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Cohabitation entre croissance urbaine et héritage préhispanique : le cas des sites archéologiques de la ville de Lima, Pérou

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Academic year: 2021

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Cohabitation entre croissance urbaine et héritage

préhispanique : le cas des sites archéologiques de la ville

de Lima, Pérou

Camille Descat

To cite this version:

Camille Descat. Cohabitation entre croissance urbaine et héritage préhispanique : le cas des sites archéologiques de la ville de Lima, Pérou. Architecture, aménagement de l’espace. 2017. �dumas-01808151�

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Camille Descat

Sous la direction de: Laurence Chevalier

MÉMOIRE DE MOBILITÉ

COHABITATION ENTRE CROISSANCE URBAINE ET

HÉRITAGE PRÉ-HISPANIQUE

Le cas des sites archéologiques de la ville de Lima

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AVANT PROPOS

Ce travail s’appuie sur les observations et expériences vécues lors de mon année d’échange universitaire à Lima, capitale du Pérou. Une fois passés les premiers mois et effectué quelques travaux universitaires qui m’ont amené à parcourir une grande partie des quartiers de la ville de Lima et à discuter avec leurs habitants, un constat m’a rapidement interpellé: la ville fait face à un manque indéniable d’es-paces publics, et la plupart des esd’es-paces publics existants ont un accès réglementé ou sont fermés. C’est également le cas des nombreux sites archéologiques, héri-tages laissés par les différentes cultures qui ont vécu sur le territoire correspondant à l’actuelle capitale péruvienne. C’est une situation qui m’a d’abord interpellé: aucun intérêt, qu’il soit pédagogique, culturel ou encore paysager n’est tiré de la présence de ces sites. D’un point de vue extérieur, et venant d’un pays où l’importance ac-cordé à notre passé est très grande, et où l’héritage laissé par nos ancêtres est très strictement protégés, cette situation m’a suscité des interrogations.

Pour ce travail, je me suis appuyée sur les différents échanges que j’ai eu la chance d’avoir avec de nombreux liméniens, issus de différents milieux; ainsi que sur les FRXUVTXHM¶DLVXLYLVORUVGHPRQDQQpHG¶pFKDQJH(Q¿QM¶DLFRQVXOWpOHVLQYHVWLJD-tions effectuées par des groupes d’architectes et archéologues qui démocratisent leurs travaux à travers des plateformes digitales, des conférences et débats ouverts au public.

Je tiens à remercier José Canziani, docteur en architecture et urbanisme de l’Uni-YHUVLWp&DWKROLTXHGH/RXYDLQ %HOJLTXH HWSURIHVVHXUjOD3RQWL¿FLD8QLYHUVLGDG Catolica de Lima, pour avoir répondu avec patience et précision à mes questions et SRXUO¶LQWpUrWSRUWpjPDGpPDUFKH0HUFLHQ¿Qj/DXUHQFH&KHYDOOLHUPDGLUHFWULFH G¶pWXGHSRXUVHVQRPEUHX[FRQVHLOVTXLP¶RQWSHUPLVG¶DSSURIRQGLUPDUpÀH[LRQHW pour m’avoir guidée dans mon travail.

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 /H3pURXEHUFHDXGHFLYLOLVDWLRQVSUpLQFDHWLQFDEpQp¿FLHG¶XQULFKHSD-trimoine culturel. En effet plus d’une vingtaine de civilisations se sont développées sur son territoire, mais aussi du Chili à la Colombie, en passant par la Bolivie et l’Argentine; et depuis plus de 5 000 ans (1).

INTRODUCTION

Le Pérou abrite par exemple la ville la plus ancienne du continent américain, Caral, dont la civilisation est l’une des premières au monde. Elle date d’environ 4 000 av JC, et sa population nomade vivait de chasse et de cueillette. De nombreuses civilisations se sont ensuite succédées, en développant des modes d’organisation chaque fois plus complexe. La sédentarisation des populations a permis d’améliorer la façon de produire et d’agrandir les cultures agricoles, de mettre en place des sys-tèmes d’organisation sociale, ainsi que la commercialisation de denrées ou d’objets (tissus, céramiques ...).

La civilisation la plus importante et certainement la plus aboutie est la civilisation Inca. Elle s’est développée à travers de nombreux pays (Bolivie, Pérou, Colombie et Argentine) et durant près de 7 siècles. Les Inca ont développé de réelles organi-sations sociale, politique et des dispositifs architecturaux très performants notam-ment d’un point de vue sismique. On salue encore aujourd’hui l’ingéniosité de leurs constructions et la puissance des sites qu’ils nous ont laissé.

(1) Période lithique (12 000av JC - 5 000av JC); archaïque (5 000av JC - 1 800av JC), for-mative (1 800av JC - 500av JC), développe-ment régional (500av JC - 700ap JC); période impériale (700 - 1532ap JC).

Source: J. CAZIANI, Ciudad y territorio en

los Andes, (Ville et territoire dans les Andes),

PUCP Fondo Editorial, 2009.

LES CIVILISATIONS

PRE-HISPANIQUES

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Cité du Macchu Pichu

Empire Inca, 700 - 1531 ap. JC Source: personnelle

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Relation des sites avec le territoire

Coupe schématique

Tous les complexes archéologiques occupaient une position privilégiée en rapport avec leur territoire. En région montagneuse, construire en hauteur leur permettait un contrôle total de la vallée, et la surveillance de possibles invasions. La verticalité des constructions est une manière de se rapprocher des dieux. Dans les régions de plaines, c’est la verticalité des pyramides qui les aidait à prendre de la hauteur (cf photo ci-après: temple religieux de Pachacamac , région de Lima).

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Temple religieux Pachacamac

Civilisation Lima, 200-600 ap. JC Source: Ledgard, R., Lima, Ciudad

moderna, 2009.

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 /D FRQTXrWH GHV (VSDJQROV TXL GpEDUTXHQW DX 3pURX HQ  PHW ¿Q au règne de ces civilisations. C’est à partir de 1535 que le conquistador espagnol Francisco Pizarro conçoit la ville de Lima, capitale du Pérou.

Le lieu sur lequel s’est fondé Lima était un territoire habité par plusieurs civilisations pré-hispaniques qui se sont développées de manière durable, en respect avec leurs environnements directs. Par exemple, la civilisation Lima s’est implantée le long du ÀHXYH5LPDFHWSRVVpGDLWGHQRPEUHXVHVFXOWXUHVJUkFHjG¶LQJpQLHX[V\VWqPHV G¶LUULJDWLRQGHVFDQDX[GpULYpVGXÀHXYHSHUPHWWDLHQWG¶LUULJXHUOHVWHUUHVFXOWLYpHV 3OXVLHXUVFHQWUHVXUEDLQVVHVXLYDLHQWOHORQJGXÀHXYHFRPSUHQDQWGHVSDODLVGHV sanctuaires et des habitations.

/HFKRL[GHO¶HPSODFHPHQWDpWpELHQUpÀpFKLODSUR[LPLWpGHO¶RFpDQHQIDLWXQ endroit stratégique pour développer le commerce avec l’Europe, et la position au cœur d’une vallée offre au lieu un climat agréable et des terres cultivables. Dans un but militaire, il trace la ville selon un plan orthogonal.

Lors de la conquête du Pérou, les espagnols avaient non seulement l’intention de piller toutes les richesses naturelles du pays, mais aussi d’imposer leur religion et leur culture. On parle alors de syncrétisme, terme qui désigne un processus de rapprochement et mélange de diverses opinions, doctrines, systèmes de pensée ou éléments représentatifs d’une culture, dans le but d’en créer une nouvelle.

La fondation de Lima sur ce site en particulier peut déjà être vu comme un acte d’évangélisation. Le fait de choisir un site proche de Pachacamac (centre religieux de la civilisation Lima) pour la construction de Lima prouve la nécessité de juxtapo-ser les deux religions, dans un processus de syncrétisme. La volonté de construire une ville près de la côte démontre un objectif militaire. Le fait de le faire près du centre de culte de Pachacamac a un objectif religieux.

La religion catholique a ainsi été assimilée puis mélangée aux croyances amérin-diennes pour former une croyance unique: la plupart des indiens se sont laissés pYDQJpOLVHU3RXUVHIDLUHHWJUkFHjO¶DUWOHVHVSDJQROVRQWDVVRFLpGHVpOpPHQWV représentatifs des croyances indigènes à ceux de la religion catholique.

En architecture, les espagnols imposent leurs systèmes constructifs. Les églises sont construites en pierres, et les habitations en bois.

Ci-dessus:

Implantation des centres urbains de la civilisation Lima OHORQJGXÁHXYH5LPDF Source: personnelle

LA CONQUÊTE

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Aujourd’hui, le Pérou est essentiellement connu pour ses sites archéologiques ins-crits au patrimoine mondial de l’UNESCO, tels que le Machu Picchu, les lignes de Nazca, ou la cité Chan Chan, des exemples représentatifs de l’ingéniosité des civilisations andines. La majorité des sites archéologiques du pays ne présentent pas une telle reconnaissance et attractivité. En effet, la plupart de ces sites mineurs, appelés Huacas, se trouvent maintenant en plein milieu de quartiers résidentiels, de zones commerciales ou agricoles. Le territoire qu’ils occupent se trouve de plus en plus affecté par l’impact des activités modernes.

*UkFHjODFURLVVDQFHpFRQRPLTXHGXSD\VFHVYLQJWGHUQLqUHVDQQpHVOHQRPEUH de travaux de recherches a considérablement augmenté, permettant la découverte et sauvegarde de nombreux objets de céramiques, textiles, momies, etc. Cepen-dant, une grande partie de petits sites archéologiques est en constante détérioration voire destruction, à cause de l’expansion des zones urbains.

C’est le cas de la ville de Lima, où j’ai passé une année d’échange universitaire. &¶HVWXQHYLOOHTXLP¶DG¶DERUGSDUXHGLI¿FLOHjDERUGHUEUX\DQWHGpVRUGRQQpH dont l’étalement horizontal se fait sur des dizaines de kilomètres... Plusieurs se-maines sont nécessaires pour trouver ses repères dans cette ville en plein essor économique, où les choses peuvent aller de manière très rapide, comme extrême-ment lenteextrême-ment. C’est donc une fois avoir appréhendé la complexité du réseau de transport et la barrière de la langue, que les charmes de la ville apparaissent. C’est une ville culturellement très riche, où l’on mange dans la rue, où le contact humain s’établit très rapidement. C’est aussi une ville reconnue par ses habitants comme assez insécuritaire. Comme dans la majorité des villes modernes péruviennes, la SRSXODWLRQDDXJPHQWpFRQVLGpUDEOHPHQWGDQVOHVDQQpHVjFDXVHGHVÀX[ migratoires venant des campagnes, d’où les gens fuyaient la crise économique et ODJXHUUHFLYLOHHQWUHGHVJXpULOODVGHQDUFRWUD¿FDQWVHWODSROLFH&HWH[RGHUXUDOD donné naissance à de nombreux bidonvilles sur les hauteurs de la ville. Aujourd’hui, les inégalités ne cessent d’augmenter, et cela transforme Lima en une ville ségré-JDWLYHGRQWOHVTXDUWLHUVHWHVSDFHVSXEOLFVVHIHUPHQWD¿QG¶pYLWHUODGpOLQTXDQFH D’autre part, Lima est aussi la ville au plus riche patrimoine archéologique du Pérou. Elle a en effet abrité plusieurs cultures pré-hispaniques telle que la culture Lima, qui se sont développées de manière durable, en respect avec leurs environnements directs. Or, les espagnols ont débarqué en 1531 avec l’intention de détruire toutes les preuves de l’existence de ces civilisation. Depuis, l’essor économique de la ville entraîne une forte demande de construction, et l’intérêt économique passe bien souvent avant l’intérêt culturel: si les sites archéologiques ne sont pas détruits et UHPSODFpVSDUGHKDXWVEkWLPHQWVG¶KDELWDWLRQLOVVRQWIHUPpVDXSXEOLFSDUGHV grillages ou de hauts murs de béton. Etant sensibilisée à la notion de patrimoine et à l’importance de sa mise en valeur et sa protection, cette situation m’a fortement interpellé: a quelle logique répond le fait de délimiter, enfermer, grillager, restreindre l’accès à quelque chose que l’on veut protéger?

Lima compte aujourd’hui environ 8 millions d’habitants, soit 30% de la po-pulation du pays, et c’est une ville en constante expansion. Cette expansion se fait en partie Nord, Est (jusqu’à arriver au premières montagnes des Andes) et au Sud. La ville est divisée en districts, ceux qui regroupent les activités commerciales et touristiques se situent sur la frange côtière, et les nouveaux s’étendent sur les mon-tagnes, de manière horizontale, avec une faible densité. Ils sont le produit de l’inva-sion d’habitats spontanés informels et illégaux, qui ont réussi avec le temps à être reconnus par l’État, et ainsi à être distribués par les services qui leurs manquaient tels que l’eau, l’électricité et les transports en commun.

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(6ème étape)

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Mon séjour à Lima m’a amené à penser que le patrimoine liménien est aujourd’hui HQFRQVWDQWGDQJHUGHGLVSDULWLRQHWHQFRQÀLWDYHFODYLOOH3RXUSRXYRLUOHVSURWpJHU et empêcher les invasions, l’état a opté pour fermer la plupart des sites archéolo-giques. Dès lors, on se demande quel est l’effet souhaité quant au comportement des habitants face à ces limites physiques imposées?

Plusieurs travaux universitaires m’ont amené à discuter avec des habitants de di-vers quartiers, et j’ai été assez étonnée d’apprendre que beaucoup de liméniens VRQW IDYRUDEOHV j OD IHUPHWXUH GHV HVSDFHV SXEOLFV HW VLWHV DUFKpRORJLTXHV D¿Q d’empêcher le banditisme qui s’y passe en majorité le soir. Ainsi, seuls quelques ha-bitants, essentiellement architectes, historiens ou archéologues, semblent se sentir concernés par le danger que courent les sites archéologiques. Dans un contexte où ni les politiques ni les habitants sont attachés à ces sites, est-il donc vraiment perti-nent de les considérer comme des reliques auxquelles personne ne peut toucher? D’une manière générale, ces constats m’ont amené à établir la question suivante:

Quelle est la place des sites archéologiques dans la construction de la ville de Lima et dans l’imaginaire des habitants?

Pour tenter de répondre à cette question, il me semble primordial d’aborder en pre-mier lieu la notion de protectionnisme ainsi que de rappeler l’origine et les raisons du caractère ségrégatif de la ville de Lima. Puis, en prenant appui sur deux sites DUFKpRORJLTXHVGHGHX[TXDUWLHUVELHQVSpFL¿TXHGH/LPDODGHX[LqPHSDUWLHDQD-lysera les espaces intermédiaires, relations et liens entre les sites archéologiques HWOHXUVTXDUWLHUV(Q¿QODGHUQLqUHSDUWLHWUDLWHUDGXU{OHTXHMRXHQWFHVVLWHVGDQV

la mémoire des liméniens. Ci-dessous

Huaca Huallamarca: d’un côté, XQH ¿QH FO{WXUH HPSrFKDQW OH passage, d’un autre, de hauts im-meubles d’habitation mesurant 2 à 3 fois la taille de la huaca. Source: personnelle

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LA GRILLE COMME MOYEN DE PROTECTION

Ci-contre:

Une ruelle privée dans le quartier de Chorrillos, Lima

Source: personnelle

I.

A Lima, protéger un bien, c’est l’enfermer. Pour se protéger de la délin-quance, on s’enferme dans des quartiers ultra-sécurisés. Pour protéger un espace public, on le ferme, et il en devient un simple espace de contemplation. La peur de l’autre et la politique de protection des biens communs sont les deux facteurs qui IRQWGH/LPDXQHYLOOHROHVDFFqVVRQWGLI¿FLOHVHWOHVPXUVG¶HQFHLQWHVJULOOHVHW barrières se succèdent.

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1. FRAGMENTATION

ET SÉGRÉGATION

L’exode rural des années 1940 a entraîné une très grande croissance dé-mographique et la population de Lima a quasiment triplé en 40 ans. La ville s’est alors étalée jusqu’au pied des premières montagnes andines, où les premiers bi-donvilles et constructions informelles voient le jour. Les écarts de richesses ont alors commencé à se creuser, et la délinquance augmenter. Le sentiment croissant d’insécurité a alors amené la fermeture et la privatisation de nombreux quartiers. Cette peur tend aujourd’hui à éloigner et séparer les groupes sociaux, et à déve-lopper une ville ségrégative (3). La fermeture concerne non seulement les quartiers résidentiels aisés, mais aussi les espaces publics, les sites archéologiques ainsi que de nombreux commerces, notamment dans les quartiers considérés comme sensibles.

Ci-contre:

Un commerce où les achats se font à travers la grille

Chorillos, Lima

Source: personnelle

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce sont très souvent les habitants qui demandent la fermeture des espaces publics de leurs quartiers. Ce sont souvent GHVDFWHVGHGpOLQTXDQFHWUD¿FGHGURJXHRXHQFRUHGHVYROVTXLHQWUDvQHQWXQ FOLPDWGHSHXUHWXQVHQWLPHQWGHPp¿DQFHFKH]OHVKDELWDQWV2QYRLWDORUVVH développer une ville grillagée, muraillée, où l’entre-soi et la crainte de l’autre se font de plus en plus ressentir.

L’usage de la rue s’en voit ainsi de plus en plus restreint. La rue n’est plus un lieu GHVRFLDELOLWpHWODYLOOHV¶HVWDLQVLWUDQVIRUPpHQXQHQVHPEOHGHÀX[LQFHVVDQWVGH véhicules, centre commerciaux et espaces privés ou semi-privés.

(3) H. CORDOVA AGUILAR, «La Ciudad de Lima: su Evolución y Desarrollo Metropolitano» (La ville de Lima: son évolution et développement métro-politain), 5HYLVWD*HRJUi¿FD, n. 110, juin-décembre 1989, p. 231-265.

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2. POLITIQUE DE

PROTECTION

La détérioration et le non-respect des espaces publics est également une des causes de leur fermeture. Au Pérou, pour protéger un espace, on l’enferme et on en restreint l’accès. De cette manière, les espaces publics, en plus d’être très rares, sont la plupart du temps considérés comme des «lieux de contemplation»(4). Ce sont des sculptures naturelles qui ornent la ville, et non pas des lieux de vie et d’intérêt public. Les habitants ne peuvent pas s’approprier ces lieux, et les espaces verts de la ville se transforment peu à peu en des vitrines que l’on observe depuis O¶H[WpULHXUVDQVSRXYRLU\HQWUHUD¿QGHQHSDVOHVGpWpULRUHU/DSROLWLTXHGHSUR-tection est donc l’enfermement.

Ci-contre

Un espace vert fermé, que les habitants contemplent depuis l’extérieur.

Source: personnelle

C’est également le cas des sites archéologiques: la plupart des sites sont aujourd’hui fermés pour éviter leur dégradation. C’est une situation qui m’a d’abord interpellé: ces sites sont l’héritage des diverses civilisations qui se sont établies sur le territoire de l’actuelle capitale, mais ils sont laissés à l’abandon. Aucun intérêt, qu’il soit pé-dagogique, culturel ou encore paysager n’est tiré de la présence de ces sites. D’un point de vue extérieur, et venant d’un pays où l’importance accordé à notre passé est très grande, et où l’héritage laissé par nos ancêtres est très strictement proté-gés, cette situation m’a suscité des interrogations.

(4) G. RAMON, El Neoperuano, (Le style

Néo-péruvien), éditions Sequilao, 2014.

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Ce sont les années 1930 qui marquent un tournant dans l’histoire de la considé-ration des biens culturels(5). En effet, la politique de protection est d’abord une ré-ponse à l’invasion des sites archéologiques lors de l’exode rural. L’expansion de la ville pousse à construire de plus en plus près de ces sites considérés jusque là hors de danger car éloignés. Les politiques commencent donc à les prendre en considération, et c’est dans la Constitution de 1933 qu’apparaissent les premières lois concernant les biens de propriété nationale: ils ne peuvent en aucun cas subir GHPRGL¿FDWLRQ G¶LQWpUrW SULYDWLI$XWUHPHQW GLW VL OHV ELHQV VRQW SXEOLFV DXFXQH propriété privée ne peut s’y établir. Seulement, aucune loi ne concerne les biens privés. La propriété du patrimoine culturel est alors encore absolue: les biens sont transmis, transformés ou détruits suivant la volonté de leurs propriétaires.

La Constitution de 1979 se précise, et oblige la protection du patrimoine par l’État, et impose des travaux de conservation, entretien et restauration de ces biens cultu-rels, qu’ils soient de propriété privée ou publique. La loi oblige les propriétaires à respecter et conserver l’usage originel de ces biens. Il ne s’agit plus que de les pré-server, mais de les entretenir et les mettre en valeur. Cependant, il n’existe aucune FODVVL¿FDWLRQGHVELHQVOHVSURSULpWDLUHVSULYpVSHXYHQWGRQFWUqVELHQFRQVLGpUHU que leurs biens ne sont pas concernés par la loi.

&HQ¶HVWTX¶HQTX¶HVWPLVHHQSODFHODFODVVL¿FDWLRQGHVELHQVHWO¶DWWULEXWLRQ du titre de Patrimoine Culturel de la Nation(6). Le patrimoine culturel péruvien est alors placé sous la tutelle de l’État, plus précisément de l’Institut National de la &XOWXUHGRQWODUHVSRQVDELOLWpHVWG¶LGHQWL¿HUFRQVHUYHUHWIDLUHFRQQDvWUHO¶KpULWDJH archéologique, artistique, historique péruvien qui est classé Patrimoine Culturel du Pérou.

&HSHQGDQWFHWWHQRXYHOOHSROLWLTXHGHSURWHFWLRQQHSHXWSDVrWUHHI¿FDFHOHVVLWHV archéologiques sont au nombre de 360, et il n’est évidemment pas envisageable de tous les restaurer. Quelques travaux de mise en valeur commencent dans les années 2000, mais ils concernent seulement une poignée de sites, ceux des quar-WLHUVWRXULVWLTXHVGH0LUDÀRUHVHW%DUUDQFRSDUH[HPSOH3RXUOHVDXWUHVLOV¶DJLW seulement d’empêcher les invasions, et la solution la plus rapide est d’y construire des murs d’enceintes.

(5) Source: http://www.cultura.gob.pe/es

(6) Ley General del Patrimonio Cultural de la Nación, nº 28296, Art. 5. Source: http://www.cultura.gob.pe/es

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Ci-dessous:

Huaca Huallamarca,

El Rosario, Lima

Source: personnelle

L’accès aux sites archéologiques est alors restreint, et parfois même interdit. C’est un parti-pris qui me paraît étonnant, puisque totalement opposé aux politiques fran-çaises de mise en valeur du patrimoine. Pourquoi restreindre l’accès à quelque chose que l’on veut protéger? N’est-ce pas empêcher de divulguer un savoir, une culture, des connaissances, empêcher de faire parler un héritage qui a beaucoup à enseigner aux habitants?

Fermer ces sites, c’est à mon avis les exclure. Parcourir un site archéologique pro-cure une sensation étrange. De par leur grande taille, on est en partie coupé de la ville, de ses bruits, de sa pollution. Seulement, l’accès y étant restreint, on y croise peu de visiteurs, et s’y sent ainsi un peu vulnérable, au milieu d’espaces vastes. Ces sites sont donc considérés par la population comme dangereux. On peut alors se demander quel est l’effet souhaité quant au comportement des habitants face à cette exclusion? Il me semble qu’on entre dans un cercle vicieux: les sites archéo-logiques sont partiellement fermés, ils deviennent donc des espaces ségrégués et PDOSHUoXVSDUOHVKDELWDQWVTXLSUpIqUHQW¿QDOHPHQWTX¶LOVVRLHQWGp¿QLWLYHPHQW fermés.

(Q¿QOHGpVLQWpUrWGHVSROLWLTXHVIDFHjFHVVLWHVUDSSHOOHODVLWXDWLRQGHODFRQTXrWH espagnole. Les conquérants, voulant faire table rase du passé ont voulu supprimer toute trace de l’existence des civilisations andines. Le sort actuel des sites est assez semblable: les politiques n’y accordent aucun intérêt, et permettent parfois leur des-truction. N’est-ce donc pas en quelque sorte vouloir éviter, voire même empêcher la transmission culturelle du riche passé pré-colonial?

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Pour conclure, fermer un site archéologique, n’est-ce pas mettre à mal l’une de ses premières qualités: l’étroit rapport qu’il entretenait avec son environnement? L’horizontalité et l’étalement des complexes archéologiques est la preuve d’un rap-port direct et ancré dans le territoire. La verticalité établie par les pyramides cher-chait un rapport aux cieux, au monde des dieux (schéma ci-dessus).

La croissance urbaine et la proximité qui en découle entre les sites et la ville me paraît avoir étouffé ces derniers et rompu la relation qu’ils entretenaient avec leur HQYLURQQHPHQWSURFKH VFKpPDFLGHVVRXV (QO¶pWDWDFWXHOOHVLWHQHSUR¿WHSDV jODYLOOHHWODYLOOHGHSUR¿WHSDVDXVLWHDORUVTXHOHVLWHSRXUUDLWRIIULUGHVYXHV VXUODYLOOHHWTXHOHVEkWLPHQWVSRXUUDLHQWLQWHUDJLUDYHFOHVLWHLOVFRKDELWHQWSRXU l’instant sans aucun dialogue. Qu’en est-il donc des espaces intermédiaires et des relations entretenues entre un quartier et son site archéologique?

Des relations visuelles directes entre le complexe archéologique et son environnement lors de leur construction.

Relation de confrontation entre le complexe archéologique et son environnement actuel.

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ESPACES INTERMÉDIAIRES, LIENS

ET LIMITES AVEC LA VILLE

ÉTUDE DE CAS

Le dialogue établi entre les sites archéologiques et leur territoire lors de leur construction n’a-t-il pas été rompu dès les premières étapes de la construction de la ville? Quelle est aujourd’hui la place des Huacas dans la pratique de la ville? $XPrPHWLWUHTXHOHFDUDFWqUHFRQ¿QpGHVVLWHVDUFKpRORJLTXHVOHXUSUR[LPLWpDX[ habitations est un aspect qui m’a interpellé. Si les hauts murs d’enceinte servent à HPSrFKHUO¶LQYDVLRQG¶KDELWDWVVSRQWDQpVjO¶LQWpULHXUGHVVLWHVDXFXQHORLQHGp¿QLW des distances à respecter entre ces limites et les habitations. Il existe alors plusieurs FDVGH¿JXUHGDQVOHVTXDUWLHUVjIRUWHGHQVLWpOHVFRQVWUXFWLRQVVHFROOHQWDX[ limites des sites, empêchant alors toute interaction entre ces derniers et leur quar-tier. Dans les zones moins denses, les espaces de transition entre les sites et les habitations sont souvent de vastes plaines désertes où s’accumulent des déchets, et qui sont considérées comme dangereuses par les habitants.

Dans ce contexte de fermeture et d’enclavement, il paraît à présent intéressant G¶pWXGLHUGHVFDVSDUWLFXOLHUVD¿QGHFRPSUHQGUHTXHOOHVVRQWOHVUHODWLRQVHQWUHV les sites archéologiques, la ville, le quartiers et ses habitants.

Cette étude de cas a donc pour but de comparer les sites archéologiques de deux quartiers bien distincts de Lima, en suivant les notions suivantes: l’évolution de leur relation avec la ville, les espaces intermédiaires entre les sites et leur environnement direct, ainsi que les liens et limites avec la ville et l’habitat. Les quartiers choisis sont des quartiers caractéristiques de Lima, totalement opposés par les fonctions qu’ils DEULWHQWSDUODSRSXODWLRQTXL\YLWDLQVLTXHSDUOHXUSRVLWLRQJpRJUDSKLTXH/D¿QD-lité de cette étude est d’étudier les transitions entre les sites et leur environnement, leurs fonctions, ainsi que la manière dont elles se sont intégré lors de la formation de leur quartier.

II

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Des côtés Ouest et Nord, la limite physique constituée par le grillage frôle la pyramide A. La relation entre les maisons et la Huaca est bien plus directe: ces dernières ont une vue directe sur cette imposante pyramide, qui fait au moins le double de leur hauteur. L’urbanisation a donc grignoté au maximum l’espace périphérique de la Huaca. Cependant, même si la relation entre celle-ci et son environnement est bien plus étroite, ce quartier résidentiel est très calme, et plusieurs heures peuvent passer sans qu’il n’y ait un seul piéton qui passe dans la rue.

BORDURE OUEST & NORD QUARTIER RÉSIDENTIEL Cercado de Lima Maisons individuelles 2 étages en moyenne CALLE GLADIOLOS 2 voies

Très peu de circulation GRILLAGE ht: 2m

Empêche le passage mais

permet la relation visuelle avec la huaca

HUACA Pyramide A Pas de retrait

Proximité directe avec le quartier

Hauteur: 15m env.

Coupe schématique de la relation entre la Huaca et son environnement proche

Coté Ouest et Nord - Quartier Cercado de Lima

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2- HUAYCAN DE PARIACHI

, quartier Ate

Huaycan de Pariachi fait partie d’un ensemble de sites archéologiques de ODYDOOpHGXÀHXYH5LPDFFDUDFWpULVpHSDUXQFOLPDWFKDXGHWVHF&HFRPSOH[H datant de la période intermédiaire tardive (900 - 1460ap JC), s’est établi avec une étroite relation avec son territoire: sa position en hauteur permettait le contrôle de la vallée»(12).

Une des valeurs les plus représentatives de la civilisation Ichma est son architec-ture. En effet, l’architecture est la manière de représenter leur vision du monde. L’eau et le soleil, sources de vie, étaient les bases de toute construction Ichma. En hommage au soleil, les pyramides étaient orientées Nord-Est, en direction des contreforts des Andes, d’où sortait le soleil. De larges rampes et escaliers menant à de grandes terrasses, offrent des points de vue plongeants sur l’ensemble du territoire.

+XD\FDQGH3DULDFKLpWDLWXQFHQWUHDGPLQLVWUDWLIFRPSRVpG¶pGL¿FHVSXEOLFVKD-bitations, zones de stockage de provisions, ainsi que d’un temple cérémoniel, El

Palacio. Ce centre administratif était relié à d’autres centres contemporains de la

zone par un chemin muraillé dont on peut encore apercevoir quelques vestiges aujourd’hui.

*UkFHDX[FRQGLWLRQVFOLPDWLTXHVGHODUpJLRQHWjODSUR[LPLWpGXÀHXYHOHVKDEL-tants on pu développer une activité agricole intensive.

Photo aérienne de la Huaca Huaycán de Pariachi.

Source: Direction de la photographie aérienne de la Force Aérienne

péru-vienne, 1944.

(12) J. CAZIANI, Ciudad y territorio en los

Andes, (Ville et territoire dans les Andes),

PUCP Fondo Editorial, 2009.

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Coupe schématique de la relation entre la Huaca et son environnement proche

Coté Est Sol de la Huaca MAISONS INDIVIDUELLES 1 à 2 étages Ht: 6 à 10m CALLE 7 2 voies Peu de passage Voie qui mène sur les hauteurs

du bidonville Terrain naturelHUACA Temple cérémoniel TERRAIN DE SPORT

Du collège du quartier Sur le sol de la Huaca

De ce côté, il n’y a plus aucune délimitation entre la Huaca et le quartier. Le seuil entre ces derniers est seulement symbolisé par la route. Les maisons individuelles font face à la Huaca, et ont une vue directe sur des vestiges du temple religieux. C’est sur cette partie que se sont construits la place princi-pale ainsi que le collège (dont on voit le terrain de sport sur la photo, empiétant sur la Huaca). Alors que plus bas, l’accès est restreint par des grillages, de ce côté-ci, plus aucune limite n’empêche le passage des habitants et donc l’invasion du complexe archéologique.

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34 HABITAT SPONTANÉ Maisons auto-construites Sol de la Huaca AV. CIRCUNVALACION 2 voies Axe principal traversant le

quartier Ate Peu de passage Majorité de taxis et moto-taxis HUACA Reste de pyramide HUACA Terrain naturel Temple cérémoniel GRILLAGE ht: 2m

En partie éventré, n’empêche plus le passage des habitants du quartier

1

Coupe schématique de la relation entre la Huaca et son environnement proche

Coté Nord

L’image ci-dessous a été prise depuis la route qui passe au milieu de la Huaca. Sur ce point-de-vue, nous sommes donc à l’intérieur de la Huaca. Cette route est une des routes principales qui traverse le quartier Ate. D’un côté, des maisons auto-construites envahissent les premières montagnes, sur les-quelles sont construits les temples religieux. Elles ont donc totalement empiété sur la Huaca. De l’autre côté, des restes de pyramide dans un espace vaste converti en déchetterie. Un grillage éventré sépare la route de ces vestiges, Ce grillage semble délimiter l’intérieur de l’extérieur de la Huaca, comme un geste de bonne conscience alors que la route passe déjà à travers de la Huaca.

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HABITAT SPONTANÉ Maisons auto-construites

Sol de la Huaca AV. CIRCUNVALACION

4 voies Axe principal traversant le quartier

Ate Peu de passage Majorité de taxis et moto-taxis

TROTTOIR Mauvais état et très peu empreunté HUACA Terrain naturel Temple cérémoniel GRILLAGE ht: 2m

En partie éventré, n’empêche plus le passage des habitants du quartier

2

Coupe schématique de la relation entre la Huaca et son environnement proche

Coté Nord

Sur cette bordure, l’avenue s’est agrandie, et le passage est plus fréquent. La Huaca est bien plus éloignée de la route (une trentaine de mètres). La limite marquée par le grillage longe la route et l’espace de transition entre la route et la Huaca est donc une zone intangible et inuti-lisée. L’accès au site archéologique se fait le long de cette avenue. Pour les piétons, l’entrée se fait par un trottoir en mauvais état, et pour les voitures, elle se fait par un petit chemin de terre très peu visible.

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L’ENVIRONNEMENT DIRECT

LIEN AVEC LE QUARTIER / LA VILLE

Limites/bordures Limites Est et Sud: mur en béton ajouré

(hauteur 2m50 env.)

Limites Ouest et Nord: grillage parfois éventré

Côtés Est et Sud: la huaca est entourée de deux

grandes avenues très fréquentées à circulation rapide. Un trottoir étroit sur lequel il est très désa-gréable de marcher longe cette avenue et la huaca

(photo ci-dessous).

Côtés Ouest et Nord: petite rue très peu empruntée

desservant des maisons individuelles. Les abords de la huaca sont presque entièrement devenus des

dépôts de poubelles.

Une seule entrée permet d’accéder à l’intérieur du site. Elle est très peu visible, et aucun panneau n’in-dique les tarifs, horaires d’ouverture, événements... (Prix incluant visite guidée: adultes : 10 soles (3€30),

enfants: 1 sol, étudiants: 5 soles Modalités d’accès au site

Visibilité de la huaca

Intégration / fréquentation par les habitants

Contrairement à d’autres sites qui s’apparentent à de simples monticules de terre, il est assez facile

de comprendre que ce site est un site archéolo-gique. Les pyramides, plateformes et escaliers sont encore très facilement reconnaissable. Ce-pendant, aucune information quant à son histoire

n’est proposée au passant.

Mis à part le temple religieux qui est en bon état de conservation et qui présente encore ses murs originels, le reste de la huaca se confond assez fa-FLOHPHQWDYHFODFROOLQH,OHVWGLI¿FLOHGHGLVWLQJXHU les parties construites par la civilisation Yshma.

Les événements culturels proposés ont un fort succès auprès des liméniens. Cependant, ce sont

rarement des habitants du quartier. Le reste du temps, la huaca est très peu fréquentée. (sources

tirées du site internet du Ministère de la Culture)

Aucune interaction en semble se faire entre les habitants du quartier et la huaca. Elle est la plupart

du temps déserte ce qui procure un sentiment d’insécurité lors de sa visite. Les habitants en re-tiennent donc ce seul sentiment quant à la huaca. Transition entre la

huaca et son environne-ment direct

Limite Est: aucune délimitation entre la huaca

et le quartier

Limites Ouest, Nord et Sud: grillage en

grande partie éventré.

Une seule entrée permet d’accéder à l’intérieur du site. L’accès est gratuit. Aucune visite guidée n’est

proposée.

Côté Nord: la huaca est bordée d’une grande avenue

à grand passage (photo ci-dessous).

Côté Est: la place principale et que le collège

em-piètent sur la huaca. Une petite route peu fréquentée borde la huaca. Les maisons individuelles qui bordent

la route ont une vue directe sur la huaca.

Côtés Sud et Ouest: l’espace de transition entre le

quartier et la huaca est un espace vaste converti en déchetterie, où l’insécurité se fait fortement ressentir.

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&HWWHpWXGHPRQWUHGHX[FDVGH¿JXUHELHQGLVWLQFWV,O\DWRXWG¶DERUGOHFDVGHOD huaca fermée, abandonnée, déserte, considérée par les habitants comme un lieu de délinquance, donc dangereux. Aucune interaction ne peut donc se faire entre les habitants du quartier et ce vaste espace inutilisé.

Ensuite, il y a la huaca ouverte et investie par les habitants. C’est le cas de la huaca Huaycan de Pariatchi. En effet, dans un quartier où chaque espace libre est un es-pace à investir, il paraîtrait que certaines parties du complexe archéologique aient été considérées au même titre que les espaces publics du plan directeur; des lieux de rencontre.

D’une manière générale, l’étude des environnements proches des huacas montre bien qu’aucun espace n’entretient une relation privilégiée avec celle-ci. La limite entre la huaca et le quartier se fait souvent par une route plus ou moins fréquentée, mais empêchant toujours un rapport direct avec le site. On longe toujours la huaca rapidement, que l’on soit un piéton ou un conducteur, par l’absence de points d’ar-rêts, ainsi que par crainte de la délinquance qui se passe souvent dans les environ-nements proches des huacas.

CONCLUSION

DE L’ÉTUDE

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Étymologiquement, le patrimoine était à l’origine lié à la famille, «un ensemble des biens, des droits hérités du père»15. Aujourd’hui, on parle de «ce qui est transmis à une personne, une collectivité, par les ancêtres, les générations précédentes, et qui est considéré comme un héritage commun». D’après les textes de droits, la notion GH SDWULPRLQH HQ WDQW TXH ELHQ FROOHFWLI SHXW VH Gp¿QLU FRPPH O¶©HQVHPEOH GHV richesses d’ordre culturel, matériel et immatériel appartenant à une communauté, héritage du passé».

Selon le ministère de la culture péruvien, la notion de patrimoine se réfère à «la transmission de biens matériels et immatériels laissés par nos ancêtres. Il s’agit de biens qui nous aident à forger une identité nationale et qui nous permettent de savoir qui nous sommes et d’où nous venons, et qui favorisent un meilleur déve-loppement personnel au sein de la société»16.

A l’échelle de la ville, la patrimonialisation a plusieurs intérêts: c’est tout d’abord un instrument de valorisation, qui aura des conséquences sur l’activité économique et WRXULVWLTXHG¶XQHYLOOHG¶XQSD\V&¶HVWDXVVLXQHQMHXG¶LGHQWL¿FDWLRQODSDWULPRQLD-lisation doit permettre une appropriation collective de l’espace, le renforcement de O¶LGHQWL¿FDWLRQ

4XHOOHVTXHVRLHQWOHVGp¿QLWLRQVOHSDWULPRLQHHVWWRXMRXUVLQGLVVRFLDEOHGHO¶LGHQWL-té et de la mémoire d’une communau4XHOOHVTXHVRLHQWOHVGp¿QLWLRQVOHSDWULPRLQHHVWWRXMRXUVLQGLVVRFLDEOHGHO¶LGHQWL-té. On parle de transmission, et à ce titre, il est UHFRQQXFRPPHGLJQHG¶rWUHFRQVHUYpD¿QG¶rWUHWUDQVPLVDX[JpQpUDWLRQVIXWXUHV Pour les spécialistes et archéologues, le patrimoine est la mémoire collective maté-rialisée par des symboles tangibles.

La mémoire désigne «la capacité d’un individu ou d’un groupe humain de se sou-venir de faits passé»17. Dans le cas d’une personne, elle est individuelle ; dans le cas d’un groupe, elle est collective. La mémoire individuelle permet la construction de l’identité d’un individu. La mémoire collective fait référence aux représentations qu’un groupe partage de son passé. Elle est composée de plusieurs mémoires indi-viduelles, elle constitue l’inscription dans l’Histoire du groupe concerné.

L’identité de l’individu est la reconnaissance de ce qu’il est, par lui-même ou par les autres. Le travail identitaire s’effectue de manière continue tout au long du par-cours individuel et dépend à la fois du contexte et des ressources qui peuvent être PRELOLVpHV&HWWHLGHQWLWpVHPRGL¿HGRQFHQIRQFWLRQGHVGLIIpUHQWHVH[SpULHQFHV rencontrées et vécues par les individus.

&¶HVWSDUODPpPRLUHHWO¶LGHQWL¿FDWLRQTXHOHVOLHX[FRQWLQXHQWjYLYUH/HVKDELWDQWV V¶LGHQWL¿HQWjGHVHVSDFHVHWF¶HVWDLQVLTXHOHVKpULWDJHVVHWUDQVPHWWHQW

Des lieux détruits qui conti-nuent d’exister.

Source: J. Lee, From Historic

Archi-tecture to Cultural Heritage, 2004

1- PATRIMOINE

ET IDENTITÉ

(15) Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, http://cnrtltl.fr

(16) Ministerio de Cultura Peruana, http://cultura.

gob.pe/patrimonio  'p¿QLWLRQWLUpHGXGLFWLRQQDLUH/DURXVVH http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais

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2- LES ACTEURS DE

LA VILLE ET LE

RAPPORT A LEUR

HÉRITAGE

Ci-contre:

Site archéologique du quartier de Chorrillos transformé en

déchè-terie

«Municipalité de Chorrillos, Zone

archéologique intangible, occupation interdite, Patrimoine Historique de la Nation»

Source: personnelle

La coexistence entre les communautés modernes et les traces de leur passé est GLI¿FLOHjJpUHU/HVYHVWLJHVGHVDQFLHQQHVFLYLOLVDWLRQVVRQWVRXYHQWXWLOLVpHVRX transformées par les nouveaux occupants du territoire, parfois même détruits sous OD IRUWHSUHVVLRQGpPRJUDSKLTXH RX OD UHFKHUFKH GHSUR¿WV pFRQRPLTXHV /HV populations modernes sont entrain de transformer leur propre paysage à une telle vitesse, qu’ils en détruisent l’héritage matériel qui s’y trouve.

Alors que le paysage regorge de sujets de recherche et d’intérêt pour les spécia-listes, les habitants ne voient pas leurs terres de la même façon. Ces derniers y voient un intérêt plus pragmatique et proche de leurs besoins quotidiens. Il n’est pas rare par exemple, que des populations andines qui vivent souvent dans des endroits reculés, où l’accès à l’information est inexistant, cultivent sur des restes de sites archéologiques sans même le savoir.

A Lima, la forte demande foncière pousse également les habitants à construire sur les ruines pré-hispaniques. Si l’on associe à cela le manque d’information et de sensibilisation dans les quartiers populaires et les bidonvilles, ainsi que le manque d’équipement, la majorité des sites est vouée à l’envahissement. Les habitants, qui QHWURXYHQWGDQVFHVVLWHVDXFXQHYDOHXUG¶LGHQWL¿FDWLRQSUR¿WHQWGHFHVHVSDFHV vides pour y construire, jouer au foot, ou entasser leurs déchets.

Par ailleurs, on retrouve dans certaines zones du Pérou un phénomène qui touche, ou a touché, de nombreux peuples autochtones du monde entier: le reniement de leur culture. En effet, dans les nouvelles générations, beaucoup de péruviens ont honte de suivre les coutumes de leurs ancêtres, honte de parler les langues régio-nales, et souhaitent cacher d’où ils viennent. C’est un phénomène qui touche les générations actuelles dans les zones reculées du Pérou, et qui a touché les provin-ciaux qui ont migré vers Lima depuis les années 1940, à la recherche d’une vie plus confortable dans une ville offrant plus d’opportunités.

Si on associe cela au fait que, comme expliqué plus haut, les habitants voient en FHV VLWHV DUFKpRORJLTXHV GHV RSSRUWXQLWpV G¶\ FRQVWUXLUH LO Q¶HVW SDV GLI¿FLOH GH FRPSUHQGUHHQTXRLOHVSpUXYLHQVGHV¶LGHQWL¿HQWSDVYUDLPHQWjFHVVLWHV

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Comment se créent les lieux? Ce sont d’abord des transmissions d’émotions, des expériences individuelles et des expériences partagées. Pour vivre en un lieu, on doit vivre ce lieu, le transformer physiquement et mentalement, et c’est ainsi que les individus et les groupes lui donnent un sens, une identité. Un espace vécu est un espace fréquenté auquel sont attachés des représen-tations et des valeurs psychologiques. Un lieu prend vie lorsqu’il est vécu et transformé par les habitants. Lima est une ville où l’on vit dehors et où la rue est approprié par les habitants. Il est possible de se nourrir à chaque coin de rue en s’accoudant à des stands de restauration rapide. Les trottoirs sont investis par des vendeurs ambulants, vendeurs de journaux. C’est une ville où les gens se retrouvent dans la rue, et s’aménagent de petits espaces de rencontre. Il y a un sentiment très fort d’appartenance à son quartier et chaque habitant y est très attaché.

Quant aux sites archéologiques, ce sentiment d’appartenance et cette identi- ¿FDWLRQSDUOHVKDELWDQWVHVWLPSRVVLEOH(QHIIHWOHXUFDUDFWqUHFORVHWVpJUp-gués en font des espaces perçus et non pas vécus. Quelle est la place de ces sites face aux besoins des habitants? Les sites archéologiques peuvent-ils faire partie de l’imaginaire des habitants?

3- ESPACE VÉCU

ESPACE PERÇU

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On assiste tout au long de l’histoire à plusieurs attitudes face à la présence de ces sites: il a d’abord été question d’une table rase du passé lors de la conquête du 3pURXSDUOHV(VSDJQROV3XLVDX¿OGHVDQQpHVF¶HVWSOXW{WGHO¶LJQRUDQFHHWGX mépris qui ont entraîné la mise en péril des sites archéologiques.

En tant qu’européenne sensibilisée à la question de la mémoire, de la mise en va-OHXUGXSDWULPRLQHHWGHVRQLQWDQJLELOLWpLOP¶DG¶DERUGpWpGLI¿FLOHGHFRPSUHQGUH le manque de considération face à ce riche héritage. Or, le Pérou est un pays en pleine croissance, dont la manière de vivre et les besoins des habitants sont tota-lement différents de ceux des pays européens. Le Pérou semble chercher à regar-der devant plutôt que regar-derrière lui. Le traitement de son héritage doit-il donc être le même? La transmission de la culture doit-elle obligatoirement se faire par la muséi-¿FDWLRQGHVWUDFHVGXSDVVp"

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CONCLUSION

DES SITES COMME RELIQUES ?

Le diagnostic concernant les équipements culturels de la métropole Lima montre qu’il existe actuellement 286 établissements (bibliothèques, centres de conventions, musées et centres culturels). Ils sont en majorité privés et se situent principalement dans le centre névralgique de Lima. Cela met bien en évidence la disparité entre les différents quartiers de la ville: la majeure partie de Lima est en VpULHX[Gp¿FLWG¶pTXLSHPHQWVFXOWXUHOV'¶DXWUHSDUW/LPDFRPSWHDXMRXUG¶KXLHQ moyenne 4m² d’espaces verts par habitant, face aux 10m² recommandés par l’Or-ganisation Mondiale de la Santé (OMS). Tout comme pour les équipements cultu-rels, la majorité des parcs se situe dans les quartiers centraux de Lima, et ce sont les quartiers éloignés qui souffrent le plus du manque d’espaces verts. Or, la qualité G¶XQHYLOOHVHGp¿QLWQRWDPPHQWSDUODTXDOLWpGHVHVHVSDFHVSXEOLFVHW/LPDHQ manque indéniablement.

(QDVVRFLDQWFHGp¿FLWLPSRUWDQWDXIDLWTXHOHVKDELWDQWVQHV¶LGHQWL¿HQWSDVDX[ sites archéologiques, on peut se demander quelle en devient leur utilité? Quels types d’espaces sont-ils? Sont-ils des musées, des temples, des sites éloignés, fermés, ou bien alors des espaces ouverts, publics, des espaces citoyens?

Est-il possible d’espérer une nouvelle relation avec cet héritage? Est-il envisageable de penser à une image autre que celle du site archéologique comme musée ou comme espace sacré?

2QUHWLHQWGHO¶pWDWGHVOLHX[SUpFpGDQWTXHOHGp¿FLWG¶pTXLSHPHQWVHWG¶HVSDFHV publics est d’autant plus grand que l’on s’éloigne du centre-ville de Lima et que l’on se rapproche des zones de précarité. Les sites archéologiques sont eux dispersés dans toute la ville, et 30% d’entre eux se situent dans ces quartiers précaires. Ces sites étant propriétés de l’État et sites d’intérêt public, il serait possible de les adap-ter aux nécessités locales en les imaginant comme de nouveaux espaces publics intégrant des équipements et répondant ainsi à la demande de nombreux quartiers. Il serait donc peut-être envisageable de changer la vision actuelle de ces sites comme espaces ségrégués, en les rapprochant des besoins de la communauté. De cette forme, les habitants pourraient trouver dans ces sites des nouvelles valeurs G¶LGHQWL¿FDWLRQV 'HVLGHQWL¿FDWLRQVGLIIpUHQWHVSRXUFKDTXHKDELWDQW

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Penser les sites archéologiques comme de nouveaux espaces publics permettrait non seulement de renforcer leurs liens avec les habitants, mais aussi de combler le IRUWGp¿FLWGHODYLOOHHQHVSDFHVSXEOLFV&HODLPSOLTXHGRQFO¶pYROXWLRQGXFRQFHSW de conservation et l’acceptation de la transformation de ces sites en espaces actifs et ainsi en nouveaux centres du développement urbain.

La situation s’améliore, certes très lentement, et les positions des politiques évo-luent peu à peu. Depuis le 3 novembre 2016, le Ministère de la Culture a lancé le programme «Lima, la ciudad de las huacas»18 (Lima, la ville des Huacas), pour la conservation des sites archéologiques, quelle que soit leur situation. Si jusqu’à pré-sent, seuls une dizaine de sites étaient source d’intérêt des politiques, ce nouveau plan d’action concerne toutes les huacas. Ce plan propose la création d’ateliers ouverts à toute la population, ainsi que des activités proposées aux écoles pour la sensibilisation des enfants, futurs citoyens et acteurs de la ville de Lima.

Ateliers découverte de la Huaca Huaycan de Pariachi

Source: Taller de Arte y Arqueologia en la

Huaca Huaycan de Pariachi,

Municipali-dad de Lima, 2013.

(18) Ministerio de Cultura Peruana, http://cultura.

gob.pe/patrimonio

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

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