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Voyelle basse réarticulée GLOT.FERM.

La sélection diasystémique de variétés-type pour le paradigme dérivé de GLOT.FERM. a été VV (pris dans CHA), V~V (pris dans GU, CA, SP), V’V

(pris dans PE, TG, AB). Cette fois, nous allons comparer le terme optimal V’V à deux réflexes secondaires, notés respectivement VV et VhV, autrement dit, nous

allons comparer les GLOT.FERM. aux types GEMINEE et CRAQUEMENT. Nous

chercherons à mettre en valeur les convergences et les divergences de forme entre ces deux ensembles de noyaux complexes. Dans quelle mesure s’agit-il de la même catégorie ? En quoi les propriétés communes ou différentielles nous informent-elles sur la nature des traits de friction et de constriction glottique dans des séquences de vocoïdes dit « réarticulés » ? Quelles conclusions en tirer du point de vue de la typologie phonologique ?

4.2.1. Durée de la voyelle basse réarticulée GLOT.FERM.

Les mesures de durée de la voyelle réarticulée V’V (pour la voyelle basse, choisie à titre de parangon) montrent à la fois une convergence et une asymétrie de structures avec la voyelle réarticulée de type réaspiré VhV. Le caractère ultra-long est renforcé pour cette classe de noyaux complexes (plus de 300 ms pour V’V et V~V, contre à peine plus de 250 et 200 ms respectivement pour VhV et VV). Il importe de souligner que le terme géminé VV, présente une durée analogue à celle observée précédemment pour la variante VV de la voyelle réaspirée : à peine plus de 200 ms. En tenant compte des barres d’erreur au sommet des histogrammes (les antennes sur les colonnes), ils s’avère que V’V et V~V sont, du point de vue de la durée, parfaitement isomorphes29.

Figure 9. Durée des voyelles basses réarticulées à arrêt glottique

29

Nous sommes par ailleurs conscients que ces mesures de durée sont certes riches en indices sur les propriétés des voyelles réarticulées, mais que les résultats doivent être analysés en termes de grandes tendances, car le débit, qui varie d’un locuteur à l’autre, s’avère difficile à normaliser étant donné que l’élicitation sur la base de questionnaires diffère de la parole continue. Cependant, le haut degré de variabilité du débit de la parole spontanée rendrait l’analyse encore plus malaisée.

4.2.2. Sonorité de la voyelle basse réarticulée GLOT.FERM.

La mesure de HNR indique cette fois que les trois types de productions se distinguent significativement les unes des autres (courbe supérieure = VV, courbe médiane = V~V, courbe inférieure = V’V). C’est sur l’étagement de la sonorité que nous retrouvons maintenant le gradient, qui faisait défaut en termes de durée. Comme observé précédemment la périodicité est continue sur la voyelle géminée alors qu’on constate une diminution importante au centre de la voyelle en ce qui concerne le terme optimal de la voyelle réarticulée (V’V), caractérisé par une valeur de HNR beaucoup plus faible (et donc un degré de périodicité beaucoup plus faible) que le réflexe avec craquement V~V. La courbe abrupte de V’V doit être soigneusement distinguée de celle concave de

VhV : la première se réfère à un arrêt glottique pur et simple (une interruption),

tandis que la deuxième manifeste une dépression périodique de l’émission vocalique (figure 10 infra).

Figure 10. Harmonie sur bruit des voyelles basses réarticulées V’V (données d’ALTO)

En revanche, la mesure HNR (ou harmonie sur bruit), s’avère bien plus fine que l’intensité RMS (Root-Mean-Square), qui n’avait fait que confirmer précédemment l’asymétrie entre sous-classes de voyelles réaspirées. Dans ce cas précis, la détection automatisée de propriétés acoustiques non harmoniques, relevant purement de l’intensité, ne permet plus de distinguer le grain fin du gradient entre les trois types de réflexes (cf. figure 11 infra). En effet, du strict point de vue de l’intensité, les deux variantes V’V et V~V se valent.

Figure 11. Intensité des voyelles basses réarticulées V’V (données d’ALTO)

V’V et V~V sont isomorphes, et s’opposent à la réalisation géminée

modalisée VV. Du point de vue phonologique, cette isomorphie incite à regroupper GLOT. FERM. et CRAQUEMENT dans une même classe spécifiée de réalisations non modales, tandis que le caractère GEMINEE pour la catégorie V’V

se définit par la nature modale, en termes de qualité de voix, de la réalisation. On remarquera que VhV ne connaît pas cette gradation observable pour V’V, puisque son terme neutralisant immédiat est VV, alors que V’V a V~V pour terme immédiatement secondaire, à moins qu’il ne lui soit inhérent, comme suggéré plus haut.

4.2.3. Lieu de la voyelle basse réarticulée GLOT.FERM.

Ici encore, comme pour les voyelles réaspirées, aucune différence significative n’a pu être observée entre les trois types de production sur la base de la mesure de centre de gravité spectral. Ces mesures confirment, comme précédemment l’absence d’ancrage dans un nœud de lieu de la phase

glottalisée. Les mesures normalisées permettent de constater ce fait avec tout autant d’acuité que précédemment dans le cas de VhV.

Figure 12. Centre de gravité des voyelles basses réarticulées V’V (données d’ALTO)

Une fois de plus, la confrontation des résultats non normalisés (à gauche) et normalisés (à droite) confirme la nécessité de produire des résultats normalisés : le CdeG brut s’avère aberrant à bien des égards (dispersion des courbes, pic à 40% pour V~V).

4.2.4. Tonalité de la voyelle basse réarticulée GLOT.FERM.

Les voyelles réarticulées, qu’elles contiennent un coup de glotte ou du simple craquement, indiquent une F0 beaucoup plus basse que pour les voyelles géminées. Cette configuration des courbes diffère cette fois radicalement de celle observée précédemment pour les voyelles dites réaspirées, où la corrélation entre les trois types de réflexes était forte. Cependant, on ne saurait en déduire sans extrapoler que ces conditions sont celles d’une tonogenèse. Il va de soi que, si la voix est interrompue par un arrêt glottique, ou contractée par un effet de craquement, la fréquence fondamentale perd toute fluidité – à la différence de ce qui se passait avec VhV. Cette mesure devient, dans ce cas précis, isomorphe des mesures HNR (harmoniques sur bruit) et RMS (intensité), à tel point que la synchronisation des courbes s’avère identique (chute entre 20 et 30% et reprise à 70 % de l’émission vocalique). Les valeurs de F0 convergent, aussi bien au départ qu’à l’arrivée, ce qui dissuade de postuler une corrélation tonale à ces séquences réarticulées à constriction glottique V’V (fiG ; 13 infra) – tout comme ce fut le cas précédemment avec

Figure 13. F0 des voyelles basses réarticulées V’V (données d’ALTO)

Cependant, on notera que le craquement est fréquemment caractérisé d’un point de vue physiologique par une irrégularité de la vibration des plis vocaux, ce qui rend toute détection automatique de F0 très délicate.

4.2.5. Timbre de la voyelle basse réarticulée GLOT.FERM.

La réarticulation n’a pas plus d’incidence sur le timbre vocalique de la voyelle réaspirée que pour la voyelle réaspirée, du moins en ce qui concerne la voyelle basse. C’est cette fois la voyelle craquée qui renforce sa vélarité, comme l’atteste la légère baisse de F2 et de F3.

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