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ARTheque - STEF - ENS Cachan | A propos de l'effritement des horaires d'enseignement de la technologie en lycées techniques

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Academic year: 2021

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A PROPOS DE L 'EFFRITTEMENT DES HORAIRES

D'ENSEIGNEMENT DE LA TECHNOLOGIE EN

LYCEES TECHNIQUES

J.

Reg~net

Le temps dont disposent les professeurs de technologie pour enseigner dans cette discipline n'a fait que diminuer depuis vingt ans. Cette diminution semble bien devoir s'aggraver. Qu'il s'agisse en effet, des circulaires sur l'autonomie des équipes pédagogiques dans la gestion du temps ou des conditions imposées par la refonte des programmes de certains B.T.s.,·nos dirigeants semblent n'avoir qu'un seul but : diminuer le prix de revient des formations.

Les arguments les plus spécieux ne sont pas les moins employés : i l est facile d'entendre les responsables affirmer sérieusement qu'il est anormal que les enfants "travaillent~ plus que leurs parents ...

Il est vrai que la galette est belle : passer pour un B.T.S. de 37 à 30 heures par semaine représente une économie immé-diate substantielle.

Plaider pour le maintien des volumes horaires actuels peut donc passer pour une attitude exagèrément dépensière, pêché capital par les temps qui courent.

Je veux pourtant tenter de montrer que la faute commise par ceux qui réduisent nos horaires est bien plus grave encore.

Commençons par établir une distinction fondamentale, bien qu'apparemment arbitraire et démodée : séparons les très bons élèves des autres. Je laisse un aspect très flou à cette "classi-fication" qui pourrait grosso-modo être représentée par l'orienta-tion, en fin de seconde : la filière E, S d'une part, la filière F d'autre part.

*

Les très bons élèves : quoi que nous fassions, ils seront toujours les bons élèves, et ce qui va être dit ne les concerne pas.

*

Les autres : - Qui sont-ils ?

Ils constituent la majorité des élèves. Ils sont venus dans les sections techniques par le processus pudiquement baptisé

"orientation négative". Ils ne se reconnaissent pas de goût pour l'abstraction. Ils préfèrent le concret. Ils n'ont en gén~ral, pas de projet d'orientation précis : ceux qui leur ont été proposés ne les ont pas forcément convaincus.

- Quelles difficultés ressentent-ils, notamment en entrant en seconde TI ?

Ils sont. déçus par l'importance gardée par les disciplines générales. Ils ne comprennent pas le volume horaire attribué à

certaines d'entre elles.

Ils voudraient faire plus d'automatique, plus de 6onstruc-tion, plus d'atelier (résultat d'un sondage sur ZOO élèves au

Lycée Jules Haag en 83-8~. .

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Ils ressentent durement le travail demandé en plus des heures de cours. En effet, ces enfants ne peuvent-souvent recev6ir aucune aide en dehors de l'établissement, leurs conditions de

travail, à l'extérieur du lybée sont en général~ peu motivantes. D'ailleurs, ·bon nombre d'entre eux "travaillent peu".

La conjoncture actuelle n'est pas faite pour augmenter leur motivation.

- Qui peut leur offrir la technologie ?

Nous n'enseignons pratiquement plus de façon magistrale. En technologie, l'él~ve n'est pas astreint aû silence studieux, à l'effort permanent de compréhension des paroles du maître. L'él~ve

comprend vite que nous ne lui demandons pas de restituer des connaissances apprises, mais qu'au contraire, i l devra, à partir des informations données, prouver qu'il sait agir pour obtenir un résultat concret recherché. Nous lui demandons peu de travail extra-scolaire.

Dans les disciplines techniques, tout n'est pas explici-tement enseigné. Nous exploitons le sens technique plus ou moins inné des enfants en leur permettant d'accumuler des "vécus

technologiques". Nous les plongeons dans un "bain de.technologie" le plus authentique possible (cf "bain linguistique"), les

mettant en présence de probl~mes et de solutions technologiques nombreuses et variées, leur permettant d'emmagasiner des images d'objets techniques qu'ils retrouveront dans l~s images codées du dessin.

L'enfant va travailler en équipe écouter et à accepter les autres.

nous lui apprenons à

La technologie est une bonne école de la décision. Tout acte technique comporte des choix raisonnés.

C'est également l'apprentissage de l'exercice des respon-sabilités. Nous nous efforçons de faire travailler les enfants avec de vrais documents techniques, qui constituent autant de contrats (ils décrivent des tâches à accomplir, les conditions de leur accomplissement, et même les crit~res d'acceptation des

résÙltats ... ).

Nous développons leur créativité : tout au long de leur formation, l'esprit de conception sera contamment sollicité.

La technologie, c'est aussi la découverte du sens du compromis, c'est une école de réalisme (par exemple : compromis entre prix et perfection).

L'apprentissage technologique constitue un indéniable élément d'ouverture d'esprit : découverte de l'université du monde des techniques (importance internationale des normes,

langage universel du dessin technique), découverte du monde

complexe de la pioduction et des réalités sociales qu'il recouvre. L'opération mathématique qui consiste, pour montrer la "lourdeur de la technologie" à totaliser les heures de présence dans toutes les disciplines, est parfaitement illicite ; on y additionne des grandeurs non homog~nes.

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En conclusion( en réduisant l'horaire des enseignements technologiques :

- nous décevrons davantage nos élèves, diminuant du même coup leur motivation,

- nous les priverons d'un grand nombre de chances de promotion que nous pouvons leur apporter,

- nous ne pourrons plus apporter l'aide décisive que nous leur donnons dans la conquête de leur identité sociale, en jetant avec eux, les bases de leur culture technologique (et qui, souvent, hélas, leur tiendra lieu de culture !)

- nous diminuons, à coup sûr, l'efficience de nos techniciens.

Tout ceci est sans grand dommage sur les très bons élèves. Si donc, la Société FranQaise changeait au point qu'un renverse-ment des valeurs intervienne, et que les bons élèves constituent

la majorité du recrutement de nos établissements, alors ces projets pourraient trouver leur justification.

M. Jean REGENET

Pdt UR Bourgogne Franche-Comté Hameau de Varanges

71640 GiVRY

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