amOricain nt a j~mals fa!ll-i dans le maintien d'une
~aix
'arm4e
depui~
'lese~ortd co~flit
mondial: implicitement,le modale stratlgique se, pr's~rite rêtro$pe~tivement comme un
, , ,
.
.. 11_ ..
o
o
... ,.:. .... -- -- , - 13-ensemble ayant, su maintenir sa stabil i ta temporelle. ~1a1s
comment appr~hender cette stabi li ta? _ Lorsque les a~f!tes ,de la dissuasion comportent, au-deI! d'une capacita
qw
reprê-n tJ ... ~ of
sailles, des capacit~s de contrainte aptes
A
la destruction des forces nuclaai res e_nnemies avant l' emplo i de ce llea-c i ,la partie 'percevant '1· imminenèe d' ~ne agress ion aurQ'~to\;lJours intêrêt ~ lancer l'attaque en premier de peur de perdre ses moyens de représailles en cas d' i'nltiative adverse'. En temps de crise, lorsque la ténsiort des oppositions se trouve maxi-misê.e, la situation r,is'que d'être telle que la partie qui'
n'attaqu~
pas en premier risqueUR
'dêsavantagemaxi~al.
Ce dilemme entre l'emploi prêvénti f et le risque de per,te des forces stratêgiqu~s en cas de retenue' gênêre une instabilita extrêmement danger~use en temps de crise' aigu~, menant droit"
! l'affrontement nucl~aire. Inversement, pour assurer la stabilité en temps de crise, l'équation dissuasive doit crêer chez les parties en confrontation la perceptlon 'de
leur-intêrêt commun dans la retenue de l'agression.
~ Si l'une des parties, à la recherche d'un avàntage stratégique,
se
dote d'une capacitê anti-forces defi .
contrainte, trois alternatives s'offrent en fin de compte ~
" , '" ..
,la partie ati~~rse pour le ratablissement de l têquili,bre des
~orces essentiel ! la~ontinuit~-de la dissuasion:
~,.'"
,Nêgocie,r avec l' adv'ersa'i re pou,r
:le
persuader donner sa capacitê de contrainte anti-force~ lisatrice, c'est~!-dire lui faire ~bandonner avantage ùnila'têral.d'abaf)-dêstabi':' son
,
.' AcquêctE soi-même une capacitê de contrainte anti-,
. ' ,
forces pour contrebalancer celle de "l' adversa,1r.e ' tout
en r6duisant la vulnêrabi11tê de ses fcÙ:'c'es stratGgi'"
J . . \ J
. --/,ques, ce qui a pour cona'quenc-e de J:'etarÇlèr le" dilèlM\e de l'émploi ou de la perte des forces
en
temps decrise.
"
, '"
.. i ~
'-, '-, ',' f'.... I~" 14
-• Oêfendre ses forces contre la capacitê de contrainte ennemie, ciest-!-dire acquêrir soi-même une capacit~
• t
~de contrainte par des moyens dêfensifs actifs, anti-balistiques •
.
La première option permet le rêtablissement de la
stabilitê en temps de crise, par une rêduction des armements , capables dè' frappes anti-forces les plus dêstabilisateurs,
.
alors que les deux autres ont êgalement pour qoosêquence uQe stabilisation, mais au prix.d'une course aux armements anti-. forces ou une course aux armements dêfensifsanti-balistiques~ Une deuxième forme de stabilitê stratêgique peut donq ~tre définie, en êtroite relation avec la notion d~ stabiliiê en temps de crise: _en fonctibn de la
.
pe~ceptionqu'ont l~s adversaires de cette dernière et des options
qu'ils choisiront en compensation de son êventuelle ~upture, une stabilitê d~ns Itintensitê d'acquisition des armements pourra ou non s'instaurer.' La stabilitê stra~êgique se
dêfi~it en fin de compte co~ un êquilibre en fonction de l'interaction de deux paramêtres capitaux: la stabilltê en
\ , .
te~ps de crise et la stabilitê dans la course aux armements. L+"idtal serai t bien
ent~ndu
,une êquation dissuasive crêanta
"
.
la fois stabilitê de cri~e et stabilitê de~course mais en
':_:~'ucun
cas l'in~tabilitê
de crise)n~-
peut 3tre tolêrêe sans " rupture des prêmisses de base de la dissuasion et-l'éclate-ment conflictuel' qui "e'n rêsulterait. _- Par ailleurs, . si la
~ituation de cr~e est maintenue stable par des am~lioration~
su~cessives et compensatr,ices dans la qualitê ou la quantitê, de$ forces stratêgiques,-cette stabilisation sJèffectue au
J
prix d'une instabilitê de' la course àux armements (8).
Ce modile dynamique pe~et,de mieux cerner l'êvolution
_,de lliquation dissuasive en fonction 'du cri tire essentiel de
-
1 • ~ ~,
la stabilitê strat6gique.
A
l'êpoque de" la conclusion des Accorda ,SALT l de 1972, les ,arsenaux amlricains et, ' \
,
o
o
···Wl.·· : ... , .. -,. ... -.' 1S-dêstabilisatrice, les missiles atan~ encore trop imprécis pour l,' exêcution de frappes anti-torces dêsarroantes: le gel quantitatif des lanceurs,et la capacité de représailles
\'\
exclusive des forces
de
part et d'autre consaé~aient, la, ,
stabilitê de crise de la dissuasion. En conjonctiont soviê-tiques et amêricains convenaient par le Traitê ABM de limiter'
' .
.leur capacitê -de contrainte par des\-fJioyens de d'êfense active au minimum, ce qui assurait l'efficacIté des représailles tout en permettant une stabilitê de la course aux armements.
~
.
Une stabil~ tê stratêg igue d'ensemble semblai t donc ,avoi r êté
tro~vêe par le biais de- la négociation d'une sêcuritê
partagée dans un "arms 'control" 1 v~ritaple codiflcation du
calcul dissuasif.
Cependant, cette sêcuritê négociée devait rapidement se montrer illus~ire du fait (gue.la compêtition stratégique passerait dorénavant sur
1~
plan quali'tatif que lEt Traité SALT I I ne parvient qu'à effleurer en 1979. Progressivement,'des systêmeà d'arroes précis et aptes! l'exêcution de frappes anti-forces, donc parfa~tement dêstabilisants, entrent dans la composition des panoplies stratégiques en rempl~cem~nt des vecteurs devenus obsolêtes, -pi:atiQUem~nt sans accroissement
~ : .
.
·quantitatif global. Les soviêtique's ont probablement lancê le mouvem~nt par le fractionnement des-ogives
.
tr~s,....
prêcises de leurs lànceurs lourds 55-18 et l'ouverture de la ~fenêtre,de v-uln~rabilitê"; o~ a vu' cependal)t q.u!en' Occidént.. le,
recours
a
la sêlectivitê, la flexibilitê d~ frap~es limitées êtaient devenues indispensables, au maintien de _la dissuasion stratêgique élarg ie, a':l thê3tre europêen- dans 'une si tuation de .'pari:ê globale soviêto-amêr~caine. Quoi qU'il en soit, face~ l'application de capacites antl-forces_de contrainte consa-crant la p~ssibilitê d~un emploi prêventif de l'arme
nuciGaire, le rêtabliss~ment de IJêquilibre des forces
essen-- t
tiel;! la continuitê de la-dissuasion n'est dorlnavant permis que par l'acquisition rêcJproqu.e dt! systêmes'd'armes au
caractêre sê,lectif de plus en plus marquê.'
l.. •
'-o
Comment auratt-il pu en être autrement aiors que les .: 16 deux autres alternatives, la négociation et le dêveloppement de dGfenses actives n'offraient pas de perspective rêali-sable? Paralysêe ~ la suite du refus américain de catifierle,
TraitA SALT IIét
d'une Administration Reagan ouvertement " hostile au dialogue diplomatique sur ce thème, la voienêgo-' \ ciêe devait en outre -parv;nir
a
un impossible .,retour en•
arri~re
en persuadantl'uni~n
Soviêtiqued'~ba~donn~r
son--~ avantage stratégique anti-forc~s. De son côté, la
possibi-.-~"
. .l-.l
tê de construire un rêseau dêfensif anti-bal istique ayantun~lle eff~cacitê se voyait barrêe P4r le Traité ABM qui prenait'""de--C$ fait une
import~nce
publique consi'dêrable comme le seul accord de "l' arms control" soviêto-amêricain envigueur: Des mesures de défense passives pour diminuer la vulnérabilité des forces stratégiques au salant bien sOr ~tê
introduites, tels le_Qurclssement des sites, la dispersion
d~s bombardiers ou l'amélioration des dêfenses anti-aêriennes
1 ~ 9 l '
et anti-balistiques autorisées pour les soviétiques, mais ,
> ,
. nt ont pas dominê la restructura tion globale. L" amél iorat ion
qualitative des vecteurs par l'introduction de capacités anti-forces s'est donc rêvêlae pour des raisQns de 'faisabi-, , .
....
lité _technique c!,mme de gif~1-cuft§' dans le processus -de
n3go-~ ciation, la seùle ·yoie disponible
aux
superpuissances pour le "t· •maintien de leur stabilité sttatégique. Par ~e biais, l i
..
st~bilité en temps de crise s'en trouve garantie· mais au prix d'une instabilité croissante de' la course aux armements ies
pIUs dêstabilisants. En réalité, le processus. revient A une
dangereuse hypothAque de l'ay~nir pour une éphêm~re stabilité , dans le présent.
"
,
-En e-ffet, l'accroissement co'nstant de vecteurs anti- ~
forces dGstabil-isants de part et d' autre aboutira
nêcessaire,--ment~ si cette êvolution n'est pas arrêtée A temps,
a
une sttuation strattgi~ue 00 ~ovi'tiques ëomme amêri~ains seront _, les uns et -les autres en possession d' une capacl ta d,econtrainte' totale ~pte
'a
l'exêcution dtune frappe' dêsarmante, ",
"
, -\ -,:, ... -J_.">:
~~:.'~·f'<L-· .1' .. ~ ";'\ .. ,.. ,''-• •17 -
. !prêventive sur les forces strat6giques adversc;.s.' Cette
situation est la plus dêst~bilisan~-e,que , l'on puisse imag,iner
dans la mesure 00 celui qui ne ~rend pas l'initiative de la
frappe en premier risque la perte de moyens essentiels.
A
terme donc, l ' instabili ta: 'dans la course mêne A 'l' instabi l itê
q
-en temps de crise et ~ la maximisation ~ risque confl ictuel.
Encore un,e fois, la' question essentielle n',est pas ici.~cel.le
de la faisabilité d'une attaque "chirurgicaJ-e", limitêe et ~~s~rmante, mais plutôt celle de l'émérgence d'un ünivers
stratégique parfaitement instable oa la confrontation, quelle
que soit sa nature "technique" devient intrips~quement
inevi-table. )
Quelle est la 'situa~lon prévalant! l'heure actuelle? ~
Pour mettre un te'rme aux. incertitudes gênêrêes par les
dêve-, , ""
l~ppements ânti-forces sovietiques et ~e débat sur la
.' "fenêtre de vulnérabilitélt
., le programme de modernisation
stratégique lance par l'Administration Reagan s'est ~ncentrê
"sur les ~êploiements êg~lement dêstabilisants: le MX, -)~
Tri~ent D~5 et le B-lb. L'Union Soviétique'aJoute d~puis ~
quelques mois ~ sa panoplie les 55-24 et , 55-25, vecteurs d6nt
la prêcision est croissante: co~ept ne pas s'attendré ! une
,rGponse amêricaine~ qualitative et dGstabilisanta, qui
susci-tera à son ~our de nouveau~ d§veloppements soviétiques? La
situation d'aUjourd'hui s'apparente ~ celle d'une stabilitê
stratêg ique t -aux fondeme~ts de plus an plus incertai.ns, oil la
stabilitê est,maintenue par le biais d'un~ course qualitative
:extr3mement coQteuse, menant droit ~ l'inst'abilitê totale que
~ .. ~ '"
re~r~senter~it une capacitê d~ contrainte anti-forces
complête' de .part et d'autr~. ~une sit'uation oil la course aux
~rmements maintient encore, mais pour compien d~ ,temps, la
stabilitê de~crlse. bemai~, l~s pr~grês expon~ritiels de'la
micro-Glectronique, ~a miniatu~isation croissante des'
~,charges, l'intrQduction 'de systêmes de'guidagé stellaire et
terminaux prom~,ttrpnt ! coup ~des amêliorations exc~PtiÔ~
nelles dans la p{J$ision des,veèt~ur8 strat~giques, d~~t ,
'J."emploi lventuel sera coneidlrablement facilita. pat' l'a
'repl--
--,
o
- 18
-rage des cibles en temps rAel, depuis des plates-formes sate.llisêes de plus en plus nombreuses et efficaces._· A
termé, le dilemme de la vulnêrabilitê stratêgique n'êpargnera
aucun o~jectif fi.xe au sol alors que l'opt1on de la Illobilitê
pose en Occident des problêmes pOlitiques et d'environnement
inhlrents A toute sociAtê pluraliste ouverte. Comment sortir
.
de cette impasse menant droit l la catastrophe de l'impen-sable?
,L'espoir sOscitê par le recours aux systèmes de défense
active - ~nti-balistique, du lancement de l'Initiative de
,
Dêfense'stratêgique du prê$ident Reagan en 1983 aux intenses
< '
mais c9nfidentlels efforts soviêtiques en la matière dep~is
bi~ntOt dix ans~ .apparatt a~jourd'hui implicitement comme la culmination de l'ensemble du processus historique de la
problêmatique stratêgique à l'âge 'nuclêaire. Dans
111nsta-bllitê croissante du d~alogue dissuasif, la tentation du
prohibê et de ce qui jusqu'a prêsent êtait' çonsidêrê comme
techniquement impensab~e, s~ justifie comme ~tânt la sèule
voie laissê~ de .cOtê pour faire face'
a
1 f êmerge.nce\inêvitabledu facteur anti-forces dan$ le' calcul stratêgique.
>
Aujour-'-
.
d'hui, ce mouvement semble avoir');tris l'e caractêre d'une
~ l , ' " 1 ~ ,
dynamique difficilement ,rê\Fersible, 'si bien que le vêr.itable '
dêbat ne co~cerne plus la ~êcessit~ de faire appel
a
plus oumoins long terme aux d~fenses ,$tratêgiques actives, mais _au
rythme de recherche et de dêvèloppement nêcessaire , ,
a'
cette'
-transition majeure ainsi qU'aux- modalitts"de leur -êventuelle , ,
mise en oeuvre. vraisemb~ablement, le fai,t nuclêaïre et son.
",'
corollaire capital de la dissuasion 'se tro,u,\Fen·t aujourd
~
hui )au seuil d'une brêche majeure qui transformera _>l'ensemble deS
f
relations' internationales de la fin -au
vingt,iêm~ siê~le.
.':Cette mutation s'impose progressivement comme' un invariant
\. ' • - 1
dont! les superpuissances, comme les autres,' -devrcmt 1nêvita':'.
blement s'accoModer1 les q~estio~_s '~jOurd'hui '- i ~p,OUI:' la paix
. de dema~n sont dAs lors: les d-~fenses_ 'ariti~ha'lis,t:.~ques.
"
..
. . , .o
19-voire supplanter ·1'arme nuclaaire' elle-m3me? COmin~nt,
pourquoi et par quels (IIoye.ns?
J
"
, (
0
, '. , ~ ~1~~~~,;~ 20 N 0 T E S 4(l) • Lawr~ncé Freedman, tl,The Evolution' of Nuelear'
( 2 ).,
Strat.egy", (~ondon, McMlllan, 1981), Ganêral Lugien
Poirier, "Des Stré\!=êgies Nuclêaires", (Paris,
-Balland, 1974) et Stephen O. Fought, "S~I~ --A Poliey
Analysis", Naval War .College Review" nov-dee 1985..1 __
oc,
pp'. 59-95.
Voir notamment Dav id A. R~senberg, "The Or igins of
Overki11: Nuclear l'leapons 'and American strategy
1945-1955", International Securi.ty, (vol. 7, n co 4), Juin -l97~ r pp. 62-88 et Samuel F. Uells, "The Origins of
-Massive Retaliation";, Political Science Quarterly 1
(Vol. <96, n° 1), 1981, pp. 31--52.
C3) • Lawr~nce Martin, "strateg ie Thought in the Nuclear
Age,", (London, He ineman, 1979), p. 53-61.
(5) •
Cit~ par Jerôme Kahan, '·Security in the Nuclear Age:
Developing U.
s.
Strateg ie AI"ms Pol icy!' • -( Washing-toh 'OC, Brookings Institution), 1975, p .. 123.
, , - , _ .L
Voir en particulier le c~l~bre: "Thinking the,
Unthinkable" de H'erman Kahn, (New York, Horizon
Press) t 1962, pp. 5-8.
Comptroller General of the unie" States,
"Counter-~~ ~ ~..
vailing strategy Demands' Revision of strategie Force
Acquisition Plans", (GAO, Hashington OC), 1981 et
... ~ .. .
'Donald Snow, "Nuclear Strategy,-in ,a DynaIdic World: .
v , '
. Amè'rican Policy in the 1980"s", (University of
Alabama-'''''''''':'~.--=-_ :zr _ . - ,
, Press, Birmingham) i 1981, pp. 168:"'171.'
.-o
"o
., ,. ~ ., 21.Kévin N. 'Lewis, "s~rategic Force'- Planning: Restoring the ,I..inkS
Bet~een :str~~egy
ànd 'Capabilitl.es,",(R~nd
'Corporation, Santa Monica~, 1982 et Jack R. ~igb,y, "S'trat~g_ic Stability, in the Nuclear ,Age",' (Ohl.o State
univers
i ty Press, Coluf!lbus), 1984., pp-. 27-135 ..{S). Fred C. Ikle, "Can Nucl.ear Deterrence L<;l'st Out of the
Centu,ry'?"" Foreign Affairs, (N* 51); 1973, pp. 267-285
et surtout J Robert R. • Soulê, "Coun terforce Issues' _ for the US' Strategie Nuclear Forces"" (C130'" J'lashington '
OC),
pna,
pp;- 8-32. , , ,'.
p' , , -, • . , . , ','"
"..
, ,
- t
22
SECTION 2. LA:,DeFENStVE COMME RENFORCEMENT DE -,LA DISSUASION OF-FENS-J;VE
"
r} appel ,du' prl!sïdent Reagan lors de son discours du 23
, ,
.
mars 1983, demandant ~ l'e!'1S!emble de la communaut~ scienti-,
Ùqué amêriçaine,-de tendre ,'t'es armEtS nucH~-a1rèS- inutiles et
' . . . .. -
.
..-Obsolètes, aur~ eu le' mêrite _ de' lancer un immense d~ba't' sur
- ~ . ~
l'ensemble de fa situation strat~gique con_temporaine
et
s,,!-rles rem~des- êventuels ~ la dangereuse instabilit~'qui semble
- - 1 _
voir progressive~ent le Jour. ,Cèpendant, le lancement de
l.'Initiat.ive, de D~fense StratêgifJue dans ~ne prêsentation
gên~rale maximaliste par laquelle les technologies
anti-/ _ 1
balist~ques d'avenir ~emp~acerai~nt la nêcessitê de
reprê-sai'lles nucléaires dans une sorte de "transcendance" qe la
,
-dissuasion, aura ~glaement c9nduit ! une polarisation
prononcêe des opinions, radicalement oppos~es ou, diamêtral~.-:
'ment en faveur de la perspective d' un~ "protect,ïon"mutuel1é
assurêe" (9).
1
Aux deux qUést ions pr;imordiales de l' eff ic;aci tê
"
technique, militaire et de la nêces~it~ politiqu" strat~gi~ :
que des dêfenses anti-ba1istiques dans le contexte act,u~l,
, ...
une, profusio~ d' 6tudes- et de rapports proposent en effet· des' ,
rêponses três diffêrentes, fondêes sur dès param~tces et des
suppositions diamêtraleme~'t opposêes. 0' une part, les
problèmes politiques, mqraux ou de doctrine sont souvent
• y
Ivaluês de maniêre autonome, -en 6cartant la formidable
~ ~ ... ~ ,
complexlt! technologique des dêfenses, stratêgiques. :-D'autre part', les commentlüres reviennen't
rêponse, a f:fi Irma t i ve ou nàga t ive,
faisabl1itê et'de la ~êcessitê de
souvent ~'do.nryer la' même
aux dèux questi~ns _de' -l.?
-
-ces système~ dêfensifs:
"
. ceux en faveur de leur valeur stra têgique ont tendance
a
J ~ l , • •
,: l'optimisme'quànt: aux technologies d'avenir, al-ors que caux
qui 'doutent dans leur fais~bilitê technique leur dênient en
gIn.
raI toate yàleurstrat~gique.
,Le'thême de lastâbilit~
est sans doute celui 00 la controverse appara~t la plus
,0
" ,o
\ " C' " '" 23 -, ,intens~. Les points de vue les . plus hostiles aux' dêfenses ,anti-balistiques affirment que,celles-ci sant particuliêre-,
,
'ment das~abi~isan~es du fait quê ~eur efficacltê serait plus
impo~tante pOur dafendre un at'taquant ayant: c~dê
a
latenta-tion d' une prerni~re ,frappe pr~v'entive et d6sa'rm~nte tout en
e~gageant la' course aux armemen~s sur une' voie )usqu'~'
,prêsent ~vité~ (10)., D' autres optiqu~s., IP+US .~avorables à
une modification des termes m§mes de la dissuasion., posent en "
~- . ,
, avant: le caracitêre stabil isant du -recours auX stra têgïes
. ' .
'dêfensiv~'s prêcis~ment dans la mesur;~ oïl le concèpt 'de
,fra,ppe-prêventive ,anti-forces y perdra~t l'essentiel de sa valeur'
opérationnelle (11). Dans ce débat ext~aordinairement
, ,
'complexe, multidisciplinaire, et dêpassant largement l'obJet'
~ ~ ~ , . ,
ae cette étude, il convient avant tout'de dêg~ger ,certains
'des principes' ess~ntiels sur lesquels ~n cons~ns~s semble p,eu'
,
.
'~ pe~ se former: princ,ipes se trouvant ~ l,a çase des
mêça-nismes opêratoires de la vas'te transformation
dé
II ~quat ionstrat~giqu'e qui semble dêJA se dessiner p.our la fi'n du, "
à~~cle~ Tr01S précautions ~rimordiales doivent cepend~nt
guJ.der ,II analyse:
\ 1
Il
, "
... Plus les' systêmes ,défensif~ ënvisagés font appe~
a
des, ',t~chnologies,dtavenir concevablés mais dOnt
la
réali-sation de~ande' des' dêce'nnies de recherche f plus' l' ê-~a7
luation de' leur ùtiii,tê
te~hnol-o&i.que
1$tra'U~gique,
et, ,
politique devient hasardeuse, voire impossible. Les
r
- décisions d f aujourd' hui doiven~ se'-rapporter
aux
dêve-lopp~ments' opêr8:tionnels possible,s â '!l'oy.en t~rme et
'~ciur un avenir ~lus'lointai~f ! l'intensitê et !
la
_ _ ~ - L ~ . . .
','airéction'd'és rechérch'es 'en 'la niatiêre-. Il 'faut noter
,
' .
~egalQment que 'le dêf! ,teçhnolo.glque maj.eur ne rèslde.
pas
dans '1 f êlaboration de tel ou tel conceptd'
â,rme-m~nt, m~is 'j>l'u'tOt da~s l~ faisabilité ,de la 'mattrise
d,! êlêmen~s hyperr-co~ple?tes dans une, vast.e architecture
t . ' ~ ... ~ ~ li/.
-~, ,intêgr'e. (,
, '