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La culture et l'habitat : Quelle est la place du designer d’espace dans les cultures d’Outre-Mer ?

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Academic year: 2021

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Quelle est

la place

du

designer d’espace

dans

les cultures d’Outre-Mer ?

La Culture et l’Habitat

Master Design : Design Espace Couleur Lumière

Institut Supérieur Couleur Image Design - Université Toulouse II Jean Jaurès

Soutenu le 24.05.2019 Sous la direction de Élodie Bécheras

Carol LUCE

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Quelle est

la place

du

designer d’espace

dans

les cultures d’Outre-Mer ?

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Sommaire

INTRODUCTION

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13

20

28

35

38

50

60

89

92

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CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

CULTURE ARCHITECTURALE

• Définir la culture

• La naissance d’une culture

• Architectes et designers, vecteurs de culture

• Culture de métier : l’architecte

• La société créole moderne

• La nécessaire prise de conscience

• Design et culture

• Les représentations sociales contemporaines de l’habitat

• Vers de possibles solutions

VIVRE DANS LA RÉGION

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L’architecture est souvent considérée comme l’art de bâtir ; les édifices, les monuments, les habitations. Vue comme un art noble, il s’agit d’ailleur de la pre-mière forme d’art reconnue. La notion d’architecture a évolué au fil des années, passant de besoins fonctionnels à références artistiques, pour au final être la ré-sultante d’un équilibre de ces deux notions. Ainsi, partant des abris de fortunes qui servaient de protection contre les aléas, les constructions se sont vues attribuer des formes et des esthétiques propres, plaçant l’aspect visuel a rang égal avec l’aspect fonctionnel.

L’architecture dans plusieurs cultures s’est longtemps vue réservée à la construc-tion des édifices et espaces publics, ainsi qu’aux lieux où se déroulaient la vie en société. Par la suite, elle a commencé à prendre en compte la notion d’habitat et de mode de vies afin de s’orienter vers les constructions des biens personnels propres à l’homme et à sa vie quotidienne. L’architecture s’inscrit dans un espace, qu’il soit rural ou urbain, il est primordial de prendre en compte l’environnement englobant ce bâtit afin d’en tirer la meilleure inscription environnementale.

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de plus en plus pris en compte le besoin esthétique et humain de la construction. C’est à ce nouveau croisement que se positionne le design d’espace. Ainsi, à l’échelle humaine, il peut se définir comme étant l’art de concevoir des espaces de vie pour l’Homme. Le design franchi alors les limites qui séparaient distinctement l’art de vivre et la construction technique.

« La capacité d’imaginer des scénarios de la vie quotidienne est, pour un architecte, un talent plus important par rapport au don d’imaginer un espace.» 1

À cette citation, on pourrait ajouter que le designer, lui, à pour mission d’améliorer et embellir ces scénarios de la vie quotidienne. Ainsi s’entrecroisant, ces deux dis-ciplines trouvent aujourd’hui un terrain d’entente sur lequel viennent s’ériger les nouveaux habitats.

C’est à partir de ces différentes évolutions historiques, qu’entre en jeu la no-tion de culture architecturale. Il s’agit en fait, des modes de réflexion, de toutes les idées et concepts tournées autour des différentes façons de construire et de réfléchir l’art du bâtit et de tous temps, qu’il soit monumental ou intime. La culture d’un métier, sont les connaissances spécifiques liant les personnes du métier. Les notions importante et les modes de pensées qui sont transmises à travers les gé-nérations pour que perpétue l’exercice de ce métier. La transmission disciplinaire s’approche alors de la notion de paradigme, valeur selon laquelle les notions véri-fiées par le passé ne sont plus à remettre en question. Les points de vues peuvent alors varier d’un mouvement de pensée à l’autre, mais les fondamentaux, eux, en restent inchangés pour la bonne pérennisation du métier.

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A l’échelle humaine, les modes de vies des individus peuvent varier d’une culture à l’autre. Une culture, c’est le regroupement de tous les aspects d’une civi-lisation. Plusieurs cultures ont prospérées à travers le monde au cours des siècles. Chaque culture étant propre à ces civilisations, leurs modes de créations spatiales sont alors adaptés à leurs lieux et modes de vie, de culte et de société. Afin d’étayer cette théorie, au cours de ce mémoire, la focale sera faite sur une culture en parti-culier. La culture caribéenne, avec un appui précis sur les Antilles Françaises et la Martinique. La région Caraïbe s’identifie dans la mixité de son histoire. Les strates et bouleversement historiques qui s’y sont produits au cours des siècles en font un lieu de métissage qui amène plusieurs cultures et sociétés à se croiser afin d’en voir évoluer une nouvelle, métisse. La question se pose alors autour de la juste co-habitation de ces cultures. On se questionne également sur la hiérarchisation d’une culture face à l’autre et les bien fondés de cette nouvelle culture qui est à peine datée d’un siècle. On cherche alors à comprendre comment fonctionne cette mixité culturelle et surtout quels en sont les tenants et les aboutissants.

Dans la conception architecturale et spatiale, on prend en compte les modes de vies, les aspects sociaux de la population afin que fonctionne l’édifice et qu’il soit en accord avec les membres de sa société. Il serait intéressant de comprendre comment s’articule alors une culture architecturale et un mode de vie lorsque les cultures s’opposent.

Le questionnement principal de cette étude sera alors mené autour de cette culture architecturale dans la société créole antillaise. Dans cette société relative-ment jeune, tous les codes nécessitant à l’aboutisserelative-ment d’une culture sont encore

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en phase de maturation, il est alors encore possible d’être acteur de cette culture balbutiante. L’architecte ou le designer qui conçoit les lieux de vie, amène des solu-tions aux besoins des individus et de la société. Cette société particulière nécessite une grande attention dans l’évolution de son fonctionnement. La culture architectu-rale, et plus encore, la culture du métier doit alors prendre en compte tous ces élé-ments. On se demande alors comment une culture de métier telle que l’architecture peut apporter sa pierre à la stabilisation d’une culture qui n’en est qu’à ses débuts? Comment faire évoluer, à partir de cette culture de mixité ; la culture du métier ? En effet le métier d’architecte et de designer s’apprend et comprend des variables moyennant le lieu et la culture autour de laquelle elle évolue, de ce fait la culture du métier d’architecte diffère qu’elle soit exercée au Mexique ou au Japon, il serait alors intéressant de se pencher sur la culture de ce métier dans une région comme les Antilles ou différentes cultures s’entrecroisent. Il serait également intéressant de se demander si la mondialisation des cultures impacte directement ces notions fondamentales à ces métiers.

Afin de mener cette réflexion, plusieurs objets d’études seront mis en place. Dans un premier temps, définir la culture architecturale semble nécessaire, en abordant la façon dont le métier d’architecte à évolué. De l’apparition des méthodes et modes de pensés ainsi que les différents bouleversements observés, jusqu’à l’ar-rivée du métier de designer d’espace, venu ajouter une dimension poétique et esthé-tique à la discipline.

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en compte les valeurs de la société dans laquelle elle évolue. La seconde partie traitera donc naturellement de l’analyse de cette culture de la mixité, présente glo-balement dans les Antilles depuis ses fondements. Il est important de comprendre pourquoi la culture de cette région est fondée sur le métissage et quelles sont alors les différenciations à faire avec les cultures européennes. En observant l’évolution de cette société d’un point de vue architectural, mais également l’évolution de ses modes de vies, il sera plus facile de comprendre les besoins de cette société et les solutions qui pourraient lui être apportée afin d’adapter les espaces aux modes de vies locaux.

Enfin en troisième partie nous traiterons de la place du métier de designer d’espace et de l’architecte dans cette société actuelle. L’importance de l’ancrage culturel du bâtisseur avec son bâti et les différentes façons de s’imprégner des besoins locaux. La mixité et le métissage, sont le cœur de ces réflexion, tant au niveau historique, sociologique et historique. La juste cohabitation des cultures mais également leur émulsion et l’impact qu’elles ont les unes sur les autres seront le centre de cet écrit.

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La Culture, par définition est la façon dont s’articulent tous les aspects d’une civilisation. Cela implique les connaissances, manuelles ou intellectuelles ; les moyens de communications et de compréhensions tels que les langues parlées, écrites ou les gestuelles ; les moyens d’expressions artistiques ; les modes de vie et les rituels coutumiers. Dans une culture, la pérennisation de celle-ci par la trans-mission des codes est primordiale. C’est en effet par la répétition de ses codes au fil des âges qu’elle continue de perpétuer. Une culture, actuelle, peut regrouper de façon englobante un large panel d’individus. On parle alors de culture occidentale par exemple. Il peut s’agir également d’un groupe de personnes cibles mais dissé-minées, tels que les cultures urbaines qui lient des personnes sans forcément les mettre en contact direct. Son importance n’est pas plus la taille que la transmis-sion des valeurs et codes de celles-ci. De fait, certaines cultures sont amenées à disparaître, à évoluer ou à naître en fonction de la façon dont sont transmises leurs valeurs aux jeunes générations.

« Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est re-créé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine »2

2 Texte Convention 2003 : Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003) - UNESCO

Définir la culture

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La culture est donc ce qui fait l’identité d’une personne. Chaque homme est alors rattaché à un groupe, et c’est ainsi que fonctionne l’humanité.

«Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble» 3

Une culture est donc le ciment qui lie les membres d’un groupe. Le point commun qui incite chacun à se retrouver et à échanger. L’échange est d’ailleurs l’action la plus importante pour le développement de la culture. Un individu peut lui-même être acteur de plusieurs cultures, tant les modes d’influence sont diverses. Il peut s’agir de la culture inculquée par les parents, par l’école, par les fréquentations externes et plus nouvellement par le biais d’internet. L’échange entre membre de différentes cultures est ce qui amène celles-ci à évoluer, à changer.

Des points communs concernant plusieurs cultures peuvent toutefois exister, telles que les différents savoirs. Le terme de culture générale est l’ensemble de connaissances qui lie plusieurs personnes de plusieurs cultures autour d’un même sujet de connaissance. Il peut s’agir d’un savoir de vérité générale ou d’informations importantes. Cependant, le terme de «culture générale» est lui-même très variable, puisque les connaissances varient de cultures à l’autre, chacune faisant le tri des informations primordiales ou non. Ainsi, en France, la culture nationale considérera que les dates de la seconde guerre mondiale sont acquises à la culture générale, cependant ces informations ne seront peut-être pas aussi importantes au Chili, peu 3 John Donne – Aucun homme n’est une île (No Man is an Island, 1624)

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ou pas touché par ces événements. Réciproquement en France peut-être ignorons nous des informations primordiales pour les habitants de certaines régions. On constate également que des savoirs acquis en France varient d’une région à l’autres. Des dates importantes en France d’Outre-Mer passeront totalement inaperçues en France hexagonales, par exemple : Savez-vous quel événement est commémoré le 22 mai en Martinique4 ? S’agissant pourtant d’événement marquant l’histoire de la

France et ayant entraîné de grands bouleversements. Un savoir historique est donc directement lié à un lieu et peine parfois à en dépasser ses frontière.

Bien qu’en parlant de mondialisation des cultures et mode de vie, il reste ce-pendant parfois difficile d’inclure tous les types de cultures en une seule et même entité. On parle alors difficilement de «culture humaine».

Plusieurs cultures peuvent pourtant être liées les unes aux autres, par leur his-toire, leur passé, leurs modes de fonctionnement, leurs convergence idéologiques. Certaines cultures tendent plus facilement, de gré ou de force, à se mélanger, lors des guerres, des envahissements, colonisations ou des fortes migrations. Certains items culturels seront amenés à cohabiter avec les personnes qui les portent. Les façons de manger, de célébrer, d’échanger ; des chocs peuvent alors avoir lieu. Il est alors bon de se questionner sur les différentes façons dont ces cultures se côtoient de façons hétérogènes ou réussissent à se mélanger et s’harmoniser.

C’est de cette façon que Jacques Demorgon5 introduit les termes de

Multicul-turel, Transculturel et InterculMulticul-turel, qui sont des phénomènes sociétaux progres-4 Abolition de l’esclavage le 22 Mai 1848 en Martinique

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sants aujourd’hui avec l’accroissement du mélange des peuples.

Dans les société modernes et mixtes, les cultures se croisent, s’entrecroisent, se chevauchent et se mélangent, mais de façons totalement différentes, certaines auront alors plus de facilités à s’ouvrir aux autres tandis que d’autres cultures res-teront fermées.

Dans les sciences sociales, la notions de multiculturel est utilisé en tant que résultante d’une vision objective, il s’agit d’un état d’analyse permettant par défini-tion, de dire qu’il s’agit d’une société ou plusieurs cultures cohabitent, sans entrer dans l’analyse de l’interaction de celles-ci. D’après Anderson, le multiculturalisme renvoie de fait à la « cœxistence de différentes cultures à l’intérieur d’une même so-ciété ». C’est en ce sens que le Conseil de l’Europe définit les soso-ciétés européennes comme « multiculturelles ». Cela est sans aucun doutes lié aux désir d’expansion de cette société occidentale au 19ème siècle, ayant colonisé une grande partie des pays du sud, ramenant avec elles plusieurs cultures. Ainsi, les cultures issues de la co-lonisation sont très présentes en Europe de l’ouest. On remarque toutefois que ces cultures, ont plus ou moins de mal à s’homogénéiser en France car difficilement ac-ceptées. Contrairement au modèles anglo-saxons6 où les personnes issues des

mi-norités sont plus facilement intégrées à la société. Il est intéressant d’analyser les façons dont ces cultures s’influencent ou non et interagissent les unes les autres.

Selon le petit Robert, «Trans» vient du latin «Par-delà» qui exprime l’idée de passage, de changement. Il s’agit alors du concept de tension qui opérera entre 6 Le modèle anglo-saxon englobe l’angleterre et la puissance de son rayonnement à travers le monde en amérique du nord (USA, Canada) et en Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande) - Qui sont de nouvelles capitales multiculturelles

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deux cultures, de la façon dont les items de chacune des cultures seront amenés à cohabiter. De ce fait, certains items culturels proches se retrouveront et d’autres à contrario s’affronteront.

« On peut donc avoir dans un espace un processus de multiculturalité juxtaposé, et on peut également avoir un espace et des mécanismes de transculturalité dans lesquels une culture est mise en relation ouverte et active, est affectée, infectée, inquiétée, modifiée, conditionnée par l’autre » 7

La notion de transculturel intervient donc lorsque ces cultures sont en effer-vescences les unes avec les autres. Elles communiquent, échangent, s’imprègnent jusqu’à parfois absorbent et modifient.

En gardant l’exemple du modèle français, on remarque que le transculturel y est difficilement présent. Le système de tension entre culture dominante et culture do-minée reste très présent, et rend nationalement difficile l’acceptation de nouvelles cultures. Ainsi, des protestations sont faites lorsque le ramadan ou l’Aïd sont sujets d’informations culturelles dans les médias nationaux, de même que lorsque sont présentées les fêtes et coutumes d’autres cultures pourtant présentes et ancrées en France. Cependant, les fêtes et coutumes françaises, sont parfois imposées aux autres cultures minoritaires, telles que Noël ou Pâques.

Dans le modèle anglo-saxon, le transculturel est plus présent car l’accepta-tion du passé colonial et de la présence des cultures différentes sont plus acquises ainsi des jours pour célébrer différentes fêtes de différentes cultures sont présentes sur le calendrier et connues des membres d’autres cultures, le brassage y est plus homogène.

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Le préfixe « inter », toujours d’après Le Petit Robert, il vient du latin « inter », « entre », exprimant ou l’espacement, l’intervalle, ou une relation réciproque.

Ainsi, la notion d’interculturel apparaît là où deux cultures se croisent mais ne s’embrassent pas. Il n’y a pas de volonté à entrer dans les détails profonds d’une culture ou d’une autre, il s’agit plutôt de la bonne courtoisie qui tend à rester dans l’entre-deux, à aborder les sujets qui peuvent convenir chacune des parties sans chercher à entrer dans la culture de l’autre. Il y a donc par ce fait, une volonté d’évi-ter l’affrontement et le choc culturel. Lorsque deux cultures antagonistes se cô-toient, des chocs peuvent en effet apparaître, notamment lié à la difficulté de com-préhension ou d’acceptation de la différence. On pourrait dire que le modèle culturel français est bâtit sur la notion d’interculturel. Les cultures considérés comme ex-terne au modèle français se plient à ce en ce modèle, les items culturels propre aux autres sociétés ne sont pas abordées de façon publique. Ainsi, les cultures domi-nées ont alors la possibilité de conserver leurs items culturels de façon privées ou simplement de les rejeter pour s’adapter au modèle national.

La limite de l’interculturel se fait sentir lorsqu’il y a désir pour l’une des deux cultures d’avancer et que l’autre culture présente une réticence à l’échange. Le choc culturel et l’incompréhension donnent lieux au repli ou à l’affrontement. Le communauta-risme en France est présent chez les membres des sociétés externes afin de pré-server leur culture propre.

De ce fait, avec ces différentes notions culturelles, nous pouvons conclure que plusieurs cultures peuvent cohabiter avec plus ou moins de facilité, et se mé-langeront plus ou moins habilement, le résultat de ce mélange sera alors homogène

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ou hétérogène. Afin de comprendre le fonctionnement d’une société, il est donc im-portant de comprendre son histoire et les résultantes qui conduisent à certaines comportements. Plusieurs modèles post-coloniaux de société multiculturelles sont visibles chez les anciennes puissances métropolitaines d’Europe, avec plus ou moins d’homogénéité. Il n’y a évidemment pas de moyens de définir si une société gère mieux ou non son multiculturalisme, tout est question de volonté des peuples à accepter la présence d’autrui, le changement ou l’évolution. Ainsi, certaines société vont naturellement se fermer à l’arrivée du changement, tandis que d’autres auront plus de facilité à accepter ce changement.

Bien que pas ou peu reliés avec la notion de culture architecturale, ces élé-ments sont primordiaux pour la compréhension de la suite de ce mémoire. La culture de la mixité étant le centre de ma réflexion, qui sera développée ultérieurement au cours du deuxième chapitre concernant les cultures mixtes caribéennes.

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Ainsi avons nous détaillé les termes de culture, nous savons désormais qu’elle s’applique à plusieurs groupes de personnes. Ainsi, la culture autour de la pratique d’un métier est un élément tout aussi important. C’est avant tout le lien de connaissance qui lie tous les exerçants au métier. De ce fait, tous les codes, mé-thodes et savoirs acquis autour de cedit métier sont appris et répétés aux nouvelles générations afin que pérenniser l’évolution. Certains d’entre eux sont tout de même voués à disparaître. Par manque d’intérêt, ou par évolution des modes de vies qui ne nécessitent plus la présence d’un corps de métier (poinçonneur de ticket de métro par exemple lié aux avancées technologiques, chaudronnier lié à l’évolution des mo-des de vie).

«Le langage architectural, comme tout langage est inscrit dans une culture et permet une communication sociale.»8

Quelque soit la façon dont évolue notre société, l’homme a toujours eu besoin de penser son environnement de vie et de structurer son espace. C’est ici qu’intervient le métier d’architecte. Il n’est sûrement ni nécessaire ni fondamental d’être asser-menté au métier pour pouvoir se construire un lieu de vie. Ce qui rend l’exercice du métier plus contraignant. Cependant, par ses connaissances acquises et ses mé-thodes de réflexion, l’architecte pense l’espace dans sa globalité mais aussi avec 8 « Le parti architectural comme opérateur syncrétique du projet », in P. Pellegrino (éd), L’espace dans l’image et dans le texte, Colloque d’urbino (1998), Urbino, Quattroventi, 2000.

Culture de métier - l’architecte

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ses particularités et sait adapter chaque situation et besoin spatiaux à l’environne-ment dans lequel il s’inscrit.

Il s’agit en effet d’une activité intellectuelle clairement distincte de l’acte de construc-tion à proprement parler. Ainsi l’architecte est avant tout un penseur, comme l’en-trepreneur est un constructeur.

Dans l’ouvrage « Sociologie de l’architecture»9 l’historique du métier y est décrit et

retracé à travers différents chapitres traitants notamment de la place de l’architecte à travers plusieurs sociétés.

Dans ses fondements, le métier d’architecte était avant tout un métier de terrain, le concepteur était le constructeur, parfois aidé. Puis, lorsque la notion de dessin architectural est apparu, la pratique architecturale a été située à mi-chemin entre la vision d’artiste et les fortes connaissances techniques.

L’autonomisation du métier a pris place lorsque la distinction entre le métier d’ar-chitecte et celui de l’artisan de la construction a été faite. Ainsi dès l’Antiquité, l’ar-chitecte est celui qui se projette dans l’espace et le temps par des représentations graphiques permettant de communiquer sa pensée et son intention. Au Moyen- ge cette place disparaît lorsque cette fonction de projection est remplie par le client ou le maçon, la place de la représentation graphique devenue moins importante. Le métier avant tout manuel est indissociable des artisans maçons et charpentier. A la Renaissance, le métier regagne son autonomie, c’est également à cette époque que la signature d’Architecte voit le jour. Le bâtiment construit n’est plus anonyme. 9 Champy, Florent. Sociologie de l’architecture. La Découverte, 2001

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Cependant, seules les construction prestigieuses voient apparaître la signature d’un concepteur distinctement du constructeur. Les responsabilités administratives qui font la distinction entre architecte et entrepreneur n’apparaissent qu’en 1941. Ainsi, de tout temps, il a été compliqué pour l’architecte d’exercer son métier dans la seule exclusivité et la reconnaissance de son travail.

Durant leur combat pour cette reconnaissance, en appuyant sur la notion d’architecte-artiste, ceux-ci ont également joué un rôle dans la césure qui existe aujourd’hui entre architectes et ingénieur. Auparavant, le métier d’architecte était reconnu comme culturellement technique, on parlait ainsi d’architecte-ingénieur. C’est durant la mise en place des institutions modernes de formation que sont ap-parues ces séparations. Les études d’architecte concentrées sur Paris n’était réser-vées qu’à l’élite, se mélangeant ainsi à l’apprentissage des beaux-arts, réservant le travail de l’architecte aux nobles et aristocrates ou pour le compte de l’état, tandis que les écoles d’ingénieurs fleurissaient un peu partout en France et favorisant les techniques de constructions, négligeant le visuel des bâtis. C’est également cela qui fit apparaître la césure entre architecture de prestige et architecture ordinaire. Durant les phases d’apprentissage du métier, à l’école des beaux-arts, les jeunes étudiants était d’abord formés en atelier, souvent par un professeur directeur d’agence. Ceux-ci étaient souvent coupés de la réalité du métier et des difficultés connues dans le métier au quotidien. Dans la culture du métier d’architecte, dès la phase d’apprentissage, l’échange intergénérationnelle et entre les différents ni-veaux d’étudiants est primordiale pour la transmission de valeurs, et pas seulement des connaissances. Il est important de comprendre comment fonctionne un espace,

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quels sont les tenants et les aboutissants et comment cet espace doit épouser les modes de vies des usagers sans lui-même devenir une contrainte pour l’homme. En effet, il existe souvent une tension, aujourd’hui encore, entre le désir esthétique de l’architecte et la logique habitationnelle que désir son futur usager, la clé est alors le juste milieu entre esthétique et pratique quotidienne de l’espace.

« Qu’est-ce que l’architecture ? La définirai-je, avec Vitruve, l’art de bâtir ? Non. Il y a dans cette définition une erreur grossière. Vitruve prend l’effet pour la cause. Il faut concevoir pour effectuer. Nos premiers pères n’ont bâti leurs cabanes qu’après en avoir conçu l’image. C’est cette production de l’esprit, c’est cette création qui constitue l’architecture. »10

C’est avec la révolution industrielle que le métier à vécu l’un de ses plus gros bouleversement. Avec la hausse du pouvoir d’achat et la volonté des ménages à ac-céder à la propriété du bien immobilier, de nouveaux secteurs d’activités ont vu le jour, tels que les promoteur immobiliers, les constructeurs de maisons individuelles ou les contractant généraux. Contrairement à la démarche d’un architecte qui pen-sera le bâtit pour ses clients à leur demande, ces nouveaux métiers favorisent la construction de masse et de lots. Saisissant les opportunités pour construire le bâtit dans un premier temps et leur trouver par la suite des usagers, qui devront s’adap-ter. Il s’agit de l’un des vecteur de l’uniformisation des modes de vies. On n’a pas d’autre choix que de vivre dans des modules pensés pour l’économie constructive, l’économie de place et la maximisation des espace réduits. La population ne cesse d’augmenter dans les villes et les alentours, les moyens de construire son habitat 10 Boullée, Etienne-Louis, and Jean-Marie Pérouse De Montclos. Architecture Essai Sur L’art. Paris: Her-mann, 1968. Print. Collection Miroirs De L’art [9].

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à son image sont de plus en plus rares. On choisi donc de construire massivement, les usagers s’adapteront à ce qui leur est proposé. Les moyens et possibilités étant très réduits, il devient alors difficile de loger les personnes sortant du cadre imposé, telles que les familles nombreuses ou étrangères avec des modes de vies non adap-té. Ainsi se pose la question de la place de l’architecte et de son éthique de travail dans toutes ces nouvelles constructions.

Nous avons introduit la notion de culture ; ici nous abordons le thème de la culture du métier d’architecte. Nous comprenons que l’item qui lie les adhérents à un métier est le lot de connaissances acquises par ceux-ci. De façon déontologique, créative et procédurière, un architecte exerce le même métier depuis des lustres. Il a vu évoluer les techniques, les matériaux, les procédés, les outils, mais la finalité reste la même, offrir un bâtit unique et adapté à chaque demandeur.

Des mouvements de pensées, esthétiques ou techniques se sont créés au cours de l’Histoire. Issus de ces mouvements divergents, des désaccords peuvent avoir lieux entre différents architectes issus de différentes écoles de pensées. Cependant tous ont appris et étudiés les mêmes bases, et font partie intégrante de la culture du mé-tier. La critique faite par ses pairs est toujours plus viable, car leurs connaissances ne peuvent pas être remises en cause. Ils sont capables de justifier leurs critiques et savent de quoi ils parlent. De fait, la critique faite par un non initié, ou la construction érigée par un non architecte peut-elle être prise en compte dans le langage archi-tecturale ? Peut-on dire qu’un promoteur immobilier réalise des oeuvres architec-turales ?

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On pourrait prendre en parallèle le questionnement redondant «Un non initié à l’art il réellement se permettre de critiquer l’art ?» ou «Un non initié à l’art peut-il réellement faire de l’art et se déclarer artiste ?» D’un point de vue strictement personnel, la réponse sera non. Il s’agit juste d’un charlatan, qui ne connaît ni les codes, ni les bases issues, développées et transmises depuis des génération et qui ont donné lieu aux oeuvres que nous connaissons aujourd’hui.

Ainsi, de façon plus globale, un membre extérieur à une culture, qui n’en a pas reçu les items et n’en connaît pas les codes peut-il réellement se permettre d’exercer les coutumes de cette culture en se basant sur les paroles et images qu’il se fait lui-même de cette culture ? La notion d’appropriation culturelle peut-elle être inscrite dans le cadre de la culture d’un métier ?

Bien des questions concernant le mélange et l’influence des cultures qui nous permettent de réfléchir sur le sens de l’architecture à l’heure actuelle. Outre le soucis d’uniformisation de la construction et de la mondialisation des modes de vies, les architectes ont parfois su évoluer en s’adaptant tout simplement à ces échanges multiculturels.

Durant cette époque industrielle, la facilitation des modes de transports ont permis aux créateurs de voyager, d’étudier à l’étranger, d’échanger avec d’autres cultures et de ramener des savoirs acquis dans leurs pays. Le fait de voyager et de voir d’autres cultures permet de comprendre les modes de vies étranger et pourquoi pas les adapter aux modes de vies locaux. Ainsi, ils participent à l’élargissement des possibilités de créations, et ne se limitent pas au simple modèle local ou national.

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qui ont tendance à se ressembler, malgré les capacités imaginatives du créateur et l’évolution des prouesses techniques. En effet, l’architecte pourrait être en mesure de tout créer s’il le pouvait, mais ses choix ne dépendent bien souvent pas de lui. En effet, le créateur est bien souvent confronté à la demande de ses clients, ceux-ci par fait de société, ont des idées bien arrêtées sur leurs besoins et désirs. Un architecte, bien que capable de sortir des codes imposés par la société, est souvent rappelé à l’ordre par ses commanditaires, qu’il ne faut pas trop s’éloigner dans l’excentricité car la plupart des membres d’une société veulent avant tout s’inscrire dans cette société, répétant les codes et esthétiques «déjà vus».

Outre mesure, il serait bien de pointer du doigt les modes de vies qui s’op-posent mais cohabitent dans une société qui se dit multiculturelle ; mais avec un modèle unique de mode de vie. Les maisons et lieux de vies, construits au préalable et donc sans l’avis du futur usagers, sont similaires voires identiques, quelques soit la région où l’on se trouve. Un architecte, par son mode de penser devrait pouvoir réfléchir un habitat adaptée aux modes de vies d’une culture ou d’une autre, même si celle-ci n’est pas inscrite comme vernaculaire à la culture locale. C’est à ça que devrait servir la possibilité de voyager. Plutôt que de forcer l’adaptation aux cultures étrangères à la culture locale, une souplesse et modularité pourrait être réfléchies, afin que les habitats soient adaptés à différents modes et vies et pas seulement sur le modèle local, sur le principe de l’interculturel.

A titre d’exemple, une anecdote personnelle me vient en tête, lorsque je fais attention au mode de vie de certains voisins, d’origines étrangères. Il arrive que dans

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un seul appartement trois générations se côtoient et que plusieurs personnes dor-ment dans la même chambre. La notion du modèle familiale y est différent, ainsi la cohabitation des générations y est plus faciles et moins gênant. Les petits-enfants et la grand-mère dorment ensemble sans que cela ne pose problème. La difficulté de trouver des logements en locations au delà du T4, bouscule leurs modes de vies. Ainsi, la notion de chambres, de pièces intimes et de séparations prend un tout autre sens, mesure étant que l’intimité n’y est plus. On vient à se demander quelles se-raient les solutions adaptées pour ces familles multigénérationnelles ayant choisies de vivre sous le même toit. Peut-être est-ce la notion de chambre et de pièces à vivre qui seraient totalement à revoir, à bousculer.

Par cette analyse, en est tirée la conclusion claire que l’évolution des modes de vies, n’allant que dans un seul sens fait parfois perdre de vues la possibilité de multiplication de différents modes de vies. Peut-on dire que la culture de la mondia-lisation détruit les cultures particulières ? - Comment préserver ces cultures par-ticulières dans une société multiculturelle, et éviter à une société de se faire avaler par une autre ?

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A l’époque industrielle, tout comme le métier d’architecte, plusieurs métiers de l’artisanat se voient confrontés à l’arrivée de la consommation de masse. Ainsi, on ne va plus chez le menuisiers pour ses meubles, mais on se fournit des fabricants de modèles en séries. On ne s’habille plus chez le couturier, mais dans le prêt à por-ter. De ce fait, un renversement complet de la société voit le jour. Ce ne sont plus les artisans qui se plient au besoins des consommateurs, mais les consommateurs qui entrent dans les moules proposées par les créateurs. L’usagers ne commande plus ce qu’il veut, il choisit simplement parmis différentes propositions, ainsi il pense avoir choisi ce qu’il voulait. Il s’agit d’un bouleversement majeur de la société au XXème siècle.

C’est à cette même époque que le design prend son sens, se développant et prenant appui sur l’innovation technologique. A l’époque où la volonté est de vendre en masse, on perd la possibilité de donner un aspect esthétique poussé et varié à chaque création. Ainsi, le design est né du projet de liaison entre forme et fonction de chaque création industrielle. Grâce à des facteurs sociaux économiques favorables, la progression du design se fait fulgurante et prend très vite place dans le quotidien des consommateurs. La dimension artistique et esthétique des objets voient le jour et deviennent accessibles à tous. Ainsi, on n’achète plus simplement des objets pour leurs fonctionnalité, on a également le choix de leur esthétique. Le modèle unique perd alors sa place, apparaissent les séries de modèles variés. Il s’introduit alors

Design & Culture

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dans tous les ménages.

Le point de départ de l’Histoire du design, par convention, se situe lors de la première exposition universelle de 1851 à Londres, marquant le début de la révo-lution industrielle. L’idée était de réunir dans un lieu unique, toutes les avancées et productions artisanale et industrielles du monde entier. A ce moment, on constate que l’on est passé d’une société à dominante agricole et artisanale, à une société commerciale et industrielle.

Cet avènement des méthodes de production et le concept balbutiant du design de-sign durera jusqu’à 1914.

En 1880, un premier mouvement protestataire de ces méthodes voit le jour en Angleterre. Il dénonce le manque de réflexion et l’absence de formes donnés aux objets du fait de leur industrialisation. Le mouvement Arts & Crafts prône alors le travail fait main, afin de contrebalancer l’absence de formes liées à ces nouvelles méthodes et techniques. Dans sa continuité, dix ans plus tard l’Art nouveau français favorise les formes organiques et les images inspirées de la nature. Ces trois pre-miers vecteurs créatifs dureront jusqu’à la guerre. Par la suite, les destructions et pertes, donneront lieux à de nouvelles réflexions liées au renouveau et à la recons-truction.

Ainsi, en 1917 le style néerlandais «De Stijl», revient influencer l’architecture, la peinture, le graphisme et le design. En effet, de nombreuses villes néerlandaises se sont vues totalement détruites, laissant la possibilité à la recréation totale des

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dèles sociaux, urbains et architecturaux. Comme une renaissance, il développe une vision néo-plastiques des arts, avant-gardiste pour une Europe détruite et meur-trie. Jusque là, l’idée de la production industrielle se limitait à la création d’objet et outils en séries afin d’en faciliter l’accès plus facilement aux consommateurs en recherche de nouveauté. L’idée de l’aspect esthétique en tant que valeur propre à l’objet n’était que vaguement abordé.

L’un des plus grand mouvement amorceur du design, le Bauhaus, verra le jour deux ans plus tard à Weimar, en Allemagne. Avant tout, il s’agit d’une école créée pour se faire côtoyer apprentis artisans et industriels, grâce à ses méthodes, elle devient le point de départ de tout un nouveau principe qui refuse l’ornementation et s’appuie sur la vérité de l’objet. Ainsi, un objet n’est désormais plus simplement fonctionnel, ou simplement esthétique, il doit pouvoir allier les deux et être adapté à la production en série. De cette école naissent les plus grands principes du design encore enseignés aujourd’hui et qui sont l’esthétique, le fonctionnel et le reproduc-tible. Les principaux fondements qui ont donné naissance au design de basent sur ses trois éléments.

Par la suite, bons nombres de mouvements de pensés et de créations ont vus le jours et se sont multipliés, le mouvement des Arts Déco qui tient son concept par l’emploi de formes géométriques à but décoratifs. Le Modernisme scandinave qui affirme un choix de formes et de matériaux détachés des autres modes de pensés, favorisant le naturel. Le Modernisme américain en Europe qui promeut l’»american way of life», avec des créations de designers américains, focalisés sur des formes

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douces et de couleurs claires.

Après la seconde guerre mondiale, on voit apparaître une croissance rapide et une hausse sans précédents de la consommation, le design pop est un mouvement ra-dical de la fin des années 60. Il met en avant la culture des loisirs, par opposition au capitalisme et à la société de consommation. Son concept remet en cause direc-tement le style fonctionnaliste de l’après guerre. Le design Pop cherche à inventer une nouvelle qualité de vie en libérant l’imaginaire. On voit ainsi apparaître de plus en plus d’objets, à la durée de vie de plus en plus courte permettant ainsi un re-nouvellement réguliers de la consommation et une activité à l’achat régulières des consommateurs.

Dans les années 90, c’est la révolution numérique qui vient influencer les modes de créations design. On accède alors à une extension des champs du design à l’image, aux sons, à la lumière, aux objets informatiques. Il est désormais possible d’agir sur tous les sens de perception et de créer un design sensoriel.

Aujourd’hui, on peut dire que le design se dissémine dans tous les domaines d’acti-vités et continue de s’étendre de façon globale : alimentation, social, informations, services etc.

De plus, la prise de conscience écologique fait évoluer le design vers l’éco-concep-tion. On peut dire que le design est à l’origine de plusieurs débordement écono-miques et écologiques liés aux méthodes précédentes. Ainsi la surconsommation qui entraîne l’obsolescence programmée, le gaspillage et donc la pollution sont en partie la responsabilité des créateurs. Il devient urgent de changer les modes de réflexions et de créations afin de se tourner vers des méthodes plus en accords avec

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les besoins de la planète. Il est également important de garder les notions d’esthé-tiques et de fonctionnel. Il faut ravir le consommateur, mais également de freiner la surconsommation et se focaliser sur la prévention et l’information des dangers liées à ces anciennes méthodes. Le designer doit aujourd’hui réfléchir à comment changer les habitudes des consommateurs de façon radicale, sans les bousculer.

A l’heure actuelle, le design est devenu un domaine bien vaste avec différents secteurs d’activités. Il est vrai que le design, servait à désigner la création d’objets de consommation, mais l’évolution des modes créations ne permet plus d’utiliser ce mot sans substantif tant il est vague. Le design ne s’oriente plus du tout vers la création d’objets, mais vers la création tout court, à différentes échelles. Ainsi on parle de design d’objet, de design graphique, design de mode, design produit, design d’espace, design culinaire, etc. Le champs des possibles est très variable.

Le design et l’architecture ont un rapport plus aigu et particulier. Le design est avant tout lié à la consommation d’objet de masse. Cependant, les modes de création des objets est si similaire à la production et réflexion architecturale, que leur frontière en devient floue. En effet, la représentation graphique et la communi-cation d’une idée afin de la matérialiser dans le réel est tout aussi importante dans les deux disciplines, architectes et designer sont alors tous deux des moules d’idées pour un fait de société. De plus, les objets créés dans le cadre du design sont ame-nés à être placés au sein d’une architecture, la cohabitation des deux métiers est inévitable. Bon nombres d’architectes ont d’ailleurs fait le choix de designer leurs propres meubles afin qu’ils s’inscrivent parfaitement dans l’habitat qu’ils ont créé,

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mais cette décision, qui auparavant était naturelle, devient de plus en plus rare. Ain-si un architecte commande des meubles pour sa maison plutôt que de les desAin-siner lui-même. Et cette cohabitation fonctionne bel et bien.

On peut dire que c’est de cette pratique qu’est né le design d’espace. Il s’agit d’abord l’art de penser les espaces de façon à ce qu’ils soient agréables à vivre. Ainsi, l’agencement mais aussi le choix des couleurs, textures, matériaux et modes d’éclairages sont primordiaux. L’aspect sensoriel doit être pris en compte, favorise le bon ressenti d’un espace.

Cependant, ce qui fait vivre un lieu, est également la façon dont seront agencés ses éléments, mobilier, décoration, structure. Ainsi, un objet de design s’il est regardé en entité unique peut-être considéré comme esthétique ; cependant s’il ne s’adapte pas à la l’espace dans lequel il est situé, il ne sera que dévalorisé.

Le design d’espace est la façon d’harmoniser chaque élément d’un lieu afin qu’ils soient corrélés et considérés comme faisant partie d’un tout.

De ce fait, dans la notion de culture de métier, on peut noter la particularité du métier de designer, qui mêlent plusieurs pratiquants de différents domaines à une même discipline : la création. Ainsi, ces métiers s’entremêlent, communiquent mais interviennent dans différents secteurs de la société. On peut donc dire que le designer, dans la société actuelle, se positionne comme électron libre, passant d’un domaine à l’autre et crée le lien entre chacun de ces domaines. Ainsi, les tendances, en terme de mode, de mobilier, de décoration, de communication, seront souvent corrélés les uns avec les autres, car ils s’influencent les uns les autres.

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Cette première partie du mémoire, nous à permis de poser les généralités qui composent l’exercice de ce métier. Ainsi, la culture et la construction spatiale sont les deux fils conducteurs de ce projet. Nous avons pu définir les différents compo-santes d’une culture, et donc l’importance de la réflexion spatiale et des habitats qui composent une société. Dans le chapitre suivant, la focale sera donc faite sur une société en particulier où le mélange de culture en est l’essence et où des problèmes en terme d’identité, architecturale mais aussi culturelle peuvent exister.

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VIVRE DANS LA RÉGION

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En rouge, les Antilles.

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Lorsque nous parlions précédemment de culture, différentes notions ont été abordées. Ainsi, nous avons vu que plusieurs cultures pouvaient être amenées à cohabiter et s’influencer les unes les autres. Il y a les grands modèles culturels où d’autres cultures viennent se greffer, comme en Europe. Nous observons alors une domination de ces modèles et parfois une grande difficulté pour les cultures domi-nées à trouver une place.

Que se passerait-il, à plus petite échelle, si plusieurs cultures étaient amenées à cohabiter simultanément sans qu’aucune de ces cultures ne soit vernaculaire à la région qu’elle occupe ?

C’est l’exemple que nous pouvons observer aujourd’hui dans une grande par-tie de la Caraïbe, plus précisément aux Antilles. Par Caraïbe nous faisons référence à cette région d’Amérique Centrale qui entoure la mer des Caraïbes et comprends toutes les îles de l’arc Antillais. La région s’étend du sud de la Floride et longe toute la côte Est d’Amérique centrale de la péninsule de Bélize jusqu’au Vénézuela. L’éten-due qui nous intéresse englobe les archipels des Antilles, partant des Bahamas et Cuba au nord jusqu’à l’île de Trinidad au Sud.

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Afin de comprendre l’articulation actuelle des modes de vies de ces îles et les problématiques qui en découlent, il est important de comprendre comment cette société à vu le jour et quelles ont été les périodes marquantes de son histoire.

Par définition, une société créole, est une société née du mélange de plu-sieurs sociétés existantes. Par extension une langue créole est un langue née de plusieurs autres langues existantes, et un individu créole est un individu dont les gènes rassemblent ceux de plusieurs autres ethnies pré-existantes.

L’Histoire moderne du bassin Caraïbe commence en 1492 avec l’arrivée de Chris-tophe Colomb sur l’île de Guanahani aux Bahamas, depuis rebaptisée San Salva-dor. Bien avant l’arrivée de ce dernier, des populations étaient présentes dans tout l’archipel. Les peuples amérindiens d’alors, se regroupaient en deux cultures. La culture Suazoïdes propre aux peuples Arawaks, venus d’amazonie, et la culture Sa-ladoïde plus jeune et propre au peuple Caraïbe, à qui on doit le nom de la région. Avant l’arrivée coloniale, ces peuples amérindiens vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Ils ne considéraient pas l’insularité comme un obstacle, l’océan faisant partie de leur habitat, ils se déplaçaient d’îles en îles au gré de leurs besoins. Ils étaient donc habitants d’un archipel et non d’une île.

La naissance d’une culture

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« Pour ces derniers (les Caraïbes), les îles n’étaient pas des isolats, mais les pôles d’un séjour archipélique au long duquel, de rivage en rivage, au gré des événements, des fêtes et des alliances, ils naviguaient sans cesse. Leur espace englobait l’archipel et touchait aux lèvres continentales. Pour eux, la mer liait, et reliait, précipitait en relations. Le colon euro-péen lui, se barricade dans l’île : rival des autres fauves colonialistes, il élève des remparts, dessine des frontières, des couleurs nationales, il divise, s’enracine, confère force religieuse à son enracinement : il crée un Territoire. (…) L’acceptation amérindienne, elle, c’est d’abord l’œuvre éclatée des îles avec la mer comme un derme vivant : qui rallie relaye relie. »11

De l’histoire de ces peuple il ne nous reste que peu de connaissance. Sur cer-taines îles, les populations entières ont été décimées à l’arrivée des colons, car elles refusaient l’invasion et étaient très peu dociles.

En Martinique, dès l’arrivée des français, ceux-ci tentent un premier assujettis-sement des peuples en les forçant à travailler. Les populations résistent mal aux conditions de travaux forcés et aux nouvelles maladies.

Durant l’occupation, ils demeurent libres mais sont contraints de vivre reclus au nord est de l’île et évitent tout contact avec les colons, qui vivent sur la côte ouest. A force d’oppression, les populations ont fini par disparaître entièrement de l’île. Une falaise nommée «Le Tombeau des Caraïbes», témoigne du suicide collectif des derniers Amérindiens de l’île qui, selon leur croyances, préféraient mourir que d’ac-cepter que leur vie soit faite de peur et d’oppression.

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Génétiquement, il ne nous reste que peu de lien de ces peuples disparus de-puis. Outre les suicides collectifs, la plupart ont fui vers les îles du nord, d’autres ont été décimés par les maladies, et les derniers ont disparus avec le métissage.

Leurs principes architecturaux subsistent encore aujourd’hui, tels que les carbets qui étaient des espaces de vie et les ajoupas les lieux de cuisine. On en retrouve sur la plupart des îles. Il s’agissait des principales composantes architecturales des villages. Le principe de l’architecture amérindienne repose sur de grands abris ou-verts sans murs et de toits très hauts. De grande huttes qui permettaient d’accueillir des familles entières, et d’autres recevant les événements du village. Dans les car-bets, les familles dormaient dans des hamacs.

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De leurs moyens de navigations nous retenons les gommiers qui sont des sortes de pirogues creusées dans un seul tronc, souvent du campêche, qui leurs permettaient de naviguer d’îles en îles. Enfin, quelques mots de vocabulaire ont été influencé par les langues amérindiennes, en créole puis en français. Goyave12

(Guava), Iguane (Jouana), Hamac (Hamak), etc. mais également des noms de lieux et d’îles telles que les Cayes ou Haïti.

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Illustration du carbet au temps caraïbes.

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La deuxième phase historique des Antilles débute après l’arrivée des colons. Après plusieurs guerres pour la possession des îles, les couronnes d’Angleterre, de France, d’Espagne, du Portugal et des Pays-Bas se partagent ce large territoire d’une quarantaine d’îles.

Voyant le potentiel marchand à exploiter et face à la virulence des amérin-diens, ils prirent la décision de faire travailler d’autres individus plus connus pour leurs robustesse et leur docilité. C’est de cette façon que le commerce triangulaire et la traite négrière furent mis en place. Des marchandises européennes telles que des armes et de l’alcool partaient des ports négriers de Liverpool, Londres, Bris-tol, Amsterdam, Le Havre, Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Dieppe, Lisbonne et Ca-dix. Elles étaient échangés en Afriques contre des hommes, principalement dans le golfe du Guinée. Ils étaient exposés et achetés aux enchères par des colons en par-tance pour les Amériques. Sur place ils étaient échangés contre de l’or, mais aussi du cacao et des denrées tropicales très prisées en Europe. Du fait de ces échanges hasardeux, des familles se sont retrouvées séparées et disséminées sur différentes îles, créant aujourd’hui un lien entre tous les habitants de la région.

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Dans les îles, des items des cultures africaines se sont propagées mais étaient fortement oppressées par la présence coloniale. Ainsi, les langues, les croyances et coutumes du maître devaient être inculqués aux esclaves, afin de couper toutes relation avec le pays d’origine et accepter la fatalité de la vie qu’ils menaient désor-mais. Se rappeler qu’on a un jour été libre c’est espérer pouvoir l’être à nouveau, et cela risquerait de menacer l’économie coloniale.

Au bout de quelques années un paradigme s’est alors instauré de lui-même dans la conscience des esclaves, croyant qu’être noir était une fatalité et que la liberté Illustration du principe de commerce triangulaire.

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n’était qu’un privilège réservé aux blancs. Toutes connaissances des périodes pré-traitre ont été effacées des mémoires. C’est la raison pour laquelle il est aujourd’hui quasiment impossible pour les peuples antillais de savoir leurs origines précises. N’ayant pas hérité de ces savoirs, nos connaissances sur les cultures africaines nous sont inexistantes.

Dans un second temps, la domination coloniale a donné naissance à un nou-veau type de culture. La terme créole dans sa définition propre désigne aussi bien la langue, que la culture, que les individus qu’elle concerne.

La langue créole, qui était à l’origine un pidgin13, est devenue la langue maternelle

des descendants des esclaves et par extension des populations de la région concer-née. Les mots empruntés aux langues-bases, principalement européennes, ont subi un ensemble de modifications (phonétiques, sémantiques, etc.) qui leur donnent une identité propre mais les laissent parfois reconnaissables par les locuteurs de la langue mère. Ainsi, le créole était dans un premier temps d’un mélange des diffé-rentes langues africaines des esclaves et des langues européennes des colons avec certains mots des langues amérindiennes. Ils permettaient de faciliter la compré-hension sur les plantations. Avec l’arrivée des indiens d’orient au 19ème siècle sur l’île de nouveaux mots ont aussi fait leurs apparition dans la langue.

13 Langue servant de moyen de communication entre des populations aux langages maternels différents, simplifiée et créée sur le vocabulaire et la structure de base généralement européenne (espagnol, français, néerlandais, portugais, etc.)

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1 - Maison du maître - 2 - Rue Cases-Nègres - 3 - Pré (Bétail) - 4 - Plantation - 5 - Usine/Distillerie14

Des modes de vies de cette période on retient les organisations en villages et quartiers, autour des habitations coloniales. De taille très variable, une habitation était composée comme suit : La maison du maître, la maison du géreur15 pour les

plus grandes habitations, le moulin qui servait à irriguer la plantation, l’usine ou la distillerie pour transformer la production, les champs de canne à sucres, de cacao ou de café, un pré ou on trouvait généralement des moutons, boeufs, poules et co-chons et enfin la rue case-nègre, quartier où vivaient des esclaves.

14 Disposition habituelle d’une habitation coloniale esclavagiste 15 Second du maître, supervise la plantation et le travail des esclaves

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Case d’esclave en gaulette, reconstituée et visible à la savane des esclaves en Martinique

L’espace de vie et l’espace nuit derrière la cloison. Les enfants dorment dans l’espace de vie.

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Les maisons de maître ont évoluées au cours des siècles. A leurs arrivée, les colons n’avaient pas désir à rester vivre sur les îles et n’investissaient donc pas dans leur habitat. Ils préféraient mettre leurs recettes de côté pour leur retour à la mé-tropole, qu’ils estimaient à une dizaine d’années. Ils vivaient alors dans des maisons très sommaires à peine plus cossues que les cases d’esclaves16.

Le goût pour le luxe et l’ornementation est apparue avec l’arrivée à la tête des habi-tations des «blancs créoles», ceux qui n’avaient jamais vécu, ni même vu la métro-pole et ne désiraient certainement pas y vivre. Les concepts de maison coloniale ont alors fait leurs apparition.

Ces maisons sont principalement en pierre ou en bois, moyennant les ma-tériaux disponibles. L’un des principe les plus importants est une galerie extérieur faisant tout le tour de la maison. D’abord structurelle, elle servait également à pro-téger les murs des rayonnements trop chauds du soleil et donc à préserver la fraî-cheur. Des persiennes permettaient de laisser passer le vent et les pièces intérieures étaient spacieuses et en enfilades. Moins il y a de cloisons, plus le vent circule. Il faut donc bien orienter la maison. Le vent soufflant d’est en ouest, il est important que les ouvertures soient positionnée selon celui-ci. Enfin, les salles de bains et cuisines se trouvaient à l’écart de la maison, pour éviter les odeurs et risques d’incendies.

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En 1848, l’esclavage est aboli. Les anciens esclaves refusent d’abord de re-tourner travailler sur les plantations, leurs maîtres sont devenus des chefs de pro-ductions mais le principe restait le même. Il fallait travailler du lever au coucher à défaut d’un salaire d’un franc par jour.

Faute de main d’oeuvre, les colons prirent la décision de faire venir d’autres popu-lations pour remplacer les anciens esclaves. Cela commença par l’introduction de quelques prolétaires français et madériens. Les colons crurent que faire travailler des blancs donneraient aux anciens esclaves le goût au travail. Ceci fut un échec à cause leur manque de docilité et leurs plaintes répétées. Ils désertaient souvent les plantations pour aller entreprendre une autre activité ailleurs, étant familiers avec le principe de liberté.

A la suite de cela 25 50917 indiens ont été introduits en Martinique, mais également

978 chinois et 10 521 congolais, car jugés plus faciles à faire travailler, leurs prin-cipes religieux leurs déconseillant la rébellion. A ceux-là s’ajoutent les 9 542 Blancs, 38 72918 affranchis et 72 859 ex-esclaves déjà présents sur l’île. Des années plus

tard, des travailleurs syriens, à l’époque sous dominations coloniale française furent également déportés sur les îles. Le métissage de la population était à son apogée.19

17 Il s’agit du chiffre officiel, mais il est admis qu’avec le travail clandestin c’est en réalité 60 000 indiens qui ont été introduits sur l’île.

18 Principalement des métis ou noirs ayant connu une ascension sociale. 19 Il est à noter que le scénario est similaire en Guadeloupe.

La société créole moderne

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Les hommes noirs étaient cependant forcés à rester vivre dans leurs cases d’esclaves faute de moyens. Ce n’est qu’une vingtaine d’années après qu’ils com-mencent à accéder à la propriété et construire leurs maisons.

Dans les mornes20 et dans les campagnes, sur les bords de mer, ou près des rivières.

Ce sont alors des milliers de personnes libres qui prirent possession de différentes parcelles de terres sur toute l’île. A l’époque les lois concernant les modes de construction n’étaient pas en vigueur, chacun faisait un peu comme il voulait, mais surtout comme il pouvait. Les premières Cases créoles étaient souvent construites dans l’urgence, avec les matériaux disponibles, principalement le bois, la paille et la tôle ondulée introduite sur l’île pour les constructions de maisons coloniales.

La façon dont ces familles ont construits leurs premières maisons, est à l’ori-gine du paysage martiniquais d’aujourd’hui. De nombreuses maisons racontent les évolutions sociales des familles qui y vivent. Bien souvent composée de deux pièces, le séjour et la chambre, c’est au fur et à mesure que s’ajoutent les pièces, donnant ainsi des maisons à l’architectures biscornue.

20 Mòn, en créole, s’est peu à peu transformé en Morne dans un français dit «Créolisé». Il s’agit de dési-gner ici l’ensemble de collines plus ou moins abruptes qui jonchent l’intérieur de l’île.

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Sur l’illustration ci-dessus, nous pouvons clairement lire l’évolution de cette mai-son. Dans un premier temps, un ensemble de planches assemblées de façon aléa-toire et une toiture en paille. Dans l’urgence, ces personnes accèdent à la propriété avec toutes leurs économies et n’ont donc pas de ressources pour construire en dur. Dans un second temps, une extension plus structurée avec un toit en tôle, une petite véranda et même quelques ornementations, sont symbole de l’évolution sociale21.

La vulnérabilité de ces constructions se faisaient sentir, lorsque les aléas clima-tiques venaient balayer le territoire. Ainsi plusieurs constructions se sont vues dé-truites lors des ouragans et des séismes, ou encore dans des incendies.

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Certaines maisons de ce début du 20ème siècle sont encore visibles aujourd’hui dans les bourgs et dans les campagnes mais sont laissées à l’abandon.

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Certaines de ces maisons ont totalement été rénovées, leurs couleurs chatoyantes font parti du paysage urbain.

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Par la suite, vers les années 1950-70, l’accès aux constructions se démocra-tise. Il n’est plus question de construire en bois. Dans la conscience collective le bois est synonyme d’indigence mais également de fragilité, bons nombres de construc-tions s’étant envolées ou affaissées lors d’ouragans ou séismes. A cette époque on bétonne un peu partout, l’important est d’avoir une maison en dur, les normes n’étant pas toujours appliquées.

Dans les bourgs une anarchie aujourd’hui se fait sentir entre les différents bâti-ments notamment à cause de leur vieillissement.

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Dans les campagnes, l’anarchie constructive se fait moins sentir, mais cer-tains modes de constructions sont inadaptés par rapport à l’environnement.

Ainsi nous voyons ci-contre deux illustrations de constructions en campagnes, avec deux façons de construire dans la pente.

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Dans l’habitat créole, la liaison entre l’intérieur et l’extérieur sont primor-diales. En terme de temporalité, dans une journée à la maison, il a été relevé que nous passons parfois plus de la moitié de notre temps à l’extérieur. D’abord dans le jardin mais surtout à couvert pour se protéger du soleil. Le principe de véranda créole22 est la meilleure alternative à ces maisons, qui nous permettent alors d’être

en extérieur tout en étant abrités. La véranda couverte fait tout le tour de la maison ; cet intérieur-extérieur nous abrite des intempéries comme des ardeurs du soleil par le toit qui la couvre, tout en offrant ce que la nature porte de meilleur : la circulation rafraîchissante de l’air, la végétation et ses lumières, une percée sur le paysage lointain. Elle permet également de limiter les rayonnements du soleil sur les murs intérieurs et donc de préserver la fraîcheur.

22 Lieu de vie totalement inscrit dans le quotidien il sert généralement pour les repas du matin et midi, pour le repos l’après-midi. Il sert aussi de lieu de jeu pour les enfants et également à recevoir des visiteurs.

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Suite à ces différentes analyses, j’ai mené une enquête auprès de différentes personnes. Le but était de comprendre la vision qu’ont aujourd’hui les antillais sur leur environnement, sur leurs modes de vies, ainsi que l’héritage patrimonial auquel ils ont accédé. Les critères pour répondre à cette enquête étaient d’avoir grandi sur l’une des îles des Antilles Françaises, dans un contexte culturel et familial riche. A cet appel, j’ai reçu 719 réponses dont 541 Martiniquais, 351 Guadeloupéens et 14 St-Martinois. Malheureusement, je n’ai pas eu de réponses de St Barths, la popu-lation locale étant très difficile à approcher. Dans cette enquête, je questionne no-tamment l’acquisition des valeurs culturelles, les modes de vies, la présence de la famille et les modes de construction des habitats et jardins.

Les représentations sociales contemporaines de l’habitat

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Cette première question, introductive, concerne l’acquisition de la culture lo-cale. Elle fait suite à un sujet de questionnement récurrent au sein de la population, à savoir si oui ou non les enfants d’Antillais partis vivre ailleurs et n’ayant jamais vécu sur les îles peuvent se considérer comme culturellement créoles.

Pour 83,6% des personnes interrogées, la culture créole antillaise ne s’ac-quiert qu’en ayant grandi aux Antilles. La première raison est que les modes de vies sont opposés. Le rapport aux coutumes, à la langue et aux croyances ne seront pas vécue de la même façon par les antillais ayant vécus hors des îles. Il faut être immergé pour tout comprendre. De même les modes de vies sont totalement diffé-rents. De ces modes de vies on peut citer le rapport à la vie en extérieur et au climat, les heures de lever et coucher, le rapport au jardinage, aux animaux et à la nature, les croyances, la transmission orale, acquises non seulement en famille, mais aussi à l’école et dans les groupes sociaux.

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ronnement culturel européen, peuvent avoir des connaissances culturelles par les récits et expériences de vacances, mais il sera difficile pour eux de réellement com-prendre les caractéristiques principales de ces modes de vies particuliers. Leur cas réintroduit la notion d’interculturel évoquée plus tôt, culture se situant entre deux cultures mais n’étant ni l’une ni l’autre.

Cette théorie s’affirme également par le témoignage de jeunes antillais ayant grandi en France hexagonale23 et étant venus vivre aux Antilles à l’adolescence. Le choc

culturel évoqué est tel qu’il a été difficile pour eux de s’adapter et de s’imaginer res-ter y vivre à long res-terme, bien qu’ayant passé des vacances et acquis certains items de la culture par les récits de leurs parents. Pour la plupart, une fois l’adaptation faite, la sensation d’appartenance culturelle était alors intégrale. Quelques-uns se sont intégrés plus facilement seins de groupes sociaux «d’expat»24, c’est à dire les

français d’hexagone ayant décidés de venir vivre sur les îles mais ne partageant au-cun lien culturel avec la population.

Suite à cette première différenciation, il était donc important, à mon sens, de poser ce questionnaire à des personnes ayant grandi exclusivement sur les territoires et dans la tradition et la culture créole.

Dans un premier temps, je me suis orientée sur la façon dont ces personnes appréhendent leurs modes de vie et ont été introduits à leur culture depuis fance. Ainsi, le type d’habitat, la localisation et la présence de la famille dans l’en-tourage proche est une donnée importante.

23 Le terme France Métropolitaine, est désormais péjoratif. Référent direct au terme de Métropole, un pays exerçant une souveraineté à l’extérieur de son territoire, sur ses colonies. Le terme France Hexagonale est alors préféré. Il n’y a plus de métropole mais un ensemble de régions en Europe (hexagone) et en Outre-Mer. 24 Le terme «expat», largement repris par les hexagonaux vivant sur les îles, reste cependant totalement faux, s’agissant de la même patrie il ne peut y avoir expatriation.

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Nous retenons que la plupart des antillais grandissent dans des maisons, sur les terrains familiaux, et cela qu’ils soient en zone rurale ou non. Cependant, la no-tion de «Rural» reste tout de même très vague, comme nous le verrons par la suite. La raison de cette proximité familiale date de l’époque où les premiers hommes libres avaient la possibilité de construire, ils achetaient souvent de grandes par-celles. Dans un premier temps pour cultiver la terre et élever du bétail. En grandis-sant les enfants construisaient leurs maisons autour de celle des parents et ainsi de suite, afin de continuer à élever le bétail et cultiver les terres en famille.

Figure

Illustration du carbet au temps caraïbes.
Illustration du jardin créole par l’artiste

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