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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Fonction des médias en vue d'une alphabétisation environnementale pour tous

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Academic year: 2021

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FONCTION DES MÉDIAS EN VUE D'UNE

ALPHABÉTISATION ENVIRONNEMENTALE POUR TOUS

Yolanda ZIAKA L.I.R.E.S.T. - a.D.S.E.P7

MOTS-CLÉS: ALPHABÉTISATION ENVIRONNEMENTALE - MÉDIAS - ÉVALUATION

RÉSUMÉ: Il s'agit d'un essai d'évaluation de la fonction éducative des médias de masse en vue d'une alphabétisation environnementale du plus grand nombre de citoyens. En prenant comme exemple un problème d'environnement et sa présentation par la presse écrite, sont analysés successivement: l'information véhiculée, la vulgarisation des concepts scientifiques présents, les représentations diffusées et la réception du message environnemental par le lecteur, en adoptant pour chaque analyse des outils d'évaluation spécifiques.

SUMMARY : Our purpose is to evaluate the medias'contribution to the popularisation of environnemental issues and to the environmental education of the large public. Taking as an exemple the presentation of an environmental problem by french press, we analyse successively : the information about this problem, the popularisation of scientific concepts in the articles, the representations diffused, the reception of the environmental message by the lectors, adopting for each part of the analysis specifie tools of evaluation.

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1. INTRODUCTION

La vaste majorité de la population mondiale, qui n'est pas (ou plus) touchée par le système scolaire et universitaire, s'informe et se forme sur l'environnementà travers les médias de masse. Nous considérons ainsi que la communication sur l'environnement à travers les médias de masse a une fonction éducativeà remplir à l'intention du grand public, en vue d'une alphabétisation relative à l'environnement pour tous. Il s'agit de permettreàl'ensemble de la population d'intervenir dans les grands choix techniques et scientifiques et dans les orientations économiques, concernant à l'environnement. Cene communication remplit donc une fonction politique, dans le sens originel de la gestion de lacité, puisque, en permettantàchaque citoyen de participeràla prise de décisions, elle contribue à renforcer la vie démocratique. Dans ce sens elle ne peut être dissociée d'une éducation à la citoyenneté. Le but de cette recherche est de donner des éléments pour une évaluation de la contribution des médias, et, en particulier, de la presse écrite, à l'Éducation relative à l'Environnement (E.R.E.).

Nous nous sommes posées les questions suivantes : En ce qui concerne les problèmes d'environnement: 1) Quel est le message environnemental transmis par la presse écrite? 2) Quel est l'impact de ce message sur le lecteur? Plus précisement, quels sont les facteurs qui sont susceptibles d'affecter la transmission et l'acquisition de connaissances et de représentations autour de l'environnement, propresà conduire à une alphabétisation environnementale du plus grand nombre de citoyens età des attitudes favorables à l'environnement. Nous avons analysé le problème de la pollution de l'eau par les nitratesà travers sa présentation par la presse française. Ce problème fait appelàla problématique de la gestion des ressources naturelles (ressources en eau), entrée privilégiée pour l'E.R.E., comme le soulignent Giordan et Souchon (1992).

2. ANALYSE DU MESSAGE TRANSMIS

2.1 Méthodologie de la recherche

Une série de 125 articles, parus durant l'année 1990 dans 43 journaux et revues français, a été analysée. La presse fait écho d'un grave problème de pollution de l'eau de boisson par les nitrates, dans plusieurs régions françaises. Les nitrates représentent un risque important pour la santé publique: ils sont probablement cancérigènesà long terme et dangereux pour la vie des nourrissons. Une première analyse de contenu nous a permis de distinguer trois parties présentes dans presque chaque article avec une importance variable: 1) une partie informative où on se rerere aux niveaux de pollutionà travers la France, aux mesures prises pour y faire face et aux normes de potabilité pour l'eau, 2) une partie didactique où les concepts scientifiques relatifs au problème sont explicités, 3) une partie "argumentaire" où on présente le débat (très souvent la polémique) entre les différents acteurs impliqués.

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2.2 Partie informative des articles

On présentera ici uniquement l'analyse de la référence aux nonnes de potabilité pour l'eau. Les journalistes se refèrentàdes niveaux différents en tant que seuils admissibles de potabilité, soit dans un seul journal, soitàdes journaux différents. On parle ainsi du niveau de 15 mg/l, de 25 mg/l, de 40 mg/l ou encore de 50 mg/l. La divergence entre les niveaux évoqués peut laisser supposer un désaccord entre les sources d'expertise. En effet, les sources d'expertise évoquées sont multiples: les scientifiques, l'administration, les conventions internationales, la Communauté Économique Européenne, la législation intérieureàla France. La presse parle très peu de l'incertitude liée à l'évaluation du risque pour la santé humaine. Uniquement deux articles s'y refèrent, p.ex. on apprend que "chez l'adulte, aucun scientifique ne sait aujourd'hui combien de temps il faut boire de l'eau trop chargée de nitrates, etàquel taux pour risquer quelque chose" (Figaro/20-2).Ladimension politique et sociale de l'établissement du niveau des normes apparaît aussi dans très peu d'articles: loin d'être uniquement le produit d'un consensus de la communauté scientifique, les nonnes sont le produit d'un consensus social, lié au poids institutionnel des acteurs impliqués.

Globalement, une grande confusion règne en ce qui concerne le niveau de la nonne imposée par la règlementation, la distinction entre seuils "adoùssibles", "conseillés" ou "guidés", le limite du potable et le début du risque. Le journaliste, confrontéàdes multiples sources d'expertise etàla présence d'acteurs sociaux à intérêts opposés, choisit souvent d'éliminer les facteurs déstabilisants de l'incertitude scientifique et de la dimension socio-politique du problème.

2.3 Partie didactique des articles

Nous avons tenté d'évaluer cette partie en fonction du premier objectif que nous nous sommes fixés: transmission de connaissances par la transposition didactique du savoir scientifique relatifà l'environnement. Ce savoir subit lors de son diffusion des simplifications ou adaptations qui ont pour but de faciliter la compréhension et qui modifient ainsi le savoir initial. Notre analyse a commencé par l'établissement d'une typologie des procédés de vulgarisation scientifique utilisés pour rendre compte du problème. Cette typologie ne nous intéresse pas en elle-même, mais en ce qu'elle nous permettra par la suite de distinguer, parmi ces procédés, ceux qui sont les plus efficaces du point de vue didactique. Dans la littérature relativeàla vulgarisation scientifique par contre, l'établissement de telles typologies n'a pas été accompagné par l'analyse de leur efficacité didactique (Jacobi, 1987 ; Lérat, 1990).

Suivant la démarche proposée par Jacobi (1987), nous avons sélectionné, parmi les termes scientifiques cités, les mots-clés qui renvoientàdes concepts-clés mis en avant par le journaliste. Ces concepts proviennent de disciplines divers (biologie, médecine, éconooùe...), du moment où il s'agit d'un sujet par nature interdisciplinaire. Pour chacun des concepts-clés, nous avons, par la suite, distingué des définitions (génériques, fonctionnelles, relatives aux causes et aux conséquences), des analogies et des métaphores.Àtitre d'exemple, la définition générique: "les nitrates font partie du cycle naturel de l'azote" (Nouvel Observateur/2l-2) explicite le concept des "nitrates" en le liant à celui d"'azote".

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Dans un deuxième temps nous avons cherché à identifier les relations entre les concepts présents dans les articles par l'établissement du réseau conceptuel relatifàce problème de pollution. Il s'agit de l'ensemble des concepts employés par l'auteur: concepts-clés et et concepts "secondaires", liés aux premiers à travers la démarche de vulgarisation. Par exemple,à travers les articles, le concept de "nitrates" est liéàdes concepts comme: azote, protéines, nitrites, ammoniaque, méthémoglobinémie, cancer... Les relations entre ces concepts ont été identifiéesàl'aide de la technique des "cartes conceptuelles". Stratégie développée par Novak et Gowin (1984), ces cartes permettent de représenter d'une manière graphique les relations entre les concepts pour un domaine de connaissances. Nous avons ainsi construit des cartes conceptuellesàpartir d'un ouvrage de référence (O.C.D.E., 1986). Les cartes construites sont des témoins de la complexité de la question, de la multiplicité des concepts impliqués et de leurs relations. Des cartes ont aussi été construites pour des articles considérés intéressants du point de vue de la vulgarisation des concepts présents. Nous avons comparé entre articles et ouvrages de référence à l'aide des ces cartes. La comparaison se fait en ce qui concerne la présence ou absence des concepts, les concepts auxiliaires auxquels ils sont liés, leur nombre, les relations entre eux, le champ disciplinaire de provenance. Des différences significatives ont ainsi pu être reperées, ainsi que des lacunes et des liaisons erronnées entre les concepts.

2.4 Partie argumentaire des articles

Le débat se structure autour de deux questions : a) Qui est le responsable pour la pollution? b) Quelles sont les solutions pour y faire face? Quant à la responsabilité, on se refère à : l'intensification de l'agriculture, aux pratiques agricoles particulières, pratiques industrielles et domestiques, la responsabilité de certains agriculteurs, de l'administration ou d'un gouvernement. Quant aux solutions, on se refèreà : des changements structurels du système agricole, modification de quelques pratiques agricoles, changements de comportement, l'usage de la technologie (construction d'usines de dénitrification), l'application du principepollueur-payeuraux agriculteurs. Nous avons analysé ce débat à l'aide de la méthode de l'analyse factorielle des correspondances multiples (A.F.C.M.), afin de mettre en évidence la structure et l'organisation des représentations sous-jacentes. L'A.F.C.M. permet de représenter de manière graphique les éléments d'un débat, en les situant sur un schèma (plan factoriel) où les éléments qui s'associent entre eux et ceux qui s'excluent sont mis en évidence (Doise, 1992). Les référencesà la responsabilité et aux solutions constituent nos "variables d'opinion". Comme "variables de statut" nous avons considéré: le type d'article (signés, non signés, brèves), le type de presse (parisienne, provinciale, spécialisée, hébdomadaires et mensuels), le type de référenceàla gestion de l'eau (est-elle considérée comme un bien abondant ou comme un bien rare ?).

L'A.F.C.M. nous a permis d'identifier huit familles de représentations principales. Nous présentons ici quelques éléments de l'analyse des deux premiers axes. Le premier axe ("facteur") est orienté par une représentation de la pollution en tant que conséquence de l'agriculture intensive. On remarque pourtant que la mise en cause de l'intensification de l'agriculture n'est pas accompagnée par une demande de changements structurels au système agricole: on propose uniquement des mesures qui visent la gestion de la crise par la modification des pratiques agricoles, le changement de

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comportement et les mesures économiques. La représentation d'eau comme une ressource rare se situe, sur le plan factoriel, àl'intérieur de cette représentation. Le deuxième axe est orienté par l'opposition entre: a) une approche "agronomique", où l'on se réfèreàla responsabilité de pratiques agricoles particulières et on propose comme solution unique le changement des ces pratiques, et b) une approche "économique", où la responsabilité de l'agriculture intensive est denoncée et l'unique solution proposée est celle d'une approche économique. Ici correspond la représentation de l'eau en tant que ressource rare.

Globalement, la pollution est perçue en tant que conséquence de l'agriculture intensive mais la politique agricole française n'est pas mise en cause dans son ensemble, et ceci quel que soit le type de presse et le type d'articles: aucune des huit familles de représentations identifiées ne propose des changements structurels pour l'agriculture. Malgré les proportions inquiétantes de la pollution, le productivisme reste toujours l'objectif visé: "Faire comprendre qu'on pouvait produire plus sans polluer davantage"(LeParisienl9-II). Cette idée, d'une conciliation possible de l'intensification avec la protection de l'environnement, s'accompagne d'une représentation de la pollution en tant que mal inévitable: "L'agriculture ne nie pas ses nuisances, mais il ne faut pas reprocheràun avion de faire du bruit quand il décolle, cela fait partie de sa nature" (Libération/21-2). Une orientation alternative pour l'agriculture est ainsi exclue.

Notre analyse montre que la presse reflète une représentation qui caractérise un tournant dans la pensée économique contemporaine : l'eau, bien qu'une ressource renouvelable est désormais considérée comme une ressource rare, p.ex. "Et si un jour l'eau devenait tellement rare, qu'on cesse alors de la considérer comme un bien inépuisable ?" (Libération/22-2). Ce n'est en effet qu'après la prise de conscience du caractère épuisable des biens naturels (considérés jusqu'alors en tant que biens "libres", disponibles en quantités illimitées), que l'économie les intègre dans son champ d'analyse en leur attribuant une valeur monétaire (Passet, 1972). Les coûts environnementaux provoqués par l'activité économique doivent être pris en charge par les agents économiques qui les provoquent à travers le principe pollueur-payeur. Dans nos articles, la demande d'application de ce principe s'accompagne ainsi toujours d'une représentation de l'eau en tant qu'une ressource rare.

3. RÉCEPTION DU MESSAGE PAR LE LECTEUR

Nous visons iciàévaluer l'impact du message environnemental surlelecteur. Les questions de recherche sont les suivantes : 1) Quels sont les facteurs redactionnels qui faciliteraient la compréhension de l'information scienctifique sur l'environnement présente dans un article et l'acquisition de connaissances? 2) Dans quelle mesure les représentations dominantes chez le public récepteur sont-elles divulguées par la presse?

Une recherche par questionnaire a été effectuée auprès d'un échantillon de 30 personnes. La consigne était de répondre au questionnaire après avoir lu les articles. Trois paires d'articles étaient distribués, chaque paireàdes lecteurs différents. Les articles diffèrent entre eux en ce qui concerne l'effort didactique (procédés de vulgarisation scientifique employés) et les représentations dominantes

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diffusées. Il s'agit des anicles pour lesquels nous avions préparé les canes conceptuelles. Le questionnaire comportait des questions visantàévaluer: 1) la compréhension de la parùe scientifique de l'anicle et l'acquisition de connaissances, 2) l'acquisition de représentationsàpropos de la gestion de l'eau, la responsabilité pour la pollution, les solutionsày apporter. Il comportait d'ailleurs des questions visantà :a) évaluer les attentes du lecteur par rapportàl'infonnation environnementale qu'il reçoit, b) repérer les canaux par lesquels l'information sur l'environnement arrive au public. Une fois les réponses récueillies, nous avons construit des canes conceptuelles pour chaque réponse et les avons comparés aux canes représentant les articles et à celles représentant les ouvrages de référence.

4. CONCLUSION

Il s'agit ici d'un exemple où une question d'environnement est médiatisée en situation d'urgence (la pollution menace la santé publique). Notre but n'a pas été de décrire ce que la presse a ditàpropos de celte question; l'urgence révolue, la question perd de son actualité. Le but était de repérer les éléments constants d'une communication sur l'environnement (obstaclesàl'éducation scientifique du grand public dans ce domaine, représentations dominantes) afin de clarifier son rôle en tant que source de l'Éducation relativeàl'Environnement. Ceci conduitàla recherche età l'adoption d'outils d'évaluation adaptés et la planification d'une démarche d'évaluation spécifique.

BIBL! OGRAPHIE

DOISE W., CLEMENCE A., LORENZI-CIOLDIP., Représentations sociales et analyses de données, Grenoble: Presses Universitaires de Grenoble, 1992.

GIORDANA., SOUCHON C., Une Éducation pour l'Environnement, Nice; Z' Éditions, 1992. JACOBI D., Textes et images de la vulgarisation scientifique, Berne: P. Lang, Coll. Exploration Recherches en sciences de l'éducation, 1987.

LÉRAT P., L'hyperonymie dans la structuration des terminologies, Langages, 1990,98,79-86. NOVAK J., GOWIN B., Learning how to learn, Cambridge: Cambridge University Press, Cambridge, 1984.

O.C.D.E., Pollution des eaux par les engrais et pesticides, 1986. PASSET R., L'économique et le vivant, Paris: Payot, 1972.

Références

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