UNIVERSITY DE
SHERBROOKE
Faculte de genie
Departement de genie electrique et genie informatique
ETUDE ET FABRICATION DE TRANSISTORS MONO-ELECTRONIQUES A
TEMPERATURE D'OPERATION ETENDUE
These de doctorat es sciences appliquees
Special ite : genie electrique
Composition du jury
Dr. Arnaud Beaumont
Dr. Jacques Beauvais
Dr. Serge Charlebois
Dr. Dominique Drouin
Dr. Abdelkader Souifi
Christian DUBUC
Sherbrooke (Quebec), CANADA
Decembre 2008
1*1
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"The potential for single-electronics is no longer a
question of physics but of fabrication."
- Christoph Wasshuber
SOMMAIRE
Ce travail porte sur le developpement d'un procede de fabrication de transistor
mono-electronique {single-electron transistor, SET). II dresse un portrait de l'etat de Part actuel et
met en lumiere un manque dramatique de marge d'operation dans le fonctionnement de ces
dispositifs. Cette problematique est presentee comme une des limites majeures aux espoirs de
developpement commercial de cette technologie. La these propose d'aller chercher la marge de
manoeuvre manquante par un procede de fabrication qui exploite le controle des dimensions
verticales des dispositifs. Les resultats montreront que si les approches actuelles 2D semblent
avoir atteint leurs limites physiques, l'approche 3D permet d'acceder a des temperatures
d'operation encore insoupconnees jusqu'a present. L'impact est important, puisqu'une analyse
de la these conclura que, raerae en tenant compte des pires fluctuations du procede de
fabrication, les SETs issus du concept 3D conservent une marge d'operation appreciable. La
gamme de temperature d'operation obtenue est semblable aux transistors a effet de champ
conventionnels (field effect transistor, FET) et on peut penser qu'il serait ainsi possible
d'utiliser les deux technologies simultanement sur un meme substrat afin de creer de nouvelles
fonctionnalites issues de cette technologie hybride SET/FET.
Mots-cles: transistor, mono-electronique, temperature d'operation, nanotechnologie,
REMERCIEMENTS
Je tiens a remercier mes co-directeurs, les professeurs Jacques Beauvais et Dominique
Drouin. En me proposant cette grande aventure, ils m'ont permis non seulement d'explorer un
sujet fascinant, mais aussi d'aller decouvrir des ressources personnelles encore insoupconnees.
Je leur suis reconnaissant de m'avoir fait cheminer dans le monde de la recherche et je
m'incline devant autant de patience.
Je remercie egalement la formidable equipe du CRN . En s'efforcant de maintenir un
laboratoire securitaire et efficace, elle m'a permis d'evoluer dans les meilleures conditions.
Merci a Jean Beerens pour ces innombrables depannages, aux techniciens et techniciennes
(Caroline Roy, Guillaume Bertrand, Pierre Lafrance et ceux et celles que j'oublie) pour leur
support professionnel.
Une these n'etant pas une these sans de nombreuses discussions de corridors, je
remercie les philosophes qui m'ont epaule : Arnaud Beaumont en particulier, Serge Charlebois,
Etienne Grondin, Vincent Aimez et tous les autres.
Merci enfin a ma famille, avec laquelle je n'ai pas toujours pu passer assez de temps.
Merci a Nancy, Emile et Aurelie pour leurs eternels encouragements.
II y a souvent des hauts et des bas, mais, tout comme le courant de drain d'un SET, ces
oscillations sont positives et nous font progresser.
TABLE DES MATIERES
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION 1
CHAPITRE 2 : ASPECTS THEORIQUES DE LA CONCEPTION DES SETS 9
2.1 La physique de base du SET 9
2.2 Revue de l'etat de l'art 19
2.3 Cahier des charges 28
2.4 Choix du concept 32
2.5 Choix technologiques 33
CHAPITRE 3 : DESCRIPTION DU PROCEDE DE FABRICATION 39
3.1 Survol du procede de fabrication 39
3.2 Etude des parametres de fabrication 50
CHAPITRE 4 : MODELISATION DES DISPOSITIFS 70
4.1 Role de la modelisation 70
4.2 Etablissement des parametres physiques des jonctions 71
4.3 Modelisation a haute temperature pour SETs 76
4.4 Plage de validite de la modelisation orthodoxe a haute temperature 96
CHAPITRE 5 : MARGE D'OPERATION ET AMELIORATIONS POSSIBLES 97
5.1 Temperature maximale d'operation 97
5.2 Optimisation de la marge d'operation 99
5.3 Limites ultimes du procede 106
5.4 Ameliorations possibles et integration CMOS 107
CONCLUSION 118
ANNEXE A 122
LISTE DES ABREVIATIONS
BER : Bit Error Rate, pour taux d'erreur de bit
CMP : Chemical Mechanical Polishing, pour polissage mecanique-chimique
EBL : Electron Beam Lithography, pour lithographie par faisceau d'electrons
FET : Field Effect Transistor, pour transistor a effet de champ
ITRS : International Technology Roadmap for Semiconductors, pour plan strategique
international pour le developpement de semi-conducteurs.
MTJ : Multiple Tunneling Junction, pour jonctions multiples a effet tunnel
RIE : Reactive Ion Etching, pour gravure par ions reactifs
SET : Single Electron Transistor, pour transistor mono-electronique a electrons
SHT : Single Hole Transistor, pour transistor mono-electronique a trous
SOI: Silicon On Insulator, pour silicium sur isolant
LISTE DES FIGURES
Figure 2.1 a) Representation d'un SET a couplage capacitif et b) sa version schematique 9 Figure 2.2 a) Exemple de courbe de reference IDS-VDS en blocage de Coulomb a temperature Ti b) la meme courbe avec 0.5e charge induite sur Pilot par l'effet de la grille et c) la courbe de reference a temperature T2 » Ti. d) Exemple de courbe de reference IDS-VGS (VDS ~ 0 V) a
temperature Ti = 6xlO"4Ec e) a T2 = 0.2EC et f) a T3 = 0.3Ec 16
Figure 2.3 a) Diagramme des bandes d'energie en blocage de Coulomb pour un SET
metallique (niveau de Fermi dans la bande de conduction), b) Alignement des bandes d'energie
lorsque VDs > VTH favorisant la conduction par effet tunnel de la source au drain 17
Figure 2.4 a) Diagramme a carreaux. Les nombres dans les carreaux montrent Petat de charge
de Pilot. Les nombres separes par une virgule illustrent une transition successive d'etat, b) Un
exemple d'extraction possible de parametres du SET a partir du diagramme a carreaux 18
Figure 2.5 La methode d'evaporation a angle de Dolan 21 Figure 2.6 La methode d'oxydation locale de fil de silicium 26 Figure 2.7 La methode de CMP communement appelee damascene 34
Figure 4.1 Graphique d'emission Schottky selon Ln(J/T2) vs E1/2 a 336 K 73
Figure 4.2 Donnees en mode Fowler-Nordheim selon ln(J/E2) vs 1/E a 300K 74
Figure 4.3 Graphique de ®o vs m obtenu en combinant les equations 4.2 et 4.4 75 Figure 5.1 Evolution de la conductance d'un SET en fonction de la temperature
(VDs=100mV) 98
Figure 5.2 Evolution de Ec avec le parametre LiSiand pour des SETs avec grille arriere
{back-gate) 101 Figure 5.3 Distribution des temperatures maximales d'operation selon la variation aleatoire des
parametres du tableau 5.1 avec un controle de 5 % (noir), 10 % (blanc), 20 % (gris) et 30 %
(barres obliques) 104
Figure 5.4 Approche proposee pour la fabrication d'une grille de surface. DQ represente la
distance entre Pilot du SET et la grille 108
Figure 5.5 Vue geometrique des differentes capacitances constituants CG : a) Ci, b) C2 et c) C3.
Figure 5.6 Prototype preliminaire de grille de surface. W
G= 2 um approximativement 112
Figure 5.7 Integration des SETs a un precede CMOS. On reconnait les etapes de fabrication du
SET de b) a e) qui sont les seules deviations des etapes CMOS standards a) et f) 115
Figure 5.8 Integration des SETs a un precede CMOS. Etapes usuelles du precede CMOS :
g)-h) lithographie et gravure des contacts, i) depot de la barriere, j) remplissage des contacts et k)
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1 Aper9u des valeurs de capacitance d'ilot selon Likharev 23
Tableau 2.2 Resume du cahier des charges 32
Tableau 2.3 Resume du concept de SET retenu 33
Tableau 2.4 Resume des choix technologiques 38
Tableau 4.1 Resume des caracteristiques physiques du systeme Ti/TiOx
76
Tableau 5.1 Les etapes critiques du precede nanodamascene 100
Tableau 5.2 Sommaire des effets de trois methodes pour augmenter Tmax
105
Tableau 5.3 Calcul estimatif de la capacitance CG de la grille de surface 111
Tableau 5.4 Evaluation numerique de CG selon differentes approches 112
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
La presente these porte sur l'etude et la fabrication de transistors mono-electroniques
{Single-Electron Transistor, SET) demontrant une grande marge de temperature d'operation. La
marge d'operation chez le SET est une caracteristique fondamentale de celui-ci et ce, pour deux
raisons. D'abord, parce que la physique qui sous-tend le fonctionnement des SETs fait en sorte
qu'ils sont tres sensibles a leur procede de fabrication, ce qui influence de facon notable leur
marge d'operation. Ensuite, parce que, comme pour la plupart des transistors et autres
dispositifs electroniques, l'obtention d'une marge d'operation valable est un critere
incontournable qui decide de la viabilite commerciale du produit. Cet etat de fait sera mis en
evidence dans les paragraphes qui suivent, apres avoir effectue une courte retrospective.
L'historique et le developpement du SET, de meme que le role qu'il pourrait etre appele
a jouer dans un proche futur, invitent a la comparaison avec son equivalent traditionnel: le
transistor a effet de champ {Field Effect Transistor, FET). Pour ce dernier, il s'est ecoule pres
de 20 ans entre les premiers brevets de principes [Lilienfeld, 1930] et l'annonce d'une
fabrication reussie en laboratoire par Bell Labs en 1948. Ce delai fut generalement attribue au
manque de moyens techniques permettant la fabrication d'un prototype. La premiere
commercialisation du transistor, generalement attribue a la division Regency de la compagnie
Idea, eut lieu en 1954, soit environ cinq ans apres le premier prototype. Ce fut le debut d'une
On peut identifier les premiers balbutiements de la science mono-electronique aux
premieres interrogations portant sur les augmentations de resistance dans les films granulaires
tres minces [Gorter, 1951]. Cette piste s'est poursuivie pendant dix ans [Landauer, 1962], puis
25 [Kulik et coll., 1975], jusqu'a Penonce, 35 ans plus tard [Averin et coll., 1986], du concept
de conduction mono-electronique par effet tunnel (single-electron tunneling), tel qu'on le
connait aujourd'hui. La premiere observation experimentale de ce mecanisme de conduction
eut lieu a peu pres au meme moment [Averin et coll., 1985; Fulton et coll., 1987]. Jusqu'a ce
stade, on peut pretendre que les routes des SETs et des FETs ont ete semblables et peu
differentes des autres domaines de la science, souvent compliquees par une technologie encore
trop primitive. Cet etat de fait etait d'autant plus evident dans le domaine de la
mono-electronique, a cause des tres faibles dimensions des dispositifs a fabriquer. Les futurs
paragraphes et chapitres montreront en effet qu'il fallait, au debut des travaux sur les SETs,
gerer a la fois des dimensions sous-microniques et des temperatures cryogeniques, ce qui en
faisait un domaine techniquement tres complexe. Ce lien qui fait en sorte que le SET doit etre
de petite dimension pour pouvoir augmenter sa temperature d'operation represente un theme
important de cette these et sera detaille intensivement dans les pages qui suivent. II faut done
souligner que les premiers SETs etaient essentiellement des dispositifs cryogeniques et que les
premieres demonstrations d'operation a temperature ambiante (300 K) ne sont apparues que
vers la fin des annees 90 [voir par exemple, Takahashi et coll., 1995]. On peut ici percevoir une
cassure entre revolution rapide du FET, du laboratoire vers la commercialisation, et
l'historique du SET. II aura fallu seulement cinq ans au FET pour etre fabrique a la chaine,
alors qu'aujourd'hui, 20 ans apres le premier prototype, la vie commerciale du SET n'est
facteurs qui freinent Ie developpement des SETs.
II faut, a ce stade, se rememorer les etapes typiques du cycle de vie d'un dispositif
electronique. D'une idee, de laquelle suit generalement un prototype, on prouve le concept.
Ensuite, les caracterisations physiques et electriques etablissent les marges d'operation. Puis, la
fabrication de petits lots de dispositifs apporte les premieres statistiques qui mesurent le
rendement du procede. Suivent ensuite les tests de fiabilite, la mise en production et
eventuellement, le declin et le remplacement du produit. En revenant sur une base historique,
on s'apercoit que le cheminement du SET a ete a peu pres standard jusqu'a la demonstration du
prototype. II s'est produit par la suite une fracture ou les marges d'operation n'ont pas ete
etablies. Les methodes de fabrication, trop lentes et peu repetables, ont fait en sorte qu'un
volume insuffisant de SETs a ete produit, annulant du meme coup l'analyse statistique des
rendements de fabrication. Sans avoir franchi ces etapes essentielles, on comprend mieux
pourquoi le SET n'a pu quitter le laboratoire comme l'a si bien fait le FET. Le danger qui
guette maintenant le SET est un desinteressement naturel de la part de la communaute
scientifique, phenomene qui survient bien souvent quand une technologie tarde trop pour percer
et s'etablir clairement dans un creneau du marche. Dans ce cas precis, on assiste souvent a une
baisse du nombre d'articles publies dans le domaine et done, a un ralentissement encore plus
marque dans la progression du cycle de vie mentionne precedemment. II est, en ce sens,
legitime de se demander si e'est vraiment ce qui attend le SET.
La piste d'une reponse a cette question se trouve dans le contexte humain du
developpement du SET. II faut se souvenir qu'a Pepoque ou le SET a pris son envoi, un vent
d'enthousiasme soufflait sur ce nouveau dispositif qui promettait de declencher la nouvelle
revolution du transistor. La reduction d'echelle des FETs, qui portait a elle seule la majeure
partie du progres technologique en micro-electronique depuis 20 ans, commencait a
s'essouffler quelque peu. Chaque nouvelle generation, plus petite en taille, apportait avec elle
son lot de problemes, de la trop grande consommation d'energie aux fuites d'oxyde de grille,
en passant par les capacites parasites des interconnections. Les theoriciens faisaient meme
planer le spectre d'effets quantiques indesirables dans le canal, a mesure que le nombre
d'electrons y diminuait. Le SET se presentait done en sauveur et promettait de regler tous ces
problemes en meme temps. II s'agissait d'un dispositif qui utilisait les phenomenes quantiques
de conduction a son avantage, qui consommait tres peu d'energie et qui semblait fonctionner de
mieux en mieux si on en diminuait la taille. Les rejouissances furent toutefois de courte duree
et une certaine deception commenca a s'installer dans la decennie suivant la presentation du
SET en 1987. Certes, la temperature d'operation allait passer de quelques milli Kelvin a celle
de P azote liquide, puis a la temperature ambiante. De plus, la theorie se raffina et on crea des
modeles et des simulateurs pour aider le design de circuits complexes. Mais, ces dix annees
exposerent aussi de nouvelles limites. La principale concerne Putilisation du SET pour
remplacer totalement le FET dans une famille equivalents de logique mono-electronique a etat
de voltage. On a realise assez tot que le SET, pour localiser ses electrons sur son ilot, a besoin
de resistances de jonction superieures a environ 25 kOhms, ce qui equivaut a des constantes de
temps RC elevees, resultant en un dispositif, somme toute, assez lent. De plus, le gain des SETs
est relativement faible et leur hypersensibilite aux charges environnantes {background charges)
fait en sorte que leur tension de seuil varie beaucoup dans le temps, et d'un dispositif a l'autre.
pour les circuits numeriques conventionnels a etat de voltage. Qui plus est, les quelques succes
accumules par les SETs dans la decennie concernaient des standards de courant ou des
voltmetres ultra-sensibles, ce qui etait per9u comme des niches beaucoup trop specialises pour
obtenir un facteur d'impact perceptible. On a done reoriente le SET vers un domaine ou il
pourrait exceller de par ses faibles dimensions et de par la possibilite de Putiliser en extreme
haute densite : les circuits de memoire. Tres tot, des architectures sont apparues pour proposer
des circuits insensibles aux charges parasites et ou le gain et la vitesse ne sont plus des facteurs
limitants. Les circuits de memoire sont done un champ prometteur pour les SETs, mais encore
une fois, la fabrication n'est encore qu'au stade de prototypage. On ne peut done dire
precisement si la cadence de developpement du SET a ralenti depuis les dix dernieres annees,
car le travail s'est passablement reoriente. Certains pourraient cependant etre en droit de se
demander si le futur des SETs se resumera seulement en des circuits de memoire.
La reponse a cette question est: probablement non. On sent en effet, depuis quelques
annees, un regain de recherche vers d'autres architectures, surtout depuis que Ton s'est resigne
a ne pas remplacer completement les FETs par des SETs. En effet, plusieurs groupes de
recherche ont convenu qu'une approche hybride, combinant les deux technologies SET et FET
sur un meme substrat, pourrait procurer non seulement des fonctionnalites utiles et innovatrices
[voir par exemple Nishiguchi et coll., 2006; Uchida et coll., 2003], mais aussi une transition
plus graduelle vers une nouvelle generation de nanocircuits. Cette architecture n'evitera
cependant pas au SET son passage oblige vers le cycle mentionne precedemment, notamment
en ce qui a trait a l'etablissement d'une marge d'operation. Ce dernier point, d'une importance
de la marge d'operation des SETs est vue dans cette these comme le prochain defi a relever
pour prouver que le SET peut encore etre un dispositif commercialement viable. Les questions
de volume de fabrication, de rendement et de fiabilite sont importantes, mais la marge
d'operation revet un caractere special a cause d'une caracteristique particuliere du SET,
discutee au paragraphe suivant.
Le concept d'energie de charge du SET sera defini au chapitre suivant. Disons
simplement, pour le moment, que pour observer un effet transistor, le SET doit posseder une
energie de charge superieure aux fluctuations thermiques de son environnement. Or, cette
energie de charge est fortement liee au procede de fabrication, car chaque deviation d'une etape
du procede peut entrainer une augmentation de la capacitance totale du SET, et done, une
reduction de son energie de charge. En bref, une deviation de procede a un effet different sur un
FET que sur un SET. Une augmentation de capacitance peut faire devier le comportement d'un
FET, mais elle fait diminuer la temperature d'operation du SET jusqu'a un point ou l'on ne
peut plus observer d'effet transistor. Si on croit que l'approche hybride FET/SET est une voie
serieuse pour le futur, il faut done, pour la soutenir, proposer un concept de SET ayant des
proprietes tres strictes. Tout d'abord, il faut que le SET partage des materiaux et des techniques
de fabrication compatibles avec les FETs et avec les precedes de haut volume des lignes de
fabrication au silicium qui sont deja en place. Ensuite, et il s'agit sans doute du point le plus
important, il faut que le SET possede une marge d'operation compatible avec le FET. Pour le
SET, cette marge concerne la temperature minimale d'operation. Un concept prometteur de
SET doit etre en mesure de permettre les deviations normales et inevitables des cibles des
etapes de fabrication du dispositif, tout en garantissant une temperature d'utilisation minimale
compatible avec le FET. C'est ce concept que proposera cette these.
Les objectifs poursuivis dans ce travail s'exposent en trois parties. D'abord, il faudra
definir un concept de SET qui sache repondre au cahier des charges du projet et il faudra
ensuite faire la preuve du concept en fabriquant quelques dispositifs. Ce cahier des charges fera
Pobjet d'une section importante de cette these. Deuxiemement, il faudra que les prototypes
permettent d'observer un effet transistor et done, que leur energie de charge Ec so it superieure
aux fluctuations thermiques keT de l'environnement. 11 faudra que la caracterisation des
prototypes permettent de quantifier cette condition, a savoir trouver x dans 1'equation
Ec > xkeT. Enfin, il sera necessaire de quantifier la marge de manoeuvre de ce concept de SET
en termes de temperature minimale d'operation. Cette temperature devra supporter un scenario
severe de deviations de parametres de fabrication et rester compatible avec le domaine
d'operation des FETs.
D'entree de jeu, il est clair que ces objectifs demanderont des solutions de fabrication
radicalement innovatrices. Degager une marge d'operation demandera une approche qui devra
augmenter le controle sur les dimensions du SET. II sera demontre dans cette these que la cle
pour y arriver residera dans un controle tridimensionnel de l'espace du SET, jusqu'ici utilise
dans un espace bidimensionnel seulement.
Les pages qui suivent sont organisees en quatre chapitres qui survolent les etapes
chronologiques du travail fait en laboratoire. Dans la premiere partie (qui couvre les deux
premiers chapitres), le cahier des charges sera etabli et un bref survol des aspects theoriques
guidant ces specifications sera expose. Cette partie est importante puisqu'elle comportera des
reflexions sur les precedes existants et elle remettra en question certaines methodes et criteres
largement utilises depuis les dernieres annees. Suivra ensuite la presentation du precede de
fabrication. Cette partie contiendra les details des etapes du precede de fabrication propose.
Bien que plus mecanique, cette section n'en presentera pas moins les innovations majeures
responsables des performances des dispositifs proposes. La deuxieme demie du travail
englobera les deux derniers chapitres ou des dispositifs seront constants et ou des resultats
experimentaux seront disponibles. Aussi, les caracterisations y seront analysees en fonction du
cahier de charges. Le dernier chapitre presentera des ajustements ou des ameliorations a
envisager pour progresser vers la prochaine etape du cycle de vie des dispositifs, soit Panalyse
statistique du rendement du precede. Dans cette partie du travail, il faudra simuler des
deviations de precedes. II faudra egalement calculer si les SETs developpes dans cette these, et
qui subissent ces fluctuations, peuvent encore fonctionner dans une gamme de temperatures
compatibles avec les FETs. Ces simulations ameneront des conclusions cruciales dans ce
travail. Elles devront etres basees sur des donnees experimentales obtenues a des temperatures
au-dessus de 300 K. Les resultats de cette demarche meneront logiquement a une conclusion ou
la cohesion des aboutissements des chapitres sera analysee, afin d'en degager une voie
principale qui pourra resumer l'ensemble du travail de cette these.
CHAPITRE 2 : ASPECTS THEORIQUES DE LA CONCEPTION DES SETS
2.1 La physique de base du SET
La physique qui explique le comportement des SETs est connue depuis plusieurs annees
deja. Tout lecteur desirant connaitre l'origine exacte de la derivation des equations directrices
peut maintenant avoir acces a plusieurs livres de reference [Grabert et coll., 1992; Wasshuber,
2001 ; Averin et coll., 1991b]. II faut cependant, dans ce chapitre, rappeler la physique de base
des SETs, car ces principes seront repris tout au long du travail. lis se doivent done d'etre
etablis clairement au depart. La figure 2.1 montre une representation d'un SET a couplage
capacitif. Les SETs a couplage resistif ne seront pas traites dans ce travail. Les
Grille
x
r ~ l r DrainV
6i/ II L
tI
\%a) b)
SETs a couplage capacitif sont constitues des memes trois electrodes que les FETs, a savoir la
source, le drain et la grille. Un ilot central conducteur est situe entre la source et le drain. II est
isole de ceux-ci par une mince couche dielectrique qui agit comme jonction a effet tunnel. Sous
certaines conditions, des porteurs peuvent done traverser ces barrieres d'energie de la source a
Pilot, puis de Pilot au drain, assurant ainsi un courant appele courant de drain (IDS)- La troisieme electrode, la grille, est situee pres de Pilot et y est separee par une couche dielectrique
isolante. La grille influence Petat du dispositif en induisant des charges sur Pilot central. On
dira que Pilot et les electrodes forment en fait un systeme a trois capacitances : la capacitance
de source (Cs), la capacitance de drain (Co) et la capacitance de grille (CG). A cela, peut
s'ajouter, dans certains cas, une capacitance parasite distribute Co (stray capacitance). La
somme de ces capacitances represente la capacitance totale CT du SET. Lorsque Pilot est
electriquement neutre a sa surface, il est facile d'y apporter un electron par la source. Avec un
electron en surplus, Pilot montre une charge nette de -e oil e est une charge elementaire de
1.6xl0"19 C. Quoique petite a Pechelle humaine, cette charge n'en cree pas moins un tres fort
champ electrique. En fait, ce champ depend inversement de la surface de Pilot au carre
(application directe du theoreme de Gauss). Si les dimensions de Pilot sont de Pordre de
quelques nanometres, le champ resultant est de plusieurs centaines de kilovolts par centimetre.
Ce champ est alors amplement suffisant pour repousser toute tentative d'ajouter un autre
electron a Pilot. C'est en quelque sorte cette force qui permet au SET d'agir comme
interrupteur de courant (transistor). II y parvient en bloquant les porteurs qui pourraient
traverser sur Pilot par effet tunnel. Bien qu'intuitive, cette facon de mesurer la capacite de
blocage du SET n'est pas pratique. II faut plutot voir Pilot comme une capacitance que Pon
qu'aurait a fournir une source externe pour charger le systeme est:
Ec = e2/ CT (2-1)
II faut souligner ici que la litterature emploie souvent Ec/2 comme energie de charge, entite qui
constitue en fait Penergie de charge classique d'une capacitance a plaques paralleles. II faut
done etre prudent dans la comparaison des energies de charge faite entre differentes etudes qui
font usage de l'une ou l'autre de ces valeurs de Ec sans plus de formalites.
II sera important de garder a l'esprit certains facteurs d'echelle tout au long des
discussions sur les SETs. Les lois physiques qui decriront le comportement du SET dependront
de l'ordre de grandeur de la taille de Pilot central de celui-ci. L'apparition de niveaux discrets
d'energie est possible chez un SET (voir exemple de calculs a PAnnexe A). On appelle parfois
ces SETs point quantique {quantum dot) ou atome artificiel. Dans ce cas particulier, on emploie
habituellement la notion d'energie d'addition EA pour decrire Penergie de charge de Pilot.
Dans la plupart des cas, on fait Papproximation :
EA = EC + EK (2-2)
En ce qui a trait aux cas qui nous interessent, Penergie cinetique quantique EK de Pelectron
ajoute a Pilot est celle d'un gaz d'electrons degenere. Ici, l'expression gaz degenere veut dire
que Pon s'attend a ce que la temperature d'utilisation des SETs soit de beaucoup inferieure a la
=
h
!( 3
2 !n ) !
t
2m
v'
ou h est la constante de Planck reduite, m est la masse des electrons et n est la densite des
electrons. L'energie EK est donnee par :
E
K = , \ (
2-
4)
ou V est le volume de Pilot et g(eF) est la densite d'etats sur la surface de Fermi. On reconnaitra
que E
Kvarie selon l'inverse de la densite d'etat, ce qui represente en fait la difference d'energie
entre deux etats voisins. Cette valeur est souvent appelee energie de separation {energy
splitting) dans la litterature et est denotee AE. II ne faudra done pas s'etonner de rencontrer
l'equation 2-2 sous la forme EA = Ec + AE. Notons que Pequation 2-4 deviendra importante
lors de la discussion sur les SETs metalliques et sur les SETs semi-conducteurs, a cause des
differences de densite d'etat entre ces deux types de materiaux.
Afin de poursuivre le survol de la physique du SET, il faut a present proceder a
quelques hypotheses simplificatrices. 11 faut tout d'abord ignorer pour le moment la
discretisation des niveaux d'energie. Dans ce cas, on assume que Ec » EK, ce qui simplifiera
l'analyse du taux de l'effet tunnel discute plus loin. Ensuite, on ignorera les phenomenes de
transport coherent et simultane de plus d'un electron (cotunneling) a travers les barrieres. Cette
hypothese est a peu pres exacte si la resistance RT des jonctions du SET est superieure a un
quanta de resistance. Pour les cas non-supraconducteurs, on aura :
R
T» h / e
2~ 2 5 . 8 k O h m s (2-5)
Cette derniere equation est importante. Elle peut etre interpretee comme le niveau « d'opacite »
de jonction necessaire pour localiser les porteurs sur un Hot particulier a un instant particulier,
condition necessaire au fonctionnement du SET. Cette condition supprime done 1'incertitude
quantique de la position des electrons. C'est pour cette raison que les SETs ne peuvent pas, a
proprement parler, etre consideres comme des dispositifs electroniques quantiques {quantum
electronic device).
Les simplifications presentees au paragraphe precedent sont a la base d'une theorie
appelee theorie orthodoxe, presentee pour un cas particulier d'abord [Kulik et coll., 1975], puis
generalised ensuite aux SETs [Averin et coll., 1991b]. La conclusion fondamentale de la theorie
orthodoxe se rapporte au taux de l'effet tunnel sur Pilot d'un SET : il y aura effet tunnel si le
saut d'un electron sur Pilot diminue Penergie e
2/C
Tdu systeme. Comme il est facile de calculer
Petat d'energie d'un systeme avant et apres une hypothetique conduction par effet tunnel, il est
done possible de determiner a Pavance si de telles conductions seront favorisees ou non. A
partir de ce principe inclus dans une structure de Monte Carlo, des simulateurs de SETs ont ete
crees. Ces derniers expliquent quantitativement les resultats de SETs metalliques et donnent un
bon apercu qualitatif du comportement des SETs semi-conducteurs. II etait necessaire de
presenter ici ces simplifications, car elles seront souvent sous-entendues dans les chapitres
suivants lorsqu'il sera question d'analyse selon le cadre de la theorie orthodoxe.
Les calculs qui determineront si un effet tunnel est favorable ou non au bilan
energetique du SET se font souvent avec des valeurs de charge fractionnaire sur Pilot. II ne
faudra pas s'etonner de rencontrer des fractions de charge elementaire dans P etude des SETs,
meme si les theories des livres de reference ont etabli depuis longtemps que e est la plus petite
charge discrete possible. Ceci s'explique par le fait qu'en science mono-electronique, on parle
plutot de charge transferee que de bilan de charge nette absolue. Cette charge transferee peut
prendre n'importe quelle valeur continue. Les jonctions tunnel des SETs peuvent etre vues
comme une barriere d'energie qui bloque la conduction libre des porteurs provenant de la
source ou du drain. Le nombre d'electrons qui s'accumule a la jonction peut prendre n'importe
quelle valeur, puisque que celui-ci est proportionnel a la tension appliquee a la jonction. Le
volume pres de la jonction est done occupe par un nuage de charges decentralisees formant en
fait une sorte de dipole electrique. Lorsqu'on analyse le nombre d'electrons dans ce volume par
rapport aux atomes fixes positifs de Pelectrode, on concoit que ce rapport peut effectivement
prendre la forme d'une charge nette fractionnaire quelconque. C'est cette charge qui est appelee
charge transferee et c'est celle-ci qui est utilisee pour calculer l'energie electrostatique du
systeme. Cette energie sera utilisee pour determiner le taux de transfer! des electrons par effet
tunnel. On comprendra mieux alors que « transistor mono-electronique » ne veut pas dire qu'il
n'y a qu'un seul electron sur Pilot du SET. II s'agit plutot d'un dispositif mettant en lumiere
1'effet que peut avoir Pajout d'une seule charge elementaire sur un Tlot qui peut toutefois en
Cette section a etabli la majorite des concepts qui guideront les calculs de conception du
SET. II faut cependant ajouter ici une derniere condition tres importante a l'observation des
SETs. II faut, en effet, garantir que les fluctuations thermiques ne viendront pas bouleverser
l'ordre et le nombre d'electrons sur Pilot du SET. II faut que Penergie d'addition soit
dominante selon:
EA » kBT (2-6)
ou ke est la constante de Boltzmann et T, la temperature du systeme. La determination d'un
ratio EA / kBT utile sera tres important dans cette these pour poser d'autres hypotheses,
notamment sur la marge d'operation des SETs a P etude. La litterature essaie souvent de fixer
une valeur x a ce ratio selon :
x = EA/ (toT) (2-7)
La plupart des travaux sur les SETs enoncent les equations 2-5 et 2-6 comme etant les deux
conditions necessaires a l'observation de Peffet transistor chez un SET.
Les SETs peuvent etres polarises de plusieurs facons. Dans le cas d'une utilisation en
source commune, la grille agit comme Pelectrode qui controle le courant de drain. La theorie
orthodoxe prevoit en effet que seulement certaines valeurs de tensions de grille placent le
trouve en blocage de Coulomb (Coulomb blockade). Ce blocage survient quand la charge de a)
4
b)A
c) d) e) t)Figure 2.2 a) Exemple de courbe de reference IDS-VDS en blocage de Coulomb a temperature T] b) la meme courbe avec 0.5e charge induite sur Pilot par l'effet de la grille et c) la courbe de reference a temperature T2 » TV d) Exemple de courbe de reference IDs-VGs (VDS ~ 0 V) a
temperature Ti = 6xlO~4Ec e) a T2 = 0.2EC et f) a T3 = 0.3Ec.
Pilot Q est -ell < Q < ell. Dans ce cas, tout effet tunnel sur Pilot n'est pas favorable, puisqu'il
augmenterait Penergie totale du systeme. La figure 2.2 montre les courbes typiques IDS-VDS et IDS-VGS de tels SETs.
La figure 2.2a montre le blocage de Coulomb ou aucun courant de drain ne circule sur
tension de seuil
(VTH),les bandes d'energie sont suffisamment abaissees pour rendre favorable
<Po
source M o t 111 drain source Tlot Wm- drain
a)
b)
Figure 2.3 a) Diagramme des bandes d'energie en blocage de Coulomb pour un SET
metallique (niveau de Fermi dans la bande de conduction), b) Alignement des bandes
d'energie lorsque VDS > VTH favorisant la conduction par effet tunnel de la source au
drain.
une circulation de courant (voir figure 2.3). La pente de la courbe
IDS-VDStend alors vers la
valeur de la resistance de jonction totale du SET. Lorsqu'une charge e(n+l/2) avec
n= ... -2, -1, 0, 1, 2, ... est induite sur Pilot, la theorie orthodoxe prevoit que le blocage de
Coulomb est totalement supprime (figure 2.2b). On considere alors le SET en mode de
conduction (ON mode). L'augmentation de la temperature montree a la figure 2.2c peut aussi
annuler le blocage de Coulomb, d'ou Pimportance de l'equation 2-6. La courbe
IDS-VGSmontree (figure 2.2d a faible VDS) represente bien le caractere periodique que provoque la
tension de grille. La tension VGS induit tour a tour sur Pilot des etats de charge qui favorisent
ou non la conduction par effet tunnel, selon une periode e/Co- Les figures 2.2e et 2.2f exposent
P effet destructif de la temperature sur les oscillations du courant de drain.
Une representation exposant a la fois les courbes IDS-VDS et IDS-VGS sur un meme graphique est parfois employee. II s'agit des diagrammes en carreaux (diamond plot) ou
diagrammes de stabilite (stability plot) qui utilisent differents tons de couleur proportionnels a
IDS (OU parfois a dIDs/dVDs) pour chaque combinaison des coordonnees des abscisses (VGS) et
des ordonnees (VDS). Ce graphique necessite la prise de beaucoup de mesures, mais peut servir a extraire plusieurs parametres, une fois termine. Un exemple est montre a la figure 2.4.
vD(v) ValeurdedJ/dl/ 5 a) T MS 10 4 ^ ^ • ( 1 / C j + l / Q + l/Co) e/Q* (1/2-Q/CJ b)
Figure 2.4 a) Diagramme a carreaux. Les nombres dans les carreaux montrent l'etat de
charge de l'ilot. Les nombres separes par une virgule illustrent une transition successive d'etat, b) Un exemple d'extraction possible de parametres du SET a partir du diagramme a carreaux.
II faut noter au passage une subtilite dans la polarisation du SET. On dira qu'elle est
directement au drain. La polarisation sera symetrique quand une tension Vi de V
Ds/2 sera
appliquee au drain et qu'une tension V2 de
-VDS/2sera appliquee a la source. L'effet principal
de la polarisation symetrique est qu'elle permet d'appliquer le meme champ electrique sur les
jonctions de drain et de source, peu importe la charge sur l'ilot. En pratique, Putilisation de la
polarisation symetrique dans un circuit utile necessite la creation de deux sources de
polarisation differentes ce qui n'est pas toujours commode. Le type de polarisation du SET
influence son diagramme de stabilite en changeant les pentes des cotes des motifs en carreaux
qui constituent le diagramme. II faut en general tenir compte du type de polarisation lors de la
modelisation de l'effet du champ electrique sur le courant tunnel, comme discute au chapitre 4.
De plus, le SET lui-meme peut etre symetrique (Rs = RD, CS = Co) ou non. Ce qui, jumele avec
les deux types de polarisation presentes precedemment, generera potentiellement plusieurs
caracteristiques courant-tension, parfois tres differentes selon chaque combinaison.
2.2 Revue de 1'etat de l'art
Cette section est une des plus importantes, car elle analyse les generations de SETs
presentes et passees et extrait de cette etude des criteres de conception qui auront un impact
direct sur les transistors fabriques dans cette these. La demarche a d'abord ete historique et a
permis de recenser la majeure partie des approches techniques utilisees par les meilleurs
procedes de fabrication. Cette etape a ete cruciale, car elle a identifie des lignes de pensee
quelque peu arbitraires qui ont influence les procedes de fabrication publies depuis les dix
dernieres annees. C'est en partie en questionnant ces dogmes que les directions du present
travail ont emerge. De ces lignes directrices sont nees, dans un deuxieme temps, les
loin. Le concept de SET developpe ici a egalement tenu compte de la disponibilite des
equipements et materiaux du laboratoire, ainsi que des contraintes de temps. Ces facteurs ayant
ete optimises pour maximiser les chances d'atteindre les objectifs fixes.
Comme mentionne precedemment, des les annees 50 et 60, on connaissait l'existence de
la conduction par saut dans les films granulaires. Evaporer de minces couches de metal etait
tout ce qui etait necessaire pour observer ces phenomenes a basse temperature. La nature creait
le reste en faisant litteralement croitre, durant le depot des films, des ilots de taille
microscopique agglomeres les uns contre les autres. On peut affirmer que les premiers travaux
etaient bases presque exclusivement sur des films metalliques. Un bouleversement majeur allait
cependant couper court a ces approches granulaires. II survint dans les annees 70, avec
P apparition de la lithographie, qui orienta du coup les chercheurs vers des structures
artificielles ou Ton pouvait faconner et positionner soi-meme des motifs de taille
micrometrique. Le raffinement de ces travaux coi'ncida avec l'epoque des predictions
theoriques qui sous-entendaient l'existence possible du SET et on attribua aussitot a la
lithographie la tache de fabriquer des SETs. II etait clair cependant que Ton devait disposer de
jonctions de quelques centaines de nanometres, resolution qui depassait largement les quelques
microns des meilleures machines disponibles a l'epoque. L'idee originale de P evaporation a
angle [Dolan, 1977] allait changer les choses, lorsqu'elle fut reprise pour demontrer le SET en
laboratoire [Fulton, 1987]. Avec cette methode, une couche metallique est evaporee au travers
d'un masque de resine de quelques microns de resolution, suspendu au-dessus de la surface du
a) b)
c) d)
Figure 2.5 La methode d'evaporation a angle de Dolan.
puis, une deuxieme couche de metal est deposee avec un angle legerement different au travers
du meme masque suspendu. Cet angle deplace la projection de la deuxieme couche de metal de
quelques centaines de nanometres par rapport a la premiere couche oxydee. II y a done
superposition sur quelques centaines de nanometres de deux films metalliques separes par un
mince dielectrique, comme montre a la figure 2.5d. Les jonctions tunnel du SET sont formees
par cette superposition (overlap). Cette methode fut employee pendant de nombreuses annees
et a permis de valider plusieurs concepts theoriques de la mono-electronique. Jusqu'a cette
employe. Tous ces dispositifs etaient cryogeniques souventjusqu'a quelques millikelvins. Les
meilleurs SETs fabriques par la methode de Dolan ont pu atteindre 77 K et meme un peu plus.
L'evaporation a angle permettait un bon controle sur les parametres de la couche dielectrique
ainsi que sur 1'emplacement et le nombre de jonctions creees. Ce controle etait important, car
on s'efforcait de demontrer, a l'epoque, les principes des boites, pompes et registres
mono-electroniques (box, pump, turnstile) ainsi que les effets des jonctions multiples (multiple tunnel
junctions, MTJ) [pour des exemples de ces dispositifs, voir entre autres Lafarge et coll., 1991,
Kim et coll., 2003, Tsukagoshi et coll., 1998 et Nakazato et coll., 1995]. Pour effectuer ces
tests, il fallait fabriquer, de facon controlee, un certain nombre de jonctions. Une jonction dans
les cas de la boite, deux pour un SETs et une matrice lineaire de N jonctions dans le cas des
MTJs. Comme on croyait durant ces annees remplacer le FET par le SET, on fabriqua aussi un
grand nombre de portes logiques elementaires (AND, NAND, XOR, etc.). Etant donne qu'il
fallait bien controler la localisation des jonctions, on utilisait la plupart du temps Pevaporation
a angle et on demontrait le principe de fonctionnement des circuits avec des mesures prises a
des temperatures cryogeniques [voir par exemple Heij et coll., 2001].
La lithographie se raffinant, et avec l'apparition de la lithographie par faisceau
d'electrons, on a cru qu'il serait possible de proceder a une reduction d'echelle des SETs, un
peu comme on l'avait fait avec les FETs. Likharev publia cependant en 1999, une revue
complete des SETs [Likharev, 1999], dans laquelle il souligna que la lithographie ne pourrait
probablement jamais produire de SETs performants. L'une de ses courbes, dont les valeurs sont
reproduites au tableau 2.1, est devenue tres connue et employee dans plusieurs articles par la
cas generique avec un ilot spherique conducteur dont 10 % de la surface etait occupee par les
jonctions avec un coefficient dielectrique de 4. L'article avan9ait que pour remplacer un FET
par un SET, il faudrait Ec > 100kBT. Pour une operation a 300 K (Ec > 2600 meV), le tableau
2.1 montre que l'on doit viser une taille d'llot bien inferieure a 1 nm, ce qui en fait une cible
quasi impossible a atteindre en lithographic Dans le meme article, on presentait le travail de la
lithographie par microscope a effet tunnel {scanning tunneling microscope, STM), vu comme
l'outil de lithographie ultime. Les SETs metalliques fabriques par STM avaient de loin les
meilleures caracteristiques et fonctionnaient a 300 K. Par contre, on soulignait le fait que les
STMs ne sont que des outils de laboratoire tres lents et sans voie connue vers la fabrication en
volume. L'article de Likharev eut une influence importante avec deux repercussions notables.
D'abord, il montrait que la taille utile des SETs pourrait etre inferieure a 1 nm, ce qui suggerait
que la lithographie avait atteint ses limites. Ensuite, il envisageait que la seule facon d'obtenir
des SETs performants etait d'utiliser des objets de taille nanometrique reguliere, deja faconnes
par la nature comme des nanoparticules, des films granulaires, des grappes d'atomes
auto-alignes {self-aligned atom clusters) ou encore des boules de carbone {buckyballs).
Tableau 2.1 Apercu des valeurs de capacitance d'ilot selon Likharev
M
<• ( Cn|):K'it;iiHT de l"ilo1 \ )••'•• ( a K )100
10
1
2
60
700
80
3
0.2
* Ec = ez/(2C)Depuis les annees 50, les etudes mono-electroniques etaient executees sur des films
metalliques avec des dimensions ou Ec » E
Ket ou E
A~ E
c. Cependant, la densite d'etats plus
faible des semi-conducteurs augmente sensiblement E
K(comme vu a l'equation 2-4). L'usage
de semi-conducteurs constitue done un moyen d'augmenter EA sans reduction de taille, grace a
la contribution de ER. Le silicium est tout indique pour cette tache, puisqu'il est compatible
avec les equipements en place dans l'industrie. Les gaz bidimensionnels dans les
semi-conducteurs composes (ex.: GaAs, AlGaAs, etc.) sont aussi une possibility quoique moins
attrayante, pour la fabrication par l'industrie en place, majoritairement orientee en silicium.
L'article de Likharev faisait cependant une mise en garde a ce sujet: 1'utilisation de SETs en
silicium ou crees par nanoparticules amene une difflculte supplemental. Afin d'assurer la
conduction electrique des SETs fabriques en nanoparticules, en boules de carbone ou par
grappes d'atomes, il faut fabriquer des electrodes de contact pour lesquelles il sera impossible
de savoir le nombre de particules contactees. Les films granulaires ont egalement un probleme
de reproductibilite car on ne controle pas le nombre et la forme des tlots. Pour le silicium et les
SETs fabriques sur semi-conducteur, le confinement profond et la discretisation des niveaux
d'energie amenent des difficultes majeures dans l'analyse des resultats. La principale difficulte
provient du fait que le taux d'effet tunnel des porteurs n'est plus simplement lie au changement
d'energie E
c, comme vu precedemment. Toutes ces approches comportent done un caractere
imprevisible et non-repetable comparativement aux SETs metalliques qui sont beaucoup plus
reguliers et qui sont decrits quantitativement par la theorie orthodoxe. Leur conduction est
reguliere, notamment en ce qui a trait aux oscillations I
DS-
structures creees sur substrat de silicium sur isolant {silicon on insulator, SOI). Ces approches
comportent beaucoup d'etapes de fabrication. En utilisant un substrat SOI aminci pour obtenir
quelques dizaines de nanometres de silicium, on definit un motif etroit par lithographie par
faisceau d'electrons et gravure plasma {reactive ion etching, RIE) comme montre a la figure
2.6a. Ce fil est ensuite aminci encore une fois par une autre etape de gravure liquide et il est
oxyde dans une fournaise. II en resulte des oxydations locales, en etranglement du fil de
silicium, qui forment une chaine de petits llots (figure 2.6b). Le nombre d'ilots est inconnu, de
meme que Pepaisseur du dielectrique des jonctions. La forme des ilots n'est pas previsible,
mais leur taille est souvent estimee a moins de 5 nm. Ces dispositifs sont parfois fabriques a
partir de silicium de type p ce qui en fait des SHTs {single-hole transistor). Ces dispositifs ont
des gains superieurs a 1'unite et presentent des caracteristiques uniques, comme des resistances
differentielles negatives et des pics de conduction dans leur courbe IDS-VDS- Leur caractere est souvent imprevisible, mais ils auront toujours des pics d'oscillations dans leur courbe IDS-VGS et IDS-VDS- De nouveaux types de circuits ont ete proposes pour utiliser ces transistors, notamment en logique et en memoire statique [Saitho et coll., 2004]. A partir d'un certain
nombre d'hypotheses et d'approximations, on a estime, chez les bons dispositifs sur silicium,
une energie EA autour de 0.57 eV avec Ec = e2/2CT = 0.22 eV et EK= 0.35 eV [Miyaji et coll.,
2006]. La capacite Cj est done de 0.73 aF. Comme la plupart des precedes presenters dans la
litterature, les donnees au-dessus de 300 K ne sont pas disponibles pour les dispositifs au
silicium. Leur marge d'operation reste done a etablir, ce qui les place au meme stade
d'avancement que le reste de la technologie SETs.
Figure 2.6 La methode d'oxydation locale de fil de silicium.
Likharev dans son contexte (les valeurs du graphique sont montrees au tableau 2.1). Cet article
etait une revue generate des SETs et cette courbe etait utile pour fixer les ordres de grandeur
dont on peut parler en technologie mono-electronique. Les possibilites des dispositifs sont trop
nombreuses et trop complexes pour rapporter tous les cas a une sphere conductrice et a ses
dimensions souhaitables. Base sur ces hypotheses, on ne peut done pas affirmer que la
lithographie est sans avenir. La lithographie amene un controle et une reproductibilite
necessaire a une potentielle commercialisation. Que dire ensuite des estimations sur ce que doit
etre la valeur de EA dans P equation 2-6? Dans l'expression EA » xkBT, la litterature publie des
valeurs de x qui varient sur plusieurs ordres de grandeur [voir par exemple Saitho et coll., 2002
ou Nakazato et coll., 1994]. Ce calcul est pourtant primordial, car la valeur de x fixe une
contrainte importante sur la taille de l'Tlot. Beaucoup d'articles de la litterature [voir par
exemple Takahashi et coll., 2002] affirment par exemple que puisque x doit supposement se
situer au minimum autour de 10, et si T = 300 K, alors la taille de Pilot a partir du graphique de
Likharev doit etre necessairement inferieure a 2 nm. Pour x = 100, la taille de Pilot devrait etre
inferieure a 1 nm. En se fiant a ce resultat, les SETs n'ont done peu ou pas d'avenir, car tres
peu de technologies peuvent arriver a ces dimensions. Heureusement, la justification pour
x = 10 ou x = 100 n'a pas encore ete demontree avec des dispositifs et des circuits utiles. En
fait, il n'y a probablement pas de reponse unique a la valeur de x, car elle depend de
Papplication visee par les SETs. Les fluctuations thermiques ont des consequences desastreuses
sur les SETs, car elles peuvent, entre autres, donner Penergie suffisante a un electron de Pilot
pour surmonter la barriere d'energie des jonctions de facon aleatoire. Ce comportement mene a
des consequences bien differentes dependamment de Papplication. II peut par exemple prendre
la forme de courant de fuite statique dans une application logique alors qu'il engendrera un
taux d'erreur de bit (bit error rate, BER) dans un circuit de memoire. Dans ce cas precis par
exemple, le BER montre un comportement exponentiel avec EA. Si on veut remplacer une
technologie FET qui offre un bit d'erreur a tous les trois ans, il faudra une valeur de x d'au
marge de securite qui doit completement eliminer la queue de la courbe gaussienne de
distribution energetique des electrons de Pilot. La conclusion sur la valeur de x est qu'il ne faut
pas abandonner le developpement des SETs en supposant une valeur de x. II faut d'abord
fabriquer des SETs avec assez de marge d'operation pour batir un nombre suffisant de circuits
et d'applications sur lesquelles on mesurera et etablira des specifications precises pour x.
Enfin, le dernier point de la revue de Petat de l'art des SETs concerne le choix de la
plateforme: metallique ou semi-conducteur. Bien qu'une theorie orthodoxe etendue existe
[Averin et coll., 1991a] pour tenir compte de la separation des niveaux d'energie, il n'en
demeure pas moins que la vaste majorite des simulateurs numeriques et des macro-modeles
(ex.: modeles SPICE) fonctionnent pour des dispositifs qui peuvent etre decrits par la simple
theorie orthodoxe. Ce point rejoint une des conclusions de la revue de Likharev ou celui-ci
soulignait Pimportance de developper des SETs qui fonctionnent dans le regime Ec > EK, ce
qui est le cas pour la vaste majorite des SETs metalliques. II faut se rappeler que la capacite
d'utiliser les macro-modeles pour developper les nouvelles architectures hybrides SET/FET est
un atout majeur.
2.3 Cahier des charges
A la lumiere de la revue de la section precedente, des choix techniques ont ete faits pour
guider le travail de cette these. Tout d'abord, la plateforme sera metallique. Cependant, les
methodes de fabrication retenues devront pouvoir s'appliquer egalement aux semi-conducteurs.
beaucoup mieux supported en ce qui a trait aux outils de design et de modelisation de circuits,
ce qui est un atout considerable vers la route de la commercialisation. Le deuxieme choix
technologique sera l'utilisation de la lithographie par faisceau d'electrons {electron beam
lithography, EBL). Cette technologie mature a fait ses preuves et est compatible avec
l'industrie, si on en limite 1'usage aux sections critiques du dispositif, ceci a cause de la relative
lenteur de la technique. Elle permettra egalement de fournir un controle sur le nombre et la
localisation des jonctions. Une approche auto-alignee reduira les risques d'erreur du procede.
Le troisieme choix concerne le dielectrique. II devra etre obtenu thermiquement afin d'en
optimiser la qualite et le controle sur l'epaisseur. Quatriemement, le choix de la grille. Cette
derniere pourra etre une grille arriere {back-gate) pour demontrer le concept, mais la these
devra proposer une option pour obtenir des grilles de surface. Cinquiemement, il importe a ce
stade de fixer un ordre de grandeur pour les valeurs de capacite a atteindre. Comme mentionne
precedemment, les meilleurs SETs metalliques ont ete realises par lithographie STM pour des
capacitances totales de l'ordre de 0.70 aF [Matsumoto et coll., 1996]. Cette gamme de valeurs
de CT sera done l'objectif a atteindre. Notons cependant que ces SETs ne sont pas des
dispositifs utiles, car l'epaisseur de leur barriere dielectrique est trop importante. En effet,
celle-ci depend de la resolution laterale du STM, qui se situe entre 15 nm et 25 nm. Les probabilites
d'effet tunnel sont tres faibles a ces fortes epaisseurs. Le courant de drain des SETs avec les
meilleures capacitances se situe alors dans les centaines de femto amperes. Des courants
jusqu'a trois ordres de grandeur plus Aleves seraient souhaitables afin de charger les
capacitances des interconnections qui contactent les differents SETs d'un circuit pratique.
Puisque chaque deviation d'une etape de procede risque d'augmenter CT, un effort devra
Les paragraphes precedents, comme la vaste majorite de la litterature sur les SETs, ont
porte un grand soin a preciser les dimensions maximales des transistors. Mais qu'en est-il de la
taille minimale des SETs? Cette question peut paraitre insolite apres avoir tant parle de la haute
resolution requise pour un fonctionnement au-dessus de 300 K. La litterature sur ce sujet est
pratiquement inexistante [pour un article effleurant la question voir Lutwyche et coll., 1994].
Pourtant, il ne faut pas oublier que la tension de seuil du blocage de Coulomb, qui determine
l'etat ouvert (on state) de l'etat ferme (offstate), decoule, chez le SET, de l'energie de charge et
done de la taille du transistor. Tout dependant comment le SET est utilise dans un circuit, cette
tension de seuil peut devenir un facteur critique. La valeur des resistances de jonction, guidee
par l'equation 2-5, doit etre garantie dans toute la plage des voltages jusqu'a la tension de seuil.
Si celle-ci est trop elevee du a un SET trop petit, un regime de fort champ electrique sera
atteint, bien avant le point de tension de seuil. Or, a fort champ electrique, la conduction par
mecanisme de Fowler-Nordheim peut dominer et resulter en une diminution de la resistance
des jonctions qui dissipera immediatement le blocage de Coulomb et annulera l'effet transistor.
Les dimensions du SET sont done un compromis entre la tension de seuil resultante et les
caracteristiques des barrieres de potentiel des jonctions. Cette notion d'ingenierie des jonctions
est une contribution importante amenee par cette these et permet de mieux comprendre les
mecanismes de conduction du SET, comme montre au chapitre 4. Les caracteristiques des
jonctions, comme la hauteur de leur barriere d'energie et leur epaisseur, represented la
premiere limite a la taille minimale des SETs. La deuxieme limite concerne l'ordre de grandeur
des tensions de seuil a cibler. Si le SET est de tres faibles dimensions, la tension de seuil sera
electroniques est en constante diminution depuis 30 ans afin de conserver des champs
electriques constants a mesure que l'on diminue les dimensions des designs. Ceci diminue les
fuites de courant et done, les pertes d'energie. On imagine mal faire le maillage d'un circuit
hybride SET/FET avec des tensions de seuil de FETs plus d'un ordre de grandeur inferieur a
celles des SETs. Cette discussion apporte done les deux derniers criteres du cahier des charges.
La tension de seuil VTH des SETs sera definie comme la tension du blocage de Coulomb
( VTH= ellCj) et devra etre compatible avec l'ordre de grandeur des tensions de seuil des FETs
du ITRS roadmap. Selon la version 2006 du roadmap [ITRS, 2006], les VTH sont
approximativement de 170 mV. On prendra pour acquis qu'aucune combinaison de tension
inferieure a VW2 ne pourra placer le SET en mode de conduction et qu'aucune valeur
superieure a 2VTH ne pourra le basculer en mode ferme ou en mode Fowler-Nordheim.
La cible a atteindre pour une barriere d'energie adequate (hauteur de barriere Oo) des
jonctions n'est a peu pres pas discutee dans la litterature. Pourtant, il ne faut pas negliger son
role dans la conception du SET d'ou, encore une fois, 1'importance du concept d'ingenierie des
jonctions. Le potentiel Oo/e devra etre suffisamment eleve pour garantir les valeurs de RT sur
toutes les plages de tensions pratiques du SET (specification de Oo minimal). La resistance des
jonctions fluctuera si la tension d'operation du SET devient beaucoup plus grande que Oo/e.
Toutefois, comme le courant d'effet tunnel diminue avec l'accroissement de Oo, il sera
egalement important de garantir une valeur maximale de barriere d'energie pour conserver des
ordres de grandeur utiles de courant IDs. Afin de garantir le fonctionnement du dispositif
autour de sa valeur de VTH, la cible de Oo sera pour cette raison etablie a eVm < Oo <
Tableau 2.2 Resume du cahier des charges.
Ciiii'ivs ( luiix
Plateforme
Metallique
Creation de la structure
Lithographie par faisceau d'electrons.
Structure auto-alignee.
Dielectrique de jonction
Epaisseur controlee par oxydation thermique
Type de grille
Grille arriere (back-gate) avec option sur grille de
surface
Capacite totale pour marge d'operation CT < 0.70 aF
Courant de drain
IDS> lpA
Tension de seuil VTH
VTH = g/2Cx (le plus pres possible du ITRS roadmap)
Potentiel de barriere On/e
VTH < O0/e < 2VTH2.4 Choix du concept
La methode de P evaporation a angle a ete la plus utilisee jusqu'a maintenant et a
montre des resultats remarquables et une grande simplicite. Cependant, cette methode en est
une capable d'atteindre le regime des capacitances totales de l'ordre de Pattofarad. Comme un
des objectifs de cette these est de degager une marge de manoeuvre pour les SETs, il sera
necessaire dans ce cas de developper une methode capable d'atteindre le regime sous-attofarad
(subattofarad). Degager une marge de manoeuvre en pouvant operer au-dessus de 300 K est un
defi important auquel il faudra appliquer un concept de fabrication radicalement innovateur,
tout en garantissant une certaine robustesse.
Le concept retenu vise a exercer un controle tridimensionnel sur le SET. Jusqu'a
present, les approches bidimensionnelles ont mis beaucoup de pression sur la lithographie qui
devait controler, a elle seule, toutes les dimensions critiques du dispositif. En apportant un
controle tridimensionnel, on relaxera les contraintes en lithographie, ce qui aura pour effet de
rendre les technologies de lithographie actuelles utilisables pour les dispositifs
mono-electroniques de pointe. L'evaporation a angle permet difficilement de controler le
chevauchement des deux couches qui forment pourtant l'essentiel de la capacite de jonction.
Un controle tridimensionnel permettrait de supprimer ce chevauchement et d'obtenir des
jonctions purement planaires. II en resulterait une diminution significative de la capacitance
totale du SET et une elevation proportionnelle de la temperature d'operation.
Tableau 2.3 Resume du concept de SET retenu.
MiTi-N
Idee directrice
( l n i i \
Utilisation d'un precede qui depose une couche
metallique, suivi de l'oxydation de celle-ci, puis du
depot d'une autre couche metallique. Le precede cree un
chevauchement qui sera par la suite elimine, creant ainsi
des jonctions planaires de tres faible capacitance.
Atout majeur
En controlant la troisieme dimension (epaisseur) de
l'espace, il est possible de relaxer les criteres de
resolution dans les deux autres dimensions. Ceci permet
d'etendre la duree de vie utile de la lithographie dans les
precedes SET.
2.5 Choix technologiques
La lithographie se definit en general selon les axes x et y qui represented
respectivement la longueur et la largeur des motifs sur le substrat. L'axe vertical des z sert
surtout a mesurer les elements affectant la troisieme dimension des substrats, comme
Pepaisseur des depots de couches minces ou la profondeur des gravures plasma. Le controle
a) b) c)
Figure 2.7 La methode de CMP communement appelee damascene.
reduire les variations topographiques des circuits en technologie FET. Ces techniques reposent
principalement sur le polissage physico-chimique {chemical mechanical polishing, CMP) de
differentes couches, qu'elles soient metalliques, semi-conductrices ou dielectriques. Ces
methodes constituent un bon choix pour le present travail. Elles sont relativement matures
[Perry, 1998], bien documentees et compatibles avec la production a haut volume. II s'agirait,
dans ce cas bien precis, de CMP metallique pour respecter la plateforme choisie du cahier des
charges. Ce type de polissage se fait habituellement avec une matrice d'oxyde sur laquelle
s'appuie mecaniquement le polissage. Une tranchee est fabriquee dans la couche d'oxyde de
silicium (figure 2.7a), puis un depot metallique y est depose de facon a recouvrir l'ensemble du
substrat, y compris la tranchee. Le substrat est ensuite pose contre une table rotative (figure
2.7b) sur laquelle est colle un tapis (polishing pad). Une pate de particules en suspension
(slurry) est repandue sur le tapis et agit comme agent abrasif pour amincir l'echantillon jusqu'a
la couche d'oxyde. Le depot metallique est entierement retire, sauf dans la tranchee qui