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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Livres documentaires de science : contenu conceptuel, codes linguistiques et relations communicatives

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Academic year: 2021

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LIVRES DOCUMENTAIRES DE SCIENCE :

CONTENU CONCEPTUEL, CODES LINGUISTIQUES

ET RELATIONS COMMUNICATIVES

Vassilia HATZINIKITA *, Vassilia HRISTIDOU**

*

Université d’Egée, **Université de Thessalie

MOTSCLÉS : LIVRES DOCUMENTAIRES DE SCIENCE ACTE COMMUNICATIF

AGENCEMENT DU CONTRÔLE

RÉSUMÉ : L’analyse des textes contenus dans le livre Agenda 21 pour les enfants révèle les

différentes tendances qui les caractérisent suivant la spécialisation du contenu conceptuel, la formalité du code linguistique et la délimitation à laquelle l’élève lecteur est sujet.

ABSTRACT : The analysis of the texts included in the book Agenda 21 for children shows the

different trends which characterize them according to the specialization of the conceptual content, the formality of the linguistic code, and the framing established for the reader-student.

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1. INTRODUCTION

Cette étude a pour but de présenter l’analyse et le commentaire du matériel textuel du livre Agenda

21 pour les enfants : Opération de sauvetage : Planète Terre (1995). L’intérêt est basé d’une part

sur l’utilisation fréquente faite par les enseignants de livres documentaires, complémentaires aux manuels scolaires, et d’autre part sur le fait que ces livres constituent une des sources d’information et de renseignement des élèves. Un des facteurs décisifs concernant le choix de ce livre a été son inclusion dans la catégorie thématique des livres sur l’Environnement. Dans la mesure où l’environnement, après la médecine, est le domaine qui mobilise le plus l’intérêt des Européens (Eurobaromètre, 2001), nous supposons que les livres sur l’Environnement connaissent un succès analogue auprès du public général, qui peut-être est reflété sur le public des élèves. Le second facteur qui a déterminé notre choix est lié à l’actualité et à l’importance des thèmes traités par le livre pour l’enseignement relatif à l’environnement, puisqu’il s’agit des thèmes de l’Agenda 21 (Knapp, 2000).

2. CADRE ET MÉTHODE D’ANALYSE

L’analyse du matériel textuel du livre comprend trois dimensions : (a) l’examen du degré de spécialisation du contenu des textes par rapport au savoir scientifique, (b) l’examen du degré d’élaboration et d’abstraction du code linguistique employé pour exprimer le contenu (formalité du code linguistique), et (c) l’examen du degré de contrôle et d’implication des relations communicatives qui ont tendance à se former entre le texte et l’élève lecteur (détermination de l’agencement du contrôle dans l’acte communicatif). L’analyse du matériel textuel est basé sur le cadre de l’analyse et sur les outils développés par Sklaveniti (2002) pour l’analyse des manuels scolaires de sciences physiques, qui ont prouvé leur opérationalité dans l’analyse des textes techno-scientifiques de la presse quotidienne (Dimopoulos, 2002). Les variables utilisées dans l’étude des dimensions citées sont présentées sous une approche qui agence des aspects épistémologiques et socio-sémiotiques.

2.1 Spécialisation du contenu

Chaque unité textuelle analysée a été examinée suivant la spécialisation de son contenu par rapport au savoir scientifique. Une unité de texte est considérée présenter une spécialisation forte lorsque son contenu appartient au champ du savoir scientifique. Au contraire une unité est caractérisée par une spécialisation faible (a) lorsque son contenu appartient au champ du savoir quotidien, (b)

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lorsqu’elle se réfère (même de façon élaborée) à des connaissances qui appartiennent à un champ autre que celui des sciences physiques (par exemple à des sujets relevant de la politique environnementale ou de l’éthique) ou (c) lorsqu’elle constitue une combinaison de ces deux éléments.

2.2 Formalité du code linguistique

Les sciences physiques emploient des codes linguistiques dans l’expression de leur savoir. Les caractéristiques principales des codes de haute formalité sont l’emploi d’une terminologie scientifique, de groupes nominaux et de la voix passive des verbes, la complexité de la structure syntaxique (Sklaveniti, 2002) et l’usage limité d’un discours métaphorique. Ces caractéristiques constituent cinq indicateurs qui mesurent le degré de formalité des unités textuelles. Les quatre premiers ainsi que les valeurs possibles prises par chacun d’entre eux ont déjà été présentés dans l’étude de Koulaidis et al. (2001). Seul le cinquième indicateur de formalité sera traité dans le texte présent. La métaphore, en tant que forme de langage non littérale, est souvent utilisée pour rendre plus explicite un domaine conceptuel qui n’est pas familier (domaine-cible) en se basant sur un autre domaine conceptuel considéré familier au lecteur (domaine-base). La métaphore projette une partie de la structure du domaine de base connu sur le domaine-cible en isolant les particularités, les fonctions ou les rapports qui sont semblables à chaque domaine. La métaphore est supposée faciliter la compréhension du nouveau. Plus le texte a recours à des métaphores, plus le degré de formalité du code linguistique s’affaiblit. Ce 5e indicateur de formalité peut prendre trois valeurs : 3 – la valeur maximale – quand l’unité textuelle ne contient aucune métaphore, 2 – la valeur moyenne – quand elle contient une à deux métaphores, et 1 – la valeur minimale – quand elle utilise au moins trois métaphores. La valeur de l’indicateur de formalité de chaque unité textuelle est constituée par la somme des valeurs des cinq indicateurs (terminologie scientifique, groupes nominaux, complexité syntaxique : conjonctions de subordination / de coordination, voix employée des verbes : voix active/passive, métaphores). Lorsque la somme obtenue est comprise entre 13 et 15, le code linguistique du texte est considéré élaboré (formalité forte). Au contraire lorsque la somme obtenue est comprise entre 5 et 8, le texte se rapproche de la langue écrite quotidienne (formalité faible). Un texte où la somme des cinq indicateurs est comprise entre 9 et 12 présente une formalité moyenne.

2.3 Contrôle de l’acte communicatif

La langue écrite constitue un système sémiotique qui représente des concepts et des objets tout en formant des relations sociales entre le texte et l’élève lecteur. Le concept de délimitation de Bernstein (“framing”, 1990) est un outil opérationel dans l’étude de ces relations établies. La

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vigueur de cette délimitation est déterminée par le degré de contrôle détenu d’une part par l’auteur du texte et d’autre part par l’élève lecteur durant la formation de cette relation communicative. Une délimitation forte va de paire avec des choix restreints pour le lecteur, alors qu’une délimitation faible avec une vaste gamme de choix (Sklaveniti, 2002). Le concept de délimitation peut aussi être perçu à travers les rapports de pouvoir formés par le texte ainsi qu’à travers le degré d’implication accordé par le texte au lecteur. Ces fonctions du texte peuvent être analysées au moyen de certaines caractéristiques grammaticales présentées par le texte. Notamment le type de proposition qui est utilisé révèle les rapports de pouvoir exercés par le texte en tant que transmetteur de savoir (proposition déclarative : 1, proposition interrogative : 2, proposition impérative : 3), alors que le sujet du verbe révèle le degré d’implication du lecteur (3e personne du singulier ou du pluriel : 1, 1e ou 2e personne du pluriel : 2, 2e personne du singulier : 3) (Sklaveniti, 2002). La somme des valeurs représentant les rapports de pouvoir et les rapports d’implication nous donne un ordre de grandeur respectif de la délimitation totale correspondant à chaque unité textuelle analysée. Notamment si la valeur finale de la délimitation est comprise entre 2 et 3, elle est caractérisée faible, alors que si elle est comprise entre 4 et 6, elle est caractérisée forte.

2.4 Unités d’analyse

53 unités textuelles, appartenant à 18 chapitres au total, ont été analysées. Chaque unité textuelle appartient à un des types suivants :

(a) Textes de l’«Agenda 21 » : Les textes de ce type se trouvent souvent en début de chapitre pour présenter brièvement le problème environnemental qui fait l’objet du chapitre. Il existe également des textes qui se réfèrent à l’Agenda 21 à l’intérieur des chapitres, mais qui en sont général des encouragements à adopter des solutions qui pourraient résoudre un problème environnemental ou qui citent les buts à atteindre pour arriver à sa solution. Il faut noter que les textes qui se réfèrent à l’« Agenda 21 » constituent une recontextualisation vulgarisée et non pas des extraits du texte original.

(b) Textes des experts : Ce type de texte constitue la grande majorité du matériel textuel du livre. Ils ont pour but de présenter des informations relatives à la description, à la détermination et à l’explication des problèmes environnementaux traités. Ces textes sont parfois anonymes (ils sont alors écrits par l’équipe de rédaction du livre) et parfois (mais moins souvent) rédigés par des groupes d’écologues.

(c) Textes des non experts écrits individuellement ou collectivement : Le nom de leur auteur, qu’il s’agisse d’une personne ou d’un groupe d’auteurs, est alors toujours mentionné. Leur contenu diffère largement des deux types de texte précédents par le fait qu’ils comprennent des expériences vécues, des témoignages ou des références à des valeurs morales ou à des sentiments relatifs à la

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façon dont différentes personnes peuvent vivre ou concevoir les problèmes environnementaux traités. Ces textes sont écrits en prose ou en vers.

3. RÉSULTATS - CONCLUSIONS

L’analyse des différents types de textes contenus, suivant les critères de la spécialisation du contenu, la formalité du code linguistique et la délimitation exercée par le texte par rapport à l’élève lecteur, permet de révéler les différentes tendances qui les caractérisent par rapport aux dimensions présentées ci-dessus (voir Tableau 1), ainsi que les catégories de lecteurs formées par ces textes.

Spécialisation du contenu conceptuel

Formalité du code linguistique

Délimitation Type de texte Spécialisé Non spécialisé Forte Moyenne Faible Forte Faible

Textes de l’Agenda 21 8 10 4 11 3 8 10

Textes d’experts 6 11 0 17 0 2 15

Textes de non experts 0 18 1 9 8 1 16

Total 14 39 5 37 11 11 41 _2 = 10.16 df = 2 0.001 < _2 <0.01 _2 = 16.97 df = 4 0.001 < _2 < 0.01 _2 = 9.12 df = 2 0.01<_2 <0.02

Tableau 1 : Calcul du degré de spécialisation du contenu, de la formalité et de la délimitation des divers types de texte du livre Agenda 21 pour les enfants (1995)

(a) Les unités de texte qui se réfèrent à l’« Agenda 21 » introduisent de façon dense, explicite et dépouillée le problème environnemental traité dans chaque chapitre. La précision et l’économie du discours, nécessaires à cette fonction, sont facilitées par une spécialisation forte du contenu ainsi que par l’emploi d’un code linguistique hautement formel, qui ont tendance à caractériser les textes de ce type. Ces textes ont donc tendance à introduire le lecteur au champ ésotérique du savoir scientifique, et considèrent le lecteur de façon paternaliste en lui offrant une gamme de choix limitée.

(b) Les textes écrits par des groupes ou par des individus non experts ont tendance à être caractérisés par un contenu non spécialisé et par un langage écrit simple et quotidien, c’est-à-dire par un langage de formalité faible. Ces éléments sont sans doute associés aux buts poursuivis par les textes de ce type, qui ne sont pas explicatifs ou informatifs. Ces textes relèvent du domaine des attitudes et de la sensibilisation puisqu’ils se réfèrent souvent à des témoignages, des expériences vécues et à des sentiments éprouvés par des individus ou par des groupes. Par conséquent les textes de non experts forment un profil de lecteur qui reste en dehors du champ ésotérique du savoir scientifique, et lui offrent des possibilités accrues de contrôle dans la relation communicative.

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(c) Les textes d’experts ont pour mission d’expliquer le problème posé par le passage qui se réfère à l’« Agenda 21 », en analysant ses causes, ses conséquences et ses mécanismes. C’est dans ce but qu’ils font souvent emploi de métaphores qui ont pour résultat l’atténuation de la formalité du code linguistique par rapport aux textes du type précédent. Cependant nous ne pouvons pas dans les textes d’experts distinguer de tendance nette vers une spécialisation du contenu, fait qui prouve que ces textes ne traitent pas toujours les problèmes environnementaux de façon spécialisée, mais peuvent contenir des inexactitudes conceptuelles dans les explications. De même nous ne pouvons pas non plus distinguer de tendance nette concernant la gamme de choix offerte au lecteur, et le résultat est que ces textes ne semblent pas former une catégorie particulière de lecteurs.

BIBLIOGRAPHIE

EUROBAROMETER, Les Européens, la science et la technologie, Commision Européenne, Direction Générale Recherche, 2001.

KNAPP D., The Thessaloniki Declaration : A wake-up call for environmental education ?, The

Journal of Environmental Education, 2000, 31(3), 32-39.

KOULAIDIS V., DIMOPOULOS K., SKLAVENITI S., HRISTIDOU V., Les textes

techno-scientifiques dans le domaine public, Athènes : Metaihmio, 2002.

KOULAIDIS V., HATZINIKITA V., SKLAVENITI S., Quels sont les types de textes produits par les élèves en classe de sciences physiques ?, in A. Giordan, J. L. Martinand et D. Raichvarg (Eds),

Actes des XXIIIes J.I.E.S., France : UF de Didactique/Université Paris VII, 2001, 293-298.

CENTRE INTERNATIONAL « LES ENFANTS DE LA PAIX », ONU, Opération de sauvetage :

Figure

Tableau 1 : Calcul du degré de spécialisation du contenu, de la formalité et de la délimitation des divers types de texte du livre Agenda 21 pour les enfants (1995)

Références

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