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Bien-être animal et méthode d’évaluation contingente
Karine Latouche, . Département d’Economie Et Sociologie Ruralesrennes
To cite this version:
Karine Latouche, . Département d’Economie Et Sociologie Ruralesrennes. Bien-être animal et méth-ode d’évaluation contingente. 4. Journées ”Jeunes chercheurs” du département ESR, Dec 2001, Paris, France. 19 p. �hal-02830902�
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EcoNoMIE
DOCUMENTATION
Rue AdolpheBobierre
cs 61103
36011 RENNES CEDEX
Té1. o2.23.48.54.09
Bien-être
animal
et
Méthode
d'Evaluation
Contingente
Karine
Latouche,INRA-ESR
Rennes, équipe PER,rue Adolphe
Bobierre,CS
61103, F3501
I
Rennes cedex1
Problématique générale
Le système intensif ayant permis à la France de satisfaire la demande en produits agricoles et
de devenir exportatrice est actuellement remis en cause.
En
particulier, des considérations relatives au bien-être des animaux sefont
de plus en plus nombreuses. Cette question faitI'objet
d'âpres débats en Grande-Bretagneoù
de
nombreuses associationsde
protection animale sensibilisent largementI'opinion
publique aux problèmes du bien-être des animaux rencontrés dans les élevages intensifs. Parmi ces associations on peut citer la Royal Society for the Protection of Crueltyto
Animals (RSPCA), dont les recettes s'élèvent à plus de 57Millions
de livres sterling, les trois-quarts provenant de donc directs. Ces associations ont uneinfluence considérable qui s'exerce aussi bien sur les membres du gouvernement britannique
que sur les
députés européens (Servicede
I'attaché agricole,2000).
Sous cette pression grandissante,I'Union
Européenne a dû élaborer et adopter des directives visant à prendre encompte
le bien-être des animaux
(BEA)
dans les élevages.Le débat existant actuellement
dans la communauté scientifique quant à la mesure objective duBEA,
rend particulièrement délicate sa prise en compte dansla législation européenne.
Lestrois
directivesqui ont
étéadoptées
sont
les suivantes
:
la
directive
2001/88/CE établissantles
normes minimales relativesà
la
protection desporcs,
actuellementen
cours
de
modification,la directive
911629/CEE établissant les normes minimales relatives à la protection des veaux modifiée par la directive 97l2lCE et la directive I999174/CE établissant les normes minimales relatives à la protection des poules pondeuses.
Ces directives
sont plus
ou
moins
contraignantesà
terme
pour les
élevages concernés(interdiction de cages pour les poules pondeuses à partir de 201.2 par exemple). La question centrale du point de vue du producteur est alors celle de
la valorisation
parle
marché desproduits issus de ces élevages, dont les coûts de production auront augmenté suite à la mise en
place des directives.
La mise en place de nouvelles technologies de production plus respectueuses du bien-être des
animaux dans
les
élevagesintroduit
surle marché
du produit
fini
un
nouvelattribut: le
respect du bien-être des animaux. Cet attribut peut être éventuellement valorisé sur le marché
DOCUMEl.lTATOll ÉCOilOill|E RI,IRALE REtlllES
1
comme
tout
autre attribut (propriétés nutritivesdu
produit, goût,...), permettant ainsi unenouvelle differenciation du marché. C'est cette valorisation sur le marché que I'on envisage
ici. La seule méthode permettant
de
mesurer lavaleur de
biensqui ne
sont pas encoredisponibles est la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC). On se propose
ici
d'appliquer la MEC au cas du Bien-être Animal (BEA).Tel qu'il
estdéfini
dans les directives européennes, le BEA est un bienpublic qui
ne peut générer qu'unevaleur
d'existence,la
notion
de
valeur
d'existence étantutilisée
ici
par oppositionà
celle de valeur d'usage. De ces spécificités découlent deux aspects importants pour l'évaluation du BEA. Premièrement le BEA peut être considéré comme un bien séparabledes autres au sein des préférences des consommateurs (Carson et
alii,
1999).
Deuxièmement, toute contribution monétaire des consommateurs en faveur de ce bien relève d'une logique dedon.
En
dehors de ces caractéristiques intrinsèques, le BEA estici
associé aux animaux d'élevageet,
comme
I'envisagel'Union
Européenne(UE)
à
travers ses
directives, savalorisation
doit
se faire par I'intermédiaire
des
marchésde la viande.
Ceci
a
deux implications pour l'évaluation de ce bien. Tout d'abord, celle-ci doit être conduite selon un vecteur de paiement particulier: leprix
de la viande et non pas une somme forfaitaire comme c'est généralement le cas pour les applications standards de la MEC. Ensuite, cette évaluationdoit
suivreune logique
de
don
indirect, c'est-à-direque les
consommateursne
peuventcontribuer au financement du BEA qu'à travers I'achat de viande produite dans le respect des
animaux.
Nous
développons dans la suiteun
modèle adaptéà
ce type
d'évaluation. Cemodèle
pouffa par
ailleurs être utilisépour
I'analyse des achats présentant une dimensionéthique
(commerce équitable, cartesde væux
de
I'UNICEF,
opérations commercialesengageant des dons à des associations,
...).
Enfin,il convient
de noter dès maintenant que le cadre imposé par les directives de I'UE nous contraint à mener une évaluation marchande du BEA et non pas une évaluation classique d'aide à la décision publique, la difference entre cesdeux types d'évaluation provenant de ce qu'un don volontaire révèle le consentement à payer optimal
d'un individu (CAP)
et
non
sa variation compensatricede
revenupour
le projet
(Samuelson).Dans un premier temps les caractéristiques du
BEA
sont analysées afin, d'une part de définir les hypothèses concernant la modélisationdu
comportement des consommateurs et, d'autrepart de déterminer
la
forme générale des scénarii contingents adaptés. Nous montrons alorsque les principales évaluations du
BEA réalisées jusqu'à présent donnent des résultats qui
doivent être interprétés avec précaution.Dans
un second
temps,nous
définissonsla
valeur
qu'attribuentles
consommateurs àI'accroissement de
BEA
généré par les directives Européennes. Selon la théorie classique del'évaluation des biens publics, cette valeur
doit
être définie commela
variation de revenu compensatrice des consommateurs (en terme de niveau d'utilité) pour I'accroissement de BEA considéré. Nous montrons que I'estimation de cette valeur est difficile dansle
sens où elle nécessite soit des scénarii contingents peu crédibles, soit un exercicedifficile de
la part desconsommateurs. De plus, cette valeur n'offre que peu de réponses aux questions posées par I'UE, notamment en ce qui conceme l'évolution du marché de la viande.
Aussi, dans un troisième temps nous élaborons un modèle nous permettant à la fois d'analyser
effectivement
les
effetsde
I'introduction des directives Européennessur
le
BEA
sur
lesmarchés de la viande et de déterminer des scénarii contingents qui pourront être utilisés pour l'évaluation du
BEA.
D'un point de vue théorique, nous nous appuyons sur les travaux deCornes et Sandler (1984,1994) et formalisons les comportements de dons indirects.
Enfin, nous analysons un problème spécifique de l'évaluation de biens selon une logique de
don,
celui
que
l'économiede
I'environnement désigne parle
terme
de biais d'inclusion
(Kahneman et Knetsch, 1992) et que l'économie des biens publics désigne par I'effet "warm glow" (Andreoni, 1990). Ce problème lié au comportement des donateurs, et en particulier àleurs motivations, rend
difficile
I'identificationde
la
valeurdu
bien
considéré (Nunes et Schokkaert, 2001).2La
spécificité
de
I'attribut
bien-être
animal
(BEA) et de son évaluation
2.1 LeBEA
corntne valeur de non-usageL'attribut
que I'on cherche à évaluer a certaines particularités qu'il est important de connaître avant d'envisager toute évaluation.L'attribut BEA
auquel on se réfère est le niveau de BEA imposé dans les élevages européens par les directives européennes déjà citées en introduction. Les produits animaux provenant d'animaux issus des élevages concernés bénéficient en plus des attributs usuels d'un attribut <<respect duBEA
au sens des directives européennes )) queI'on nomme attribut BEA.
Ce nouvel attribut
devient une nouvelle caractéristique des produits animaux jusqu'alors disponibles sur le marchê. La question est alors de savoir si I'attributBEA
que I'on considèrepeut
entraîner des modificationssur le marché
des produits animaux.En
particulier la question se pose de la valorisation par le marché d'un tel attribut'Les directives bien-être visent en priorité à améliorer les conditions de vie des animaux pour lesquels elles sont adoptées. Elles visent notamment à permettre aux animaux d'exprimer le
comportement naturel caractéristique de leur espèce.
Avant I'adoption
des directivespar
la
commission,les
comités scientifiques vétérinaires (CSV) ont dû fournir des rapports à la commission permettant de prendre en compte tous leséléments disponibles (économiques, physiologiques comportementaux...).
A
partir de
ceséléments la commission a pris la décision d'adopter les directives.
A la lecture
des rapports duCSV,
il
apparaîtque
le
respect du BEA commedéfini dans
les
directives européennesn'entraînera
pas
de conséquences
positivessur les
attributs marchandsdu
produit
final considéré comme la qualité sanitaire par exemple. Le maintien des contrôles sanitaires en avalde la
filière
garantfua au minimum la constance du produit final en terme de qualité (gustativeet sanitaire). C'est particulièrement le cas pour la viande de porc et les æufs.
L'attribut
BEA
des produits animaux se voit donc associé exclusivement à une valeur de non-usage. Les valeurs de non-usage concernent les attributsou
les variationsdu
niveau d'un attribut perçus en dehors de toute consommation.L'utilité
retirée de cet attributou
de savariation ne découle pas de son utilisation. Cette particularité du
BEA
implique de prendrecertaines précautions dans la mesure de sa valeur (Carson, Flores et
Mitchell,
1999).Henson et Harper (2001) et Bennett et
al
(2000) ont mené une étude explorant la perceptiondes
consommateursdu
bien-êtreanimal. Dans
ce
cadre,des
méthodes qualitatives et quantitatives ont été utilisées. Après une série de groupes de discussion,il apparaît entre
autreque le bien-être animal est présent dans le discours des consommateurs quand
il
est associé àla sécurité alimentaire, la santé humaine et la qualité des produits et notamment le
gott.
Cesrésultats sont confirmés par les résultats quantitatifs dans lesquels le bien-être animal apparalt comme un indicateur global de la qualité du produit (sécurité alimentaire, goût et santé).
Des groupes de discussion concernant plus spécifiquement la viande de porc ont été menés en France.
Au
cours des discussions, certains éléments comme la sécurité alimentaire, et legott
sont cités spontanément. Le bien-être animal est également évoqué, mais
il
apparaît comme lagarantie d'un niveau de qualité (qualité sanitaire ou gustative) satisfaisant (Rainelli, 2001). Aussi
il semble que les consommateurs perçoivent
le respectBEA
d'une part et, les qualités organoleptiqueset
sanitaires d'autre part comme des attributs complémentaires des viandes d'élevage. Ces croyances des consommateurs impliquent que I'estimation de la valeur du seulBEA
ne peut être réalisée qu'en expliquant aux consommateurs que cette complémentarité n'existe pas (nécessairement tout au moins) au niveau des technologies deproduction.
Cetteinformation peut d'ailleurs s'appuyer sur les rapports rédigés par les
CSV à
destination deI'UE. Si cette information n'est pas fournie aux consommateurs, toute évaluation contingente
duBEA
des animaux d'élevage aura tendance à être biaisée positivement (Hanemann,1999). En effet, aux effets directs de I'accroissement du BEA (pour les animaux), les consommateurs non-informés associent automatiquement les qualités sanitaires et organoleptiques des viandesproduites.
Ces attributsont
alors une valeur d'usagequi vient
s'ajouter à celle d'existence associée au BEA lors dela
procédured'évaluation.
Aussi,
dansle
pire
des
cas, un consommateur que le bien-être du veau en tant quetel
indiffere totalement poulra révéler unevaleur positive pour le
BEA
uniquement parcequ'il
pense qu'un veau élevé dans un certain confort produit une viande meilleure au goût etlou plus sûre d'un point dewe sanitaire.
2.2 L'évaluation contingente appliquée au BEA
Plusieurs auteurs
ont
déjà tenté d'évaluerla
valeurdu BEA
par
le
biais
de la
méthoded'évaluation contingente. L'analyse des enquêtes menées et des résultats obtenus apporte des
éléments intéressants.
R.
Bennett (1997)a
recouruà la méthode
d'évaluation contingentepour
déterminer etexpliquer la valeur que les consommateurs attribuaient au respect du bien être des animaux en
Angleterre.
2000
questionnairesfurent
envoyés parcourrier. 591
questionnairesont
étéretournés
et
analysés.Les
résultats obtenus montrentun
intérêt des consommateurs ayantrepondu
pour
le
bien être
des animaux. 79% des personnes interrogées accepteraient desoutenir financièrement
la législation
pour garantir I'abandon des batteries pour les poules' L'augmentation moyenne deprix consentie
pour financer ces programmes dans le cas despoules pondeuses
atteint
30
%
du
prix
actueldes
æufs. Toutefois,ces
résultats sontdiscutables car la méthodologie d'enquête employée présente un biais positif considérable. En effet,
il est établi que dans une
enquête par courrier le biais d'échantillonnage induit par lesnon-réponses est difficilement mesurable, puisque les personnes qui repondent sont en général
celles qui sont le plus intéressées par le sujet concerné (Mitchell et Carson, 1989, p. 111)' Le
panel
d'experts
économistesréuni
par
la
National
Oceanographicand
AtmosphericAdministration
(NOAA)
en
1993pour
évaluerla
méthoded'évaluation
contingente ad'ailleurs conclu que I'enquête en face à face était préférable pour obtenir des résultats fiables
(Anow
et al, 1993).Une autre enquête de
A.
Burell et G.Vrieze (2000) a été menée auprès de 356 consommateurs d'æufs néerlandais. L'augmentation moyenne deprix
consentie pour disposer d'ceufs issus d'élevages plus respectueux du bien-être des poules pondeuses est du même ordre de grandeurque
dans l'enquêtede
Bennett
(32
%
d'augmentationdu
prix
des æufs
consentie enmoyenne). Toutefois, dans cette enquête un problème de cohérence entre le comportement
réel des consommateurs (sur le marché) et les déclarations des personnes interrogées (dans
I'enquête)
est
souligné. Plusieurstypes
de
variablessont
renseignées:d'abord
celles concernant I'intérêt des personnes interrogées pour le bien-être des poules pondeuses ; ensuiteles variables concernant I'intention d'acheter des æufs issus d'élevages prenant en compte le bien-être des poules (consentement à payer révélé) et enfin les variables concemant les achats
réels (description des derniers achats d'æufs réalisés). L'étude des liens entre ces trois types de variables montre un décalage important entre d'une part I'intérêt et I'intention, et d'autre part I'intention et I'action.
Les risques de mauvaise adéquation entre les intentions exprimées des personnes intenogées et le comportement réel semblent être augmentés par I'absence, en amont de I'enquête, d'un
modèle
microéconomiqueprécis
du comportement
des consommateurs
qui
intègre
lacomposante bien-être des animaux d'élevage.
Ces deux enquêtes donnent un même ordre de grandeur (environ 30%) d'une augmentation de
prix des æufs garantissant un accroissement du BE des poules pondeuses. Pourtant, en dehors
des critiques spécifiques
déjà
formulées, ces enquêtessont
critiquablessur
deux points essentiels.En
effet, commeI'a
souligné I'analyse des discussionsde
divers focus groups (Rainelli, 2001), les consommateurs considèrent généralement qu'une augmentationdu
BE des animaux d'élevage entraîneune
augmentation des qualités des produits issusde
cesanimaux.
Ainsi,
les consommateurs Anglais et Néerlandais sont-ils réellement prêts à payer leurs æufs 30% plus chers uniquement pour le BE des poules pondeuses ou ces 30%incluent-ils
des effets positifs anticipés surle
goût ou la qualité sanitaire des æufs? Des pré-enquêtesréalisées en France sur
le même sujet montrent que
les consommateurs sont généralementprêts
à contribuer
monétairementau
BE
des poules pondeusestant
qu'onne leur
a
pasexpliqué que le
BE
des poules n'a pas d'influence surla
qualité des æufs qu'elles pondent (Latouche,2000).
En
outre,si le prix des æufs augmentait réellement
de
30% avec une référenceexplicite
à
I'accroissementdu BE
des poules pondeuses,les
consommateurs auraient-ils le même comportement d'achat pour les æufs? Si les consommateurs diminuaient leurs achats, que devrait-onen
conclureen ce
qui concerne
la
valeur
attribuéepar
les consommateurs au BEA?Dans la suite de cette étude nous proposons un modèle théorique visant à étudier et à fournir
quelques réponses à ces questions.
Enfin, s'intéressant à des valeurs de non-usage,
il
est nécessaire de considérer les travaux deKanheman
et
Knetsch(Igg2)
à
propos de l'évaluation contingente appliquéeà
cetype
de valeurs. De leur point de vue, les résultats obtenus dansle
cadre d'évaluations contingentes bappliquées
à
des
valeursde non-usage,
montrentun
biais d'inclusion
important. Les consentements à payer révélés pour un bien particulier sont les mêmes pour un bien plus largeincluant le premier. Ils considèrent alors que le consentement à payer révélé représente plus la satisfaction morale associée
à
l'achatdu bien public
concerné que sa valeur économique exacte. Dans la dernière section de cet article, en nous appuyant sur les travaux d'Andreoni (1990) et Nunes et Schokkaert (2001) nous montrons comment modéliseret analyser
ceproblème.
3.
BEA
et
utilité
desconsommateurs
Le
BEA tel qu'il
est défini dans les directives européennes ne produit pas de valeur d'usagepour
le consommateur puisqu'une augmentation
du bien-être d'un animal d'élevage n'induit pas (nécessairement)de
modificationpour
la
qualité des produitsanimaux.
Aussi, uneaugmentation
de
BEA
n'affectele bien-être
d'un consommateur quesi
ce
demier se sentconcemé
par
le
confort
ou la
dignité des
animauxd'élevage.
Si
on
suppose que lesconsommateurs dissocient totalement les caractéristiques de la viande qu'ils consomment des
conditions de production de cette dernière, on peut alors supposer que
le
BEA est
un bienséparable des biens marchands au sein de
la
fonction d'utilité des consommateurs. En effet,on
peut supposer raisonnablement qu'un accroissementdu
bien-être des veaux neva
pasamener les consommateurs à augmenter leur consommation de viande de veau au détriment
des viandes d'autres animaux. Formellement, on peut donc écrire
lutilité d'un consommateur
r, (4, sous la forme:
(1)
U,=U,lu,(x,),b]
où b est le niveau de bien-être des animaux d'un élevage particulier (les porcs par exemple),
x
est la quantité consommée du produit animal concerné, z est le vecteur de consommation des
autres biens marchands
et u;
estla
fonctiond'utilité
partielle de consommation'â
est iciconsidéré comme étant faiblement séparable de (x, z) au sein
de
Ui.
La
prise en compte dubien-être animal dans les élevages au
niveau
b
est uniquement source pourl'individu
i
d'une valeur de non-usage, ou d'existence (Carson et alii,1999).Dans ce contexte, le programme du consommateur peut s'écrire:
(2)
,*r,lu,(r,*),Ul
sous la contrqinte Y, 2 Px + w'z ,
où
p est
leprix du
produit animal,w
le
vecteur deprix
des autres bien marchandset
y;
lerevenu du consommateur concerné.
Le programme de maximisation de cette fonction d'utilité totale permet d'établir les demandes
Marshalliennes de produit
animal
m,,(p,w,y,) et
des autres biens marchands^r(p,n,y,).
En raison de I'hypothèse de séparabilité, ces fonctions ne dépendent directement que du prix du produit et non pas du niveau de BEA des élevage
s.
V,(p,w,y,;b)
étant la fonction d'utilité indirecte associéeàUi,la variation compensatrice
ri
de revenu associée à un accroissement deb, de bo à br est donnée par:
(3)
v,o=v,(p,w,!,ibo) =v,(p,w,
!,
-
r,ibr).
Le
terme
4
s'interprète commele consentement
à
payermaximal
de I'individu
i
pour bénéficier de I'accroissementde
b,de
bo àh.
En notantvi
la
fonctiond'utilité
indirecteassociée àu;, r; peut également être défini par:
(4a)
(1,(v, Qt,w, y,); b)
= U,(v,o; b o) = U,(r, (p,w,!
i*
r,);b,)
ou encore:
(4b)
v,(P,w,!i
-r,)
=vu
où v;1 ostdéfini pat:U,(v,o;br)=U,(uu;ô,)'
SileBEAaunevaleurstrictementpositivepourl'individuonaalors:
r,>0
et
vio>vit
carbo
1b,.
L'arbitragedu consommateur apparaît
alorssimplement.
A
niveaud'utilité Ui
constant,le
consommateur doitdiminuer
son niveaud'utilité de consommation
z; pour
compenser I'effet positif de I'accroissement deBEA.
En utilisantla
fonction de dépense C;associée à (Ji, et ci celle associée à ui, ri peut également être défini par les équations suivantes:
(5a)
ri
=Ci(p,n,V,o;br)- C,(p,n,V,ûbr)=
!i
-
C,(p,n,V,ribr)
et
(5b)
r,
=",(p,w,r,o)
-c,(p,w,4,)
=!i
-
c,(p,w,u,r)
où v,o =vi(p,w,yi)
Techniquement
il
est possible de révéler ft en proposantun
scénario contingent adéquat auxconsommateurs. Il suffit pour cela de définir un scénario crédible selon lequel le bien-être des
animaux de l'élevage considéré passe de bo
à
h
et de déterminer ensuite parun
systèmed'enchères la somme maximale que
le
consommateur consentirait à payer pour accepter cescénario.
L'emploi de
cette méthode pose cependant plusieursproblèmes'
D'une part, I'exercicede
révélation
demandéau
consommateursemble quelque
peu
difficile
car relativement éloigné de seschoix
courants, le consommateur étant plus habitué àjuger
et comparer desprix
qu'à évaluerun CAP forfaitaire.
D'autrepart,
un CAP
forfaitaire a I'inconvénient d'être détaché du produit animal considéré. Ceci peut avoir pour conséquence de créer une confusion dans I'esprit des consommateurs, ceux-ci cherchant plus à valoriser le BEA en général que le BEA de I'animal d'élevage considéré'Aussi, plutôt que de chercher à estimer directement
4,
il
semble a priori plus pertinent derévéler
la
valeur
qu'accordentles
consommateursau BEA
par
I'intermédiaire d'uneaugmentation du
prix
des produits animaux. Cette méthodedevrait
avoir I'avantage
defaciliter I'exercice d'évaluation des consommateurs. De plus, ceci tendrait à rapprocher les
scénarii contingents de la situation réelle. En effet, I'application des directives européennes se
traduira
par
une augmentation des coûts de production,et consécutivement, du prix
desproduits
animaux.
Techniquement, la MEC peut être employée de manière analogue à celledu cas précédent.
Après avoir défini
un scénario
crédible selonlequel
le
bien-être desanimaux de l'élevage considéré passe
de
boà
h
et
de déterminer ensuite parun
système d'enchères leprix
maximal du produit animal que le consommateur consentirait à payer pouraccepter ce scénario. Notons po le
prix initial
du produit animal etpt
leprix
maximal queI'individu i consent à payer. Théoriquement, p1est défini par les équations suivantes:
(6a)
V,o=V,(Ps,w,Yi;bo)=V,(Pu,w,Y,;b,)
ou:
(6b)
v,(p1i,w,!,)
=vt
.Le niveau de prix
pir est donc
celui qui laissele
consommateur indifférent entre sa situation initiale et celle où le BEA passe de boàh.
Le problème qui se pose dès lors est de savoir si la révélation du prix p;r permet de répondre à la question posée, c'est-à-dire de calculer n. Techniquement le calcul de ri à partir du prixp;r
soulève un problème d'identification analysépar Johansson (1996). Contrairement au cas
où
on chercheà
révéler directementr;
par laMEC,
il
est
ici
nécessaire de disposerd'une
estimationde
fonction
de
la
demandeMarshallienne
du produit
animal
x: *,-(.).
Ceci
ne
s'avéreraitêtre une
contrainte supplémentaire quesi
on négligeaitle
fait
que cette estimation est pratiquement nécessairepour I'analyse de I'effet de
la mise en place des directives européennes
surle marché
desproduits animaux. En outre, les données nécessaires à une telle estimation sont généralement disponibles.
C'est à ce niveau que la séparabilité de b dans U; joue un rôle fondamental.
b êtant
séparabledes biens marchands dans
U;, les
fonctions des demandes Marshalliennes dex
ou
z
nedépendent pas
de
b.
Cette particularité rend nécessairele recours à la
MEC
mais facilite égalementle
calculde ri à
partir duPrix
pir.
En effet,
les seules données de marché nepeuvent suffrre pour évaluer I'effet d'un changement de BEA puisque b est séparable des biens marchands @lundell et Lewbel, 1991). Mais cette même propriété implique que les fonctions de demande Marshallienne des biens marchands
ne
sont pas modifiéespar
des évolutionsexogènes de
b.
Ceci
permetle
calcul
de
ri
à partir
du
prix
pir
(Johansson, 1996).Formellement, par (6b) et (5b) on sait que:
(7)
,,=",(po,n,r,r\-",(po,vy,vir)=y,-",(p,w,u,r)=",(pu,w,v')-c,(po,w,u,,).
Ce terme peut être calculé. En effet, toutes les variables du terme de droite de cette équation sont connues dès lors qtrcpil
est estiméparla
MEC et la fonctions c;(.) est intégrable (à une constante près) à partir des demandes Marshalliennes des biens marchands(si
w est constant,la connaissance de
m,,(.) suffit). Dans l'équation (7),
le seul terme dépendant de bo etôr
estle prixp;1.
Si elle parût plus
appropriée quela précédente, cette approche
par
lesprix
pose toujours quelques problèmes.Dans
le
cadre d'une
enquêtele
scénario contingent adapté peut surprendre. En effetil
s'agit de demander au consornmateur leprix
maximumqu'il
paieraitpour
voir
les
directives
européennes adoptées.Cet
exercice
reste
difficile
pour
lesconsommateurs peu habitués à ce type de décision. En effet si le concept de
prix
maximum aune
définition
précise pour l'économiste,le consommateur
peut avoir
quelques difficultéspour
s'approprier cette notion théorique relativementabstraite.
Un
certain consommateur pourra comprendre cette notion au sens où I'entend l'économiste, alors qu'un autre choisira leprixpl comme étant le
prix à partir duquel il ne consomme plus le produit animal considéré.De plus,
la
concurrence sur le marché européen de produits importés de pays horsUE
n'estpas prise en compte dans ce scénario.
4.
BEA,labels
et
comportement
de
don
Dans
la perspective
où
les produits agricoles portent deplus en plus de
labels,on
peut également envisager des scénarii où des produits animaux standards seraient en conculrence avec des produits équivalents portantun
label précisant un mode production dans le respectdu bien-être des animaux. Dans ce cas, les produits labellisés seraient vendus à un prix plus
élevé en raison de coûts de production plus importants.
Les produits étant équivalents
pour
cequi concerne
la consommation
,
le seul moyen
dejustifier
I'achat des produits les plus onéreux est de considérer une motivation de don de la part des consommateurs. En effet, les consommateurs peuvent considérer que par I'achat dece type d'æufs
ils
contribuentau
soutiend'un secteur
produisantBEA. Ce type
decomportement
justifie
par exemple I'existence du commerceéquitable.
D'unpoint
de vue pratique les labels tels "Max Havelaar" permettent aux consommateurs de soutenir des filièresà
I'origine de biens publics ayantde la
valeur poureux.
Dans ce cas les consommateursexpriment leurs préferences en suivant une logique de don indirect, i.e.
via
I'achat d'un bien. Lorsque cette possibilité de don n'est pas offerte aux consommateurs, ces derniers peuvent alors avoir recours à une logique de sanctions via desboycotts. Le
boycott du thon par lesconsommateurs américains
au
cours des
années 90 est un exempletypique. Par
cecomportement
les
consommateurs américains cherchaientà
sanctionnerla pêche
au thon soupçonnée de porter atteinte aux populations de dauphins. Dans ce cas les consommateurs n'arbitrent pas entre un don et une perte de pouvoir d'achat équivalente en terme de revenu, mais entre une perte d'utilité liée au refus de consommer un produit habituellement appréciéet la satisfaction d'avoir contribué à la protection des dauphins.
Bien que le mécanisme de don soit souvent à la base de la MEC, peu d'auteurs utilisant cette approche
y
font explicitement réference (Champ etalii,1997). A notre
connaissance, aucune étude ne considère formellement le don indirect, i.e. via I'achat d'un bien. On peut toutefois citer les travaux de Cornes et Sandler (1994), dont la formalisation du comportement du don offreun
cadre très général dans lequel peut s'insérerla
modélisation développée dans cette section.Dans le contexte du don indirect, la structure de base de la fonction d'utilité du consommateur reste
identique.
Il
convient cependantde tenir
comptedu mécanisme
de
don'
Ici, le
consommateur est supposé pouvoir se procurer le produit animal considéré en achetant deux biens xr et xz atx p.i1xp et
pz.
Lebien
tt
est le bien standardet
xz
celui produit dans lerespect du BEA si bien gùe
pz=
p*k
aveck >
0.
Lorsqu'il achète
du
bien
xz
leconsommateur considère que le supplément de dépens€ g
= kxrqu'il
consent alors contribue àla production du bien public qu'est le
BEA.
Le niveau de production de bien public dépend des dons de I'ensemble des consommateurs: I'individu considéré qui donne g; et les autres qui au total donnentG-;.
Aussile BEA doit-il
être considéré comme une fonction des dons:b(g,+G-,)
et â
est croissant en ses argumentavec
bo=b(O).
Onnotera
x=xr+x,
b
quantité totale de produit animal consommé. L'équivalence de qualité entre les deux types deproduit animal nous permet de supposer que ces deux biens sont des substituts parfaits dans
I'utilité
partielle
de consommation
a;.
On
se place
ici
dansle
cadre classique d'une contributionvolontaire
au bien public
tel
qu'il
a
été
développépar
Samuelson. SousI'hypothèse de la conjoncture
de Nash:
les contributions
des autresindividus
sont donc considérées fixes et correctement anticipées par l'individui.
Le
programme deI'individu
i
peut donc être formalisé de la manière suivante:
(S)
MaxU,(u,(xrtx2,z),b(kxr+G-,))
s.c. pxtt
pzxztw'23!i,
xr>0
et
xz)0.
xt'x 2 'Z
En considérant une résolution de ce programme en deux étapes, d'abord en z puis en (xr, x2) et en notant
I
la
fonction d'utilite indirecte associéeà
ui et conditionnelleen
@r, xz), on peuécrire la seconde étape de la maximisation du consommateur comme suit:
(9)
UaxU,(f,1xt +
x2,w,!i
-(px,
+ prxr)),b(kx, +G-,)) s.c. xt >0
et
xz)
0 .X1eX2
En utilisant les notations introduites précédemment et en manipulant la contrainte budgétaire internalisée
et
les contraintes
de
positivité
on
montreque
le
programme précédent estéquivalent à:
(10)
UaxU,(f,1x,w,!i
-(px+
g,)),b(g,
+G-,))
s.c.gi>
0
et
*>!
' x,gi t ">/ I \F-' ' ol"' \ol -ttr kMise
à
partladernière contrainte de positivité, ce programme est un programme standard demaximisation d'utilité avec un bien marchand
(r
dont le prix estp)
et une possibilité de don direct (g;) au bien public b.Dans la suite nous analysons le comportement de don direct puisqu'il
fixe
en quelque sorte leslimites des
approches oùla
MEC
est
employée selonune logique
de
don.
Puis, nous comparons les cas des dons direct et indirect'Nous ignorons ici la seconde contrainte du programme
(10).
Dans ce cas la résolution de ce programme peut se faire en deux étapes.La
résolution enx
(i.e. conditionnellementà
g;)conduit
à la
fonction
de demande Marshallienne
de ce
bien:
m,,(p,w,!,-g,)
et
auprogramme d'optimisation uniquement en g;:
(l
l)
MaxU,(v,(p,w,!i
-
g,),b(g,
+G-,))
s.c.g,
)
0.gi
La solution en g; de ce programme est le don optimal de I'individu
i:
Si
.
Nous supposons que ce don est strictementpositif. C'est le don
que devrait révélerI'individu
i
si onlui
posaitune question ouverte concernant le don qu'il ferait pour le bien-être de I'animal considéré.
Il
faut d'emblée soulignerici que les relations
entreri
et
g?
sontdifficiles à
établir.
La principale raison en est que le don est issu d'un comportement d'optimisation sous contrainte budgétaire.Il
est de nature analogue à celle d'une demande Marshallienne et ne constitue en aucun cas une mesure de surplus. En outre, les dons individuels dépendent de I'anticipation dela
globalité des dons. D'aprèsla conjecture de Nash cette
anticipation est rationnelle. Le problèmeestqu'ilestaprioriimpossibledesituer b(Si
+G-,)
parrapportàbr.
Eneffet;
lesconsommateurs peuvent souhaiter des niveaux de BEA inferieurs, égaux ou supérieurs à ceux visés par les directives européennes. Toutefois, en supposant que les anticipations de I'UE sont fondées, i.e.
que b(S!
+ G-,) etôr sont proche, on peut montrer
que
g,3 constitue uneborne inferieure de
ri.
En effet, 4 peut dans ce cas être défini par l'équation suivante:(12)
U,Q,(p,n,
t, -
r,),b(si
+G-)) =(1,(v,(p,w,y,),b(0)).
gi
ëtantun don optimal on a: U,(v,(p,w,
lt
-
gi ),b(si
+ G-,))>
(J,(v,(p,w,X
),b(0))
et parconséquent,
gi
Sr,.
Il
apparaît donc clairement que dès lors que qu'on se place dansun
logique de don, on estpratiquement contraint d'abandonner toute idée d'évaluation de surplus
Hicksien.
Pourtant, nous allons montrer dansla
suite que le recours à une logique de don, et notamment de don indirect, présente plusieurs avantages.La logique de don indirect régit les comportements d'achat de produits labellisés, lorsque ces labels portent sur des caractéristiques présentant des valeurs d'existence. Elle permet donc d'étudier
les
préférences des consommateurs dans un contextequi
leur
est relativementfamilier. Les
utilisations de MEC visant à révéler des surplus Hicksiens se situent dans unelogique d'évaluation pour la
décision
publique, celles s'appuyant sur des comportements dedon se situent dans une logique marchande.
Dans le cas
du
don indirectqui
nous intéresse,il
est proposé au consommateur de choisir entre deux produits animaux x1 at x2 équivalents du point dewe
dela
consommation, mais I'un d'eux: x2 possédant un label relié auBEA.
Dans ce cas le prograrnme du consommateurest décrit de manière équivalente par les programme (9):
uacu,(f,(x,
t
x2;y{>!,-
(px, +prxr)),b(kx,
+G-))
s,c.xt
>0
et
xz)
0 X1,X2et (10):
UaxU,(f,(x,w,!i
-(px+
g,)),b(g,
+G-,))
s.c. gi >0
et
*>
!
.x'8i K
Le programme de don direct
(11)
conespond au programme (10) duquel la contraintekx2
g, seraitignorée.
Cette équivalence nousconduit
à considérer
les
fonctionsde
demandeMarshallienne des biensxr et.r2, selon que la contrainte kx2g, (qui est équivalente
à .r,
)
0)
est satuÉe ou non.
Si
la
solution
du programme
(11)
est
telle que km,*2gi,
alors
on
a:
m,r=gilk
etffiit = ffii, - ffiiz
.
Dans ce cas, la contribution volontaire du consommateur aubien b
est peuimportante.
Il
achète doncla quantité
de bien .r2eui
lui
permet d'effectuerle
don
qu'ilsouhaite, et complète sa consommation de produit animal en se procurant du bien
xl.
Dans ce cas le don indirect et le don direct sont équivalents.Si la solution du programme (11) est telle que km," <
gi,
alors ona
mit = 0.
Dans ce cas ledon de I'individu est contraint par le vecteur de don.
Il
souhaiterait donner plus que ce que lui permet sa consommation optimale de produit animalmi,.
Dans ce cas on peut envisager qu'il augmente sa consommation de produit animale demanière
à pouvoir rapprocher son don indirect contraintdu
donqu'il
aurait souhaitéfaire: m,,
> m,,et
km,, <gi
'
Cependant,I'existence d'effets revenu sur la consommation des biens en question ne nous permet pas de
démontrer ce résultat dans le cas général. Nous n'avons pu démontrer ce résultat que dans le cas, standard dans la littérature sur les comportements de don (Cornes et Sandler, 1994), d'une
utilité quasi-linéaire. On
peut
égalementnoter que
si
on
observe effectivement uneaugmentation
de
consommationdu
produit animal, celle-ci sera
vraisemblablement relativementfaible.
Quelques éléments de statique comparative permet de préciser certainséléments. En
particulier dans la portion de consommation mixte,on
obtient les relations suivantes:dm,,
.
dm,,
^ _--_= v(13)
dk
dk dm,,__
m,,dk-
k
On constate
donc que I'augmentationdu
prix des
produits labellisés diminue d'autant la consommation de ce bien, la variation de quantité totale de produits achetée et celle du don étant nulles.Dans
le
cadre d'une enquête utilisantla MEC,
il
conviendra d'évaluerla substitution
entreproduit labellisé et produit
standard
Un tel questionnaire pourrait prendre la forme suivante.L'enquêteur présente au consommateur les deux produits, d'abord
au
même prix (k:
0).Théoriquement, un consommateur intéressé par le BEA ne devrait consommer que du produit
labellisé.
Puis
I'enquêteur renouvelle I'opérationen
élevant progressivementk
tout
enquestionnant
(tout
au moins
d'un point
de
vue
qualitatif)
le
consommateursur
saconsommation globale de produit animale et la substitution qu'il opère entre bien labellisé et
bien
standard. Cette approche permethaità
la
fois
d'étudierle comportement
de don desconsommateurs et de tester cerûaines des hypothèses du modèle présenté.
5
Le
casparticulier
de
I'altruisme
mixte:
leffet
"\ryarm glowrf
Dans la cas d'un altruiste impur (Andréoni, 1990) ou d'altruisme mixte (Cornes
et
Sandler,1984,1994), la fonction
d'utilité
se modifie et prend la forme :(14)
U,=U,lu,(z,xt+
xr),b(G-,+9,),lr(9,)l
La
fonctiond'utilité
est toujours séparable en I'acte de don, que ce soit par sa composante< altruiste pure D
ô(C)
ou par sa composante <altruiste impur >> 'vv(,g,) .Dans ce cas, I'acte de don est source
d'utilité
pour la personne concernée;
indépendammentde la
fourniturede bien
public.
Le
don
en
lui-mêmefournit
une
utilité supplémentaire
provenant de lafonction
w
qui vient s'ajouter àI'utilité
foumie par l'augmentation du niveaude
BE
dansles élevages.
L'effet
(warm
glow> du
don
ajoute
une
sourced'utilité
supplémentaire.
Ainsi,
la
même variationde
prix
consentiepar
deux individuspeut
sedécliner de façon différente. Soit un individu,
dit
<altruistepur
>, révèle la somme qui nelui
procure de I'utilité que par le biais de la foumiture du bien public ; soitI'individu
est <égoiste pur > et dans ce cas, I'utilité ne provient que du geste du don. Le problème associé avec cet effet "warm glow" provient de deux choses. La première est qu'un don révélé peut s'avérer nepas provenir uniquement provenir des préférences
du consommateur
par
rapport au bien public considéré mais également provenir d'un goût pour le geste dedon.
La seconde est queI'effet "warm
glow"
et I'effet "contribution à la production d'un bien public" jouent des rôlesanalogues
dans
I'utilité
des
consommateurs.Ces deux effets sont
donc
difficilement identifiables I'un par rapportà I'autre.
Des résultats récents montrent que ceteffet
"warm glow" peut être significatif (Schokkaert et Van Ootegem, 2000 et Nunes et Schokkaert, 2001).Les seconds envisagent par une enquête de déterminer
la
valeurd'un
bien d'usage et d'un bien de non-usage. Cette enquête inclut des variables d'opinion, qui permettent aux auteurs deconstruire de nouvelles variables. En particulier, une variable prenant en compte I'importance
de
la
composantewarm-glow
des
personnes interrogéesest
construite.
L'analyse économétrique montre que cette variable a unrôle
significativementpositif
sur les sommes révélées.A
partir de ces estimations, les sommes révélées ont été corrigées de I'effetwaûn-glow et les problèmes d'inclusion (embedding effect), souvent constatés dans les résultats des
méthodes d'évaluation contingentes (Kanheman et Knetsch), se trouvent alors résolus.
6.
Conclusions
L'objectif de cet article est d'étudier et de comparer differentes approches la révélation de la valeur du bien-être d'animaux d'élevage
BEA
pour les consommateurs parla
MEC.
Tenantcompte de ce que le
BEA
ne présente pas de valeur d'usage pour le consommateur, nous noussommes appuyés
sur
les
cadres théoriquesutilisés
habituellementpour
la
révélation desvaleurs d'existence et avons développé un modèle permettant I'analyse des comportements de don indirect.
Il
apparaît que l'économiste appliqué a à faire face à un choix entre deux types d'approchepour étudier la valeur de biens tels que le BEA. La première, celle habituellement employée,
cherche
à
évaluer des variations componsatricesde revenu. Elle
permet théoriquement d'estimer des surplus Hicksiens, les valeurs les plus utiles pourla décision publique,
mais s'appuie sur des scénarii contingents parfois peu crédibles tout en présentant des exercices d'évaluation relativement difficiles aux enquêtés.La
seconde repose sur une logique de donsindirects,
i.e.
via I'achat
d'un produit labellisé,et
suit
donc une logiquemarchande'
Elle permet d'estimer les dons optimaux des consommateurs. En ce sens elle s'avère moins utiledans I'optique d'une décision publique. Cependant, elle a I'avantage de présenter aux enquêtés
des exercices d'évaluation
qui se rapprochent
de ceux auxquelsils font
facelors
de leursachats usuels.
Dans cet article
le
modèle de comportement du consommateur présenté ne considère que le cas des attributs non-marchands associésà
des bien marchands. Ces modèles peuvent êtreétendus à I'ensemble des attributs marchands ou non-marchands
d'un
bien marchand donné.Dans ce cas, le modèle est plus complexe dans la mesure ou I'augnentation de
prix
consentiedans
le
cadre d'une évaluation contingente peut rémunérer une amélioration marchande dubien
(valeur
d'usage)
ou une
amélioration
non-marchande(valeur
de
non-usage etcomposante de don).
Il
faut
également noterqu'on
s'estlimité
dans ce travailà
l'étude des consommateurs deproduits animaux mais
le cas des végétariens
estun
cas intéressantà
prendre en compte.Clairement, certains végétariens
qui
ne consomment pas de produits animauxà
cause desconditions d'élevage qu'ils trouvent déplorables (boycott) associeront à la prise en compte du BEA une valeur d'existence très élevée, et ce en dehors de toute consommation. Dans le cadre
de l'évaluation de la valeur de non-usage du BEA que I'on cherche à faire,
il
est important deconsidérer également les non consommateurs de produits animaux.
7.
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"Bien-être
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" (fichier pdf)Valérie MËUNIfrR {lNnA-Ë$R, l"oulouse}
" Siqnal par le prix, label et concurrence" (iichier pdf)
Estelle MOTTË, Jean-MiehelSÂLLËS (INRA-ESH, UMR LAMHTA, Montpellier) et
LionelTI'IOMA$ (Université de Ëranche Comté, UFR STGI, Belfort) "lnformation asym
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Céline NAUGË$ (lNtlÂ-ESR, LËfRNA, Toulouse)et Richard BLUNDELL (UniversiTy
College London and lnstitute Tor Fiscal $tudies)
"Estimating Res_i_dentialWater Demand Under Block Rate Pricing:A Nonparametric Approach" (fichier pdf)
TLionel NË$TA et Pier Faolo $AVltTTl(lNltA-unité SËRD, Grenoble)
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"The Coherence of tEvidence from the bio-pharmaceutical industry" (fichier pdf, version du 10/1212001)