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CHAPITRE V - MORPHOLOGIE DE LA PLAINE DU BENI

V- A-La zone de dépôt-centre du bassin

V-B-1- Déviations et captures...140 V-B-2- sinuosité ...145 V-B-3- Mouvements récents du bourrelet périphérique ...147 V-B-4- Géométrie du bourrelet ...151

Après avoir traversé la zone subandine, le Río Beni méandre sur 500 km dans la vaste plaine amazonienne pour rejoindre le Río Madre de Dios à Riberalta (Fig. V- 1).

La plaine du Beni s’étend sur 50.000 km2 dans la plaine Amazonienne. C’est une zone

très plate dont la pente moyenne est de l’ordre de 5 cm/km (MNT, Fig. V- 3). Cette région est essentiellement recouverte par des savanes et des marécages. Le Río Beni y est alimenté par des ruisseaux (arroyos) prenant naissance dans la plaine même. Parmi les affluents, seul le Río Madidi prend sa source dans la zone subandine (Fig. V- 3).

Figure V- 1 : Localisation des différentes zones de dépôt dans le bassin Madre de Dios-Beni (modifié de Roddaz et al., 2005).

Malgré la planéité extrême de la plaine, nous pouvons tout de même distinguer les domaines morphologiques et tectoniques typiques des bassins d’avant pays: la zone de dépôt centre du bassin (foredeep), le bourrelet périphérique (forebulge) et, en aval du bourrelet, l’arrière bourrelet (Fig. V- 1) (Horton et DeCelles, 1997; Aalto et al., 2002; Aalto R., 2002; Roddaz, 2004; Roddaz et al., 2005a).

Du fait de la présence du bombement de Fitzcarrald, la plaine du Beni est dissymétrique (Fig. V- 1). Le vaste cône alluvial du Río Beni se situe à l’est du lit actuel (Fig. 3). On peut y observer la trace d’avulsions successives selon un balayage anti-horaire du fleuve (Allenby, 1988; Dumont, 1996). Sur le piedmont se distribue une série de petits cônes alluviaux (cf. chapitres III et IV). A l’ouest du Río Beni la plaine est plus élevée avec une pente douce d’ouest en est. Au niveau du piedmont les cônes actuels sont emboîtés sur l’aval des cônes anciens et ces derniers forment des bombements topographiques, absents à l’est du Río Beni (chapitre III et IV).

V-A- La zone de dépôt centre du bassin

Dans la zone de dépôt centre, 7 km de sédiments tertiaires et quaternaire recouvrent le socle du bouclier brésilien (Watts et al., 1995). Le Río Beni accumule plus de 96 000 tonnes de sédiments par an dans la plaine d’inondation (Guyot, 1992; Aalto et al., 2002). Le dépôt le plus important se produit entre Rurrenabaque et Puerto Cabinas, c'est-à-dire dans le bassin dépôt centre (Fig. V-1 et 3). Au niveau du bourrelet périphérique le dépôt est pratiquement nul, et il est faible au niveau de l’arrière bourrelet (Aalto R., 2002). Il s’agirait d’un bassin d’avant pays associé à une charge prépondérante de la cordillère : la zone de dépôt fluviatile se situe à proximité du front orogénique alors que le bourrelet périphérique est très légèrement soumis à l’érosion (Catuneanu, 2004).

Pour avoir un aperçu de l’évolution granulométrique des barres de galets du Río Beni actuel nous avons mesuré, systématiquement, le petit et le grand diamètre de tous les galets de diamètre >0,5cm dans un carré de 1m de côté dans lequel se trouvait le plus gros galet de chaque barre. La barre de galets la plus aval n’est visible qu’en basses eaux, au centre du lit mineur (Fig. V- 2). Les sédiments grossiers apportés par le Río Beni (diamètre supérieur à 2 mm) se déposent dans les 15 km qui suivent le front de chevauchement. La moyenne du diamètre des galets diminue irrégulièrement sur 30 km le long du Río Beni (15 km en ligne droite). Cette diminution rapide de la granulométrie et le fait que le Río Beni produise un cône alluvial très plat, malgré un bassin versant vaste et escarpé, indique que la subsidence est en équilibre avec l’apport sédimentaire dans la zone de dépôt centre.

Figure V- 2 : Gonzalo Astorga sur la dernière barre de galets du Río Beni, lieu dit Maije. Diagramme granulométrique des barres de méandre (grains de diamètre >0,5 cm mesurés dans 1 m2 contenant le plus gros galet de la barre). Localisation des mesures granulométrique le long du Río Beni.

Figure V- 3 :

A : Image Landsat de la plaine du Beni et de Madre de Dios. Les lignes pointillées 1 à 8 soulignent des structures sub-parallèles à l’orogène.

B : MNT SRTM à 90m de la région. On y retrouve les lignes 1 à 8 de l’image A et le tracé des profils topographiques en pointillés.

C : Profils topographiques réalisés sur le MNT SRTM à 90m et matérialisés par les lignes pointillées sur l’image B. Ces profils passent à la surface de la végétation. Les ondes radars passent dans la savane mais sont arrêtées sur la canopée.

Le Río Beni est de type méandriforme (Fig. V- 4). La majorité de l’accumulation sédimentaire se produit par épandage à partir de ruptures de levées (crevasse splay) dans le bassin dépôt centre. L’accumulation y serait de l’ordre de 2 à 5 cm/an pour des distances au lit de 500 m et 2.5 km (Aalto R., 2002). Les inondations annuelles ont lieu quand le débit atteint 6.000 m3.s-1. Ce débit est dépassé tous les ans pour atteindre

12.000 m3s-1 (Guyot, 1992). Les inondations majeures semblent bien corrélées avec

les évènements ENSO majeurs (Aalto R. et al., 2003).

Figure V- 4 : Exemple de la morphologie de la plaine du Beni dans la zone de dépôt centre et profil montrant les unités morphologiques de part et d’autre du lit du Beni (Aalto R., 2002). La rivière dépose sur les unités A et B alors qu’elle érode vers l’unité C.

La zone de dépôt centre se caractérise également par la présence des lagunes

alignées pouvant atteindre 160 km2 pour une profondeur de 1,5 mètre seulement (Fig.

V- 3) (Allenby, 1988; Dumont, 1996; Gautier et al., Soumis). L’origine de ces lagunes reste contreversée, elles seraient dues à la présence d’accident au niveau du socle ou

à un aménagement de la part des populations locales précolombiennes (REF). À une

dizaine de kilomètre du front de la zone subandine, une série de déviations du cours de certaines rivières nous indique que la déformation commence à se propager dans la plaine du Beni (ligne 8 sur fig. V-3 et chapitre IV).

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