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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Le rôle de la fantaisie dans l'opération didactique

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Academic year: 2021

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LE RÔLE DE LA FANTAISIE

DANS L'OPÉRATION DIDACTIQUE

Giorgio P. PANINI

rrsos,

Milano - IPIA "Cesare Correnti", Cours du soir, Milano

MOTSCLÉS: PARADIGME VISION DU MONDE IMAGINATION -PROJECTION FANTASTIQUE - SCIENCE-FICTION

RÉSUMÉ: Une voie efficace pour présenter aux élèves de l'école secondaire les sciences peut passer par la connaissance de la "vision du monde" que les élèves eux-mêmes ont, selon la spécialisation du cours qu'il sont en train de suivre ou selon les techniques et les habiletés qu'il utilisent dans leur journée de travail (pour les cours du soir) : une hypothèse et quelques résultats possibles.

SUMMARY : In our work of teaching the communication of the scientific knowledge could be easier, and more formative, if we could understand the world view(Weltanschauung)of each student according to the specialization of his course or to the technical habilities he relies on for his daily work, in the case of a technical school (evening course). One hypothesis and sorne possible results.

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1. INTRODUCTION

Avant tout, une petite remarque: j'ai joué, dans le titre de ma communication, sur l'ambiguité du termefantaisie, soit comme originalité, caprice, envie, donc aussi désir inconscient, soit comme imagination, imaginaire, vision du monde, projection fantastique. En travaillant avec des différentes réalités scolaires (école secondaire muItiexpérimentale pour les communications linguistiques, informatiques et cinématographiques; cours du soir d'école secondaire technique pour mécaniciens et mécaniciens-dentistes), j'ai pu comprendre comme une voie efficace pour présenter les sciences (physiques, en particulier) passe par la connaissance de la "vision du monde" (soit la projection fantastique, ou l'imaginaire) des élèves.

L'école multiexpérimentale où j'ai travaillé est l'ITSOS de Via PaceàMilan: sur le plan général d'organisation de celle école et, en particulier, sur le cours "Scienza e Tecnica" dont j'étais chargé, on peut lire la communication de mon collègue Ferruccio Jarach dans lesActesJJ.E.s. 1993, p. 571-576. Les cours de l'ITSOS ont été articulés en 3 spécialisations différentes: Communication Visuelle, Communication Linguistique, Informatique Industrielle. Le cours "Scienza e Tecnica" a été conçu sur une base diachronique pour la présentation des étapes fondamentales de l'histoire des sciences et des connections avec l'ensemble des techniques, des jeux politiques, de la culture en général. Évidemment l'exploitation d'un tel programme doit passer par le concept de pàradigme, selon la définition donnée par Thomas Kuhn.

2. DU PARADIGME D'UN ÂGE AU PARADIGME DE L'INDIVIDU

Dans son texteThe Structure of Scientific Revolutions, publié en 1962 et plusieurs fois réimprimé, Kuhn nous propose, pour interpréter le déroulement des sciences, la notion fondamentale de paradigme. Il s'agit de l'ensemble des structures conceptuelles et des procédés méthodologiques qui constituent le milieu intellectuel du savant. Le savant a acquis son paradigme par tout son curriculum scolaire, par les publications de son époque et de celles qu'il a pu lire dans les bibliothèques; il peut utiliser tout ce qu'il a appris selon les moyens que les différentes institutions lui offrent: il trouve donc défini son rayon d'action (limites, possibilités, moyens avec lesquels opérer). Évidemment un paradigme appartientàplusieurs savants de la même époque qui peuvent ainsi "parler tous la même langue" ; une certaine partie du paradigme (la partie plus "facile", immédiatement compréhensible) appartient aussiàtous les individus qui vivent dans celle époque et qui, de quelque façon que ce soit, se servent chaque jour dans leur travail, des données pratiques et, particulièrement, techniques qui descendent du paradigme. La connection entre paradigme et situation économique et donc politique est bien évidente.

Toujours selon Kuhn, l'établissement d'un paradigme qui est partagé par un grand nombre d'individus donne lieuàune phase de"science normale"; quand le paradigme s'épanouit, on peut avoir des découvertes très intéressantes: le paradigme alors s'élargit (données nouvelles qu'on ne peut pas refuser, théories qui peuvent affaiblir la puissance des théories connues et acceptées, moyens

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de production ou de recherche améliorés, moyens de communications nouveaux, etc.) et ne suffit plus au besoin des savants. Il se produit alors une révolution scientifique et, après une certaine période de conflits intellectuels, très productifs du point de vue des idées, un nouveau paradigme s'affirme et entraine une autre phase de "science normale".

Dans notre tâche de transmettre aux éleves les données essentielles des sciences, on suit d'habitude la séquence historique: par exemple,du monde de l'à peu prèsàl'univers de la précision, selon le titre parfait du célèbre et toujours indispensable texte d'Alexandre Koyré. Je trouve que ce schéma, sans aucun doute fait pour la facilité des élèves à voir les choses d'une façon superficielle, peut les amener à une attitude de suffisance, d'involontaire présomption: c'est-à-dire, qu'ils peuvent penser: "Qu'ils étaient bêtes ces types d'antan ! Ils n'avaient pas encore compris que...n. Cela détruit, tout

simplement, leur intérêt pour le "développement des sciences".

Pour faire comprendre les difficultés theoriques (et, presque plus importantes, techniques, instrumentales) que les gens d'autrefois devaient circonscrire et maîtriser, il faudra alors essayer d'amener les élèvesdans le paradigme de l'époque qu'on est en train d'examiner. Pour arriver à ce résultat, je pense qu'on peut chercher à comprendre qu'elle est l'attitude de l'élève quand il regarde le monde autour de lui, c'est-à-dire sa façon d'utiliser ce qu'il connaît, ce qu'il a lu, ce qu'il a appris, ce qui forme son imaginaire et, finalement,son paradigme.

3. CHOIX DE LA SPÉCIALISATION, PRATIQUE DE TRAVAIL ET PROJECTION FANTASTIQUE

L'école multiexpérimentale nous donnait des indications utiles par le cours de spécialisation que chaque élève avait choisi. Le choix du cours deCommunication Visuelle pouvait indiquer d'habitude un paradigme orienté surtout vers l'expressivité graphique, vers l'établissement des connexions liées à l'émotion (que les connaissances de Psychologie Sociale, prévues dans le même cours, aidaientà déchiffrer), vers la créativité (donc à la concrétisation des fruits de la "fantaisie déchaînée"), mais aussi vers l'aspiration à construire des produits visuels (dessins, films, vidéos, bandes dessinées, affiches, multi-médias) bien "lisibles", étant bâtis selon des codes donnés. Les élèves du cours de Communication Linguistique présentaient un certain penchant vers l'analyse des liens logiques causaux, tels qu'ils les apprenaient avec l'étude des structures des langues étrangères, mais aussi des Cultures Comparées, soit de l'anthropologie de la communication. Apparemment plus "carrés", plus "concrets", les élèves du coursd'Informatique Industrielle aimaient décrire le multiforme parcours de la découverte, ou de l'invention, comme des Flow Chans, mais, plusieurs fois, par réaction, se lançaient dans le domain du presque-possible, du statistiquement-probable, de laFuzzy Logic, et, de façonà peu près spontanée, dans celui de la musique, de la logique du discours musical.

La présence, dans la même unité-classe, des élèves des trois spécialisations était très stimulante, avec des retombées intéressantes de la part d'un groupe sur les autres; les différentes dispositions des élèves, d'une certaine façon dépositaires de leur paradigme-vision du monde, trouvaient un terrain commun au labo.

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On pouvait tout de même voir qu'un véritable dénominateur commun était leur proiection fantastique des savoirs et des desiderata. Des indices très consistants venaient des indications sur leurs lectures et surtout sur leur fréquentation de la Science-Fiction (livres, mais aussi, évidemment, bandes dessinées, films, vidéos).

Panorama différent dans les Cours du soir de l'école secondaire technique pour mécaniciens et mécaniciens-dentistes. Ici le paradigme de l'élève a une structure qui naît des expériences de son travail quotidien, mais aussi des souvenirs des années du curriculum scolaire précédent (presque toujours un peu accidenté et souvent caractérisé par des "intermittences" et des phases de démotivation). Tout de même, pour ces élèves aussi, la projection fantastique de "ce qui pourrait, ou devrait, arriver" est étroitement liée au paradigme individuel et aux désirs d'une amélioration dans le monde du travail. La lecture de magazines (et même de !ivres) de vulgarisation est largement pratiquée. On relève, chez ces sujets, que la "fantaisie" est, d'une certaine façon, "bridée", devenant ainsi plus "pratique", plus "vraisemblable". En particulier au labo on peut vérifier comment fantaisie devient synonyme d'intuition, habileté essentielle dans le processus d'acquisition des savoirs scientifiques: maintes fois on arrive à réaliser un "bricolage constructif', qui n'ammène pas nécessairementà la construction d'un objet, d'un "produit", mais, ce qui nous intéresse d'avantage, à l'élaboration d'un projet se déroulant selon les lignes de la découverte scientifique/technique.

4. INSTRUMENTS UTILISABLES

Pour présenter le "déroulement des sciences", je pense qu'on ne peut pas se passer de traiter les procédés techniques de chaque phase historique et du paradigme qui lui est relatif. Une voie possible pour présenter ces vieux paradigmes pourrait tout droit nous ammener à l'étude de l'épistémologie, donc à la philosophie. Cela est évidemment possible, et nécessaire, pour l'éducateur, mais peut alourdir d'un façon irréparable le bagage culturel à transmettre aux élèves. On peut aussi, et plus "légèrement", faire connaître le paradigme en question par le moyen des écrits de cette époque-là, sans présenter cependant les procédés officiels et les communications académiques: on peut lire les textes "fantastiques", les chefs-d'œuvre de la "SF d'antan".

Si nous acceptons la définition de SF comme "projection fantastique des données, surtout techno-scientifiques, de l'époque", comme "extrapolation" de ces données, on pourra très bien découvrir plusieurs de ces chefs-d'œuvre. Je peux citer ce qu'on à utiliser avec succès: le Rêve de Scipion de Cicéron (avec la description de la Voie Lactée), le mythe mésopotamique d'Etana (avec la vue de la Terre de plus en plus lointaine, quand le protagoniste monte en haut porté par l'aigle), la formidable, et inépuisable Histoire Vraie de Lucien, l'Orlando Furioso d'Arioste (avec le voyage dans la Lune d'Astolphe sur le chariot de feu d'Élie), le Cinquièsme Livre de Rabelais (avec les détails sur l'Isle Sonante), les Gulliver's Travels de Swift (avec l'île "magnétique" de Laputa), les descriptions qui donne Cyrano, dans son Autre Monde, des moyens pour arriver à la Lune, le Hans PfaaU de Poe (avec son ascension en ballon). On n'a pas négligé, évidemment, Verne (surtout Paris au XXe siècle)

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el Wells, ni leBrave New World de Huxley et les textes "historiques" de la SF des années cinquante ; on a, d'ailleurs, beaucoup travaillé sur les "vieux" films de SF et sur les bandes dessinées tels que Jeff Hawke de Sidney Jordan.

On a lu, avec une attention critique, les descriptions des machines crées au Museum d'Alexandrie par Ctésibe et Héron: on s'est posé la question sur les "points faibles de ces trucs" ? Et même sur la raison de l'inconsistante application de ces machines: Vraiment, ils ne les ont pas utilisées sur une grande échelle parce qu'ils avaient un tas d'eclaves ou bien parce qu'elles ne marchaient pas si bien? On a alors proposé aux élèves d'écrire des contes "en se mettant dans le paradigme de...". Surtout pourcequi concerne le paradigme ancien (ptolémaïque), et sunout grâce à Lucien, on a eu des résultats encourageants. Le travail sur un monde fantastique lointain a plusieurs fois poussé a comprendre la logique de la science, de la découverte, des lois naturelles connues ou pas encore connues. La forme des produits pouvait être un récit, un scénario, un dialogue, une série des dessins, un petit multimédia interactif. Les jeux linguistiques des élèves du cours deCommunication Linguistique nousaamenés a créer, par exemple, des noms, des terminologies possibles, des étymologies factices, des fausses communications officielles. Les projets pour "améliorer" les machines de l'antiquité a conduità maîtriser les problèmes techniques des gréco-romains, mais aussi a donné aux élèves la possibilité de voir le labo comme lieu de travail logiql,le, de "travail pour comprendre", pour acquérir des habiletés méthodologiques el en vérifier l'utilité, pour mettre les brides à la fantaisie et, ayant compris les mécanismes de l'imagination, ne pas perdre le goût de la suivre.

Les élèves ont mieux compris les "sciences" ? Classer les connaissances scientifiques, comprendre les liens entre données socio-économiques et découvenes a été, pour eux, plus facile? Ont-ils appris des habiletés logiques d'investigation? Ont-ils laissé de côté l'idée obsolète, mais toujours aux aguets, de "progrès" pour le remplacer par celle de séquence de paradigmes et donc de séquence de "révolutions scientifiques" ? Pour plusieurs sujets l'opération a eu des bons résultats.

BIBLIOGRAPHIE

KUHN T.,The structure of Scientific Revolutions, 1962. RODAR! G.,Gramnwtica dellafantasia, 1973.

LLYOD G. E. R.,Early Greek Science, 1970.

ANDERSON G.,Studies in Lucian's Comic Fiction, 1976. Tous lestextes anciens suggérés au point 4.

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Ol iii E ê (1) E (1) u c

Deux machines des ingénieurs grecs d'Alexandrie

éolipile de Héron

point faible: très difficile utiliser l'energie cInétique dueàla rotation

amélioration possible: pouquoi ne pas monterl'éolipile comme moteur du bateau

avec l'axe de rotation verticale et la sphère solidaireà l'axe vertical de l'engrenage majeur?

Références

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