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Quel avenir pour l'agriculture bretonne? Scénarios pour l'an 2000

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Quel avenir pour l’agriculture bretonne? Scénarios pour

l’an 2000

Claude Broussolle, Pierre Daucé, Paul Houée, Chrisian Mouchet

To cite this version:

Claude Broussolle, Pierre Daucé, Paul Houée, Chrisian Mouchet. Quel avenir pour l’agriculture bre-tonne? Scénarios pour l’an 2000. INRA, 31 p., 1983. �hal-01905540�

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INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE INRA-RENNES INSTITUT NATIONAL DE PROMOTION AGRICOLE DE RENNES - INPAR

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(4)

Après une trentaine d'années de progrès considérables, les agriculteurs bretons s'interrogent. Plutôt que de prolonger simplement les tendances, nous avons préféré recourir à la méthode des scénarios qui, enra-cinée dans l'analyse de cette évolution récente, ouvre plusieurs perspectives d'avenir. JI ne s'agit pas pour nous de proposer une politique agricole régionale, mais de faire prendre conscience des dimensions du monde à venir et des marges d'action qu'elles autorisent.

S'INTERROGE

1. DES PROGRÈS CONSIDÉRABLES ACCOMPLIS DEPUIS TRENTE ANS

Plus que dans toute autre région, l'agriculture bretonne a connu de profondes transformations depuis une tren-taine d'années. Grâce à une croissance très vive de la pro -duction, la Bretagne est aujourd'hui la première région agricole française pour les quantités produites et vendues. Partant d'un système traditionnel de polyculture-élevage largement diversifié, cette croissance a pris appui sur un mouvement d'intensification et de spécialisation très mar-qué dans le domaine des cultures fourragères et des pro-ductions de lait, de porcs et de volailles. L'orientation pri-vilégiée de la Bretagne vers les productions animales s'est trouvée accentuée grâce à la mise en place d'élevages hors-sol qui sont un moyen de suppléer aux faibles structures d'exploitation de la région (10 ha de moyenne par exploi-tation en 1950 ; 18 ha en 1980).

'l!>RE.Tf\Gr-te: PREMÎE.Re RËGÏON' A6Ri C.OLE flùlt-rÇ'li ~E

La modernisation de l'agriculture bretonne, l'utilisa-tion accrue de capital sous toutes ses formes (matériel, bâtiments, fluides ... ) en même temps que le

développe-ment économique régional et national, ont entraîné une forte diminution du nombre d'agriculteurs (des 2/3 envi-ron en 30 ans) et', corrélativement, des gains de producti-vité sans précédent. L'amélioration du niveau de vie, bien réelle depuis la dernière guerre, n'a pas toujours été cepen-dant à la hauteur des progrès techniques et économiques réalisés.

Par son poids dans l'économie locale, par les relations étroites qu'elle a établies avec des industries agricoles et alimentaires nombreuses, diversifiées et en expansion, l'agriculture est un élément moteur important du dévelop-pement de la Bretagne. Suffit-il pour autant de poursui-vre dans la même direction : des problèmes subsistent et des difficultés nouvelles apparaissent, qui incitent à s'in-terroger sur la poursuite du type d'évolution que l'on a connu jusqu'à présent.

2. DES INTERROGATIONS

Depuis plusieurs années, le niveau de vie des agricul-teurs ne suit plus la progression de la production. De 1975 à 1980, la baisse des revenus a été plus forte en Bretagne que dans l'ensemble de la France. Le modèle agricole intensif, fortement inséré dans les réseaux d'achat et de vente, n'est-il pas devenu, plus que d'autres, très vuinéra-ble aux difficultés économiques environnantes et trop dépendant en matière d'approvisionnements et de débouchés?

Le secteur agricole breton demeure par ailleurs très hétérogène quant à ses structures, à ses résultats, aux con-ditions de vie qu'il permet. Les nombreux « cas diffici-les » sont là pour rappeler les situations dramatiques d'agriculteurs qui se trouvent aussi bien chez ceux qui se sont peu modernisés que chez les exploitants qui ont inten-sifié et se sont spécialisés. Le« modèle breton » ne serait-il donc réservé qu'à une minorité ?

Par ailleurs, les agriculteurs sont encore relativement nombreux, mais la situation démographique est de plus

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2 L'AGRICULTURE BRETONNE S'INTERROGE

Le bond en avant

de

l'agriculture bretonne 1950-1980

PRODUCTION ET RENDEMENTS

- Production agricole finale (francs 1980)

Part des productions animales (en OJo)

Rendements en-blé (en q/ha) Rendements en lait

( en litres/vache/ an)

Nombre de porcs à l'engrais Nombre de volailles Cultures fourragères MOYENS DE PRODUCTION en 1950 : 5,54 milliards F en 1950: 65 % en 1950: 16,5 q en 1950 : l 440 l en 1950 : 730 000 en 1950: 4 200 000 en 1950 : 537 000 ha Nombre de tracteurs en 1950 : 4 880 Nombre de machines à traire en 1950 : 173 Consommation d'engrais

(en t d'éléments fertilisants) en 1950 : 74 500 t Part des consommations

intermé-diaires dans la production finale en 1950 : 26 OJo

POPULATION ET STRUCTURES

- Population active agricole masculine en 1954 : 302 000 - Nombre de chefs d'exploitation

== nombre d'exploitations en 1950 : 200 000 - Surface agricole moyenne en 1950 : 10 ha - Nombre d'exploitations de 20 ha

ou plus en 1950 : 27 000

RÉSULTATS (francs 1980)

- Revenu brut d'exploitation total en 1950 : 4,25 milliards F - Revenu brut d'exploitation/unité

de travail familial en 1950 : 8 800 F en 1980 : 20,34 milliards F en 1980: 91 % en 1980: 49 q en 1980 : 3 930 l en 1980 : 4 440 000 en 1980 : 61 000 000 en 1980 : l 020 000 ha en 1980 : 124 000 en 1980 : 63 000 en 1980 : 463 000 t en 1980: 70 OJo en 1982 : 108 000 en 1980 : ll8 500 en 1980 : 17 ,5 ha en 1980 : 38 000 en 1980 : 5,60 milliards F en 1980 : 41 600 F

LA PLACE DE LA BRETAGNE DANS L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1980 En 1980, la Bretagne a fourni 11 OJo de la production agricole française et notamment :

- 42 OJo de la production porcine

- 25 OJo de la production de volailles et d'œufs - 20 OJo de la production de lait

- 74 OJo de la production de choux-fleurs - 67 OJo de la production d'artichauts

- 31 % de la production de pommes de terre primeurs, alors qu'elle représente : _

6 OJo de la surface cultivée nationale - 10 % de la population agricole française.

LA CONCENTRATION DES PRODUCTIONS EN 1980 En 1980, en Bretagne,

- 27 % des exJioitations ont plus de 20 vaches et possèdent 60 OJo du cheptel bovin laitier 10 % des exploitations ont plus de 100 porcs et possèdent 90 OJo du cheptel porcin

1 % des exploitations ont plus de 5 000 poulets et possèdent 94 % des animaux l % des exploitations ont plus de 5 000 pondeuses et possèdent 95 % des animaux.

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LOCALISATION DES PRODUCTIONS AGRICOLES EN BRETAGNE (1980) Productions dominantes 0,. . . .

~

légumes poulets

~

porcs

E

bovins - lait C,

(7)

4 L'AGRICULTURE BRETONNE S'INTERROGE

Le revenu agricole en Bretagne et en France de 1970 à 1980 RBE/exploitation 66 000

~

64 ooo

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francs constants 1980

j\

/ \ 62 000 ~

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60 000 ~ t' / \ / \ 58 000 f- / / \ / / \ / \ / / 56 000 ~ / / \; \ / \ 54 ooo

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\ / \ 52 000 1- / / \ -/ \ \ / \ 50 ooo

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/ \ /. \ / ' - - . . : _ / / \ 48 000 f- / / BRETAGNE \ \ / \ 46 000 ~ / 44 000 42 000 Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980

Source Collection de Statistique Agricole, n° 207, nov. 1982.

Pyramide des âges de la population agricole familiale bretonne en 1980

11111

Chefs d'exploi1ation

-

Aulres actifs agricoles

l-'Orl1ES FEMl"ES 1

!

Autres catégories Age 80 75 70 6'5 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 25 000 15 000 5000 5 000 15 000 25 000

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L'AGRICULTURE BRETONNE S'INTERROGE

en plus déséquilibrée. Compte tenu du vieillissement de la population, c'est dans les années qui viennent que se joue le renouvellement de l'agriculture bretonne. Combien de jeunes· vont pouvoir s'installer, quelle va être l'~ffec-tation des nombreuses terres libérées, pour quels systèmes de production ?

Enfin, la spécialisation à outrance, la concentration toujours plus poussée créent entre l'agriculture et son envi-ronnement naturel des difficultés nombreuses: pollution des eaux, déstructuration du sol, érosion, appauvrissement du patrimoine génétique, disparités géographiques ... Saura-t-on les maîtriser ?

A tous les niveaux, celui des exploitations dans leur diversité comme celui de l'agriculture dans son ensemble, l'avenir apparaît comme incertain. L'agriculture de la Bre-tagne est sans doute arrivée à une période charnière de son histoire._ De quoi demain sera-t-il fait ?

Certes, personne n'est en mesure de répondre à une telle interrogation. La seule certitude que nous ayons, c'est qu'on ne peut séparer l'évolution de l'agriculture bretonne des grands mouvements de l'économie nationale et inter-nationale. Les dépendances sont désormais trop fortes pour qu'on puisse considérer la Bretagne isolément, sans la resituer dans le contexte mondiaL A cet égard, l'appro-che prospective, qui vise à saisir les phénomènes écono-miques et sociaux dans leurs interrelations, semble la mieux à même d'apporter des éléments de réponse à ce questionnement sur l'avenir.

/

-3. LA DÉMARCHE DES SCÉNARIOS a. De la prévision à la prospective

La prospective ne doit pas être confondue avec la pré-vision ni avec la planification sur laquelle elle peut débou-cher. La prévision classique implique une vision parcel-laire et déterministe de l'avenir qu'elle construit à l'image du passé. Elle s'oppose, par conséquent, à la prospective qui adopte une vision globale et envisage des relations dynamiques.

En fait, il y a à la fois continuité et rupture entre ces deux méthodes. Continuité dans la mesure où l'avenir est enraciné dans le passé et où l'on s'appuie nécessairement sur des extrapolations de tendance, rupture car la

pros-5

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pective correspond à une attitude créative et non passive, face à un avenir dont la pluralité s'explique par les degrés de liberté dont nous disposons pour le construire. Par con-séquent, nous ne nous contenterons pas de prolonger les tendances observées dans l'agriculture bretonne au cours de ces dernières années mais nous partirons des évolutions possibles de l'environnement international considéré dans ses multiples dimensions pour esquisser les avenirs possi-bles de l'agriculture bretonne. Pour cela, nous utiliserons la méthode des scénarios qui permet de prendre en compte les aspects techniques, politiques, économiques et socio-culturels des problèmes étudiés. En l'an 2000, choisi comme horizon de l'étude, l'agriculture bretonne sera dans un état considéré sous le nom de scénario. Toute succes-sion d'états, de l'instant initial à l'horizon 2000, constitue le cheminement du système.

Plus précisément, chaque scénario est caractérisé par un ensemble cohérent d'événements (croissance plus ou moins forte, chômage et inflation plus ou moins élevés, etc ... ) qui conditionnent son évolution et par le jeu d'ac-teurs (entreprises, syndicats, etc ... ) qui cherchent à réali-ser leurs projets en agissant sur un certain nombre de varia-bles (spécialisation régionale, montant des investissements, etc ... ). La mise en correspondance de ces différents élé-ments et la prise en compte du progrès scientifique et tech-nique permettent d'apprécier les marges d'action dont dis-posent les catégories d'acteurs pour atteindre leurs objec-tifs ; plus généralement, ils permettent de construire les scénarios.

b. Le cadrage des scénarios

L'élaboration des scénarios, qui dessinent les avenirs possibles de l'agriculture bretonne, a pour cadrage géné-ral :

• les perspectives internationales, • les progrès scientifiques et techniques, • les acteurs et les valeurs.

les perspectives internationales

De tous les grands travaux de prospective, une certi-tude s'impose : la fin du

xxe

siècle ne sera pas le simple prolongement de l'évolution de ces trente dernières années. Ce n'est pas seulement de crise économique qu'il s'agit, mais de mutation de civilisation. Une grande remise en cause des modèles et des forces s'amorce au niveau de la planète, à tous les plans de la réalité : démographie, éco-nomie, culture, politique.

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6

Mutations démographiques : L'humanité, qui comp

-tait 2,5 milliards d'hommes en 1950, 4,5 en 1980, attein

-dra 6,2 milliards d'êtres vivants en l'an 2000, dont près de 80 OJo seront dans le Tiers-Monde. Comment nourrir 3,7 milliards de bouches supplémentaires en 50 ans, 6 mil-lions de plus par mois ?

Mutations économiques. Un profond déséquilibre s'ac -centue entre des pays détenteurs de matières premières qu'ils ne peuvent valoriser par eux-mêmes et des pays transformateurs ou consommateurs, riches de technolo-gie et de capitaux, mais qui dépendent

d'approvisionne-ments et de débouchés lointains. Entre ces deux concen

-trations, des groupes financiers étendent leur pouvoir en

spéculant sur l'impuissance des uns et la dépendance des autres : mais pour combien de temps ? Pour quels résul-tats ? Une grande redistribution des forces productives tend à s'opérer: aux pays avancés, les technologies et les

services de pointe, la gestion de la recherche, de l'écono

-mie et de la culture ; aux nouveaux pays industrialisés du Tiers-Monde, des produits banalisés d'une main-d'œuvre à bon marché et d'une transformation peu élaborée. Faut -il prévoir une guerre économique sans merci ou un

par-tage équitable pour assurer la paix ?

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Mutations socio-culturelles. Notre civilisation occiden-tale est contestée au dedans d'elle-même par la peur de

ses innovations, l'ébranlement de ses références, la mon-tée de nouvelles valeurs, l'aspiration à« vivre autrement ».

Elle est affrontée à l'affirmation d'autres civilisations : la montée en puissance de l'Islam, le réveil de la Chine,

la renaissance des cultures indigènes, le transfert des grands échanges du monde Atlantique aux rivages du Pacifique. Quel projet de société donnera sens et cohésion à ce bouillonnement ?

L'AGRICULTURE BRETONNE S'INTERROGE

Mutations politiques. Au monde bipolaire (Est-Ouest) né de Yalta et capable de maîtriser les rapports mondiaux,

succède un monde multipolaire qui ne parvient pas à endi-guer les conflits.·A l'Est, le bloc communiste doit recou-rir à la contrainte pour conserver son unité. A l'Ouest, le monde occidental est un agrégat de nations qui veulent avant tout préserver Jeurs intérêts dans la compétition internationale. Les pays du Tiers-Monde connaissent une

grande diversité de situations et d'avenirs possibles ; beau-coup subissent des mutations internes trop rapides pour être maîtrisées ; ils deviennent le champ ouvert où s'af -frontent puissances économiques et systèmes idéologiques.

C'est l'accumulation de ces tensions et de ces

interro-gations à tous ces niveaux, l'incapacité des pouvoirs et des références en place d'y répondre, qui engendrent la grande incertitude, la turbulence dans laquelle nous sommes enga-gés pour plusieurs décennies. Qui peut prédire l'avenir ? Les progrès scientifiques et techniques

Les progrès scientifiques et techniques sont à la fois causes et effets de ces grandes mutations. Pour l'agricul-ture et les activités agro-alimentaires, on peut attendre les innovations suivantes :

- Productions végétales

• La sélection génétique, avec la prolongation des tendan-ces actuelles,

• l'aménagement plus poussé du milieu, en particulier les

améliorations foncières,

• une meilleure connaissance des interactions entre tech -niques, milieu et végétal cultivé,

• des procédés prévisionnels pour le climat, les cycles végé

-tatifs, le niveau de rendement et des méthodes rapides de contrôle (télé-détection).

- Productions animales

L'accent sera mis sur la sélection génétique, les tech-niques d'exploitation.

Selon les circonstances, des systèmes productifs

nou-veaux pourront être mis en place en faisant appel à. cer -tains de ces éléments.

- Industries agro-alimentaires

Les nouveautés interviendront surtout dans l'élabora-tion et dans l'amélioral'élabora-tion de sa qualité plus que sur le produit lui-même. Quatre thèmes sont à retenir : • le classement des produits en fonction de leur

composi-tion,

• le fractionnement de la matière première agricole, • les procédé_s nouveaux de traitement et de conservation, • les biotechnologies dont les applications peuvent avoir

de grandes conséquences.

Plus largement, des progrès affecteront l'ensemble des sec-teurs productifs. On retiendra surtout les apports de l'in-formatique sous toutes ses formes, et de la télématique. Ces techniques interviendront dans la gestion des unités de production, la mise à disposition de l'information pour les producteurs, la modification des structures de produc-tion (déconcentraproduc-tion, délocalisaproduc-tion). Elles agiront

éga-lement dans le processus de production- même, en parti

-culier dans l'automatisation des machines agricoles et agro-alimentaires.

Surtout les orientations et les applications de ces décou-vertes actuelles ou prévisibles dépendront grandement des

(10)

L'AGRICULTURE BRETONNE S'INTERROGE

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conditions économiques, socialçs, culturelles et politiques propres à chaque scénario : tout système opère un choix dans les innovations.

Acteurs et valeurs

Les apports de la science et de la technique, les grands mouvements de la scène mondiale ne sont pas des fatali-tés externes totalement subies par les agriculteurs bretons : ils laissent prise pour des actions collectives. En Bretagnè comme ailleurs, des groupes agissent et réagissent, tendent d'infléchir les évolutions selon leurs intêrêts et leurs conceptions.

Ces groupes qui cherchent à façonner l'agriculture bre-tonne et son environnement sont multiples : exploitations et organisations agricoles, activités économiques non agri-coles, courants culturels et idéologiques, pouvoirs locaux

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CHAQUE sc{NARiO 5

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VALEURS

et politiques, administrations, etc ... Leur influence, leurs attitudes fondamentales, leurs alliances et oppositions varient d'un scénario à l'autre: cela va de l'adhésion très motivée à la résistance déterminée.

Chaque scénario s'inscrit enfin dans un horizon de valeurs, de modèles culturels, de modes de pensée et de vie qui marquent les aspirations et les conduites, accélè-rent ou freinent les changements. Toute action collective est dictée par quelques références fondamentales qui don-nent cohérence et signification aux comportements et aux stratégies.

Ainsi la construction de chaque scénario est faite de données internationales ou nationales, de réponses pro-pres à fa Breta,gne, de facteurs techniques et économiques, d'éléments sociaux et culturels. Le devenir de l'agriculture bretonne ne peut se concevoir que d'une manière globale, intégrée à une économie, une culture, une société.

c. Les quatre scénarios proposés

De l'ensemble de ces données, quatre grands scé~ narios ont été dégagés :

A. Croissance lente : un climat de marasme éco-nomique et d'incertitude des lendemains, où l'agriculture est assistée et dominée.

B. Libéralisme et croissance forte : une concurrence internationale impitoyable, le productivisme et une croissance forte exigeant une agriculture de compétition.

C. Une économie de rupture ; le protectionnisme : une crise mondiale aggravée limite les échanges, impose une autosuffisance nationale, met l'agri-culture en situation privilégiée.

D. Un autre développement : un nouvel équilibre mondial, de nouveaux modes de vie façonnent un autre développement de l'agriculture,arme contre la faim.

(11)

8

La présentation de chaque scénario comprend l'environnement,

contexte international,

forces et valeurs dominantes, les industries agro-alimentaires.

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V-*

L'AGRICULTURE BRETONNE S'INTERROGE

l'agriculture bretonne,

facteurs et structures de production, systèmes de production et résultats.

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SCÉNARIO A.

UNE CROISSANCE LENTE

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DffEtJSE.

EXVlOÏ1flTiOt6 lH~Mil.iALt~

Un climat de marasme économique et d'incertitude,

une agriculture assistée et dominée.

A. - L'E1'VIRON'IEMENT

1. Le contexte international et national

Le monde s'installe dans la crise économique et l'in s-tabilité monétaire. L'économie française ne connaît pas de changement fondamental. Le rythme d'expansion a été cassé en 1974 et ne s'est jamais rétabli depuis. Quant à

l'agriculture, elle a amorcé une lente dégradation aggr a-vée par les profonds changements de l'environnement international. La situation économique générale est carac-térisée par un certain nombre d'événements qui constituent le cadre à l'intérieur duquel évolue l'agriculture bretonne. Ce sont :

- Une croissance économique faible. Une reprise forte et durable de l'activité économique est exclue ; le taux annuel de croissance demeure inférieur ou égal à 2 OJo. - Des marchés proches de la saturation. A l'exception des fruits et légumes, de la viande de porc et de mouton, l'agriculture française devenue plus productive couvre les besoins d'un marché intérieur qui ne progresse plus. Sur le marché extérieur, d'une part la demande solvable n'aug -mente que très faiblement par suite de difficultés finan-cières que connaissent les pays de l'Est et ceux du Tier s-Monde et, d'autre part, la concurrence internationale est de plus en plus vive.

- Une incertitude des approvisionnements. En devenant plus productive, l'agriculture est devenue plus dépendante. Elle contrôle mal ses approvisionnements en protéagineux, engrais, semences ... Ceux-ci sont coûteux et incertains. - Des taux d'inflation et de chômage élevés. Les causes structurelles et conjoncturelles de l'inflation restent mal maîtrisées. En particulier, l'économie continue à subir les conséquences de la hausse du prix du pétrole. Le faible taux de croissance de l'économie implique un taux de c hô-mage élevé compte tenu de l'arrivée de générations plus nombreuses sur le marché du travail et de la mise en place d'innovations techniques réductrices d'emplois à moyen terme.

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- Une hausse du coût de l'énergie. Même en l'absence de bouleversements politiques au Moyen-Orient, l'in suf-fisance des politiques énergétiques dans les pays conso m-mateurs entraîne une hausse du coût de l'énergie. - Une baisse modérée des prix des produits agricoles. La saturation du marché français et la faible progression des marchés extérieurs conduisent, à terme, à une baisse des prix des produits agricoles acceptée par les pouvoirs politiques.

sci111RRiofî

2. Les forces et valeurs dominantes

Dans un monde marqué par la stagnation économique, les ajustements s'opèrent avec difficulté. Chaque cat égo-rie d'acteurs cherche à préserver ses avantages acquis. Dans ce contexte, cinq groupes d'intérêt distincts appa -raissent nettement :

- Un groupe « Libéral-productiviste ». Les acteurs les plus importants de ce groupe sont les firmes nationales et multinationales, les chambres de commerce et les syndi -cats patronaux, le secteur bancaire non agricole et celui de la distribution ; ce groupe est très typé, très structuré.

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10

li e~t-favorable au progrès technique, au pilotage par les

I.A:A., au désengagement de l'Etat et au productivisme.

Bien que le scénario ne lui soit pas très favorable, ce groupe

reste puissant.

- Le groupe « Gestionnaire du système » réunit les admi-nistrations centrales et régionales, les institutions de

recher-che et de développement mais aussi les organismes

d'in-formation, les coopératives polyvalentes et les partis de droite. Il est très structuré et peut être qualifié de centriste dans la mesure où les appréciations qu'il porte sur les élé-ments constitutifs du scénario sont nuancées.

- Le groupe « Dynamisme régional » est représentatif du « modèle breton ». Il est constitué des exploitations modernisées hors-sol, des coopératives spécialisées, des

P.M.E. à siège régional, du Crédit Agricole, des

organis-mes interprofessionnels, etc ... Ce groupe bien structuré est favorable au productivisme, au progrès technique, au pilotage par les I.A.A., à la solidarité européenne. Il est

défavorable au désengagement de l'Etat et à de nouveaux modes de vie.

- Le groupe « Défense des exploitations familiales ».

Ensemble moins structuré, ce groupe comprend les exploi-tations de polyculture, le syndicalisme majoritaire mais

aussi le syndicalisme minoritaire et les partis de gauche.

Il est favorable à la solidarité européenne, au non-désengagement de l'Etat, aux productions animales et rela-tivement réservé vis-à-vis du progrès technique.

- Le groupe des « néo-ruraux » très peu structuré est

constitué d'agents extérieurs au monde agricole. On y trouve le secteur tertiaire, les syndicats ouvriers, les orga -nismes de consommateurs mais aussi les mouvements intel-lectuels, écologistes, le tourisme, etc ... Ce groupe, indif-férent au progrès technique, aux productions animales,

est hostile au pilotage par les I.A.A. et très favorable aux nouveaux modes de vie.

SCÉNARIO A. - UNE CROISSANCE LENTE

L'agriculture bretonne poursuit son intégration dans l'économie et la société globales. La logique de

concentra-tion, de spécialisation et d'intégration aboutit à des situa-tions de plus en plus diverses et contrastées :

pour chaque production, des ateliers intégrés de fir-mes, des systèmes de quasi-intégration, des systèmes contractuels divers coexistent à côté de gros élevages indépendants, de petites exploitations traditionnelles,

chacun essayant de tirer son épingle du jeu.

dans l'espace régional, de grands bassins spécialisés (lait, porc, légumes) où se maintient une population active encore nombreuse sont séparés par de vastes

zones de production extensive, de secteurs en friche, à côté d'espaces urbanisés ou touristiques.

dans les relations sociales, certains groupes agricoles

se laissent intégrer par les modèles urbains ; d'autres résistent et entrent en conflit ; d'autres enfin se replient

sur eux-mêmes.

3. Les industries agro-alimentaires

L'agriculture bretonne a besoin pour se développer d'une industrie agro-alimentaire forte et compétitive sur

le marché national et sur les marchés étrangers. Or ce

sec-teur, malgré un bilan globalement positif, n'est pas encore suffisamment préparé à affronter « un avenir incertain

porteur de changements profonds ».

En effet, bien qu'en période de crise les entreprises du secteur agro-alimentaire se comportent mieux que

beau-coup d'autres firmes industrielles, rien ne permet de

pen-ser que leurs difficultés actuelles vont s'estomper

rapidement.

Il

L

1

AGROALÎME.NH)1RE COÎNC.E ENTRE'

(14)

SCÉNARIO A. - UNE CROISSANCE LENTE

Coincé entre l'agriculture et la grande distribution, ce secteur confronté à de graves problèmes de structure et de rentabilité est demeuré longtemps presque entièrement en dehors du courant scientifique car il n'a pas bénéficié

d'un effort de recherche suffisant. Néanmoins, ses pers-pectives de développement sont importantes car un effort significatif est effectué dans ce domaine. Si les mutations techniques offrent des perspectives de développement accru pour les entrepreneurs clairvoyants, elles ne sont pas sans poser quelques problèmes : d'abord, les techniques

à mettre en œuvre sont complexes et les firmes bretonnes doivent disposer d'un encadrement suffisant; d'autre part, l'identification précise des marchés n'est pas facile et la réglementation sur les produits nouveaux est très contraignante.

Quant à l'exportation, elle suppose la fabrication de produits adaptés à la demande et une offre d'une ampleur suffisante et d'une qualité assez homogène pour intér es-ser les grands réseaux de vente et permettre la continuité dans l'effort d'exportation.

On peut s'interroger, en particulier, sur l'aptitude des en_treprises bretonnes de petites et moyennes dimensions

à exploiter les voies nouvelles de la bio-industrie. Théori-quement, chaque fois que ce secteur d'activité n'appelle pas des investissements massifs de recherche (pris en charge par le secteur public) ou de très gros outils de produc-tion, les P.M.E. sont à même de saisir les opportunités du marché et de se placer sur les créneaux de la bio-industrie. De petites unités de production insérées harmo -nieusement dans le tissu régional conduisent, pour certains types d'activités, à des prix de revient tout à fait

accepta-bles. La micro-informatique favorise cette évolution et le souci d'exploiter certaines matières premières agricoles impose de raccourcir les circuits de ramassage. On peut prédire un bel avenir aux technologies dispersées.

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ETC. ..

Dans ce contexte général, l'évolution des différentes

branches s'inscrit dans le prolongement de tendances qui rendent les entreprises très sensibles à la conjoncture. La croissance n'est pas que ralentie : elle est devenue

flue-11

tuante, hésitante, cyclique. D'autre part, aux activités tra-ditionnelles s'ajoute une industrie de biens intermédiaires dont l'objectif est d'extraire de la matière première agri-cole une multitude de produits (lipides, glucides, protéi-nes diverses ... ) à forte valeur ajoutée qui seront recombi-nés pour les besoins des industries alimentaires, chimiques, pharmaceutiques ... La notion de sous-produit disparaît.

B. L'AGRICULTURE BRETONNE

Par rapport à la situation actuelle, le scénario de crois-sance lente ne prévoit pas de rupture significative dans l'évolution de l'agriculture. Les tendances et les modali-tés à l'œuvre depuis une décennie se prolongent.

1. Facteurs et structures de production

Globalement le processus de substitution du capital au travail se poursuit, mais à un rytme ralenti du fait de l'ac-croissement en valeur du coût des investissements.

11. La population agricole

En admettant que le taux d'entrée définitif demeure assez faible (environ 20 0/o d'une génération) et que les agri-culteurs âgés conservent leur activité assez tardivement (comme dans la période 1975-80), on aboutit à un effectif de 145 000 actifs en 1990 et 100 000 vers l'an 2000; soit

10 0/o de la population active totale en Bretagne contre un peu plus de 20 <J/o en 1975.

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Après le ralentissement passager de la période actuelle,

le rythme de diminution du nombre d'agriculteurs s'ac-centue à nouveau à partir de 1985 et surtout de 1990.

(15)

12

L'évolution à venir laisse présager un accroissement

de la double activité - près du quart des exploitations

seront concernées - malgré la pression sociale à la

réduc-tion des cumuls d'emploi.

La qualification professionnelle est, en moyenne, plus

élevée qu'aujourd'hui du fait de l'installation de jeunes

souvent plus instruits, mais l'hétérogénéité du niveau de

formation reste forte.

12. Les structures de production

Il y a en Bretagne 95 000 exploitations en 1990 et

67 000 en l'an 2000. Compte tenu de la réduction du

ter-ritoire cultivé (1,8 Mha en 2000 contre 1,9 Men 1980),

la superficie moyenne des exploitations est de 27 ha.

Le statut de l'exploitant est le suivant :

exploitations à temps complet. .... .

exploitations en double activité .... .

exploitations de retraite (

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65 ans).

13. Les moyens de production

36 500 17 500 13 000

L'agriculture demeure toujours un secteur à coefficient

de capital élevé, mais l'évolution conduit à des écarts gran

-dissants entre ceux qui peuvent investir et ceux qui n'en

ont pas les moyens. Si l'on peut envisager une relative

sta-bilisation du coût de construction des bâtiments

d'exploi-tation, par contre leur équipement plus sophistiqué sera

plus coûteux. Il vise à une économie de travail et à celle

des consommations intermédiaires (davantage

d'automa-tisme, meilleure régulation de la température, distribution

contrôlée des aliments ... ). Quant au matériel agricole, son

utilisation plus rationnelle sera facilitée par

l'agrandisse-ment des structures d'exploitation.

Une politique très sélective de financement est à

pré-voir par le biais des bonifications d'intérêt et de

l'enca-drement de crédit. De ce fait, les cas difficiles, voire les

situations de faillite risquent d'être assez nombreux.

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SCÉNARIO A. - UNE CROISSANCE LENTE

La diffusion du progrès technique se poursuit à un rythme ralenti. Les attitudes face au progrès sont en effet très différenciée/, selon les catégories d'agriculteurs, depuis la recherche continue de nouveautés jusqu'à leur refus pur

et simple.

2. Systèmes de production et résultats

Dans le scénario de croissance lente et de prolonga-tion de tendances, il n'y a pas de mise en place de

systè-mes productifs nouveaux car les systèmes performants de la décennie 1970-1980 apparaissent comme garants de

sécurité technique et d'efficacité.

21. Les systèmes de production.

Les exploitations agricoles pratiquent des systèmes

diversifiés qui se distinguent les uns des autres par leur degré d'intensification et leur spécialisation plus ou moins poussée. La spécial!sation se développe pour des raisons qui tiennent surtout à la recherche d'efficacité économi

-que: rentabilité, économies d'échelle, gains de

producti-vité du travail, etc ...

. Il y a également tendance à la concentration des éle

-vages : la taille des ateliers est de plus en plus élevée. En

outre, les seuils de viabilité économique augmentent.

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L'intensification de l'agriculture bretonne se poursuit donc mais à un rythme relativement modéré. Du point de vue technique, on peut attendre des progrès de

producti-vité : les rendements par hectare ou par animal

augmen-tent, sans doute davantage pour la production laitière et les produits végétaux que pour la production porcine. Mais ces progrès se trouvent limités par l'intervention de con-traintes importantes :

un coût élevé d'obtention du produit, à cause notam

-ment des consommations intermédiaires,

des difficultés techniques : mauvaises conditions sani-taires des élevages, fragilité des systèmes végétaux ... la nécessité de fournir des produits alimentaires de bonne qualité.

Quant à la productivité du travail, déjà évoquée, sa

progression est limitée par le coût des équipements qui la rendent possible, par la tendance au maintien d'un cer-tain volume d'emploi dans l'agriculture et par une aspi

(16)

SCÉNARIO A. - UNE CROISSANCE LENTE

22. les productions

En matière d'occupation du sol et de productions végé-tales, il y a comme pour beaucoup d'éléments de ce

scé-nario poursuite des mouvements de la période précé-dente :

les surfaces cultivées tendent à diminuer pour laisser

la place à l'urbanisation, au reboisement, aux friches.

les surfaces consacrées aux céréales s'accroissent grâce au blé, destiné à la vente et à l'affouragement, et

malgré la stagnation du maïs et la régression de l'orge.

les cultures fourragères progressent très légèrement et on assiste à un certain développement des cultures de protéagineux.

enfin, les surfaces en pommes de terre régressent,

tandis que celles consacrées aux légumes demeurent

stables.

Les productions animales demeurent bien entendu l'ac-tivité essentielle de l'agriculture bretonne, du fait de leur

importance en 1980, mais aussi parce que leur fonction de moyen d'intensification demeure inchangée.

Du point de vue des types de production, seules

pro-gressent en volume ou en part dans le total, les activités

déjà importantes en début de période : viande porcine,

lait ; l'aviculture se maintient. Les activités viande bovine

et veaux régressent du fait du recul de la production des

taurillons. Les activités hors-sol voient leur volume et leur poids augmenter en raison de débouchés à l'exportation ou d'un déficit sur le marché intérieur (viande porcine).

Cependant malgré la spécialisation de la Bretagne dans ces

productions, et peut-être à cause d'elle, certaines difficultés

se font jour : difficultés d'approvisionnement, coûts exces

-sifs des approvisionnements, concurrence d'autres régions

et d'autres pays.

Enfin, la production laitière augmente en volume et provient de deux types différents d'ateliers : intensifs en

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utilisant des aliments achetés, ou plus classiques et

dépen-dant presque uniquement du sol de l'exploitation pour

l'affouragement.

23. les résultats

L'évolution des systèmes de production agricole dans

ce scénario se caractérise avant tout comme une

adapta-tion à une situation plutôt défavorable à l'agriculture, mais

sans bouleversement profond. Dans ces conditions, les résultats ne peuvent présenter une évolution spectaculaire,

même si l'agriculture demeure un secteur important de l'économie régionale.

La production finale s'accroît de façon modérée (soit

3 % par an, contre 5 O"/o de 1950 à 1980) dans un contexte

dominé par une agriculture régionale dynamique. La

valeur ajoutée brute stagne ou régresse légèrement, dans la mesure où le prix et le volume des consommations inte

r-médiaires augmentent.

Le revenu agricole global a tendance à diminuer en

francs constants, ainsi que le revenu par actif ; par con

-tre, les disparités de revenu agricole par exploitation et par

actif s'accentuent. Enfin, la part du revenu d'origine non agricole excède celle du revenu agricole dans la catégorie

des exploitations non intensifiées et non spécialisées. Ces résultats s'obtiennent grâce à des investissements et des consommations intermédiaires, ce qui se traduit par

un endettement important, mais pour certaines catégories

d'exploitations seulement. Ainsi l'endettement moyen demeure stable, alors que les écarts se creusent entre

agri-culteurs peu endettés et très endettés ; les « cas di

ffici-les » continuent d'exister en nombre relativement important.

Les conditions de travail s'améliorent lentement mais là aussi les écarts se creusent.

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14 SCÉNARIO A. - UNE CROISSANCE LENTE

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SCÉNARIO B.

LIBÉRALISME ET CROISSANCE FORTE

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A. L'ENVIRONNEMENT

1. Le contexte international et national

La crise économique mondiale est surmontée et dépa s-sée par une relance de la croissance. Celle-ci redevient forte

en quelques années grâce à un assainissement draconien

des économies des grands pays occidentaux, où les firmes

multinationales et les blocs qu'elles contribuent à créer jouent un rôle très actif. La conséquence de cette réorga-nisation est double : d'une part l'efficacité économique est considérablement accrue, en particulier paT la sécurité d'approvisionnement, d'autre part, les revendications

sociales sont totalement négligées devant la pression de la

concurrence internationale, ou réprimées par un « Etat-gendarme ».

f\61<.1COLE. COMMUNE)

Les traits caractéristiques de cette économie sont les

suivants :

- Le libéralisme est la doctrine triomphante au plan inter-national. Les importations et exportations sont entière-ment libres et les rapports privilégiés entre pays européens tendent à disparaître. Le libéralisme constitue également l'axe de la politique économique nationale de la France.

Libéralisme sans frontière;

Agriculture de compétition.

- Il y a extension des pouvoirs de ceux qui sont déjà les

plus forts sur 1~ plan économique : firmes multinationa-les et superpuissances, entre lesquelles se nouent des

allian-ces conjoncturelles souvent modifiées. Les secteurs pro-ductifs potentiellement rentables peuvent être investis et

quasiment« monopolisés » de manière brutale et rapide ;

de même, en cas de chute des profits, le désengagement des quelques firmes dominantes peut également inter

ve-nir très vite. Le secteur des biens agricoles et alimentaires prend une importance stratégique.

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-- Toute innovation permettant une meilleure val orisa-tion du produit, une augmentation de la productivité du travail et une économie de facteurs de production est syst

é-matiquement recherchée.

- Le coût de l'énergie est maîtrisé. L'approvisionnement

énergétique des ménages et des entreprises est assuré de façon sûre. Cette sécurité s'accompagne de prix élevés dont

l'évolution est prévue par des accords contractuels

bilaté-raux entre pays producteurs et pays consommateurs ; ces coûts élevés ne mettent pas en péril la rentabilité des

entre-prises dynamiques.

- Les charges sociales sont allégées et on assiste au d

ésen-gagement de l'Etat. Les entreprises sont libres d'agir à leur guise en dehors de toute directive économique, à leurs ris-ques et périls. Le jeu du marché doit amener à la sati

sfac-tion des demandeurs d'emploi et à l'inutilité du « secteur

(19)

16 SCÉNARIO B. - LIBÉRALISME ET CROISSANCE FORTE

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- Le marché alimentaire mondial s'élargit et son impor

-tance économique devient primordiale. « L'arme alimen

-taire » est plus que jamais un moyen de pouvoir

impor-tant pour les pays occidentaux dans leurs négociations avec les pays du Tiers-Monde, fournisseurs de matières premières.

- Dans un mouvement de « productivisme offensif», les

gains de productivité sont constamment recherchés dans

tous les secteurs de l'économie, et en particulier dans l'agri

-culture où la protection sociale est comme ailleurs

trans-férée dans le domaine de l'économie privée.

- La politique agricole ancienne qui visait au maintien

d'une population agricole nombreuse qui était fondée sur

des exploitations familiales de petite taille avec un con-trôle de la concentration des terres, est complètement

remise en cause. Seules comptent dorénavant l'efficacité

technique et économique, la capacité à maîtriser les nou

-velles techniques et à innover, à gérer une entreprise capi-taliste de taille moyenne. Les inégalités et les disparités de revenus et de conditions de vie se renforcent, notamment

dans le monde rural.

2. Les forces et valeurs dominantes

Les acteurs du scénario se regroupent autour de deux

pôles, en deux groupes d'importance et de pouvoir très

inégaux :

les firmes multinationales et les banques constituent

le groupe moteur qui détient le pouvoir économique

et politique. Elles s'appuient sur les entreprises

nationales, les exploitations agricoles modernisées

qui jouent leur jeu tout en regrettant 'le désengagement de l'Etat et la trop forte internationalisation de

l'éco-nomie.

les tenants des exploitations agricoles traditionnelles, de la nature, de la qualité de la vie n'ont guère qu'un

rôle de figurant dans une attitude défensive.

Sous l'action du groupe moteur, l'agriculture est

tota-lement intégrée aux modèles économiques, sociaux et cul-turels dominants. La politique agro-alimentaire est con

-çue par de très grandes entreprises qui utilisent au mieux de leurs intérêts la division internationale du travail ; l'em

-ploi des technologies de pointe se généralise.

Les exploitations bretonnes sont désormais soit des ate-liers intégrés, soit des entreprises comme les autres,

sou-mises aux mêmes règles de fonctionnement et de finance-ment. Les filières par produit s'organisent sous le contrôle de quelques firmes puissantes. Le pouvoir agricole est détenu par les grandes organisations par produit ; les

orga-nismes à vocation générale n'ont plus qu'un rôle -occasion-nel de représentation.

Les activités agricoles et agro-alimentaires sont très concentrées géographiquement, dans des bassins bien défi

-nis, à côté de vastes espaces abandonnés à la forêt, à la nature et aux loisirs .. Les groupes sociaux agricoles sont

intégrés aux groupes urbains correspondants ; le compor

-tement de la plupart des agriculteurs s'apparente à celui des petites et moyennes entreprises (P.M.E.), celui de leurs

salariés aux ouvriers de l'industrie.

3. Les industries agro-alimentaires

Pour une agriculture intensive comme celle de la

Bre-tagne, les perspectives fournies par les débouchés à l'ex-portation sont très larges. Cependant les productions ani -males, majoritaires dans la région, doivent être préalable -ment transformées. Les industries transformatrices vont donc jouer un rôle clef dans l'accès aux marchés interna-tionaux et pourront exercer un effet d'entraînement dans

le choix des productions agricoles et des techniques

pro-ductives.

Cependant, la reprise de la croissance exige que deux

conditions soient remplies :

une reprise soutenue et régulière de l'investissement, l'acceptation par les travailleurs d'ajustements

structu-rels, d'un assouplissement du marché du travail qui

facilite les transferts sectoriels et géographiques.

La primauté de la technologie et de sa fonction

d'ac-célération devient essentielle et les firmes multinationales jouent le rôle de vecteur. Il y a conjugaison, dans les entre-prises agro-alimentaires, des technologies les plus avan-cées de la biologie, de la physique appliquée et du génie

génétique. L'innnovation peut amener soit un produit

nou-veau, soit un nouveau processus de fabrication, par subs

-titution du capital au travail. De même, le développement des techniques modernes de traitement et de transmission de l'information, qui permettent de combiner effet de masse et déconcentration, est utilisé pour concilier dans une même firme les avantages de la grande unité et la sou-plesse des petites.

En dehors des industries de biens d'équipement qui ne

sont plus situées en Bretagne, sauf la fabrication des bâti -ments d'élevage, le secteur agro-alimentaire régional est

dominé par quelques firmes selon deux modalités possi-bles :

soit quelques coopératives régionales assurent l'enca-drement de l'agriculture et la première transformation.

Les entreprises nationales réalisent la deuxième et troisième transformation. Le pouvoir économique échappe à la région.

soit quelques entreprises régionales acquièrent la dimension internationale et conservent leur autonomie.

(20)

SCÉNARIO B. - LIBÉRALISME ET CROISSANCE FORTE 17

Deux images sont donc possibles ; bassin de

produc-tion contrôlé par quelques grandes firmes :

- la Bretagne valorise sur place sa production et crée ainsi des emplois,

- ou elle n'est qu'exportatrice de matières premières et de produits peu élaborés.

B. L'AGRICULTURE BRETONNE

Des modifications considérables affectent l'agriculture, au niveau national comme à celui de la région. Cependant, il n'y a pas véritablement de rupture, ni de choc à un moment donné. La relance de la croissance entraîne

l'exis-tence d'une période de transition de plusieurs années au cours desquelles se produisent des processus d'adaptation

plus ou moins rapides selon les secteurs. La période plus

stable qui s'ensuivra sera tout de même placée sous le signe de la mobilité des hommes, des capitaux, des entre-prises, etc.

1. Facteurs et structures

La tendance au maintien de la seule agriculture com-pétitive suppose une diminution accélérée du nombre d'ex-ploitations et un accroissement de leur taille.

11. La population agricole

La tendance générale est donc à la baisse rapide

de la population agricole bretonne. On peut estimer qu'en 20 ans, le nombre d'agriculteurs de la région passerait de

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-180 000 actifs en I 980 à environ 70 000 en 2000, soit une diminution de 60 OJo sur 20 ans. Ceci suppose en matière de comportement démographique :

- le départ précoce des agriculteurs en âge de prendre leur retraite,

un taux d'installation qui demeure faible (environ

20 OJo d'une génération),

un taux de mutation professionelle important : sur un intervalle de 5 ans, 15 OJo des agriculteurs exploitants

sont amenés à cesser leur activité.

Ces 70 000 actifs sont répartis dans 37 500 exploi-tations, ce qui signifie qu'il y a un léger accroissement du nombre de travailleurs par exploitation (1,9 contre 1,5 en

1980). Par ailleurs, compte tenu de l'agrandissement des

structures des ateliers, il y a remontée du salariat dans l'agriculture, le nombre d'ouvriers passant de 11 500 à 20 000 environ.

Pour les agriculteurs demeurant dans la profession,

ainsi que pour les salariés àgricoles, le niveau de

qualifi-cation s'élève rapidement. La double activité de type tra-ditionnel se trouve en très forte régression. Enfin,

l'évo-lution conduit à un rajeunissement sensible de la popula-tion des exploitants et le rapport entre. installations et départs demeure sur toute la période aux alentours de

25 %.

12. Les structures de production

Le nombre d'exploitations étant ramené à 37 500, et

le nombre d'hectares cultivés à 1,7 million (contre 1,8 en

1980), la surface moyenne par exploitation est de 45

hec-tares. Cependant, les exploitations se répartissent eri caté-gories bien différenciées :

environ 20 000 exploitations de 30 à 150

hec-tares (moyenne 75 hechec-tares) qui représentent

l'essentiel des grandes exploitations modernisées

de la région.

environ 15 000 exploitations de 5 à 15 hectares

(moyenne 10 hectares) occupées par des

agricul-teurs de plus de 60 ans (9 000), des doubles actifs

(3 - 4 000), des ateliers hors-sol très intensifs

(2 000)

Dans les grandes exploitations, on trouve en moyenne

trois actifs; en majorité elles restent individuelles et

(21)

18 SCÉNARIO B. - LIBÉRALISME ET CROISSANCE FORTE Par ailleurs, un certain nombre d'exploitations sont de

type sociétaire, employant alors plusieurs salariés et

quelques-unes constituent des ateliers intégrés de firmes agro-alimentaires.

L'importance des terres rendues disponibles provoque

un accroissement des surfaces exploitées en fermage, en même temps qu'une stabilisation voire une régression du prix de la terre ; à l'inverse, le montant des fermages

s'ac-croît nettement.

Plus généralement, dans la conduite de l'exploitation,

c'est à un changement profond de la rationalité même de

l'agriculteur que l'on assiste : l'exploitation agricole devient une entreprise (artisanale) qui doit rentabiliser le

capital et assurer une rémunération suffisante de la force

de travail faute de quoi elle disparaît.

13. Les moyens de production

Ce processus de substitution du capital au travail, joint

à l'accroissement des structures d'exploitation, amène une augmentation continue du volume de capital nécessaire à l'unité de production, qu'il s'agisse des machines, des bâti-ments ou du cheptel.

Cette capitalisation croissante s'accompagne d'une

uti-lisation plus rationnelle du matériel, d'une efficacité

amé-liorée des bâtiments d'élevage (économies d'énergie,

con-trôle du milieu, rationalisation de l'alimentation) et

peut-être, en définitive, d'une diminution du capital par hectare

cultivé.

Globalement, le financement des investissements agri

-coles se trouve assuré d'une manière analogue à ce qui se

pratique pour les entreprises industrielles et

commercia-les avec une part importante d'autofinancement et la

dis-parition des bonifications d'intérêt. Les exploitations en

difficultés financières sont éliminées par le jeu des

failli-tes et des dépôts de bilan. Le financement des reprises

d'ex-ploitation pose cependant des problèmes aigus, car leur

montant atteint des sommes considérables.

D'une façon générale, les exploitants agricoles sont très

favorables à tous les aspects du progrès technique et

bio-logique, ce qui conduit à une artificialisation croissante

du processus de production agricole. Les innovations

visent pour la plupart à un accroissement de la produc

-tion et des rendements (blé à rendement de 100 qx/ha et

plus, production moyenne annuelle par vache : 8 000 à

9 000 litres, etc.), à un contrôle plus étroit des aléas de

la production (problèmes sanitaires, accidents climati-ques), à une réduction du temps et de la pénibilité du

tra-vail (automatismes ... ) ; elles impliquent presque toutes une

augmentation des investissements et constituent un fac

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2. Systèmes de production et résultats

Le choix des systèmes de production, dans leur

orien-tation et leur taille, dépend des restructurations des appa-reils productifs entraînées par la croissance forte dans les

pays occidentaux et les pays en voie de développement.

Deux éléments principaux sont à retenir : la concurrence

internationale très vive qui peut modifier la vocation

agri-cole de certains États et des régions d'un même pays ; le

libéralisme économique qui privilégie avant tout

l'effica-cité économique et la modernisation.

21. Les systèmes de production

Dans les grandes exploitations, les systèmes sont choisis en fonction de la surface disponible :

dans les exploitations les plus grandes (plus de 100 ha) : culture de céréales, élevage intensif de bovins laitiers ou de bovins à viande selon les zones,

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(22)

SCÉNARIO B. - LIBÉRALISME ET CROISSANCE FORTE 19

dans les exploitations de 50 à 100 hectares: utilisation plus intensive du sol ; ateliers porcs et volailles fré-quents ; élevages intensifs de vaches laitières et de bovins à viande,

exploitations de 30 à 50 hectares : vaches laitières et élevages hors-sol intensifs.

Afin de renforcer leur rentabilité en bénéficiant d'éco-nomies d'échelle, en maîtrisant mieux les techniques de production, en mettant en marché des quantités importan-tes, les exploitations se spécialisent et se concentrent. Seu-les subsistent les exploitations intensives spécialisées. Les autres, traditionnelles, régressent rapidement, absorbées par les précédentes dont l'accroissement n'est plus limité ni juridiquement, ni socialement.

L'intensification de cette agriculture se fait surtout grâce à l'emploi du facteur capital. En effet, la pression sur le sol a tendance à se relâcher et le rapport SAU/UTH augmente. Les consommations intermédiaires sont en aug-mentation, car les facteurs auxquels elles correspondent sont moins coûteux pour les agriculteurs que la produc-tion fourragère des terres situées en zone difficile, dont la culture est abandonnée. Les aliments du bétail s'accrois-sent à cause de la spécialisation et de l'extension des éle-vages. Au total, les consommations intermédiaires attei-gnent un montant égal à 70 à 80 OJo de celui de la produc-tion finale ; l'efficacité économique s'acquiert au prix d'une intégration et d'une dépendance plus grandes des exploitations agricoles.

22. Les productions

Elles se réalisent sur des surfaces agricoles en diminu-tion, à cause de l'abandon des cultures en zone difficile, faut_e d'une rentabilité suffisante. Ces zones non cultivées sont consacrées au reboisement ou à l'aménagement tou-ristique.

Les productions végétales diminuent en volume, con-séquence directe de la concurrence internationale pour les céréales, dont le prix européen s'aligne sur le prix mon-dial moins favorable aux petits producteurs. Les cultures des protéagineux, surtout féverole et pois fourrager, ten-dent à se développer.

L'augmentation des productions animales provient sur-tout de la viande porcine. Cette activité présente en effet l'avantage de bien valoriser les céréales dont le prix est peu élevé. Cependant, cet avantage peut se transformer en inconvénient dans la mesure où les agriculteurs des régions céréalières françaises risquent alors de vouloir valo-riser leur production par des élevages industriels. Malgré cela, la Bretagne fournit plus de la moitié de la produc-tion nationale. La production avicole, par contre, pour-rait connaître une baisse sensible à la suite de son trans-fert partiel vers les pays producteurs de matières premiè-res (soja du Brésil) ou consommateurs (Maghreb, Moyen-Orient). La production laitière se maintient en volume, mais avec une modification des conditions de production : elle provient surtout d'élevages de grande taille. Enfin, la viande bovine joue un rôle en permettant la valorisation extensive de surfaces disponibles dans les zones peu pro-ductives ; elle n'a le plus souvent qu'un caractère complé-mentaire.

23. Les résultats

La production finale progresse rapidement, mais sa structure se modifie. Les parts relatives de la production laitière et de la production porcine augmentent, tandis que celles des pommes de terre, de l'aviculture, des légumes, du veau diminuent sensiblement. Compte tenu de l'accrois-sement des consommations intermédiaires, la valeur ajou-tée brute globale tend à stagner, et elle ne représente plus que 20 % de la production finale. Cependant, ramenée à l'actif, cette valeur ajoutée augmente du fait de la décroissance du nombre de travailleurs agricoles.

On rencontre le même phénomène en matière de revenu agricole dont la répartition est entachée de fortes dispari-tés : entre agriculteurs d'une part, et agriculteurs et sala-riés d'autre part. Le revenu des agriculteurs des exploita-tions intensives et spécialisées tend à s'aligner sur celui des petites et moyennes entreprises de l'industrie et du com-merce ; les revenus d'origine non agricole peuvent exister dans ces exploitations, mais leur rôle est peu important. Par contre, dans les exploitations « résiduelles », en voie de disparition, les revenus non agricoles constituent l'es-sentiel des ressources. Enfin, les revenus des salariés agri-coles sont notablemeni inférieurs à ceux de leurs em-ployeurs ; on observe dans les ménages de salariés, la coexistence d'emplois agricoles et non agricoles.

(23)

20 SCÉNARIO B. - LIBÉRALISME ET CROISSANCE FORTE

ACT1r

/\3io

-2000

(24)

SCÉNARIO C.

UNE ÉCONOMIE DE RUPTURE

LE PROTECTIONNISME

----

~

-LE

Pouvo,iz

CE:WTRfll SE RENFORCE

.

, L'ETAT '""DlRiG-E

L' E:TC:,T EST LP\ l..OC.OMC11 1/E.

Forte limita/ion des échanges, autosuffisance nationale, agriculture privilégiée.

A. L'ENVIRONNEMENT

l. Le contexte international et national

Le scénario C se caractérise comme un scénario de

rup-ture, de crise grave, résultant d'une désorganisation

géné-rale de l'économie mondiale. Un tel dérèglement peut être

provoqué par une tension politique très forte en certains

points stratégiques du globe : changements politiques

importants au Moyen-Orient, compromettant

l'approvi-sionnement de l'Occident en pétrole ; déstabilisation des

régimes de l'Europe de l'Est ou d'Amérique Latine,

dur-cissant les relations entre grandes puissances. La rupture

peut aussi provenir d'un effondrement du système

moné-taire international : surendettement de certains pays,

faillite de grandes banques et de firmes multinationales,

etc ... Dans tous les cas, il s'ensuit une réduction

consi-dérable des échanges entre les pays, l'établissement de

tarifs douaniers particulièrem{ènt élevés, l'exacerbation des

rivalités et des nationalismes, le retour à un isolationnisme

économique et politique étroit dans le cadre de nations ou

de blocs de nations ayant à leur tête des pouvoirs forts.

La France se replie sur elle-même à l'intérieur de ses frontières ; les conséquences d'une telle situation sur

l'éco-nomie nationale dans son ensemble et sur l'agriculture

bre-tonne en particulier sont immenses. Même si un conflit

mondial est par hypothèse exclu, le pays est plongé dans

l'équivalent d'une économie de guerre qui possède

notam-ment les traits suivants :

- Les échanges internationaux sont très limités: expor-tations comme imporexpor-tations connaissent une contraction très marquée ; les débouchés extérieurs de l'agriculture

française se trouvent presque totalement supprimés et

les moyens de production importés deviennent

quasi-inaccessibles ou extrêment onéreux (le pétrole est rare et

coûteux).

- Dans ce contexte, l'économie dans son ensemble

con-naît une grave récession; le chômage s'accroît de manière

sensible et le niveau de vie moyen de la population se

dété-riore fortement.

---

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---?)ésorelre

ér:oho.,,,.i'l111e

llt't o '1t tl ,'d / ...

- Le pouvoir politique central se renforce dans le cadre

d'un régime dirigiste et corporatiste, qui impose et

con-trôle une économie de rationnement. De ce fait, des

mesu-res autoritaimesu-res et impératives sont prises en matière

d'or-ganisation de la production agricole et d'affectation des moyens de production.

Figure

Tableau  comparatif  des  4  scénarios  «  PAYSAGE  »  DU  SCÉNARIO   AGRI-CULTURE  INDUSTRIES   AGRO-ALIMENT AIRES   ENVIRON-NEMENT  Tendances Acteurs  principaux Structures Moyens Systèmes  Productions Résultats Rôle et  place Moyens et  structures Agric

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