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Un bibliothécaire parmi les humanistes : Gottfried Wilhelm Leibniz (1646 – 1716)

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Texte intégral

(1)

Un bibliothécaire parmi les humanistes :

Gottfried Wilhelm Leibniz

(1646 – 1716)

Résumé

Leibniz ne fut pas seulement connu comme philosophe. En plus de ses intérêts les plus

divers pour les sciences humaines, on lui doit de multiples travaux allant des mathématiques

jusqu’au droit, sans compter quelques travaux d’ingénierie. Ses voyages lui permirent de

s’initier à la bibliothéconomie en devenant conservateur de bibliothèque. Il mit sur pied de

multiples systèmes de classification, le tout lié à sa volonté d’organiser et d’unifier le savoir.

Ses travaux spécialisés en calcul binaire sont perçus comme étant à l’origine de l’ordinateur

moderne.

Abstract

Leibniz, first, was not only a very well known philosopher, but despite plenty of interest

including humanities mathematics and law, he became at times, an engineer. As a

conservative librarian, he sets in place few classification systems in purpose of putting

together all the different fields of knowledge. His mathematical works make of Leibniz one

of the pioneer of the modern computer.

---“ Philosopher and librarian who developed important ideas and techniques for information

science and librarianship”

1

À première vue, cette allusion pour le moins réductrice, mais pourtant exacte, issue

croirait-on du regard d’un seul bout de la lunette, restreint le perscroirait-onnage de Leibniz à un simple

savant bibliothécaire. Or, le cheminement de cet érudit cache une toute autre réalité qui va

bien au-delà d’une telle réduction. Cela confirme bien que « Tout est dans l’œil ce celui qui

regarde »

2

! C’est pourquoi notre étude démontrera peut-être qu’au contraire, l’amour de la

connaissance et la bibliothéconomie peuvent mener sur les chemins les plus inattendus.

Leibniz nous est davantage présenté comme un philosophe, cela est connu. On le voit en effet

apparaître dans tous les manuels et ouvrages généraux de philosophie, rendu populaire grâce

à sa fameuse théorie des monades. Mais plus encore : son périple qui le conduisit de son

Allemagne natale partout à travers l’Europe occidentale, lui fit découvrir la richesse des

bibliothèques. On le verra par exemple s’absenter souvent de sa ville natale, Leipzig, entre

1687 et 1690. Ses voyages lui feront du même coup rencontrer les hommes de science les

plus éminents. Il fit tout particulièrement bonne figure auprès de l’Empereur Léopold I. Il

participa au développement des bibliothèques en y introduisant des outils d’organisation et de

synthèse du savoir qui firent de lui un érudit soucieux de trouver un lieu commun à toutes les

(2)

sciences. Or, fallait-il pour cela qu’il eût l’occasion de prendre connaissance des ouvrages

qui lui tombaient sous la main.

 Une vie consacrée à la connaissance et aux mondanités

Né Leipzig en 1 juillet 1646, de parents issus du milieu universitaire, il s’est éteint dans la

plus complète solitude à Hanovre le 14 novembre 1716. Sa sépulture se fit sans témoin, ni

grande pompe.

Tout jeune, dans sa ville natale, il apprend d’abord le latin, langue de la philosophie et de la

théologie scolastique, sous la gouverne de son père professeur de droit et de morale. Son

intérêt pour les langues persista tout au long de sa vie. Il ne serait pas étonnant que son amour

des livres ait débuté au milieu de sa famille puisqu’elle était déjà propriétaire d’une riche

bibliothèque située dans la maison à Leipzig, Leibniz n’avait que cinq ans à la mort de son

père. C’est donc sa mère qui prit en charge l’éducation de son fils jusqu’à sa mort en 1663.

3

Ses lectures étaient des plus variées : à la fois curieux pour la philosophie, les mathématiques

et le droit, il s’initie d’abord à la lecture des auteurs anciens. La théologie, la logique et bien

sûr, la philosophie, font donc partie de ses études et plus spécifiquement, il se concentre sur

les auteurs classiques tels que : Descartes, Bacon, Galilée et Kepler. Initié très tôt à la vie

publique, il fera même partie du mouvement des Rose-croix et entra en contact avec certains

membres de la franc-maçonnerie. Son influence dans le monde politique fut remarquable. On

a qu’à penser à son influence auprès de Louis XIV dans la conquête d’Égypte, puis la grande

mission Jésuite en Europe.

 Sa formation académique

Sa formation universitaire débute à Leipzig en 1661 vers l’âge de quinze ans. Il entreprend

des études de philosophie et obtint le diplôme de Baccalauréat en 1662, puis une Maîtrise en

philosophie en 1664. L’année précédente, il déposa une thèse de Doctorat sur le principe

d’individuation

4

, « De principio individui » sous la supervision de Thomasius

5

, réputé pour sa

vaste connaissance de la philosophie ancienne. Dans cette thèse, Leibniz expose de façon

embryonnaire, ce qui deviendra l’assise de ses réflexions ultérieures, à savoir la participation

de l’être humain au tout, à l’universel. Il dépose un autre travail de Doctorat en 1666 traitant

de l’art combinatoire « Dissertation de arte combinatoria » inspiré des travaux de Raymond

Lull

6

, et dont certains ont vu à travers ce travail, l’ébauche du fonctionnement logique de

l’ordinateur moderne

7

. En 1666, il défendit une autre thèse de Doctorat en Droit dont

l’obtention ne fit pas l’unanimité en raison de son âge précoce, soit vingt ans. Déçu, il quitte

Leipzig pour se rendre à l’Université de Altdorf, maintenant ville historique de Suisse, près

de Nuremberg. Là, il obtint le Doctorat en droit, traitant cette fois du problème des cas

nébuleux en matière de droit « De casibus perplexis in jure », thèse qui lui valut un poste de

professeur à cette université en 1667. Trop friand de liberté, il le refusa. Ce sont ses études de

droit qui le menèrent progressivement vers la vie publique puis à la bibliothéconomie,

puisque les grandes bibliothèques étaient généralement la propriété des représentants du

monde politique.

(3)

En philosophie, on lui doit tout particulièrement l’élaboration de la théorie des monades

8

,

particules uniques composant tous les éléments du réel et dont toutes choses sont constituées.

C’est grâce à cette théorie qu’il est le mieux connu comme philosophe, même si celle-ci ne

représentait qu’une partie de ses intérêts pour la philosophie.

Déchiré par la guerre de Trente ans, Leibniz croyait à la réunification de l’Allemagne et des

religions. Visionnaire de l’universel, ses options religieuses s’opposent radicalement à celles

des institutions de son temps. Son cheminement le conduisit à élaborer le principe suivant :

que l’homme a une tendance naturelle vers le bien, ce une fois éclairé par la raison.

Luthérien convaincu, il ne voit aucune incohérence entre sa vision universaliste, et l’esprit de

son temps, pourtant fermé à l’idée de promouvoir l’unité des Églises. Au contraire, Leibniz

ne cédera jamais sur ses vues oecuméniques, gravitant de toute apparence, autour des

religions chrétiennes

.

Comme la philosophie mène à tout, il s’adonnera à la logique combinatoire et

conséquemment, au calcul différentiel et intégral. Il occupera donc l’ensemble de sa vie à

des travaux de philosophie, de théologie, de mathématique et de technique, inlassablement

préoccupé par son ambition universaliste.

 De l’homme public, au bibliothécaire

C’est sa vie d’homme public qui l’amena vers la carrière de bibliothécaire. Durant son séjour

à Nuremberg, Leibniz fit la rencontre du Baron Johann Christian Von Boineburg (1622-1672)

et devint du même coup bibliothécaire à la bibliothèque privée du Baron. Celui-ci était un

personnage cultivé et influent du milieu politique et c’est grâce à lui que Leibniz fera une

entrée sur la scène publique. Plus particulièrement, c’est par son entremise qu’il obtint le

poste de conseiller juridique dans le projet de refonte du code législatif allemand. Le Baron

agira comme protecteur auprès de Leibniz tout au long de sa vie.

Lors de ses nombreux voyages, il rencontra des personnages plus savants les uns que les

autres, bibliothécaires comme politiciens, à Paris, Londres et Rome. En 1672, le Baron

Boineburg envoya Leibniz en mission diplomatique à Paris. De retour en Allemagne après

un séjour prolongé, il devint bibliothécaire pour la famille des Braunschweig-Lünenberg à

Hanovre et resta au service de la famille jusqu’à sa mort. Il refusa, dit-on, le poste de

bibliothécaire au Vatican en 1710 lors d’un voyage à Rome et à la bibliothèque de Paris en

1698. En 1695, on lui confia le soin de la Bibliotheca Augusta de Wolfenbüttel où il effectua

des recherches sur l’origine des langues. À cet égard, il croyait fermement que l’hébreu était

à la source de toutes celles-ci, contrairement à ce qui était admis par les milieux intellectuels

9

.

Ces années furent également des plus productives sur le plan de l’écriture : il publia plusieurs

de ses œuvres dites majeures durant ces années. Sa carrière de bibliothécaire durera plus de

quarante ans.

 Ses publications

Leibniz publia une quantité impressionnante d’ouvrages dans de multiples domaines,

principalement en philosophie. Son érudition se reflète d’ailleurs dans son imposante

bibliographie comprenant à la fois des essais en philosophie, métaphysique, logique,

(4)
(5)

 Les étapes de travail de Leibniz

Travailleur infatigable, presque agité tant sa curiosité est immense, il devient très difficile de

connaître clairement les diverses étapes de son cheminement intellectuel tout comme son

itinéraire de voyage. Dans l’ensemble, il ressort que ses travaux de bibliothéconomie se

situent donc vers 1672 et plus tardivement alors que Leibniz est à Paris et qu’il fait la

rencontre de nombreux bibliothécaires tout en visitant de riches bibliothèques. Cependant, il

apparaît clairement que lors de ses voyages, la vie publique et les intérêts intellectuels se

confondent.

Il n’y a pas unanimité des chercheurs quand aux dates et aux lieux de travail de Leibniz.

Cependant, on peut retenir que la période de 1687 à 1714 fut la plus intense. Deux exemples

illustrent cette affirmation.

Premier exemple : Emile Ravier

11

, dans sa bibliographie des oeuvres de Leibniz, sépare les

diverses étapes de ses travaux en quatre groupes, principalement en fonction de ses voyages

en Europe.

 À l’Université de Leipzig (1663-1666), où Leibniz est étudiant, sa production se

concentre principalement autour des travaux académiques en philosophie et droit,

sans oublier son précieux ouvrage sur « De arte Combinatoria » en 1666 qui n’est pas

spécifiquement un travail universitaire, puis le « De casibus perplexis » avec lequel il

obtint le titre de Docteur en Droit.

 Francfort (1667-1672). Durant cette période, les ouvrages publiés sont de divers

ordres : en politique par exemple, un ouvrage retrouvé à la bibliothèque de Hanovre

est de toute apparence annoté de la main même de Leibniz, ce qui laisse croire à une

possible révision en cours.

 Séjour à Paris (1672-1676). Au décès du Baron de Boineburg en 1672, Leibniz se

rend à Paris. Cette période de production reste assez faible à l’exception de quelques

réimpressions.

12

 Hanovre (1676-1716). On lui reconnaît durant ces années une foule de publications

sur des sujets les plus variés. C’est à cette période que s’intéresse Von Anke

Schmieder

13

, et dont le point de vue diffère de celui de Ravier. Il établit clairement

les étapes de voyage comme suit :

o Hanovre de 1676 à 1691

o Wolfenbüttel de 1691 à 1708

o Retour à Leipzig de 1698 à 1714

Le second exemple provient de Nicholas Jolley

14

. Il sépare la carrière de Leibniz en quatre

périodes suivant aussi ses lieux de transit.

 1646-1667 Enfance à Leipzig et séjour à Nuremberg.

(6)

 1667-1672 Entrée en politique ; intérêt pour la théologie et la philosophie. Il réside à

Francfort et Mayence

 Mars 1672 à novembre 1676, séjour à Paris et à Londres

 1676-1716 C’est à Hanovre que Leibniz travailla principalement à ses ouvrages de

philosophie. Cette période peut être divisée en cinq sous périodes :

o 1676-1679 Hanovre, en compagnie du duc Johann Fredrich

o 1680-1687 Hanovre, en compagnie du duc Ernest August

o 1687-1690 Voyage en Autriche, en Italie et en Allemagne

o 1690-1698 À Hanovre sous Ernest August

o 1698-1716 À Hanovre en compagnie Georg Ludwig

 La question du statut professionnel et du salaire

La question du statut professionnel de Leibniz et du salaire qui devait lui être versé demeura

litigieuse. Il ne faut pas oublier qu’il fut d’abord embauché comme conseiller politique à

Hanovre, puisque la cour employait déjà un préposé bibliothécaire en 1676.

En fait, son statut dans l’organisation de la grande famille n’était pas clair, soit entre celui de

conseiller d’état et de conseiller auprès de la cour. La différence était pour le moins

considérable, puisque son positionnement au sein des réseaux d’influences dans la famille en

dépendait et sa notoriété aussi. Il demanda par ailleurs la responsabilité de l’administration

des propriétés de l’Église et de l’entretien des archives afin de consolider sa position, mais il

n’y eut aucune suite.

La question des honoraires n’était pas très claire non plus. La rétribution était relativement

inégale et laissait passablement de place à l’arbitraire de chef d’état. Le salaire de Leibniz

comme bibliothécaire était de 400 talers

15

, ce qui représente l’équivalent de celui du maître de

la danse ou de l’apothicaire, soit le double de celui de l’organiste, juste un peu plus que celui

du jardinier. En fait, le taux de salaire faisait généralement l’objet de négociations. Leibniz

se trouva peu fier de son salaire et il s’en plaignit. Il obtint une augmentation vers 1677-8 :

son salaire passa à 600 talers, sauf qu’il eut des difficultés à percevoir son dû. En voyage

d’affaire à Paris, il reçut 200 talers de son employeur. Croyant qu’il s’agissait de frais de

voyage, grande fut sa surprise d’apprendre que cela représentait plutôt son…salaire ! En

contre partie, faut dire qu’il ne s’était présenté que deux semaines sur son lieu de travail en

Allemagne.

Cherchant à stabiliser sa carrière, son expertise en droit lui servit avantageusement alors

qu’on lui proposa de travailler à la commission chargée de réviser le code législatif. Cette

nouvelle fonction fixait définitivement son salaire à 600 talers. Ce projet fut hélas, fort bref.

Leibniz restait tout de même optimiste et continua à travailler comme indexeur de la

documentation juridique de la chancellerie. Comme toutes ses récriminations se faisaient par

correspondance, très vite, il se fit remarquer pour la qualité de son écriture. La moindre

adresse officielle se faisait en effet par écrit. Par exemple, il incita l’administration à acquérir

un autocuiseur de l’ingénieur Denis Papin

16

.

(7)

 Ses travaux d’érudition

Ses travaux de philosophie ne constituent qu’une partie de ses activités scientifiques et

intellectuelles. Par exemple, ses travaux de mathématique et de calcul différentiel sont

encore enseignés aujourd’hui, sans oublier le calcul binaire qui serait à l’origine du

fonctionnement des ordinateurs. De plus, ses travaux sur la minéralogie, les fossiles, même

la philologie, l’occupent, principalement en ce qui concerne l’origine des langues

17

, dont il

préconisait, comme on l’a vu, l’origine unique.

Il s’adonne également à des travaux

d’ingénierie : on lui attribue la construction d’une pompe pour ventiler et assécher les mines

(1678-9) et aussi des horloges mécaniques et une machine à calculer, non sans difficulté,

qu’il fit connaître à Paris et qui lui permit d’accéder à l’Académie des sciences. Célèbre

mathématicien

18

, il ne serait pas étonnant que son ambition profonde eût été d’unifier le

savoir universel dans une simple formule mathématique ! C’est peut-être ce que laisse

présager sa théorie des monades dont il a été question plus tôt….?

 Sa carrière de bibliothécaire

Ses travaux de bibliothéconomie se déroulèrent un peu partout dans les grandes villes

d’Europe, ce durant près de quarante ans. Grand amateur de livres et de bibliothèques, il

devint bibliothécaire en Allemagne à l’âge de 22 ans. Or, il semble que ses études

bibliothéconomiques et ses rencontres avec les grands bibliographes se déroulaient davantage

à l’étranger alors que l’exercice de la profession s’effectuait en Allemagne. En fait, il apprit

son métier en fréquentant les bibliothécaires les plus réputés du temps et en observant les

travaux bibliothéconomiques qui lui tombaient sous la main. Son positionnement stratégique

en tant que bibliothécaire était subtil et fort ingénieux, malgré son manque de connaissance

théorique.

En fait, sa situation personnelle et professionnelle se situe au confluent de divers centres

d’intérêts, reliant à la fois l’aspect culturel, philosophique, bibliothéconomique et politique de

sa carrière. Sa situation générale pourrait ressembler à ceci :

Bibliothèques structurées

La bibliothèque doit renfermer des livres et des catalogues structurés

Notoriété des familles Savoir encyclopédique La bibliothèque représente un outil de valorisation des grandes familles détentrices

La bibliothèque doit contenir un ensemble d’ouvrages devant refléter tous les aspects du savoir et de la culture Encyclopédie19 ensemble de connaissances; classement conceptuel

(8)

1. Paris et Londres

En 1672, Leibniz se trouve à Paris. Ce séjour avant tout diplomatique auprès de Louis XIV

dura quatre ans. Il fit la rencontre d’éminents bibliothécaires, dont Étienne Baluze

(1630-1716)

20

, Pierre de Carcavi ( ? - 1634)

21

et surtout Nicolas Clément (1651-1716)

22

qui l’aida à

faire son entrée à la Bibliothèque du Roi. La plus importante sera sans doute celle de Jean

Paul Bignon, co-fondateur du Journal des savants et chef bibliothécaire de la bibliothèque du

Roi, dans lequel il publie en 1665. Leibniz fit également la rencontre du bibliothécaire du

Roi, Gabriel Naudé, auteur de l’ouvrage A(d)vis pour dresser une bibliothèque, rédigé en

1627. Cet ouvrage lui inspira l’idée de constituer la bibliothèque universelle, couvrant tous

les domaines du savoir.

Gabriel Naudé, conçoit une bibliothèque destinée au grand public

contenant des ouvrages sur tous les sujets susceptibles d’intéresser le plus grand nombre.

Il dresse un catalogue par ordre alphabétique d’auteurs et de sujets.

Leibniz emprunta ce principe à Naudé et compris que toute bibliothèque doit posséder un

nombre d’ouvrages importants dans tous les domaines du savoir : aussi bien que des ouvrages

d’érudition que des publications en série, sans oublier la nécessité d’un financement adéquat

afin d’assurer le développement des collections. Pour lui il ne voit aucune restriction à

acquérir des ouvrages d’érudition, que ce soit des photos de voyages, des jeux, des objets

mécaniques variés et des médailles. De plus, il ajoute que la tâche principale du

bibliothécaire consiste à organiser les catalogues par sujets, administrer des horaires

d’ouverture, de consultation, de prêt et même …de chauffage. Leibniz enrichit la conception

de Naudé sur les bibliothèques en insistant davantage sur l’aspect patrimonial des

bibliothèques, aspect ignoré par ce dernier. Il semblerait que pour Leibniz, la bibliothèque

constitue en quelque sorte l’étendard des grandes familles nobles au-delà de la rareté de la

collection. Fondamentalement, Leibniz fut en quelque sorte le fondateur des grandes

bibliothèques universitaires.

Entre 1673 et 1676, il se rend à Londres où il fut intronisé membre de la Royal Society

(1673) tout en faisant d’ultimes efforts pour compléter sa machine à calculer. (Figure 1). Ces

années passées à Paris puis à Londres furent pour lui des plus productives. D’autres

personnages marquèrent sa carrière :

 Gottfried Hermant (1772–1848), spécialiste des études classiques, à Beauvais 1690

 En 1696, Conselor von Westenholz à Hanovre

 Emmerich Bigot (1626-1689), érudit et homme de lettres, il tenait salon dans sa

bibliothèque à Rouen 1706

 À Holstein en 1710, il fait la rencontre de Marquard Gude (1635-1689). Homme de

lettres, professeur et bibliothécaire, il collectionne les livres et les manuscrits. Sa

bibliothèque fut achetée en 1700 par la bibliothèque de Wolfenbüttel.

2. Allemagne

Leibniz rêvait de constituer la bibliothèque universelle du savoir. Sans ressources

financières, il eut besoin d’argent et accepta en 1676 le poste de conseiller et bibliothécaire à

la cour du duc Johann Friedrich de Braunschweig-Luneburg qui possédait une remarquable

(9)

bibliothèque comptant 3310 documents et 158 manuscrits. Le duc fut un protecteur pour

Leibniz jusqu’au décès de ce dernier en 1716. Plus tard, Leibniz accepta le poste

d’historiographe de la cour, fonction qu’il occupait au décès du duc en 1679. Le successeur

du duc, Ernest August, n’était pas nécessairement un fervent adepte des bibliothèques et

demanda à Leibniz de réorienter son travail. Il le persuada donc de rédiger la généalogie de sa

famille, histoire de promouvoir sa candidature au poste de membre du collège électoral,

« Elector » de Hanovre en 1692. Ce travail gratifiant lui donna l’occasion de visiter bon

nombre de bibliothèques en Europe.

Leibniz fut également bibliothécaire à la Bibliotheca Augusta en 1690, à Wolfenbüttel. La

bibliothèque fondée par le duc Auguste le Jeune contenait 28000 ouvrages dont 2000

incunables et autant de manuscrits. Lui-même bibliothécaire, il avait préparé un catalogue

divisé en une vingtaine de classes dérivées des travaux de Konrad Gesner

23

, « Pandectae ».

Le contrat d’embauche de Leibniz spécifiait les tâches suivantes

 Mettre à jour le catalogue des ouvrages. La bibliothèque possédant un catalogue des

sujets, Leibniz devait à présent rédiger un catalogue des auteurs. Leibniz commanda

la constitution de ce catalogue alphabétique dont la première version fut complétée en

1700

 S’il advenait que Leibniz devait quitter son emploi, il lui était interdit d’apporter avec

lui des documents secrets concernant la famille

 Il devait rendre accessible les livres rares aux personnes nobles et instruites

 Leibniz doit s’assurer que toute publication dont les informations sont extraites des

ouvrages de la bibliothèque, soit scrutée par le censeur

Le personnel était composé de deux secrétaires et d’un adjoint bibliothécaire, nommé Lorenz

Hertel. Le travail progressa très lentement à un point tel que Leibniz refusa de porter le titre

de bibliothécaire parce qu’il n’avait pas plein pouvoir sur l’administration de la bibliothèque.

La relation avec Hertel n’était pas des plus harmonieuse. Le duc de Wolfenbüttel reçut une

lettre anonyme datée du 30 avril 1705 dénonçant l’état lamentable de la bibliothèque tout en

précisant que la responsabilité de ce délabrement incombait au bibliothécaire. Chose étrange,

à la mort de Leibniz, Hertel lui succéda au poste de bibliothécaire !

La bibliothèque était sous financée et il fallut faire des choix. La décision fut donc prise de

vendre les ouvrages qu’elle possédait en double. En 1708, le budget de fonctionnement fut

révisé à la hausse et demeura inchangé jusqu’en 1835 ! Désormais pourvu de moyens

financiers extraordinaires, Leibniz travaille âprement au développement de la bibliothèque de

Wolfenbünttel et de ses collections. La bibliothèque prit de l’envergure et devint très

appréciée de la cour.

Le premier immeuble abritant les collections fut érigé. De style baroque, entièrement

construit en bois et entouré de galeries, il était surmonté d’une coupole et d’une verrière afin

d’assurer une certaine luminosité : aucun système de chauffage cependant. Les ouvrages

étaient disposés sur des rayons faits également de bois.

Or, la gestion de ces travaux d’aménagement finit par le lasser, plus préoccupé était-il à faire

avancer la science qu’à planifier des lieux physiques. À preuve : il soutient que la qualité des

(10)

ouvrages à acquérir doit prédominer sur les infrastructures, et par conséquent, son intérêt se

porta du côté de l’enrichissement des collections et des outils servant à y donner accès.

Les relations avec les chercheurs étaient pour le moins, tendues. Certains chercheurs

trouvaient à redire de Leibniz au sujet de son manque de collaboration et de sa résistance à

encourager la consultation. Un théologien anglais s’est vu refuser l’accès à certains ouvrages

alors qu’il effectuait des recherches en vue de constituer un recueil sur les martyrs

protestants. Leibniz trouvait ce travail audacieux pouvant susciter les passions et nuire à

l’Église protestante.

De retour à Hanovre, Leibniz se voit confier la rédaction de l’histoire de la famille

Braunschweig-Luneburg dont le matériel se trouve dans la bibliothèque familiale. Très

dévoué à son travail, on lui reproche alors de s’investir personnellement bien au-delà de ce

pourquoi il est payé. Il décida d’élaborer un système de classification et d’indexation pour

les bibliothèques. Il consacra finalement une part de son temps à Hanovre à la constitution

d’une « Encyclopédie » regroupant toutes les informations susceptibles d’aider les chercheurs

dans tous les domaines des sciences, la « Characteristica universalis ». Pour ce faire, il

distribua le travail, surtout à des sociétés savantes, dont celle de Berlin créée en 1711, dite

Société des sciences (1700), qui devint plus tard l’Académie des sciences (1744)) dont il était

déjà membre. Il publie entre 1698 et 1700 six volumes sur la famille Guelfs auquel il en

ajouta trois entre 1707 et 1711

24

.

 Ses travaux d’organisation des domaines du savoir

Leibniz rêve de constituer une bibliothèque universelle et consacre certaines de ses études

aux systèmes de classification. Pour ce faire, il s’instruit des ouvrages des grands

bibliographes. D’esprit toujours inventif et innovateur, il consulta bon nombre de

catalogues afin de déterminer par lui-même lequel serait le plus en mesure de rejoindre

ses intérêts.

De ses études, reliées à la bibliothéconomie, on remarque la constitution de plusieurs

plans de classement des domaines du savoir. En fait, non seulement il emprunte ses idées

à d’autres bibliographes, mais il enrichit les modèles existants, tout en les adaptant aux

spécificités des différents milieux dans lesquels il travaille. C’est pourquoi les recherches

historiques sur son cheminement d’indexeur ne sont pas unanimes. On retiendra

cependant qu’il tente tant bien que mal de concilier son esprit de philosophe préoccupé

des valeurs d’unité et d’universel avec les besoins spécifiques de chaque milieu où il

oeuvre.

Leibniz avait mis en évidence et critiqué dans ses « Nouveaux essais sur l’entendement

humain » (1765) la tendance des catalogueurs à utiliser trop peu de descripteurs. Le

modèle d’indexation qu’il critique est possiblement celui le plus couramment utilisé à

l’époque et calqué sur la description de quelques disciplines d’enseignement supérieur.

La description des ouvrages devenait à la fois très large et très imprécise, en réduisant du

même coup, les points d’accès. De plus, la question du format des livres n’est pas

considérée, ce qui constitue une contrainte aux yeux de Leibniz, lui qui favorise la

(11)

diffusion de l’information au détriment de la disposition esthétique, car on sait que la

gestion de l’espace, dont la disposition des ouvrages fait partie, constitue une lacune

majeure dans les bibliothèques au XVIIe siècle

25

. La méthode de classement de Conrad

Gesner

26

lui semble à cet égard plus utile parce que plus développée, mais hélas peu des

bibliothécaires la suivent. Cette méthode comprenait plusieurs classes avec un certain

biais favorable aux sciences de la nature.

Figure 1 Système de classification de Conrad Gesner

27

I Grammaire et philologie II Dialectique III Rhétorique IV Poésie V Arithmétique VI Géométrie VII Musique VIII Astronomie IX Astrologie

X Arts divinatoires et magie

XI Géographie

XII Histoire

XIII Sciences appliquées XIV Philosophie naturelle XV Métaphysique et théologie XVI Philosophie morale XVII Philosophie économique XVIII Politique

XIX Droit

XX Médecine

XXI Théologie chrétienne

 Les plans de classement – état des travaux en 1669

Leibniz examina un autre système de classification. Considéré plus pratique et moins

conceptuel, il était axé sur les programmes d’enseignement universitaire. Il s’apparente

à celui de Johannes Lomeier (1636-1699)

28

. Le système de classification élaboré vers

1669, se divise comme suit :

Système de classification de Johannes

Lomeier Système de classification deLeibniz

I Théologie Théologie

II Philosophie, mécanique (dérivée de la

philosophie) Logique, éthique

III Médecine et chimie Médecine, chirurgie

IV Droit Histoire

V Histoire Droit

VI Art oratoire, poésie et grammaire Arts et sciences (possiblement, la littérature) VII Bibliographies, dictionnaires et

encyclopédies

(12)

Tout comme dans ses autres tâches, Leibniz s’adonnait un peu par opportunisme à son

travail méthodologique de bibliothécaire indexeur dans la perspective d’entretenir et de

satisfaire ses nombreuses et influentes relations.

Entre 1668 et 1673, fasciné par l’ampleur de la collection des Boinebürg, il élabore le

catalogue de la collection

29

. Comprenant 4 volumes et plus de 9800 entrées ce catalogue

fut perdu jusqu’à sa découverte après la seconde guerre mondiale. Le plan de classement

qu’il renfermait suivait le modèle en quatre grandes classes, de Georg Draud

30

, dans son

« Bibliotheca classica sive catalogus officialis, in quo singuli singularum facultatum ac

passionum libri-secundum artes et ordine alphabetico recensetur » paru pour la première

fois en 1611, puis en 1625 pour la seconde édition. Le plan ainsi proposé comprenait 15

classes subdivisées par des « facettes » dont certaines pouvaient s’appliquer à plusieurs

ouvrages à la fois. Il ne contenait cependant aucune liste d’auteurs. Ces deux catalogues

étaient presque semblables dans leur découpage du savoir.

Figure 2 Tableau comparatif de plans de classement

Suivant les quatre grandes classes de Draud

« Bibliotheca Boneburgica » Leibniz « Bibliotheca classica » Draud (1625)2

Théologie Draud I

Philosophie, poésie, musique (et subdivision par pays) Draud III Droit, médecine, histoire géographie, politique Draud II

Études allemandes Draud IV

Fort étrangement, dans ce catalogue, s’ajoute un inventaire des meubles de la

bibliothèque, comprenant des tables, lampes, fauteuils, et même un lit ! S’en suit une

liste des ouvrages récemment acquis. Il est clair que ce catalogue servait également de

liste d’inventaire qui ne fut jamais mise à jour, faute de suivi et de moyens financiers.

Il semble que les Boinebürg avaient été mis en contact avec un bibliothécaire d’origine

suisse, Johann Heinrich Hottinger (1620-1667)

31

dont la bibliothèque située à Zurich ait

pu être acquise en 1664. Hottinger avait subdivisé les catégories de son catalogue par

religions, étant lui-même philologue et théologien. Cette façon de faire et le modèle de

Georg Draud séduisaient Leibniz. Le travail d’indexation fut interrompu à la suite du

décès du Baron de Boinebürg et un réajustement de tâche de Leibniz allait s’en suivre.

Le catalogue resta néanmoins incomplet, ce qui explique sa mise au rancard de

l’ensemble de la collection.

 Nizzoli et la philosophie

Dans le domaine de la philosophie, Leibniz s’intéressa aux travaux de Mario Nizzoli

(1498-1556)

32

. Certains de ses ouvrages traitaient de la classification des sciences et

(13)

Figure 3 Système de classification de Nizzoli

Physique ou sciences naturelles

Politique ou philosophie sociale Logique, éloquence ou rhétorique Philosophie ou sagesse

 Augusta et Hanovre 1698-1714

Lorsque Liebniz entra dans ses nouvelles fonctions de bibliothécaire en 1676, la

bibliothèque du duc Johann Friedrich,

Duc de Brunswick-Lueneburg

,

possédait un

catalogue préparé antérieurement par Tobias Fleischer

33

. Ce catalogue se subdivisait

comme suit :

Figure 4 Plan de classement de Tobias Fleischer

A-E Théologie

F Droit, politique et morale

G Philosophie, médecine, chimie et physique H Art oratoire et philologie

J Manuscrits

K-L Mathématiques, astronomie, géographie, architecture civile et militaire M Satire, poésie et tragi-comédie

N-O Ouvrages d’érudition et autres sujets P Histoire

Q-Z (indéterminé) possiblement pour Histoire

Plus élaboré que le précédent, le système de classement des rubriques apparaît ici par

ordre alphabétique. Aucune suite n’est connue à ce travail.

A Hanovre, Leibniz établit un catalogue divisé en deux parties : les ouvrages

indispensables, dont les dictionnaires, les livres de base dans certains domaines, puis des

ouvrages spécialisés. Ceux-ci nécessitaient une attention toute particulière en raison de la

pertinence scientifique de son contenu. Aussi, afin de fixer les grands axes de

développement des collections, Leibniz établit pour la famille Guelph, une bibliographie

d’ouvrages indispensables. Celle-ci comportait 2500 titres et fut composée en 1689 lors

d’un séjour en Italie. Le plan de classement de cet ouvrage suivait les règles en vigueur

pour la rédaction des bibliographies de l’époque.

De retour de son voyage en 1690, il fut désigné conseiller et bibliothécaire de la

bibliothèque Augusta à Wolfenbüttel, à quelques kilomètres de Hanovre. Cette

bibliothèque avait grandement besoin de redressement après avoir survécu à la guerre de

Trente ans. Sa réputation avait alors été surpassée par celle de la bibliothèque du Roi qui

comportait dès 1660, plus de 25000 ouvrages, 115000 titres de 56000 auteurs.

(14)

I Théologie II Droit III Histoire IV Guerre V Œcuménisme VI Politique VII Éthique VIII Médecine IX Géographie X Astronomie XI Musique XII Physique XIII Géométrie XIV Arithmétique XV Poésie XVI Logique XVII Rhétorique XVIII Grammaire XIX Maximes XX Manuscrits

 Un plan d’ensemble posthume

De l’ensemble des travaux de Leibniz, deux ébauches de plan de classement furent

retrouvées, écrites de la main de Leibniz lui-même. L’examen de ces travaux démontre

bien l’esprit analytique propre à l’auteur, d’abord et avant tout philosophe.

L’exemple suivant illustre le travail qu’effectua Leibniz sur un plan abrégé de

classement, tel que fournit par son secrétaire, Joachim Friedrich Feller

35

après la mort de

Leibniz

Figure 6 Système de classification de Leibniz tel que reporté par son secrétaire,

Joachim Friedrich Feller (1718)

36

Théologie Bible, Église, Dogmatique, Pratique Histoire, Conciles, Patristique, Polémique, Ascétique, Morale, Positive

Droit Droit naturel et des personnes, droit romain et autres droits de l’antiquité, droit ecclésiastique et canonique, droit public, autres codes de lois

Médecine Hygiène et diététique, pathologie, pharmacologie, chirurgie Philosophie (les

concepts) Théorie, logique, métaphysique, pneumatologie, pratique, éthique et politique Philosophie (les objets)

incluant les mathématiques

Mathématiques, arithmétique, algèbre, géométrie, astronomie et géographie générale, optique, gnomonique, mécanique, guerre, navigation, architectonique, génie

Philosophie (les objets) en mouvement

Physique, chimie, minéralogie, botanique, agriculture physiologie animale, économie

Philosophie (le langage) Grammaire latine, grecque, lexicologie, rhétorique, art oratoire, les lettres, poésie, critique

Histoire Le monde, la géographie, généalogie, héraldique, histoire de la Grèce et de Rome de même que l’histoire antique, l’histoire

(15)

médiévale et de l’empire romain, histoire contemporaine, Histoire de diverses choses

Histoire de l’écrit et bibliothéconomie

On remarque une certaine faiblesse dans ce plan, surtout en ce qui regarde la médecine,

les mathématiques ou encore, les arts.

 Leibniz et Dewey

Bien que Leibniz ait travaillé à certains systèmes de classification exclusivement

numériques cent ans avant Dewey, on ne peut que s’étonner du rapprochement entre les

deux systèmes, bien qu’il y ait ambiguïté sur l’appariement en ce qui regarde certaines

classes dont les mathématiques. Voyons de plus près :

Figure 7 Rapprochement du système de classification de Leibniz avec le système de

classification de Melvil Dewey

37

Leibniz 1646 – 1716 Dewey 1851 – 193138

1 Théologie 2 Religion, théologie

2 Jurisprudence 3 Sciences sociales, droit, administration

3 Médecine 6 Médecine, techniques

4 Philosophie des sciences 1 Philosophie

5 Philosophie des « modèles imaginaires » (Mathématiques) 5 Mathématiques, Sciences naturelles 6 Philosophie de l’expérimentation (physique)

7 Philologie ou l’histoire des langues 4 Philologie

8 Histoire politique 9 Géographie, histoire 9 Histoire de la littérature et bibliothéconomie 8 Littérature

10 Autres sciences 0 Toutes autres sciences (Généralités) 7 Arts, jeux, sports

 Leibniz utilise à 2 reprises l’expression (allemande) « philosophie » en parlant des

mathématiques et de la physique, alors que Dewey associe les mathématiques et la

physique, sans doute dans un esprit plus pragmatique

 Leibniz ne reconnaît aucunement l’importance des arts, des jeux ou des sports

(classe 7 de Dewey) !

Il faut avouer que Leibniz n’avait pas tout à fait le sens de l’uniformité et de la constance

dans ses travaux d’indexeur. Au mieux, dirait-on qu’il apprenait en même temps qu’il

s’adonnait à ses travaux, tout inspiré était-il par ses maîtres. Cependant, son

rapprochement avec le système très postérieur de Melvil Dewey a de quoi nous étonner.

Sans doute son approche synthétique des diverses sciences servait de principe de base à

sa construction.

(16)

Comme bibliothécaire, Leibniz travaillait dans des bibliothèques patrimoniales

dont le fond documentaire reflétait les intérêts des grandes familles auxquelles

elles appartenaient. Sa tâche consistait aussi à acquérir des ouvrages nouveaux

afin d’enrichir les collections. Loin de consigner par écrit les axes de

développement, deux lignes directrices vont déterminer ses choix

documentaires. D’abord celle de la valorisation des familles propriétaires des

bibliothèques puis ses propres intérêts d’humaniste érudit, habité par l’idée de

concevoir la bibliothèque universelle

39

. Pour lui, le terme bibliothèque signifie

collection de livres alors qu’universel désigne l’ensemble du savoir, bien au-delà

de ce que peut absorber l’intelligence humaine

40

.

Il se mit donc au travail. À la fin de l’année 1677, il signa l’acquisition de 3310

ouvrages et 158 manuscrits à la suite d’un versement d’argent important du duc

Johann Frederich. Le seul motif attesté de cet achat fut celui de la Culture.

Comme Leibniz entérinait cet objectif, il entreprit une vaste correspondance à

travers d’autres familles nobles et savantes d’Europe afin de solliciter d’éventuels

vendeurs. Les transactions proposées devaient se faire sous forme d’encan ou

simplement par vente. En 1677, il demanda au duc, son « supérieur », la

permission de se rendre dans divers pays afin de concrétiser ses démarches. À

l’été, il se rendit à Hambourg afin de finaliser l’acquisition de la bibliothèque de

feu le docteur Martin Fogel (1632-1675) avec qui il avait correspondu. Il réussit

ainsi à augmenter la collection de 3600 ouvrages et doubla par conséquent

l’espace occupé dans la bibliothèque devenue trop petite. Un projet de

déménagement s’imposa entre 1678 et 1681 et il y eut donc un déménagement

dans un seul immeuble. Leibniz se trouva ainsi à travailler en toute liberté dans

un nouvel immeuble et cela lui donna l’occasion de réaliser d’agréables

rencontres et surtout d’user de tous ses talents de diplomate quand il s’agissait

de négocier des sanctions de retard de prêts.

 L’organisation physique des documents

L’aménagement des ouvrages selon le format tenait lieu de critère d’organisation

de l’espace dans les bibliothèques, telle que préconisé selon l’usage au XVIIe

siècle. Leibniz dénonçait cette façon de faire, bien qu’esthétiquement, la chose

donne lieu à une présentation tout à fait agréable. Il proposait plutôt un mode

d’accès aux documents plus simple, construit en fonction d’un plan de

rangement des connaissances, inspiré de ses travaux sur l’art combinatoire. En

fait, son projet d’encyclopédie du savoir prenait ici tout son sens. Il va sans dire

que cela mettait en cause à la fois les principes d’organisation des documents

sur les tablettes ainsi que les outils de recherche qui les identifiaient. Ces outils

prenaient une place importante dans ses tâches de bibliothécaire, bien que peu

de ces outils aient été mis à jour. Par contre, on ne lui attribue peu d’influence

sur l’aménagement des lieux physiques de la bibliothèque Wolfenbüttel entre

1707 et 1710.

(17)

Parfois méprisé par son entourage, Leibniz n’était hélas pas pris très au sérieux : on le

qualifiait de « glaubet nichts », impertinent, dirions-nous, indigne de crédibilité. À la fin

de sa vie, on mit en doute ses options politiques et son universalisme sans réserve.

Oserions-nous dire qu’il était plutôt un « touche à tout » du savoir dont l’ambition

d’unifier les sciences le préoccupait jusqu’à l’éparpillement ce, sans qu’il n’en ait jamais

vu la fin ?

À sa mort, aucune des sociétés savantes pour lesquelles il avait travaillé n’eut quelque

commentaire à formuler à son égard. Seule l’Académie des sciences de Paris prononça

un éloge funèbre par l’entremise de Fontenelle, en novembre 1717

41

.

En guise d’apologie, disons que même si certains voient dans son érudition, un défaut,

cela n’enlève rien à la noblesse de sa personnalité avant-gardiste. Par exemple, il faut

admettre que l’approche œcuménique en laquelle il croit, exige un profond sens de

l’éthique, puisque les vertus d’être humain passent avant les préjugés acquis, hérités de la

culture. Or, il se trouvait au milieu de familles politiquement orientées, loin de ces

bonnes intentions. Il faut avouer que les visions universelles et unificatrices sont des

valeurs certes souhaitées de tout temps, mais difficilement réalisables. Quand à sa

curiosité pour toutes les sciences, à la source de l’éparpillement reproché, il faut

reconnaître qu’à cette époque, la science n’avait ni l’ampleur ni la rapidité de

transmission du savoir que l’on connaît aujourd’hui.

En somme, disons que ses travaux de bibliothécaire étaient davantage empreints des

principes hérités de la philosophie humaniste que de ceux de la technocratie ou des

administrations du savoir. À preuve, pour lui, tout ouvrage a de l’importance dans la

mesure où il peut rendre quelqu’un meilleur et plus heureux. Ses études

bibliothéconomiques étaient visiblement éparpillées, mais disons qu’ici, surtout en ce qui

regarde ses travaux d’indexeur, il tente manifestement de constituer une sorte

d’unanimité sur les principes d’organisation du savoir. Parler ici de la naissance d’une

« norme » serait à tout le moins une hypothèse à envisager.

On doit finalement son enthousiasme pour la culture à trois facteurs déterminants.

Le premier a trait à sa famille. D’abord un père scolarisé, présent et actif autant qu’il le

pût, puis le discernement, l’encouragement et la confiance d’une mère envers les

aptitudes de son fils, tout cela ne pouvaient que constituer une combinaison gagnante

pour faire du fils Leibniz, un esprit curieux hors du commun.

Deuxièmement, le jeune Leibniz a de la facilité à s’associer à des personnes tout aussi

influentes, susceptibles de satisfaire ses besoins d’élargissement des connaissances,

surtout qu’elles étaient en plus, détentrices de bibliothèques bien garnies.

Troisièmement, une distance critique par rapport aux milieux académiques du temps, trop

conservateurs, fermés aux principes de la méthode scientifique naissante.

(18)

Au-delà de ces limites, son respect des anciens, surtout en ce qui a trait à leurs bases

culturelles et sa fréquentation des Académies et sociétés savantes de toutes sortes firent

en sorte de nourrir inlassablement son besoin vital de constituer et d’organiser ce savoir

universel pour lequel il se passionna toute sa vie.

Jacques Messier

Bibliothécaire professionnel

Université de Montréal

Jacques.messier@umontreal.ca

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Schulter-Albert, Hans. "Gottfried Wilhelm Leibniz and Library Classification."

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(20)

1 International Encyclopedia of Information and Library Science p. 365 2 Luis Bunuel, qui l’avait sans doute emprunté à quelqu’un d’autre…

3 Larousse, Pierre. Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique, etc. Nîmes: C. Lacour, 1990.

4 Principe selon lequel chaque individu est unique par rapport aux autres individus de la même espère. Voir aussi : Encyclopédie philosophique universelle II. Les notions philosophiques. Paris, PUF 1990

5 Philosophe, professeur de droit à Lepizig, il est reconnu pour être un contestataire de l’esprit immobiliste qui imprègne les universités. source : Petit Robert des noms propres.

6 Raymond Lull (1235 – 1316 ?) était un érudit latiniste qui se représentait les sciences comme une forêt d’arbres dont les racines constituent la source de toute chose. Son plus ambitieux projet fut celui de réunir les trois grandes religions en une seule, autour du principe unique de la Trinité. Selon lui, l’intelligence humaine opère suivant le principe de montée ou de descente. Ses ouvrages principaux : « Arbre de scientia » (1295) « Liber de ascensu et descensu intellectus » (1305 ?). 7 Norbert Wiener proclama Leibniz le Saint Patron de la cybernétique

8 Blay, michel. "Leibnizianisme. Les Substances." Grand dictionnaire de la philosophie

Ed. Larousse; VUEF Éditions. Paris, 2003. 1105. 1 vols.

9 Cette allusion est intéressante. Il faut se rappeler que la langue hébraïque est intimement associée à la numérologie. On sait par ailleurs que Leibniz se passionnait pour les mathématiques dont le calcul binaire, et pour tout système de signes

susceptible de réaliser l’unité de la pensée universelle.

10. Leibniz, G. W. and Preussische Akademie der Wissenschaften. Sämtliche Schriften und Briefe. Leipzig, Koehler.

11 « Les ouvrages publiés par Leibniz 1663-1716 » dans Bibliographie des oeuvres de Leibniz

12 Cette allusion n’est pas certaine. On a qu’à voir la suite.

13 « Gootfried Wilhelm Leibniz als Bibliothekar.” Zentralblatt für Bibliothekswesen,

14 Jolley, N. (1995). The Cambridge companion to Leibniz. Cambridge ;

New York, Cambridge University Press.

15 Unité de mesure monétaire allemande à laquelle souscrivait la famille Braunschweig-Lüneburg . 1 taler équivaut à 15

marks

16 Denis Papin avait étudié la physique de la vapeur. On lui attribue la paternité du principe de la locomotive à vapeur. 17 Dans ce dernier cas, il s’oppose à un courant de pensée académique de son époque voulant que toutes les langues soient issues des régions d’Europe du nord.

18 Leibniz, G. W., M. Parmentier, et al. (2004). Quadrature arithmétique du cercle, de l'ellipse et de l'hyperbole et la

trigonométrie sans tables trigonométriques qui en est le corollaire. Paris, Vrin.

19 Rey, A. and P. Robert (2001). Le grand Robert de la langue française. Paris, Dictionnaires le Robert.

20 Érudit et bibliothécaire de Colbert. C’est grâce à lui que la bibliothèque du ministre acquis ses plus grands trésors littéraires.. 21 Un des premiers membres de l’Académie des sciences. Colbert l’avait nommé gardien de la bibliothèque du Roi. Source : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle

22 « Il lui donne son meilleur bibliothécaire, Nicolas Clément, qui dressera le premier catalogue des imprimés, avec un classement en 23 divisions, dont les grandes lignes subsistent encore. » source : Balayé, Simone. La Bibliothèque nationale des origines à 1800. Genève: Droz, 1988. Critiqué par Denis Pallier dans BBF 1988 - Paris, t. 33, n° 4

23 Physicien, naturaliste et botaniste, il gagnait sa vie à cultiver les plantes médicinales. Amateur de grec et de latin, il publia le premier dictionnaire grec-latin en 1537. Professeur de grec, il poursuit ses études de médecine et publie en 1545 le

« Biblioteca univesalis » , premier catalogue de plus de 1800 noms d’auteurs et de titres d’ouvrages, avec résumés et commentaires. Plus tard en 1548, il publia un ouvrage monumental : « Pandectarum sive Partitionum universalium Conradi Gesneri » dans lequel il tente de rassembler tout le savoir selon un plan de classement en 21 facettes. Les 19 premiers volumes furent publiés en 1548 et le dernier en 1549, plus un ouvrage concernant la médecine qui n’a jamais été publié. Il publia également d’autres ouvrages sur les sciences animales. Source : The New Encyclopaedia Britanica vol 5.

24 Scriptorum Rerum Brunsvicensicum

25 On lira avec intérêt Garberson, E. (2006). "Libraries, memory and the space of knowledge " Journal of the History of Collections 18(2): 105-136.

26 Conrad Gesner réalise la première véritable bibliographie publiée entre 1545 et 1548 qui répertorie mille titres classés par ordre alphabétique d’auteurs à laquelle il ajoute un plan de classement par matières.

27 Schulter-Albert, Hans. "Gottfried Wilhelm Leibniz and Library Classification." Journal of Library History, Philosophy and Comparative Librarianship 6 (April 1971): 133-152.

28 Érudit hollandais, professeur de belles-lettres. Son travail de classement se trouve possiblement dans son ouvrage « De bibliothecis liber singularis » datant possiblement de 1669. source : Larousse, Pierre. Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique, etc. Nîmes: C. Lacour, 1990.

29 Kathrin Paasch: Die Bibliothek des Johann Christian von Boineburg (1622-1672) Ein Beitrag zur Bibliotheksgeschichte des Polyhistorismus.

30 Philologue et bibliographe, il eu la réputation d’être un travailleur infatigable. On lui doit en plus de son « Bibliotheca classica », le « Bibliotheca librorum germanorum classica » (Francfort 1625) source : Enciclopedia universal ilustrada 1907.

31 Orientaliste, né à Zurich en 1620. Il publia passablement d’ouvrages dont un thésaurus en philosophie. Source : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle

(21)

33 Schulter-Albert, Hans. "Gottfried Wilhelm Leibniz and Library Classification." Journal of Library History, Philosophy and Comparative Librarianship 6 (April 1971): 133-152. Tobias Fleischer construisit en 1675 et 1676, un catalogue de bibliothèque pour le Baron Johann Christian von Boineburg. Source : Il Bibliotecario 7, (1990) p. 181-218

34 Ibid

35 « Idea Leibnitiana Bibliothecae ordinandae contractior »

36 Leibniz, Gottfried Wilhelm, and Preussische Akademie der Wissenschaften. Sämtliche Schriften und Briefe . Leipzig: Koehler. Heft 5

37 Leibniz und Wien p. 8

38 Melvil Dewey introduit le système décimal de classification pour la première fois en 1876 (source : Robert des noms propres.)

39 La definition du mot encyclopédie a évolué depuis l’antiquité. Au XVIIe siècle, il peut désigner à la fois un ensemble

de sujets organisé dans un corpus (bibliographie), ou l’ensemble du savoir que possède un homme instruit.

40 « Libraries and encyclopedic knowledge » dans Garberson, E. (2006). "Libraries, memory and the space of

knowledge " Journal of the History of Collections 18(2): 107-111.

Figure

Figure 1  Système de classification de Conrad Gesner 27
Figure 3  Système de classification de Nizzoli
Figure 6  Système de classification de Leibniz tel que reporté par son secrétaire,  Joachim Friedrich Feller (1718) 36
Figure 7  Rapprochement du système de classification de Leibniz avec le système de  classification de Melvil Dewey  37

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