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Organisations cognitives et apprentissage à distance

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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 Résumé

Les entreprises internationales cherchent à dépasser les paradigmes traditionnels d’unités de temps, de lieu et d’action en matière d’apprentissage. Les actifs immaté-riels, devenus stratégiques, modifient les relations au savoir et à l’information. Dans ce contexte, de nom-breux dispositifs pédagogiques à distance ont fait leur apparition. Ils participent pleinement aux débats sur les transformations organisationnelles des entreprises mondialisées qui doivent mettre à jour les connais-sances de leurs salariés. Les dispositifs d’apprentissage à distance contribuent-ils aux modifications des organi-sations cognitives ? Selon une démarche inductive appliquée à une série d’entretiens, un modèle a pu être ainsi élaboré. On constate que pour s’adapter aux varia-tions rapides de l’environnement les entreprises ne doivent pas simplement s’en tenir à l’accès de la con-naissance, en tout lieu, à tout moment, dès lors que l’apprentissage en temps réel devient une exigence critique pour les entreprises internationales.

Mots clefs: Apprentissage à distance, cohérence, réac-tivité managériale, performance, changement organisa-tionnel.

 Abstract

International businesses are trying to find an alternative to the traditional paradigmatic units of time, space and action which persist in the learning sphere. Immaterial assets have become strategic and the relationship to knowledge and information is thus changed. In this context, e-learning, which has emerged more slowly than expected, is becoming a real field of research in information system. It fully takes part to the organiza-tional transformations of globalize businesses. Are remote teaching devices capable of contributing to the evolution of cognitive organizations? According to an inductive approach applied to a series of interviews, a model may be singled out. It may thus be noticed that in order to succeed, businesses must not rely only on the access to knowledge anywhere and at any time. Indeed, the ability to adapt to the environment’s fast variations must be regarded as necessary to encourage the appropriation of frequent technological changes. Key-words: Distance learning, coherence, mana-gerial reactivity, performance, organizational change.

Organisations

cogni-tives et apprentissage à

distance

Cognitive

organiza-tions and distance

learning

Corinne Baujard

Maître de Conférences

Université Européenne de Bretagne (UBO) baujard.c@wanadoo.fr

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Introduction

La disparition progressive des frontières traditionnelles constitue désormais un enjeu majeur pour les entre-prises internationales qui cherchent à dépasser les pa-radigmes traditionnels d’unités de temps, de lieu et d’action en matière d’apprentissage. Confrontées à une multitude d’exigences, à des choix pédagogiques géné-ralement reliés à la poursuite d’un avantage concurren-tiel précis, elles encouragent une diversification des dispositifs utilisés. Toutefois, pour s’adapter aux varia-tions rapides de l’environnement, les pratiques mana-gériales doivent subir de fréquents changements tech-nologiques et réaliser dans le même temps des actions d’apprentissage associées aux nouveaux dispositifs. Les entreprises internationales ont pris conscience de la nature stratégique de leurs actifs immatériels s’imposant sur les marchés émergents au même titre que la technologie. Il n’est donc pas surprenant que l’apprentissage constitue désormais un enjeu straté-gique important dont l’évaluation devient une préoccu-pation essentielle de toute entreprise. Les technologies de l’information et de la communication contribuent aux ressources des formations mises en œuvre, aussi tout déploiement peut entraîner une remise en question des processus existants, ses modalités devenant des lieux d’apprentissage qui visent la maîtrise des chan-gements technologiques dans l’organisation du travail. Les entreprises espéraient déployer des formations standardisées susceptibles de former des milliers de salariés tout en réduisant leur durée. Les expériences technologiques en la matière ont néanmoins jusqu’à présent manqué de continuité, sans parvenir aux géné-ralisations souhaitées, précipitant parfois l’échec de projets pédagogiques homogènes. Les transformations organisationnelles capables d’anticiper les modalités de la technologie dans la formation, sont envisagées comme un « ensemble de concepts, de méthodes et d’outils utilisant les nouvelles technologies multimé-dias de l’Internet » (Conseil de l’Union Européenne, 2001). Dans une telle perspective, il existe cependant un risque de dispersion de projets pédagogiques lors du recours à une technologie déterminée.

Pour l’INSEE, le secteur de la formation à distance n’existe pas en tant que tel : si 90% de grandes entre-prises françaises disposent de modalités pédagogiques, moins de 20% des petites et moyennes entreprises l’ont adopté. Au total, la part des formations dispensées en ligne varie de 5 à 7% (Ifop.com 2005). Les organisa-tions n’en disposent pas moins « d’une marge de liber-té qu’elles utilisent de façon straliber-tégique dans leurs interactions avec les autres » (Crozier, Friedberg, 1977), sans parvenir à maîtriser efficacement l’inversion de la chaîne de valeur du dispositif de for-mation.

Les entreprises deviennent conscientes qu’il ne s’agit pas uniquement de stocker des informations, que l’enjeu réel consiste à construire collectivement des outils avant de proposer des actions de formation, tout en formalisant la stratégie d’apprentissage.

Si les entreprises demeurent très réactives aux exi-gences locales, des stratégies de plus en plus com-plexes dépendent de la capacité des salariés à les mettre en œuvre. Le rapprochement avec l’activité profession-nelle est lié à la simplicité d’utilisation. Aujourd’hui, des actions de formation privilégient des formes orga-nisationnelles qui ne cessent d’évoluer. Il n’en demeure pas moins que si l’apprentissage suscite de nombreuses interrogations en raison des mutations récentes de l’environnement technologique, peu de travaux se sont encore penchés sur les dispositifs pédagogiques liés aux transformations organisationnelles, alors que l’on assiste à une mobilisation de ressources technologiques valorisant une diversité de modes d’apprentissage. Dans cette perspective, il a été décidé de s’interroger sur le processus global d’apprentissage, afin d’envisager les conditions d’une réactivité managériale locale en la matière. Autrement dit, les dispositifs d’apprentissage à distance contribuent-ils aux modifi-cations des organisations cognitives ? Pour tenter d’y répondre, cette analyse souhaite compléter les travaux menés sur l’apprentissage afin de comprendre en quoi les interactions tirent profit de l’outil technologique et comment l’organisation adapte la technologie aux ob-jectifs stratégiques.

Tout d’abord, notre démarche cherche à réduire la dé-pendance de l’organisation envers son contexte techno-logique, tant déplorée par la communauté de cher-cheurs, pour envisager le cadre théorique (2). Une mé-thodologie inductive apparaît la plus à même de rendre compte de la diversité des contextes d’apprentissage (3). Si de nombreuses études font état de nouveaux modes d’organisation, peu d’analyses intègrent l’apport de la technologie dans la formation pour appréhender l’organisation, question pourtant essentielle. L’analyse des résultats sera discutée au regard des apports théo-riques et managériaux (4). La conclusion analyse la question méthodologique de l’objet d’étude retenu (5).

2 – Le cadre théorique.

Les travaux classiques ont montré différents niveaux d’apprentissage : organisationnel, groupe ou individuel qui contribuent à l’évolution des formes organisation-nelles. On aboutit alors à un ensemble de savoirs qui insiste sur l’apprentissage Une organisation cognitive est une construction ou une théorie qui permet d’affirmer qu‘elle apprend lorsque ses membres contri-buent à l’accroissement ou à la modification de cette construction. organisationnelle (Argyris, Schön, 1978).Tout d’abord, les processus de l’organisation à son environnement révèlent un ensemble de savoirs, de représentations qui peuvent être partagés entre connais-sance tacite et implicite et permettre un avantage con-currentiel durable (Nonaka, Takeuchi, 1995). Ensuite, les groupes transforment les dispositifs cognitifs qui sont eux-mêmes structurants pour l’apprentissage. Les nouvelles connaissances développées par les appre-nants révèlent la « dualité de la technologie » (Giddens, 1984). Les déterminants sociaux de l’utilisation don-nent du sens à l’apprentissage (Piaget, 1967). Enfin, les salariés évaluent la qualité du dispositif et préfèrent s’en tenir à des solutions éprouvées lorsqu’ils ont à faire face à des demandes complexes. Dans tous les

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cas, la technologie n’en n’est pas moins un dispositif construit par les acteurs. L’organisation est un disposi-tif de conversion d’une diversité d’apprentissages. L’apprentissage des solutions à distance peut ainsi être examiné autant en termes de la structuration des tech-nologies que du contexte social. Le travail devenu plus abstrait, plus intellectuel, fait appel fréquemment aux compétences d’expertise technique tendant à rappro-cher la formation de l’activité professionnelle. La for-mation ne repose plus sur le changement technolo-gique, mais intègre dans un même mouvement des niveaux de changement du processus formatif. L’individualisation de la formation se substitue pro-gressivement à une logique collective et devient un outil de management susceptible d’évaluer les res-sources de l’entreprise. Les compétences donnent une représentation des trajectoires professionnelles des acteurs (Reynaud, 1982).

Il apparaît que les transformations lors de la mise œuvre des technologies dans l’organisation résul-tent de la complexité des phénomènes sociaux. Dès lors qu’un positionnement interprétatif aide à comprendre les formes d’interactions avec le contexte social, une méthodologie inductive doit permettre de découvrir les changements pédagogiques des technologies organisa-tionnelles.

3 -Terrain et méthodologie

Notre positionnement oblige à dégager des concepts, découvrir des catégories pour donner une interprétation et une explication selon une comparaison constante entre les entreprises sélectionnées. Outre la collecte d’informations sur le terrain et afin d’éviter la critique méthodologique de « non représentativité du terrain et d’absence d’objectivité de la méthode » (Wacheux, 1996), on s’est également appuyé sur les informations obtenues lors de la participation à des congrès ou con-férences professionnelles.

On s’est s’appuyé sur la théorie enracinée (Grounded Theory) de Glaser et Strauss (1967). Après élimination des cas non pertinents, des entretiens exploratoires auprès d’un échantillon de quinze entreprises de sec-teurs d’activités variés ont été menés. L’échantillonnage prend en compte des secteurs d’activité variés de grands groupes dans les secteurs de l’assurance, de la banque, de l’industrie automobile, de l’énergie, des télécommunications et des transports de voyageurs. Les entretiens réalisés ont respecté la trian-gulation des données ; ils ont été découpés en unités d’analyse, puis progressivement comparés et regroupés dans une matrice de conditions. Une relation récursive des tendances observées du management des solutions technologiques a été mise à jour selon les logiques organisationnelles.

Cette démarche qualitative s’appuie sur trois types de codage. Le codage ouvert retranscrit les verbatims si-gnificatifs afin de déterminer des unités d’analyse. Le codage axial transforme progressivement les unités d’analyses en catégories et a servi à repérer les chan-gements organisationnels. Enfin, le codage sélectif

synthétise les relations entre les catégories et les élé-ments contextuels conduisant à repérer trois phases synthétisée dans une matrice de conditions.

-Phase d’induction : à partir de la collecte des données, nous repérons des catégories et leurs conditions de réalisation selon un codage ouvert : contexte

-Phase de déduction : nous expliquons les relations entre des faits et des causes selon un codage axial) : conditions explicatives.

-Phase de vérification : Nous relevons les consé-quences dans une logique de saturation selon un co-dage sélectif : conséquences.

La validité externe oblige à comparer les résultats ob-tenus à d’autres données disponibles. La validité in-terne donne une force opératoire aux résultats dès lors que les acteurs acceptent la méthode utilisée.

Le codage assure l’intégration des catégories au re-groupement inductif issu des catégories centrales. Les variables, reliées au contexte, permettent d’apprécier l’apprentissage à distance de l’entreprise en fonction de son environnement organisationnel. Malgré les particu-larismes des entreprises, une série de relations peut être identifiée à titre heuristique ; les variables contextuelles et technologiques servent de cadre de référence à l’organisation du travail, qui ne saurait être isolée de l’utilisation des outils par les acteurs.

Schéma 1 - Modèle de formation à distance

Le terrain a permis de faire émerger un modèle de for-mation :

- Le premier est lié au contexte organisationnel. L’approche inductive a permis de mettre en évidence la diffusion de savoirs qui joue un rôle déterminant entre les partenaires concernés.

- Le deuxième tient compte des interactions sociales au dispositif technologique.

- Le dernier porte sur l’apprentissage dont la représen-tation de la formation à distance dépend de son utilisa-tion en situautilisa-tion professionnelle.

Les organisations tiennent compte des contextes con-currentiels au regard des solutions adoptées ; les repré-sentations détectées participent à l’ajustement de la

Relations Savoirs Technologie Performance sociale Relations Savoirs Technologie Performance sociale

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technologie selon un environnement riche de sens vers la capitalisation des savoirs ; dont l’intégration des compétences intervient selon des combinaisons variées d’utilisation de la technologie qui peuvent avoir des impacts négatifs sur la formation. Dans cette combinai-son, les savoirs et les relations repérées selon l’utilisation de la formation à distance constituent des indicateurs de la performance sociale.

4 – Résultats et discussion

Notre recherche a permis de dégager trois profils d’entreprise qui peuvent parfois se combiner.

- Il existe d’abord, des entreprises qui valorisent les fonctionnalités du dispositif à visée pédagogique. L’accès au réseau des ressources standardisées en juste à temps diffuse des informations entre les partenaires de l’environnement. L’importance des objectifs pour-suivis, des logiques d’apprentissage, selon les formes organisationnelles existantes. Afin de minimiser les risques d’adaptation de l’organisation à son environ-nement, la formation devient un outil de management au service de la stratégie de l’entreprise.

« Notre nouveau modèle de formation à distance bâti à partir de l’environnement concurrentiel a pour ambi-tion d’anticiper les besoins futurs et d’apporter une amélioration des compétences » (org. 16).

Des ressources spécifiques sont mobilisées dans les dispositifs qui confortent la détection des compétences et des connaissances dont l’entreprise a besoin. Les dirigeants communiquent largement autour des résul-tats d’apprentissage (gain de temps), n’hésitent pas, le cas échéant, à modifier les choix technologiques ini-tiaux.

Ensuite, d’autres entreprises alimentent le système de formation selon un agencement de relations pédago-giques (Girin, 1995). Le partage des connaissances lors de la résolution de problèmes en situation de travail s’inscrit alors dans des projets transversaux censés transformer l’organisation. L’avancée technologique dans la formation favorise des fonctionnalités collabo-ratives entre les acteurs (Akrich, Callon, Latour, 1988). « L’appropriation de la formation à distance par les apprenants se réalise selon un parcours de besoins qui apparaît comme une nouvelle voie de formation » (org. 12). « C’est plutôt un déploiement progressif qui a été adopté parce que le e-learning est une décision straté-gique au sein de l’organisation » (Org.6).

Enfin, on repère une dernière série d’entreprises où les salariés refusent les nouvelles formations structurées par l’informatique : « Un des critères concerne l’utilité du e-learning, l’échec a un effet psychologique sur les salariés impliqués dans leur entreprise. Notre souhait est de transformer l’apprentissage informel en appren-tissage» (Org. 11). « tout doit être mis en œuvre pour éviter le rejet, pas question de [diffuser] la technologie sans accompagnement (Org. 18)

A quoi sert de mettre en place une formation e-learning si les salariés n’ont pas la motivation et refusent de se l’approprier en raison du taux important d’abandon. Un équilibre doit être trouvé entre la performance sociale et l’environnement cognitif de l’organisation soucieux des besoins des salariés. Les solutions adoptées font état d’une diversité de pratiques de formation à l’égard de la complexité de l’environnement.

En effet, Dans certains cas, la formation à distance prend en compte les contraintes organisationnelles. Dans d’autres cas, la formation délimite les contraintes liées à une organisation réactive souhaitée par la direc-tion sans répondre à la diversité des situadirec-tions rencon-trées par les utilisateurs. Ainsi, un agencement de tech-nologies organisationnelles identifie les difficultés rencontrées par les organisations.

Lorsque les entreprises travaillent en équipe mondiale, la e-formation renforce les relations stratégiques entre les divers partenaires du système social d’entreprise. L’intérêt managérial demeure incertain. Les dispositifs techniques (Latour, 1994) permettent de relier les ac-teurs entre eux, susceptibles de créer des avantages sur les marchés émergents. Lorsque les entreprises travail-lent en espace de travail collaboratif, l’apprentissage se construit dans les interactions ; le dispositif amplifie le rôle d’apprentissage. La formation individualisée sur poste de travail ou en centre de ressources valorise la trajectoire professionnelle des salariés ; le réseau d’affaires devient un facteur de régulation des savoirs partagés.

Il n’en demeure pas moins que notre recherche com-porte des limites inhérentes aux perspectives retenues. La généralisation des résultats dans une démarche in-ductive n’est jamais aisée. Certes, les entretiens se rap-prochent de l’observation, mais il ne faut pas exagérer la réalité managériale non observable qui voudrait que la forme organisationnelle soit un élément déterminant de la formation à distance, au risque sinon d’oublier les dispositifs technologiques. Si la confrontation aux faits est essentielle, il est toujours difficile d’accepter la réalité managériale dans toutes les situations où elle s’applique. L’entreprise cherche toujours le lien qui existe entre la gestion des relations de son environne-ment et la performance organisationnelle, ce qui la conduit le plus souvent à adopter une perspective stric-tement instrumentale de sa propre stratégie. L’évaluation de la formation doit pourtant tenir compte de la portée du bouleversement des ressources techno-logiques par l’activité propre à chaque entreprise ; seul un examen des interactions sociales permet d’accorder à l’apprentissage organisationnel toute sa portée insti-tutionnelle. Une graduation dans les théories ne facilite pas l’observation : les dispositifs visés n’aboutissent pas toujours au degré de transformation attendu par les organisations. Il est donc particulièrement difficile d’établir des constats crédibles au-delà d’une démarche qualitative.

Dans un environnement instable, l’apprentissage orga-nisationnel est un facteur d’avantage concurrentiel. Mais des différenciations peuvent être opérées selon les organisations en cause. Dans les entreprises en équipe mondiale, la formation est évaluée selon l’apport stra-tégique par rapport aux autres méthodes d’apprentissage. Dans les entreprises en espace de tra-vail collaboratif, la formation sensibilise les salariés aux valeurs des changements opérés pour apprécier la vision stratégique des organisations. Les technologies de l’information et de la communication renvoient aux métiers de l’entreprise. En général, tout déploiement induit de nouveaux modes de travail en réseau collabo-ratif pour capitaliser des connaissances. C’est ainsi que les entreprises prennent progressivement conscience des difficultés de mise en œuvre des formes organisa-tionnelles de la technologie, qu’elles choisissent

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sou-vent des solutions mixtes classiques et à distance qui obligent à s’interroger sur les dispositifs d’apprentissage liés aux impératifs de performance sociale contradictoire.

En tout cas, on constate que pour réussir les entreprises ne doivent jamais s’en tenir à une vision locale de l’apprentissage. Elles doivent raisonner selon une ap-proche globale, prendre en compte les relations, les savoirs, la technologie. Autant dire que les fonctionna-lités doivent toujours privilégier la dimension humaine aussi bien individuelle que collective.

Aussi, au moment où l’immatériel prend une place de choix dans la gestion des entreprises, la technologie est un facteur de risques évidents pour le changement pé-dagogique. De nombreuses perspectives d’action révè-lent également que même si la formation constitue traditionnellement un lieu privilégié d’apprentissage, les solutions technologiques dépendent autant des ni-veaux d’apprentissage que de la diversité des formes organisationnelles.

5 - Conclusion

L’articulation du global et du local est un aspect dis-tinctif des changements pédagogiques qui permettent deux démarches de mises en œuvre des technologies organisationnelles. Soit, elles alignent l’apprentissage sur la stratégie, soit elles construisent la stratégie sur les technologies. Ainsi, on distingue bien les éléments du système social (organisation, collectif, individu). Mais, il est bien plus délicat de se prononcer sur la cohérence d’une telle démarche. La modélisation est toujours délicate à maîtriser.

Laisser trop de place à l’intuition dans les concepts mobilisés au détriment de théories développées anté-rieurement risque de ne produire que de simples opi-nions, il est nécessaire d’élaborer une situation indé-terminée plutôt que de chercher seulement la « vérité ». L’interrogation ne doit pas s’évaluer au regard de sa crédibilité, mais aussi au regard de la pertinence des connaissances produites, afin de répondre aux besoins des organisations. Le risque de s’éloigner de la pratique managériale n’en est pas moins toujours présent. Sur une question trop longtemps émergente, traitée comme une mode managériale, le vrai problème posé par la formation a distance est de permettre une meil-leure prise en compte de compétences sociales, colla-boratives et techniques dans le but de répondre à un apprentissage en mutation rapide conforme aux con-traintes spécifiques de la formation professionnelle en entreprise.

Autrement dit, les dispositifs d’apprentissage à dis-tance contribuent-ils aux modifications des organisa-tions cognitives ? Les entreprises qui alignent leur poli-tique de formation sur les objectifs internationaux adoptent des politiques d’intégration mondiales, et dans le même temps font preuve de réactivité au niveau local. Loin d’être isolées, les ressources technologiques tendent à transformer l’apprentissage individuel en compétence collective dans les pays où les entreprises sont localisées. Des formes influentes d’interactions présentent des risques pour la coordination de l’organisation. L’utilisation pertinente des ressources

n’en nécessite pourtant pas moins la mise en place de dispositifs de gestion de plus en plus élaborés. Les entreprises tentent d’encourager le dépassement des schémas traditionnels pour établir des partenariats étendus. C’est ainsi que le management du changement organisationnel (Duper, 1983) découle de régulations sociales liées à la flexibilité de la formation.

Pour le moment, il semble que des modèles d’apprentissage à distance sont encore à réinventer. Que faire à l’avenir ? Ne retenir qu’une seule technolo-gie est souvent une erreur qui risque de modifier la performance organisationnelle.

En tout cas, nos recherches actuelles révèlent que dans tout projet d’apprentissage, ce n’est pas la technologie qui est en cause mais les structures sociales dans les-quelles s’insèrent les acteurs. Autant dire que les chan-gements pédagogiques et technologiques dépendent plus que jamais de la dimension humaine surtout, lors-que le changement pédagogilors-que en temps réel devient une exigence critique, pour les entreprises internatio-nales.

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