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4. MODALITÉS D’INSTALLATION ET DE SUIVI D’UN SENTIER

4.1. Choix des espèces

4.1.4. Vulnérabilité de l’espèce

Ce critère est pertinent si l’espèce exploi- tée par le concessionnaire forestier est considérée comme vulnérable. La vulné- rabilité de l’espèce intègre plusieurs cri- tères : une menace reconnue à l’échelle du pays ou de la région, l’endémisme, le statut CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et le statut UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) de l’espèce.

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Sentiers de suivi de la croissance, de la mortalité et de la phénologie des arbres tropicaux

Figure 9. Deux espèces commerciales (ayous et okan) parmi les plus exploitées en Afrique centrale et deux espèces de promotion d’Afrique centrale (bété et eyoum) © J.-L. Doucet.

Bété (Mansonia altissima) Ayous (Triplochiton scleroxylon)

Eyoum (Dialium pachyphyllum) Okan (Cylicodiscus gabunensis)

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Modalités d’installation et de suivi d’un sentier

À ce jour, il n’existe pas encore de liste d’espèces végétales vulnérables et ad- mise par un État d’Afrique centrale.

• Endémisme

L’endémisme peut se définir comme la présence exclusive d’une espèce dans une zone géographique déterminée. La forte exploitation d’une espèce d’arbres dont la distribution est géographique- ment restreinte peut être problématique pour la survie de l’espèce. Il convient donc d’étudier avec attention la dyna- mique des populations des espèces en-

démiques aux échelles nationale ou ré- gionale. C’est le cas de plusieurs espèces d’andoung (genres Bikinia et Brachystegia principalement).

• Statut CITES

La Convention sur le commerce internatio- nal des espèces de faune et de flore sau- vages menacées d’extinction, CITES11, est

encore connue sous le nom de Convention de Washington. Il s’agit d’un accord inter- national entre États qui a pour objectif de veiller à ce que le commerce international des animaux et des plantes sauvages ne

Afrormosia (Pericopsis elata) Bubinga (Guibourtia tessmannii)

11Pour de plus amples informations sur la CITES, consulter le site internet suivant : https://www.cites.org Figure 10. Deux espèces commerciales inscrites sur l’annexe II de la CITES : afrormosia et bubinga (© J.-L. Doucet).

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Sentiers de suivi de la croissance, de la mortalité et de la phénologie des arbres tropicaux

menace pas leur survie. Les espèces sont classées dans trois annexes en fonction de la gravité du danger encouru (Encadré 4). Actuellement, seules les espèces com- merciales d’Afrique centrale suivantes figurent en annexe II : afrormosia (Pericop-

sis elata ; Figure 10), bubinga (Guibourtia tessmannii [Figure 10], Guibourtia pelle- griniana et Guibourtia demeusei). L’expor-

tation de ces espèces est subordonnée à

l’obtention d’un permis d’exportation lié à l’émission d’un avis de commerce non préjudiciable (ACNP), lequel doit reposer sur des données démographiques fiables. Il est donc important d’intégrer de telles espèces à un sentier si leur exploitation est envisagée. Les annexes de la CITES

ne doivent pas être confondues avec les statuts UICN.

Encadré 4. Les annexes de la CITES

11, op. cit., p. 41

Il existe trois annexes de la CITES : annexes I, II et III. Ces annexes sont des listes dans lesquelles figurent des espèces bénéficiant de différents degrés de protec- tion face à la surexploitation.

L’annexe I regroupe les espèces les plus menacées d’extinction. En conséquence, la CITES interdit le commerce international de leurs spécimens sauf lorsque l’im- portation est faite à des fins de recherche scientifique. Dans ce cas, des transac- tions peuvent avoir lieu à condition d’être autorisées par un permis d’importation et un permis d’exportation (ou un certificat de réexportation). À ce jour, en Afrique centrale, aucune espèce d’arbre n’est inscrite à l’annexe I.

L’annexe II de la CITES est la liste des espèces qui, bien que n’étant actuellement pas menacées d’extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spéci- mens n’était pas étroitement contrôlé. Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l’annexe II peut être autorisé et doit dans ce cas être cou- vert par un permis d’exportation ou un certificat de réexportation. Les autorités chargées de délivrer les permis et les certificats ne devraient le faire que si cer- taines conditions sont remplies, mais surtout si elles ont l’assurance, après étude reposant sur des données démographiques fiables, que le commerce ne nuira pas à la survie de l’espèce dans la nature (avis de commerce non préjudiciable, ACNP). Contrairement aux annexes I et II, l’annexe III rassemble la liste des espèces ins- crites à la demande d’une partie (État) qui en réglemente déjà le commerce et qui a besoin de la coopération des autres parties pour en empêcher l’exploitation illégale ou non durable. Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à cette annexe n’est autorisé que sur présentation des permis ou certifi- cats appropriés.

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Modalités d’installation et de suivi d’un sentier

• Statut UICN

L’Union internationale pour la conserva- tion de la nature (UICN, en anglais IUCN) est une des principales organisations non gouvernementales dont la mission est (i) d’influencer, d’encourager et d’ai- der les sociétés à conserver l’intégrité et la diversité de la nature et (ii) d’assurer que les ressources naturelles soient utili- sées d’une manière équitable et durable. L’UICN est particulièrement connue pour attribuer aux espèces un statut de conser- vation, repris dans sa liste rouge des es- pèces menacées (Encadré 5). Cette liste est purement informative et ne se traduit

pas par des mesures légalement contrai- gnantes. Bien que le statut de conserva- tion attribué aux espèces commerciales doive être actualisé, il est recommandé d’inclure, si elles sont présentes dans le site, les espèces classées en danger (EN) : afrormosia (Pericopsis elata), tola (Prioria

balsamifera), douka (Tieghemella africa- na), ébène d’Afrique (Diospyros crassiflo- ra), izombé (Testulea gabonensis), makoré

(Tieghemella heckelii), wengé (Millettia

laurentii) et zingana (Microberlinia bisul- cata) et celles en danger critique d’extinc-

tion (CR) : pao rosa (Bobgunnia fistuloides) et mukulungu (Autranella congolensis) ; Figure 11.

Figure 11. Deux espèces commerciales d’Afrique centrale classées en danger critique d’extinction par l’UICN : le pao rosa et le mukulungu (© J.-L. Doucet).

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Sentiers de suivi de la croissance, de la mortalité et de la phénologie des arbres tropicaux

Encadré 5. La liste rouge de l’UICN

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et les espèces commerciales

concernées

La liste rouge de l’UICN est l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. La liste rouge de l’UICN est aujourd’hui reconnue comme l’outil de référence le plus utilisé pour connaître le niveau de menace pesant sur la flore et la faune. Chaque espèce ou sous-espèce est classée dans une des neuf catégories suivantes : Éteinte (EX), Éteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE). Chacune de ces catégories ainsi que les critères de classification associés sont détaillés dans UICN (2012)13. Les dernières évaluations du statut de ces espèces remontant à 1998, une actualisation est nécessaire. Le nom des espèces commerciales d’Afrique centrale figurant sur la liste rouge de l’UICN est présenté dans le tableau ci-dessous.

Catégorie UICN Espèce commerciale

En danger critique (CR) Mukulungu (Autranella congolensis) et zingana (Microberlinia bisulcata). En danger (EN)

Afrormosia (Pericopsis elata), tola (Prioria balsamifera), douka (Tieghemella africana), ébène d’Afrique (Diospyros crassiflora), izombé (Testulea gabonensis), makoré (Tieghemella heckelii) et wengé (Millettia laurentii).

Vulnérable (VU)

Abura (Mitragyna ledermannii et Fleroya stipulosa), acajou d’Afrique (Khaya anthotheca, Khaya grandifoliola et Khaya ivorensis), avodiré (Turraeanthus africana), azobé (Lophira alata), bilinga (Nauclea

diderrichii), bossé clair (Leplaea cedrata), bossé foncé (Leplaea thompsonii), doussié (Afzelia africana, Afzelia bipindensis et Afzelia pachyloba), eyong (Eribroma oblongum), framiré (Terminalia ivorensis),

iatandza (Albizia ferruginea), idéwa (Haplormosia monophylla), igaganga (Dacryodes igaganga), kosipo (Entandrophragma

candollei), kotibé (Nesogordonia papaverifera), koto (Pterygota bequaertii et Pterygota macrocarpa), moabi (Baillonella toxisperma),

naga (Brachystegia kennedyi), niangon (Tarrietia utilis), oduma (Prioria joveri), okoumé (Aucoumea klaineana), padouk blanc (Pterocarpus mildbraedii), sapelli (Entandrophragma cylindricum), sipo (Entandrophragma utile), tiama (Entandrophragma angolense) et zingana brazza (Microberlinia brazzavillensis).

Quasi menacée (NT) Iroko (Milicia excelsa), faro (Daniellia klainei) et gombé (Didelotia unifoliolata). Préoccupation mineure

(LC)

Ayous (Triplochiton scleroxylon), bété (Mansonia altissima), bomanga (Brachystegia zenkeri), dibétou (Lovoa trichilioides), fuma (Ceiba

pentandra) et ovèngkol (Guibourtia ehie).

Données insuffisantes

(DD) Tiama (Entandrophragma congoense).

12https://www.iucnredlist.org/

13 UICN, 2012. Catégories et Critères de la Liste rouge de l’UICN. Version 3.2. Deuxième édition. Gland, Suisse & Cambridge, Royaume-Uni : UICN.

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Modalités d’installation et de suivi d’un sentier

Le Tableau 1 dresse la liste des documents à consulter par le gestionnaire fores- tier pour le choix des espèces à prendre

en compte dans un sentier de suivi de la croissance, de la mortalité et de la

phénologie.

Tableau 1. Documents à consulter par le gestionnaire forestier pour le choix des espèces prioritaires.

Critères considérés pour le choix des espèces

Documents et informations à consulter

Importance commerciale pour l’entreprise

Plan d’industrialisation de l’entreprise forestière : la consultation

de ce document permettra d’apprécier l’importance stratégique de l’espèce pour l’entreprise. Il convient également de discuter avec les responsables de l’entreprise.

Densité de population

Rapport d’inventaire d’aménagement et plan d’aménagement :

ces documents aideront à obtenir les informations sur la densité et la localisation de l’espèce dans la concession forestière. Disponibilité

locale ou régionale des données démographiques

Carte régionale de localisation des dispositifs existants de suivi de la dynamique forestière (exemple : Figure 1) et carte de présentation des différents types forestiers en Afrique centrale (Annexe 1) : elles permettront d’apprécier la disponibilité des

données sur le type forestier considéré.

Vulnérabilité et

endémisme de l’espèce

Données concernant le statut de vulnérabilité de l’espèce : elles concernent essentiellement son statut CITES (https:// www.cites.org/), son statut UICN (https://www.iucnredlist.org/) et sa distribution géographique à obtenir dans les bases de données suivantes : (i) base de données des plantes d’Afrique des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (http://www.ville-ge.ch/musinfo/bd/cjb/africa/recherche.php) ; (ii) base de données de Global Biodiversity Information Faci-

lity (GBIF ; https://www.gbif.org/) ; et (iii) base de données RAINBIO (https://gdauby.github.io/rainbio/index.html).

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