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Rupture et continuité des techniques préhistoriques : que nous enseignent l’anthropologie et l’histoire des techniques ?

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Academic year: 2021

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HAL Id: halshs-02063053

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Submitted on 12 Mar 2019

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Rupture et continuité des techniques préhistoriques :

que nous enseignent l’anthropologie et l’histoire des

techniques ?

Sophie A. de Beaune

To cite this version:

Sophie A. de Beaune. Rupture et continuité des techniques préhistoriques : que nous enseignent l’anthropologie et l’histoire des techniques ?. Jacques Jaubert; Nathalie Fourmenet; Pascal Depaepe. Transitions, ruptures et continuité en Préhistoire / Transitions, Rupture and Continuity in Prehistory, 1, Société préhistorique française, pp.41-45, A paraître. �halshs-02063053�

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SophieA.deBEAUNE

Rupture et continuité

des techniques

préhistoriques : que nous

enseignent l’anthropologie

et l’histoire des techniques ?

Résumé :

Dans ce court texte introduisant les articles présentés dans la session, est réexaminée la validité des théories générales un peu trop déterministes qui lient le progrès au milieu technique et environnemental. L’auteur réévalue la pertinence de notions comme « culturel » ou « chrono-culturel » qui consistent trop souvent à assimiler un bagage technique donné à un groupe humain particulier. Elle suggère qu’il faut peut-être envisager de sortir du carcan des explications culturalistes à l’instar d’historiens comme Michel de Certeau ou Paul Veyne et de quelques ethnologues qui insistent sur la part de l’invention individuelle. Par ailleurs, l’exploitation de pistes ouvertes par l’histoire des techniques pourrait déboucher sur une meilleure compréhension des mutations techniques, qu’elles résultent d’inventions ou d’emprunts. Cette histoire nous apprend ainsi que lors-qu’un savoir technique circule, il est bien souvent adapté et modifié et subit par conséquent une transformation au cours de sa transmission ; ou encore que lorsqu’un groupe humain se déplace, on constate généralement des circulations multiples de techniques et de savoir-faire. L’anthropologie pour sa part montre qu’on ne peut réduire les techniques à la satisfaction des besoins vitaux et l’objet (ou l’outil) au besoin pour lequel il a été conçu.

Mots-clés :

Mutation technique, Savoir-faire, Invention, Emprunt, Anthropologie, Histoire des techniques.

Abstract:

Rupture and Continuity in Prehistoric Techniques: What Can We Learn from Anthropology and the History of Techniques? – This brief

introductory text to the articles presented in this session re-examines the validity of over-deterministic general theories which link technical progress to the environment. It reevaluates the relevance of notions such as “cul-tural” or “chrono-cul“cul-tural”, too often consisting of attributing given technical attributes to a particular human group. The author suggests leaving behind the numerous cultural explanations, as have the historians Michel de Certeau or Paul Veyne, as well as several ethnologists, who underline the role of individual invention. Examining pathways opened up by studying the history of techniques may result in a better understanding of technical mutations, whether they are the result of inventions or are

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42 SophieA.deBEAUNE

borrowed from elsewhere. This view of history shows us that when technical knowledge moves through society, it is often adapted and modified, and therefore is transformed in the course of its transmission. Similarly, when a human group moves, there is generally multiple circulations of techniques and know-how. Anthropology shows that techniques cannot be reduced to a fulfillment of the vital role for an object (or tool) in relation to the need for which it was conceived.

Key-Words:

Technical mutation, Know-how, Invention, Borrowing, Anthropology, History of techniques. SelonBertrandGille,lesystèmetechniqued’une sociétéformeunensemblecohérentd’élémentsdépen-dantslesunsdesautres,cequisupposeunniveau commundeprogressiondechacuned’elles.Pourlui, lesystèmetechniquesedéveloppejusqu’àatteindreun état d’équilibre et il suffit qu’un élément du système manqueàl’appelpourbloquerl’ensembleetempêcher unpassageàunprogrès.Illieleprogrèstechniqueaux rythmesdémographiquesetendéduitqu’enpériode destabilitééconomiqueetdémographique,ilestpeu probablequelestechniquesseperfectionnent.André Leroi-Gourhanadéveloppél’idéecomparabled’un milieutechniquecontinuetstablerésultantd’unparfait équilibreentrelesmoyenstechniquesetlesbesoinsdu groupe.Ilaenparticulierinsistésurlefaitqu’un emprunttechniquenepouvaitsefairequ’entregroupes deniveauxvoisins.Lecaractèretrès(trop?)général decesthéoriesn’apasencouragéleurapplicationà descasconcrets.Cesthéoriesméritentd’êtreréexami-néesdanslebutd’enfairedesinstrumentsderecherche plus efficaces, ce qui implique le choix d’exemples les plusconcretspossibles.

Cesétudesdecaspeuventportersurl’outillui-même qui est susceptible de subir des modifications à l’un ou l’autre stade de la chaîne opératoire dans laquelleilestimpliqué(acquisition,modalitésd’utili-sation,consommation).D’autresexemplespeuvent concernerdesréalitéstechniquesmoinstangiblestelles quedesstratégiesd’exploitationduterritoireouencore desprocédésdechasse.Lesdonnéesdelapréhistoire montrentbienquesicertainestechniquespeuvent paraîtretrèsstablespendantdelonguespériodes,elles finissent toujours par subir des mutations (invention ouempruntdel’extérieur).Quel’onattribuecesmuta-tionstechniquesàdespousséesdémographiques,àdes modifications de l’environnement ou à des influences extérieures,ilestindéniablequeceseffetsderupture sontparticulièrementintéressantspourlespréhisto-riens.Desexemplespassésetprésentsdetelseffetsde rupture,ouaucontrairedecontinuité,prisdansle registreethnographique,archéologique,voirehisto-rique,ferontl’objetdecettesession. Lesnotionsde«culture»etde«découpagechro-nologique»méritentpeut-êtred’êtrerepenséesàla lumièredecequenousapportentlesautresdisciplines. Ilenestdemêmepourlanotionde«révolutiontech-nique»(cf.Sigautcevolume).

La notion de « cuLture » 

et de marqueur « chrono-cuLtureL »

Onsaitcombienlanotionde«culture»estomni-présentechezlespréhistoriensqui,parcommodité, regroupentsouscetermeledénominateurcommunqui caractériseunensembledesitesoudeniveauxde plusieurssitesprésentantlamêmeassociationdeves- tiges.Àpartirdecesvestigeslesplussouventmaté-riels,onendéduitquedesgroupesdisparaissent,se développentouapparaissent.Pourlespériodespaléo- lithiqueslesplusanciennes,cesvestigessontessen-tiellementlesoutillagesenpierretaillée.Àpartirdu Paléolithiquesupérieur,ondisposededavantaged’élé-ments diagnostiques (outillages plus diversifiés en pierremaisaussienmatièredureanimale,données concernantlesmanifestationsartistiques,lessépul-tures,laparure,l’habitat,l’exploitationdumilieu…). Pourlespériodesplusrécentes(àpartirduNéoli- thique),lesdonnéessontencoreplusvariées:implan-tation de l’habitat, formes de maison, sépultures, mobiliers(céramiqueenparticulier),économie…

Onconsidèreparexemplequelesproduitscérami-ques,entiersoufragmentaires,sontdebonsmarqueurs culturels et chronologiques au Néolithique car ils présententdesdistinctionsd’ordretechniqueetmor-phologiqueparticulièreàchaqueculture.Fragiles,les poteriesontuneduréedevieassezcourteetsont fréquemmentrenouvelées.Unautrecasde«marqueur culturel » est celui des pointes de flèche mésolithiques. Lesloisdelabalistiquefontquelescontraintestech-niques régissant la forme des pointes de flèches sont fortes;ellesdoiventêtrelégères,doncdepetitetaille, avoirunebonneforcedepénétrationetêtrearmées parconséquentd’uneextrémitévulnéranteetdiscrète, toutesconditionsquiluipermettentdeconserver,au termed’unetrajectoiredeplusieursdizainesdemètres, une vitesse initiale élevée. Malgré toutes ces contraintes,onnoteunetrèsgrandevariétédeleurs formes ; c’est pourquoi ces pointes de flèches ont été considéréescommedesmarqueursdetraditionoudes indices de mutation, susceptibles de permettre de reconnaîtredesensemblesculturels.Cettedéduction paraît d’autant plus convaincante que ce sont des armesquiseperdentfacilementetquisontdoncà renouvellementrapide.

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Or,troisremarquess’imposentici.Mêmesicer-tainesd’entreellespeuventparaîtreévidentes,elles méritentd’êtrerappelées:

- en premier lieu, nous ne disposons que d’une infime partiedubagagematérieldecespopulations,d’autant plusréduitequel’onreculedansletemps.Deplus, toutcequiestpartagéparlesmembresd’unemême sociétéetquel’onpeutregroupersousleterme général «d’us et coutumes» est évidemment en grandepartieimmatérielethorsdeportéedesarchéo-logues.Ilestdonchasardeuxdedéduiredequelques différencesmatériellesquenoussommesenprésence depopulationsdistinctes; - secondeévidenceàrappeler:lesdécoupageschrono-culturelsdespaléolithiciensaujourd’huienvigueur sontbasésprincipalementsurlatypologiedesoutils enpierretailléeetdel’outillageenmatièredure animale;or,leshistoriensdestechniquessaventtrès bienquecertainsoutils–enparticulierceuxdontla formeestparfaitementadaptéeàleurfonction–n’ont aucuneraisond’évolueretnedisparaissentdoncpas nécessairementdemanièreconcomitanteparrapport auxautreschangementssociétaux1.Iln’yadoncpas forcémentadéquationentreévolutiontechniqueet évolutionculturelled’unesociété.Unseulexemple, la«culturematérielle»delaGaulenechangepas radicalemententreleIersiècleavantetleIersiècle

aprèsJ.-C.malgréunchangementpolitiquemajeur pourlesraisonsquel’onsait;

- enfin, s’il est vrai que l’on observe parfois des dif-férencesmarquéesentreobjetsdemêmefonction (ex. des décors céramiques et des pointes de flèche), ilestpeut-êtrehâtifd’accorderàcesdifférencesune fonctiondemarqueurculturel.Celapeuteffective-ment être le cas, et répondre à une volonté affichée desedémarquerdesesvoisins,notiontrèsdéve-loppéeparPierreLemonnier,maiscelapeutaussi êtredûàd’autrescauses.Ilpeuteneffetexisterdes variationsimportantesdansunemêmeentitécultu-relle(ex.chezlesTouaregsdelarégiond’Agadez, enplusdespilonsdeboisprésentspartout,ontrouve desmeulesdepierredansquelquescampements,où leurprésenceestsimplementdueàunehabitude familiale).Cesontlesfameux«degrésdufait»qui s’éloignentleplusdela«tendance»d’AndréLeroi-Gourhan.Ilfautaussipenserqu’ilpeutyavoirune partdecréativitéindividuelleetquetoutn’estpas forcémentd’ordreculturel.Ondoitd’autantplus insistersurcepointàunmomentoù,aprèsdeshis-torienscommeMicheldeCerteauouPaulVeyne, quelques ethnologues s’efforcent enfin de sortir du carcandesexplicationsculturalistesetinsistentsur lapartdel’inventionindividuelle:leshommesne sontpastoujoursetpartoutprisonniersdeleurhéri-tageculturel(cf.parexempleBazin,2008).

Cestroisremarquesenengendrentdeuxautres: - un outil peut fort bien être présent pendant très

longtempsettraverserlespériodeshistoriquessans modification majeure. Ainsi, l’hameçon en bronze quifaitsonapparitionàl’Âgedumêmenom…est restépratiquementinchangéjusqu’auXVIIIesiècle.

Onconstateparfoislamêmechosepourlespériodes plusrécentes:lafaux«moderne»estattestéedès leHautMoyenÂge.Ils’estcertesproduitunecer-taine diversification des outils, parfois même poussée,maisleurs«principes»sontrestésàpeu prèsidentiquessurdetrèslonguesdurées.Certains outilsenferinventésauVIes.av.J.-C.ontpeu

évolué jusqu’au Moyen Âge. Les diversifications quiinterviennentsontparfoisduesàdesadaptations locales,parfoisàdesinnovationsdanslamétallurgie elle-même.Ilestclairparexemplequelabaissedu prixduferafavoriséleremplacementdelabêche àlameenbois,ferrée,parlabêcheàlametouten fer; - unchangementtechniquemajeur,commel’invention del’agriculture,n’estpasnécessairementaccompagné de nouveaux outils; bien souvent ces outils lui préexistaient.Ilenestainsidesoutilsdestinésà l’exploitationdescéréalescultivéesquin’ontpas étéinventésauNéolithiquepuisqu’ilsexistaientdéjà au Natoufien où ils servaient à l’exploitation des céréalessauvages,voireantérieurementpourcertains d’entre eux comme les meules, attestées dès le Paléolithique supérieur (de Beaune, 2008). Cela signifie que les ruptures ne sont pas toujours là où onlesattend. Ilsembledoncqu’ilfailleréexaminerdetrèsprès lesconditionsd’évolutionetderupturedanslestech-niquesetlemeilleurobservatoirepossiblenousvient précisémentdesdeuxdisciplinesvoisinesquesont l’histoiredestechniquesetl’anthropologie.

de La rupture et de L’innovation 

dans Les techniques

Parmilescausesderuptureetd’innovation,ilfaut évidemmentévoquerladiffusiond’unetechniqued’un groupeàl’autre,cettetechniquesubissantalorsdes transformations.Celanousrenvoieàlanotiond’em- prunt.OnsesouvientdecequedisaitAndréLeroi-Gourhandel’empruntd’ungroupeàl’autre.Ilinsistait enparticuliersurlefaitquelegroupeethniqueemprun-teurnedoitêtrenienétatd’«inférioritétechnique», nienétatd’«inertietechnique»,nienétatde«pléni-tudetechnique»parrapportaugroupeàquiilemprunte (1945,p.398-399).Desortequel’empruntnepeutse fairequ’entregroupesdeniveauvoisin.Ainsi,«sile décalageesttropgrandentrelesvaleursculturellesdu grouped’accueiletlanouvelletechnique,celle-ciest refuséeenbloc»(Flichy,1995,p.29).Cetteassertion estsansdouteglobalementvraiemaiscequ’ilparaît intéressant de souligner ici est qu’une technique empruntéen’estjamaistoutàfaitidentiqueàlatech-nique de départ dont elle découle ; elle subit l’influence dunouveaumilieudanslequelellebaigneets’adapte éventuellementàdenouveauxbesoins.Maisonne peutréduirel’inventionetl’emprunttechniquesàla satisfactiondesbesoins.Ilexisteaussidesaspirations, des«envies»,au-delàdesbesoins.Ouvronsiciune parenthèsepourdonnerl’exempledesPeulsquiont

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44 SophieA.deBEAUNE desbovidésàtrèsgrandescornes,énormesmaistrès

fragiles,etquisontdoncinadaptésàl’environnement (moinsadaptésentoutcasqued’autresespècesdont leursvoisins,lesTouaregs,secontentent),maisilsont envie d’avoir de beaux troupeaux sur lesquels ils composentdespoèmes.Certainsévoquerontunefonc-tiondeprestige,maislesPeulseux-mêmesn’yvoient qu’unpurplaisiresthétique.Cequidevraitremettre enquestionlacroyanceselonlaquelletoutobjet/outil répondparfaitementaubesoinpourlequelilaété conçu2. Revenonsàlacirculationetàl’emprunt:donc, lorsqu’unsavoirtechniquecircule,ilestbiensouvent adapté et modifié et subit par conséquent une transfor-mationaucoursdesatransmission.Leshistoriens soulignentlarelationentrelacapacitéd’inventionet lespratiquesdel’échange,del’appropriationetde l’utilisationdestechniques.Citonsunseulexemple prisdansl’excellentarticledeLilianeHilaire-Pérezet CatherineVernaparuen2006dansTechnology and Culturesurladisséminationdusavoirtechniqueau MoyenÂgeetàl’époquemoderne.Lemétieràtisser àchaînehorizontaleutilisédansl’Occidentmédiéval résulteraitdel’hybridationdumétieràtisserlasoie d’origineorientale,àbâticharpenté,connuenEurope danslespaysdelaMéditerranéeoccidentale(Sicile, ElAndalus)etrapidementadaptéautissagedelalaine, dèslesXeetXIesiècles(LeMoigneetVérin,1984).

Detelsempruntssontainsiàlasourcedenouvelles inventions. Autrepointintéressantetsurlequell’histoiredes techniquesabeaucoupànousapprendre:lorsqu’on notel’arrivéed’unenouvelletechniquedansunlieu donné,ellen’arrivegénéralementpasseulesielleest liéeàundéplacementdepopulations.Unexemplecité danslemêmearticledeTechnology and Culture:au MoyenÂge,àCarpentrasetàAix,onvoitapparaître de nouvelles techniques de construction d’origine montagnarde,avecl’usageduboisdemélèzepourles couvertures.Or,malgrésesqualitésindéniables(légè-retédumatériau,adaptationàlafortepentedestoits), l’intérêtlocald’untelmodedecouverturen’estpas

immédiat. Cette circulation de techniques de la montagne vers la ville a été portée et vivifiée par d’autrescirculations,celledelamaind’œuvreetdes échangescommerciaux(BernardietNicolas,2003). Celatendàmontrerqu’àl’échelledemicro-territoires, villesourégions,lesmouvementsdespécialisation engendrentplusieurstypesdecirculation.Lefaitde repérerplusieursempruntsdifférentsmaissimultanés enunlieudonnépeutdoncconstituerunindiceperti-nentdedéplacementpartieloutotald’unepopulation donnée. Cetexemple,prisdansleregistrehistorique,indique qu’unedespistesquelespréhistorienspeuventsuivre estcelledescirculationsmultiples.Certainsl’ontdéjà empruntée.Dansuneétuderécente,JanApeletKim Darmarkontmontréque,d’aprèsl’analysedesadis-tributionchronologiqueetspatiale,latechniquede productionparpressiondepointesdeprojectilebifa-cialess’estdiffuséeàpartirduLevantversl’Égypte etl’AfriqueduNordentre6000et5000BC,enmême tempsquel’introductiondel’agriculture,etfaisaitdonc partiedu«bagageagricole»(Apel,2012etDarmark, 2012).L’originecommunededifférentestraditions localesetleurdiffusionconjointepeutainsipermettre demieuxcomprendrelacirculationdeshommes,des idéesetdestechniquesdurantlapréhistoire,voire d’identifier le sens de ces circulations.

Ces quelques exemples sont destinés à montrer combienl’histoireetl’anthropologiedestechniques devraientêtreutilesaupréhistorien,neserait-ceque pour élargir le champ des possibles et rechercher ensuitelesindicessusceptiblesdemettreàl’épreuve ceshypothèses.Lesarticlesquisuiventledémontrent amplement. notes 1. Certainsspécialistesdel’archéologiefunéraireontrécemmentfaitle mêmeconstat:lespratiquesfunérairesnes’accordentpastoujoursaux découpages chronologiques définis par les ensembles céramiques (Boc-quentinet al.,2010,p.8).

2. Surlaquestiondel’esthétiquedesobjetstechniquesenpréhistoire, jemepermetsderenvoyeràdeBeaune,2013.

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